• Aucun résultat trouvé

La méthode d’analyse du contenu est celle retenue pour étudier les résultats de cette recherche. Selon Vantomme (sd), cette méthode est utilisée pour l’analyse des données d’entretiens oraux, des documents écrits et des données d’observation (Vantomme, sd). De façon pratique, l’analyse du contenu consiste en un découpage des retranscriptions d’entretien et en un inventaire des parties essentielles pour effectuer une catégorisation des éléments pertinents, afin de répondre aux objectifs de la recherche. Autrement dit, l’utilisation de la méthode d’analyse du contenu implique la réduction du contenu de l’entretien, l’abandon des éléments non pertinents et la codification des informations utiles, avant d’entamer l’analyse et l’interprétation des résultats (Vantomme, sd). En somme, elle « s’organise autour de trois phases chronologiques : la préanalyse, le traitement des résultats et l’interprétation » (Wanlin, 2007, p. 7), dans le but de dégager un sens global de la recherche ou d’une découverte avec des preuves. Les informations recueillies pendant cette recherche sont de nature qualitative et l’instrument de mesure de ces informations est l’entretien verbal. Dans la catégorisation des informations collectées, Mucchielli (2006) recommande des catégories clairement définies et pertinentes, afin de répondre à la question de recherche, en tenant compte de la nature des questions. De ce fait, les questions ouvertes qui sont posées à travers l’interview semi-dirigé dans cette recherche sont classées manuellement dans des catégories générales, mais les réponses sont classées dans des catégories spécifiques (Mucchielli, 2006). Après la collecte et la transcription des informations, leur traitement a nécessité une classification en trois catégories selon le cadre d’analyse:

- La classification des stratégies selon la nature de l’intervention (urgence ou de développement) : dépendamment des interventions d’urgences ou de développement, les stratégies diffèrent. En effet, pendant que le champ d’action se rétrécit pour des interventions de développement dans les zones d’insécurité, celui-ci s’agrandit pour des interventions humanitaires.

- La classification des stratégies selon l’approche stratégique privilégiée par chaque type d’organisation : plusieurs types d’organisations recensés sur le terrain s’activent pour contribuer à l’amélioration des conditions de vies des populations vulnérables. Ces organisations se distinguent par l’étendue de leurs champs d’action, la nature de leurs interventions, la qualité de leur personnel, leurs bailleurs de fonds et par leur capacité financière. Ces paramètres impactent de façon directe le choix des stratégies déployées.

51

- Le regroupement des stratégies par approche stratégique : les entretiens réalisés sur le terrain ont permis de recenser plusieurs stratégies déployées par les différentes organisations. Ces différentes stratégies visent essentiellement quatre objectifs :

▪ L’accès aux populations vulnérables dans les zones d’insécurité par les organisations,

▪ La protection du personnel chargé de mettre en œuvre les activités dans les zones à risque,

▪ La réduction du risque d’exposition des populations bénéficiaires aux attaques terroristes,

▪ L’évitement de la collusion avec les groupes armés

Cette catégorisation permet d’analyser aisément les différentes stratégies selon leurs capacités de protection du personnel humanitaire et du respect du droit humanitaire international, afin de conclure si l’approche des organisations est basée sur l’acceptation, la protection ou la dissuasion, tel que proposé par notre modèle d’analyse.

Difficultés rencontrées

La collecte des données de cette recherche s’est déroulée dans un contexte sécuritaire délétère avec des acteurs absorbés par les activités des projets et programmes. Cette insécurité a créé une psychose dans les zones d’insécurité et un sentiment de méfiance généralisée. Cette méfiance se remarque aussi bien au sein des populations affectées que chez les acteurs de développement qui nous disent toujours : « on ne sait pas qui est qui ». Cette expression très populaire dans les zones d’insécurité explique en partie que les terroristes ont infiltré tous les secteurs d’activités, par conséquent, les organisations affirment qu’elles doivent se méfier de tout le monde. Notre présence sur le terrain en

tant que chercheur a été bien appréciée par nos interlocuteurs, car certains n’ont pas hésité à nous tendre leurs cartes de visite en nous invitant à les contacter en cas de besoin d’informations supplémentaires. Un contact qui serait facilité non seulement par la qualité de notre approche méthodologique (la latitude accordée au répondant de répondre ou pas à une question ; le rendez- vous, le lieu et la date d’entretien fixé par le répondant et la confidentialité des données matérialisés par la signature des formulaires de consentement), mais aussi par la notoriété de l’Université Laval et le lien affectif qui existe entre les citoyens burkinabè et le Canada. Toutefois, nous avons eu recours en amont à des connaissances pour faciliter notre accès à certaines organisations qui étaient initialement réticentes, à cause de la sensibilité du sujet.

