Théorème de Banach-Steinhaus
Gourdon, Analyse, page 398 Théorème :
Soit (E, k k E ) un espace de Banach et (F, k k F ) un espace vectoriel normé. Soit de plus, A une partie non vide de L c (E, F ) . Alors :
1. Ou bien (kf k L ) f∈A est borné.
2. Ou bien il existe x ∈ E tel que sup
f∈A kf (x)k F = +∞.
• Soit k ∈ N. Posons O k = (
x ∈ E / sup
f∈A kf (x)k F > k )
.
An d'appliquer le théorème de Baire, montrons que O k est un ouvert de E . Pour g ∈ A , dénissons V g k = {x ∈ E / kg(x)k F > k} . Il est clair que S
g∈A
V g k ⊂ O k .
De plus, si x ∈ O k , il existe g ∈ A tel que kg(x)k F > k , car sinon, pour tout f ∈ A , on aurait kf(x)k F ≤ k et donc sup
f∈A
kf (x)k F ≤ k . Ainsi O k ⊂ S
g∈A
V g k , et nalement,
(1) O k = [
g∈A
V g k
Pour g ∈ A, posons ϕ g : E → R
x 7→ kg(x)k F . L'application g et l'application y 7→ kyk F étant continues, il en est donc de même de ϕ g . Ainsi, comme V g k = ϕ −1 g (]k, +∞[) , V g k est un ouvert de E .
Finalement, l'égalité (1) prouve que O k est un ouvert de E.
• 1er cas : pour tout k ∈ N, l'ouvert O k est dense dans E.
L'espace E étant complet, le théorème de Baire prouve alors que T
k∈N
O k est dense dans E . En particulier, T
k∈N
O k 6= ∅ . Soit donc x 0 ∈ T
k∈N
O k . Alors, pour tout k ∈ N , sup
f∈A
kf (x 0 )k F > k . A la limite sur k , il vient ainsi que sup
f∈A
kf (x 0 )k F = +∞ .
• 2ème cas : il existe un entier k 0 tel que O k
0ne soit pas dense dans E . ( O k
0peut même être vide).
Il existe donc x 1 ∈ E et r 1 > 0 tels que B(x 1 , r 1 ) ∩ O k
0= ∅ , où
B(x 1 , r 1 ) = {x ∈ E / kx − x 1 k E < r 1 } Ainsi,
(2) ∀y ∈ B(x 1 , r 1 ), ∀f ∈ A, kf (y)k F ≤ k 0
Soit alors x ∈ E tel que kxk E = 1. Soit de plus f ∈ A.
Comme r 1
2 x+x 1 ∈ B(x 1 , r 1 ) , d'après (2) , on a °
° °f ³ r 1
2 x + x 1
´° °
° F ≤ k 0 . Mais la linéarité de f donne f (x) = 2 r 1
f ³ r 1
2 x + x 1
´
− 2
r 1 f (x 1 ) . De plus, x 1 ∈ B(x 1 , r 1 ) , ainsi kf (x 1 )k F ≤ k 0 . Finalement, kf (x)k F ≤ 2
r 1 k 0 + 2
r 1 k 0 = 4k 0
r 1 = M et donc kf k L ≤ M . Bref, pour tout f ∈ A , kf k L ≤ M . Finalement, (kf k L ) f∈A est borné.
Application 1 : Soit (E, k k E ) un espace de Banach et (F, k k F ) un espace vectoriel normé. Soit de plus (f n ) une suite de L c (E, F ) convergeant simplement vers f : E → F . Alors f ∈ L c (E, F ) .
En eet, l'application f , limite simple d'applications linéaires, est elle aussi linéaire. La seule diculté réside dans la continuité de f .
• Soit A = {f n / n ∈ N} ⊂ L c (E, F ). Soit de plus x ∈ E.
Comme lim
n→+∞ kf n (x) − f (x)k F = 0, la suite (kf n (x)k F ) est donc bornée et ainsi, sup
g∈A kg(x)k F < +∞.
