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Etude des conditions économiques en Afrique, 1971-72(Partie II)

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Texte intégral

(1)
(2)

, ,

ETUDE DES CONDITIONS ECONOMIQUES EN AFRIQUE, 1971-72

NATIONS UNIES,New York 1974

(P'ARTIE II)

(3)

lettres majuscules et de chiffres. La simple mention d'une cote dans un texte indique qu'i I s'agit d'un .document de l'Organisation. Les cotes des documents de f'Organisation des Nations Unies precedees par Ie symbole E ICN.14/ ••• indiquent que Ie document a ete pub l i e sous les auspices de ta Commission econom ique pour I' Afrique.

L es signes ci-aprs .... sont employes dans Ia presente~ :

.•. :=chiffre non disponible; - =zero ou quanti te negligeable •

Une barre oblique placae entre deux m i l l es ime a > par exemple : 1960/61 - indique une campagne agricole. Lorsque les deux ml l Ie s i me s sont reunis par un trait d'union - par exemple : 1960-1966 - iI s'agit generalement d'une serie annuelle comprenant routes les annees civiles irrtermedi airea et les annees, in i tl ale et finale, indique es , Le trait d'union indique egalement les periodes pour lesquelles on a cal cu la l e s taux annuels moyens dac-

croissement.

l'expression "Afrique en vole de developpement" s'entend de tous les pays et territoires d'Afrique autres que la R epub lique sud-a tr lc ain e ,

La composition de l'Afrique du Nord, de l'Afrique de l'Ouest, de l'Afrique du Centre et de l'Afrique de I' Est s'etablit comme suit:

Afrique do Nord

Afrique de l'Ouest

\frique du Centre

frique de I'E st

Algerie, E gypte, Maroc, R epublique arabe I ibyenne, Soudan et Tunisie.

COte d'lvoire. Dahomey, Gambi e , Ghana, Gu irte e , Haute-Volta.

L iberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Senegal, Sierra Leone et Togo.

Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Gu inee equatoria le , R epubl ique centrafricaine, Rwanda, Tchad et Z arre ,

Botswana, E th io pi e, Kenya. L e s otho , Madagascar. Ma lawi , Maur ice, Ouganda. R epubl ique-Un ie de T anzan ie , Soma lie, Souaz Hand et Z ambie.

E / eN.14/6281 (P artie II)

PUBLICATION DES NATIONS UNIES

No. de vente: F • 74 . II . K . 2

Prix: e E.U. 6.00 (ou I' equivalent en monnaie du pays )

(4)

Addis-Abeba

, ,

ETUDE DES CONDrrlONS ECONOMIQUES

'"

EN AFRIQUE, 1971-72 (PARTIE II)

TABLE DES MATIERES

Note liminaire - page IV

Chapitre Page

1 INT RODUCT ION 2

2 L'EVOLUTION DE LA POPULATION AFRICAINE,

, 960 - 2000 14

3 L' ACCROISSEMENT DE LA PRODUCTION

ET DE L 'EMPLOI, 1960-2000 26

4 LE CHOMAGE ET LES MI GRAT IONS

AU GHANA 47

"

5 L E C HOI X DE S TECH N IauE S 73

6 DEVEL OP PE MENT ET INDI CAT EUR S

DE DEVELOPPEMENT 100

NATIONS UNIES ,New York 1974

J

f -

(5)

Le present document qui constitue

a

la fois la deuxieme partie de l'Etude des conditions economiques en Afrique,

1971

et de celIe de

1972,

est la troisieme livrai- son d'une serie de rapports consacres

a

l'examen approfondi de sujets importants qui interessent Ie developpement economique de l'Afrique. II sert aussi de complement

a

l'analyse annuelle de la conjoncture economique courante qui fait ltobjet de la pre- miere partie de l'Etude. Par suite de difficultes liees au rassemblement et

a

l'ana-

lyse de renseignements pertinents, il nla pas ete possible d'etablir parallelement, conformement

a

ltusage habituel, une deuxieme partie separee pour l'Etude de

1971

et pour celIe de

1972.

La presente etude qui porte sur Ie probleme de Itemploi en Afrique - question qui est desormais au coeur meme des discussions relatives aux objectifs de develop- pement - a pour objectif fondamental de contribuer

a

une meilleure comprehension du probleme et de ses consequences pour la politique economique

a

suivre, compte tenu du fait que les causes du scua-deveIoppement et du chfmage sont souvent de nature quali- tative et que les renseignements dont on dispose pour formuler des conclusions vala- bles sur l'ampleur du probleme sont tres peu sUrs, surtout en Afrique,

ou

l'inexis- tence de certaines statistiques de base est en soi un indice important de sous-deve- loppement.

Pour determiner Ie chiffre de la popula~iontot ale et de la population active au cours de

"1'

annee de base", et pour pr-evoi.r- l' accroissement des effectifs de

"1'

annee de base", on a fait appel aux statistiques demogr-aph i.que s africaines et pour donner une idee de la structure de Iteconomie et des taux de croissance globaux et sectoriels, on s'est refere aux donnees de comptabilite nationale. I I est certain que ces ren- seignements sont incomplets, par bien des points comme les statistiques africaines le sont dans leur quasi-totalite. Cependant, on les juge suffisamment exacts pour reve- ler avee suffisamment de precision, llampleur du probleme dtemploi en Af~ique. Dans la situation actuelle de ltAfrique, ce probleme est plus evident dans les zones ur- baines que dans les zones rurales. Eli egard aux liens intimes qui existent entre Ie probleme de l'emploi et Ie choix des techniques, on a procede

a

un bref examen des differentes techniques disponibles, surtout dans Ie secteur moderne de l'econornie.

La question du developpement etant Ie theme general de la presente Etude,

ou

lion insiste beaucoup sur la penurie de donnees et Sur les insuffisances de ~~les qui sont disponibles, on pr-eaerrte finalement quelques lignes directrices pour Le rassemblement et ltanalyse des indicateurs de developpement. I I convient peut-etre de repeter que les renseignements ayant servi de base

a

cette Etude ne sont pas toujours surs et que certaines des opinions qui y sont exprimees sont controversees. Cependant, la rarete des analyses de ce genre qui situent Ie probleme de l'emploi en Afrique dans Ie cadre de la definition des grandes orientations fondamentales, justifie cette contribution, dont la publlcation, il faut l'esperer, stimulera des reflexions et des travaux de recherche supplementaires.

La presente Etude est publiee sous la responsabilite du secretariat; les opinions qui y sont exprimees nlengagent ni la Commission ni les Etats membres.

Le Secretaire executif

R.K.A. Gardiner

,I

(6)

..

Une analyse comparee, meme sommaire, des revues economiques et des programmes de travail des instituts de recherche et des organisations internationales, montrera que Ie probleme de l'emploi retient

a

present dans les pays en voie de developpement une attention bien plus grande qu'il y a 10, voire cinq ans. Par ailleurs, l'emploi n'est plus une question marginale m~is se trouve au cours meme des preoccupations actuelles

a

tel point que lion se pose serieusement la question de savoir 8i I'aug- mentation de ltemploi et l'accroissement de la,production sont ou non des objectifs

compatibles.

Bien que beaucoup de chases se soient produites en Afrique au cours de la de- cennie ecoulee, par certains points fondamentaux les problemes economiques du cont1- nent ne differaient pas sensiblement en 1970 de ce qulils avaient ete en 1960. II n'est pas douteux que meme avant 1960, la population et la population active de l'Afrique etaient deja en forte augmentation et qu'en 1970 tout comme en 1960, les buts fondamentaux de modernisation etaient

a

la fois generalement acceptes et loin d'etre atteints. A la fin de la premiere dizaine d'annees qui avait suivi l'acces- sion

a

I'independance politique, l'economie des pays africains demeurait essentiel- lement rurale, Ie gros de la population restant tributaire d'activites

a

faible pro- ductivite et seule une proportion tres restreinte de la population active exer9ant un emploi salarie (relativement bien pqye) dane Ie secteur moderne. II faut done expliquer aussi bien l'indifference ant er-Leur-e queLtactueL interet

a

ltegard dee questions de l'emploi.

