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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository

Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

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Les Gouverneurs d'Acre (Akka) entre 1750 -1804

VOL I

Thèse de Doctorat

;[

Présentée par Abdul-Aziz FAOUR

Sous la direction de Madame le professeur Anne Claude Dero

Bruxelles 19 81

(3)

Université Libre de Bruxelles Faculté de Philosophie et Lettres Institut de Philologie et d’Histoire Orientales

Les Gouverneurs d’Acre (Akka) entre 1750 > 1804

VOL I

Thèse de Doctorat

Présentée par Abdul-Aziz FAOUR

if-

I/. û.

Sous la direction de Madame le professeur Anne Claude Dero

(4)

REMERCIANTS

Avant tout, je dois présenter mes profonds remerciements, ainsi que l'expression de ma haute gratitude à IVIadame Anne Claude Dero qui m'a sincèrement aidé par ses remarques si utiles et ses conseils si précieux, soit au cours des entretiens, soit par des correspondances, lors de la rédaction de cette thèse.

J'exprime également ma reconnaissance envers Madame Destrée pour les instructions et les avis très judicieux qu'elle n'a cessé de me donner.

Je suis aussi redevable à Monsieur Anciaux et Monsieur Meichitarian pour les fructueuses objections qu'ils m'ont prodi­

guées et l'aide très efficace qu'ils m'ont apportée lors de mon travail.

Enfin, je ne terminerai point ces remerciements sans avoir exprimé mon témoignage de très vive reconnaissance à Peu, Monsieur Armand Abel avec qui j'avais commencé cette étude en 1972-1973.

Avant de mettre un point final à ces quelques lignes, il me reste une tâche bien agréable : exprimer mes profonds grati­

tudes à tous ceux qui m'ont aidé lors de la préparation de cette thèse.

(5)

I

AVA^T-PROPOS

La ville d'Acre est considérée parmi les villes côtières les plus importantes en Méditerranée qui ont joué vin rôle déci­

sif dans l'histoire du moyen âge de l'Extrême-Orient.

La situation stratégique de la ville d'Acre et ses res­

sources économiques abondantes l'ont aidé à se développer, à atteindre l'apogée à l'époque des croisades et à occuper une place privilégiée sous la domination de Dâhir 'Umar et d'Ahmad Pacha Al-Jazzâr. L'Europe la regarde comme la clef de la Syrie et la forteresse la plus robuste.

Les événements historiques qui se sont déroulés depuis la 1 conquête islamique jusqu'à la conquête ottomane ont donné à la ville vine grande importance surtout pendant les croisades.

Les importants événements ont laissé des traces jusqu'à nos jours surtout dans l'architecture de la ville.

Ifelgré l'originalité de la ville d'Acre et ses qualités, on n'a pas vu se développer à l'époque ottomane des études scien­

tifiques approfondies pour donner à la ville la juste place qu'elle doit occuper dans l'histoire.

Seule l'époque de la domination des croisés a attiré l'attention des chercheurs.

0

Les vicissitudes d'Acre durant la seconde moitié du XVIII siècle, trop ignorées de nos jours, appelaient la curiosité et la recherche. On n'avait aucune vue d'ensemble de cette période riche en événements.

Ces insuffisances, le manque d'études approfondies et élargies dont la ville d'Acre a été victime et les recherches

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indépendantes incomplètes sont parmi les causes qui m'ont amené à choisir cette ville comme le sujet de ma thèse, dans l'inten­

tion de combler cette lacione autant que possible.

Cette étude a pour objet de réunir des matières éparses, de les vérifier, les analyser, ensuite de les coordonner autant qu'il se peut et d'en tirer les conséquences.

D'autre part, le chercheur qui se met à étudier l'histoire de Syrie pendant la seconde moitié du XVIII® siècle constatera que la partie Sud du pays était le théâtre d'événements trop dangereux, et à titre d'exemples, on peut notamment citer l'ac­

cession au pouvoir de Dâhir 'Umar à Acre et ses environs, l'ap­

parition de la famille d'Ali Al-Saghir au Mont-'Amel et le rôle efficace qu'elle a joué dans cette région, les tentatives d'inva­

sion de la flotte russe dans la Méditerranée et les troubles qu'elle a déclenchés au sein de l'Empire ottoman, les disputes et les désaccords entre les princes et les gouverneurs qui ont abouti à des sécessions et des guerres. Celles-ci ont permis aux Puissances européennes de se mêler des affaires intérieures de l'Empire afin de contrôler directement certaines parties de son territoire.

Mais l'événement le plus important après la chute de Dâhir est l'accession de Jazzâr au pouvoir et le grand rôle qu'il va jouer lors de la campagne d'Egypte conduite par Bonaparte,

En essayant de suivre tous ces événements point par point, analysant lexrrs causes et leurs effets, nous avons pu constater que pour mieux comprendre tous ces faits il faut avant tout con­

naître les principes et les méthodes suivies par les ottomans dans leur administration. C'est pour cela nous avons traité dans l'introduction 1 aspect général du gouvernement ottoman, pour passer ensuite dans la première partie, consacrée à la situation de la Syrie sous la domination ottomane durant la seconde moitié du XVIII® siècle.

(7)

III

Dâhir 'Uraar et Jazzâr qui gouvernèrent la ville d'Acre à cette période furent deux célèbres personnalités auxquelles l'histoire n'a pas rendu justice. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur ce quiils ont fait pour se rendre compte de leur grandeur.

En effet, ils ont déplacé le centre politique, économique et militaire en Syrie méridionale, de Sayda à Acre qui n'était avant eux qu'une simple bourgade. Ils en ont fait leur capitale et la ville la plus importante de Syrie dans tous les domaines.

Dâhir qui gouverna la ville pendant un quart de siècle (1750-1775) étendit sa domination sur toute la côte depuis Sayda jusqu'à Gaza, ainsi que sur un territoire intérieur très vaste, La Turquie le redouta surtout après son alliance avec le célèbre rebelle d'Ali Bey, ses grandes victoires militaires à Houlé, à Ghazié remportées sur les pachas de Damas et de Sayda, ainsi que ses relations avec les commandants de 1'escadre■russe en Médi­

terranée et le Chavkh Nassif Al-Nassâr, le grand chef de Métoua- lis.

D'autre part, bien que tous ceux qui ont abordé Dâhir aient été \manimes à reconnaître qu'il était le gouverneiir le plus remarquable de la Syrie depuis la fin tragique de Eakhreddin II, et qu'il n'a été égalé que par son successeur Al-Jazzâr, il est étonnant de constater qu'il n'y a pas une seule étude sérieus concernant ce grand homme. Pourtant, celuiwci a été pendant un quart de siècle le centre de gravité de l'histoire de toute la Syrie,

Après la fin du seigneur d'Acre en 1775, Jazzâr fut nommé au pachalik de Sayda; mais il jugea plus avantageux pour lui de transférer à Acre le centre de son autorité. Les travaux de Dâhir avaient ressuscité cette cité, et ceux de Jazzâr en firent l'une des premières et des plus fortes places de la Syrien

Cet homme surnommé "le boucher" a terrorisé durant vint-

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sept ans ses administrés : les Métoualis, les Chihâb et les bédouins palestiniens.

Ses cruautés et ses cupidité effréné^ n'avaient d'égal que son esprit de trahison. Elles s'étendaient à tous ses adminis­

trés, pour se retourner contre ses propres serviteurs fidèles : Les Qâlûch, les Sakrouj, Haïm Eârihi.

Jazzâr n'épargnait pas d'autre part les négociants-français qui avaient la main sur le commerce entre Iferseille et les ports d'ncre et de Sayda. le pacha voulut monopoliser le commerce du blé, du coton et d'autres matières premières. "Par un abus

ordinaire en Turquie, l'avait tout concentré dans ses mains; l'on ne pouvait vendre de coton qu'à lui; l'on n'en pouvait acheter que de lui; les négociants européens ont eu beau réclamer les capitulations du sultan, Djazzâr a répondu qu'il était sultan dans son pays, et il a continué son monopole"

Bientôt il aspira au pachalik de Damas et l'obtint en 1785 avec la direction de la caravane des pèlerins syriens. Mais il n'occupa ce poste qu'ione année au bout de laquelle il fut desti­

tué. Il retourna dans la suite à trois reprises au gouvernement de Damas : (1790-1795), (1798-1799), (1805-1804).

Sa carrière représente une série ininterrompue de succès.