D'après le théorème précédent, (kgk L ) g∈A est borné : il existe donc M ∈ R + tel que pour tout entier n, kf n k L ≤ M . Finalement, pour tout x ∈ E , et pour tout n ∈ N , kf n (x)k F ≤ M kxk E . A la limite sur n , il vient, pour tout x de E , kf (x)k F ≤ M kxk E . AInsi, f est continue et f ∈ L c (E, F ) .
1
Application 2 : Il existe des fonctions continues diérentes de la somme de leur série de Fourier.
• Soit E l'espace vectoriel des fonctions continues de R dans C, 2π-périodiques. Munissons E de la norme k k ∞ dénie par :
∀f ∈ E, kfk ∞ = sup
t∈[−π,π]
|f (t)|
Pour p ∈ Z , posons c p (f) = 1 2π
Z π
−π
f (t)e −ipt dt .
• Soit n ∈ N . On dénit ϕ n :
E → C
f 7→ P n
p=−n
c p (f ) .
Pour f ∈ E , ϕ n (f ) représente donc la somme partielle de la série de Fourier associée à f , prise au point 0 . Il est clair que ϕ n ∈ L(E, C) . Par ailleurs, pour t ∈ [−π, π]\{0} , on a
X n
p=−n
e −ipt = e int 1 − e −i(2n+1)t
1 − e −it = e int e −i (
2n+12t ) e −i
2tsin ¡ 2n+1
2 t ¢ sin ¡ t
2
¢ = sin ¡ 2n+1
2 t ¢ sin ¡ t
2
¢
Dénissons alors h n :
[−π, π] → C
t 7→
sin ¡ 2n+1
2 t ¢ sin ¡ t
2
¢ si t 6= 0 2n + 1 sinon
. Notons que h n est continue. Pour f ∈ E , on a donc
ϕ n (f ) = 1 2π
Z π
−π
h n (t)f (t)dt, soit
|ϕ n (f )| ≤ µ 1
2π Z π
−π
|h n (t)|dt
¶ kf k ∞
Ainsi, ϕ n est continue et kϕ n k L ≤ 1 2π
Z π
−π
|h n (t)|dt .
Soit alors q ∈ N. Soit f q l'application 2π-périodique dénie par : pour tout t ∈ [−π, π], f q (t) = h n (t)
|h n (t)| + 1 q . On vérie sans peine que f q ∈ E.
Posons δ q =
¯ ¯
¯ϕ n (f q ) − 2π 1 R π
−π |h n (t)|dt
¯ ¯
¯. Alors δ q ≤ 1
2π Z π
−π
¯ ¯
¯ ¯
¯
h 2 n (t) − |h n (t)| 2 − 1 q |h n (t)|
|h n (t)| + 1 q
¯ ¯
¯ ¯
¯ dt ≤ 1 2πq
Z π
−π
|h n (t)|
|h n (t)| + 1 q dt ≤ 1 q Ainsi,
(3) lim
q→+∞ ϕ n (f q ) = 1 2π
Z π
−π
|h n (t)|dt
Mais ϕ n (f q ) = |ϕ n (f q )| ≤ kϕ n k L kf q k ∞ ≤ kϕ n k L car kf q k ∞ ≤ 1 . A la limite, avec (3) , on obtient donc kϕ n k L ≥ 1
2π Z π
−π
|h n (t)|dt . Finalement, kϕ n k L = 1
2π Z π
−π
|h n (t)|dt = 1 2π
Z π
−π
¯ ¯
¯ ¯
¯
sin ¡ 2n+1
2 t ¢ sin ¡ t
2
¢
¯ ¯
¯ ¯
¯ dt.
• Comme pour tout x ∈ R, | sin x| ≤ |x|, on a donc (4) kϕ n k L ≥ 1
2π Z π
−π
| sin ¡ 2n+1
2 t ¢
¯ |
¯ t
2
¯ ¯ dt = 2 π
Z π
0
¯ ¯ sin ¡ 2n+1
2 t ¢¯ ¯ t dt ≥ 2
π Z
2n+12