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1975-1988 1989-1993 1994-1999 2000-2006 2007-2013 % des fonds italiens

3. LE MÉTRO RÉGIONAL CAMPANIEN : LA CURA DEL FERRO 131 VERSION NAPOLITAINE

3.1 État des lieux au milieu des années

L’état des lieux de la mobilité et du système des territoires en région Campanie au milieu des années 1990 met en évidence un nombre important de paradoxes. Au moment de la relance des politiques de mobilités, le système des transports ferroviaires faisait face à d’importantes carences tels que l’absence d’interconnexions, un déséquilibre des infrastructures sur le territoire ou encore des logiques concurrentielles dans la gestion des transports et des services.

Un réseau riche mais cloisonné

Hérité d’un patrimoine infrastructurel riche, le réseau ferroviaire campanien s’étend à la fin des années 1990 sur 1 210 kilomètres de voies132 (Regione Campania, 2002)133. Ce capital lui permet déjà d’appartenir aux régions italiennes dotées des kilomètres de voies ferrées les plus importants (Tab.2.4). Toutefois, cette position doit être nuancée par plusieurs éléments avec d’un côté, une répartition déséquilibrée des infrastructures sur le territoire et de l’autre, le rapport entre la population et le nombre de kilomètres de voies qui témoigne de l’insuffisance des infrastructures.

Tab.2.4

Indicateurs de dotations ferroviaires dans quelques régions italiennes

Population en 2000 Km ferr. Indice de dotation Km de voies/millions d’habitants. Piémont 4 289 1 988 464 Lombardie 9 121 1 926 464 Vénétie 4 540 1 160 255 E. Romagne 4 008 1 343 335 Latium 5 302 1 249 235 Campanie 5 782 1 210 209 Pouilles 4 086 1 563 382 Sicile 5 088 1 599 314

Source : Extrait de Regione Campania, 2002, p.40.

En outre, ce réseau régional est bien sûr inégalement réparti sur le territoire campanien et engendre de fortes disparités entre les provinces (Tab.2.5). Autre contraste inhérent au fait urbain, au sein même des provinces, ce sont autour des chefs lieux que se concentrent la majeure partie des infrastructures (Dal Piaz, 1995). Les territoires internes restent par conséquent fortement enclavés et très peu « maillés » entre eux. Mais par rapport à d’autres contextes métropolitains

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Les 1 210 kilomètres sont répartis entre les cinq provinces comme suit : 187 km pour la province d’Avellino, 171 Km pour Bénévent, 260 pour la province de Caserte, 337 pour la province de Naples, et enfin 255 Km pour celle de Salerne.

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plus équilibrés, comme celui de Milan par exemple, cette situation est renforcée à la fois par le manque d’interconnexion mais aussi par l’insuffisante fréquence de passage des trains. Par exemple, en 1994, un seul train quotidien direct reliait Avellino à Bénévent, pourtant situées à moins d’une trentaine de kilomètres l’une de l’autre (Dal Piaz, 1995).

Tab.2.5

Indice de dotations ferroviaires dans les provinces de la région Campanie

Kilomètres de voies Dotation infrastructurelle pour 10 000 habitants Avellino 187 424 Bénévent 171 581 Caserte 260 303 Naples 337 108 Salerne 255 232 Région 1 210 209

Source : Extrait de Regione Campania, p.40, 2002.

Au cœur même de Naples les mobilités ont aussi longtemps été paradoxales (Di Ciommo, 2003, p.143) avec d’un côté un réseau infrastructurel dense mais mal structuré et de l’autre une ville fortement congestionnée par l’automobile. Entre 1981 et 1996, la population non desservie par le transport ferroviaire dans la province de Naples atteignait 34,5%, devant la province de Caserte (19,60%) contre une moyenne de 19,50% pour la région Campanie (Istat, 1998). Plusieurs raisons, issues notamment des politiques nationales menées dans le cadre de l’intervention extraordinaire en faveur du Mezzogiorno, expliquent cette situation paradoxale des transports en région Campanie. En effet, il faut avoir à l’esprit qu’améliorer l’accessibilité du Mezzogiorno a été une priorité constante pour la politique d’intervention extraordinaire. Héritage de la politique méridionale, la majeure partie des réseaux ont été construits dans la province de Naples et le long de l’espace côtier afin de desservir les aires de développement industriel (ASI) et de répondre aux exigences de la population et du tourisme, générant un premier fort déséquilibre entre l’aire métropolitaine et le reste de la région (Fig.2.8).