"Exemple unique dans les annales de la Syrie ottomane, il demeura plus d'un quart de siècle au pouvoir, en désaccord, parfois en lutte armée, avec les pachas voisins, se dispensant d'expédier à Stamboul les revenus du mîri ou plutôt l'excédant souvent consi-

(2) dérable des imp>ôts de son vaste gouvernement"' .

1-

2-

Volney, 306.

lamnens, II, 115.

(9)

V

La Subline Porte n'intervient q^ue po\ir le nommer au ±1 Wilâyet de Damas ou l'en rappeler, sans toucher au ressort du pachalik de Sayda. C'est ainsi qu'elle finit par adopter vis-à- vis de lui une politique de ménagement. Jazzâr représente le fonctionnaire selon son coeur. Il avait châtié l'insolence des Bédouins palestiniens, réussi à nourrir des divisions successives entre les émirs libanais, réduit à l'impuissance les Métoualis, Son prestige s'aggrandit et sa réputation s'étendit après avoir brisé toutes les tentatives de Bonaparte pour s'emparer de la ville d'Acre, celui-ci n'a\irait-il dit plus tard : "Si Acre était tombée, j'aurais changé la face du monde".

Quant à la méthode que je me suis efforcé d'adopter, elle consiste à recourir en premier lieu aux Archives. Dans ce but nous avons consulté pendant quarante jours les Archives Nationales à Paris, les Archives du Quai d'Orsay et les Archives de la

Bibliothèque Nationale; et nous avons pu trouver dans les corres­

pondances consulaires des rapports extrêmement importants au sujet des relations commerciales entre la Syrie méridionale et les négociants français.

D'autre part, certaines lettres des consuls français à Acre et à Sayda au Ministre français de la marine sont abondantes et riches en renseignements et nous éclairent quelques aspects de la vue politique de ces Echelles à cette époque.

Ces archives nous ont seirvi de source principale de v i' première main. Cependant deux réserves principales à faire par rapport à l'objectivité de cette soiurce : l'élément personnel et le silence des documents. Tout cela introduit dans le récit des événements un certain facteur de subjectivité et d'imprécision, Cn trouvera en annexe à la fin de cette thèse des reproductions de quelques documents importants puisés à ces archives (en parti- ciiLier des tableaux des marchandises importées et exportées entre I%rseille et les Echelles de Sayda et d'Acre).

Quant aux Archives qui se trouvent à Londres, elles n'ont

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pu nous apporter des élénents aussi importants pour la période étudiée que celles de Paris, vu que la Syrie méridionale était à cette époque une zone d'influence française.

Nous avons essayé de consulter les Archives turques à Stambo'ul et à iinkara, mais cet essai n'a pas totalement réussi, d'abord parce que ces archives sont encore en train d'être orga­

nisées, Il est donc difficile d'obtenir les documents qu'on dé­

sire, Par ailleurs, notre ignorance de la langue turque consti­

tue un second obstacle.

Cependant cette lacune fut comblée au moins en partie par la consultation des firmans turcs qui étaient écrits en arabe et quelquefois bilingues (a,rabe-turque ) et également les registres des tribunaux religieux à Hana,, à Damas et à Sayda qui peuvent être considérés comme les journaux de ce temps.

En deuxième lieu, nous avons consulté des manuscrits dans diverses Bibliothèques : Saint-Joseph, Aremircaine à Beyrouth et Zâhirîyé à Damas. Nous avons trouvé quelques documents au Couvent du Saint-Sauveur (Biban), au sujet de la campagne d'Abou-Dhahab contre Dâhir, de l'excadre du Capitan-Pacha, Hassan Ghazi Gazaerli et de la fin tragique du Chaykh Dâhir et de sa famille, dont nous reproduisons quelques-uns en annexe,

A côté de nos sources de documents inédits et manuscrits, nous nous sommes référé, pour compléter notre étude, à des publi­

cations en arabe, français, anglais et hébreux, principalement aux récits des voyageurs européens qui ont visité la Syrie à l'époque qui nous intéresse. IVIais ces études et récits doivent être maniés avec une certaine prudence.

Enfin la source arabe constituée par les récits des chroni­

queurs, des chefs de famille, des observateurs et des narrateurs de l'époque ou de celle légèrement postérieure, s'appuie souvent sur une tradition orale rapportée à ces narrateurs ;^ar des parents ou amis. En faisant abstraction de tous les aspects négatifs de

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VII

ces sources, de tout ce que l'ignorance et la passion ont ajouté de faux et d'exagéré, nous aborderons notre étude sous l'angle exclusif de la critique historique.

Ainsi nous avons examiné des récits, corrigé des fautes historiques, des dates, des noms et des lieux.

Malgré l'ambiguité des sources, nous avons essayé d'expo­

ser les faits avec netteté et de procéder à une étude aussi

exhaustive que possible. A cet effet, nous nous sommes attachés à donner à ce travail un caractère objectif. Nous n'avons pas limité nos efforts à la simple information et à la banale énumé­

ration des faits, mais nous avons tenté de les analyser, d'en- scruter les causes, de comprendre les mobiles qui les ont provo­

qués, d'étudier leur liaison et leurs conséquences, de dégager les motifs des divergences des sources et parfois de leur silence.

Enfin, je ne prétends avoir écrit qu'un essai, qui certes pourra un jour être complété par d'autres, notamment dans l'étude des institutions féodales à cette époque, des tribus de la Pales­

tine, de la vie sociale et économique, de la monnaie en circula­

tion, des impôtsjdes moeurs, des cultures, etc.

(12)

INTRODUCTION

Sur les décombres de l'Etat Mamlûk, l'Empire Ottoman avait atteint son apogée sous le règne du Sultan Suleymân II vers la fin du 16® siècle ' . Il s'étendait sur le monde islamique de l'Inde et du Caucase jusqu'à l'Atlantique et sur une grande partie de l'Exirope. Les troupes du Sultan étaient arrivées aux portes de Vienne, à proximité de Venise, en pleine Pologne, en Russie, et dominaient la qiiasi-totalité des territoires de l'E\irope

Orientale. A tout instant, elles menaçaient de s'étendre davan- tage vers l'Occident (?)^ \

Toutes ces conquêtes des Ottomans étaient dues aux janis­

saires qui composaient l'unique force armée, la milice invincible de cette époque Dès l'origine, les janissaires étaient aux

1- Hammer - Purgstall, Joseph Von. Histoire de l'Empire Ottoman depuis son origine jusqu'à nos jours, traduit de l'allemand par J.J. Hellert. 18 vols., Paris, 1835 - 1843• Cette référence sera mentionnée en résumé comme suit: Hammer, Histoire de l'Empire Ottoman.

2- Anis.Mohammad, Al-Dawla Al- üthmâniyya wa Al-Charq Al- Arabi, le Caire, 1914, P. 166. Cette référence sera men­

tionnée en résumé: Anis, Al-Dawla Al- Üthmâniyya.

3- Husari.Sate , Al-Bilâd Al- Arabiyya wa Al-Dawla Al- Üthmâniyya 2e édjj Beyrouth, 196o, PP. 17-18; Awad. Abdul- Aziz, Al-Idara Al- Üthmâniyya fi wilayet Suriyya, le Caire, 1969, P. 13.

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- 2 -

yeux des musulm^s quelque chose d'aussi sacrée que la partie et et la religion ^ . Ils comptaient environ cent mille hommes,

" enrôlés et inscrits sous ce nom sur toute la surface de l'Em­

pire, mais principalement dans les grandes villes, telles que Baghdad, Damas, Alep, Andrinople, Smyrne, Brousse et Constan­

tinople. Ils étaient rémunérés par le trésor impérial, enré­

gimentés par des cadres appelés Or cas commandés par des officiers et des généraux qu'ils nommaient généralement eux-mêmes

Le sultan désignait le commandant en chef de cette armée, qui était chargé de fonctions à la fois civiles et militaires d'une extrême importante

Le régime de l'Empire ottoman est un pur despotisme mili- taire '• , c.à.d " que la foule des hahitsints y est soiimise aux volontés d'une faction d’hommes armés, qui disposent de tout selon leur intérêt et leur gré

L'armée fut à la fois un moyen de lutte et d'administra­

tion. Signalons que dans quelques régions de l'Orient arabe, telle que l'Iraq, l'autorité ottomane distribuait des terres agricoles aux militaires afin de les exploiter et s'y établir

4- Râfeq Abdul-Karim, Tthe Province of Damascus (1723-1783).

Beirut, 197o, PP. 35-42.

