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De l’appropriation d’une TIC à celle d’un outil de gestion : vers la définition globale d’un processus d’appropriation

d’archétypes technologiques suivant une approche structurationniste

1.3.2 De l’appropriation d’une TIC à celle d’un outil de gestion : vers la définition globale d’un processus d’appropriation

De Vaujany définit l’appropriation comme le « processus par lequel des individus vont rendre un objet au début forcément inconnu voire hostile, propre à un usage quotidien » (De Vaujany, 2005 : 83).

Sans remettre en cause les concepts de dualité et de flexibilité interprétative, on constate que le concept de technologie est progressivement englobé par le concept d’outil de gestion.

26 Pour qualifier cette trajectoire appropriative type, de Vaujany explique que dans le cas de la mise en œuvre d’un intranet, « l’outil n’a fait qu’accélérer des processus de décloisonnements initiés au moyen d’objets classiques de l’organisation [comme] le téléphone, les rencontres directes, les emails » (Ibid, 2003 : 525).

Les technologies de l’information « les plus diverses, progiciels, les intranets, serveurs, écrans, claviers, souris, téléphones portables, agendas électroniques » sont définies comme des « outils de gestion informatisés » (Carton et alii, 2006 : 160).

Ce lien de parenté entre les problématiques liées aux TIC et celles des outils de gestion permet aux tenants de ce courant de pensée d’opérer une montée en généralité et de s’interroger sur les théories de l’appropriation.

Pour de Vaujany, le caractère processuel de l’appropriation suppose de reconnaître, en premier lieu, le principe de « géométrie variable » associé à tout instrument de gestion (1.3.2.1), puis de s’interroger sur la direction de l’appropriation (1.3.2.2) et de se référer à une axiomatique de l’appropriation (1.3.2.3).

1.3.2.1 Le principe de « géométrie variable »

Le glissement théorique des technologies de l’information aux outils de gestion implique un nouveau questionnement sur la définition d’un outil de gestion. Sans rentrer plus dans le détail, nous dirons que de Vaujany considère que la définition d’outil de gestion proposée par Hatchuel et Weil (1992)27correspond déjà à un stade abouti.

De Vaujany explique qu’un même élément de gestion peut être qualifié différemment en fonction des acteurs : « un même outil de gestion utilisé par une filiale pourra être pensé comme un objet de gestion pour les membres d’un siège central. L’évocation récurrente par le siège dans sa communication avec les filiales d’un outil comme le tableau de bord environnemental en restera au statut de règle de gestion faute d’être incorporé dans les pratiques quotidiennes et les systèmes de décisions formels des acteurs » (de Vaujany, 2005 : 24). Suivant cette perspective, un élément de gestion gagne au fil du temps une épaisseur géométrique28. Cette progression s’inscrit dans un « processus de régulation conjointe articulant une régulation de contrôle (celle qui, explicitement ou implicitement, vise à normaliser les usages de l’outil, à standardiser les apprentissages) et une régulation autonome qui, le plus souvent, procède d’un contournement, détournement ou d’une réinvention de

27 Hatchuel et Weil définissent un outil de gestion comme un conglomérat singulier constitué d’un « substrat formel », porteur d’une « philosophie gestionnaire » et d’ « une vision simplifiée des relations organisationnelles » (Hatchuel, Weil 1992 : 122-126)27.

28 Pour donner de la variabilité à la géométrie d’un élément de gestion, l’auteur a recours à quatre notions clefs, empruntées à la théorie de la régulation conjointe de Jean Daniel Reynaud (1988) à savoir les objets de gestion (1), les règles de gestion (2), les outils de gestion (3) et les dispositifs de gestion (4).

l’outil, afin de le rendre propre à un usage local, de servir un enjeu socio-politique ou de se conformer à une logique identitaire.» (Grimaud, 2006 : 26)29.

Le tableau ci dessous (tableau 3) que nous proposons, introduit de la géométrie dans les savoir faire local et élémentaire dont le but est d’orienter ou de faciliter une action collective et micro sociale.

L’important est qu’un objet de gestion est un support isolé dans l’organisation.

