M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
H ENRY R OUANET J ANINE R OGALSKI
D OMINIQUE L ÉPINE
Algèbre linéaire et formalisation de la notion de comparaison
Mathématiques et sciences humaines, tome 24 (1968), p. 5-16
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1968__24__5_0>
© Centre d’analyse et de mathématiques sociales de l’EHESS, 1968, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Mathématiques et sciences humaines » (http://
msh.revues.org/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.
numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est consti- tutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
ALGÈBRE LINÉAIRE ET FORMALISATION
DE LA NOTION DE COMPARAISON
par
Henry
ROUANET1, Janine
ROGALSKI 2et
Dominique LÉPINE1
INTRODUCTION
L’exposé qu’on
va lire s’inscrit dans un ensemble de recherches actuellement en cours, dontl’objectif
estd’exprimer
avecprécision,
à l’intérieur d’un cadremathématique adéquat (nous
dirons :« formaliser »),
certaines notions de laméthodologie expérimentale,
etplus particulièrement
cellesconcernant le recueil et le traitement de données 3.
Dans ce
domaine, actuellement,
existent de nombreusesméthodes,
utilisées avec desdegrés
variés de
pertinence.
Des structuresmathématiques,
pastoujours
biendégagées,
sontsous-jacentes
àces méthodes.
L’explicitation
de ces structurespeut-elle apporter
une amélioration substantielle dansl’emploi
de ces méthodes ? A cettequestion
nousrépondrons affirmativement, quoiqu’avec quelque
nuance ; nous pensons en effet
qu’un,
facteurimportant qui
doit entrer enligne
decompte
est ledegré
de
complexité
des méthodes.Pour les méthodes les
plus simples (calculs statistiques
élémentaires tels que moyenne, coefficients decorrélation, etc.),
legain immédiat,
il faut le reconnaîtrefranchement,
peut n’êtrequ’assez mince ;
par
exemple,
la notionméthodologique sous-jacente
à celle de « corrélation linéaire » est en elle-même suffisament claire(nuage
depoints
pouvant êtreajusté approximativement
par unedroite) ; exprimer
cette notion à l’aide de celle de « cosinus n’est pas nécessairement
plus
efficace à court terme 4. Onnotera par
ailleurs,
que dans ce cas, le concept de cosinusn,’exprime
rien deplus précis
que la formule habituelle du coefficient de corrélation : ils’agit
doncici,
non pas de « formalisation» àproprement parler,
mais d’unesimple
traductionterminologique
- traductionqui
pourra êtreplus
ou moins appro-priée
seloninapplication
que l’on veut enfaire,
les habitudes verbales del’utilisateur,
etc.Il zen va certainement pas de même pour des méthodes
plus complexes,
comme les méthodes dites d’ «analyse
de lavariance o,
couramment utilisées parl’expérimeutaliste : celui-ci, partant d’hypo-
thèses
(ou plus généralement d’interrogation,s)
recueille des données et cherche à les traiter de la manière laplus appropriée
à ses intentions de recherche.En
pareil
cas,l’expérimen;taliste
se livre engénéral
à uneanalyse
devariance, après
consultation d’un recueil deprocédures
de calcul -.vulgairement
et hélas !péjorativement appelées
« recettes ».1. Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne, associé au C.N.R.S.
2. Laboratoire de Psychologie, E.P.H.E., Vie section, Paris
3. Un tel programme de recherche avait été tracé dans un article antérieur (H. Rouanet, M.S.H., n° 16), consacré aux relations entre mathématiques et méthodologie.
4. Insistons bien sur « à court terme » : à plus long terme, le concept de cosinus aidera à mieux comprendre les méthodes
d’analyse factorielle, etc.
6
Mais la démarche
qui
a conduit lechercheur, depuis
sesintentions,
au choix de telle ou telleprocédure,
n’est
plus
du tout engénéral
unesimple
traduction : loin d’être une « affaire courante», elle comportesouvent des difficultés réelles.