52

Chapitre 4. Présentation des résultats

Ce chapitre est consacré à la présentation des résultats des entretiens réalisés auprès des organisations humanitaires et de développement. Il s’articule principalement autour de la présentation physique et sécuritaire de la zone d’intervention, des différentes approches stratégiques développées par les organisations pour la continuité de leurs programmes de sécurité alimentaire et des dilemmes auxquels les organisations sont confrontées. Quelques expressions des répondants sont illustrées en italique et entre guillemets tout au long du texte pour une meilleure appréhension des sujets évoqués.

Présentation des régions de la zone d’étude.

L’étude s’est déroulée dans quatre régions affectées par le terrorisme au Burkina Faso. Il s’agit des régions de l’Est, du Centre-nord, de la Boucle du Mouhoun et du Sahel qui représentent près de la moitié du territoire national. Dans le processus de mise en œuvre des différents programmes, toutes les organisations interrogées estiment tenir compte du système d’organisation des collectivités territoriales et des services déconcentrés de l’État dans l’élaboration des stratégies d’assistance. En effet, la loi 040/98/AN du 3 août 1998 du code général des collectivités territoriales organise le Burkina en collectivités territoriales et en circonscriptions administratives (Droit Afrique, 2004, p. 1). Cette organisation territoriale subdivise le Burkina Faso en 13 régions, la région étant « un espace

économique et un cadre d’aménagement, de planification et de coordination du développement » (Droit

Afrique, 2004, p. 4) dont l’administrateur principal est un président du conseil régional. Chaque région est constituée par l’ensemble des territoires des communes qui la composent et la commune ou collectivité territoriale de base est administrée par un maire. Chaque commune regroupe plusieurs villages dont chacun est administré par un conseiller villageois. Les conseillers de plusieurs villages peuvent s’organiser autour du Conseil Villageois de Développement (CVD) qui est une organisation de développement communautaire de base présidé par le Président du conseil (figure 8).

Figure 8: Organisation des collectivités territoriales des régions du Burkina Faso

Source : Données du Ministère de l’administration territoriale du Burkina Faso

Région: Président du conseil Régional

Communes: Maires

Villages: Conseillers villageois

53

Les représentants des différentes régions, dont les présidents des conseils régionaux, les maires et les conseillers villageois sont des acteurs élus par la population régionale et chargés de conduire les activités de développement des différentes localités. Ce sont des acteurs incontournables dans la mise en œuvre des projets et programmes selon l’ensemble des organisations interrogées. Du niveau régional au niveau villageois, chaque acteur selon son niveau de responsabilité constitue une porte d’entrée pour les organisations désirant intervenir dans la région et un partenaire pour la mobilisation et l’adhésion des populations aux activités des organisations. La communauté villageoise étant la plus affectée par cette crise au Burkina Faso, le Conseil Villageois de Développement (CVD) est l’acteur qui est majoritairement cité par les organisations comme partenaire de mise en œuvre des différents programmes, suivi des maires des différentes communes et des services déconcentrés de l’État selon l’ensemble des répondants. Ces autorités sont parties prenantes des différents programmes qui sont mis en œuvre dans la région et occupent une place importante dans la définition des stratégies d’intervention dans ce contexte terroriste.

Profils des organisations participantes interviewées

Les programmes mis en œuvre par ces dix-huit (18) organisations sont principalement des projets de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de protection de l’environnement, de protection de l’enfance et de la formation professionnelle. Ces organisations sont principalement treize ONG nationales et internationales, deux organes des Nations Unies et trois structures déconcentrées de l’État.