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Etude des conditions économiques en Afrique, 1969 (Partie II)

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(1)

COMMISSION ECONOMIQUE POUR l'AFRIQUE

ETUDE des CONDITIONS ECONOMIQUES

en AFRIQUE, OrD0rD

(Partie II)

NATIONS UNIES

0

New York

0

1971

(2)

NOTES EXPLICATIVES

Les cotes des documents de 1'·Organisation des Nations Unies se coniposent de lettres majuscules et de chiffres. La simple mention d'une cote dans un texte indique qu'i I s'agit d'un document de l'Orga- nisation. Les cotes des documents de l'Organilsation des Nations Unies precedees par Ie symbole E /CN.14/ ••• indiquent que Ie document a etepublie sous les auspices de la Commission economique pour I'Afr ique.

On a uti lise dans la presente Etude les symboles suivants :

•• • =non disponible; • =nul au neg I igeable •

Une barre oblique placee entre deux millesimes· exemple 1960/61 - indique une campagne agricole.

L orsque les deux mi Ilesimes sont reunis par un trait d'union - exemple 1960 • 1966 • i I s'agit normalement d'une serie annuelle comprenant toutes les annees civi les intermediaires et les annees citees. Le trait d'union indique egalement les periodes pour lesquelles on a calcule les taux d'accroissement annuels moyens.

La composition des cinq sous-regions afri1caines, s'etablit comme suit

Afrique du nord : Algerie, Libye, Maroc, Tunisie, Republique arabe unie, Soudan, Afrique du nord espagnole et Ifni.

Afrique de I 'est : Malawi, Z ambie, R hodesiei, Madagascar, Maurice, Republ ique-Unie de T anzanie, Ouganda, Kenya, Somal ie, Ethiopie, Comores, Seychelles, Reunion et Territoire fran9ais des Afars et des Issas.

Afrique de I'ouest : Mauritanie, Senegal, Mali, Cote d'ivoire, Haute-Volta, Dahomey, Niger, Gambie, Guinee, Sierra Leone, L iberia, Ghana, T ago, Nigeria, lies du Cap-Vert, Guinee (B issau) et Sahara espagnol.

Afrique du centre : Cameroun, Tchad, Republique centrafricaine, Gabon, Republique populaire du Congo, Republique democratique du Congo, Rwanda, Burundi, Sao Tome et Principe, Guinee equatoriale.

Reste de l'Afrique : Angola, Mozambique, Republique sud-africaine, Namibie, Lesotho, Botswana et Souaz i Iand.

L'expression "1'Afrique en voie de developpement" s'entend de tous les pays et territoires autres que la Republ ique sud-africaine.

E / CN.14 /480 / Rev.1 (Partie II) PUBLICATION DES NATIONS UNIES No. de vente : F.71 .11. K.6

Prix: $ E.U. 1.00 (ou equiva lent en monna ie du pays)

(3)

III'

TABLE DES ~11ATIERES

Deuxieme partie LES ECONOMIES

A TENDANCES AGRICOLES Chapitre

I Introduction (a la Partie II)

et aper9u analytique preliminaire - 1 II Etude des economies africaines

et leur classification 13

III Les Iteloignements" economiques

et la croissance economique moderne

27

IV Les economies

a

tendances agricoles 37

V L'enseignement 59

VI Sante

81

VII L'experience du passe et les problemes fondamentaux de politique des economies

"a

tendances agricoles" 95

VIII Quelques considerations d'ordre politique 119

Annexe 159

Premiere partie EXAMEN DE L'EVOLUTION INTERVENUE EN

1969*

*

Imprime et presente en un tome particulier;

voir document E/CN.14/480/Rev. 1 (Partie I)f qui comporte les chapitres ci-apres :

Chapitre

I Introduction (a la premiere partie) II Population

III Produit interieur brut IV Agriculture

V Industries extractives VI Industries manufacturieres VII Ene rgi e

VIII Transports

IX Secteur exterieur X Resume et conclusions

(4)
(5)