5- Lamartine (A.de). Histoire de la Turquie, 8 vols,, Paris, 1855, vol VIII, P, 40.

6- Râfeq Abdul-Karim, Bilâd Ach-Châm wa Misr min Al-Fath al- Uthmâni ila Hamlit Napoléon (1516-1798), 2e éd, Damas, 1968, PP. 73-76,

7- Anis M, Al-Dawla al- Uthmâniyya,,,, P. 145.

8- Volney (C.P), Voyage en Syrie et en Egypte pendant les années 1783, 1784 et 1785, éd. Jean Gaulmier, Paris, 1959, P. 361.

9- Gibb (H.A.R) et Harold Bowen, Islamic society and the West, 2 vol, Londres, 195o et 1957, vol.I, part I,

P. 42.

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Selon sa superficie et son étendue, ces parcelles de terrains se nommaient des " Za'amet " ou " Timar " Et ces militaires distribuaient, à leur tour, la plupart de ces terrains à le-urs sujets en échange d'un service qu'ils rendront, celui de parti­

ciper à la guerre contre les ennemis de l'Empire Ottoman

" Les Zaims et les Timârs forment une milice dont l'établissement est aussi ancienne que l'Empire même. Les sultans lui ont dis­

tribué, dès les premières conquêtes, la seigneurie de la plus grande partie des villages et des terres, afin que, jouissant des dîmes et de quelques autres revenus, ils pussent toujours être en état de prendre les armes, si leirrs provinces étaient attaquées

Ce régime dispensait l'Etat de payer des soldes aux com­

battants durant les périodes de paix et assurait l'exploitation de la terre et le recrutement des forces armées sans trop de dépenses, les jours de guerre \

Le sultan réunit en ses mains tous les pouvoirs sans

exception; et " les Ottomans regardèrent les pays conquis comme une dépouille de l'ennemi vaincu, comme un bien acquis par le droit d'armes et de la guerre. Or, dans ce droit, le vaincu est entièrement à la discrétion du vainqueur, il devient son esclave, sa vie, ses biens lui appartiennent ".

10- Husari S, op. cit,,P. 30.

11- Awad Abdul- Aziz, op, cit,,P, 222.

12- Ch. Digéon, Réflexions historiques sur l'Empire Ottoman, P. 73. Cité par Henri Guys dans Relation d'ian séjour de plusieiirs armées à Beyrouth et dans le Liban, Paris, 1847, vol.I, P. 282.

13- Anis M. op, cit,,P. 145.

14- Volney, op, cit,,P. 361.

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- 4 -

Le Premier Ministre du Sultan s'appelle Grand Seigneixr;

il a plein pouvoir dans Lien des cas, mais il doit soumettre les affaires importantes à la sanction et à la signature impé­

riales ..

Le principal Daftardâr (turc defterdir), teneur de daftar est un haut fonctionnaire qui, sous le contrôle du grandvizir, est responsable (Vjekil) des finances du sultan. Il est nommé immédiatement après le grand-vizir et joint d'im statut compa­

rable au sien

Un autre personnage important est le Kizlar Agha, chef des

(17) ^ '

ennuques du Harim du Sultan .

La direction des affaires religieuses était aux mains du Grand Mufti résidant à Constantinople; le titre de sa dignité est celui de Chaykh al-Islam n possède le droit de rendre un Fetwa, espèce de consultation juridique religieuse, permettant de détrôner le Sultan Ainsi le Chavteh al-

Islam est tout-puissant à cause de son caractère religieux ^ '.

Après lui, viennent les Qâdis al- Askar, ou juges de l'armée;

ils étaient deux, l'un pour la Roumelie et l'autre de l'Anatolie.

15- Râfeq Gibb,

A, Bilâd al-Châm, P, 63;

op. cit,,vol.I, P. 113.

16- Voir à l'Encyclopédie de l'Islam, 1965, PP. 84-86.

N. éd, T.II, Paris, 17- Râfeq A, Bilâd al-Châm, P. 65.

18- Gibb et Bowen, op. cit,-,vol.I, P. 45.

19- Awad Abdul-Aziz, op, cit*,P. 16

20- Râfeq A, op. oit,, P. 83. Voir aussi ce qui a écrit par D.B. Mac-Donald sous titre Mufti dans l'Encyclo­

pédie de l'Islam.

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Ces grands Qâdis nomment les juges des capitales; ce qui con­

firme que le pouvoir est absolument militaire et réside entière- f 21 )

ment dans l'armée ' *

L'Empire ottoman occupait une position géographique ex­

trêmement importante. Il dominait les mers importantes telles que la mer Noire, l'Adriatique, la Méditerranée Orientale, la mer Rouge et le golfe Arabique (Persique). Il possédait de plus quelques unes des plus belles villes comme Constantinople,

Adrinop.le, Damas, Baghdad et le Caire. Ainsi, peuplé de millions d'habitants réunis sous ua même souverain, l'Empire Ottoman était une des grandes autorités du monde

La partie asiatique de l'Empire Ottoman est administrée de la façon suivante ;

Elle a été divisée en un certain nombre de provinces, appelées Wilayets (Pachaliks), qui se subdivisent généralement en un certain nombre de départements ou Sandjaks, lesquels se subdivisent à leur tour en des arrondissements ou Cazas, formés de la réunion d'un certain nombre de cantons ou Nâhiyas.^.

Sachant que chaque VJilayet devait en général se suffire à ses propres besoins et payer au trésor impérial une part satisfai­

sante d'impôt

21- Volney, op. cit,,P, 369.

22- Hanotaux Gabriel, Histoire de la nation Egyptienne, Paris, 1935, Tome V, P. 121.

23- Hitti Philippe, Lubnân fi al-Târi^ (Le Liban dans l'histoire). Trad de L'Anglais, Beyrouth 1959, P. 440.

24- Anis M. op. cit., ,P. 144.

(17)

- 6 -

(25 ) Le gouverneur du Wilayet s'appelle V/ali ou Pacha ', d\x Sandjak Mutasarrif, du Gaza Caxmmacam et du Nâhiya Mudir^ j

Ainsi le Sultan dépose son sabre dans les mains de son grand-vizir, qui le remet au Pacha, d'où il passe au mutasarrif, à l'agha et Jusqu'au dernier délibache, " en sorte qu'il se

trouve à la porte de tout le monde, et frappe Jusqu'aux plus viles têtes

Généralement, ces vilayets étaient concédés à prix d'ar­

gent, la vénalité était la coutume et la règle On choisi­

ssait les gouverneurs non pas en fonction de leur compétence, mais du prix qu'ils y mettaient; cela explique les abus, les concussions, la corruption, le désordre et l'instabilité qui régnaient dans l'administration du pays^^^^. A ce propos

Duvelay écrit : "dans un pays où le gouvernement des provinces est considéré comme ime source de profits, où il est bien plus l'occasion de s'enrichir pour ceux qui le détiennent, que celle d'augmenter la prospérité de ceux sur lesquels il s'exerce, il paraît tout naturel que ce gouvernement soit offert à celui qui l'achète, bien plus qu'à celui qui le mérite par ses capacités ou ses vertus".

25- Le terme turc pacha est formé de deux mots persans pa - châh, qui signifient littéralement vice-roi.

26- Râfeq A, Bilâd al-Châm, PP. 80-81.

27- Volney, op. cit., P. 365.

28- Hitti Philippe, Tarikh al- Arab (Histoire des Arabes), trad. de l'Anglais, Beyrouth 1949-1951, vol. II, P. 855.

29- Kurd Ali M., Khitat al-Châm, Damas, 1952, vol. II, PP. 243-245.

30- Duvelay 'A), Essai sur l'histoire financière de la Turquie, depui.s le règne du Sultan Mahmoud II Jusqu'à nos Jours, Paris, 1930, P. 52.

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Gomme le Sultan, le pacha était un gouverneur despote, investi d'im pouvoir illimité et absolu, tandis que les âghas et les Chavkhs. subordonnés au pacha opprimaient à leur tour les régions soumises à leur juridiction^^. De cette façon, le Wali "réunit tous les pouvoirs en sa personne; il est chef et du militaire, et des finances, et de la police et de la jus­

tice criminelle. Il a droit de vie et de mort; il peut faire à son gré la paix et la guerre; en un mot il peut tout".^^^^

Son but principal est de percevoir le tribut au compte du Sultan, possesseur de la terre. Le bon pacha était pour le Divan de Constantinople celui qui d'abord savait approvisionner le trésor impérial et distribuer des présents aux grands person

✓ ( 33 ) nages du sérail .