Nous pensons
qu’une
sourceessentielle
de difficultés réside dans la distance entre les intentions du chercheur et lesprocédures
de calcul.Or,
c’est là un fait que nous avons constaté àplusieurs reprises,
les structures
mathématiques sous-jacentes
auxprocédures
se trouvent souvent, enréalité, plus proches
des intentions du chercheur que les
procédures
de calcul elles-mêmes : d’où l’intérêtpratique d’expliciter
ces structures.
L’exposé qui
suit est uneillustration
des considérationsprécédentes :
on y trouvera la formali- sation d’une notionméthodologique qui joue
un rôlecentral
dans la démarcheexpérimentale,
celle decomparaison : (à partir
de donnéesprovenant
de différents groupes :peut-on
considérer que les diffé-rences observées sont
négligeables
- «non-significatives» -
ou doit-on au contraire «distinguer »
lesdifférents groupes
?)
1.Le cadre
mathématique adéquat
à cette formalisation sera,naturellement, l’algèbre
linéairedont la
puissance
et lasouplesse
font à l’heureactuelle,
l’outil leplus important
pour le traitement des donnéesnumériques (on
sait parexemple,
combien les méthodes ditesnon-paramétriques, parfois présentées
comme solution derechange,
posent desproblèmes d’interprétation
délicats et seplient
difficilement au traitement de nombre de
plans d’expérieuce
usuels même relativementsimples).
D’aucuns
pourront peut-être
s’éton,ner que cette formalisation de la notion decomparaison
aumoyen de structures linéaires ne soit pas
déjà classique,
au niveau sinon des recueils de « recettes »mentionnés
plus haut,
du moins des traitésplus
savants suranalyse
de variance 2. Enréalité,
de lalecture de ces traités ressortent à l’évidence les
propriétés
de linéarité des méthodesd’analyse
devariance,
mais laprésentation
de cespropriétés
est souvent faite par des voies assezdétournées,
mettantpar
exemple
l’accent sur lestechniques
de calcul matriciel(certes indispensables
pour les calculsnumériques) plutôt
que sur les structures linéaires que cestechniques
supposent.La formalisation que nous proposerons,
qui
nousparaît exprimer
d’unefaçon
directe l’idée intuitive de cettenotion,
nous permettra en outre d’introduire la distinction entre lacomparaison
elle-même
(espace vectoriel)
et une base de vecteursqui l’engendre (base qui
serareprésentée
par une matriceen vue des
calculs).
Une telleconception,
que l’on peut entrevoir à l’état d’amorce dans maintdévelop-
pement
suranalyse
devariance,
ne semble pas avoir étéjusqu’ici
clairemeut formulée 3.La formalisation de la notion centrale de
comparaison
nous permettra,enfin,
deprésenter
toutun
cortège
denotions,
dont on trouvera la liste dans unglossaire
annexe.*
* *
Comme le laissent certainement
prévoir
les considérationsprécédentes,
les idéesqui
sont à labase de cet article ont été le résultat de la confrontation entre
quelques
réflexions apriori
etbeaucoup
de
problèmes expérimentaux
réels4,
ainsi que de lapratique
d’unenseignement
sur les Plansd’expérien,ce
donné dans le cadre de l’Institut de
Psychologie
et du Certificat C3 dePsychologie expérimentale
5.Cet article a été
rédigé
de manière àpouvoir
être lu d’une part defaçon
autonome, d’autrepart
en ne supposant
acquises
que des connaissances élémentaires sur les espaces vectoriels(on
trouvera enappendice quelques rappels
sur des notionspeut-être
moinsfamilières).
Dans un contexteélargi,
lesnotions de base de l’article actuel pourront d’une part être définies à
partir
de conceptsplus primitifs,
d’autre part faire
l’objet
degénéralisations (cf.
enparticulier
les trois notes pp.7, 8, 13).
1. Ce rôle central est développé dans un article récent de D. Lépine (Butl. Psychol., 1968-1969, XXII, no 9-13, 578-586).