D'apres les ouvrages de publication recente, l'explication generalement admise du manque d'interet anterieur serait la suivante : si Ie probleme de l'emploi nl a pas precedemment fait I'objet d'une attention particuliere, c'est qu'on etait convaincu que soutenir la croissance favoriserait aussi l'emploi; l'experience a cependant dissipe cette illusion; d'oll Ie nouvel interet manifeste pour les questions de l'emploi. Ainsi, selon un ouvrage recent frequemment cite, "Ie sous-emploi et l'in- suffisance des revenus etaie~t consideres comme decoulant simplement par definition du fait que les pays peu developpes sont pauvres en facteurs de production repro- ductibles, en main-d'oeuvre qualifiee et en competences techniques. Une fois que le processus de la croissance sera amorce, une fois que les richesses, les capitaux et les connaissances augmenteront et qu'en meme temps l'instruction et I'application des conceptions economiques modernes se generaliseront, les possibilites d'emploi commen- ceront

a

s'ameliorer

1/".

Des que l'on s'est rendu compte qu'une offre suffisante d'emplois ne resultait pas automatiquement de l'accroissement de la production, on a comme~ce

a

preter at- tention aux caracteristiques, causes et consequences du probleme de l'emploi. Parmi les causes, il faut mettre en premier rang, du cote de l'offre de main-d'oeuvre, Ie taux eleve dlaccroissement de la population dans son ensemble et de la population active en particulier. Ces dernieres annees, les populations africaines n'ont cesse d'augmenter

a

un rythme bien plus eleve que les taux enregistres dans les pays deve-

1/

Turnham, D., The Elnployment Problem in Less Developed Countries A Review of Evidence,

CCDE,

Paris 1971, p.9.

(7)

loppes, qu'il s'agisse de l'epoque actuelle au des stades anterieurs correspondants de l'histoire economique de ces pays. Par ailleurs on peut demontrer que Ie taux d'accroissement, qui est

a

present eleve, de la population africaine entrave la crois- sance economique, au lieu de la stimuler~. L'element demographique de base agis- sant sur l'offre de main-d'oeuvre s'ajoute

a

certaines caracteristiques influant sur la demande du marche du travail dans Ie secteur moderne, telles que l'etroitesse initiale de ce marche, Ie comportement des milieux d'affaires, les distorsions du cout des facteurs de production et l'orientation de plus en plus nette de la techni- que moderne vers l'emploi de capitaux importants par rapport

a

la main-d'oeuvre, pour faire penser que Ie plein emploi (quelle que puisse etre l'acception exacte de oette expression dans un pays en voie de developpement) ne saurait etre obtenu (du moins dans un avenir previsible) par la croissance economique moderne dans Ie sens habituel de ce terme. Si par exemple,

a

un moment donne quelconque, Ie secteur moderne d'une economie assure Ie plein emploi de 20 p. 100 d'une population active qui s'accroit

a

raison de

3

p. 100 par an,l'emploi dans ce secteur devra progresser de

15

po 100 par an rien que pour absorber Ie croit annuel de oette population active. II s'ensuit que la production dans Ie secteur moderne devrait augmenter de 15 p. 100 par an si l'on suppose que la productivite cosse de staccroitre et

a

un rythme encore plus ra- pide dans l'hypothese contraireo

Si Ie manque relatif d'interet, souvent evoque,pour les zones rurales vient s'ajouter

a

l'action des facteurs susmentionnes, on peut discerner deux caracteris- tiques fondamentales de l'emploi dans les pays en voie de developpement, dont ceux d'Afrique. La premiere se rapporte

a

la repartition des revenus, la seconde corre- lativement interesse la localisation du peuplernent. Si la proportion des nouveaux venus sur le marche du travail, qui est absorbee par Ie secteur moderne, diminue et si d'une maniere generale la capacite d'absorption du secteur moderne en matiere de main-d'oeuvre est restreinte, une certaine proportion (importante) des effeotifs ant er-Leur-s "empLoyee" de cette population active tentera en vain d' ac ce der- au secteur moderne. Les nouveaux venus dans la population seront done nombreux

a

etre reduits

au chomage complet au pousses vers des emplois peu productifs (qui ne procurent qu'un revenu modeste) dans les zones rurales ou dans Ie secteur urbain traditionnel

JI.

Dans ces conditions, et etant donne qu'une certaine proportion de la population active parvient reellement

a

trouver un emploi (relativement) bien paye dans Ie sec- teur moderne, on en vient facilement

a

la conviction qu'apres dix annees ou plus, une grande partie des elements plus pauvres de La population active n'ont enregistre qu'une amelioration faible ou nulle de leur condition mat.er-Lel l,e et que l' inegali te des revenus s'aggrave avec le temps. Des reflexions de ce genre sont

a

la base d'une bonne part des discussions relatives au phenomene de la "croissance sans developpe- ment" •

'lJ

Voir "Etude des conditions economiques en Afrique,

1967"

(Publication des Nations Unies, numero de vente

F.68.II.K.4),

p. x

a

xi.

J!

Ce qualificatif ne doit pas etre interprete oomme mettant en doute Ie po- tentiel economique du secteur traditionnel. Pour un examen plus camplet de oette question se reporter au Bureau international du Travail, Employment, incomes and equality: A strategy for increasing productive employment in Kenya, Geneve,

1972,

p.

5

et

6

et chapitre

13.

,

(8)

On pourrait supposer que Ie manque relatif d'interet pour les zones rurales et la coincidence, marquee mais en aucune fagon totale, entre Ie secteur urbain et Ie secteur moderne de l'economie provoquent un mouvement sensible de la population, et en particulier des travailleurs en quete dtun emploi salarie, des campagnes vers les villes. II est certain qu'au cours des annees

60,

la population urbaine a augmente

en Afrique plus vite que la population rurale et aussi plus vite qu'il n'aurait ete possible du seul fait de l'accroissement naturel

4/.

En l'absence de mouvements migratoires internationaux de quelque importance, et compte tenu de ce que le nombre d'emplois offerts dans Ie secteur moderne n'est pas parvenu

a

croitre rapidement, on est porte

a

croire que Ie probleme de l'emploi est en Afrique surtout manifeste en

milieu ur-oai n , Ce "faitII n"est pas necessairement incompatible avec l' opinion selon laquelle, pour resoudre ce probleme, la politique de l'emploi doit prater une plus grande attention aux zones rurales que jusqu'a present. II indique cependant que strategiquement parlant les mesures orientees vers Ie secteur moderne depassent peut-etre en importance la contribution des zones urbaines

a

l'activite economique tot ale.

Pour dire vrai, les caracteristiques et causes du probleme de 1'emploi ainsi que, partant, les mesures correctives

a

prendre, ne sont pas encore suffisamment connues, pas plus que Ie processus de developpement lui-meme. Marne

a

la question apparemment si simple de savoir "qui sont les chomeurs

It,

il n' est pas a.i s e de r-epon dr-e , en rai- son de difficultes

a

la fois theoriques et de mesure

2/.

Fmpr-unte e aux pays1eve-

Loppo s la notion ie "oi s.i.vete involontai r-e" ntest pas 1 tune gran1e utili te sur le plan theorique. Nombreux sont ceux qui estiment que les "sans-emploitt sont souvent plus a l'ais8 (grace par exemple

a

la facilite avec laquelle ils obtiennent un se- cours ie parents tout au long de la periode - peut-~tre prolongee - pendant laquelle ils recherchent iu travail acceptable) que les personnes qui sont trap pauvres pour pouvoir se permettre d'etre oisives. A cet egarl, on signale iu moins occasionnel- lement~ que le chomage apparait en meme temps qu'une penurie de main-d'oeuvre

§/

et i1 se pose done la question :ie savoir jusqu'a quel point Ie chomage est reellement involontaire. ~ fait, par suite iu desequi1ibre manifeste entre ltoffre et la de- mande dtemplois dans Ie secteur moderne (et des mouvements migratoires connexes des

campagnes vers les villes), on peut mettre en doute la nature involontaire d'une bonne part du chdrnage observe .lan s les pays en voie de deveLoppemen t ,

41

Voir Pickett, "Population, Labour Force and Economic Growth", The Journal Qf Modern African Studies, Vol.