L'administration ottomane ne savait plus que la fonction publique doit viser au bien être des citoyens. Cette attitude indifférente de l'Etat fut à l'origine de la décadence économi-

f 'Z A \ que et de l'anarchie politique^"^^.

Cependant au XVIII® siècle, le pouvoir du pacha fut mini­

misé par la présence des garnisons turques qui, le plus souvent dépendent directement de la capitale. De même, l'intendance financière revenait au daftardar, désigné par le Grand Seigneur Quant aux autres domaines administratifs, ils furent effective­

ment aux mains de Kakhya (intendant) du pacha, nommé directe- ment par le grand vizir ,( )

31- Anis M., op. cit., P, 145.

32- Volney, op. cit., P. 363.

33- Kurd Ali (M), op. cit., t. II, P. 235.

34- Anis M. op. cit., P. 148.

35- Ibid, PP. 145-146.

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- 8 -

Ainsi le territoire de l'Empire Ottoman se répartissait en provinces pour faciliter la perception des impôts. Des trois impôts qui ont été appliqués dès l'origine de l'islamisme, deux, la dîme et l'impôt territorial (Kharâd.j ). sont des impôts fon­

ciers, et le troisième, la capitation, est une taxe personnelle imposée a\ix non-musulmans'^ . L'incertitude des rentrées et les inconvénients de la perception allaient conduire inélucta­

blement les gouvernements à l'affermage des impôts. On donnait le droit de les recueillir à des notables appelés Muqâta'ajis (37

(fermiers) ou Multazim.

Dans ce système d'organisation féodale, l'administration civile et financière d'ime localité est ainsi livrée à l'arbit­

raire d'\m seul homme, c.à.d G, S © S passions; car, si le fermier n'est pas bon, il n'aura d'autre soin que son propre avantage

Les ottomans préféraient toujours un impôt fixe, mais cette règle restait inapplicable en raison des répercussions locales, de la faiblesse de l'autorité centrale et de ses grandes diffi­

cultés financières. Les fermiers se permettaient d'exploiter leurs fonctions, en percevant plus que les sommes régulières, et nuisant par là aux paysans et à l'économie rustique^^*^^.

Selon Chevallier, "Les gouverneurs profitaient d'une situa­

tion qui leur permettait d'accroître leur initiative personnelle;

mais ils étaient eux-mêmes contraints d'assurer la durée de leur charge renouvelable chaque année en satisfaisant les besoins

36- Duvelay, op. cit, PP. 18-21.

37- Du mot muqâta'a qui signifie district.

38- Lamartine (A.de). Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient, 1832-1833, Paris, 1875, tome I, P. 194.

39- 'Awad. 'A, op. cit., P. 183.

40- Anis.M, op. cit., P. 143.

(20)

d'argent du Sultan et de son entourage..."

Ainsi, la plupart des fermiers jouissaient d'une influ­

ence politique : Dâhir 'Umar en fut le meilleur exemple. Ces fermiers avaient pour chef un haut fonctionnaire appelé muhassel

(encaisseur) et il était responsable de recueillir directement d'eux les impôts. Quelquefois sa fonction se confondait avec celle du V^ali, comme ce fut le cas à Damasj ou s'en distinguait comme à Alep^^^^. Les gouverneurs de Damas se trouvaient sou­

vent contraints de se lutter contre les fermiers rebelles; tel est l'exemple de Dâhir et des émirs du Mont Liban qui nécessi­

taient des expéditions armées

L'Etat ottoman a tout fait pour délivrer les paysans de l'oppression des fermiers qui ont essayé d'exploiter abusivement leurs emplois povir amasser maximum d'argent avant leur desti­

tution. Et vers la fin du XVII® siècle, il fit décréter un système connu sous le nom du (Mâlikâne) qui octroyait le mono­

pole pour toute la vie; ce qui entraîna à l'encaisseur un sen­

timent de sécurité de ne pas être destitué, et par la suite, il ne sera point obligé de se hâter à épuiser les paysans .

Ces derniers étaient satisfaits de ce nouveau régime bien qu'ils

41- Chevallier Dominique, La société du Mont Liban, Paris, 1971, P. 108.

ef Chaykh al- Ard (Paysal), Nuzum al-Hukm wal-Idâra fi al-Dawla al- Uthmâni^ya fi ^awâkhir al-qarn al-thamin Achâr, These inédit de l'Université Américaine, de Beyrouth, PP. 105-107.

42- Râfeq A, Bilâd al-Châm.,., P, 69.

43- Sabbâ^h Mikhâ'il. Târikh al-Chaykh Dâhir al- Umar, Harisa, s.d., PP. 102-103.

44- Ibid, P. 69.

(21)

- 10 -

A A f 4S ' n'ont pu bannir totalement l'abus d ms la perception de mîrî^^'^^

les affaires de l'Etat commencèrent à se gâter avec la désorganisation du système des janissaires\ En effet, cette armée perdit graduellement, toutes les qualités qui étaient

siennes pour se transformer en un instrument de vice et de dé­

sordre Les janissaires ne regagnaient plus leurs casernes que pour toucher leur salaire qui s'appelait alors : la ration.

Plusieurs parmi eux, entreprirent différents métiers, après avoir vendu, à ceux qui le désiraient, leur ration, comme on vend des actes et des effets^^®^. Un grand nombre de ceux qui portaient le nom des janissaires ne se réimissaient que pour lever la voix de la rébellion en exigeant l'augmentation de la ration ou en réclamant la révocation d'un ministre, 1 'investitur;.

d'un autre ministre, la pendaison de tout un groupe de ministroiV' Ils étaient encoirragés par la politique utilitaire de certains individus qui avaient beaucoup de prestige et par ceux qui sont passés pour maîtres en matière de trahison et de complot . De plus, ils avaient perdu les seules vertus qui rachetaient tant de vices : la discipline, le patriotisme et le courage

45- L'adjectif mîrî pris substantivement vient de l'arabe amîr (prince), et s'applique à ce qui relève du prince, du souverain.

Gf. Enc. de l'Islam, 2e éd., t.II, PP. 1181-1182.

46- Janissaire ; du turc Yeni-tcheri ou nouvelle milice.

Soldat d'un corps d'infanterie turque, créé au XlVe siècle et recruté par enlevement des enfants chez les peuples soumis, qui constituaient la garde des sultans.

47- Awad A, op. cit., P. 14.

48- Husari Saté, op. cit., P. 47.

49- Jawdat Ahmed, TârilA dawlat 'Aliya Uthmâniyya, trad. de Turc par Dana. Abdul Qâder, Beyrouth, 1890, t.I PP. 104-107.

50- Husari Saté, op. cit., P. 48.

51- Anis M, op. cit., P. 167.

(22)

Quand l'Etat décidait d'envoyer les janissaires sur les champs de bataille il ne trouvait qu'^un petit nombre de tous les ins­

crits; la plupart du temps inférieur à la moitié. Et ceux-là même, ne résistaient guère aux assauts des ennemis. Bien au contraire, ils étaient vaincus dès le premier affrontement.

Ils tâchaient ensuite, de cacher la honte de leur fuite, en faisant courir toutes sortes de bruits parmi la popiilation, pré­

tendant que leurs chefs les ont vendus ou ont voulu les vendre aux ennemis infidèles.

Dans les dernières guerres contre l'Autriche et contre la Russie, ils avaient abandonné lâchement leurs généravix, immolé le grand vizir, imposé au sultan des choix de généraux ineptes, déserté de nouveau sous ces chefs, accusé de trahison leur généralissime, exposé l'Empire à la honte et à la conquête;

faibles et indisciplinés devant l'ennemi ils n'avaient de persis- tance et de force que contre le gouvernement et le peuple^ ,(53)

Ainsi, les janissaires se transformèrent en despotes à l'intérieur du pays : les attentats contre les biens, la vie et l'honneur des gens se m\iltiplièrent de sorte que ; "les janis­

saires se transformèrent d'agents de sécurité et de défense eniun instrument de vice et de corruption"^.

Lamartine décrit cette situation déplorable en ces ternes ;

"le peuple gémissait, les sultans tombaient, l'Empire se décom­

posaient, le nom des ottomans s'avilissait en Asie, en Europe...

Les janissaires inspiraient la terreur au sérail, le mépris de la nation"\

52- Husari Saté, op. cit., P. 48.

53- Lamartine, Histoire de la Turquie, vol. VIII, P. 43- 54- Husari S, op. cit., P. 48.

55- Lamartine, op. cit., PP. 43-44.

