D´epartement de math´ematiques et de statistique MAT 2100
Universit´e de Montr´eal Analyse 3
Quiz # 1
mardi 31 janvier 2017 de 10h30 `a 12h00 local Z-260, pavillon Claire-McNicoll Directives p´edagogiques:
•Les livres, notes de cours, calculatrices, ordinateurs, t´el´ephones portables et appareils ´electroniques de tous genres ne seront pas permis.
•Les solutions bas´ees sur des dessins ne seront pas accept´ees
•R´epondre au maximum de questions : note maximale 85.
Question 1. Le Grand Hˆotel de Hilbert poss`ede un nombre d´enombrable de chambres num´erot´ees 1,2,3, . . .. Chaque chambre ne peut ˆetre occup´ee que par une seule personne. Ce jour l`a toutes les chambres sont occup´ees.
(i) (5 points) Un nouveau client se pr´esente `a la r´eception et demande une chambre. Est-il possible d’accommoder ce client suppl´ementaire ? Si oui, d´ecrire et justifier la strat´egie que doit adopter le r´eceptioniste.
(ii) (5 points) R´ep´eter la partie (i) pour un nombre d´enombrable de nouveaux clients.
Solution. (i) Le r´eceptioniste fait d´em´enager l’occupant de la chambre 1 dans la chambre 2, celui de la chambre 2 dans la chambre 3 et ainsi de suite lib´erant la chambre 1 pour le nouveau client. La strat´egie est bas´ee sur le fait qu’il y a une bijectionx7→x+ 1 entreN={1,2, . . .}etN\{1}={2,3, . . .}.
(ii) Le r´eceptioniste fait d´em´enager l’occupant de la chambre 1 dans la chambre 2, celui de la chambre 2 dans la chambre 4 et ainsi de suite lib´erant les chambres impaires 1,3,5, . . . pour les nouveaux clients. La strat´egie est bas´ee sur le fait qu’il y a une bijection qui r´eassigne les clients d´ej`a dans l’hˆotel dans des chambres paires
x7→f(x)d´= 2xef :N→2N, x7→f−1(x) =x/2 : 2N→N. et une bijection qui assigne les nouveaux clients dans des chambres impaires
y7→g(y)d´= 2yef −1 :N→N\2N, y7→g−1(y) = (y+ 1)/2 :N\2N→N.
Question 2. Soitf :X×X→R,X6=∅, v´erifiant les propr´et´es suivantes : (P1) f(x, y) = 0 ⇐⇒ x=y;
(P2) f(x, y) =f(y, x) ;
(P3) f(x, y)≤f(x, z) +f(z, y).
(i) (5 points) D´emontrer que
∀x, y∈X, f(x, y)≥0.
(ii) (5 points) Que peut-on dire de plus surf?
Solution. (i) De (P1), pour tout x∈X, f(x, x) = 0, et, pour tout y ∈ X, de (P3) et (P2)
0 =f(x, x)≤f(x, y) +f(y, x) = 2f(x, y) ⇒ f(x, y)≥0.
(ii) De (i)f :X×X →R+et pour cette fonction (P1) `a (P3) sont les trois autres propri´et´es qui d´efinissent une m´etrique surX.
Question 3. SoitEune partie d’un espace m´etrique (X, d). Donner les d´efini- tions suivantes :
(i) (2 points) un point isol´e deE; (ii) (2 points) un point d’adh´erence deE; (iii) (2 points) un ensemble ouvert ; (iv) (2 points) un ensemble ferm´e ;
(v) (2 points) un ensemble born´e ; (vi) (2 points) un ensemble compact ; (vii) (2 points) un suited-Cauchy ; (viii) (2 points) un suited-convergente ;
(ix) (2 points)E dense dans (X, d) ;
(x) (2 points)E s´equentiellement compact dans (X, d).
Question 4. (10 points) Est-ce que tous les points int´erieurs d’une partieE d’un espace m´etrique (X, d) sont des points d’accumulation deE. Justifier ou donner un contre-exemple.
Solution. Bien que le r´esultat soit vrai dansRn muni de la m´etrique qui corres- pond `a la normekxkp, 1≤p≤ ∞, il y a un contre-exemple dans le cas g´en´eral.
Il suffit de prendre X = {0,1}, l’ensemble `a deux points, avec la m´etrique d(x, y) =|x−y|. Alors, chaque point est un point int´erieur deX car
B1/2(0) ={0} ⊂ {0,1}=X et B1/2(1) ={1} ⊂ {0,1}=X, mais ce ne sont pas des points d’accumulation car
B′1/2(0) =∅ et B1/2′ (1) =∅.
PourRn, sixest un point int´erieur d’un sous-ensembleE ⊂Rn, alors il existe r0>0 tel queBr0(x)⊂E. Donc
B′r0(x)∩E=B′r0(x)6=∅ et ∀r′, 0< r′≤r0, B′r′(x)∩E=Br′′(x)6=∅,
carBr′′(x) ={y ∈Rn : 0< d(y, x)< r′} n’est pas vide. Finalement, pour tout r >0, min{r, r0}>0 et
Br′(x)∩E⊃Bmin{r,r′ 0}(x)∩E=Bmin{r,r′ 0}(x)6=∅. Le pointxest bien un point d’accumulation.
Question 5. (10 points) SoitR+={x∈R:x >0}avec la m´etriqued(x, y) =
|x−y|. La suite{1/n}est-elled-convergente dansR+? Justifier.
Solution. Par l’absurde. Si la suite est convergente dansR+, il existe x∈R+, c-`a-d.,x >0, tel que
∀ε >0,∃N tel que ∀n > N, 1 n−x
< ε.