11,

No.4 decembre

19739

p.

591.

21

Toute la complexite du probleme de l'emploi a ete mise en evidence dans Turnham op .cit. et dans un document intitule "Economic Development and Labour Usell , que H.J. Bruton a presente

a

un seminaire de Fondation Ford sur Ie processus de llemploi, tenu

a

Bogota du

21

au

23

fevrier

1973.

Richard Jolly, s'appuyant sur la Lecon qui se degage de trois missions du BIT en Colombie, au Sri Lanka et au Kenya, sou- ligne "qu'il nly a pas un seul pr-o'b Leme de ltemploi mais de multiples". Voir son document intitule "Employment Problems in Less Developed Countries", presente

a

une

reunion internationale OCDE/BIRD de directeurs d'instituts de recherche et de for-

; mation en matiere de developpement, tenue

a

Belgrade du

28

au

30

aout

1972.

£I

Les emplois existants sont souvent moins bien payes que les emplois auxquels , les chomeurs aspirent. Duns la mesure ou les qualifications requises pour les emplois

disponibles sont inferieures aux competences des chomeurs, certaines categories ie personnel qualifie resteraient sans emploi, meme si lIon pourvoyait les postes vacants recrutant des chomeurs.

(9)

Ces difficultes parmi d1autres que l'on eprouve pour donner une definition plus ou moins conventionnelle du chomeur sont

a

l'origine de la proposition de mesurer Ie chomage

a

l'aide du revenu, de maniere

a

ranger parmi les chorneurs tout membre de la population active qui a un revenu inferieur

a

une certaine moyenne calculee pour une societe particuliere. Cette methode se distingue par son caractere logique et par ses avantages pratiques. Axee sur les faibles revenus, el1e situe Ie prooleme de l'emploi resolument dans le cadre de l'action en faveur du developpement et elle per- met en principe de determiner ceux qui ont besoin d'un revenu plus eleve pour sur- vivre et qui sont disponibles pour occuper un emploi plus productif. Par ailleurs, on peut soutenir qu'il est reellement plus facile de mesurer ainsi Ie chomage au lieu d'essayer de compter les chomeurs proprement dits et d'evaluer, sous l'une des formes couramment utilisees, l'ampleur du chomage masque. Gependant la methode du revenu n'est pas denured'inconvenients. De toute evidence, elle ne resout pas Ie probleme

des personnes volontairement desoeuvrees qui ne disposent pas, au moment considere, de revenu gagnej elle souleve certains problemes difficiles de comparabilite inter- nationale; et elle tend

a

effacer la distinction (qui peut se reveler importante pour la politique de l'emploi) entre les problemes que pose la productivite generalement faible et les problemes relatifs au chomage.

En ce qui concerne les renseignements necessaires, on manque d'informations qui se rapportent

a

ce sujet, et serait-ce de loin. L'ouvrage de Turnham represente presque certainement l'effort Ie plus ambitieux qui ait

ete

fait jusqu'a present pour reunir une documentation aussi etendue que possible. Son ouvrage a en fait pour sous-ti tre 'un examen des renseignements ddsponib l.e s '", Turnham n!en admet pas moins

"que I'expose qui sui t est en si grande partie fonde sur des renseignements insuf- fisants et peu dignes de confiance que nous en sommes venus

a

la conviction que rien n'est plus important

a

ce stade, S1 lion veut proceder aux interpretations logiques qui sont Ie fondement de toute politique rationnel1e, qu'un effort energique pour rassembler davantage de renseignements. Nous ignorons encore presque tout des ten- dances et ne savons que peu sur les niveaux 1e phenomenes tels que Ie chomage et la pauvret o et ,

a

moins que des etudes syste·matiques ne commencent des maintenant, nous continuerons de manquer de tout renseignement sur un certain nombre ie pays impor- tantsl

1/-

Par ailleurs, la masse des renseignements disponibles est encore plus restreinte en Jlirique que dans les autres p~s en voie 1e developpement. Ainsi par example Turnham presente 19 tableaux qui contiennent des informations relatives au probleme de llemploi, pour differents pqys en voie de developpement. Dans quatre de ces ta- bleaux, aucun pays l 'Afrique n' est r-epr-esent e ; dans cinq autres tabl eaux, un seul pays africain est represente; dans quatre autres tableaux, deux pays africains sont repre- sentes; dans deux tableaux, trois p~s africains sont representes; dans trois autres tableaux, quatre pays africains sont r-epr-eaent cs et dans un tableau, neuf pays afri- cains sont representes. 11 sly ajoute que la representation africaine dans ces

tableaux est non seulement modique, mais qu'elle repose en grande partie sur un nombre restreint de pays, Ie Ghana et plusieurs pays dtAfrique du Nord etant plusieurs fois menti.onn es dans les tableaux.

Vu I'insuffisance generale des renseignements7 on attache bien entendu un grand interet

a

ceux dont on dispose. Malheureusement, les statistiques existantes sont

11

Turnham, opcci t , , p.

15.

,

(10)

toutefois tres incompletes, et ceci en raison

a

la foisde l'in~quation des definitions et de l'insuffisance de leur ehamp et des methodes utilisees pour les etablir.

En

regIe generale, les statistiques du chomage ont pour base Itactivite des bureaux de

placement~ les enquetes sur la main-d'oeuvre ou les denombrements censitaires. Ces statistiques stefforeent toutes de mesurer Ie chomage involontaire et se rapportent done aux personnes qui,

a

un moment donne, sont sans travail et qui recherehent un emploi au taux de salaire pratique. On a deja appele l'attention sur les ambigultes theoriques de cette methoie. Ce qu'il convient de signaler iei clest que ces chiffres presentent de serieuses lacunes, meme si l'on s'en sert uniquement comme indices du chomage involontaire. ~ans cet ordre d'idees, il faut mentionner la difficulte que l'on eprouve

a

determiner Ie taux d'activite et les insuffisances propres aux diffe- rentes methodes utilisees pour rassembler les donnees.

En

ce qui concerne Ie taux d'activite, l'origine du probleme est evidente.

Dans des conditions ou les emplois sont extremement rares, certaines personnes peu- vent devenir decouragees au point de se retiror volontairement de la population active.

Lorsqu'elles sont interrogees, elles indiqueront peut-etre qu'elles ne recherchent pas activement un emploi ou, dtune maniere plus euphemique, elles se pretendront

"etudiants" ou affirmeront "avoir change d'une maason "; 11 se peut n eanmoLns que ces personnes aient un revenu tres faible et qu'elles ne soient que trop pretes

a

recher- cher un emploi remunere, pour autant qu'elles estiment avoir Ia moindre chance d'en trouver un. Dans la mesure o~ il s'agit Ia d'un grand groupe de personnes, les sta- tistiques sur Ie chomage qui sont publiees pourraient faeilement sous-estimer son importance

y.

~'une man18re generale, les etats dresses par les bureaux de placement sont tenus en mediocre estime, du moins dans la mesure ou ils essaient de mesurer Ie cho- mage

2/.

Le recours aux bureaux de placement est normalernent volontaire, de la part des employeurs et de celIe des employes, ce qui fait automatiquement supposer que Ie champ de ces renseignements est incornplet, d'autant plus qu'il existe d'autres cir- cuits bien etablis pour Ie recrutement au la recherche d'un emploi. Par ailleurs, les ouvriers qui se font enregistrer comm8 etant sans travail et en quete d'un emploi, demeurent souvent inscrits sur les listes merne lorsqut i l s ont trouve un poste; et souvent on ne distingue pas dans les registres entre les chorneurs qui cherchent du

§./

A1'hypothese du "travailleur decourage", on peut opposer c el l.e du "tra- vailleur supp l ementai.r e ", selon laquelle Le niveau generalement basies revenus pousse

davantage des membres d 'une famille

a

rechercher un emploi que ce ne serai t Le cas si les revenus etaient plus elev8s. II est caracteristique de l'etat actuel de notre connaissance du probleme de l'ernploi dans les pays en voie de developpement que ces deux hypotheses soient l'une et I'autre non verifiees. Certains elements d'inforrna- tion portent toutefois

a

croire que l'hypothese evoquee dans Ie texte est plus vala- ble que l'autre. Pour un examen plus complet se reporter

a

Turnham, ibid. po 41

a 43.