(23)

- 12

A Stamboul, les dirigeants croyaient remédier au mal par des distractions, des cérémonies et des fêtes données à n’importe quelle occasion : mariage des princesses, circoncision des princes etc^.. Lamartine en relatant ces cérémonies et le gaspillage

pratiqué à la Coirr conclure : "De telles magnificences à la suite de tels revers attestaient la décadence byzantine dans l'orgueil oriental... Mais les fêtes^ les supplices, les vicissitudes des Ministres à Constantinople furent interrompus au XVIII® siècle par l'apparition sur la scène de l'Europe d'un peuple jusque-là obscur, mais sur lequel le génie d'un homme commençait à réfléter une lueur sinistre au Nord pour les ottomans; ce peuple était le peuple russe d'origine slave, cet homme était Pierre I..*

Le sort du monde occidental ou du monde Oriental dépendait du courant vers l'Occident ou vers l'Orient que le génie de Pierre le Grand allait imprimer à ce peuple"

L'Occident leur étant barré par les Germains, c'est vers l'Orient que les Russes ont tourné leur regard.

Cette corruption dans le sultanat ottoman s'aggrava, à un moment où les systèmes et les moyens de la guerre évoluaient très rapidement en Occident, où l'on inventait de nouvelles armes pour la guerre, et où l'armée faisait de si grands progrès dans les méthodes de la fortification, l'attaque et la défense^ .

L'orgueil des janissaires se refusa à toute tentative des instruc­

teurs français pour les soumettre à l'organisation et à la tac­

tique. "le sultan n'osa pas les contraindre, il se contenta de livrer à ces instructeurs un bataillon d'aventuriers et de réne- gats, attirés par l'appat de la solde. Ce bataillon, isolé et dédaigné par les janissaires, fut dissous après la mort du Duboyet"^^®^.

56- Lamartine, op. cit., P. 68 et s 57- Husari S, op. cit.,P. 48.

58- Lamartine, op. cit., P. 51.

(24)

Ainsi, au XVIII® siècle, la Turquie sombra dans la stagna­

tion. Sous le poids de sa mentalité pétrifiée et de ses insti­

tutions vétustes, elle ne sut ni ne put s’engager svir la voie libératrice de la Renaissance qui allait assurer à l’occident la maîtrise du monde.

Pour ces différentes raisons, toutes les guerres entreprises par le sultanat ottoman se terminèrent par des défaites funestes, les frontières de l’Etat commencèrent à se rétrécir aux confins des états européens. D'ailleurs les annales ottomanes sont pleines d'évènements se rapportant aux défauts des janissaires lors des périodes de la décadence^^^\

La corruption dans l’armée des janissaires, a causé, et c’est naturel, la corruption de l'administration. Le premier soin d'un pacha qui arrive à son poste est d'aviser aux moyens d’avoir de l’argent; et les plus promps sont toujours les meill­

eurs. Pour cela, il ferme les yeux sur les pillages et l’indi­

scipline de ses troupes et la plupart des pachaliks de l’Empire se trouvent ainsi ruinés et dévastés.

Une autre raison de la décadence structurale de l’Empire ottoman fut les guerres intestines qui se déclenchèrent entre les gouverneurs des diverses provinces e\ix-mêmes ou contre les princes indigènes, et dont les effets ruineiix retombent toujo\irs sur les

( 61 )

malheureirx sujets' . La Porte lui-même soulevait "le voisin contre son voisin et le cousin contre son cousin pour les affai- blir tous ensemble"' \ La plupart de ses campagnes à l’intéi»!.;

rieur étaient motivées seulement par le désir de venger de cevix qui tardaient à payer le mîrî. Jamais, elle n’a destitué un de ses walis à cause de sa mauvaise administration ou de sa cupidité excessive.

59- Husari S, op. cit., PP. 47-48.

60- Anis M, op. cit., P. 147.

61- Ibid., P. 148.

62- Kurd Ali, op. cit., t. II, P. 316.

(25)

- 14 -

Le Divan de Stamboul ne s'intéressait dans les provinces qu'aux revenus provenant des impôts. Souvent, il aliénait d'avance ces revenus contre versement immédiat de la contre- valeur en argent, nais cette aliénation ne se faisait qu'aux con­

ditions les plus onéreuses4 - ^

Enfin, il change fréquemment les pachas, d'une part pour qu'ils n'avaient pas le temps de s'attacher à pays et de réa­

liser ses propres intétrêts, d'autre part pour revendre leurs postes à 1'enchère

A ce propos, Volney écrit : "les pachas, incertains du len­

demain, traitent leur province comme un lieu de passage, et n'y font aucune amélioration dont leur successeur puisse profiter.

Au contraire, ils se hâtent d'en épuiser les produits, et de

recueillir en un jour, s'il est possible, les fruits de plusieurs années"\

Dans son rapport adressé de Beyrouth le 25 Juin 184o^ au ministère des Affaires Etrangères* Bourée écrit en parlant de la politique administrative ottomane en Syrie : " les Turcs ne se contentent pas de diviser pour régner, ils détruisent pour

/■ „(66) regner"

63- Duvelay, op. cit., P. 53.

cf. Ibn Jum'a Mohammad, al-Bâb al-Râbi' wa'l- Sab'ûn fi dhikr al-bâchât wa'l qudât bî-Dimachq al-mahmiyya min zaman mawlânâ al-Sultan Salim Khân.... Manuscrit Berlin sous No 9785 Spr.188 Edité par Salâh al-Dîn al-Munajjid dans son livre V/ulât Dimachq, Damas, 1949. Trad en français par Henri Laoust sous titre, les gouverneurs de Damas, Damas, 1952.

64- Husari S, op. cit,, P. 48.

Anis M., -op. cit., PP. 145-148.

65- Volney, op. cit., P. 364.

66- Aff, Etr, Beyrouth, t. VI, F. 76.

(26)

Le peuple, privé de la jouissance des fruits de son travail, restreint son activité dans les bornes des besoins élémentaires,

"le laboureur ne sème que pour vivre, l'artisan ne travaille que pour nourrir sa famille; s'il a quelque superflux, il le cache soigneusement, ainsi le pouvoir arbitraire du Sultan, transmis au pacha et à tous les subdélégués, en donnant un libre essor à leurs passions, est devenu le mobile d'une tyrannie répandue dans toutes les classes; et les effets en ont été de diminuer par une action réciproque l'agriculture, les arts, le commerce, la population;

en un mot, tout ce qui constitue la puissance de l'Etat, c.à.d la puissance même du Sixltan" '■ \

En résumé, les plus mauvais expédients du système admini­

stratif turc étaient au nombre de trois : la vente des grandes charges publiques aux enchères, la vente anticipée des revenus et l'altération des monnaiesLes janissaires s'étaient révoltés parce qu'on voulait les payer en monnaie de si mauvais aloi q\ia,-dit un chroniqueur du temps, "elles étaient aussi

légères qu'une feuille d'amande et ne valaient guère mieux qu'une goutte de rosée"

D'autre part, le système administratif turc conférait aux gouverneurs des provinces, des pouvoirs si grands qu'ils les transformaient en commandants d'armée qu'ils équipaient eux- mêmes Ce système ne présentait pas de danger sérieux, tant

que le gouvernement central était très puissant et redoutable et

67- Volney, op, cit., PP. 363-364*

68- Kurd'Ali, op. cit., t.III, P,5.

69- Cité par Duvelay, P. 55* A propos de la dépréciation des monnaies : Gibb et Bowen, op. cit., II, P. 49-59.

C. Issawi, The Economie History of the Hiddle East, Chicago, 1966, P. 520-522. A. Duvelay, op. cit., P. 56-57. Chevallier, op. cit., P. 128-130.

70- 'Awad 'A, op. cit., PP. 222-229*

(27)

-1$ -

tant que la force des janissaires sur laquelle comptaient avant tout les Sultans, était encore organisée et soumise. D'iais quand le système des janissaires se désorganisa, le gouvernement central s'affaiblit et l'on aboutit à des conséquences funestes : Les

Walis deviennent intransigeants, devant leur cupidité les gou­

verneurs des différents nuqâta'as se tranformèrent en despotes qui permettaient tout pour confisquer les biens des sujets

Le XVIII siecle fut pour la Porte un long écroulement.

Les vicissitudes à l'intérieur, et les guerres à l'extérieur, aggravaient sa situation déjà difficile.