III' I

NOTE LIMINAIRE

L'Etude de 1969 est la quatrieme d'une serie de notes annuelles sur les conditions economiques en Afriqueo Pour la premiere fois cependant, cette Etude est publiee en deux parties, la premiere consacree a l'examen et

a

1 'analyse critique des tendances economiques du moment, la deuxieme correspondant aux pages ci-apreso Nous nous proposons de continuer

a

pre-

senter l'Etude en deux parties a l'avenir et de nous efforcer dans la deu- xieme partie de completer l'analyse actuelle de la premiere partie par une etude de plus grande portee, plus detaillee des sujets particulierement importants interessant Ie developpement economique de l'Afriqueo

Cette deuxieme partie concerne en grande partie les economies n

a

ten- dances agricoles"o Elle s'attache pour commencer a distinguer ces econo- mies des autres pour examiner ensuite les problemes d'ordre politiqueo A cette fin, en certains points, elle plonge au centre merne de la controverse contemporaine et en d'autres elle cherche

a

refouler. les limites des con- naissances actuelles. En consequence, on ne pourrait pretendre que la deu- xieme partie de l'Etude offre un grand nombre de conclusions politiques largement accepteeso Toutefois, ce que l'on peut avancer, c'est qu'elle souleve un certain nombre de questions d'ordre politique, que, meme si elle se borne

a

proposer un argument en presence duquel, par reaction, d'autres arguments pourraient se developper, elle contribue dans une certaine mesure

a

re~ondre

a

ces questions et qutelle fait ressortir quelques problemes urgents

a

ajouter au programme des recherches qui doivent etre entreprises

en Afrique.

Les recherches ont toujours ete un element important des travaux de la Commission economique pour l'Afrique. La realisation de l'Etude des condi- tions economiques en Afrique est un des moyens

a

travers lesquels les efforts de recherche de la CEA s'intensifiento Parmi les autres moyens, il s'agit d'une entreprise continue tendant

a

forger des maillons toujours plus utiles avec les universites d'Afrique et dlailleurso A cet egard, on peut signa- ler quIa l'occasion de la redaction de cette deuxieme partie, on a essaye, sans sacrifier l'un ou l'autre des themes politiques puissants qui font l'objet du document, de presenter les renseignements d'une maniere qui soit adaptee

a

l'enseignement dispense par les chaires universitaires de plus en plus nombreuses qui se consacrent au developpement economique en Afrique0

La presente Etude est publiee sous la responsabilite du secretariat;

les opinions qui y sont exprimees n'engagent ni la Commission nt les Etats membres.

Le Secretaire executif

R.K.A. Gardiner

(6)
(7)

CHAPITRE PRE~[IER

INTRODUCTION A LA PARTIE II ET APERCU ANALYTIQUE PRELIIVlINAIRE

La deuxierne partie de 1 'Etude des conditions econorniques en Afrique- 1969 presente un caractere essentiellernent typologiqueo Partant de la

~rsite des conditions econorniques, socialeset politiques prevalant dans les pays africains, sans prejudice de la necessite de poursuivrede maniere ininterrompue l'accumulation d'etudes detaillees portant surles divers pays consideres isolement, on s'y efforce de classer les econo- mies africaines conformement

a

des criteres qui ont pour effet l'etablis- sement de groupements apparentes du point de vue des conditions politi- ques. En particulier, dans cette Etude, on essaie de grouper les econo- mies africaines selon une determination des "eloignements" economiques, en s'attachant tout particulierement

a

ce que l'on appelle les economies

"a

tendances agricoles".

Le contexte de l'Etude est celui de la croissance economique moderne.

