D´epartement de math´ematiques et de statistique MAT 2100
Universit´e de Montr´eal Analyse 3
INTRA
mardi 21 f´evrier 2017 de 10h30 `a 12h30 local Z-260, pavillon Claire-McNicoll Directives p´edagogiques :
• Les livres, notes de cours, calculatrices, ordinateurs, t´el´ephones portables et appareils ´electroniques de tous genres ne seront pas permis.
• Les solutions bas´ees sur des dessins ne seront pas accept´ees R´epondre au maximum de questions : note maximale 85 sur 100.
Question 1. Donner les d´efinitions suivantes :
(i) (2 points) la limite d’une fonction f : (X, dX)→(Y, dY) par rapport
`a E en un point d’accumulation de E;
(ii) (2 points) la continuit´e d’une fonction f : (X, dX)→(Y, dY) en un point de X;
(iii) (2 points) la continuit´e uniforme d’une fonction
f : (X, dX)→(Y, dY) par rapport `a un sous-ensemble E 6=∅ de X; (iv) (2 points) la continuit´e lipschitzienne d’une fonction
f : (X, dX)→(Y, dY) en un point x∈X;
(v) (2 points) un hom´eomorphisme pour f : (X, dX)→(Y, dY) bijective.
Question 2. (5 points) Soit {0,1,2}muni de la m´etrique d(x, y) =|x−y|. Est-ce que la fonction
f(x)d´= sin (1/x) sief x6= 0 etf(0)d´= 0ef est continue en x= 0 ? Justifier.
D´emonstration. Comme X est compos´e uniquement de points isol´es pour la m´etrique d, toute fonction sur X est continue.
Question 3. Soit R muni de la m´etrique d(x, y) =|x−y|.
(i) (5 points) Soient deux fonctionsf, g :R→Rcontinues sur R. Est-ce que leur produit (f g)(x) =f(x)g(x) est continue sur R? Justifier.
(ii) (10 points) Soient deux fonctions f, g :R→R uniform´ement continues surR. Est-ce que leur produit (f g)(x) =f(x)g(x) est uniform´ement continue sur R? Justifier.
D´emonstration. (i) Pour x, y ∈R, on a
|f(y)g(y)−f(x)g(x)|=|f(y)g(y)−f(x)g(y)−f(x)g(y)−f(x)g(x)|
≤ |f(y)−f(x)| |g(y)|+|f(x)| |g(y)−g(x)|. Soit ε >0. Par continuit´e de g en x, il existe δg(x)>0 tel que
∀y, |y−x|< δg(x), |g(y)−g(x)|< ε/(2 max{|f(x)|,1})
⇒ |f(x)| |g(y)−g(x)|< ε/2.
Comme g est continue sur l’intervalle compact [x−δg(x), x+δg(x)], son image est compacte et donc born´ee, c’est-`a-dire, il existe M tel que
∀y∈[x−δg(x), x+δg(x)], |g(y)| ≤M.
Enfin, comme f est continue en x, il existe δf(x)>0 tel que
∀y, |y−x|< δf(x), |f(y)−f(x)|< ε/(2M)
⇒ |f(y)−f(x)| |g(y)|< ε/2.
Finalement, pour δ(x) = min{δf(x), δg(x)}>0,
|f(y)g(y)−f(x)g(x)| ≤|f(y)−f(x)| |g(y)|+|f(x)| |g(y)−g(x)|
< ε/2 +ε/2 =ε.
(ii) On rappelle qu’une fonction f :R→Rest uniform´ement continue sur R si pour tout ε >0, il existe δ >0 tel que
∀x, y ∈R, |y−x|< δ, |f(y)−f(x)|< ε.
Ce n’est pas vrai, il suffit de choisir la fonction f(x) = x uniform´ement continue sur R pour laquelle le carr´e (f(x))2 =x2 n’est pas uniform´ement continu sur R. En effet, on prend ε= 1 et n’importe quel δ >0. Pour les points x >0 et y=x+δ/2, on a|y−x|< δ
0≤(x+δ/2)2−x2 = (2x+δ/2)δ/2.