En effet, sans aucune crainte du pouvoir central, les walis n'hésitaient pas à recourir pour leurs affaires personnelles à la force militaire qui était-i.sous leur dépendance. Ils faisaient peu de cas des ordres qui venaient de la capitale. Ils abusaient de leur puissance pour garantir leurs intérêts et ceux de leurs

f 7? ^ familles et de leurs partisans^ .

Chaque pacha recourait à toutes sortes de manoeuvres pour agrandir les frontières de sa province et, de ce fait, augmenter les ressources de sa fortune et les champs d'exploitation.

L'un convoitait une riche contrée qui se trouvait dans le pacha- lik de son voisin, et s'efforçait de l'annexer.

L'autre essayait de mettre à la tête de la province qui est aux confins de la sienne, l'un des siens, ou d'assurer à son fils, le gouvernement de sa province après sa mort^'^^^.

Il faut en outre remarquer, qu'une catégorie d'hommes puissants se forma pour intercéder en faveur de la foule auprès des Walis.

Les Walis avaient besoin de leurs secours et les habitants devaient se mettre à leur service ^,

71- Kurd'Ali M., op. cit., t. II, P. 235-236.

72- Husari S., op. cit., P. 47.

73- Kiird'Ali M., op. cit., t.II P. 282-283.

74- Husari S., op. cit., P. 48.

(28)

Bien plus, l'Etat commençait à donner des pachaliks et des sandjaks à ceux qui lui offraient le ÿlus d'argent. D'im autre côté, le système de fermage s'était établi : C'est aux enchères, que la perception des impôts était confiée à certains individus.

Selon Volney, la totalité du revenu que le Sultan tire de la

Syrie est de 6.000 bourses environ. Ifeis ce que le pays rapporte aux fermiers mêmes monte à 24600 bourses qui font 30.750.000

livres . Tous les moyens étaient permis pour recueillir la plus grande quantité d'argent afin de pouvoir payer le fermage et se préserver une fortune considérable.

Lorsque le mîrî ne rentrait pas, "des garnisaires s'ins­

tallaient dans les villages pour exiger les sommes reclamées et les contribuables retardataires avaient ainsi à assurer leur entretien, en plus de tout le reste"^^^^. Tout cela a causé le tfouble et le désordre dans les affaires de l'Etat et dans tous les domaines.

Voici quelques exemples de la conduite des pachas : a- Le pacha néglige d'envoyer à la caisse centrale, ce qui

lui revient des différentes perceptions, gardant tout pour lui-même.

b- S'il reçoit l'ordre de sa révocation, il refuse de l'éxé- cuter. Il reste à son poste et incite les gens à le sou­

tenir.

c- Parfois, le gouvernement central cherche à plaire au Wali et à le maintenir dans son poste, moyennant certaines conditions. Quelquefois, il recourt à la violence, et ordonne aux pachas des provinces voisines d'organiser des

75- Volney, op. cit., P. 356.

76- Chevallier D., op. cit., P. 145.

(29)

- 18

canpagnes militaires pour le punir et le soumettre aux ordres de l'autorité du Sultan.

d- Le pacha qui réussit dans la campagne punitive qu'il entre­

prend suivant les ordres du Grand Seigneur, demande comme récompense une nouvelle riche contrée à gouverner ou encore que l'im de ses enfants ou des siens soit nommé Wali^

e- Parfois, le gouvernement procède à la réconciliation, après avoir entamé une campagne punitive. Il accepte de main­

tenir le pacha à sa place ou de lui assigner une autre province.

f- Le Wali qui, sur l'ordre du gouvernement central a organisé une campagne militaire contre un voisin, ne se prive pas, après un certain temps et dans certaines circonstances de s'en prendre à un autre voisin, et cela, de sa propre initiative, pour les raisons personnelles ou l'ordre ma­

tériel.

g- Le gouvernement de certaines provinces devient presque héréditaire. Plusieurs pachas de la meme famille y accè­

dent comme la famille al-'Azm en Syrie.

h- Les Walis communiquent avec des états étrangers et demandent leur appui. L'histoire ottomane relève beaucoup d'exemples sur les Walis qui ont eu des contacts avec Venise, la ..a. ...

Russie, l'Angleterre et l'Autriche.

i- Le Wali reste tout à fait indépendant dans 1'administra-

( 78 ) tion de sa province pour une période plus ou moins longue'' ;

77- Husari.S,, op. cit., P. 49.

78- Ibid-.., op, cit .,-^P*. 50-51» ‘

(30)

Il est naturel qu'\m tel comportement et un tel désordre deviennent de plus en plus graves surtout dans les régions éloi­

gnées du centre du sultanat, et les pays arabes étaient parmi les contrées éloignées de la capitale de l'Empire Ottoman.

l'impuissance des ottomans contre la Russie et l'Autriche au XVIII siecle augmenta encore l'anarchie qui menaçait l'Empire de décomposition. L'armée affaiblie et indisciplinée, la flotte désorganisée, ne font plus craindre au loin le nom du G.S.

Selon le dire de Lamartine "l'Empire n'était plus qu'un nom hors de Constantinople : ses feudataires et ses propres pachas le déchiraient eux-mêmes en lambeaux" ^.

L'insubordination des gouverneurs se msuaifeste premièrement dans les provinces éloignées de Stamboul : En Egypte, l'autorité du Sultan était, depuis 1746, à la merci des chefs de Mamlûks, rebelles et maîtres du Caire. 'Ali Bey chassait le pacha et

refusait même le tribut à la Porte, De plus, il s'emparait de la mer Rouge et de la Mecque et s'alliait avec le Chaykh Dâhir pour consolider mutuellement leur rébellion

Sur les bords de l'Adriatique, le pacha de Scutari, d'intel­

ligence avec Venise, se formait une armée indépendante et bravait l'autorité du Sultan^^^^.

'Ali, pacha de Janina, déchirait une partie de l'Albanie et de la Macédoine pour s'en faire un., patrimoine indépendant.

A Bagdad, le pacha Hassan, nommé en 1702, se maintient 22 ans. Son fils est maître des trois provinces orientales :

(82 ) Bagdad, Bassra et Mardin^

79- Lamartine, op. cit., t.VIII. P, 6,

80- Voir Ramadan Mohammad Ruf'at, 'Ali Bek al-Kâbir (le Grand), le Caire, 1950.

81- Fehmi Youssoii;!,Histoire de la Turquie, Paris, 1909, P, 281.

82- Ibid., P. 282.

(31)

20 -

L'autorité du SiLLtan n'est guère mieux respectée dans les provinces plus rapprochées de la capitale. Autour de Smyrne, les Aghas entretiennent des corps de troupes et mettent souvent la ville à contribution, La Porte ne parvient à prendre sur eux- une influence momentanéesqu'en fomentant entre eux des ques l.“, rellei®^ ^.

En résumé, la cohésion dans l'Empire Ottoman, composé de pays et de peuples si différents, n'avait jamais été qu'appa­

rente : "partout existaient des germes latents d'anarchie.

Leur éclosion ne pouvait être empêchée que par l'existence d'une force militaire puissante et d'une administration vigoureuse.

Tout relâchement favorisait les velléités d'indépendance, mettait en mouvement les fauteurs de troubles et les amateurs de désor­

dres" ^.

L'apparition de l'escadre russe dans la Méditerranée en 1770 aggrava profondément la situation. Les vaisseaux russes se présentèrent dans les ports de Morée, de Syrie et d'Egypte pour encourager les révoltes. Dès lors, les agents russes ne cessèrent de travailler partout pour exciter la désorganisation et la

discorde ^.

Au début du XVII® siècle, le célèbre émir libanais,

Eakhreddin II, fonda au Mont Liban lun véritable état indépendant et en resta le maître pendant près de vinght ans^

83- Ibid.

84- Fehmi Youssouf, op. cit.,.P. 281.

85- Charles-Roux François, les Echelles de Syrie et de la Palestine au 18e siècle, Paris, 1928, P. 212.

86- lama'il 'Adel, Histoire du Liban du XVIIe siècle à nos jours, t.I, Le Liban au temps de Fakhreddin II, Paris, 1955.

(32)

Au Liban, les Druzes, les Maronites et les Métoualis qui se disputaient les meilleurs terres n'avaient de commun que le mépris de l'autorité ottomane et l'amour de leur indépendance^.

Dâhir 'Umar, maître de S.J. d'Acrç, réunissait sous son sabre les Bédouins de la Palestine, s'alliait avec les Métoualis et se soulevait contre la Porte en combattant les pachas de

Damas, de Sayda et d'Alep comme nous allons voir en détail.