21

11 suffira de citer deu~ passages typiques. Selon Turnham (ibid. po 43)

"Lea archives des bureaux de pl ac'ement sont presque inutiles"; Elkan estime dans "An Introduction to Development Economics", (Penguin Books,

1973

p. 130) que tiles chif- fres fondes sur les registres tenus dans les bureaux de placement ne presentent quasiment aucun interet ".

(11)

travail et les personnes deja oecupees qui veulent ameliorer leur position. II n'y a done rien d'etonnant

a

ee que les resultats fournis par les enquetes sur la

main-d'eouvre et par les operations de recensement soient traites avee plus d'egard que les statistiques des bureaux de placement. Pour certaines raisons dont l'inade- quation de la periode de reference pendant laquelle les personnes sont censees etre ou non en chomage7 la frequence insuffisante de ces enquetes et un certain scepti- cisme au sujet de la possibilite de concevoir et d'executer des enquetes systemati- ques du genre requis - eu egard en particulier

a

la penurie de personnel recenseur et enqueteur qualifie - certains doutes subsistent en ce qui concerne la validite des chiffres provenant d'enquetes et de recensements.

11 n'est pas sans interet d'illustrer les points faibles des renseignements disponibles et les difticultes que lion eprouve ales utiliser en procedant

a

un bref examen des resultats fournis par les recensements organises au Ghana. Les re- sultats obtenus au Ghana comptent parmi les meilleurs (ou du moins parmi les plus complets) qui aient ete enregistres dans l'Afrique en voie de developpement7 et on dispose des

a

present de certains chifires pertinents fournis par les recensements de 1960 et de 1970.

Selon les resultats des recensements, la proportion des chomeurs au Ghana a ete de 4,4 p. 100 et de 4,3 p. 100 (de la population d.e 15 ans et plus) en 1960 et 1970 respectivement, Ie taux eorrespondant pour la zone du Grand Accra etant je

8

77 et 7,1 p. 100 respectivement

lQ/o

Au regard de l'attention consacree au probleme de I' empLoi , ces t aux paraissent peu el eves et s' il s etaient "exact sII et r epr-e sentatifs de la situation generale en Afrique, on pourrait estimer que pour etre considerable, 1e chornage n'est pas catastrophique. II ne paraitrait certainement pas plus serieux que Le chSmage car acter-Laant les regions en difficul te des pays developpes (sauf dans la mesure ou I' allocation chfirnage payable clans ces regions est nettement plus e Leve e que Ie montant de la remuneration pergue par des personnes employees dans les pays en voie de developpement). II importe done de se demander si les chiffres obtenus au Ghana donnent la mesure exacte du chomage.

En

resume, on peut repondre

a

cette question que les chiffres sous-estiment l'importance du chomage au Ghana pour deux raisons: lIs sont exprimes en pourcen- tage de la population totale 1'age actif et non en pourcentage de la population active, et la definition de l'emploi utilisee aux fins de reeensement n'est pas ap- propriee. L'importance du premier de ces points est facile

a

apercevoir. Meme si Ie taux d'activite etait de 75 po 100 pour Ie groupe d'age correspondant, on obtiendrait

a

la suite de l'ajustement necessaire, un taux d'ensemble de pres de 6 p. 100 et pour- 100 "grands" centres urbainsi une proportion se rapprochant de 10 p. 100.

La definition de It emploi utilisee pour les recensements est une source encore plus importante de sous-estimation que l'artifice statistiqu8 (indispensable) qui

1Q/

Comme dans d1autres pays, on peut modifier les rapports existant entre

regions urbaines et regions rurales, en augmentant ou en diminuant Ie chiffre minimum dlhabitants par ville7 et il est certain que dans differentes villes de moindre im- portance, Le tauY de chomage a ete Lnf'er-Leur-

a

la moyenne nationale tant en 1960 qu'en 1970. Toutefois dans les grandes villes, la proportion des chomeurs a ete su- perieure

a

la moyenne et on y a enregistre, en particulier, en 1970 les chiffres suivants : Accra -

7,6

p. 100; Cape Coast - 7,5 p. 100; Sekondi-Takoradi -

7,5

p. 100;

Kumasi - 1,5 p. 100.

(12)

a

consiste a exprimer Ie chomage en pourcentage de groupes d'ages entiers. Selon cette definition sont consideres comme " empl oyes" tous ceux qui ont exerce un emploi remu- ner-e pendant au moins un jour au oours des quatre semaines precedant la nui t du re- censement; tous ceux qui travaillent dans leur propre exploitation agrioole ou prati- quant la peohe, etc.; Ie personnel de maison; les apprentis et travailleurs famili- aux non remuneres; ainsi que les personnes qui tout en qyant un emploi nlont pas travaille (c'est-a-dire les personnes en conge et les exploitants agricoles durant la saison morte). Sont compris parmi les chorneurs, les personnes ne rentrant pas dans l'une queloonque de ces categories, qui ont ete activement en quete d'emploi pendant les trois mois precedant la nuit du recensement et les personnes qui ont cesse de rechercher un emploi parce qu'elles "desesperaient d'en trouver un"

W.

L'application de cette definition exclurait manifestcment des chomeurs les personnes ayant travaille quelques jours s8ulement par an et celles qui occupaient un emploi ou travaillaient pour compte propre d'une maniere compatible avec des periodes pro- longees d'inactivite. Ainsi, il est presque certain que les chiffres provenant du recensement sous-estiment l'importance du chomage au Ghana. En fait, selon une esti- mation plausible pour 1970, 26 p. 100 de la main-d'oeuvre salariee etaient en chcmage cette annee la

1l/.

II n'est guere etonnant que Ie chomage soit difficile a definir et

a

mesurer

dans les societes africaines de nos jours. Uans Ie pass~ aucun probleme de l'emploi ne se posait dans ces societes. Chaque membre de la collectivite avait un role qui lui etait assigne et il avait dono droit

a

une part dans Ie produit de la societe.

Recemment, ce systeme traditionnel a commence

a

se degrader sous l'action de diffe- rents facteurs, tels que la penetration intellectuelle et materielle d'idees et de metho1es modernes et sous l'effet de l'accroissement important de la population. La

societe contemporaine est done une societe en transition, ou les dispositions qui servaient dans Ie passe

a

resoudre Ie probleme qui consiste

a

assurer la repartition des revenus ont perdu toute efficacite. En revanche, il reste encore

a

mettre au

point de nouvelles dispositions efficaces, et c'est dans ce domaine que se situent

a

present une grande partie des problemes lies au developpement. Acet egard, la re- cherche ne doi t pas se "Limi,t er

a

l 'emploi sa'Lari c generalise de type occidental, complete par des effectifs relativement restreints de travailleurs independants"

.1J/.

De leur cote les resultats obtenus dans les pqys a economie planifiee d'Europe orien- tale, au Japon et en Chine ne sont pas sans inter8t.

Comme on l'a deja indique, la necessite de rechercher activement un mode effi- cace de partage des revenus peut aussi etre consideree comme necessite de formuler

111

Cette reference peu orthodoxe au desespoir ne permet pas de cerner dans toute son ampleur Ie probleme des travailleurs decourages, puisque de nombreuses personnes rentrant dans cette categorie n'admettront pas qu'elles desesperent de trouver un Gmploi.

1l/

Cette estimation fait l'objet d'un expose detaille au chapitre 4 de la pre s entc Etude •

.1J/

Voir la page 14 du document de H.J. Bruton cite.