2. Comme, par exemple, l’excellent traité de Schené : The Analysis of Variance, Wiley, 1959.
3. Ce que certains auteurs, comme Hays par exemple, définissent formellement comme une « comparaison» est en réalité
non pas l’espace vectoriel, mais un vecteur de cet espace (que nous appellerons ici « vecteur·contraste p), alors que l’espace vectoriel lui-même, qui constitue la notion essentielle, ne reçoit pas de dénomination.
4. Qu’il nous soit permis, à cet égard, de mentionner que la mise au point de ce texte a été précédée de plusieurs discussions
avec M. Jean Grisez, qui nous a aidés à mettre en place certains concepts importants, notamment ceux de la troisième partie (C).
5. Une partie du cours de H. Rouanet sur les Plans d’expérience a été publiée au Bulletin de Psychologie (Novembre 1968).
A. - CONTRASTES - COMPARAISONS - COMPARAISON GLOBALE - SUPPORTS
Contrastes.
Soit E un ensemble fini
(«ensemble
debase»).
Nousappellerons
vecteur-contraste surE,
ou E-contraste uneapplication
telle que
Les valeurs
cE(e)
serontappelées coefficient
oupoids
du contrastes cE.Tout ensemble de E-contrastes
engendre
un sous-espace vectoriel de RE(espace
vectoriel desapplications
de E dansR) qui
est un espace vectoriel de contrastes. Eneffet,
la somme de deuxE-contrastes cE et
dE,
etl’homothétique
XCE(X
ER)
d’un contraste cE sont des E-contrastes. Donc toutélément du sous-espace vectoriel de RE
engendré
par un ensemble de E-contrastes est un E-contraste.Comparaisons.
-
L’espace
vectoriel Cengendré
par un ensemble de E-contrastes estappelé comparaison
surE ou
E-comparaison; (on supprimera
« E>a ou « sur E» si le contexte ne laisse aucuneambiguïté).
- Le rang
(ou dimension)
de cet espace vectoriels’appelle
le nombre dedegrés
de liberté de lacomparaison,
noté dl C.- Un contraste non nul
engendre
unecomparaison
unidimensionnelle(de
rang1)
ousimple ;
toute
comparaison
de rangsupérieur
à 1 est ditemultidimensionnehe,
oumultiple.
La
comparaison engendrée
par le contraste nul sera diteimpropre (elle
est de rangnul).
Saufspécification, contraire,
il seratoujours
seulementquestion
par la suite decomparaisons
propres.Comparaison globale.
Nous
appellerons comparaison globale (sur E) l’espace
vectorielCE
de tous les E-contrastes.Propriété :
Si le cardinal de E est n, le nombre dedegrés
de liberté de lacomparaison globale
surE est n - 1.
Pour démontrer que le rang de
CE est n - 1,
il suffit de construire unepartie
à n -1 éléments etde vérifier
qu’elle
constitue une base : parexemple,
on vérifie que l’ensemble des n -1 contrastesforme une base.
Remarque :
Une démonstration immédiate mais moins élémentaire consiste às’appuyer
sur lefait que la
comparaison globale
estl’hyperplan,
deRE,
noyau de la forme linéaire(«somme»)
de REdans
R, qui
à touteapplication f
de RE associe la somme des valeursprises
par cetteapplication
1. Dans un cadre plus général, un contraste pourra être défini comme forme linéaire sur RE. Cette forme sera caractérisée par l’application CE (donnant les coefficients de la forme linéaire par rapport à la base canonique de RE) que nous prenons ici comme définition d’un contraste.
8
Sous-comparaisons.
- Etant donne deux
comparaisons Cl
etC2,
on dit queC,
est unesous-comparaison
deCl
siC2
est un sous-espace vectoriel deCi (ce qui
défini un ordrepartiel
sur lescomparaisons). C2
est ditesous-comparaison
stricte deCl
si elle est un sous-espace vectoriel strict deCi (c’est-à-dire
différent deCi).
