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Partie introductive.

C) Analyse critique des sources.

Les sources qui m'ont permis de réaliser mon projet sont les Archives nationales de Paris, dispersées dans plusieurs sous-séries :

-La série T contient des papiers privés récupérés pendant la révolution. Certains d’entre eux appartenaient à des hommes ayant vécu les troubles de Saint-Domingue. Il en va de même pour la côte AP (archives personnelle). Ces documents sont précieux car il s'agit parfois de témoins privilégiés des événements. Certains ont été commissaires civils, d'autres colons et d'autres militaires. Ces correspondances, ont été pour certaines déjà analysées. Ces papiers contiennent des informations précieuses car leurs possesseurs donnaient plus facilement leur vision dans leurs correspondances privées.

-La sous série DXXV est de loin le plus riche et le plus inépuisable des fonds d'archives concernant la révolution. Il fait parti de la série D du comité de la révolution française. Cette sous série est un ensemble de documents, rassemblés par la commission des colonies dirigé par Garran de Coulon, pour faire un rapport général des troubles. Il y a 92 cartons qui concernent Saint-Domingue. On y trouve des délibérations des assemblées coloniales, des procès verbaux, des listes de déportés, des rapports des commissaires civils, des correspondances d'administrateurs ou de militaires et enfin des

témoignages de personnes interrogées. Ce fond immense est bien organisé de manière chronologique et thématique. De plus le contenu des cartons est résumé dans un inventaire disponible aux archives. Ce qui permet de cibler considérablement sa recherche. Ce fond riche sert de base pour toutes recherches sur la révolution haïtienne. On y trouve à la fois des informations importantes sur la tenue des événements, les points de vue des différents partis et acteurs de la révolution : colons, libres de couleur, chefs insurgés, commissaires civils... Cependant les documents sont souvent rédigés dans une fausse neutralité administrative, qui ne retranscrit pas des détails qui auraient pu nous intéresser. Mais on y trouve beaucoup de documents exceptionnels qui rendent compte de certains comportements, essentiel à l'élaboration de notre sujet.

-Enfin les journaux coloniaux sont conservés sous la cote AD XXA 176 aux archives nationales. Ils pourrons également nous servir pour capter la perception de l’insurrection dans la société coloniale. Les archives militaires comportent beaucoup de documents concernant leur troupes, mais dans le cadre d'un master nous n'aurons pas le temps de les étudier. Il y également des documents intéressants à l'étranger que des auteurs ont publiés. Notamment dans le spectre de la révolution

noire de Alejandro Gomez56, nous pourrons nous servir utilement des quelques documents trouvés dans les Archivo General de India, Archivo General de la Nacion et The National Archives.

Sources imprimées et témoignages :

La révolution haïtienne a produit une littérature historique et testimoniale riche. Notamment de la part des blancs qui ont vécu les troubles de la révolution. On trouve trois types de documents :

-L'ouvrage historique construit et réalisé par un témoin.

-Le témoignage publié ou retrouvé dans un stock d'archive, plus ou moins construit.

-L'ouvrage historique réalisé par un historien contemporain des événements et qui a interrogé des témoins.

Le statut de ces documents est ambiguë : leurs auteurs possèdent des cadres de pensées clairement racistes. Ils sont empêtrés dans un mauvais style pathétique, sensé montrer au monde les souffrances des colons. Ils constituent cependant une entrée remarquable dans l'univers de la révolution haïtienne. Notamment pour ce qui est de la violence vécue et perçue. Ils ont toujours été

utilisé par les historiens avec une grande prudence, pour illustrer certain faits. Des études récentes commencent à vraiment les prendre en considération. Notamment Jeremy Popkins dans Facing

Racial Revolution57. Pour lui les auteurs de ces écrits savent qu'ils sont témoins d’événements

bouleversant, ils ressentent donc le besoin de partager leurs expériences. Certes ils s'agit d'écrits partiaux et parfois à but de propagande. Cependant ils se dégagent de la vision administrative et militaire des archives officielles qui ne s’arrêtent pas sur les détails. Ces témoignages ne sont pas essentiels pour comprendre les mécanismes de la révolution. Mais ils peuvent nous faire comprendre la manière dont elle a été vécue par certains représentants d'une classe sociale. Ils peuvent nous emmener à analyser d'autres facettes de la révolution, qui se situent plus dans le territoire de l'histoire des représentations. Les documents utilisés seront tous cités dans la bibliographie général du mémoire et ils sont sur Gallica.

J'utilise aussi un inventaire utile : Domingino. (http://www.domingino.de/francais.html)

C'est un inventaire qui répertorie les colons de Saint-Domingue qui étaient mentionnés dans les registres de l'ancien régime et de la révolution. Il a été créé en 2014 par Olivier Gliech.

Pour les illustrations je me suis largement servi dans l'article d'Alejandro Gomez. C'est une étude iconographique des images de l'apocalypse des planteurs qui préfigure sa thèse58. J'ai aussi trouvé au fil de mes recherches un site internet très bien fourni : The Atlantic Slave Trade and Slave Life in

the Americas: A Visual Record de Jerome S. Handler et Michael L. Tuite Jr. Il s'agit d'une somme

impressionnante de 1280 images datant de l'époque de l'esclavage et venant de plusieurs pays. Lien URL: http://hitchcock.itc.virginia.edu/Slavery/index.php

57. Popkins Jeremy, op.cit.

58. Gómez Alejandro, « Images de l’apocalypse des planteurs », L'Ordinaire des Amériques, 215 | 2013, En ligne depuis le 11 juin 2014. URL : http://orda.revues.org/665.

Partie I- Chroniques des « violences nègres ». Description de la perception