(13)

avec precision, ou du moins reformuler avec une plus grande precision, les objectifs du developpement economique. Tel que Ie suggere la reference aux resultats obtenus dans les p~s d'Europe occidentale et orientale, au Japan et en Chine ces objectifs demeurent de toute evidence generalement synonyrnes de modernisation. Plus concre- tement, on s'accorde de plus en plus pour estimer que Ie seul accroissement du pro- Quit interieur brut ou du produit interieur brut par habitant n'est pas suffisant;

que cet accroissernent doit etre accompagne par un recul sensible et generalise de la pauvrete et parallelement par l'instauration d'une plus grande egalite entre les differentes populations et les differentes regions des p~s en voie de developpement en ce qui concerne I' acce s aux emplois r emuner-es , Ainsi on a av anc e que: "Le s questions

a

poser au sujet du developpement d'un pays sont done les s~ivantes :

Qu'en est-il de la misere? Qulen est-il du chomage? Qu'en est-il·di l'inegalite ? Si tous ces trois phenomenes se sont attenues il ne fait pas de doute que la periode consideree a ete pour Ie pays interesse une periode de developpement. Si l'un ou deux de ces problemes cruciaux se sont aggraves, voire tous les trois, il serait paradoxal de parler de "deveLoppement II merne si Le revenu par habitant a augmerrt e "

l4t

S'il est axe de cette fa9on, c'est-a-dire sur les problemes de pauvrete, de chomage et d'inegalite ie la repartition du revenu, Ie developpement paralt peut-etre prendre une orientation radicale, voire,de Itavis de certains, revolutionnaire. Par ailleurs,quelques-uns- des principaux tenants de cette fagon dtenvisager les objec- tifs de developpement adoptent une attitude tres energique en ce qui concerne les obstacles

a

la realisation de ces objectifs. lIs tendent

a

discerner ces obstacles en partie ou exclusivement dans les facteurs culturels, sociaux et institutionnels ou

a

critiquer sans menagement Ie raisonnement et les techniques de ceux qui ana- lyseraient Ie processus de developpement dtune maniere autre que la leur

12/.

Qu1elles soient explicites ou implicites, les attitudes de ce genre s'en prennent

a

ce que Myrdal a appele la "conception d'apres guerre" des proble!lles du deve-

loppernent economiqueo

En

realite, et selon la description que Myrdal en donne, cette conception embrasse un ensemble de facteurs complexes. On peut cependant la quali- fier, du moins en caricature, de produit par excellence de la pensee economique et des methodes d t analyse "occidentales", qui sont en merne temps Le fonlement des po- litiques d'aide (du moins en ce qui concerne leurs aspects economiques)o

Dans les conditions actuelles, ltinconvenient de ltattitude peremptoire de ceux qui preconisent une modification radicale de la theorie et de la pratique de l'action en faveur du developpement ne tient pas

a

ce qu'elle appelle la contradiction (les opinions intransigeantes sllscitent normalement une forte opposition) mais

a

ce qu'elle masque peut-etre des questions importantes et qu'elle confere aux options fondamen-

tales un caractere plus accentue que necessaire.

En

l'etat actuel 1es choses, il ne

.141

Du11ey Seers, "Hhat are we trying to measure", The Journal of Develor;ment Studies, Volume

8,

No.3, avril 1972, p. 24.

121

Au risque de fausser It8xpose par sa brievete, on peut citer comme exemple Gunnar Myrdal et Dudley Seers. Dans son Asian Drama,Myrdal (Allen Lane, The ?enguin Press,19 68) s'interesse essentiellement au probleme des institutions; dans Economic Theory and the Underdeveloped Regions (Duckworth 1967), il conteste l'applicabilite de la theorie economi.que "o cc i.d en tale". Dans "The Limitations of the Special (;ase"

(The Bulletin of the Oxford Institute of Statistics, mai 1963) Dudley Seers a prevu Itimminence d'une revolution importante en matiere de doctrine.

(14)

serait pas difficile de croire que les personnes chargees dtarreter la politique de l'emploi et du developpement doivent faire un choix tranchant entre des formules extremes. Soit ellesrecherchent une modification radicale des attitudes (y compris fort probablement de la leur) et un divorce radical d'avec la politique preconisee ou suivie par Ie passe, soit elles acceptent l'opinion selon laquelle Ie niveau rela-

tivement faible du developpement et de l'emploi avait pour origine ltinaptitude a adopter des politiques "correctes", et conformes aux canons economiques de la '~eon­

ception d!apr-e s-guer-r-e "; Seraient normalement consa.der-ees comme "i.ncor-r-ect es " les politiques dont Itapplication fausse Ie cout des facteurs de production - comme le font les rnesures indUment genereuses dlencouragement aux investisseurs et les ~ois

fixant un salaire minimum - ou qui rendent possibles une surevaluation des parites, la mise en place dlobstacles tarifaires irrationnels et (mains souvent) une mecani- sation inopportune de l'agriculture.

Dans la presente etude on affirme en particulier que les choix extremes ne sont pas necessaires. En fait, etant donne que les jugements concernant les causes du sous-developpement et du chomage sont essentiellement qualitatifs et denues de fon- dements quantitatifs systernatiques, les choix extremes seraient peu sages. 11 est hors de doute que les facteurs limitatifs

au

developpement sont subtiles, plus re- pandus et plus profondement enracines dans la structure sociale des pays en voie de developpement qulon ne Ie pensait auparavant; et lletude continue de ces facteurs limitatifs contribuerait dans une mesure non negligeable a une comprehension encore plus intime

au

processus de cleveloppement. II est cependant egalement important de determiner Ie champ d'application possible de politiques (ltorthodoxesll) . A cet egard, la politique qui consiste

a

prendre pour objectif numero 1 l'action en faveur de la croissance economique a Ie defaut dletre non tellement incorrecte mais incom- plete.

Dans cette optique la question fondamentale qui se pose est de savoir si la re- cherche de la croissance est entierement compatible avec l'action en faveur des autres objectifs de developpement qui sont au centre de l'attention depuis l'apparition du probleme de l'emploi ou si l'interet accorde aces objectifs necessite certains sa- crifices en matiere de croissance. Vaste et difficile, cette question peut etre rattachee

a

11examen ci-dessus des conceptions du developpementj et la fa90n la plus facile de Ie faire consiste en resume a evaluer la pertinence de la theorie economi- que qui sous-tend la "conception de l' apres-guerrelt du d eveLoppement ou qui se ratta- che

a

cette conception.

II est hors de doute que la theorie classique presente certaines lacunes lors- qu'elle est appliquee aux problemes de developpement. Dans sa conception originelle, la theorie keynesienne par exemple suppose une offre illimitee de capitaux et de main-d'oeuvre. 3i on appliquait cette theorie dans les p~s en voie de developpement

a

une situation ou l'offre de facteurs de production autres que Ie travail n'est pas elastique, on aboutirait vite

a

l'inflation ou a un desequilibre de la balance des paiements

12/.

Par ailleurs,il n'est pas non plus facile de concilier les modeles

12/

Cela ne veut pas dire que la theorie de Keynes ne soit d'aucune utilite.

En

ce qui concerne les facteurs autres que le travail, on decouvre parfois des capacites non utilisees, surtout si l'on considere separement les differents secteurs. Sur le plan macro-economique, les conditions de Itemploi en Rhodesie au cours des annees

50

et 60 peuvent servir dtexemple pour montrer que les fluctuations conjoncturelles con- tribuent

a

expliquer (certes, d'une maniere insuffisante) les variations du niveau de l'emploi. Voir Pickett et Mosley, The Economic distance to Majority rule in Rhodesia, etude

a

paraitre.

(15)

a

main-d'oeuvre excedentaire mis au point pour remplacer la theorie keynesienne avec l'evolution observee au cours des annees 60. En particulier, les salaires ont connu une hausse substantielle dans Ie secteur moderne bien avant que la main-d'oeuvre exc8dentaire provenant du secteur traditionnel de l'economie ait ete absorbee, ce qui indique que Ie probleme de Itabsorption de la main-d'oeuvre n'est pas aborde comme il convient dans ces modeles qui attribuent

a

l'agriculture un role pas trop passif.

Le modele de Harrod-Domar a lui aussi fait l'objet de critiques justifiees

11/.

