GÉOMÉTRIE KÄHLERIENNE ET THÉORIE DE HODGE FEUILLE D’EXERCICES 5
ANDREAS HÖRING
1 . (Décomposition de Lefschetz sur les formes)
Soit (X, ω) une variété kählerienne. On note L l’opérateur de Lefschetz et soit α ∈ C
∞(X, Ω
kX,R), k 6 n. Montrer qu’il existe une unique décomposition
α = X
r
L
rα
rtelle que α
rest primitive de degrée k − 2r 6 k.
2 . (Éclatement d’un point)
Soit 0 ∈ U ⊂ C
nun voisinage ouvert de 0. L’éclatement de U en 0 est l’ensemble U
′:= {((x
1, . . . , x
n), (y
1: . . . : y
n)) ∈ U × P
n−1| x
iy
j= x
jy
i∀ i, j ∈ {1, . . . , n}}.
a) Montrer que U
′est une sous-variété de dimension n de U × P
n−1.
b) Soit π : U
′→ U l’application holomorphe induite par la projection sur le premier facteur. Montrer que π
−1(0) ≃ P
n−1et que π|
U′\π−1(0)est biholomorphe.
c) Soit X une variété complexe de dimension n et soit x
0∈ X un point. Soit (U
i)
i∈Nun recouvrement par des voisinages de coordonnées de X tel que x
0∈ U
1et x
06∈ U
ipour i 6= 1. Soit U
1′l’éclatement de U
1en x
0. Montrer que U
1′∪ ∪
i>2U
ise récolle en une variété complexe X
′qui admet une application holomorphe π : X
′→ X telle que π
−1(x
0) ≃ P
n−1et π|
X′\π−1(0)est biholomorphe. On appelle X
′l’éclatement de X en x
0, et E := π
−1(x
0) ≃ P
n−1le diviseur exeptionnel.
d) Montrer que
K
X′≃ µ
∗K
X⊗ O
X′(E)
⊗n−1. En déduire que
O
X′(E)|
E≃ O
Pn−1(−1).
e) Montrer que si X est compacte Kähler, alors X
′est compacte Kähler.
3 . Une surface reglée S est une surface kählerienne compacte qui admet une sub- mersion f : S → C sur une courbe C telle que toutes les fibres S
c:= f
−1(c) sont isomorphes à P
1. Montrer qu’une surface reglée est projective.
Indication: commencer par montrer que
T
S|
Sc≃ O
P1(2) ⊕ O
P1. On a donc K
S|
Sc≃ O
P1(−2).
Date: 11th December 2008.
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4 . On veut calculer les groupes de cohomologie des fibrés en droites O
Pn(k) sur P
n. a) Montrer que si k > −n, alors
H
q( P
n, O
Pn(k)) = 0 ∀ q > 1.
b) Utiliser la dualité de Serre pour discuter le cas k 6 −(n + 1).
5 . a) Utiliser le théorème de Lefschetz sur les classes (1, 1) pour montrer que le groupe de Néron-Severi d’un tore complexe X = C
n/Λ s’identifie à l’ensemble des formes hermitiennes H = (h
j,k)
j,k=1,...,nsur C
ntelle que
Im H(γ, γ
′) ∈ Z ∀ γ, γ
′∈ Λ.
b) Soient a, b, c, d ∈ R \ Q qui sont linéairement indépendants sur Q et tels que ad − bc ∈ R \ Q. Soit Λ ⊂ C
2le réseau engendré par les vecteurs
1 0
, 0
1
, ia
ib
, ic
id
.
Soit X := C
2/Λ. Montrer que Pic(X ) = Pic
0(X ), c’est-à-dire le groupe de Néron- Severi est zéro.
c) Montrer qu’un tore complexe X = C
n/Λ admet un fibré en droites holomorphe positif si et seulement si il existe une forme forme hermitienne H = (h
j,k)
j,k=1,...,ndéfinie positive sur C
ntelle que
Im H(γ, γ
′) ∈ Z ∀ γ, γ
′∈ Λ.
Un tel tore est appelée une variété abélienne.