Encore aujourd’hui, les infrastructures ferroviaires sont constituées en deux lignes directrices nationales avec d’un côté une ligne nord-sud reliant Rome-Naples-Salerne et Reggio de Calabre. Et de l’autre, une ligne interne reliant Rome-Cassino-Caserte-Cancello-Sarno-Nocera rejoignant la première. Le réseau ferroviaire campanien est également constitué de deux lignes transversales : Naples-Caserte-Bénévent-Foggia et Battiglia-Potenza-Tarente (Fig.2.8). La partie sud de la région Campanie, le Cilente, reste un territoire mal desservi.

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Fig.2.8

Densité de population et réseaux ferroviaires en région Campanie

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Autre héritage majeur que doit affronter toute politique d’aménagement du territoire, en région Campanie : l’automobile. Les titres de journaux des années 1980 traduisent clairement l’excès des napolitains face à ce problème non encore réglé aujourd’hui (Encadré 2.7).

Encadré 2.7

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En effet, les politiques territoriales ont toujours favorisé la construction de « réseaux routiers au détriment de réseaux ferroviaires, puis les transports privés ont été favorisés par rapport aux transports collectifs » (Dal Piaz, 1995, p.177) comme en témoigne l’intervention de l’ingénieur Vincenzo Torrieri à la Conférence citadine sur le trafic et les transports à Naples en 1982 :

La motorisation continue de croître en ville avec une automobile pour quatre habitants. Le transport privé continue d'être la plaque tournante du système de transport. Les transports collectifs ne se posent pas comme une alternative «attractives», le trafic continue d'augmenter […].

(V. Torrieri, p.105, 1982).

Il faut noter que ceci s’inscrit dans un cadre bien plus large que la Campanie. Mais cette prise de conscience de la présence de l’automobile comme facteur négatif pour le développement territorial dès la fin des années 1970, la préservation de l’environnement et du cadre de vie n’impliquent pas pour autant des changements profonds dans les politiques menées. Par exemple, en 1986 dans le cadre du Projet intégré méditerranéen porté par la Communauté européenne, l’extension et l’amélioration du réseau routier constituaient encore des axes majeurs d’interventions.

Bien sûr, les difficultés infrastructurelles rencontrées par la région Campanie ont un impact direct sur les mobilités qui sont étroitement liées à l’activité économique. Le plus souvent l’activité économique va se concentrer dans les territoires les mieux desservis. Par exemple, le document 2.1 qui cartographie les déplacements pour le travail et les études, par trains (rouge) ou autobus (vert) en 1991 témoigne à la fois des pôles structurants, qui correspondent aux chefs- lieux de province mais aussi du déficit infrastructurel en matière ferroviaire. En effet, au-delà de la province de Naples, les déplacements se font plus fréquemment par autobus. Mais il témoigne aussi du processus de polarisation à Naples dont l’aire d’attraction s’étend jusque Caserte au nord et la péninsule sorrentine au sud (Dauphiné, 1999). Par exemple, le Plan des Transports Communal de Naples souligne qu’en 1996, dans la phase horaire 7h-9h30, il s’effectue dans la commune de Naples environ 510 000 déplacements motorisés dont 250 000 au cœur même de la ville.

En somme, au moment de la relance de la politique du métropolitain au début des années 1990, Naples et sa région sont confrontées à plusieurs problèmes : la congestion de la ville par les automobiles, un déséquilibre infrastructurel interne et l’augmentation des mobilités sur le territoire régional.

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Doc.2.1

Déplacements pour le travail ou pour les études par train ou autobus dans diverses communes de Campanie en 1991

Source : Regione Campania, 2002, p.36.

Une gestion éclatée

Aux difficultés infrastructurelles s’ajoutent toujours au début des années 1990, celles liées à la gestion des transports collectifs. Jusqu’à la mise en œuvre du consortium Napolipass, qui visait l’harmonisation de la gestion du transport collectif, ce sont six entreprises qui se partageaient l’exploitation des transports en région Campanie : l’État, par le biais de la Société des chemins de fer italiens (Ferrovie dello Stato), la Compagnie des transports publics de Naples (CTP), la société municipale de la Commune de Naples, l’ANM (Azienda Napoletana Mobilità spa), le funiculaire de Mergellina, la Circumvesuviana (Société de chemin de fer de l’aire du volcan Vésuve) et la Sespa, la société régionale des transports qui gère les lignes Cumana et

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Circumflegrea. Jusqu’alors, aucune harmonisation n’existait en matière de tarification, d’interconnexion ou de cadences des trains. Cette situation a contribué pendant longtemps à pérenniser l’importance du trafic automobile dans la région.