II n'en est pas moins possible que lion soit aIle trop loin dans la critique de la theorie classique et que cette theorie, au du moins quelques-uns de ses elements importants, presente un interet plus direct pour la poursuite des "nouveaux" objec- tifs de developpement que ne l'admettraient certains tenants de ces objectifs. S'il en est vraiment ainsi, il convient peut-etre J..e conserver l' essence de ce souci dtegalite, tout en Ie presentant sous une forme plus allechante (c'est-a-dire faire Ie necessaire pour qu1il retienne l'interet de plus vastes cercles dont certains milieux dirigeants). Par ailleurs, si lion reconnait la valeur de la theorie clas-

sique on peut, du moins dans certains cas, fournir un appui "objectif"

a

des propo- sitions de politique generalement reclamees, et faire en sorte que certains elements importants (llpronosticsll) de la theorie traditionnelle ne soient pas negliges dans cette tentative d'etablir des fondements theoriques qui tiennent compte de la con- naissance plus complete du processus du developpement que nous avons des maintenant.

Dans cet ordre dridees, on peut tout d' abord avancer que Le modele de

Harrod-Damar peut etre utilement applique au probleme de L'emploi. Sous une forme tres concise on peut dire que l'apport de Harrod-Doma~

a

la theorie keynesienne est fonde sur la oonstatation que l'investissement, tout en etant un element (voire l'element) critique de la demande, constitue un acte important de creation de capa- cites. Pour qu'il y ait equilibre, Ie revenu doit augmenter pour correspondre

a

la

capacite de produotion accrue. Cette condition d'equilibre peut etre interpretee de deux fa90ns qui sont compatibles. Elle peut etre consideree comme definissant

l'accroissement du revenu necessaire

a

l'equilibre et comme precisant Ie taux maximum de croissance realisable en l'absence d'inflation.

La condition d'equilibre de Harrod-Domar peut etre exprimee de fagon independante en termes 1e main-d'oeuvre, de sorte que Ie taux d'equilibre de croissance sera

egale

a

1 + p + Ip, ou 1 et p sont les taux d'accroissement de la population active et de la productivite respectivement. Presentee de cette fagon, la formule indique d'une part Ie taux de croissance requis et admissible et permet,dtautre part, de formuler des conclusions appropriees pour les pays developpes et les pays en voie de developpement. En ce qui concerne les p~s en voie de developpement, on en vient

a

la oonsequence importante que Ie chomage risque de progresser si les apports de capi-

11/

r.1algre tous ces de f'airt s les rno de Le s

a

main-d' oeuvre exce dent airs fournissent des renseignements precieux. En effet, ils s'interessent, i'une maniere peut-etre insuffisante, aux liens entre Ie secteur traditionnel et Ie seeteur industriel. Le premier de ces modeles, qui est

du a

Sir Arthur Lewis qui l'avait presente dans l'etude Lnt itul.e e "Economic development with unlimited supplies of labour", pub l i.e e par la Manchester School of Economic and Social Studies en mai 1954, continue

a

valoir la peine d1etre etudie d'une maniere approfondie. Pour une critique animee du modele de Harrod-Damar voir P. street en , "Th.e Uses and Abuses of Models in

Development Planning" dans Martin et KnappIfThe Teaching of Development Bconomies, Cass, Londres,1967.

(16)

taux n'augmentent pas

a

un rythme suffisant pour employer la population active crois- sante

1§/.

8i par exemple la population active s'accroissait de 2,5 p. 100 par an et la productivite de 6 p. 100(soit

a

un taux inferieur

a

la croissance annuelle enre- gistree ces dernieres annees par l'industrie manufacturiere de certains pays

dtAfrique) , Ie taux dtequilibre de l'accroissement du pIB serait de

8,5

p. 100 (taux nettement plus eleve que les resultats generalement obtenus en Afrique ces dernieres annees) et en posant un coefficient de capital de 3

a

1, le stock de capital devrait augmenter

a

raison de 25,5 p. 100 par an.

Cet exemple quelque peu rudimentaire mantre que le modele de Harrod-Domar peut aider

a

pr-evoir- Le chfmage (du genre qui pr-eocoup ai,t Marx) dans les pays en vo i,e de developpement et fait penser que si les chiffres pertinents sont disponibles, Ie modele peut etre utilise dans les exercices de quantification. Par ailleurs, nonob-

stant tout ce qui a ete par la suite dit contre lui, il peut aussi servir

a

appeler en permanence Itattention sur Ie role de la formation de capital dans la croissance et dans Ie develappement ce qui avait ete l'un de ses objectifs initiaux. A ce pro- pos, il convient de presenter au moins deux autres observations,

a

savoir, d'une part que les facteurs determinant les coefficients de capital aux differents stades de de- veloppement demandent

a

etre etudies; et, d'autre part, que lorsque l~s capitaux sont rares et qu'ils revetent une grande importance, ils doivent etre utilises avec cir- conspection.

L'emploi judicieux du capital SQuleve certaines questions relatives aux deci- sions d'investissement et

a

l'analyse des projets, et met en evidence un autre dan- ger, celui qui consiste

a

estimer que la poursuite des objectifs de developpement qui sont des

a

present generalement admis, necessite Ie remplacement pur et simple de La "sagesse tradi tionnelle". En attaquant de front les conceptions tradi tionnelles du developpement, on oublie que celles-ci comprennent un certain nombre d'elements qui ne sont pas taus egalement contestables. Plus concretement et plus positivement, on peut affirmer que la theorie economique classique repose sans aucun doute sur des fondements plus solides quand elle met en evidence l'importance que revet la repar- tition efficace des ressources. II est certain que la theorie traditionnelle des prix peut faire une contribution positive

a

l'action en faveur du developpement et des indices commencent

a

s'accumuler qui demontrent que le choix des techniques serait Dlus judicieux (c'est-a-dire qu'il permettrait de faire de plus grandes economies de capital et de creer davantage d'emplois) que maintenant si les criteres fournis par la theorie traditionnelle etaient scrupuleusement appliques au moment du choix. Ces renseignements disponibles sont examines plus avant ~ans un autre chapitre et ne sont mentionnes ici que pour bien faire ressortir qu'il ne slagit pas dtune simnle vue de l'esprit si lIon est convaincu que la croi;sance economique dans liAfriqu; en voie de developpement, loin d'etre incompatible ou en conflit avec la reduction de la pauvre- te, du chomage et de l'inegalite desrevenus, en depend directement.

Jusqu'a present l'examen des questions de chomage et de developpement a lui-meme ete conventionnel par deux points. II a admis la complexite du probleme et insiste comme i1 convient sur l'insuffisance quantitative et qualitative des donnees dispo- nibles. Cet etat incomplet de nos connaissances impose des limites

a

Itambition des

J!lJ

Nous suivons

a

cet eeard B.J. Bruton. Voir son article "Growth Model and Underdeveloped Economies", The Journal of Economy, aofit 1955.

(17)

chapitres suivants et laisse une vaste marge pour Ie choix des questions

a

aborder.

Eu egard cependant

a

l'importance des donnees (et

a

la dangereuse tendance

a

se li- vrer

a

des speculations, faute de renseignements concrets), il est absolument indis- pensable de s'interesser

a

l'ampleur du probleme de ltemploi. On s'efforcera donc aux chapitres 2 et 3 de quantifier Ie chomage en Afrique et de fournir quelques indi- cations sur les obstacles qui peuvent entraver les efforts tendant

a

eliminer Ie chomage. Dans ces chapitres on utilise couramment les statistiques demographique&

et les donnees de comptabilite nationale des pays africains, L'un et l'autre de ces ensembles de statistiques sont defectueux, Toutefois, les donnees demographiques sontsuffisarnrnent abondantes et exactes pour que l'on puisse elaborer des estimations aeceptables en ce qui concerne Ie chiffre de la population et eelui de la population active au cours de-"lt ann e e de base" et Ie rythme auquel peuvent s'accroitre les ef- fectifs de l'annee de base. De merne, la cornptabilite nationale fournit des indications utilisables sur la structure economique et le taux de croissance de l'ensemble de

l'economie et de ses differents secteurs.