En 1'occurrence, il importe de reconnaitre que les Etats africains n'exer- cent leur souverainete sur leur economie que depuis peu, de reconnaitre aussi que les caracteristiques actuelles des economies africaines refle- tent largement dans la plupart des cas l'influence de 60

a

100 ans de domination coloniale o En partie pour cette raison, en partie aussi parce que l'Etude des conditions economiques en Afrique - 1968 porte sur une fraction tres importante des domaines consideres, la presente ~~ ne porte pas particulierement sur les indicateurs du comportement recent des payso

II importe que l'on veuille bien comprendre les raisons pour les- quelles les efforts actuels ant ete deliberement laisses de coteo En premier lieu, il n'en decoule nullement que depuis l'independance les economies n'auraient pas progresse. A vrai dire, comme indique dans l'Etude de l'an dernier, il y a un contraste frappant entre l'allure et l'orientation des efforts de developpement avant l'independance et apres l'independanceo Dans une certaine mesure, cette differenoe se manifeste en raison du fait que les renseignements utilises dans la presente Etude concernent en grande partie l'annee

1966.

Toutefois, ce qu'il faut con- siderer en l'ocourrence, o'est que, depuis 100 ans,

6

annees ne repre- sentent qutune periode relativement courte et que, en consequenoe, on peut admettre que la plupart des economies africaines en 1966 etaient telles que des transformations etaient encore necessaires, en depit meme des progres importants realises depuis l'independance.

On pourrait proposer que, dans une tentative visant

a

classer les economies afrioaines1 on t ienne compt e du comport ement, en recourant

a

I' expedient consistant

a

oonsiderer ensemble un certain nombre d' annees dtavant I tindependance et d' apres 1 t independance. Toutefois, en dehors du fait qu' il est diffioile de tabler sur des series de statistiques portant sur des periodes assez longues, ce procede laisserait de cote un phenomene particulier,

a

savoir que 1 'independance proprement dite et la progression vers l' independance ont et e marquees frequemment par une "rupture fonda- mentale dans les structures", caracterisee parfois par des conflits ou- verts, parfois par une fui te de capitaux et 1 'exode des competences admi- nistratives et autres, et presque toujours par une transfQr~ationtres

(8)

nette des objectifs poli tiques et des methodes appliquees pour les atteindreo C'est ainsi, par exemple, qu'

a

l' occasion d 'une etude socio-econoTTliaue recen- te sur le Maroc, consacree essentiellement

a

la determination des rapports exi-

stant entre les facteurs sociauxet les facteurs economiques dans le developpement, on a degage, dans la situation de

1950,

certains ele- ments "qui influeraient nettement (et defavorablement) sur les possibi- lites de developpement"o Ces elements sont l'inertie et le traditiona- lisme dans Ie secteur agricole, l'absence de liaisons institutionnelles entre le secteur moderne et le secteur traditionnel et un niveau d'ins- truction generalement baso Apres

1950,

le taux de croissance du PIB par habitant a ete plus faible qu'on aurait pu l'esperer; on aurait pu croire que ce phenomene proven~t du fait qu'au Maroc le degre du deve- loppement social etait plus bas que celui du developpement economique.

Apres

1956,

toutefois, les capitaux et les etrangers qualifies ont quit- te 1e pays, en sorte que, "en l'absence des transformations supplemen- taires liees

a

l'independance", la question des caracteristiques d'expan- sion de l'economie marocaine doit rester "indecise"

1/.

Dans ces conditions, l'essentiel actuellement c'est de classer les economies africaines selon ce qu'elles etaient vers

19650

En gros, la justification de cett;'e solution plutot statique apparalt purement et simplement dans le fait qu'el~e represente un point de depart necessaire;

cette justification, d'ailleurs, resterait valable meme s'il existaitdes statistiques d'une portee plus etendue, etant donne que tout effort sys- tematique tendant

a

la transformation des economies africaines doit par- tir d'une certaine comprehension systematique de ce qu'elles embrassent actuellement et d'une certaine notion de l'ordre de grandeur de la trans- formation necessaireo En l'occurrence, une comparaison avec l'athletisme peut etre utileo 11 est evident que les athletes d'une categorie donneere- aliseront des performances differentes7 selon leurs aptitudes personnel- les et leurs tendances naturelleso Neanmoins, il est absolument neces- saire que, dans le cas d'une course particuliere, ils sachent ou se trouve Ie poteau de depart et s'ils auront

