• Aucun résultat trouvé

3.2 Adsorption et d´esorption

3.2.2 Adsorption et d´esorption de dim`eres

Certaines mol´ecules peuvent subir, lors de l’adsorption, une transformation consistant en une dissociation partielle ou totale. Pour illustrer ce type de si-tuations, nous consid´ererons dans cette section l’adsorption et la d´esorption d’un dim`ere :

A2(g) + 2­2A(ads). (3.18) Celle-ci n´ecessite la pr´esence en surface de deux sites actifs libres, le plus sou-vent adjacents. En cons´equence, les probabilit´es de transition prennent la forme g´en´erale wR ads(nn0, t) = 2 ck R ads X R0 n(R, t)n(R0, t) (3.19) wdesR (nn0, t) = 2 ck R des X R0 nA(R, t)nA(R0, t) (3.20) dans laquelleR0 repr´esente un premier voisin deRetcest comme pr´ec´edemment la coordinance du r´eseau : le facteur 1/c est repr´esentatif de l’´equiprobabilit´e de choix entre les diff´erents premiers voisins. Notons imm´ediatement une diff´erence fondamentale avec le cas des monom`eres : le facteur de configuration est dans ce cas-ci non-lin´eaire, dans le sens o`u il implique simultan´ement plusieurs sites de surface.

Le respect du bilan d´etaill´e m`ene, malgr´e cette diff´erence, `a une conclusion similaire `a celle rencontr´ee pr´ec´edemment :

kR ads kR des =ξg pA2λ3 kBT e −β UA(R), (3.21)

o`u, dans ce cas,UA= 2uA+uAA(R0R) +PR006=(R,R0)(uAA(R00R0) +uAA(R00 R))nA(R00) +.... Pour donner une forme explicite au facteur cin´etique des pro-babilit´es de transition, nous nous baserons cette fois encore sur la description ph´enom´enologique qui, dans ce cas, devient selon le sch´ema de Langmuir

d dt θA(t) = pA2 a∗ p 2π mA2kBT S 0 A2θ2(t)−k0deseβ EdesθA2(t). (3.22) D’une mani`ere similaire `a ce qui a ´et´e effectu´e dans la section pr´ec´edente, nous obtenons par comparaison avec la limite d´eterministe de l’´equation maˆıtresse

kR ads = pA2 p a 2π mA2kBT S 0 A2 k0 adspA2 (3.23) kR des = k0 deseβ UA(R) (3.24) o`u `a nouveau,k0 ads etk0

desne sont pas toutefois pas ind´ependants (k0 ads/k0

des=ξgλ3/ kBT). Contrairement au probl`eme des monom`eres, la non-lin´earit´e des processus va se r´ev´eler un obstacle particuli`erement gˆenant, mˆeme dans la limite de particules sans interactions.

Adsorption et d´esorption de dim`eres dans un syst`eme id´eal

Si les particules adsorb´ees ne pr´esentent entre elles aucune interaction, les probabilit´es de transition prennent une forme simple (le terme exponentiel ´etant constant) et nous obtenons alors facilement l’´equation d’´evolution pour la proba-bilit´e d’occupation moyenne :

d dt hnA(R, t)i = 2 ck 0 adspA2 X R0 hn(R, t)n(R0, t)i 2 ckdes X R0 hnA(R, t)nA(R0, t)i o`u kdes = k0

des expβ(2uA+uAA). Pour des conditions initiales correspondant `a une distribution al´eatoire des adsorbats, nous pouvons utiliser l’invariance par translation et l’isotropie du syst`eme de sorte que hnA(R, t)nA(R0, t)i, que nous

noterons hAAi, repr´esente la probabilit´e de pr´esence d’une paire de A n’importe o`u sur la surface. Il vient donc, notant hnA(t)i=hAi, que

d

dt hAi= 2k 0

adspA2 h∗ ∗i −2kdes hA Ai (3.25) quelle que soit la coordinance, puisque PR0 hAAi = chAAi. Cette ´equation d’´evolution fait intervenir des probabilit´es d’occupation de paires de sites et n’est donc que la premi`ere d’une hi´erarchie. Ainsi, l’´evolution temporelle de la proba-bilit´e d’occupation de paires de particules adsorb´ees est donn´ee par

d dthA Ai = 2 ck 0 adspA2 h∗ ∗i − 2 ckdes hA Ai +2 (c1) c k 0 adspA2 h∗ ∗ Ai 2 (c1) c kdes hA A Ai (3.26)

et n´ecessite, elle, la connaissance de l’´evolution des probabilit´es de triplets. L’ap-proximation la plus simple pour clore cette hi´erarchie consiste bien sˆur en l’hy-poth`ese des sites ind´ependants

d

dt hAi= 2k 0

adspA2 h∗i22kdes hAi2

qui g´en`ere comme ´etat d’´equilibre

hAi´eq. =A(´eq.)i= kads0 pA2 k0 adspA2 −kdes à 1 s kdes k0 adspA2 !