- Une
comparaison partielle.
sur E est unesous-comparaison
stricte de lacomparaison globale (sur E).
Toute
comparaison
sur E est unesous-comparaison
de lacomparaison globale,
donc celle-ci estla
E-comparaison
maximum pour l’ordre d’inclusion descomparaisons.
Pour n =
2,
il existe une seulecomparaison (propre),
à la fois unidimensionnelle etglobale ;
iln~’y
a pas decomparaison partielle.
Contrastes
orthogonaux.
Deux contrastes c et d sont
orthogonaux
s’ils vérifientLe
produit
cd des contrastes c et d(défini
par(cd) (e)
=c(e) d(e))
est alors un contraste. In,ver- segment, si leproduit
de deux contrastes est un contraste, ces deux contrastes sontorthogonaux.
Rappelons
que deux sous-espaces vectoriels sontorthogonaux
si tout vecteur de l’un est ortho-gonal
à tout vecteur de l’autre(en
ce cas1’in~tersection
des deux sous-espaces se réduit au vecteurnul).
Pseudo-contrastes, pseudo-comparaison.
Nous
appellerons pseudo-contraste global (sur E)
uneapplication
constante de E dansR,
etpseudo- comparaison globale (sur E) l’espace
vectoriel(unidimeusiouuel) engendrée
par lespseudo-contrastes.
Toute
comparaison
sur E estorthogonale à
lapseudo-comparaison globale.
Tout contraste étant un vecteur
orthogonal
à lapseudo-comparaison globale (de
rang1),
onretrouve le fait que le rang de la
comparaison globale
est n -1(rang
de RE - rang de lapseudo- comparaison globale).
On peut
toujours
trouver une baseorthogonale
de lacomparaison globale
sur E. Parexemple :
forment une base
orthogonale (contrastes
deux à deuxorthogonaux).
Supports
d’un contraste, d’unecomparaison.
- On
appelle
support d’un E-contraste CB, lapartie SE
de E définie par :1. Cette définition de l’orthogonalité repose implicitement sur l’introduction dans RE d’un produit scalaire pour lequel la
base canonique est orthonormée ; le cas échéant, une définition reposant sur un produit scalaire différent pourra être plus adéquate.
--- On dit
qu’une partie
P de E porte un~ contraste c si :on dit aussi que c
s’appuie
surP,
ou que c est un contrastes intra-P.Une
partie
Pqui
porte un contrastepeut
inclure strictement le support de ce contraste ; donc nepas confondre «
porté
par ... » et « de support ... ».Propriétés.
- Tous
(et seuls)
les ensembles P contenant S support de cs(y compris
Slui-même) portent
lecontraste c-v; le support d’un E-contraste est la
plus petite partie
de Equi
porte ce contraste(c’est
l’intersection
desparties qui
portent cecontraste).
-- Une condition suffisante pour que la restriction d’un~ E-co~traste à une
partie
P de E soit unP-contraste est que P
porte
cv.Remarque.
Cette condition n,’est pas
nécessaire ;
en effet soit :et
a pour support
E,
donc n’est pasporté
parP ; cependant :
est un P-contraste.
En,fin,
nous dironsqu’une partie
de S est le support d’unecomparaison
C si :a)
tout contraste de C estporté
parS ;
b)
il existe(au moins)
un contraste de C dont le support est S.B. - COMPARAISONS
ASSOCIÉES
A UNE PARTIE DE E.Soit P une
partie
de E. Tout ensemble de contrastesportés
par Pengendre
unecomparaison Cp,
dont tous les contrastes sont
portés
par P. On dit que cettecomparaison
estportée
par P ouqu’elle
estune
comparaison
intra-P.Il existe une
comparaison
maximum intra-P : lacomparaison, engendrée
par tous les contrastes intra-P. Nousl’appellerons la comparaison intra-P,
ou lacomparaison
associée àP,
uotéeC~,
ouCP,
ou
même,
pour des raisons de clartétypographique Cg(P)
ouC(P).