Deux points deja evoques dans cette introduction justifient que lion prete une attention particuliere au chomage urbain. Tout dtabord, on continue intentionnelle- ment

a

considerer la modernisation comme l'un des buts principaux du developpement;

en second lieu on admet malgre l'insuffisance des renseignements disponibles, que Ie chomage ouveri est plus serieux en ville que dans les campagnes, Dans l'etat actuel des choses, les villes sont dans l'Afrique en voie de developpement les avant-postes du monde moderne. II se peut bien qu'en cette qualite, elles aient des effets pre- judiciables sur les societes

OU

elles sont implantees, Elles n'en existent pas moins et il importe de tenir compte comme il convient de leur existence lorsqu'on elabore les politiques de developpement. C'est dans cet esprit que lion examine au chapi- tre

4

Ie chomage urbain au Ghana, l'un des premiers pqys de l'Afrique en voie de de- veloppement

a

s'etre lance dans un programme d'industrialisation en stinteressant plus specialement a l'exode rural et a ltimportance des liens existant entre les campagnes et la ville.

Compte tenu de ce qui a ete deja dit sur Ie role de l'accroissement de la popu- lation et de la population active et sur celui de la penurie de capital, il n'est guere besoin dlexpliquer pourquoi on consacre une attention particuliere au choix des techniques. Le chapitre

5

est essentiellement consacre a Itanalyse des diffe- rentestechniques disponibles dans Ie secteur moderne. On s'attache en particulier

a

la question de savoir si Ie choix de techniques faisant appel

a

une main-d'oeuvre plus nombreuse que celles qui sont normalement utilisees dans Itindustrie manufactu- riere africaine est possible et de nature a se faire dans des conditions de renta- bilite qui permettent de faire des economies de capital et dlaugmenter l'emploi.

Dans la presente introduction on a insiste en particulier sur Itimportance qu'il y a

a

situer Ie probleme de l'emploi dans Ie cadre general du developpement. Con- formement

a

cette orientation, la presente etude des conditions economiques en Afrique a pour theme general Ie developpement. On aborde done au chapitre 6 des questions des indicateurs de developpement, compte tenu des estimations anterieures concernant l'ampleur du chomage et des developpements consacres au choix des techni- ques et au chomage urbain. L'elaboration de la politique

a

suivre dans Ie cadre de la deuxieme Decennie des Nations Unies pour Ie developpement a ete accompagnee en particulier par l'etablissement dtune liste des indicateurs devant servir

a

mesurer

les progres accomplis par les pays,

En

grande partie, ces indicateurs nlont pas encore ete calcules pour les pays d'Afrique, ou du moins leur calcul n'a pas ete

r

I

(18)

,

entrepris d'une manlere systematique. Abstraction faite pour l'instant de la ques- tion des indicateurs

a

utiliser, il est manifeste que l'existence d'une vaste gamme d'indicateurs systernatiquement etablis et regulierement publies faciliterait un

certain nombre de taches, y compris la description coherente des tendances observees, la mise

a

I'assai de modeles econorniques, la conception des plans de developpement et l'analyse des progres realises.

De toute evidence, les indicateurs du developpement doivent etre fondes sur une connaissance aussi intime que possible du processus de developpement. Cependant, comme ce sujet continue

a

preter acontroverses, i1 faut aborder avec une rigueur extreme la mise au point des indicateurs de developpement, malgre la modicite des ressources disponibles pour leur etablissement et leur exploitation et la necessite d'arreter un ordre de priorite. On s'efforcera done 1ci de proposer une methode qui permette de definir un ordre d'urgence

a

partir d'un noyau central d'indicateurs qui doit etre progressivement elargi, dans la mesure

au

des ressources supplementaires deviennent disponibles.

(19)

Chapitre II L'EVOLUTION DE LA POPULATION AFRICAINE, 1960·2000

Le present chapitre a pour objectif fondamental de donner des estimations de l'evolution de la population africaine entre 1960 et la fin du siecle en cours.

Les renseignements de base dont on a besoin pour ces estimations portent sur Ie taux brut de natalite, Ie taux de fecondite par age, Ie taux de mortalite et la structure par age; par ailleurs il faut disposer de certaines indications theori~

ques en ce qui concerne·la fa90n dont on peut,en toute logique escompter que les elements consideres evo1ueront dans Ie temps.

A

cet egard, on a utilise autant que possible les renseignements disponibles sur la population des p~s africainso Les statistiques demographiques pour ItAfrique sont cependant incompletes et on a done egalement recours

a

des chiffres concernant l'evolution observee dans les pays actuellement developpes et plus specia1ement dans les regions en voie de developpe- ment au cours des 25 dernieres annees.

Le reste du chapitre comprend quatre parties. Dans la premlere on situe 1a recente evolution deffiographique de l'Afrique dans son contexte historique et mon- dial; dans la seconde on cherche

a

donner une explication coherente de certaines differences observees dans les caracteristiques demographiques des pays en voie de developpement; dans la troisieme partie on decrit les elements du modele de population utilise pour les projections et dans la quatrieme on presente les pro- jections demographiques.

1) La situation demographique mondiale

Des estimations de la population mondiale et du taux d'accroissement de la population par decennie entre 1750 et 1960 sont presentees pour les differents continents au tableau 1. II en ressort que depuis Ie milieu du XVIIIeme siecle, la population mondiale n'a cesse dtaugmenter

a

un rythme de plus en plus eleve, Ie taux decennal d'accroissement au cours de la derniere dizaine d'annees(1950-1960) consideree dans Ie tableau etant plus du quadruple de celui qui a

ete

enregistre au cours des cinquante premieres annees (1750-1800)

1/.

Dans une certaine mesure, l'eiablissement dtestimations demographiques pour une periode aussi longue du

passe, est une gageure et les estimations concernant les siecles ecou1es doivent parattre particulierement suspecteso El1es sont toutefois suffisamment solides pour pouvoir servir de base

a

des conclusions d'ordre general touchant la periode de 1750

a

nos joursf d'une part, et cette periode consideree par rapport

a

l'epoque

anterieure, d'autre part. Ainsi, pour commencer par cette comparaison-ci, Kuznets a avance qu'entre l'an 1000 et 1650, 1 'augmentation moyenne du chiffre de la po- pulation mondiale au cours d'une periode de 200 ans a ete de pres de 20 po 100;

entre 1550 et 1750 de pres de 60 p. 100 et entre 1750 et 1950 de plus de 200 po 100. Ces chiffres approximatifs et quelques renseignements connexes sur 1 teffectif de la population

a

differents moments de l'histoire, confirment Itopinion selon laquelle l'accroissement massif et rapide de la population est essentiellement un phenomene caracteristique de l'ere industrielle moderne

£/.

1/

II ressort clairement du tableau, que la difference considerable entre les t;ux de croissance du debut de la periode consideree et ceux de sa fin ne peut etre simplement attribuee au fait qutil est hasardeux de comparer une periode de 10 ans

a

une periode de 50 ans. Entre 1900 et 1960 et entre 1930 et 1960, Ie taux decennal d'aecroissement de la population mondia1e s'est etabli

a

14,5 et 16,33 p.

100 respectivement.

~/ Pour des chiffres supplementaires et un examen plus complet, voir

S.

Kuznets, Modern ~conomic ~rowth, (New Haven, Conn., Yale University Press, 1966) p. 34

a

40.

"

(20)

En ce qui concerne les temps modernes, il ressort clairement du tableau 1 que Hl'explosion deffiographiqueU est essentiellement une caracteristique du XXeme siecle. En fait, au regard des chiffres relatifs aux periodes ulterieures, meffie Ie taux decennal d'accroissement de 7,8 po 100 enregistre durant les trente pre- mieres annees du siecle en cours parait modeste.

