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3 – E spac e e t Ter ritoi re , que lqu es pr in ci p es.

Les Acteurs

« Dans le vocabulaire syndicaliste, On ne passe { l’action Qu’en cessant toute activité » Philippe Bouvard

Dans une perspective géographique, l’acteur se situe { la fois dans une structure sociale, mais aussi en référence à une structure spatiale, définissant ainsi une double réalité : subjective influencées par des comportements, des fondements culturels, des croyances, et objective conditionnée par l’action et la connaissance44 (Berger & Luckmann, 1986). La construction d’une « réalité territoriale » suppose qu’il existe un modèle, construit de manière collective, dans lequel se répète des actions, lesquelles par habituation deviennent les référents du modèle qui permettent leur reproduction avec un minimum d’effort. L’habituation conduit { la reconnaissance territoriale avec un minimum de décision, avec souvent un transfert de la décision vers des formes d’institutions, qui peuvent contenir certains mécanismes de contrôle social. Dans ce processus identitaire, il y a donc, pour construire un territoire, la nécessité de construire une gouvernance, dont la qualité s’appréciera par les actions menées de manière individuelle et collective, par l’innovation ou le contrôle social. La reproduction sociale suppose des mécanismes de transfert des paramètres de la réalité territoriale d’une génération vers l’autre (que nous pourrions appeler « tradition », « culture » ou « patrimoine »), ou d’un groupe social vers l’autre (que nous pourrions appeler « adhésion ») , ou même d’un territoire vers l’autre (« expansion »). Ces mécanismes sont de l’ordre des signes, du langage, et aussi de l’action : la hiérarchie, la représentation, l’apprentissage. On trouve peu de société qui échappe à ce mode de fonctionnement.

Figure 14: Les paramètres de la reproduction sociale du territoire (Schéma élaboré sur une interprétation de Bourdieu, 2001)

De la discussion sur les fonctions territoriales, on peut conclure que l’acteur, ou l’agent, n’est pas l’objet principal de la définition du territoire, sinon les stratégies ou actions des divers individus ou groupements sociaux qui s’appliquent sur ce territoire. De ce point de vue, je

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Ceci est le cycle interminable du constructivisme ou du relativisme, selon certains auteurs, puisque la théorie se situe dans un contexte culturel donnée et considère que les éléments de la théorie dépendent de ce contexte.

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m’écarterai de la pensée de la géographie culturelle en considérant que les stratégies des acteurs sont une image dynamique des fonctions territoriales, incluant des systèmes de pouvoir, de conflit, d’action, de coopération, etc., alors que la culture suppose une adhésion préalable à un modèle et ne constitue qu’une image statique des fonctions territoriales, empruntent de traditions, rites, ou pratiques. Je considère que la dynamique culturelle est aussi une stratégie d’acteurs, c'est-à-dire un ensemble d’interactions sociales, qui peuvent rester stables (on parle alors de cultures ancestrales ou enracinées) ou au contraire très fugaces (cultures virtuelles, réseaux sociaux), ou même situées en dehors de la sphère rituelle (syndicalisme, identité de terroir, institutionnalisme).

L’action, selon Moles, Simmel, Morgenstein ou Giddens, diffère de l’acte lui-même car elle provoque une altération, une modification du milieu dans laquelle elle s’exécute, voire d’une modification de l’acteur lui-même. L’action est liée { des pratiques, parfois des normes, ce qui montre l’existence d’actions individuelles, d’inscription de ces actions dans le collectif, et d’une action proprement collective. Qui dit collectif dit hiérarchie, laquelle impose { l’action des niveaux de décisions différents. L’inter-action de l’homme sur l’espace est donc multiple et dialectique et ne peut être résumée { des facteurs d’une réalité subjective. On se référera à ces auteurs pour un exposé complet du concept d’action.

Mais qu’est ce que l’acteur ?