Propriété.
A tout E-con,traste intra-P
cÉ,
on peut associercanoniquement
un P-contraste cp, restriction decÉ
à P défini par :Réciproquement :
à tout P-contraste cp on peut associer un E-contrasteintra-P, cÉ,
défini par :L’application,
deCp
dansCP qui
à cp associep
est linéaire etbijective.
Toute
P-comparaison
estisomorphe
à uneE-comparaison
intra-P. Enparticulier,
laP-compa-
raison
globale
estisomorphe
à laE-comparaison
associée à P(intra-P maximum).
Celle-ci a donc1 P [ - 1 degrés
de liberté.Si P =
E,
lacomparaison
intra-P n,’est autre que laE-comparaison globale ;
si P est unepartie
stricte de
E,
lacomparaison
intra-P est uneE-comparaison, partielle.
On
pourrait
être tenté de croirequ’inversement
touteE-comparaison partielle
estportée
par unepartie
stricte de E. Il zen est rien ; pour le voir il su~t de construire unecomparaison partielle
desupport E. Considérons par
exemple
lacomparaison engendrée
par le contraste(de
supportE) : (1, 1, 1,
..., -(n -1)) ;
cettecomparaison
estunidimensionnelle ;
or si n >2,
elle estpartielle
et iln’existe pas de
partie
propre de Equi
la porte.- Nous
appellerons pseudo-contraste porté
parP,
ous’appuyant
sur P ouintra-P,
touteappli-
cation de E dans R constante sur P et nulle sur le
complémentaire
de P.-- On
appelle pseudo-comparaison portée
parP,
ouintra-P, l’espace
vectoriel(unidimensionnel) engendré
par lespseudo-con,trastes
intra-P.Si P = E nous retrouvons les notions de
pseudo-contrastes globaux
et depseudo-comparaison globale.
Propriétés.
- La
pseudo-comparaison
intra-P estisomorphe
à lapseudo-comparaison globale
sur P.- Toute
comparaison
intra-P estorthogonale
à lapseudo-comparaison
intra-P.C. - COMPARAISONS
ASSOCIÉES
A UNE FAMILLE DE PARTIESDISJOINTES
Soit
P = { P( } lEI
une famille departies
de Edisjointes.
Toute
comparaison intra-Pi
estorthogonale
à toutecomparaison intra-P, (i # j).
Eneffet,
leproduit
d’un, contrasteintra-Pi
par un contrasteintra-PI
est le contraste nul.Contrastes et
comparaisons intra-p.
On
appelle
contrasteentra-/’
une somme de contrastesintra-Pt, pour i
parcourant unepartie
Jde I.
Exemple
Le contraste
c==(l, - 1, 2,
-2)
est un contrasteintra-p,
somme des deux contrastes :On
appelle eomparaison ~ro-/3
une somme(voir appendice)
decomparaisons intra-Pi,
pouri
parcourant
unepartie ,I
de I.(En particulier
toutecomparaison intra-Pi
est unecomparaison intra-/9.)
Il existe une
comparaison intra-p maximum, qui
est la somme de toutes lescomparaisons intra-Pi
maximum, pour i
parcourant l’ensemble I. Onparlera
alors de lacomparaison intra-/J.
Il résulte immédiatement de la définition que la restriction
- d’un contraste
intra-/9
à unepartie Pi (Pi
E~)
est unPi-contraste;
-- d’une
comparaison intra-~
à unepartie Pi
est unePt-comparaison.
Propriétés.
- Le nombre de
degrés
de liberté d’unecomparaison intra-,V
est la somme des nombres dedegrés
de liberté descomparaisons intra-Ps qui
lacomposent.
Enparticulier,
le nombre dedegrés
deliberté de la
comparaison intra-/9 (maximum)
est :En effet les
comparaisons intra-Pi
étantorthogonales,
leur somme est une somme directe et onpeut
appliquer
lapropriété
d’additivité des rangs.- Toute réunion de bases
Bi
descomparaisons intra-Pi
constitue une base de lacomparaison intra-p.