a

courir 100, 1 000 ou 10 000 metreso

Theoriquement, il serait possible de classer les pays africains selan leur degre actuel de developpement et selon leur potentiel de de- veloppemento Si l'on peut preciser les niveaux de maniere detaillee, la determination des potentiels ne sera pas necessairement entravee par les remarques ci-dessus relatives

a

la difficul te d 'une mesure du comporte- ment. Cependant, on se heurterait alors

a

certaines questions epineuses procedant de la definition du potentiel de developpement. Ce probleme fait l'objet d'un bref examen dans le chapitre suivanto En attendant?

toutefois, il y a lieu de signal~r que les problemes fondamentaux

qu'irnpliquent la determination d~s principaux elements decisifs du deve- loppement et l'affectation objective de "poids" relatifs

a

ces elements ne peuvent se resoudre facilemento Abstraction faite de cette "pondera- tion", on peut donner une idee des difficultes qui se presentent si l'on considere une serie unique proposee d'indicateurs du potentiel de deve-

II

1/

IRNUDS - Le niveau de vie et la croissance economique, Geneve,

1969

(traduction. non officielle)0

- 2 -

(9)

III I I

loppemento On a avance, par exemple, que le potentiel de developpement est subordonne aux competences relevant de l'esprit dlentreprise, aux capitaux, aux qualifications individuelles,

a

l'emploi de la population active et aux transformations techniques et que, si tous ces elements peuvent avoir des effets divers sur le developpement, Hils ne se rempla- cent pas les uns les autres, sinon dalls Ul1.e mesure fort restreinte" :?:a/o Dans le passage ou cette proposition est formulee, on mentionne Schumpe- ter. 11 y a donc lieu? peut-etre, de faire observer que, meme si les indicateurs retenus correspondent

a

un choix "exact" des elements deci- sifs du developpement, on est fonde

a

estimer que la notion selon la- quelle les possibilites d tune "interchangeabilite" des facteurs sont tres limitees est fortement sujette

a

cautiono L'entrepreneur, apres tout, est le heros de la theorie du developpement proposee par Schumpeter et la possibilite de differences considerables entre les proportions des facteurs offre une base

a

une grande partie de la theorie economique moderneo De meme l'interchangeabilite poussee des facteurs nlest pas

seulement un expedient academiqueG Dne certaine surface de terrainpeut etre defrichee par un seul homme et un bulldozer, ou par 100 hommes maniant piocheset pelles, ou par plusieurs milliers d'hommes armes de

cuillers

a

cafe; cette possibilite de l'interchangeabilite des facteurs (interpretee en gros) souleve des difficultes cOl1.siderables des 1 'ins- tant que l'on tente de grouper une serie d'indicateurs du developpement qui doivent tous exister pour que le developpement soit possibleo

Certes, on peut toujours soutenir que si un pays particulier l'em- porte sur un autre quand on considere taus les facteurs d'une serie donnee, il accuse donc un potentiel de developpement plus largeo Toute- fois, meme dans ce cas, il faut etre circonspecto A premiere vue, on peut estimer que, si l'on est en presence de deux pays dont les niveaux de revenus sont dans l'immediat identiques, le pays ou le rapport de la formation de capital au produit total est le plus grand sera celui qui disposera du potentiel de developpement le plus largeo La formation de capital7 toutefois, comprend les villas et les usines, les routes d'ap- port et les autoroutes, les ecoles et les monuments publics, si bien que, avant meme qu'il soit possible de departager deux pays, il sera necessai- re de recueillir des renseignements detailles en plus grand nombre sur la composition de la formation de capital. Cette conception peut s'eten- dre, par generalisation,

