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5.2 Influence de la dominance oculaire sur la précision des saccades

5.2.4 Article 2 : Conclusions, Analyses supplémentaires & Perspectives

L’Article 2 avait pour objectif d’isoler les effets de la dominance oculaire et du biais attentionnel sur la précision des saccades afin de vérifier notre interprétation des résultats obtenus dans l’Article 1. Pour cela, nous avons analysé des saccades appartenant à différentes gammes de latences, avec l’hypothèse que des latences longues permettraient d’observer les effets de la dominance oculaire alors que des latences courtes permettraient d’observer les effets du biais attentionnel. Cependant, il semblerait au contraire que le biais attentionnel s’intensifie avec l’augmentation des latences. Au final, cette étude a permis de mieux comprendre le biais attentionnel et d’identifier les conditions nécessaires pour l’observer de manière optimale. Malheureusement, elle n’a pas permis d’isoler les effets de la dominance oculaire de ceux du biais attentionnel. Notons toutefois que cela ne vient pas contredire l’interprétation que nous avions formulée dans l’Article 1, à savoir l’existence de ces deux phénomènes. Nous proposons que les conditions utilisées dans l’Article 2 ne soient finalement pas optimales pour dissocier les effets de la dominance oculaire et du biais attentionnel.

En effet, une différence méthodologique importante est que, contrairement à l’Article 1, dans l’Article 2 l’hémichamp d’apparition de la cible était rendu aléatoire au sein de chaque bloc. Cela a grandement augmenté l’incertitude quant à la position de la cible pour la saccade, ayant pour effet (1) d’augmenter drastiquement l’effet global sur l’amplitude des saccades, et (2) d’augmenter considérablement la latence des saccades, et ce même dans le blocstep comparable à la procédure de l’Article 1. Cet effet global massif pourrait avoir masqué les effets de la dominance oculaire, et expliquer pourquoi les résultats de l’Article 1 n’ont pas été répliqués dans le bloc step de l’Article 2. Finalement, la situation de l’Article 2 engendrant le moins d’incertitude quant à la position de la cible est le blocoverlap-600, dans lequel les stimuli sont présentés avant l’exécution de la saccade. Cette situation est donc peut-être plus proche de celle de l’Article 1 que le bloc step. Cependant, le blocoverlap-600 n’a pas permis non plus de répliquer les résultats obtenus dans l’Article 1.

Dans l’Article 2, nous avons proposé que l’augmentation des latences favorisait l’observation du biais attentionnel. L’augmentation générale des latences des saccades comparé à l’Article 1 pour- rait ainsi être une autre source de variations entre les deux études. Les essais du bloc overlap-600 dans lesquels les participants montrent des latences similaires à celles observées dans l’Article 1 constitueraient alors la situation la plus comparable à celle de l’Article 1. Sur ces essais, l’incerti- tude quant à la localisation de la cible est réduite et le biais attentionnel pourrait ne pas avoir eu le temps d’apparaitre pleinement. Nous avons réalisé une analyse supplémentaire sur les quarante- quatre participants (10 avec une forte dominance oculaire droite, 7 avec une forte dominance ocu- laire gauche, 17 avec une faible dominance oculaire droite et 10 avec une faible dominance oculaire gauche) montrant au minimum cinq essais par condition du blocoverlap-600 avec des latences infé- rieures à 210 ms (moyenne : 187±10 ms, contre 182±22 ms dans l’Article 1). Les résultats de cette analyse ont cependant confirmé que l’effet global était toujours plus important pour les saccades vers la gauche (PEG moyen = 86±15%) que pour les saccades vers la droite (PEG moyen = 92±17%), quelle que soit la dominance oculaire des participants et son intensité. Ainsi, l’augmentation des latences ne semble pas expliquer à elle seule les différences de résultats entre les deux études. Rap- pelons toutefois (1) que cette analyse supplémentaire a été réalisée sur un nombre réduit d’essais

Chapitre 5. Le rôle de la dominance oculaire dans la boucle Perception–Action

et de participants, (2) que les essais analysés faisaient partie d’un bloc en overlap-600 engendrant des saccades volontaires très précises et différentes des saccades réactives de l’Article 1, et (3) que les essais du blocoverlap-600 contiennent majoritairement des saccades aux latences longues, impli- quant le biais attentionnel vers la gauche. Il est très probable qu’une fois en place au sein du bloc le biais attentionnel reste présent, même pour les quelques essais aux latences plus courtes que nous avons analysés séparément.

Dans l’Article 2, nous avons par ailleurs montré que si les saccades étaient plus précises vers la droite que vers la gauche enoverlap-600, elles étaient au contraire plus précises vers la gauche que vers la droite engap-200. Deux interprétations alternatives ont alors été proposées :

1. Le biais attentionnel aurait besoin de temps pour se mettre en place, et ne serait observable que sur les latences les plus longues. Ainsi, il ne se manifesterait qu’en overlap-600, et donnerait plus de poids au distracteur dans l’hémichamp visuel gauche que droit.

2. Le biais attentionnel serait au contraire un phénomène rapide, améliorant la précision des saccades vers la gauche dans le bloc gap-200. Sur les latences plus longues, la spécialisation hémisphérique pour les traitements local et global viendrait prendre le pas sur le biais at- tentionnel, engendrant des saccades plus précises vers la droite et donnant plus de poids au distracteur dans l’hémichamp visuel gauche que droit.

Pour conclure, l’Article 2 aura permis de mieux comprendre le biais attentionnel et les condi- tions permettant de l’observer de manière optimale. Afin d’isoler plus efficacement les effets de la dominance oculaire et du biais attentionnel sur la précision des saccades, de futures études pour- raient modifier la procédure que nous avons utilisée en présentant l’hémichamp en blocs, et en remplaçant l’overlap-600 par un overlap-300. En effet, les saccades étaient de manière générale très précises vers la cible dans ce bloc, avec un effet global très faible. Réduire la durée de l’overlap pour- rait permettre d’amoindrir la précision des saccades dans ce bloc afin d’empêcher un effet plafond et d’observer plus facilement les effets attendus de la dominance oculaire et du biais attentionnel.