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4. METHODOLOGIE

4.1 M ÉTHODE DE RECUEIL DES DONNÉES

4.1.1 Choix et catégorisation des productions textuelles

L’institution concernée par cette recherche est structurée et organisée par une multitude d’activités caractérisées par une diversité infinie de productions langagières allant de la parole éducative à l’écrit professionnel.

La constitution de notre corpus textuel est organisée d’après trois types d’activités qui se définissent selon leur critère d’adressage (destinataire). Ces trois catégories de productions textuelles sont :

• des interactions orales

• des écrits internes

• des écrits externes

Ce travail se compose de productions langagières de trois travailleurs sociaux dans chacun des trois types d’activités décrites ci-dessus concernant un jeune de référence15.

En conséquence, cette recherche est construite sur les données textuelles de trois binômes (professionnel/jeune) dans trois niveaux contextuels déterminés.

15L’institution fonctionne avec un système de référence éducatif. Un éducateur référent est désigné pour chaque jeune qui intègre le centre. Sa tâche consiste à coordonner toutes les informations relatives à la situation (famille, stage, déroulement de la semaine).

Niveaux contextuels du corpus [Tableau 5]

A : travailleur social (référent) B : jeune (référé)

La configuration choisie pour recueillir les données se caractérise par une stabilisation de l’interaction A  B afin de mettre en évidence la variation contextuelle (et/ou d’adressage).

L’intention de ce dispositif est tout d’abord d’opérer une visée « contrastive » entre les différents groupes d’activités. Ensuite, elle permet une observation des mécanismes d’articulation et de cohérence thématique entre les divers niveaux contextuels.

Les groupes de productions textuelles exploités se résument de la façon suivante : A  B

Écrits externes

Écrits internes

Int. orales

3 productions

orales 3 écrits

internes

3 écrits externes

Les productions orales sont des transcriptions d’enregistrements effectuées lors d’entretiens individuels. Cette activité est une caractéristique du système de référence. Bien qu’il se présente sous diverses formes, le thème général des trois interactions relevées dans notre travail s’articule autour du projet d’avenir du jeune.

Les écrits internes sont des documents présentant un caractère d’usage interne à l’institution. Ces textes qui sont des pièces constitutives du dossier de l’apprenant16, sont nommés : compte rendu, écrit de synthèse et note personnelle.

Les écrits externes sont des documents caractérisés par leur adressage à un destinataire extérieur à l’institution. De ce fait, ces productions langagières présentent une dimension interactionnelle entre deux organisations sociales (transaction discursive + implication culture institutionnelle).

Cette catégorie est constituée de documents hétéroclites comme une convention de stage, un document interdisciplinaire, des informations pratiques et/ou d’anamnèse.

Le but de cette démarche est d’analyser et de comparer ces différentes formes langagières afin d’observer si celles-ci comportent des caractéristiques spécifiques, ainsi que les processus dynamiques d’interaction qui s’opèrent entre ces trois groupes de productions textuelles.

4.1.2 Désignation de l’institution et des professionnels

L’intention de saisir une transaction discursive entre deux formations sociales a orienté cette recherche dans le sens où il a été décidé de s’intéresser à une institution dont la mission comportait un mandat d’orientation professionnel. En effet, ce paramètre induit de facto la production de documents à des récepteurs externes.

Cet élément a également constitué un facteur déterminant par rapport au choix des professionnels avec qui nous avons collaboré. En effet, le critère de productions textuelles en faveur d’un contexte externe a nécessité de collaborer avec des

16Un dossier est constitué pour chaque jeune. Le contenu est séparé en trois parties distinctes, les textes relatifs au domaine pédagogique, les documents à caractère psychologique et une catégorie d’écrits divers (synthèse, lettre de parents, évaluation de stage).

professionnels référents de jeunes dont le projet d’orientation était à un stade d’élaboration avancé et/ou en cours, d’un point de vue pratique.

C’est ce facteur aléatoire qui, principalement, a déterminé les trois professionnels qui ont participé à notre recherche. Les trois personnes qui ont accepté de participer à ce travail ont pour pseudonymes Max, Elie et Annie.

4.1.3 Dispositif d’observation et recueil de données

L’essor technologique de ces dernières années a introduit l’utilisation de nouveaux outils dans les sciences humaines. Les procédés d’enregistrement auditifs ou visuels sont devenus des instruments quotidiens du chercheur (voir les travaux de Clot, Filliettaz, Mondada).

La question du choix de l’instrument d’observation s’est présentée quand nous avons décidé de recueillir des productions orales.

L’objet principal de notre travail étant le discours, la nécessité de constituer des traces filmiques ne semblait pas pertinente. De fait, l’outil utilisé dans ce mémoire pour effectuer le recueil de données des productions orales est un enregistreur audio. Cette posture nous a également conduit, en accord avec l’équipe éducative, à opter pour des enregistrements audio d’entretien individuel sans présence physique du chercheur. Malgré ces précautions, nous constatons quand même une influence de l’enregistrement sur le déroulement de l’activité et plus particulièrement sur les protagonistes en situation (par exemple : transcription 3a, p. 1).

D’un point de vue général, l’enregistrement présente l’avantage, de par sa possibilité de réitérer l’écoute, de fournir des productions textuelles détaillées pour l’analyse.

Toutefois, la transcription des données orales est un processus de reconfiguration du chercheur, dans le sens où le passage d’une trace orale à une forme scripturale constitue une interprétation d’un énoncé caractérisé par un processus de découpage du flux textuel oral.

Suite à ces remarques sur la nature et le statut de l’enregistrement audio, précisons que, malgré l’effort de rester le plus fidèle possible aux propos de nos interlocuteurs, ces données orales reflètent un point de vue partial et partiel sur une activité, en s’intéressant spécifiquement à la dimension langagière. Cet éclairage écarte de ce

fait la dimension gestuelle et corporelle des protagonistes dans l’interaction lors de l’observation.

Le recueil des données écrites est constitué principalement sur la base de textes existants et présents dans les dossiers de l’institution avant notre investigation, de sorte que ce type d’intervention minimise les interférences liées à la présence du chercheur puisqu’il occupe une posture d’extériorité.

Pour terminer, la méthodologie de recueil de données de ce mémoire repose principalement sur certaines règles déontologiques nécessaires au respect de la personne. Celles-ci s’appuyant sur un double axe favorisant l’utilisation de méthodes d’investigation à caractère discret ainsi qu’une volonté de réduire au minimum les risques de perturbations liés à notre présence.