Compl´ements `
a l’expos´e du 03/05/2018
Sylvain Dotti May 11, 2018
Abstract
Le th´eor`eme de continuit´e de Kolmogorov, le caract`ere H¨old´erien des trajectoires du Mouvement Brownien, remarques sur l’int´egration par parties stochastique et sur le lemme d’Itˆo.
1
Le th´
eor`
eme de continuit´
e de Kolmogorov
Soit un espace probabilis´e (Ω, F , P) muni d’une mesure de probabilit´e P compl`ete, d’une filtration (Ft)t∈R+
• compl`ete i.e. F0 contient les ensembles de P-mesure nulle.
• continue `a droite i.e. ∀t ∈ R+, F t=
\
s>t
Fs,
et soit X : Ω × R+→ R un processus stochastique adapt´e `a la filtration (Ft)t∈R+.
S’il existe des constantes α, β, C ∈ R+∗ telles que
∀s, t ∈ R+, E
|X(t, ω) − X(s, ω)|β≤ C |t − s|1+α
alors il existe une modification ˜X de X telle que les trajectoires de ˜X soient localement γ-H¨old´eriennes, ∀γ ∈]0,α
β[.
Plus pr´ecis´ement, ∀ω ∈ Ω, ∀T ∈ R+∗, ∀γ ∈]0,αβ[, ∃K(ω, T, γ) ∈ R+∗ telle que
• ∀s, t ∈ [0, T ], ˜ X(t, ω) − ˜X(s, ω) ≤ K(ω, T, γ) |t − s| γ • E |K(ω, T, γ)|β < +∞.
2
Une d´
emonstration
On consid`ere le sous-ensemble D de [0, T ] :
D = [
m∈N
Dm (2.1)
o`u Dm =
kT
2m : k = 0, 1, ..., 2m , ∀m ∈ N. L’ensemble D est dense dans [0, T ].
Fixons M ∈ N. Soient s, t ∈ D tels que |s − t| ≤ 2TM, il existe i, j ∈ N ∩ [M ; +∞[
tels que s ∈ Dj, t ∈ Di.
Les suites (sm)m∈N et (tm)m∈N de terme g´en´eral sm = sup{x ∈ Dm : x ≤ s} et
tm = sup{x ∈ Dm : x ≤ t} sont croissantes, la premi`ere est stationnaire `a partir du
rang j et converge vers s, la deuxi`eme `a partir du rang i et converge vers t. On peut alors ´ecrire
|Xt− Xs| = j X m=M Xsm+1− Xsm + XsM − XtM + i X m=M Xsm− Xsm+1 ≤ 2 sup(i,j) X m=M sup {u,v∈Dm:|u−v|=2mT } |Xu− Xv| car ∀m ∈ N, |sm+1− sm| = 2m+1T ou 0, de mˆeme |tm+1− tm| = 2m+1T ou 0. Ainsi, (K(ω, T, γ))β := sup s,t∈D,s6=t |Xs− Xt|β |s − t|γβ = supm∈N sup {s,t∈D : T 2−m−1<|s−t|≤T 2−m} |Xs− Xt|β |s − t|γβ ! ≤ sup m∈N 2(m+1)γβ Tγβ sup {s,t∈D : |s−t|≤T 2−m} |Xs− Xt|β ! ≤ sup m∈N 2(m+1)γβ Tγβ × 2 ∞ X p=m sup {u,v∈Dp:|u−v|=2pT} |Xu− Xv|β ≤ 2 1+γβ Tγβ ∞ X p=0 2pγβ sup {u,v∈Dp:|u−v|=2pT} |Xu− Xv|β . Or, ∀p ∈ N, E sup {u,v∈Dp:|u−v|=2pT} |Xu− Xv|β ≤ E X {u,v∈Dp:|u−v|=2pT} |Xu− Xv|β ≤ X {u,v∈Dp:|u−v|=2pT} E |Xu− Xv|β≤ 2p+1 T 2p 1+α = T 1+α 2pα−1,
donc E (K(ω, T, γ))β≤ 2 1+γβ Tγβ ∞ X p=0 2pγβ T 1+α 2pα−1 < +∞ car γβ < α.