On choisitε=x/2>0. Alors, pour tout entiern≥2/x, x−1
n ≥x−x 2 =x
2 =ε >0
⇒ ∀n≥ 2 x,
x− 1 n
≥ε
et 1/nne peut converger vers x. Bien que la suite soit Cauchy, il n’existe pas de limite dansR+.
Question 6. (10 points) Soit E un sous-ensemble ferm´e d’un espace m´etrique complet (X, d). Est-ce queE est complet ? Justifier.
Solution. Soit{xn}une suite de Cauchy dansE. Comme (X, d) est complet, il existex∈X tel quexn →xdans (X, d). Pour toutr >0, il existeN tel que pour toutn > N,d(xn, x)< ret Br(x)∩E6=∅. Par d´efinition,xest un point d’adh´erence deE, c’est-`a-dire,x∈E. Comme E est ferm´e,E =E et x∈E.
L’espace (E, d) est donc complet.
Question 7. Soient a,b,c trois lettres distinctes et une m´etrique arbitraired faisant deX ={a, b, c}un espace m´etrique.
(i) (5 points) ´Enum´erer tous les ouverts de (X, d). Justifier.
(ii) (5 points) ´Enum´erer tous les compacts de (X, d). Justifier.
(iii) (5 points) Est-ce que (X, d) est complet ? Justifier.
Solution. (i) Commedest une m´etrique et quea6=b,b6=cet c6=a, d(a, b)>0, d(b, c)>0, d(c, a)>0 ⇒ δd´= min{d(a, b), d(b, c), d(c, a)}ef >0.
La bouleBδ/2(a) ne contient que le pointa puisque d(b, a)> d(b, a)/2 ≥δ et qued(c, a)> d(c, a)/2≥δ. DoncBδ/2(a) ={a}et{a}est ouvert. Par le mˆeme
raisonnement{b}et{c}sont ouverts. Comme l’union d’ouverts est ouverte, tous les sous-ensembles deX sont ouverts.
(ii) Comme X ne contient qu’un nombre fini d’´el´ements, tous les sous- ensemblesE deX ne contienent qu’un nombre fini d’´el´ements deX. Par con- s´equent, tout recouvrement ouvert {Gα} de E poss`ede un sous-recouvrement fini d’au plus 3 ´el´ements. Il suffit de prendre pour chaquex∈E unGα qui le contient.
(iii) De la partie (ii), X est compact et l’on a d´emontr´e que tout compact est complet.
Question 8. (Bonus) Soit kxkRn la norme euclidienne sur Rn pour n≥1 un entier. On d´enote pardn(y, x) =ky−xkRn la m´etrique correspondante. Soit le pointp= (0,1)∈R2 et le cercle de rayon un centr´e en (0,0) :
S(1) d´=ef
x= (x1, x2) :kxkR2 d´=ef q
x21+x22= 1
⊂R2.
(i) (10 points) Montrer que l’application x= (x1, x2)7→ϕ(x)d´=ef x1
1−x2
:S(1)\{p} →R (1)
est une bijection et donner l’expression de l’application inverseϕ−1. (ii) (5 points) En utilisant le fait que ϕ−1 est inversible, montrer que la
fonction
(x, y)7→ρ(x, y)d´=efd2(ϕ−1(x), ϕ−1(y)) :R×R→R+ (2)
est une m´etrique surR.
Solution. On remarque que la fonction est bien d´efinie car si x2 = 1 annulait le d´enominateur, alors, comme x21+x22 = 1, on aurait x1 = 0. Mais le point p= (0,1) est exclus. On a donc toujoursx2<1.
(i) (ϕest injective). Soientx, z∈S(1)\{p}tel que ϕ(x) =ϕ(z) : x1
1−x2
= z1
1−z2
, x21+x22= 1 =z21+z22, x2<1 etz2<1.
On prend le carr´e x21
(1−x2)2 = z12
(1−z2)2 ⇒ 1−x22
(1−x2)2 = 1−z22
(1−z2)2 ⇒ 1 +x2
1−x2
= 1 +z2
1−z2
etx2=z2. Enfin x1
1−x2
= z1
1−z2
= z1
1−x2
⇒ y1=z1.
(ϕest surjective). Pour touty∈R, on cherche (x1, x2) tel que x1
1−x2
=y, x21+x22= 1, x2<1.
On prend les carr´es x21
(1−x2)2 =y2 ⇒ 1−x22
(1−x2)2 =y2 ⇒ 1 +x2
1−x2
=y2 ⇒ x2= y2−1 y2+ 1
⇒ 1−x2= y2+ 1
y2+ 1−y2−1 y2+ 1 = 2
y2+ 1 x1=y(1−x2) = 2y
y2+ 1. Finalement,
ϕ−1(y) = 2y
y2+ 1,y2−1 y2+ 1
et on a une bijection.
(ii) Par d´efinition, puisqued2est une m´etrique,
ρ(x, y) =d2(ϕ−1(x), ϕ−1(y))≥0 ⇒ ρ:X×X→R+. Pour (M1)
0 =ρ(x, y) =d2(ϕ−1(x), ϕ−1(y)) ⇐⇒ ϕ−1(x) =ϕ−1(y) ⇐⇒ x=y.
Pour (M2)
ρ(x, y) =d2(ϕ−1(x), ϕ−1(y)) =d2(ϕ−1(y), ϕ−1(x)) =ρ(y, x).
Pour (M3) etx, y, z∈R
d2(ϕ−1(x), ϕ−1(z))≤d2(ϕ−1(x), ϕ−1(y)) +d2(ϕ−1(y), ϕ−1(z))
⇒ ρ(x, z)≤ρ(x, y) +ρ(y, z).
La fonctionρest donc bien une m´etrique surR.