87- Voir Hitti Philippe, lubnân fi al-Târikh. op. cit., P. 454 et s.

(33)

22

Comment cet empire put-il survivre si longtemps malgré les vicissitudes à l'intérieur et les guerres à l'extérieur?

Nonobstant la désintégration interne, les soulèvements fréquents des princes indigènes et les guerres suscitées aux frontières, l'Empire Ottoman vécut plus de quatre siècles.

Plusieurs causes peuvent être retenues pour expliquer cette lon­

gévité, dont les principales sont les suivantes :

1- Le prestige qu'il acquit après une période de foudroyants succès, d'éclatantes victoires sous les règnes de Selim I et Suleymân II le Magnifique.

2- La cohésion du monde islamique autour de la sublime Porte, car après tout, le sultan n'est pas uniquement son souve­

rain, mais aussi son calife, c.à.d le successeur du Pro­

phète Mahomet et le commandeur des croyants.

3- La rivalité d'intérêts entre les Puissances européennes contribua à la sauvegarde de l'Empire Ottoman. On a vu plus d'un roi Chrétien conclure avec le Sultan un traité dirigé contre un autre roi Chrétien : traité conclu entre François 1®^ de France et Suleymân II le Magnifique contre Charles 1®^ d'Espagne (Charles-Quint) en 1535; le traité conclu entre la France, l'Angleterre et le Sultan 'Abdul- Mejid contre la Russie en 1854 durant l'expédition de Crimée.

A chaque crise provoquée en Orient par la révolte des peuples, sujets de la Porte, les cabinets européens proclament la nécessité de maintenir l'intégrité de l'Empire Ottoman, devenue indispensable à 1'équilibre des grandes puissances européennes^®®^.

88- Ismâ'il 'Adel, Histoire du Liban, t.I, P. 46-47

(34)

Le fait important du début du XVI® siècle fut la naissance de l'Empire Ottoman comme puissance européenne. La France fut le premier pays européen qui noua avec c,et empire musulman, vain­

queur de Byzance, des relations amicales et ceci malgré l'oppo­

sition du Pape et l'animosité de la chrétienté à l'égard de celui-ci. La lutte entre la France et la maison d'Autriche poussa François 1®^ à chercher l'amitié et l'appui du sultan Suleymân II le Magnifique dont les armées cernaient Vienne

On attribue à Jean de la Forêt, envoyé extraordinaire du Roi de France, la conclusion d'un accord, en 1535. prélude à d'autres accords dénommés depuis lors capitulations^^ . Par ces capitu­

lations, le Grand Seigneur "accordait à la France une situation priviligiée dans son Empire; avantages particuliers concédés a-ux bateaux français et aux bateaux étrangers arborant la bannière à "fleur de lys", liberté du négoce dans les échelles pour les ressortissants français, prérogatives importantes reconnues aux consuls de France à l'égard de leurs nationaux, mise sous la sauvegarde des Rois de France des églises et des biens religieux latins"

Les capitulations obtenues successivement par la France en 1569, 1581, 1604 et 1673 confirmaient tous ces privilèges en y ajoutant djautres, notamment en matière religieuse.:

Les autres souverains européens, manifestèrent au début leur indignation envers le Roi de France pour ses accords conclus avec le monarque musulman. Mais, considérant l'importance de ces conventions, ils ne tardèrent pas, l'un après l'autre, à suivre l'exemple français et à solliciter des sultans des capitulations

89- 'Awad, op, cit,, P, 321.

90- Anis, op. cit,, P, 167.

91- Khûrî (Emile) et Ismâ'il 'Adel, al-Sîyâsa al-Dawlîyya fi al-charq al-'Arabi (la politique internationale dans l'Orient arabe) de 1789 à 1958, t.I,

Beyrouth, 1959, P. 15.

(35)

- 24 -

identiques. Les Anglais eurent les leurs en 1571 et 1581, les Hollandais en 1612. Ces capitulations ont largement ouvert les ports turcs aux négociants européens qui y importent en quantités extraordinaires des objets manufacturés et exportent, en retour, des matières premières; "le tout au plus grand bénéfice des

chrétiens du pays que leur connaissance des usages locaiix désigne naturellement pour servir de courtiers, de commissionnaires et de drogmans"'^ , Les villes syriennes maritimes profitent largement de ce double courant commercial^^.

Nombreux sont les auteurs qui ont tendance à considérer les capitulations comme des traités de puissance à puissance c'est là une erreur qu'il convient de rectifier, car par leur nature juridique, leur présentation, leur durée de validité, les capitvilations n'ont rien de commun avec \m traité en bonne et due forme, ayant un caractère bilatéral dont décoiilent pour les parties des obligations réciproques. Elles ne sont, en fait, qu'un Khatti-Chérif. un acte gracieux émanant uniquement du G.S, par lequel son altesse accorde des privilèges et des bénéfices à une nation étrangère sans exiger d'autre contrepartie de son souverain, que le maintien de son amitié. Ce sont, en quelque sorte, l'équivalent des lettres patentes et des édits que promul- gaient a l'epoque les princes européens .

Malgré ces avantages importants concédés par les capitula­

tions, les relations entre le sultan et la plupart des puissances européennes connurent durant le XVII® et le XVIII® siècles des périodes de crises aiguës. C'est l'une des raisons pour les­

quelles la validité des capitulations était toujours limitée au règne du sultan qui les accordait, n'engageant nullement ses

92- Revue des Etudes Islamiques, Année 1934, Paris, 1934, P.468.

93- Hakim (al) Yûsuf,. Sûriyâ wa al-'Ahd al-'Uthmanî, 2e éd, Beyrouth, 1980, P. 23-24.

94- Khûrî et Ismâ'il, op. cit,, P. 19.

(36)

successeixrs. Le sultan lui-aême, durant les périodes critiques, pouvait les suspendre^.

Les crises étaient dues généralement aux coalitions des rois chrétiens contre la Porte ottomane dans les Balkans et en Méditerranée, et surtout aux projets épisodiques de croisade pré­

parés sous l'égide de pape par certains états européens, y. compris la France, alliée pourtant traditionnelle du sultan.

Le commerce des Français en Orient était la principale victime de cette politique anti-ottomane, alors que celui des Anglais, leurs principaux concurrents, y prospérait d'autant, l'Angleterre n'était jamais partie prenante dans ces velléités de croisade

Dès la fin du XVII® siècle et à partir du XVIII® siècle, la nature des relations politiques et économiques entre l'Orient et l'Occident va subir de profondes modifications par suite de la décadence ottomane^^, A l'origine de ce déclin : l'incapacité des sultans, la corruption de l'administration, l'indiscipline des janissaires et surtout l'insuffisance des institutions dans un état très vasteCet affaiblissement de la Turquie sera contemporain de la naissance dans la vie politique européenne d'une nouvelle puissance maritime, la Russie. L'apparition de ce nouvel Etat va donner d'autres dimensions à la fameuse Question d'Orient ,

La Révolution française jeta naturellement un grand trouble dans les relations de la France avec le Levant. Obligée de tendre toutes ses forces pour l'oeuvre de réorganisation intérieure et.

95- Ibid.,P. 20.

96- Ibid f ,P. 17-18>.

97- 'Awad.'A, op. cit., P, 321 98- Anis.M». op. cit., P. 167 99- Anis.M,. op. cit., P.1169

(37)

- 26

la lutte contre l'invasion, la France ne put prêter grande atten­

tion au maintien de son influence dans des contrées encore loin- + • (100)

taxnes

100- Ristelhueber René, Traditions françaises au Liban, Paris, 1918, P. 265.

(38)

INSTITUTION CONSULAIRE EN ORIENT

L*institution consulaire en Orient est aussi ancienne que le comerce de la soie et des épices, qui se faisait avec la Perse et l'Inde, par 1'intéraédiaire des ports levantins nonnes

"échelles" ou plus précisénent "escales" .

Les Flarseillais ont jeté les preniers fondenents du con—

nerce du Levant. Ils étaient établis dans les Echelles avant 1535, date du début des relations politiques entre la France et l'Enpire Ottonan. "le connerce qui se faisait par Marseille au Levant était d'une certaine considération, puisque cette ville nonnia.it très anciennenent des consuls pour tâcher de lui procurer la protection dont il avait bésoin"^.

les négociants européens étaient établis dans les échelles de Syrie et de Palestine en petites coonimautés appelées

"nations". Les Republiques italiennes d'abord, les cités néri- dionales françaises ensuite, organisèrent, les prenières, la vie communautaire de ces nations et leurs activités commerciales.