Sous l’angle politico-institutionnel et judiciaire, cette fois, le système des transports a aussi été confronté à des difficultés. Jusqu’en 1993, la corruption institutionnalisée, concerne aussi les secteurs qui ont trait aux travaux de réalisation du métro. En juin 1993, Silvano Masciari déclarait aux magistrats « avoir été informé de l’acte de sa nomination comme assesseur aux transports en 1985, sur la base d’un accord sur lequel la Société Metropolitana de Naples s’était employée à verser en faveur des partis représentés au conseil communal, des contributions financières périodiques » (De Biase, Moretti, 1994, p.62). L’objectif visait à obtenir plus rapidement les délibérations pour réaliser les travaux. L’arrêt des travaux de la ligne LTR (Ligne Trans-viaire rapide) qui devait relier Fuorigrotta à Ponticelli en passant par Piazza Municipio, au cœur de Naples (nouvelle L6), initialement prévue pour le Mondial de football en 1990 est un exemple des distorsions induites par un tel système (Doc.2.2).

Doc.2.2

Le plan du métro de Naples

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Commencé dans les années 1980, le chantier a été abandonné pour des raisons administratives et d’irrégularités des travaux. Il sera repris dans le cadre de la politique intégrée des transports par le biais de la Ligne 6 qui reproduit en grande partie le tracé initial (Doc.2.2).

La relance de la politique des transports au milieu des années 1990 s’est également accompagnée de procédures visant à combattre les pratiques mafieuses, objectif qui a visé aussi à « normaliser » par des contrôles fréquents, l’ensemble de la vie publique, comme en témoigne Sergio Negro, coordinateur régional du Programme opérationnel 2000-06 pour l’axe des « réseaux et nœuds de service » :

[...] En Campanie, nous avons mis en place une série de normes spéciales pour répondre à l’infiltration camorriste dans l’administration publique et pour combattre la « malavita organizzata ».

Il y a pour la ville de Naples en particulier, un niveau de contrôle élevé. La préfecture procède à chaque fois à un contrôle préventif des avis, des appels d’offres avant qu’ils soient adopté.

(S. Negro, entretien 29/01/2007). 3.2 Le projet de système intégré des transports : la relance des travaux du métro (1994- 2002)

C’est donc sur la base de ce diagnostic dressé par la municipalité Bassolino que la relance de la politique des transports avec comme axe majeur, le métro, s’opère à partir de 1994. En parallèle, une refonte de la politique urbanistique et territoriale est mise en place. Dans un second temps seulement, va naître le même phénomène à l’échelle régionale. Il est donc important de noter ici que l’ « européanisation » des territoires publics relève un triple défi : infrastructurel, institutionnel et de légitimité de l’action publique. En somme, l’« européanisation », si on l’entend comme articulation entre la politique européenne évoquée dans le chapitre 1 et le territoire « local » qui nous occupe ici se réalise en trois temps : local, local/régional, puis européen avec la présence affichée des fonds structurels de la programmation 2000-06.

Le Plan Communal des Transports ou le « modèle napolitain »

La refonte lancée à l’échelle de la Commune aboutit, dès 1997 à l’adoption de son nouveau Plan Communal des Transports urbain qui succède au plan de 1971134. Cette date de 1997 est significative et augure de l’entrée en scène du métro dans la programmation des fonds structurels pour la période 2000-06. En effet, la Commune de Naples a, elle aussi, participé à l’élaboration

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Ce plan prévoyait des travaux pour le métropolitain dans la province de Naples et plus largement la réalisation de la liaison Caserte-Nocera, Naples-Averse dans un laps de temps limité de dix années. (Caputi, Forte, 1977).