Explication graphique : nous avons opté pour représenter la règle par un carré. entre les points symbolise le caractère intégré des objets de gestion à un système plus global. design organisationnel porté par une intention stratégique, produit et géré par le centre ou le pivot d’un collectif organisé et qui vise à intégrer les outils de façon cohérente et dans le respect de certaines règles de gestion ».

Explication graphique : le triangle symbolise un élément de design organisationnel ; la couleur de ce triangle représente l’intention stratégique ; les flèches représentent le caractère intégré des différents outils ; le carré global symbolise « le respect de certaines règles » ; l’abréviation C. O signifie « collectif organisé ».

Tableau.3 Proposition de schématisation du concept de « géométrie variable ».

29 Sans rentrer plus précisément dans la présentation de la théorie de la régulation, nous dirons que, selon Jean Daniel Reynaud, il existe deux régulations qui inter-agissent dans toute action sociale : les régulations de contrôle et les régulations autonomes. Appliquées au cas des outils de gestion, De Vaujany les définit ainsi : « les régulations de contrôle correspondent à la conception ainsi qu’à l’instrumentation par des parties-prenantes dominantes des dispositifs de gestion puis à leur éventuelle ré-appropriation ; les régulations autonomes désignent la façon dont les acteurs de l’organisation vont recevoir les actions de la régulation de contrôle ».

C.O

Notre schématisation met en évidence les écarts de « sens » entre un individu qui conçoit la technologie comme un simple « objet de gestion » et celui qui la considère comme « un dispositif de gestion ». En filigrane, la question concrète de la gestion de ces écarts se pose.

A la géométrie variable, s’ajoutent d’autres caractéristiques de l’appropriation.

1.3.2.2 La direction et l’axiomatique de l’appropriation

La direction de l’appropriation et les éléments axiomatiques qui la composent influent sur l’analyse.

Pour définir la direction de l’appropriation, de Vaujany pose les questions suivantes : qui s’approprie l’objet ? Et qui est à l’origine de l’élaboration de l’objet ?

Pour qualifier le « qui », De Vaujany et ses collègues se référent à deux grands groupes : les communautés académiques et professionnelles. Selon les directions de l’appropriation, les problématiques sont différentes. Il distingue quatre types d’appropriation possibles : l’appropriation scientifique (1) ; formative (2) ; de « mise en acte » (3) et de « bonnes pratiques » (4) (Ibid, 2005 : 27).

L’appropriation scientifique (1) répond à la question « comment les objets-outils de gestion développés par un ensemble d’académiques peuvent-ils être rendus propre à un usage par d’autres académiques ? ».

L’appropriation formative (2) correspond à la problématique « comment les objets-outils de gestion développés par une communauté de pratiques (Professionnels) peuvent-ils être rendus propre à un usage par une communauté académique ? ».

L’appropriation « mise en acte » de développements académiques (3) conduit à s’interroger sur « comment les objets-outils de gestion développés par des académiques ou co-produits avec une communauté de pratiques peuvent-ils être rendus propre à un usage par une autre communauté de pratiques? ».

L’appropriation de « bonnes pratiques » (4) consiste à s’interroger sur « comment les objets-outils de gestion produits par une communauté de pratiques peuvent-ils être rendus propre à un usage par une autre communauté de pratiques? Comment la communauté académique peut-elle faciliter ce processus ? ».

De Vaujany et alii proposent quatre axiomes30 pour définir l’appropriation d’objets et/ou d’outils de gestion. Le processus d’appropriation est avant tout « contingent » (Axiome 1)31,

« continu » (Axiome 2)32, « complexe » (Axiome 3)33, et « implique une certaine flexibilité instrumentale et interprétative » (Axiome 4)34.

Le troisième élément nouveau est d’inciter à mobiliser différentes dimensions d’analyse pour comprendre le processus d’appropriation d’une TIC. Les tenants de ce courant de recherche préconisent de considérer l’appropriation comme un processus intégrateur de l’usage et de la conception.

1.3.3

L’appropriation comme processus intégrateur de la conception et

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