a

un grand nombre d'indicateurs sociaux et eco- nomiques que lIon peut considerer comme s'appliquant au potentiel de developpemento Dans ces conditions, si les possibilites empiriques qui se presentent pour la classification des pays africains selon les degres de developpement sont limitees7 celles qui permettraient une classifica- tion en fonction du potentiel sont encore plus restreintes; les methodes utilisees pour l'Etude s'inspirent done d'un compromis necessaire entre ce qui est souhaitable et ce qui est possibleo Cependant, le possible se justifie aussi analytiquement, au moins dans une certaine mesure; en consequence, il est utile d'examiner la possibilite de justifier une classification qui serait largement (ou etroitement) economique? ne se- rait-ce que faute de mieuxo

1/

Divatia et Blatt - On measuring the Pace of Development, Banca Nazionale del Lavoro - quarterly Review, juin 1969 (traduction non officielle)o

- 3 -

(10)

On considere normalement que la croissance economique coincide avec un accroissement de la production de biens et serviceso Cet accroisse- ment peut etre l'effet d'une augmentation de la productivite (de la main- d'oeuvre) ou d'une augmentation de l'effectif de la population activeo Une augmentation du produit par habitant, toutefois, peut n'avoir pour origine qu'un accroissement de la productivite; comme un accroissement continu du produit (revenu) par habitant est un attribut tres largement reconnu de la croissance economique moderne, il est evident, au point d'etre banal, qu'une augmentation de la productivite est une condition necessaire de la croissance economique moderneo Dans les pays actuel- lement evolues1 les augmentations contemporaines de la productivite reposent sur la science en ce sens que les ameliorations intrinseques des technologies (qui ont fourni la base de l'accroissement de laproduc- tion) dependent d'une succession de phenomenes et reagissent sur cette succession qui va de la decouverte

a

1 'invention, de l'invention

a

l'in-

novationet de 1 'innovation

a

la diffusion generaliseeo Au cours des 200 dernieres annees, cette diffusion a entralne des augmentations sub- stantielles et soutenues du revenu par habitant dans les pays develop- pes et ces augmentations se sont accompagnees de modifications impor- tantes dans la composition de la demande et, par voie de consequence, dans celIe de la production, entre les principaux secteurs economiques aussi bien que dans les limites de ces secteurso

A ce propos, la croissance economique moderne a ete parfaitement presentee comme etant "en substance i une application du systeme indus- triel, c'est-a-dire un systeme de production fonde sur l'utilisation toujours plus large des connaissances scientifiques modernes"

lh

malgre

les differences aussi bien contemporaines qu'historiques existant entre les pays en voie de developpement et les pays developpes, on a Ie droit (sur la base en particulier de la determination des objectifs politi- ques des pays en voie de develappement, tels que figurant, par exemple, dans les plans de developpement au dans les rapports des conferences internationales), on a Ie droit donc de considerer que la realisation de la croissance economique modernei dans ce sensi est un objectif politique fondamental des pays africainso La question qui se pose alors est de savoir s'il est possible de caracteriser les economies africaines d'une maniere qui permette de les classer selon "l'eloignement" qui les separe dans l'immediat de l'economie completement moderne et avec assez de de- tails a l'appui pour que certaines repercussions politiques, au moins, puissent etre envisageeso En depit d'importantes difficultes relevant des concepts au des considerations empiriques on peut soutenir que Ie revenu par habitant et la structure economique fournissent la base d'une classification de ce genreo Essentiellement, cet argument est etaye par la conception selon laquelle il y a dans Ie developpement un element economique important et selon la conception selon laquelle les stat is- tiques du revenu par habitant, en depit de toutes leurs imperfections, fournissent une certaine mesure de la capacite de production o Ce der- nier point est important pour deux raisons a la fois, abstraction faite des ambiguites normales de la classification: d'une part il y a de

J./

So Kuznets - Six Lectures on Economic Growth, New York, 1961 (traduction non officielle)o