En
effet,
pardéfinition,
lacomparaison intra-,D
estengendrée
par la réunion des basesBi.
D’autre part, les
comparaisons intra-Pi
étantorthogonales,
la réunion des vecteurs de base est unsystème
libre. Ce
système
libreengendrant
lacomparaison intra-/J
forme une base de cettecomparaison.
Toute
comparaison intra-Pt
estorthogonale
à toutepseudo-comparaison intra-P~,
pour tout iet j (y compris pour i = j).
Remarque.
Dès
que 7 j 1
>1,
lacomparaison intra-p
est contenue strictement dans lacomparaison
associéeà U
Pi.
tel
En
effet,
le nombre dedegrés
de liberté de lacomparaison
associée àalors que le nombre de
degrés
de liberté de lacomparaison intra-,V
est.eil
Exemple :
~ 2 ~" . ~~ tk f
La
comparaison
associée àPi
UP2
est laE-comparaison globale;
elle n,’est pasengendrée
par lescomparaisons intra-Pi
etintra-P, :
elle contient parexemple,
le contraste(1, 1,
--1, -1) qui
zest pas de la forme(a,
- 7~, N., --y)
des contrastes de lacomparaison intra-p.
Contrastes et
comparaisons inter-p.
-- On
appelle
contrasteinter-19
un contrasteporté
par UPi
dont la restriction àchaque partie
tel
Pi
de~Û
est unpseudo-contraste intra-P~. (Remarque :
Un contrasteinter-,O
n’a pas nécessairementune valeur différentie sur
chaque partie Pi.)
- On
appelle comparaison inter-p
unecomparaison engendrée
par un~ ensembles de contrastesin ter- ¡:J .
12
La
comparaison inter-/3 engendrée
par l’ensemble de tous les contrastesinter-p
seraappelé
la
comparaison iuter-p
1.Propriétés.
- Le nombre de
degrés
de liberté de lacomparaison inter-/D (maximum)
estégal à I 2013 1.
En
effet,
considéronsl’espace
vectorielengendré
parles 111 1 pseudo-comparaisons intra-Pi.
Celles-ci étant
orthogonales,
cet espace est derang ~ 111.
Lacomparaison inter-0
est un sous-espace decet espace vectoriel
orthogonal
à lapseudo-comparaison globale,
donc elle a pourrang ~ 111
-- 1.-- Toute
comparaison inter-,O
estorthogonale
à toutecomparaison intra-/D.
Eneffet,
cescomparaisons
sont dans les espaces vectorielsengendrés respectivement
par lespseudo-comparaisons
intra-Pi
et par lescomparaisons intra-Pi qui
sontorthogonales
deux à deux comme nous l’avons vuplus
haut
(page 11).
En
particulier, la comparaison inter-p (maximum)
estorthogonale
à lacomparaison intra-p (maximum).
-- La
comparaison
associée à la réunion UPi
est la somme directe de lacomparaison inter-p
et de la
comparaison intra-p :
tel
En
effet,
C et C(inter-,D)
sont deux sous-espaces vectoriels de C(U P,)
dont l’in;ter-section est le contraste nul et ont a :
-- .- - .. - 1 .... ,
donc dl C
(U Pi)
= dl C(inter-/3) +
dl C(intra-/3)
d’où la conclusion.tel
Pour avoir une base de C
(U Pi)
onpeut
doncprendre
la réunion d’une base de C etd’une base de C tei
D. -
APPLICATIONS ;
COMPARAISONSASSOCIÉES
A UNE PARTITIONConsidérons le cas où
p
est unepartition,
c’est-à-dire où UP1,
= E : tous les résultats dutEl
paragraphe précédent s’appliquent
évidemment à ce cas, d’où lapropriété
dedécomposition
de la compa- raisonglobale :
lacomparaison globale
est la somme directe de lacomparaison intra-partition
et de lacomparaison inter-partition,
et lapropriété
d’additivité desdegrés
de liberté :1. Remarquons qu’une comparaison est une comparaison « entre » les classes de la partition
9
(d’où le terme« inter»). Mais il pourrait être aussi bien justifié de parler de comparaison« puisque la comparaison est une comparaison
« à l’intérieur» de
~
considéré comme un ensemble dont les éléments sont les classes de la partition Toutefois, il nous a parupréférable (cf. plus haut) de parler de comparaison «
intra »- 9
pour désigner une somme de comparaisons à l’intérieur des classes elles-mêmes (somme de comparaisonLa
comparaison
associée à lapartition
laplus
fine est lacomparaison globale;
celle associée à lapartition
la moins fine est lacomparaison impropre.