Donc, presque sˆurement, K(ω, T, γ) < +∞. Ainsi, presque sˆurement ∀s, t ∈ D, |X(s, ω) − X(t, ω)| ≤ K(ω, T, γ)|s − t|γ.
Pour chaque ω ∈ Ω\N avec P(N ) = 0, on prolonge par continuit´e X(., ω) d´efinie sur D pour obtenir ˜X(., ω) d´efinie sur [0, T ].
Pour prouver que ˜X est une modification de X, on se donne t ∈ [0, T ] et une suite (tn) ⊂ D convergeant vers t, puis on calcule
E X(t, ω) − ˜X(t, ω) β = E lim n→+∞|X(t, ω) − X(tn, ω)| β ≤ lim inf n→+∞E |X(t, ω) − X(tn, ω)|β≤ lim inf n→+∞C |tn− t| 1+α = 0.
3
Les trajectoires du Mouvement Brownien sont presque
sˆ
urement localement γ-H¨
old´
eriennes pour γ <
12, mais
pas pour γ =
12.
Preuve (tir´ee du livre de Gallardo [Gal08]):
Soit B : Ω × R+ → R un Mouvement Brownien adapt´e `a la filtration (F
t)t∈R+. Soient 0 ≤ s < t < +∞, E |B(t, ω) − B(s, ω)|β= |t − s|β2 Z R |x|β √1 2πe −x2 2 dx
donc, on peut appliquer le th´eor`eme pr´ec´edent si β > 2 en prenant α = β2 − 1 : il existe une modification ˜Bβ de B qui soit localement γ-H¨old´erienne pour tout γ ∈]0,αβ[.
On peut remarquer que
β 2 − 1 β = 1 2 − 1 β →β→+∞ 1 2. Soient n, m ∈ N\{0, 1, 2}, deux modifications ˜Bn et ˜Bm v´erifient
P
ω ∈ Ω : ∀t ∈ R+, ˜Bn(t, ω) = ˜Bm(t, ω)
= 1.
L’ensemble \ n,m n ω ∈ Ω : ∀t ∈ R+, ˜Bn(t, ω) = ˜Bm(t, ω) o
est de probabilit´e 1, les modifications ˜Bn, n ∈ N\{0, 1, 2} sont toutes ´egales sur cet
en-semble, elles sont donc localement γ-H¨old´erienne quel que soit γ < 12 sur cet ensemble. Elles sont donc P-presque sˆurement localement γ-H¨old´eriennes.
Soient ω ∈ Ω, T ∈ R+∗, n ∈ N∗ , on a sup 0≤s<t≤T |B(t, ω) − B(s, ω)| √ t − s ≥k∈{0,1,...,2maxn−1} sup kT 2n≤s<t≤ (k+1)T 2n |B(t, ω) − B(s, ω)| √ t − s (3.1) que l’on va ´ecrire
Y ≥ max
k∈{0,1,...,2n−1}Yk.
Pour le sup du terme de gauche (dans l’in´egalit´e (3.1)), on peut se restreindre aux s, t ∈ D (cf (2.1)), ce qui montre que la loi de Y est celle d’une variable al´etaoire |X| avec X qui suit la loi normale centr´ee r´eduite. C’est aussi vrai pour les Yk du terme de
droite (dans l’in´egalit´e (3.1)). Or ∀A ∈ R+∗,
P (Y < A) ≤ P (Y0< A, Y1< A, ..., Y2n−1< A) = P (Y0< A) 2n = P (Y < A) 2n , car les accroissements du Mouvement Brownien sont ind´ependants. Ainsi,
∀A ∈ R+
∗, P (Y < A) = 0 et donc Y = +∞ presque sˆurement, ce qui prouve que les
trajec-toires du Mouvement Brownien ne sont pas presque sˆurement localement12-H¨old´eriennes.