En prenant x assez grand, on peut rendre |(x+δ/2)2−x2| ≥1 :
∀x, x >max{0,1/δ−δ/4}, (x+δ/2)2−x2= (2x+δ/2) δ/2≥1.
Ceci contredit la d´efinition d’uniform´ement continu sur R.
Question 4. Soit (X, d) un espace m´etrique compact, l’ensemble X d´=ef {A:∅6=A⊂X et A ferm´e}
et ∀A∈ X, ∀x∈X, dA(x)d´= infef
a∈Ad(a, x).
(i) (10 points) Montrer que les fonctions x7→dA(x) :X →R+ et (A, B)7→ρX(A, B)d´= supef
x∈X|dA(x)−dB(x)|:X × X →R+ sont bien d´efinies.
(ii) (5 points) Montrer que pour toutA ∈ X, d−1A {0}=A, o`u d−A1{0}d´=ef {x∈X :dA(x) = 0}.
(iii) (10 points) Montrer que ρX est une m´etrique sur X. D´emonstration. (i) Pour x∈X, on a
∀a ∈A, d(a, x)≥0
et le sous-ensemble {d(a, x) :a∈A} deR est born´e inf´erieurement par 0.
Donc
0≤dA(x)d´= infef {d(a, x) :a∈A} ∈R est l’application dA :X →R+ est bien d´efinie.
Les sous-ensembles ferm´es A etB du compactX sont des compacts.
Comme les applications dA et dB sont lipschitziennes, elles sont continues et leur images dA(X) etdB(X) sont compactes et donc born´ees. En particulier,
sup
x∈X
dA(x)≤MA et sup
x∈X
dB(x)≤MB
⇒ ∀x∈X, 0≤ |dA(x)−dB(x)| ≤dA(x) +dB(x)
≤sup
x∈X
dA(x) + sup
x∈X
dB(x)≤MA+MB.
Comme |dA(x)−dB(x)| est born´e sup´erieurement 0≤ρX(A, B)d´= supef
x∈X|dA(x)−dB(x)| ∈R et l’application ρX :X × X →R+ est bien d´efinie.
(ii) Par d´efinition, d−1A {0}={x∈X :dA(x) = 0}. En particulier
A⊂d−A1{0}. Par d´efinition de l’infimum, pour tout n ≥1, il existe an ∈A tel que
dA(x)≤d(an, x)< dA(x) + 1 n.
La suite {an} ⊂A est donc d-Cauchy dans X. Comme X est compact, X est complet et il existe y ∈X tel quean→y. Pour tout r >0, il existe N tel que
∀n > N, d(an, y)< r ⇒ Br(y)∩A6=∅ ⇒ y ∈A.
On a d´emontr´e que A ⊂d−A1{0} ⊂A. Comme Aest ferm´e, A=A et d−A1{0}=A=A.
(iii) Pour montrer que ρX est une m´etrique, on doit v´erifier les trois axiomes. Pour (M1). Si A =B, alorsdA=dB et ρX(A, B) = 0. Si ρX(A, B) = 0, alors
∀x∈X, dA(x) =dB(x).
En utilisant le fait que d−1A {0}=A et d−1B {0}=B, il vient (∀a∈A, dB(x) = 0 ⇒ A⊂d−B1{0}=B
∀b∈B, dA(x) = 0 ⇒ B ⊂d−A1{0}=A )
⇒ A=B.
Pour (M2)
ρX(A, B) = sup
x∈X|dA(x)−dB(x)|= sup
x∈X|dB(x)−dA(x)|=ρX(B, A).
Pour (M3) et A, B, C dans X,
|dC(x)−dA(x)| ≤ |dC(x)−dB(x)|+|dB(x)−dA(x)|
⇒ |dC(x)−dA(x)| ≤ sup
x∈X|dC(x)−dB(x)|+ sup
x∈X|dB(x)−dA(x)|
⇒ sup
x∈X|dC(x)−dA(x)| ≤sup
x∈X|dC(x)−dB(x)|+ sup
x∈X|dB(x)−dA(x)|.
