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CHAPITRE I : LE CONTEXTE DE LA RECHERCHE

SECTION 3 : DESCRIPTIF GLOBAL DU PUBLIC DE L’ÉTUDE

3. Les établissements

Notre étude porte donc sur des étudiants issus des trois lycées (B, D et K) hébergeant des prépas de filière EC. Nous avons eu accès à des classes prépas de voie S pour les lycées D et K et de voie T pour le lycée B. Les deux prépas S sont classées moyennes41 tandis que la prépa T est considérée comme une bonne prépa42.

Nous nous sommes intéressées aux étudiants en première année dans ces prépas sur deux promotions consécutives (2011-2012 et 2012-2013), soit six classes en tout, à raison de deux classes par prépa.

Figure 2 : Schéma récapitulatif - le public de la recherche

Le tableau 3 ci-dessous donne la répartition des étudiants par classe et par promotion en début de chaque année scolaire, sachant que nous n’avons pas retenu tous les étudiants dans notre étude pour des raisons d’ordre pratique que nous aborderons dans le chapitre IV concernant la méthodologie.

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Selon les critères du classement du site http://www.prepa-hec.org déjà évoqués.

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Le professeur de mathématiques H.C. nous confirme qu’en effet B est considérée comme une des meilleures prépas T en France, sachant qu’il y a peu de prépas EC de voie T à Paris et dans les parages (une cinquantaine de prépa de voie T en France).

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B D K

2011-2012 32 36 28

2012-2013 53 43 26

Tableau 3 : Répartition des étudiants par classe et par promotion en début d’année

Les classes se composent d’étudiants issus soit du lycée du même établissement (2 à 3 par classe par an, y compris occasionnellement les redoublants), soit d’établissements de proximité sauf exception. En effet, dans la mesure du possible, il est préférable de réduire le temps de transport quotidien comme nous l’ont dit les professeurs43 : « dans notre

recrutement, la province géographique on essaye d’éviter. On essaye d’exclure autant que possible des gens même qui ont un dossier correct mais qui ont besoin de deux heures de transport aller et retour, on peut pas les recruter parce qu’on pense à eux tout simplement » (Z.H. professeur de mathématiques à D). Les données officielles44

confirment la proximité entre le lycée et le département de recrutement pour la majorité des élèves (voir tableau 4 ci-dessous). Néanmoins, quelques élèves viennent quand même de loin, alors que d’autres déménagent afin de se rapprocher du lycée : « alors

qu’habitant à 100 et quelques kilomètres de Paris elle avait pris une chambre à Paris pour faire ses études, pour avoir une meilleure prépa, parce qu’il y en avait une à coté de chez elle, mais enfin bon » (H.C. professeur de mathématiques à B). De plus, les

professeurs des classes de la voie S nous informent que leurs étudiants viennent de lycées de niveau moyen.

Par ailleurs, le lycée B se distingue depuis plusieurs années par un recrutement d’une quinzaine de lycéens marocains45 par an (15 en 2011-2012 et 14 en 2012-2013), qui viennent presque tous d’un même lycée prestigieux et réputé de bon niveau à Casablanca. Le professeur de mathématiques à B (H.C.) nous explique que depuis plusieurs années ces étudiants viennent à B qui est devenue « une de leurs prépas T préférées ». Selon lui, B est recommandée par les professeurs au Maroc comme étant une des meilleures prépas T en France, cette réputation vient du fait que les premiers étudiants marocains venus à B

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Il s’agit d’informations obtenues grâce aux professeurs lors des entretiens évoqués précédemment.

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Nous avons pu obtenir par l’intermédiaire du ministère de l’éducation nationale des données officielles concernant la répartition des étudiants des trois établissements en question selon le lycée d’origine, le genre et la catégorie socioprofessionnelle du père. Il s’agit de l’année 2013-2014, sachant que les différences avec les deux années précédentes concernées par notre étude sont négligeables.

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Pour info : « Les Marocains arrivent en tête des étudiants étrangers à avoir choisi la France pour y

poursuivre leurs études. En 2012, le nombre d’étudiants marocains a atteint 32 482, soit 11,3% du total des étudiants étrangers en France. Les Marocains sont aussi parmi les premiers dans les classes préparatoires aux grandes écoles, avec un excellent taux de réussite. […] Une convention signée entre le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et la compagnie Royal Air Maroc (RAM) : chaque année, RAM offre des billets d’avion aux candidats admis aux épreuves orales des concours d’accès aux grandes écoles françaises d’ingénieurs et de commerce. »

Source : http://www.aujourdhui.ma/une/Enseignement/cpge-plus-de-39-000-candidats-aux-concours-d- acces-103755#.VEpvgBYzJdw

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ont intégré les meilleures écoles de commerce telles que HEC, ESSEC et ESCP. Ainsi,

« le téléphone arabe a fonctionné », ce qui fait que les étudiants reviennent d’année en

année, visant les plus grandes écoles, « comme l’ont fait leurs frères et sœurs avant eux ». Cette continuité souligne l’influence de la fratrie et de l’entourage des étudiants sur leurs choix de poursuite de scolarité, mis en avant par Daverne et Dutercq (2013).