Beaucoup de catégorisations existent. Dans une perspective structuraliste, les acteurs sont inscrits dans des classes, dont le contenu doit avoir une certaine homogénéité, mais qui échappent à tout processus relationnel. Brunet, 2001, distingue ainsi l’individu et la famille, les communautés fondamentales, l’entreprise, l’Etat dans ses appareils, les pouvoirs locaux, le supranational, tous interagissant dans un système, parfois coopérants, parfois concurrents entre eux. Cette nomenclature est utile pour la description et l’analyse d’acteurs présents sur un territoire. Par contre elle a besoin d’une autre analyse, en aval des hiérarchies et relations entre les acteurs de manière à comprendre quelle est la place de chacun dans la construction de son propre territoire et dans la construction de « l’intelligence des lieux » qui conforme l’espace. L’individu peut être entrepreneur, ou même politique, ou les trois { la fois, et contribuer de manière distincte { la structuration de l’espace suivant qu’il est acteur de la vie sociale, politique ou économique. Beaucoup d’antagonismes se créent autour de ces réseaux multiples. Par ailleurs, il n’existe pas de relation directe entre une classe d’acteurs et un territoire - tous les ouvriers ne sont pas dans le même territoire -, tout comme il est difficile de faire des relations entre classes dans la configuration d’un même territoire – Le territoire n’est pas forcément la combinaison d’une famille, d’un Etat et d’un entrepreneur.

Cette première classification peut être combinée à celle de Di Méo & Buléon, 2005 : endogène, exogène et transitionnel. Mais { la différence de ce qu’énoncent ces auteurs, aussi bien l’endogène que l’exogène peut avoir une construction identitaire forte. C’est le cas des migrants et surtout des diasporas qui construisent leur identité sur un espace où ils ne vivent pas, mais pour lequel ils ont des référents forts. Cette distinction est donc pertinente mais il est difficile de lui attacher un jugement de valeur comme le font ces auteurs. De multiples acteurs endogènes ne participent à aucune construction territoriale alors que de nombreux « exogènes » peuvent y être associés. La « convoitise » peut venir du dedans et parfois peu du dehors ; les colonisateurs en sont un bon exemple surtout dans les Andes où l’opportunisme autour des ressources naturelles est monnaie courante. Comme nous l’avons montré, dans les Andes beaucoup de territoires sont fragmentés, dispersés dans des écosystèmes différents ; le sentiment d’appropriation territorial est très fort chez des acteurs pourtant exogènes pour la plupart. Cette distinction exogène – endogène est intéressante à travailler dans les Andes. Elle correspond, par exemple, à la

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distinction « résidents » et « non-résidents », distinction qui dérive de la migration de l’occident (Terres hautes) vers l’orient (Terres basses). Beaucoup d’acteurs ont quitté leur terre, comme c’est le cas dans le Sud de l’altiplano, pour s’installer dans les Terres basses, les zones de colonisation. Mais l’appropriation territoriale reste physique car les exogènes disposent toujours de leurs terres d’origine. L’expansion récente de la Quinua dans la région du Sud bolivien, la plus inhospitalière du continent, montre bien ces rapports de force entre les deux types d’acteurs45 qui opposent : d’une part une logique de tradition territoriale autour d’une culture ancestrale (la Quinua) pour laquelle les « endogènes » rechignent à entrer dans une logique purement commerciale46 ; et d’autre part une logique d’exploitation rentière chez les exogènes, les non-résidents, qui trouvent là une opportunité pour se maintenir dans la communauté tout en vivant dans des lieux plus hospitaliers.

Ces dichotomies sont courantes dans les Andes. On trouve aussi l’effet inverse en particulier chez les migrants transnationaux pour lesquels parfois la référence territoriale d’origine est plus importante que pour les populations locales même. Les endogènes se situent alors parfois au rang de profit de situations de migration, par l’apport que font les exogènes au développement de la communauté. De la Torre, 2006, a bien réussi { montrer l’importance de ces relations exogènes – endogènes dans la construction d’une migration transnationales qui non seulement ne détruit pas le territoire mais le reconstruit (voir le chapitre « El valle que espera a sus héroes », p. 17547). Les nombreuses manifestations relationnelles que nous verrons dans le chapitre sur la migration nous laissent penser que cette relation entre acteurs exogènes – endogènes est un champ de recherche pertinent à la fois dans la compréhension des mécanismes de formation du territoire comme de la spécificité du monde andin postmoderne.