Définition.
On dit
qu’une partition p
estéquitibrée
si toutes ses classes ont même effectif.(On généralise
cette notion à une famille
po
departies disjointes.)
Pour unepartition équilibrée p
de k classes àp
éléments,
on a n = k p et lapropriété
d’additivité desdegrés
de liberté s’écrit :Revenons au cas d’une
partition p quelconque :
onappellera 7c
lasurjection canonique
A toute
application fp : p
. R on peut associerl’application f :
E -~ R définiepar f
= ~ onK
On dit que cp se remonte
(deV
versE) en~ f (par 7r),
ouque f se
rabat(de
E(par 7t).
- On dit
que f :
E -~ R est constante sur lapartition /3
si la restriction def à
toutepartie Pi de /5l
est uneapplication
constante, ou d’une manièreéquivalente si f
se factorise à travers x, c’est-à-dire s’ilexiste y : p
-~ R telleque f
= y o1t.Nous allons
particulariser
les notionsprécédentes
au cas où lesapplications
sont des contrastes 1.Notons d’abord que
si tp
est unD-contraste, l’applicatiou f
associée n’est pas nécessairement un E-contraste.Exemple :
1. Dans un cadre élargi où un contraste ne sera plus défini comme une application (cf. note p. 7), les notions et propriétés qui suivent (en particulier celles concernant le « rabattement» et la « remontée » d’un contraste ou d’une comparaison) pourront cependant être encore généralisées.
14
Inversement un E-contraste constant sur
/3 (c’est-à-dire
un contraste associé à0)
ne se rabatpas nécessairement en un
p-contraste.
Si un ensemble de
p-contrastes
se remonte en un ensemble deE-contrastes,
il en est de même detoute combinaison linéaire de ces
p-contrastes
donc de la0-comparaison. qu’ils engendrent.
On dit
qu’une O-comparaison
se remonte en uneE-comparaison
si toutp-contraste
de cettecomparaison
se remonte en un E-con,traste(définition analogue
pour « serabattre»).
Plus
généralement,
soitpo
une famille departies disjointes;
soitPo
la réunion de cesparties
et 7to :
Po - po
lasurjection canonique
associée.Si un
po-contraste
Yo se remonte en Co surPo
on peut lui associer un E-con,traste c défini parOn dira alors que le
Do-contraste
yo se remonte en un E-contraste c.On
généralise
defaçon analogue
la notion de rabattement d’un E-con,traste en unp-contraste.
On dit
qu’une Do-comparaison
se remonte en une2?-comparaisons
si tout/’o-coutraste
de cettecomparaison
se remonte en un E-contraste(définition analogue
pour « serabattre »).
Soit
D
unepartition
de Equi
contientPo.
On sait associer à unDo-contraste
yo unp-contraste
y(cf.
page10).
Si y se remonte en unE-contraste,
celui-ci est le contraste cprécédemment
défini.Les conditions :
- yo se remonte en Co sur
Po,
- y se remonte en c sur E sont
équivalentes.
Théoréme.