Au début, leurs membres choisissaient l'un d'entre eux, pour les représenter et les défendre auprès des autorités locales.

Celui-ci prenait le titre de Consul qui lui était reconnu par les autorités de son pays d'origine, et notamment par la Chambre de Connerce de la ville dont il dépendait ^, Les consuls

percevaient des droits de 2% sur les marchandises faisant l'objet du négoce de leurs compatriotes. Ils exercent sur eux les fonc­

tions de juges, d'arbitres, de conciliateurs^. Les plus importants de ces droits restaient incontestablement ceux

101- Khûri et Isna'il, op. cit., t.I P. 19.

102- Charles Roux (François), op, cit., P, 164.

103- 'Awad 'A, op. cit., P. 234.

104- Charles Roux, op. cit., P. 114.

(39)

28

concernant le droit de juridiction^ien natières pénale et coniner- ciale. Depuis longtemps en Orient, ces droits étaient reconnus aux organismes consulaires. Du temps de Byzance, les empereurs grecs avaient reconnu aux Vénitiens et aux Génois le droit d'être

jugés par des magistrats de leur nationalité.

Le Sultan Mehmet II confirma ce privilège après la conquête de Constantinople^. "Les maisons de commerce franques n'ont pa toutes la considération qu'elles pourraient avoir. Elles sont cependant privilégiées par le gouvernement turc. Elles payent moins de droits de douanes que les sujets de la Porte, et sont exemptes de toute autre contribution. Elles abusent souvent de ce privilège pour quelques piastres, en prêtant leur nom aux indigènes, et expédiant des marchandises qui ne leur appartien­

nent pas; aucun consul n'ignore cet avide', manège, mais aucun n'a essayé d'y mettre obstacle, et tous aident à sixrprendre la bonne foi du gouvernement, et la confiance qu'il montre aux étrangers"

Quelques auxilliaires du consul ont joué au Levant un rôle de première importance. C'étaient les drogmans barataires qui parlaient l'arabe et le turc et qui étaient les vrais intermé- diaires entre le consul et les autorités locales' .

Le barat ou privilège est \me patente dont le sultan fait présent aux ambassadeurs européens, qui en faisaient présent à leur tour à des sujets choisis dans chaque échelle. Mais, depuis 1760, on commence de les vendre. Le prix atteint 5 à 6 mille livres;

chaque ambassadeur en a 50, qui se renouvellent à la mort de chaque titulaire, ce qui forme un casuel assez considérable^^^®^.

105- Khûrî et Ismâ'il, op. cit., P. 19.

106- M. Delaroière, Voyage en Orient, Paris, 1836, P. 48-49.

107- En arabe terdjeman.

108- Volney, op. cit., P. 385.

(40)

LA CONCURRENCE COLONIALE ENTRE LES PUISSANCES EUROPEENNES

C'est vers la fin du XIII® siècle que les prenières mani­

festations apparurent, de l'intérêt que l'Europe prenait à nou­

veau depuis les Croisades, aux pays du Levant, en fonction préci­

sément du long cycle d'affaiblissement et de décadence, en lequel entrait l'Empire Ottoman. Ne pouvant réaliser de vastes entre­

prises dans l'Europe occidentale, les grandes puissances se dirigèrent vers les Balkans, l'Asie turque, les pays arabes qui offrent un milieu très favorable d'expansion économique et d'in­

fluence politique.

De plus, l'Empire Ottoman est souverain légitime de quel­

ques points stratégiques, dont la possession est la condition de toute domination maritime et de toute hégémonie mondiale : le Bosphore, les Dardanelles, toutes les routes de l'Inde passent dans les eaux ou sur le territoire de l'Empire Ottoman. Toutes les grandes alliances ou ententes européennes avaient pivoté autour de la Question d'Orient; à propos de laquelle, elles s'étaient presque toujours conclues ou rompues

Vis-à-vis de l'Empire Ottoman, les grands Etats européens se subdivisent en deux parties : les uns ont intérêt à précipiter sa ruine, pour s'en approprier les morceaux; les autres préfèrent maintenir la souveraineté du sultan et l'intégrité de ses Etats dans l'espoir d'y exercer une influence prépondérante ou d'en excliure leirrs riveaux^^^®^

La France et l'Angleterre se signalaient par leurs visées sur la Syrie et l'Egypte, l'Autriche par ses tendances à l'ex­

pansion dans les Balkans. Quant aux russes, ils ambitionnaient

109- Pinon René, L'Europe et l'Empire Ottoman, Paris, 1909, P. 3.

110- Ibid, P. 4.

(41)

- 30 -

l'occupation de Constantinople et la domination du Bosphore et des Dardanelles.

En 1774, la Russie par le traité de Kaïnardji était deve­

nue la protectrice des chrétiens orthodoxes de l'Empire Ottoman, imposant ainsi à la Turquie son immixtion dans ses provinces ^ Les Anglais souhaitent d'assurer vine libre et rapide commmica- tion entre leur capitale et l'Inde, d'où la grande importance de l'Egypte et de la Syrie.

La France, depuis François 1 , profitait de 1'amitié de la Turquie pour obtenir le protectorat des chrétiens catholiques.

C'est ainsi que les puissances européennes servira l'inter­

vention en faveur des minorités chrétiennes soumises aux turcs, comme support à leur politique d'ingérence constante dans les affaires intérieures ottomanes.

D'autre part, l'intention de Nicolas à démembrer l'Empire Ottoman conduisit la Russie à la guerre de Crimée et au traité de Paris, qui éloignait la puissance russe de Constantinople et de la Méditerranée.

Quant à la Grande Bretagne, sa politique consista avant comme depuis l'ouverture du canal de Suez, à intervenir contre l'établissement d'ime puissance redoutable à Stamboul, en Egypte, en Syrie ou en Perse; car ce serait un grand péril pour les

routes terrestres ou maritimes de l'Inde et du commerce orien­

tal Ainsi, la Russie, dans ses efforts pour sortir de sa prison Continentale, se heurta fatalement aux intérêts anglais.

111- Ibid, P. 9.

112- M. Jouplain, La Question du Liban, 2e éd., Jounieh, 1961, P. 150.

113- Khûrî et Ismâ'il, op. cit., t.I, PP. 11-29.

(42)

PREMIERE PARTIE

SITUATION DE LA SYRIE SOUS LA DOMINATION OTTOMANE EN PARTICULIER AU XVIII^ SIECLE

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- 32 -

CHAPITRE I

LA POLITIQUE ADMINISTRATIVE DES OTTOMANS EH SYRIE

Le sultan Sélin 1®^, après avoir vaincu les Perses en 1514

* X

et conquis l'Iraq, décida de s'approprier l'empire des Mamlûks . Il lança ses janissaires sur la Syrie et détruisit à Î-Iarj-Dâbeq, près d'Alep, (24 Août 1516), la résistance des IVIanluks.

leur siiltan Qânsouh al-Ghoury fut tué, Alep et Damas se rendirent sans résistance^. Sélim I poussa sa marche vers l'Egypte et battit le dernier mamlûk, Tûmam Bey, à Raydâniyyé le 22 Janvier 1517(115)^

les ottomans regardèrent les pays ouverts comme "la dé­

pouille d'un ennemi vaincu, comme un bien acquis par le droit des armes et de la guerre"^. Ils conservèrent dans leurs grandes lignes les circonscriptions territoriales telles que les avaient fixées les îîamelûks et ils se montrèrent en géné­

ral peu disposés à innover dans un domaine ou les coutumes an­

ciennes sont tellement enracinées^^, Pour cela, ils n'imposent

X- Râfeq 'A, Bilâd al-Châm, §7.

114- Kurd 'Ali, op. cit., t,II, P. 219-223; Râfeq 'A, Bilâd al-Cham, 99-101.

115- Brockelman Karl, Târikh al-Chu'ub al-Islâmiyya, Traduit de l'Allemand, Beyrouth, 1961, t,III, P. 62-63;

Râfeq 'A, Bilad al-Châm, 106.

116- Volney, op. cit., P. 361.

117- Anis M., op. cit., P. 144; Kurd 'Ali, op. cit., t.II, P.231.

118- S'ur les subdivisions de la Syrie avant la conquête ottomane, cf. Gaudefroy-Demombjmes, la Syrie à l'époque des des Mameloiiks, Paris, 1923.

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° Parallèlement, l'érosion des forces classiques des partemires de l'Alliance s'est poursuivie sans discontinuer pour des raisons diverses, de nature économique, de