La catégorie des transitionnels est également intéressante car elle s’applique { plusieurs cas de repositionnement territorial : le cas des migrants vers l’urbain, et des colonisateurs des Terres basses. Il s’agit dans les deux cas de changement de modèle culturel qui impose un renouvellement des repères en relation au territoire. Souvent les transitionnels génèrent des conflits avec les populations autochtones (urbains déjà inscrit dans la modernité ou paysans indigènes) qui relèvent spécifiquement de différences de conception spatiale.

D’autres catégories peuvent être construites, en relation { la manière d’utiliser l’espace (les classes sociales ou socio-spatiales de Alain Reynaud ou de Di Méo par exemple), de le concevoir (implication dans le religieux), ou de le vivre (mouvements associatifs), etc.

Finalement, on tirera une bonne analyse et un bon enseignement de l’ouvrage de Gumuchian et al., 2003, qui nous montre entre autre que ce n’est pas l’acteur qui importe réellement mais l’action qu’il engage, et surtout les stratégies qu’il met en œuvre, sous toutes ses formes, que ce soit l’action directe, le discours, ou l’intervention politique. On retrouvera cette même conception dans la géographie économique comme le synthétise bien Crevoisier, 2010 : « le concept fondamental n’est pas l’acteur, mais bien la relation, que l’on appelle cette dernière institution, proximité, convention ou … territoire » ; ou par Baudrillard : « Il ne suffit donc pas de définir les objets (lieux) en système ; il faut encore définir le système de pratiques qui s’exerce sur lui » (Baudrillard, 1970 cité par Retaillé, 2005).

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Voir { ce sujet les résultats du programme de recherche EQUECO, sur l’analyse intégrale du système agricole de la Quinua en Bolivie : http://www.ird.fr/equeco/

46 qui aurait pour conséquence l’abandon de l’équilibre du système territorial (par la diversification productive et l’élevage du Lama en particulier)

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En passant par les pratiques et l’action, il est nécessaire aussi d’introduire une notion d’historicité dans la définition des acteurs car dans la plupart de ces catégorisations, l’acteur est atemporel ; il n’existe que parce qu’il agit. Mais son impact territorial peut persister dans le cours de l’histoire (courte ou longue), ou imposer une dynamique future. Dans les Andes, la classification des acteurs se combine avec la donnée générationnelle, un peu { la manière d’Alfred Schütz, 2009, qui propose une structuration du monde social en 4 catégories : les prédécesseurs (les ancêtres) ; les successeurs (les descendants) ; les compagnons (compañeros de la même communauté) que l’on pourrait classer dans les endogènes ; et les contemporains (étranger à la communauté ou à l’ayllu / le Wasa) classé d’exogènes. La plupart des études en géographie ne prennent pas en compte ces catégories qui pourtant pourraient nous expliquer le processus de formation du territoire, et ses possibilités de développement durable. Prendre en compte par exemple la croissance démographique, et les caractéristiques des populations qui seront actives dans 20 ou 50 ans, serait déjà un pas important pour situer les acteurs du futur.

Cette relation permet de marquer l’interdépendance entre le territoire et le social. Les acteurs n’agissent pas de manière individuelle ni isolée, mais interagissent avec l’espace et entre eux dans un co-système dépendant (« l’espace c’est l’ordre des coexistants » selon Simmel, 1999). Notre propos, en tant que géographe, est de comprendre la logique de cette action dans l’espace, de sa spécificité dans le champ du spatial, ainsi que dans le champ du social. Cette logique fait

référence à trois questions importantes : celle de l’échelle de l’action, celle de la hiérarchie des acteurs, au travers des jeux de pouvoir, et celle des temporalités de ces logiques d’action.