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Compl´
ements sur l’int´
egration par parties stochastique
Soient A, C ∈ L2([0, T ] × Ω, P rog, dt ⊗ P), le processus stochastique X : (t, ω) 7→ X(t, ω) = X(0, ω) + Z t 0 A(s, ω)ds + Z t 0 C(s, ω)dB(s, ω) d´efini ∀t ∈ [0, T ], ∀ω ∈ Ω, est appel´e processus d’Itˆo. L’´egalit´e
X(t, ω) = X(0, ω) + Z t 0 A(s, ω)ds + Z t 0 C(s, ω)dB(s, ω) se note dXt= Atdt + CtdBt.
Soient deux processus d’Itˆo X et Y , avec dYt= ¯Atdt + ¯CtdBt.
On a la formule d’int´egration par parties suivante :
d (X × Y )t= XtdYt+ YtdXt+ CtC¯tdt
qui signifie donc ∀t ∈ [0, T ] :
X(t, ω)Y (t, ω) = X(0, ω)Y (0, ω) + Z t 0 X(s, ω) ¯A(s, ω)ds + Z t 0 X(s, ω) ¯C(s, ω)dB(s, ω) + Z t 0 Y (s, ω)A(s, ω)ds + Z t 0 Y (s, ω)C(s, ω)dB(s, ω) + Z t 0 C(s, ω) ¯C(s, ω)ds. Elle est aussi not´ee
X(t, ω)Y (t, ω) = X(0, ω)Y (0, ω) + Z t 0 X(s, ω)dY (s, ω) + Z t 0 Y (s, ω)dX(s, ω) + Z t 0 C(s, ω) ¯C(s, ω)ds pour ressembler `a l’int´egration par parties de l’int´egrale des fonctions de classe C1. Le terme suppl´ementaire
Z t
0
C(s, ω) ¯C(s, ω)ds est appel´e terme d’Itˆo.
Exemple : Les trajectoires de (t, ω) 7→ Z t 0 s dB(s, ω) s’´ecrivent `a ω fix´e : t 7→ t × B(t, ω) − Z t 0 B(s, ω)ds.
5
Le lemme d’Itˆ
o
Soient A, C, X ∈ L2(Ω × [0, T ], P rog, dt ⊗ P) des processus stochastiques, tels que dXt= Atdt + CtdBt. Si f ∈ C2,1(R × R+), on a la formule d’Itˆo : d (f (Xt, t)) = (∂tf ) (Xt, t)dt + (∂xf ) (Xt, t)dXt+ 1 2C 2 t × (∂xxf ) (Xt, t)dt.
Gallardo dans son livre [Gal08] est finallement un des rares auteurs `a donner une preuve compl`ete. Je ne vais pas la copier ici, elle se construit au fil des pages 153 `a 160. Grˆace `a la d´efinition de l’int´egrale stochastique, il prouve que
d(tBt) = Btdt + tdBt.
Grˆace `a ce r´esultat, il prouve la formule d’int´egration par parties stochastique pour les processus ´el´ementaires. Puis il prouve le cas g´en´eral de l’IPP stochastique grˆace `a l’isom´etrie d’Itˆo.
Il se sert de ce r´esultat pour prouver que le lemme d’Itˆo est vrai dans le cas particulier o`u f ne d´epend que d’une variable et s’´ecrit f (x) = xn avec n ∈ N∗. Il proc`ede par r´ecurrence sur n. Puis il g´en´eralise le r´esultat aux fonctions f (x, t) = P (x)g(t) avec P polynˆome et g ∈ C1(R+). Enfin, un r´esultat de densit´e permet d’´etablir le cas g´en´eral, c’est `a dire pour les fonctions f ∈ C2,1(R × R+).
References
[Gal08] L´eonard Gallardo. Mouvement brownien et calcul d’Itˆo: cours et exercices cor-rig´es. Hermann, 2008 (cit. on pp. 3,6).