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4.4 Ondes entre deux ´etats stables

4.4.2 Approche analytique

Pour ce faire nous nous baserons une fois de plus sur l’´equation d’´evolution DNL pour ce syst`eme d dtθR = k1 2 (1θR) (θR+a+θRa)k2θR(1θR+a) (1θRa) +Γ 2 (θR+a+θRa2θr) (4.32) dont la limite continue est (`a l’ordrea2)

∂tθR = k1θR(1θR)k2θR(1θR) 2+a2k2θR(∇θR)2 +a2 · Γ 2 + k1 2 (1θR) +k2θR(1θR) ¸ 2θR (4.33) Nous pouvons remarquer qu’en plus d’un coefficient de diffusion d´ependant de la concentration, cette ´equation admet un terme de «friction » non-lin´eaire de la forme a2k2θ(∇θ)2 comme le pr´evoit de mani`ere g´en´erale l’´eq. (4.4). Une int´egration num´erique de l’´eq. (4.32) r´ev`ele que la DNL, malgr´e son aspect ap-proximatif, est une repr´esentation qualitativement valable de la dynamique des

0 0.5 1 1.5 2 Γ −0.1 −0.05 0 0.05 vprop

Fig. 4.5. Vitesse de propagation asymptotique dans le mod`ele TBM pour k1 = 0,1,

k2 = 0,25 en fonction de la probabilit´e de saut Γ, pour un condition initiale du type Heaviside respectant (4.29)-(4.30). Les courbes pleines, discontinues et pointill´ees ont la mˆeme signification que dans les figures pr´ec´edentes.

simulations. En effet, tant le profil du front de r´eaction (Figure 4.4) que la vitesse de propagation de celui-ci (Figure 4.5) obtenus dans la DNL offrent des r´esultats en meilleur accord avec les simulations que ne le fait l’´equation classique de r´eaction-diffusion. Comme nous l’avons suppos´e dans la section 4.2, le couplage spatial non-lin´eaire induit par la r´eaction (4.32) ne partage toutefois pas avec l’´equation CM (4.28) la propri´et´e de d´eriver d’un potentiel et nous ne pouvons donc nous baser sur des notions de stabilit´e relative des ´etats pour expliquer les r´esultats obtenus. De plus, en l’absence de transfert par diffusion (Γ = 0), l’´equation DNL admet une multiplicit´e prononc´ee d’´etats stationnaire inhomog`enes correspondant `a des sites isol´es recouverts par A(ads) et s´epar´es entre eux par des ˆılots de sites vides de taille arbitraire.

Nous pouvons cependant comme pr´ec´edemment tirer avantage de la limite continue pour avoir acc`es `a une compr´ehension analytique de la propagation des fronts. Le param`etrea est tout d’abord ´elimin´e par une red´efinition de la variable d’espace (RR/a) ; l’´eq. (4.33) devient

∂tθ = θ(1θ) [k1k2(1θ)] +k2θ(∇θ) 2 +1 2 [Γ +k1(1θ) + 2k2θ(1θ)] 2θ (4.34)

o`u, pour des raisons de clart´e, nous ne notons pas explicitement la coordonn´ee spatiale ainsi introduite. Nous proposons de d´eterminer une approximation asymp-totique de la solution pour le front d’onde, valide pour de petites valeurs dek1 et

k2. Introduisons dans ce but le petit param`etre ε etκ=O(1) d´efinis comme

ε≡k1 etk2 =εκ, (4.35)

et recherchons des solutions sous forme d’onde de propagationθ =θ(z, ε) o`uz est donn´e par

z εR−vεt. (4.36)

L’´eq. (4.34) peut se r´e´ecrire en termes de (4.35) et de (4.36)

−vθ0 = θ(1−θ) [1−κ(1−θ)] +ε κ θ θ02

+1

2[Γ +ε(1θ) + 2ε κ θ(1θ)] θ

00 (4.37)

o`u la d´eriv´ee est prise par rapport `a z. Nous consid´erons des conditions initiales identiques `a celles introduites dans le cadre des int´egrations et simulations

θ(−∞) = 1 etθ() = 0. (4.38) Lorsque ε = 0 l’´eq. (4.37) se r´eduit `a l’´equation de Fisher-Kolmogorov avec une non-lin´earit´e locale cubique et un coefficient de diffusion constant, en d’autres termes la description du champ moyen est valide. Dans le cas sp´ecifique d’une ´equistabilit´e entre les deux ´etats stationnaires stables, v = 0 et l’´eq. (4.37) admet une solution simple