Département B (Paris) D (Paris) K (Val d’Oise)

Paris 29% 51% 4% Hauts-de-Seine 10% 10% 4% Seine-Saint-Denis 12% 5% 4% Val-de-Marne 4% 8% 4% Val-d’Oise 10% 8% 65% Essonne 2% 5% 0% Seine-et-Marne 0% 3% 4% Yvelines 0% 3% 11% Autre département en France (Eure, Sarthe,

Corrèze, Haute-Corse)

7% 3% 4%

Étranger 26% (Maroc) 5% 0%

Tableau 4 : Répartition des étudiants par département

Quant au genre des étudiants dans ces classes, les effectifs varient d’une promotion à l’autre, mais nous pouvons constater qu’en général il y a plus de garçons que de filles en filière S, alors qu’en T c’est le contraire (voir tableau 5 ci-dessous).

Genre B D K

Garçons 43% 54% 69%

Filles 57% 46% 31%

Tableau 5 : Répartition des étudiants par genre

Enfin, dans les deux filières, les étudiants sont majoritairement des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, puis en second lieu d’employés (voir tableau 6 ci-dessous).

63 Catégorie Socioprofessionnelle du père B D K AGRICULTEUR EXPLOITANT 0% 0% 4% ARTISAN, COMMERCANT, CHEF ENTREPRISE 9% 10% 15% CADRE, PROFESSION INTELLECTUELLE SUPÉRIEURE 29% 49% 50% PROFESSION INTERMÉDIAIRE 7% 8% 12% EMPLOYÉ 24% 18% 4% OUVRIER 12% 5% 15% RETRAITÉ 12% 5% 0% SANS ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE 7% 0% 0% NON RENSEIGNÉ 0% 5% 0%

Tableau 6 : Répartition des étudiants par catégorie socioprofessionnelle du père

Il faut aussi noter que les étudiants marocains de B sont en général « des enfants de

bourgeois ou petits bourgeois (médecins, architectes, chefs d’entreprise, professeurs d’université…)» selon leur professeur de mathématiques (H.C.).

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PREMIÈRE PARTIE : PROBLÉMATIQUE ET

MÉTHODOLOGIE

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CHAPITRE II : ÉTAT DE L’ART SUR LE TRAVAIL

PERSONNEL

Le thème du travail personnel, malgré son importance, reste un thème de recherche insuffisamment étudié dans le cadre de la didactique des mathématiques. De même, il existe peu de recherches qui abordent cette thématique dans le monde anglo-saxon de

mathematics education. Cela peut s’expliquer en partie par les difficultés

méthodologiques que pose ce thème : « tout se passe comme si l'on considérait comme

définitivement inaccessible la part réellement constructive du travail personnel. […]

[C’est] un thème de recherche pertinent. Mais il soulève des questions d'ordre

méthodologique difficiles, l'obstacle fondamental résidant dans le fait que ce travail se déroule normalement dans des lieux qui relèvent de la sphère privée de l'étudiant »

(Castela, 2011, p.95). Par ailleurs, depuis une vingtaine d’années, plusieurs recherches sont réalisées sur ce sujet en sciences de l’éducation et en sociologie, apportant ainsi des éléments qui nous intéressent, sans pour autant se focaliser sur les mathématiques. Ces travaux s’intéressent aux pratiques étudiantes à divers niveaux d’enseignement en se focalisant, pour la plupart, sur les dimensions génériques sans prendre en compte la nature des savoirs en question. Castela explique que « les études réalisées en sociologie

et sciences de l'éducation demanderaient donc sans doute à être prolongées par des approches plus didactiques. En tout état de cause, elles sont difficilement transférables au domaine des mathématiques. » (ibidem, p.76).

Nous avons choisi de réaliser une revue de littérature de certains travaux représentatifs qui se rapportent au thème du travail personnel, particulièrement en lien avec notre recherche. Ce type de travail n’a jamais été effectué, sauf en partie par Castela (2011) qui présente un tour d’horizon des principaux travaux français portant sur le travail personnel des étudiants dans l’enseignement supérieur. Nous prenons en compte tous les travaux de didactique des mathématiques français, ainsi que des travaux de sciences de l’éducation et de la sociologie de l’éducation en France et à l’étranger, qui portent sur le travail personnel des étudiants à tous les niveaux d’enseignement, allant du primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, et qui s’intéressent ou non aux contenus disciplinaires. Nous adoptons une organisation par niveau scolaire et institution d’enseignement, en rapprochant les travaux qui portent sur les mêmes sujets ou dont les résultats se croisent. Cette revue de littérature nous permet de situer notre travail par rapport aux différents travaux existants. Elle sert d’appui pour notre cadre conceptuel à travers lequel nous cherchons entre autres à déterminer les aspects du travail personnel concernés par notre recherche, et donc pour l’élaboration de notre problématique ainsi que des outils méthodologiques employés pour y répondre.

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SECTION 1 : TRAVAUX PORTANT SUR L’ÉCOLE PRIMAIRE ET