Cette solution peut se concevoir comme un isotherme pour l’adsorption-d´esorption dissociative : `a la diff´erence du cas du monom`ere, le recouvrement ´evolue ici de mani`ere non-lin´eaire en fonction de la pression impos´ee, y compris lorsque cette derni`ere est faible.

Les simulations de Monte Carlo r´ev`elent toutefois que, mˆeme dans ce probl`eme sans interactions, l’approximation des sites ind´ependants offre dans certaines si-tuations des r´esultats assez d´ecevants. Par exemple, l’´etat stationnaire obtenu par simulations de syst`emes unidimensionnels diff`ere qualitativement de la pr´evision du champ moyen lorsque le processus d’adsorption ou celui de d´esorption devient irr´eversible. Comme illustr´e dans la Figure 3.3, le recouvrement final d´epend alors explicitement de la condition initiale, en totale opposition avec les pr´evisions faites pr´ec´edemment. Pour comprendre l’origine de ces diff´erences, nous nous baserons sur l’approximation de Kirkwood (Markovianit´e spatiale) qui, pour des syst`emes

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 <A> 0 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 <A>st

Fig. 3.3. Recouvrement stationnaire en fonction de la couverture initiale (al´eatoire) ob-tenu par simulations (cercles) ainsi que par l’approximation de Kirkwood (courbes) pour un syst`eme unidimensionnel. Le cas d’une d´esorption (cercles vides et courbe continue) et d’une adsorption (cercles pleins et courbe discontinue) irr´eversibles y sont repr´esent´es. Les simulations ont ´et´e effectu´ees sur un ensemble de 10 000 r´ealisations pour un r´eseau de 1000 sites.

`a une dimension, offre souvent des r´esultats convaincants. Selon celle-ci, il vient que hA A Ai ≈ hAAi 2 hAi ; h∗ ∗ Ai ≈ h∗ ∗i h∗Ai h∗i

et les ´equations (3.25)-(3.26) forment en cons´equence un syst`eme ferm´e, puisque

h∗ ∗i= 12 hAi+hA Ai. Rempla¸cant les probabilit´es de triplet par ces expressions dans (3.25)-(3.26), il vient rapidement que, pour l’´etat stationnaire,

hAAist=hAi2st, (3.27)

o`u l’expression dehAistest identique `a celle pr´edite dans l’approximation du champ moyen,si et seulement si k0

adspA2 6= 0 etkdes 6= 0. Dans l’un ou l’autre de ces deux cas, la valeur de l’´etat stationnaire d´epend explicitement de la condition initiale :

k0

adspA2 = 0 :

hAist =hAi0 e2hAi0 ; hAAist = 0 (3.28)

kdes= 0 :

hAist = 1(1− hAi0)e−2 (1−hAi0); hAAist = 2 hAist1 (3.29) et l’approximation faite pr´ec´edemment ne tient ´evidemment plus (hAAist 6=hAi2st). Ces r´esultats sont, eux, en tr`es bon accord avec les recouvrements obtenus par

si-mulations3 (voir `a nouveau la Figure 3.3). Nous voyons donc que, mˆeme dans une situation aussi simple que l’adsorption (la d´esorption) de dim`eres de sph`eres dures, il peut devenir indispensable de prendre en compte explicitement les corr´elations spatiales. Dans le cas sp´ecifiquement analys´e ici, les d´eviations observ´ees peuvent ˆetre reli´ees respectivement `a l’apparition sur la surface de particules isol´ees en-tour´ees de sites vides (pour la d´esorption) ou de sites vides seuls pi´eg´es dans des clusters denses d’adsorbats (pour l’adsorption). L’existence de telles configura-tions microscopiques particuli`eres, rendant impossible tout ´ev´enement ´el´ementaire, ne peut ˆetre prise en compte par une approche du type champ moyen. Remar-quons toutefois que cette situation pathologique disparaˆıt d`es que le processus est consid´er´e r´eversible, ou si, en opposition au cas consid´er´e ici, la diffusion des adsorbats est admise.

Les difficult´es associ´ees `a la non-lin´earit´e du ph´enom`ene d’adsorption-d´esorption de multim`eres ont motiv´e l’analyse de diff´erentes techniques d’approximation pour ce processus sur des supports de diff´erentes g´eom´etries [46, 116]. Les efforts se sont concentr´es toutefois principalement sur le probl`eme des sph`eres dures : l’adsorp-tion de dim`eres en interacl’adsorp-tion est encore un probl`eme peu analys´e. Il ne faut pas y voir un constat d’´echec dans le sens o`u, connaissant la forme explicite des proba-bilit´es de transition, des simulations peuvent toujours ˆetre effectu´ees en l’absence de r´esultats analytiques connus.

Ayant maintenant acquis suffisamment d’information sur le probl`eme de l’adsor-ption-d´esorption, nous nous pencherons sur celui de la diffusion de surface.