- 4 -

(11)

11'1 1

fortes presomptions en faveur de l'existence de certaines relations reciproques notables entre la capacite de production et les degres de developpement7 interpretes largement; d'autre party la capacite de pro- duction immediate est un element decisif puissant pour un pays donne,

a

un moment quelconque, dans les possibilites de choix qui lui sont offer- teso En fait, fondamentalement parI ant , Ie probleme du developpement, c'est d'accroitre cette capacite de productiono Comme on l'a dit :"Que la priorite absolue soit accordee

a

la bible ou

a

la biere, au coran ou a la cuisine, aux loisirs ou aux lentilles, l'accroissement du revenu est Ie moyen pour les individus d'une societe quelconque d'obtenir ce qu'ils desirent en plus grandes quantites" !l/o

Qu'il soit possible de classer utilement les pays africains selon les "eloign.ements" economiques, Ie fait apparait, entre autres choses, comme une consolation des difficultes qu'impliquent, au stade actuel des connaissances, la production d'une classification plus elaboree et plus dynamique et Ie "remplissage" de cette classificationo En particulier, toutefois, cette consolation provient de la conception qui veut qu'une classification economique fondee sur les caracteristiques economiques de la croissance moderne peut fournir une base sur laquelle il serait pos- sible d'etablir une classification plus detailleeo Dans ces conditions, si Ie contraste entre les economies africaines et les economies actuelle- ment developpees fournit une mesure utile des eloignements economiques, pouvant etre utilisee pour l'etablissement d'une premiere classification des economies africaines, il conviendra que les classifications ulteri- eures tiennent compte des caracteristiques economiques, sociales et chro- nologiques de la transformation des economies africaines du moment en economies parfaitement developpeeso

En l'occurrence, on s'est attache quelque peu dans l'Etude

a

la nature comme aux fins du developpement, ainsi qu'aux relations entre les facteurs sociaux et les facteurs economiques dans Ie developpemento On soutient cependant (en entrant dans quelques details) qu'il serait diffi- cile d'etablir des classifications plus complexes que celles que l'Etude offre effectivemen.t, en partie parce que les "modeles" de developpement qui vont au-dela des criteres etroitement economiques en sont encore a la phase experiment ale , en partie aussi parce que les "conclusions" de ce genre relatives au developpement sont limitees en portee et en teneur et, ipso facto en partie enfin parce que le probleme des statistiques dispo- nibles en Afrique donne lieu

a

des sujetions7 plus particulierement si les chiffres sont apprecies du point de vue de la coherence, de la taille des echantillons et de la fiabiliteo

1) La classification des economies africaines

Le principal objectif politique de l'Afrique en voie de developpe- ment (du point de vue de son acceptation sur Ie plan interieur et sur Ie plan international) peut etre defini comme la realisation d'une economie moderne et, par consequent, comme l'aptitude

a

engendrer d'une maniere autonome un accroissement ininterrompu du revenu par habitanto II est

~/ Benjamin Higgins - Economic Development, Londres, 1968, page

34,

(traduction non officielle)o

- 5 -

(12)

possible que l'on considere cette realisation comme exigeant la transfor- mation de societes plus ou moins agraires,

a

faible productivite, en so- cietes disposant d'immobilisations importantes et diversifiees, d'une gamme etendue de technologies modernes et d'une population active conve- nablement qualifiee, et aussi d'un mecanisme largement autonome d'ac- croissement et d'amelioration de ces acquis avec le tempso Pour tenter de caracteriser les economies africaines selon leur eloignement par rapport aux economies modernes, on peut donc estimer que la classifica- tion doit se fonder sur les caracteristiques concernant Ie capital, la technique et la population active. Malheureusement, toutefois, en rai- son de l'absence de statistiques coherentes, detaillees et sures, cette methode est pour le moment impossible, en sorte qu'il reste necessaire

de revenir a des mesures de remplacement moins satisfaisantes.