Question 5. On consid`ere l’espace vectoriel norm´e des suites infinies ξ = (x1, x2, . . .) de carr´e sommable :
ℓ2 d´=ef (
ξ = (x1, x2, . . .) : X∞
i=1
|xi|2 <∞ )
, kξkd´=ef
" ∞ X
i=1
|xi|2
#1/2
. On suppose que l’on a d´emontr´e que ℓ2 muni de la m´etrique
d(ξ, ζ) =kξ−ζkest un espace m´etrique complet. Soit E d´=ef n
ξ∈ℓ2 :kξk=√ 2o
.
(i) (5 points) Montrer que l’applicationξ 7→ kξk: (ℓ2, d)→R est uniform´ement continue sur ℓ2.
(ii) (5 points) Montrer que E est ferm´e et born´e dansℓ2.
(iii) (5 points) Est-ce que E est s´equentiellement compact ? Justifier.
D´emonstration. (i) Par l’in´egalit´e du triangle, pour tous ξ,ζ ∈ℓ2
|kξk − kζk| ≤ kξ−ζk.
L’application est donc lipschitzienne sur ℓ2 et, a fortiori, uniform´ement continue sur ℓ2.
(ii) De la partie (i), comme la norme est continue et que E est l’image inverse du point √
2,E est ferm´e. Il est aussi born´e car E ⊂B2(0).
(iii) On rappelle la d´efinition. Un sous-ensemble E d’un espace m´etrique (X, d) est s´equentiellement compact si E =∅ ou toute suite {xn} dans E poss`ede une sous-suite {xnk} qui converge vers un ´el´ement x∈E.
E n’est pas s´equentiellement compact. En effet, il suffit de consid´erer la suite
ξn =√
2 (0, . . . ,0, 1 z }| { positionn
,0, . . .)∈E
pour laquelle
d(ξn, ξm) =
(2, sin 6=m 0, sin =m.
Cette suite n’a donc pas de sous-suite convergente.
Question 6. Soit p= (0,0,1) le pˆole nord de la sph`ere S2 d´=ef
x∈R3 :x21+x22+x23 = 1 ⊂R3. (i) (10 points) Montrer que l’application
(z1, z2)7→ϕ(z1, z2)d´=ef
2z1
z12+z22+ 1, 2z2
z12+z22 + 1,z21+z22−1 z21 +z22+ 1,
:R2 →S2\{p}.
est un hom´eomorphisme pour les normes euclidiennes sur R2 etR3. (ii) (5 points) Montrer que ϕ(R2) est dense dans S2.
(iii) (Bonus, 15 points) En utilisant le fait que ϕ est une isom´etrie de (R2, dϕ) sur S2\{p}pour la nouvelle m´etrique
dϕ(x, y) = kϕ(x)−ϕ(y)k, montrer que le compl´et´e (Rc2,dbϕ) de (R2, dϕ) est compact.
D´emonstration. (i) L’applicationϕ est bijective. En effet, soit y, z ∈R2 tel que ϕ(y) =ϕ(z). On a
z12+z22 −1
z12+z22+ 1 = y12+y22−1
y12+y22+ 1 ⇒ z12+z22 =y21+y22. Ceci entraˆıne
2z1
z12+z22+ 1 = 2y1
y12+y22+ 1 et 2z2
z12+z22+ 1 = 2y1
y12+y22+ 1
⇒ z1 =y1 et z2 =y2.
Elle est donc injective. On se donne maintenant x= (x1, x2, x3)∈S2\{p}et on cherche z = (z1, z2)∈R2 te que ϕ(z) =x. On observe que
x= (x1, x2, x3)∈S2\{p} entraˆınex3 <1 puisque x3 = 1 et x21+x22+x23 = 1 impliquerait x1 =x2 = 0 et x=p. On a
z21 +z22−1
z12+z22 + 1 =x3 et z12+z22 = 1 +x3
1−x3 ⇒ z21+z22+ 1 = 2 1−x3.
