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Acquérir une posture professionnelle infirmière

Dans le document Médecins là-bas, infirmier-ère-s ici (Page 111-113)

11.2 Le dispositif de formation

11.2.1 Acquérir une posture professionnelle infirmière

Le dispositif de formation a pour finalité auprès de ces étudiant-e-s de leur faire acquérir la posture infirmière distincte de celle du médecin. Qu’entendons-nous par le terme de posture ? Dans une définition usuelle du terme de posture, nous trouvons deux notions, celle de l’ « Attitude particulière du corps 161» en rapport avec la manière de se tenir, la position physique du corps dans l’espace et une autre notion, celle de « Situation d’une personne 162» au sens de « condition, situation, position » d’un point de vue social. L’infirmier-ère s’inscrit dans une hiérarchie sociale déjà évoquée précédemment. Si nous accolons à posture le terme de « professionnelle » nous pouvons entendre que cela intègre à la fois des éléments liés aux attitudes professionnelles requises allant des comportements, des dispositions à agir aux valeurs et à l’éthique et d’autres éléments liés à un ensemble de savoirs et d’expériences qui permettent de conforter une assise aussi bien physique que psychique du/de la professionnel- le à venir et en exercice. Ce qui va également dans le sens de l’acquisition de la posture infirmière est la réflexivité dans laquelle sont engagé-e-s ces médecins au travers des analyses de pratiques professionnelles, deux analyses sont requises au cours des dix semaines de stage ; les thèmes abordés, le développement du questionnement, les prises de conscience et l’analyse proprement dite sont des indicateurs qui renseignent sur le chemin vers la posture professionnelle. Lors de nos entretiens avec une responsable d’IFSI, nous pouvons préciser les bornes de la posture professionnelle : « le champ de compétences et de responsabilités » infirmières.

« (…) c’est que certes le cursus est concentré sur un an au lieu de trois parce qu’on tient compte des compétences antérieures, la formation est concentrée sur un an, elle est fortement personnalisée, individualisée et avec une détermination des ressources en termes d’acquisition des savoirs théoriques qui est pour le coup déterminée par nous et en supplément du référentiel ; on fait le choix de certains

161 Le nouveau Petit Robert, dictionnaire de la langue française, p 1740, 1994 162 Ibid. p 1740

enseignements supplémentaires au-delà de ce qui est préconisé par le référentiel, pour que cet étudiant soit opérationnel dans la fonction, c'est-à-dire un qu’il délimite son champ de compétences et ses responsabilités, premier objectif global de la formation : délimiter son champ de compétences et de responsabilités(…) » (Entretien 1 Responsable IFSI, p127-128).

Nous pouvons aussi entendre dans le terme de posture des échos en lien avec le courant théorique de l’interactionnisme symbolique avec un auteur comme d’E GOFFMAN163 notamment dans l’attitude de la personne dans le face à face.

« Le courant de l’interactionnisme symbolique, qui s’est développé dans la première moitié du XXème siècle aux Etats-Unis, repose sur l’idée que la société est le résultat d’un ensemble d’interactions qui ne sont pas structurés au départ mais « se développent suivant une dynamique propre ». (…) ces interactions sont indissociables d’un ensemble de représentations qui leur donne sens et qui touchent à une diversité de questions, par exemple à la santé, à la vie, à la mort et au pouvoir médical dans une institution de soin. Ces représentations orientent les interactions et sont produites elles-mêmes par ces interactions.164 » .

L’interaction se définit par « l’influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsqu’ils sont en présence physique immédiate les uns des autres165 »

Dans le face à face dont parle E GOFFMAN dans « la présentation de soi », l’enjeu est de ne pas perdre la face pour chacun des interlocuteur-trice-s ; la posture professionnelle, quand elle s’affirme au fil de l’expérience et des savoirs accumulés leste la personne d’un poids symbolique qui lui permet de s’engager dans une interaction avec une certaine assurance et de présenter à l’autre une définition de la situation, le tout dans un contexte institutionnel de positions sociales et de rôles distribués par l’institution. Un autre auteur de ce courant, A STRAUSS166, entend l’interaction dans une dynamique relationnelle et de comportement qui, dans une institution complexe et porteuse de conflit comme l’hôpital, amène chacun-e à négocier les positions de chacun-e au regard des enjeux de pouvoir et des ajustements que l’un-e et/ou l’autre cherche à obtenir. La négociation est quelque chose qui se fait dans l’interaction sur fond de définitions de situations différentes voire dissonantes et grâce à laquelle une institution peut fonctionner et des acteur-trice-s peuvent agir. De même que la négociation intervient dans les interactions soignant-soigné ; de même elle intervient dans toutes les interactions rencontrées à l’IFSI, sur le terrain entre les médecins/étudiant-e-s infirmier-ère-s et les autres personnes. C’est comme cela que la négociation se pose comme modalité de résolution de tensions, conflits et écarts entre les attentes et les représentations des un-e-s et des autres.

La posture professionnelle peut se concevoir comme un processus qui s’initie au contact des personnes soignées et dans un système de formation qui alterne savoirs théoriques et pratiques

163 GOFFMAN E, « La mise en scène de la vie quotidienne. Tome 1 : la présentation de soi, » Paris, Editions de

Minuit, 1973

164

CAMPENHOUDT L.V., MARQUIS N., (2014), « Cours de sociologie », Dunod, , p51-52

165 Cité par CAMPENHOUDT L.V., MARQUIS N., « Cours de sociologie », Dunod, 2014, p50 à propos de

GOFFMAN E, (1973), « La mise en scène de la vie quotidienne. Tome 1 : la présentation de soi, » Paris, Editions de Minuit,

166 STRAUSS A.,( 1992), « La trame de la négociation, Sociologie qualitative et interactionnisme, Edition

et lieux de pratique professionnelle. En ce sens, il semble facilitant pour ces médecins d’avoir travaillé en milieu de soin institutionnel comme aide-soignant ou ASH167, de s’être « frottés » aux professionnel-le-s, aux rôles et positions de chacun-e pour ensuite commencer à endosser la posture infirmière. C’est le début de la socialisation professionnelle infirmière.

SI nous revenons à la présentation du dispositif de formation, nous constatons qu’il se décline à trois niveaux : national, régional et local au niveau de l’IFSI.

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