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du Programme opérationnel en concertation avec la Région et l’État. On peut donc supposer que l’adoption du Plan communal a été un gage d’obtention des fonds pour la Commission, puisque la Région n’avait pour l’heure adopté aucun plan d’extension et de valorisation du métro. Or, le nouveau Plan communal des transports est d’emblée très ambitieux. Il vise plusieurs objectifs parmi lesquels la réduction du trafic, présentée comme une contrainte pour le développement territorial de la ville de Naples, et une meilleure accessibilité avec l’ensemble des quartiers, en assurant des interconnexions entre les différents modes de transports collectifs (Doc.2.3).

Doc.2.3

Stations et nœuds dans le réseau ferroviaire associés aux interventions de requalification urbanistique

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Au-delà, le projet napolitain, suivant en cela, voire anticipant à de nombreux égards des expériences menées dans diverses villes européennes, a aussi une forte dimension territoriale. Le projet s’inscrit dans une vision plus large que celle du seul territoire communal. Il vise à la fois à réduire la fracture entre le centre et la périphérie mais aussi à faciliter l'accessibilité aux services et aux structures publiques pour tous (ADEME, 2009). Il s’agit également, à travers le transport, de redonner de l’attractivité au territoire, par exemple, dans le domaine du logement135. Le plan prévoit d’ici 2015 une augmentation de 75% du réseau ferroviaire en plus, c'est-à-dire 47 kilomètres de lignes et 48 nouvelles stations, soit une augmentation de 120% (Doc.2.3).

Ce renouveau des politiques liées au métropolitain s’est en somme inscrit dans un cadre associé à la reconquête des territoires et notamment du centre historique par la réduction de la congestion automobile. L’objectif du Plan Communal des Transports visait le « développement d’un système de transport équilibré et intégré » (PCT Napoli, 1997, p.24). Il s’agissait d’utiliser le transport collectif comme un « instrument d’organisation du territoire » (Comune di Napoli, 2003, p.6). En effet, le Plan Communal des Transports s’est inscrit dans les orientations de planification et urbanistique formulé par le Conseil Communal dès 1994. Comme en témoigne Elena Camerlingo, chargée de la politique communale des transports à Naples, il s’agissait en premier lieu de mettre en place une stratégie intégrée de planification urbaine et de mobilité :

[…] En 1994, nous, la Commune de Naples, avons décidé, de faire ensemble une politique urbanistique et une planification des transports. C’était une initiative stratégique. Nous avons cherché à faire une politique d’intégration entre les choix urbanistiques et les choix de transports afin de réduire les différences entre le centre et la périphérie. Il s’agissait également de diminuer la présence de l’automobile dans la ville. Pour réaliser nos ambitions, il nous fallait commencer par compléter les lignes ferroviaires. Et en 1997, nous avons adopté le Plan Communal des Transports suivi dans les années 2000 d’autres plans en faveur du métro et du réseau viaire.

(E. Camerlingo, entretien 09/10/2006). En somme, ces dimensions, aujourd’hui relativement banales en Europe, mais qui l’étaient sans doute moins au milieu des années 1990, contribuent pour une large part à faire de Naples un « modèle ».

En février 2000, le Plan du réseau viaire était adopté et en juillet 2003, celui « des 100 stations/gares », qui concernait le métropolitain. L’objectif était de « transférer les déplacements du trafic privé vers les transports collectifs pour soulager la partie la plus dense et congestionner de la ville de la circulation et de la soustraire des automobiles pour la restituer aux piétons »

135 Se référer aux travaux de Pagliara et Papa sur l’impact de l’investissement réalisé pour le métro en

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(Comune di Napoli, 2003, p.6). Il s’agissait aussi de créer de nouvelles stations et de requalifier les zones environnantes de ces stations. Comme en témoigne le Plan Communal des Transports, le défi à relever visait à « modifier l'insoutenable rapport entre transport privé et collectif en essayant de limiter le premier et de favoriser le développement du deuxième pour retrouver des espaces d’habitabilité et de qualité environnementale» (PCT Napoli, 1997, p.7). La transformation urbaine des places Dante et du Plébiscite, rendues aux piétons en est un exemple.

En 2003, les premiers résultats de la stratégie communale apparaissent. En effet, si en 1994, 65% des déplacements effectués dans la ville se font en voiture, en 2003, après la réalisation partielle du Plan, les déplacements en voiture sont réduits à 55% (Comune di Napoli, 2003).