Soit
po
une famille departies disjointes,
les troispropriétés
suivantes sontéquivalentes : 1) po
estéquilibrée,
2)
toute0,-comparaisons
se remonte sur E en unecomparaison 3)
touteE-comparaisont inter-/?o
se rabat en unepo-comparaison.
Un cas
fréquent
d’utilisation de ce théorème est celuioù po
est unepartition
de E.APPENDICE
Rappel
sur les sommes de sous-espaces vectoriels.Soit
(E~) ~
E i une famille finie de sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E.On
appelle
somme des sous-espaces vectorielsEs,
et on note 1E,
le sous-espace vectoriel de Eengendré
par la réunion desEt.
Soit F’ = E
Et,
les deuxpropriétés
suivantes sontéquivalentes :
leI
a)
tout vecteur x de .F sedécompose
de manièreunique
en une somme de vecteursb)
pour tout i El, Ei
fi( S El)
=== {O}.
S’il en estainsi,
nous dirons avec Godement(Cours
’#=1
d"Algèbre,
p.225) 1,
que lesEt
sont linéairementindépendants.
Dans ce cas, on dit que F est somme directe desEt
et on note :Si
G, El
etE2
sont trois sous-espaces vectoriels de E tels que : G =El ED E2
on dit queEl
etE2
sont
supplémentaires
par rapport à G.Des sous-espaces vectoriels
orthogonaux (deux
àdeux)
sont linéairementindépendants,
donc toutesomme de sous-espaces vectoriels
orthogonaux
est(une somme)
directe.Un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel de dimension finie 3 a un et uns seul
supplémentaire orthogonal.
En
particularisant
les notionsprécédentes
au cas descomparaisons,
nous obtenons les notions de :- Somme de
comparaisons;
~
Comparaisons
linéairementindépendantes 2;
- Somme directe de
comparaisons;
~
Comparaisons supplémentaires (par
rapport à unecomparaison donnée,
parexemple
lacomparaison globale).
Nous définissons de
plus
lacomparaison
résiduelle d’unecomparaison
C comme lacomparaison orthogonalelsupplémentaire
de C(par
rapport à unecomparaison donnée).
GLOSSAIRE Ensemble de base.
Contraste,
vecteur-contraste,coefficients, poids.
Comparaison engendrée
par un ensemble de contrastes.Comparaison
surE, E-comparaison.
Nombre de
degrés
de liberté.Comparaison unidimensionnelle, simple.
Comparaison multidimensionnelle, multiple.
Comparaison
propre.Comparaison impropre.
Comparaison globale.
Sous-comparaison.
Sous-comparaison
stricte.Comparaison partielle.
Comparaisons orthogonales.
Pseudo-contraste
global.
Pseudo-comparaison~ globale.
Support
d’un contraste - d’unecomparaison.
Contraste
porté
par...,s’appuyant
sur...Comparaison portée
par...Comparaison
in,tra-P(P
cE).
Comparaison (maximum)
intra-P.Comparaison
associée à P = la(E)-comparaison intra-P-(CP).
1. Godement R., Cours d’Algèbre, Paris, Hermann, 1963.
2. On se gardera évidemment de confondre la notion d’indépendance entre comparaisons qui vient d’être définie (indépen-
dance linéaire, notion purement algébrique) et la notion d’indépendance telle qu’elle apparaît en inférence statistique, en relation
avec un modèle probabiliste explicite (par exemple : indépendance des carrés moyens associés à deux comparaisons).
3. Ou plus généralement : d’un espace vectoriel de Hilbert.
Pseudo-contraste intra-P
(porté
parP).
Pseudo-comparaison
intra-P(portée
parP,
associée àP).
Comparaison intra-p.
Contraste
intra-p.
Contraste
Comparaison
Comparaison (maximum) iuter-/’
= lacomparaison iuter-p
= lacomparaison
associée à/J.
Partition
équilibrée.
(Famille
departies disjointes équilibrée.)
Remonter.
Rabattre.
Somme de
comparaisons.
Comparaisons
linéairementindépendantes.
Somme directe de