En Afrique, la population a augmente

a

un rythme de plus en plus grand depuis 18000 Compares

a

la zone

a

peuplement europeen - "les regions plus anciennes ou se deroulait une croissance economique moderne, au les regions relativement

"vi de s" vers lesquelles emigraient les ~uropeens et ou les communau'tes d' origine europeenne pouvaient adopter un modele de reproduction

a

taux de natalite eleve

sans rencontrer d'obstacle majeur d'ordre economiquet f ~/ les taux eLeves d'accrois- sement demographique (de plus de 10 po 100 par decenni; par exemple) sont en

Afrique un phenomene re1ativement recent o Mais depuis que les populations africai- nes ont commence aaugmenterrapidement, leur taux d'accroissement a vite depasse ce1ui du mande europe en elargi et

a

partir de 1930 les taux de croissance demo~

graphique enregistres en Afrique ant eie sensiblement superieurs aux taux compa- rabIes, reI eves en Europe meme entre 1950 ei 1960 periode pendant laquelle la po- pulation de 1a zone

a

peuplement europeen a augmente avec une rapidite inhabituelleo

Le contraste releve en ce qui concerne l'evolution de la population africaine et celIe de la population "eur-opcenne" est encore plus net si I' Amerique latine n' est pas comprise dans la zone

a

peuplement eur-opeen , Ainsi il ressort des colonnes 5 et 7 du tableau 1, que la population africaine a augmente plus vite que celIe de cette zone restreinte de peuplement tout au long du siecle et que depuis 1930 Ie taux d'accroissement demographique de l'Afrique depasse sensiblement les chiffres enr-eg-is tr-e s pour la population lIeuropeennei; pendant 1'une quelconque des periodes considerees dans Ie tableau. Ces estimations sont etayees par les statistiques relatives

a

un passe recent et les chiffres tires de l'Annuaire

demographique de 190NU indiquent par exemple qu'entre 1960 et 1970 les populations africaines et ?leuropeennes" ont progresse

a

un taux decennal de

27,4

po 100 et de 11,1 p. 100 respectivement. Selon ces chiffres, Ie taux actuel d'accroissement des populations africaines est Ie double de celui qui, anormalement eleve, a ete observe dans la zone europeenne pendant les annees 1950, et Ie triple voire plus, du taux enregistre parmi les populations "europeennes" aux stades anterieurs de la revolution indu3trielle.

S'il ne faut pas pousser trop loin l'interpretation de donnees restreintes et peu sures, Ie rythme et les caracteristiques de l'evolution demographique que

~evele Ie tableau 1, les chiffres relatifs aux annees posterieures et les resultats economiques recents de l'Afrique nlen portent pas moins

a

croire que si l'Afrique ne parait peut-etre pas avoir de problemes demographiques si l'attention se limite uniquement

a

la densite comparee de la population

4/,

Ie taux actuel d'accroisse- ment de la population, qui s'eleve

a

un niveau jamais atteint dans Ie passe, risque de compr~ettre Ie developpement economique des pays du continent.

1/

Ibid, po

39 a

400

&/

La densite de la population constitue en soi une mesure tres grosslere du probleme demographique, et pour differentes raisons d'ordre economique on peut s'elever contre son emp1oi.

(21)

Europe Amerique Zone

a

peu-

et Russie du Amerique p1ement

Asiatique Nord latine Oce ani e europeen a/ Asie Afrique J.lIonde

1 2 3 4 5 6 7

8

_ _ _ _....-L-,._ ' _.---...

_--

...

- --

Totaux (millions d'habitants)

I.

1750 144 11 11 2 158 475 95 728

2. 1800 192 6 19 2 219 597

90

906

3. 1850 274

26

33 2 335 741 95 1 171

4. 1900 423 81 63 6 573 915 120 1 608

5. 1950 532 135 109 10,4 786 1 072 157 2 015

6.

1950 576 167 162 13,0 918 1 384 207 2 509

7. 1960 640 200 212 16,5 1 069 1 684 257 3 010

Taux d'accroissement par decennie (pouroentage)

8.

1750-1800 5,9 43,1 11,6 neant 6,7 (5,4)

E/

4,7 1,1

4,5

l--'

9..

1800-1850 7,4 34,1 11,7 neant 8,9 (8,6)

£/

4,4 1,1 5,3 0\

10 .. 1850-1900 9,1 25,5 13,8 24,6 11,3 (11,0) ~/ 4,3 4,8 6,5

11 .. 1900-1930 7,9 18,6 20,0 20,1 11,1 (9,8)

EI

5,4

9,4 7,8

12 .. 1930-1960 6,4 14,0 24,8 16,6 10,8 (8,1) ~I 16,2

17,9

14,3

13 .. 1950-1960 11,1 19,8 30,9 26,9 16,4 (13,3) ~/ 21,7 24,2 20,0

Source: Kuznets, l10dern eoonomic growth: Rate, structure and spread, (New Haven, Conn.. , Yale University Press 1966),

p ,

38.

~/ Amerique du Nord, Amerique latine, Europe (y compris la partie asiatique de l'Union des Repub1iques socialistes sovietiques et Oceanie ..

E/

Comme SOllS ~/ mais

a

1 'exclusion de l'Amerique latine ..

(22)

2) Caracteristiques deffiographiques

La disparite marquee des taux de croissance demographique releves dans les continents et pendant les periodes de temps visees au tableau 1, peut etre par-

tiellement expliquee par I'evolution de la fecondite et de la mortalite. Une explication plus approfondie qui necessiterait la determination et l'analyse des facteurs qui sous-tendent les mouvements apparents, est difficile

a

donner d~ fait essentiellement de la combinaison malencontreuse d'une plethore de theories et d'une penurie de renseignements. Allie fins du present exercice qui consiste

a

prevoir I'evolution de la population africaine entre

1960

et

2000,

i1 faut du moins caracteriser, d'une maniere plausible,les populations des pays en voie de developpement de maniere

a

mettre en lumiere un schema d'evolution demographique dont on est en droit de supposer qu'il restera fort probablement valable.

A cet egard, les pays en voie de developpement peuvent etre ~isement classes en quatre categories selon leurs caracteristiques deffiographiques : groupe I - pays

a

taux eleve de fecondite et

a

taux eleve de mortalite; groupe II - pays

a

taux eleve de fecondite et

a

taux de mortalite eleve, mais en regression; groupe III - pays

a

taux eleva de natalite et

a

taux de mortalite relativement faible;

groupe IV - pays

a

taux de natalite en regression et

a

taux de mortalite rela- tivement faible

5/.

SOllS leur forme initiaIe, ces types de population pouvaient etre consideres ~omme constituant les stades successifs de l'evolution dernogra- phique que connaissent les populations exposees

a

la modernisation technique.

Cette notion est l'element central de la theorie dite actuellernent de lItransition;;

qui selon les termes de l'un des ses critiques liest devenue Itidee ou la theorie organisatrice dominante dans Ie domaine des etudes demographiques depuis que sont tombes en discredit les efforts anterieurs, dont ceux qui ont ete deployes par

}~althus sont les mieux connus, qui tendaient

a

formuler des lois universelles de l'accroissement et des mouvements de populationi1

§./.

La theorie de transition affirme essentiellement qu'avant Ie debut de la

modernisation les populations derneurent stables parce que Ie taux eleve de natalite est compense par un taux eleve de mortalite. Dans la mesure ou les effets de la modernisation se font sentir, et plus specialement Itamelioration des conditions de nutrition et d'hygiene, Ia mortalite regresse alors que la fecondite demeure aussi elevee qU'auparavant, ce qui a pour effet un accroissement rapide de Ia population. Par 1a suite, les consequences conjugees de l'urbanisation et des autres transformations sociales liees au stade ulterieur de l'industrialisation, engendrent une situation qui favorise la reduction de l'importance numerique des familIes; ainsi Ie taux de natalite flechit et un nouvel equilibre entre taux de natalite et taux de mortalite s'instaure

a

un niveau plus bas que dans Ie

pas se ,

5/

Ce classement est emprunte

a

une classification en cinq groupes etablie par la Division de la population de

l'ONU;

voir "The Past and Future Population of the Horld and its Conti.nent s'' dans J.J0 Spengler et OoD. Duncan ( edi teurs) ,

Demographic Analysis: Selected Readings (Glencoe, Ill., The Free Press,

1956)0

Dans la classification primitive, la cinquierne categorie comprend les pays caracte- rises par un taux de natalite faible ou fluctuant et par un ~aux de rnortalite faible;

en

1956,

les pays dtEurope occidentale, d'Amerique du Nord et d'Oceanie rentraient dans cette oategorie.

9,./ D.

Ho

Hrong, Population and Society (New York Raidon House,

1967).

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