θ=θ0(z) = 1

1 + exp³1z´ (4.39)

si

κ=κ0 = 2, (4.40)

donnant acc`es au profil d’un front stationnaire. Siκest proche deκ0, nous pouvons chercher une solution sous forme d’une onde se d´epla¸cant lentement en terme d’un d´eveloppement en s´erie selonε

θ = θ0(z) +εθ1(z) +...

v = εv1+..., κ= 2 +εκ1+.. (4.41)

Ins´erant (4.41) dans l’´eq. (4.37) et ´egalant `a z´ero les diff´erentes puissances de ε, nous obtenons une ´equation pour θ1 de la forme

¡

1 + 6θ06θ02¢θ1+ 1 2Γθ

00

o`u leRdans le membre de droite contient tous les termes non-lin´eaires engendr´es par l’aspect discret et non-local de l’´equation d’´evolution :

R ≡ −v1θ00+κ1θ0(1−θ0)22θ0(θ00)2 1

2(1θ0)(1 + 4θ0)θ

00

0. (4.43) Le membre de gauche de l’´eq. (4.42) admet la solution non-triviale θ1 = θ0

0. La solvabilit´e de l’´eq. (4.42) (une solution born´ee pour z → ±∞) requiert donc la

condition Z

−∞

R(z)θ00dz = 0 (4.44) A l’aide de (4.43) et de (4.39), ´evaluant l’int´egrale dans (4.44), nous obtenons ainsi une ´equation pour la vitesse

v1 =1 2 r Γ 2(κ1Γ 1). (4.45)

Pour de valeurs ´elev´ees de Γ,v1 est n´egative et proportionnelle `a Γ, ce qui n’est pas surprenant puisque dans cette limite le coefficient de diffusion est essentiel-lement constant suivant l’´eq. (4.34). Il est int´eressant de noter cependant que v1

peut changer de signe lorsque Γ diminue, en accord avec l’int´egration de la DNL et les simulations (Figure 4.5). Plus pr´ecis´ement,v1 change de signe pour Γ = Γc:

Γc =κ11 = k22k1

k2 1

etκ1 >0. (4.46) La seconde condition correspond `a k2 > 2k1, ce qui signifie que θ3 doit ˆetre l’´etat stable, en d’autres termes une inversion du sens de propagation est attendue lorsque θ = 1 est m´etastable ; ceci est d’ailleurs confirm´e par int´egration et par simulation de Monte Carlo. Notons que tous les termes non-lin´eaires provenant de la dynamique non-locale et discr`ete contribuent au terme Γ1 dans (4.45), ce qui appuie encore notre constatation selon laquelle les processus non-lin´eaires sont la cause de la propagation inhabituelle. Pour les valeurs des param`etres choisies dans la Figure 4.5 (k1 = 0,1 et k2 = 0,25), ε = 0,1 et κ = 2,5, et donc κ1 = 5 et Γc = 0,20... ce qui est tr`es proche du r´esultat de l’int´egration de la dynamique non-locale (Γc 0,2006) mais inf´erieur au r´esultat des simulations (Γc0,747). La d´eviation par rapport aux simulations doit, une fois de plus, ˆetre attribu´ee `a la pr´esence de corr´elations importantes dans la r´egion du front ; quoiqu’il en soit l’approche DNLC semble ˆetre dans ce syst`eme une bonne approximation qualita-tive. Si Γ 0, v1 → ∞ et l’expansion asymptotique supposant que v1 = O(1) n’est plus valide.

Notons que la stabilisation d’un ´etat m´etastable, telle que celle que nous avons observ´ee ici, partage plusieurs similarit´es avec un ph´enom`ene de stabilisation par

fluctuations propos´e r´ecemment par certains auteurs ([100] et r´ef´erences incluses). D’importantes diff´erence subsistent toutefois par rapport `a cette approche, puisque nous avons pu mettre en ´evidence l’absence d’un potentiel cin´etique, en opposition aux travaux mentionn´es. Il serait int´eressant de pousser l’analyse plus loin afin de d´eterminer si ces deux ph´enom`enes de stabilisation sont simplement similaires, ou si une analogie plus forte existe entre les deux.