De l`a 2z1
z12+z22 + 1 =x1 et 2z2
z21 +z22+ 1 =x2 ⇒ z1 = x1
1−x3
etz2 = x2
1−x3
.
L’inverse de ϕ est donc
(x1, x2, x3)7→ϕ−1(x1, x2, x3)d´=ef
x1
1−x3
, x2
1−x3
:S2\{p} →R2. (1)
Les applications ϕ et ϕ−1 sont continues. La d´efinition de ϕ et le calcul de ϕ−1 font intervenir aux num´erateurs des polynˆomes qui sont continus et aux d´enominateurs des polynˆomes non nuls. Les fractions sont donc continues. L’application ϕ est donc bien un hom´eomorphisme.
(ii) L’image ϕ(R2) de R2 dans R3 est S2\{p}dont l’adh´erence dans R3 est la sp`ere S2 toute enti`ere, c’est-`a-dire,S2\{p} ∪ {p}.
(iii) On v´erifie les trois axiomes d’une m´etrique pour dϕ. Pour (M1), si x=y, alors dϕ(x, y) =kϕ(x)−ϕ(y)k= 0. R´eciproquement, si dϕ(x, y) = 0, on a ϕ(x) =ϕ(y) et x=y. Pour (M2),
dϕ(x, y) =kϕ(x)−ϕ(y)k=kϕ(y)−ϕ(x)k=dϕ(y, x).
Pour (M3) et x,y,z
kϕ(x)−ϕ(z)k ≤ kϕ(x)−ϕ(y)k+kϕ(y)−ϕ(z)k
⇒ dϕ(x, z)≤dϕ(x, y) +dϕ(y, z).
La fonction ϕ: (R2, dϕ)→S(2)\{p} ⊂R3 est toujours une bijection. Par d´efinition de la nouvelle m´etrique dϕ, il vient pour tout x, y dans R2
kϕ(x)−ϕ(x)k=dϕ(x, y) et ϕ est bien une isom´etrie.
Soit j : (S(2)\{p}, d3)→(S(2), d3) l’injection de (S(2)\{p}, d3) dans son adh´erence (S(2)\{p}, d3) qui est ´egale `aS(2). La composition j ◦ϕ
(R2, dϕ)−→ϕ (S(2)\{p}, d3)−→j S(2)
est donc une isom´etrie qui poss`ede un prolongement uniform´ement continu b
ϕ au compl´et´e (Rc2,dˆϕ) (Th´eor`eme 6.3 du Chapitre 4).
Soit i: (R2, dϕ)→(Rc2,dˆϕ) l’injection isom´etrique dense de (R2, dϕ) dans (Rc2,dˆϕ) (cf. Th´eor`eme 5.5 du Chapitre 3. La composition i◦ϕ−1
(S(2)\{p}, d3)−→ϕ−1 (R2, dϕ)−→i (Rc2,dˆϕ)
est donc aussi une isom´etrie qui poss`ede un prolongement uniform´ement continu ψb`a l’adh´erence (S(2)\{p}, d3) qui est ´egale `a S(2) (Th´eor`eme 6.3 du Chapitre 4).
Les compositions ϕb◦ψb:S(2) →S(2) etψb◦ϕb: (Rc2,dˆϕ)→(Rc2,dˆϕ)
coinc¨ıdent avec l’identit´e sur les sous-ensembles denses S(2)\{p} et (R2, dϕ).
De la question 5, elles sont donc ´egales `a l’identit´e et ϕbest une bijection.
En fait, comme ˆdϕ(x, y) =dϕ(x, y) =kϕ(x)−ϕ(y)k sur R2, il vient dˆϕ(x, y) =kϕ(x)b −ϕ(y)b k par densit´e et ϕbest une isom´etrie. L’application inverse
S(2) −→ϕb−1 (Rc2,dˆϕ)
est aussi une isom´etrie. Elle est donc continue. Enfin, comme la sph`ere S(2) est compacte dans (R3, d3), son image
c
R2 =ϕb−1(S(2))
est compacte dans (Rc2,dˆϕ) (cf. Th´eor`eme 4.1 du Chapitre 4).