A la première question, je répondrai qu’il n’existe pas d’échelle de l’action, mais des niveaux d’extension de l’action. Peut-on considérer que le FMI, en donnant des crédits à un gouvernement soit un acteur territorial « supra-national » ? Pourtant ces crédits auront un impact certain sur la dynamique des territoires de ce pays, jusqu’au et surtout au niveau local. Peut-on considérer qu’un gouverneur de département, en faisant un plan d’aménagement du territoire agit { une autre échelle que le maire qui fait lui aussi un plan d’aménagement du territoire ? Finalement, avec des secteurs de compétences différents, ces deux acteurs agiront sur l’espace et sur la conformation du territoire, en construisant des routes, des écoles ou en facilitant certaines activités productives. Mais les actions auront une répercussion toujours sur l’espace en modifiant les lieux, et parfois sur les territoires en modifiant les relations entre acteurs et espace. Il n’y a donc pas d’échelle de l’action mais des hiérarchies de l’action, qui nécessite de savoir où se situe cette action dans « l’échelle » entre l’individu et le collectif.

L’individu est bien sûr aussi un acteur, il est même plus que « bien sûr », puisqu’il est la base de la compréhension du système, et son principe de construction. Tout comme le lieu dans l’espace, l’individu constitue « l’atome » de la société, dans le sens de Robert Elias, systémique, ou l’ensemble fait plus que la somme des parties, mais où les parties sont interdépendantes de l’ensemble. Cette conception nous distancie d’une vision purement politico-administrative du territoire, car elle suppose qu’un individu peut construire son propre territoire, dans la mesure où il est capable de le différencier de celui des autres, c'est-à-dire de le faire reconnaître. Mais la question n’est pas de savoir si l’individu est un objet géographique (Ceriani et al., 2008) ; il est avant tout un objet social qui évolue dans l’espace. La question est de savoir comment l’individu interagit de manière spécifique sur l’espace, quelle est sa part dans la construction territoriale, et quelle est la propriété qui émerge lorsque l’individu entre dans une démarche collective. C’est un champ peu étudié du point de vue méthodologique et empirique, pourtant riche d’enseignement sur la manière dont se construisent des identités spatiales individuelles (voir Berque, 1996 ; Di

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Méo, 2004 ou Gervais-Lambony, 2004). Un travail avec la psychologie sociale, la phénoménologie de la perception ou la sociologie permettrait sans doute d’avancer sur ce terrain. Beaucoup considèrent, comme nous l’avons déj{ énoncé dans le chapitre 2, que la vie quotidienne constitue le lieu fondamental de l’interaction entre l’individu et la société (Elias, 1995; Lindón, 2000), au moyen de relations proxémiques. Être proche ou lointain de l’autre, dans le temps et dans l’espace constitue l’espace de la praxis, « l’espace dans lequel se produit la dyade interaction / intersubjectivité, constitue un territoire dans lequel s’inscrit un langage naturel et pour lequel se produit l’élaboration une domination de ce langage. » (Lindón & (Coord.), 2000). Ainsi le territoire n’est pas une catégorie abstraite comme l’espace, « ni une définition de type comportementale comme celle que propose l’éthologie, mais d’un mode organisateur de l’expérience sensible donnée pour telle. » (Bourdin, 1996; Lindón, 2000, p. 39, citant à Poche, 1992). La territorialité se définissant comme la relation qu’établit l’individu avec ce territoire. Il est important d’explorer cette piste, à partir des recherches sur la proximité en géographie économique par exemple (Voir Bouba-Olga et al., 2008). Cet auteur présente, dans un numéro spécial, un intéressant panorama de l’intérêt des recherches sur la proximité organisationnelle et géographique, dont « la question centrale [est] la coordination des individus,…, la coordination d’agents en situation d’incertitude radicale» à la fois dans un contexte de fixation locale des activités, et de réseaux organisant les apprentissages locaux. Ce sont ces questions de proximité que nous aborderons de manière spécifique dans les chapitres sur la gouvernance et le développement.