Indication : soit dµ une mesure de volume 1 sur X qui est invariante sous l’action de groupe. Soit ω une forme de Kähler sur X , alors ω est cohomologue à une forme de Kähler qui est à coefficients constants
˜ ω(z) =
Z
a∈X
τ
a∗ω(z)dµ(a) = Z
a∈X
ω(z + a)dµ(a)
où τ
a: X → X, z 7→ z + a est le morphisme de translation par a ∈ X,
6 . Soit X une variété complexe de dimension n et soit D ⊂ X une hypersurface lisse
1, c’est-à-dire une sous-variété complexe de codimension un.
a) Soit (U
α)
α∈Aun recouvrement de X par des voisinages de coordonnées. Soit f
α∈ O
Uαdes équations locales pour D, i.e.
D ∩ U
α= {x ∈ U
α| f
α(x) = 0, df
α(x) 6= 0}.
On définit des applications méromorphes sur U
α∩ U
βg
αβ:= f
αf
β.
Montrer que g
αβs’étend en une application holomorphe sur U
α∩ U
βqui est non- nulle pour tout x ∈ U
α∩ U
β.
1Tout ce qui suit reste vraie sans l’hypothèse de lissité, mais l’effort technique est plus important.
2
Montrer que (g
αβ)
α,β∈Aest un 1-cocyle de Čech de O
∗X
. On pose O
X(D) ∈ Pic(X )
pour le fibré en droites holomorphe correspondant. Montrer que la définition ne dépend pas du choix du recouvrement et des équations locales.
Soit I
D⊂ O
Xle faisceau d’idéaux de D dans X, c’est-à-dire pour tout U ⊂ X ouvert
I
D(U ) := {s ∈ O
X(U) | s(x) = 0 ∀ x ∈ D ∩ U }.
Montrer que si U
αest un voisinage de coordonnées, alors I
D(U
α) = f
αO
X(U
α).
En déduire que
I
D= O
X(D)
∗. On a donc une suite exacte
0 → O
X(D)
∗→ O
X→ O
D→ 0
b) Supposons maintenant que X est compacte. Notons i : D → X le morphisme d’inclusion. Montrer que l’application
C
∞(X, Ω
2n−2X,C) → C, ω 7→
Z
D
i
∗ω
induit une forme linéaire
[D] : H
2n−2(X, C) → C.
Par dualité de Poincaré H
2(X, C) = H
2n−2(X, C)
∗, donc [D] peut-être vue comme une classe dans H
2(X, C ). On appelle cette classe le dual de Poincaré de D. Montrer que si X est kählerienne compacte, alors
[D] ∈ H
1,1(X) et que cette classe est non-nulle si D 6= ∅.
c) Soit c
1( O
X(D)) ∈ H
2(X, C) la première classe de Chern du fibré en droites associé à D. Montrer que
c
1( O
X(D)) = [D].
Remarque : cette question est très difficile. On pourra commencer par établir l’équation de Lelong-Poincaré : soit U ⊂ C
nun ouvert et soit C
c∞(U, Ω
p,qU) l’espace des (p, q)-formes à support compact. Un courant de bidegrée (p, q) sur U est un élément de l’espace dual, c’est-à-dire une expression
α = X
|J|=p,|K|=q
α
J,Kdz
J∧ dz
Ktelle que les α
J,Ksont des distributions. Soit D ⊂ U une hypersurface lisse, alors T
D: C
c∞(U, Ω
n−1,n−1U) → C, ω 7→ R
D
ω définit un courant de bidegrée (1, 1). Mon- trer que si f est une équation de D, alors
T
D= i
2π ∂∂ log |f |
2.
3
Pour établir le résultat global, se rappeler que si e est un repère local holomorphe de O
X(D) sur un ouvert U , alors
i
2π Θ
OX(D),h|
U= 1
2πi ∂∂ log ||e||
2h, où h est une métrique hermitienne sur O
X(D).
d) Soit X une surface complexe compacte. Soit L un fibré en droites holomorphe qui a une section globale σ ∈ Γ(X, L) telle que le lieu de zéros
D := {x ∈ X | σ(x) = 0}
est une sous-variété lisse. Soit M un fibré en droites holomorphe. Montrer que Z
X
c
1(L) ∧ c
1(M ) = Z
D
c
1(M |
D).
Soit maintenant π : X
′→ X l’éclatement d’un point x ∈ X et soit E ≃ P
1le diviseur exceptionnel. Montrer que
Z
X
c
1( O
X′(E))
2= −1.
e) Soit X une variété kählerienne compacte et soit L un fibré en droites holomorphe sur X tel que c
1(L) = 0. Supposons qu’il existe une section σ ∈ Γ(X, L) tel que le lieu de zéros est lisse. Montrer que L est le fibré trivial.
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