Promotrice de l’association transport/requalification urbaine, la Commune de Naples se trouve également à l’origine d’une « innovation institutionnelle » (Di Ciommo, 2003, p.137) : la création d’un consortium Napolipass en février 1995. Ce consortium, qui regroupe, dans un premier temps, trois des compagnies exploitantes des transports publics à Naples (ANM, CTP, FS), propose l’intégration tarifaire à travers un billet unique aux voyageurs : le Giranapoli et plus tard l’Unico Napoli136. Le billet est valable sur l’ensemble du réseau urbain (Di Ciommo, 2003, Froment, 2005) qui comprend aussi l’aire métropolitaine. Toutefois, « le plan communal des transports reste un instrument limité au périmètre communal dans sa mise en œuvre […] en conséquence, même si les choix faits dans le cadre du plan des transports sont orientés vers une dimension métropolitaine, ils souffrent des limites territoriales imposées par le périmètre d’intervention de chaque collectivité locale » (Di Ciommo, 2003, p.149-150). L’intégration tarifaire proposée par la Commune a un impact direct sur les abonnements et le nombre de billets vendus. Entre 1995 et 1999, le nombre de billets vendus augmente d’environ 30%.

De la Commune à la Région : le Plan Régional des Transports

Au début des années 2000, le projet du métro de Naples est repris par la Région Campanie. Ce changement d’échelle - sans doute lié en large part au changement de statut d’Antonio Bassolino - n’est pas neutre. Ennio Cascetta, en charge de la politique des transports présente le métro régional comme « la plus grande opération publique en cours actuellement en Italie après le train haute vitesse » (Cascetta, 2005). Au-delà des enjeux concrets, on est ici dans des jeux d’images. Par définition la programmation va dès lors se lier plus facilement encore à la logique européenne. Cette situation va permettre de pérenniser le « captage » des fonds communautaires. Les grandes orientations seront proposées dans le Plan directeur de la mobilité régionale adopté

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en 2002 et répondront par conséquent aux propositions du Programme opérationnel campanien 2000-06. Comme en témoigne Sergio Negro, coordinateur des fonds structurels pour le transport, à l’échelle de la Région, des modifications profondes dans la gestion du territoire se sont également opérées, qui sont elles aussi en synergies avec les choix déjà effectués au niveau communal :

Nous avons ces dernières années modifié notre rapport, disons, avec le territoire. Autrefois, nous devions demander la permission de changer la destination des sols aux services de l’urbanisme. À présent, nous construisons ensemble notre plan des transports. Nous cherchons à intégrer nos instruments.

(S. Negro, entretien 20/01/2007). Les objectifs poursuivis par la Région reprennent les grandes orientations communales mais cette fois-ci à l’échelle régionale. Il s’agit alors de :

 Garantir l’accessibilité pour les personnes et les marchandises à l’intérieur du territoire régional, avec des niveaux de services différenciés en relation aux exigences socio- économiques des territoires afin de poursuivre des objectifs territoriaux (décongestionner les espaces côtiers, relier les territoires internes) et productifs,

 Assurer une fiabilité élevée et une vulnérabilité faible du système, en particulier dans les zones à risques comme celle du Vésuve,

 Garantir les conditions idéales de la mobilité aux personnes à mobilité réduite,

 Assurer le développement durable des transports, en diminuant la facture énergétique, les émissions de gaz, et l’impact sur le territoire,

 Assurer la diminution des risques d’accidents,

 Minimiser les couts liés à la mobilité (tarification intégrée)

 Enfin, la stratégie prévoit également l’utilisation des infrastructures déjà existantes, récupérant chaque composante, aussi celle à l’état obsolète ou sous-utilisées

(Regione Campania, Linee programmatiche per la metropolitana regionale, 2002, p.19) La Région applique donc les « recettes » locales napolitaines, pour le territoire régional, comme en témoigne aussi à nouveau Elena Camerlingo, en charge des transports à la municipalité :

Quand la Région a commencé a faire la programmation pour le transport régional, nous avons inséré notre planification dans celle de la Région, puis la Région s’est chargée de joindre les deux politiques […] en dehors de la liaison haute vitesse Rome/Naples, la Région a donc fait sa planification après que la Commune ait réalisé la sienne.

(E. Carmelingo, entretien 9/10/2006).

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D’une part, si l’Europe vient soutenir ici une « recette » locale élargie à la Région, l’échelle locale