Face { l’hétérogénéité des Andes, le contrôle du territoire ne peut s’effectuer au moyen de frontières, sinon au moyen du contrôle collectif de la culture et de la connaissance. Dans tous les schémas descriptifs des organisations sociales préhispaniques et même souvent jusqu’en 1952 (la réforme agraire), plusieurs ethnies ou communautés occupaient les même espaces, et aussi des espaces dispersés dans plusieurs étages écologiques. Le territoire mono-ethnique, délimité par une frontière, est une pure vision du monde occidental. Dans les Andes, il existait de nombreuses interfaces construites entre groupes et communautés, comme le montrent les travaux de Saignes, 1981; Wachtel, 1981; Saignes, 1985; Barragan, 1994; Presta & (ed.), 1995; Rojas, 2001; De Las Mercedes Del Río, 2005, et de bien d’autres. Ces interfaces, écologiques comme culturelles, permettaient des relations entre groupes ethniques des vallées, piedmonts, altiplano et zone amazonienne, d’une manière très complexe, basée sur des produits, des relations symboliques, des rituels, du travail, etc. parfois sur des zones très étendues, certes non dépourvues de conflits, mais restant fondamentales pour la formation des territoires. Hocquenghem, 1993; 1998, dans sa merveilleuse œuvre archéologique, nous montre comment les routes du « mullu », coquillage des eaux chaudes du Pacifique, s’organisaient des Andes du Nord vers les Andes centrales, pour servir d’objet de rituel obligatoire { la reproduction des sociétés andines et des élites. Ces objets de transfert de patrimoine, de connaissance ou simplement de réciprocité sont nombreux dans la pratique de l’ayni (de l’échange rituel). La feuille de coca est aussi un bon exemple de ces objets que les communautés s’échangent, non seulement du point de vue commercial, mais surtout symbolique pour permettre une cohésion de l’espace occupé par de nombreux territoires. Aujourd’hui, la caisse de bière joue ce rôle dans les pratiques de mariages, de fête locale, ou même d’élection48. La participation { un mariage peut nécessiter le don d’une dizaine de caisses, qui lui seront retournées en quadruple ou quintuple lors du mariage d’un des membres de sa

48 Toutes les fêtes traditionnelles de l’Altiplano pratiquent l’ayni ; la plus impressionnante étant la fête « del Señor del Gran Poder » de La Paz, forme de reconnaissance au Seigneur Tout Puissant, dans un mélange de rite aymara et catholiques. Le Président de la Fraternité Señorial Illimani, Juan Carlos Marín, raconte “qu’il existe un registre interne où le compagnon note son ayni en quantité de bières et aussi indique si la boisson est pour le couple de danseurs, ou pour l’organisation dans son ensemble, composée de 4 couples chargés d’organiser la festivité”. Voir le site: http://www.entradasfolkloricas.com/2011/06/gran-poder-el-ayni-se-traduce-entre-dos.html

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famille. La modernité s’est installée dans ces pratiques, mais n’en modifie pas fondamentalement le principe. Le téléphone portable, par exemple, qui devait déstructurer les communautés et renforcer l’individualisme chez les jeunes, a en fait favorisé l’organisation des réseaux autour d’anciennes centralités (Aronés et al., 2011).

Photo 19: Ayni lors d'un mariage

Le don est une pratique ancestrale, qui a pris aujourd’hui les formes “de la modernité » comme l’attribution de caisses de bières dans les mariages. A gauche : mariage à Juliaca, Pérou, photo Paty Condori, RPP Nacional.

A droite, le partage de la coca lors de la fête du solstice à Tiahuanacu.

On retrouve des situations identiques dans toutes les Andes. Chez les U’wa de Colombie, par exemple, chaque clan est déterminé par son appartenance à un étage écologique et doit conduire ses rites et développer ses symboles en fonction des qualités intrinsèques de la zone où il se trouve. Il n’y a donc pas de hiérarchie entre clans, puisque tous sont complémentaires et cette