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Le Moyen Orient traditionnellement, est une terre d'émigration notamment au début du 20ème siècle vers l'Amérique, l'Europe ou l'Afrique.

Dans les années 30-40 la découverte du pétrole appelle un afflux de travailleurs migrants provenant de pays voisins.

Au début des années 1970, l'immigration est à dominante arabe : 880’000 immigrés, dont 85% originaires d'autres pays arabes.

Avec le premier choc pétrolier de 1974, le nombre des immigrés au Proche Orient va dépasser le million.

En 1982 les palestiniens, yéménites, Egyptiens représentent 80% de la main d'oeuvre immigrée arabe (en 1983, 1984, 2 millions d'Egyptiens travaillant dans les Etats du Golf).

La rente pétrolière permet aux pays de réaliser de grands projets d'urbanisme, d'équipement, de transport et de télécommunication qui nécessitent un très grand effectif de main d'oeuvre que les immigrants arabes ne peuvent assurer. En 1975 le conseil de coopération des Etats du Gulf (UAE, Oman, Arabe Séoudite, Quata, Kuwait et Bahrain) a initié un programme de développement rapide qui requiert un nombre massif d'employés avec qualifications ou non et qui nécessitent un recrutement de l'étranger.

Après le second choc pétrolier de 1979 la demande de main d'oeuvre étrangère s'accroit. Entre 1975 et 1985, le nombre d'immigrés passe de 1,6 millions à 4,3 millions pour la seule région du Golf.

A la fin des années 1980, il y a plus de 4 millions de travailleurs contractuels dont 45% sont des asiatiques (dans l'ordre décroissant: Inde, Pakistan, Bangladesh, Srilanka, Philippines, Indonésie...)

Deux évènements majeurs ont donc eu un impact sur les migrations dans les années 80.

Il s’agit en premier lieu de la fin du boom pétrolier. Le prix du pétrole diminue ou du moins cesse d’augmenter au milieu des années 80. La migration de retour prend alors des proportions importantes, comme en Arabie Saoudite dans les années 1984-1985.

Le second facteur de ces changements est la chute du mur de Berlin en 1989, suivie par l’effondrement de l’URSS. Cela a débouché sur de vastes poches de chômage en Europe de l’Est. Beaucoup de femmes ont donc émigré vers le Moyen- Orient, et en particulier en Israël et au Liban, pour travailler en tant que prostituées ou hôtesses de bar. Dans la même période, l’augmentation phénoménale du nombre de domestiques asiatiques due à la bonne santé des pays producteurs de pétrole, a renforcé l’idée d’une féminisation de l’immigration.

D'année en année, la demande de travailleurs étrangers est devenue donc croissante dans la région.

L'économie mondiale est entrée dans un cercle de misère et la globalisation a facilité l'importation d'une main d'oeuvre bon marché, Ces mêmes faits ont encouragé les nationaux des pays pauvres ou en voie de développement à répondre à cette demande et à remplir les secteurs de travail du marché secondaire, comme le travail domestique, la construction, les travaux irrréguliers etc...

Tandis que les hommes travailleurs migrants étaient engagés dans le domaine de la construction et d'autres secteurs similaires, les femmes ont occupé le poste de domestique dans les maisons ou d'artiste dans les bars.

Il est important de signaler qu'il est très difficile de connaître le nombre exact de travailleurs immigrés en général et des femmes en particulier. Les chiffres officiels ne prennent en compte que les immigrés ayant un permis de travail. Or un grand nombre de ces personnes se trouvent en situation illégale.

Des estimations effectuées par différents sociologues démontrent par exemple que les étrangers aux EAU représentent entre 75% et 80% de la population totale du pays et 85 à 90% de la population active, un taux inégal dans le monde entier.

Néanmoins ces chiffres sont basés sur des estimations. Le sujet est en effet tellement sensible que les autorités ont stoppé en 1985 les recensements qui avaient lieu tous les cinq ans.

Au Bahrein on estime le nombre à 63,64% de la population active et au Kuweit à 70%.

A Quatar et dans le Sultanat d'Oman ils sont 5 fois plus nombreux que les nationaux.

Les tableaux 1 et 2 montrent le taux de croissance de la population étrangère dans les pays du Golfe entre les années 1975 et 1995 (table 1) et la composition estimée de la main d'œuvre dans le GCC dans les années 1995 et 2000.

En regroupant les divers chiffres obtenus par les ambassades, par les ministères, par l'encyclopédie ENCARTA, Clotilde Gourlet établit la carte suivante :

Syrie Liban Israël/ Palestine Jordanie Arabie saoudite Koweït Bahreïn Qatar EAU Oman Yémen Syrie Liban Israël/ Palestine Jordanie Arabie saoudite Koweït Bahreïn Qatar EAU Oman Yémen 15-30 % 30-50 % 50-70 % 70-90 %

Part des immigrés dans la population totale Nombre d’immigrés en valeur absolue

500 000 1 million 2 millions 15-30 %

30-50 % 50-70 % 70-90 %

Part des immigrés dans la population totale Nombre d’immigrés en valeur absolue

En résumé nous pouvons dire, l'accroissement du niveau de vie dans les pays du Moyen Orient coïncide avec une pauvreté croissante dans les pays exportateurs de main d'oeuvre. Principalement à cause des conditions économiques détériorisées, les gouvernements ont encouragés les jeunes et les femmes à trouver du travail à l'extérieur.

Les femmes travailleuses migrantes au Moyen Orient, comme dans presque partout dans le monde, sont embauchées pour le travail domestique. Elles migrent au Liban, en Jordanie et les pays du Golfe. La grande majorité est d’origine asiatique, et surtout des Philippines, du Sri Lanka, de l’Ethiopie, du Madagascar et de l’Inde.

L’afflux de travailleurs étrangers dans les foyers arabes a augmenté depuis les années 70. Avant, le service domestique était rempli par des femmes et des jeunes filles arabes. Bien que les données écrites concernant la situation de ces femmes et jeunes filles soient limitées, la documentation existante montre que les travailleurs domestiques arabes étaient traités de manière équitable, à cause de la proximité de leurs parents et familles.

Cependant, et basé sur les mêmes sources, il n’y a pas de doute que ces employées étaient souvent sujets à un traitement dur.

Une hospitalité affable, un sens aigu de l’honneur et du respect des femmes d’une part, une xénophobie considérable, une discrimination et des comportements violents de l’autre ont toujours été un mélange particulier caractérisant l’état d’esprit traditionnel dans le Moyen Orient et le Monde Arabe. Le processus de globalisation a introduit les réalités de l’économie mondiale, la technologie avancée de même que les concepts de démocratie et de droits humains. Souvent incompatibles avec les normes existantes, ces réalités ont fait leur chemin dans le style de vie des familles du Moyen Orient. Cependant, la pensée traditionnelle conservatrice a survécu et il est toujours possible que le terme « abed » (esclave) soit utilisé pour faire allusion aux travailleurs domestiques.