Comme indique plus haut, le produit (revenu) par habitant peut etre considere comme etant une mesure de la capacite de production; etant don- ne qu'il s'agit d'une mesure exacte, on peut egalement admettre qutelle indique les differences entre les immobilisations, les technologieset les populations actives, et qu'elle peut done servir

a

mesurer les eloigne- ments economiqueso Dans ces conditions, il serait possible d'utiliser les statistiques du produit par habitant en Afrique pour etablir unepre- miere classification des economies africaineso On peut cette foisenc.cre admettre que cette classification serait amelioree si elle etaitcombinee (dans la mesure du possible) avec des renseignements complets et detail- les sur, par exemple la formation de capital et l'education de la popu- lation active; on peut admettre aussi que, selon le tableau 1, l'even- tail des produits par habitant

a

travers 1'Afrique n'est pas tres ouvert, par rapport

a

ce qu'on peut observer dans le monde.

Quoi qu'il en soit, il peut etre interessant de grouper les pays africains en voie de developpement selon le produit par habitant; on trouvera au tableau 1 quelques chiffres

a

ce sujet. Les pays y sont groupes en trois categories selon le PIB par habitant en 1966 : jusqu'a 100 dollars des Etats-Unis; 101-150 dollars et plus de 150 dollars.

Ce tableau porte sur 43 pays dont les deux tiers appartiennent a la categorie des revenus par habitant ne depassant pas 150 dollars. Dans la plupart des autres pays, Ie revenu par habitant est compris entre 151 et 300 dollars; Ie revenu par habitant est superieur a 300 dollars dans deux pays seulemento

Si lIon considere les proportions par rapport au produit total et

a

la population, les 18 pays appartenant au groupe aux revenus les plus faibles contribuent au PIB total pour 38 po 100 et representent 56,7 po 100 de la population; pour leiS 10 pays du groupe aux revenus moyens, les chiffres correspondants sont 13,8 et 13,4 at pour les 15 pays appartenant a la categorie des revenus superieurs

a

150 dollars, les chiffres sont 51,4 p. 100 et 29,8 p. 100 respectivemento Quant aux deux pays aux reve- nus superieurs

a

300 dollars par habitant1 ils contribuent au PIB total pour 5,5 po 100 et repr~sentent mains de 1 po 100 de la population totaleo

Pour justifier, en partie, la classification fondee sur le produit par habitant? il est utile del rapporter le produit par habitant a la structure economique, quand c:elle-ci est mesuree, en premier lieu, par la

- 6 -

II

(13)

III I '

contribution de l'agriculture au produit totalo La justification de cette maniere d'interpreter au depart la structure economique reside dans le fait que l'agriculture "traditionnelle", qui se caracterise par une faible productivite combinee

a

des facteurs de production rudimen- taires, est fort eloignee de l'economie moderne; un argument motive est propose pour que l'on considere une contribution de l'agrioulture au produit total egale

a

30 po 100 comme signifiant une transformationd'une certaine importance deja realisee, une contribution comprise entre 30 et 50 po 100 comme indiquant qu'une large transformation est encore neces- saire et une contribution superieure

a

50 po 100 comme impliquant la meme conclusion a fortiorio Sur cette base, IDle correspondance (accep- table statistiquement

a

1 po 100 pres) a ete constatee entre le produit par habitant et la contribution de l'agriculture au produit total; c'est ainsi que sur les 18 pays OU le revenu par habitant ne depasse pas 100 dollars, 17 se caracterisent par une contribution de l'agriculture au PIB superieure

a

30 po 100 (cette contribution etant superieure

a

50 po 100 dans le cas de 14 de ces pays), alors que 12 des 25 pays appartenant aux groupes beneficiant des revenus les plus eleves accusent des contri- butions inferieures

a

30 po 100, cette contribution etant superieure

a

50 po 100 pour un seul de ces 25 payso

Les differences que l'on constate entre les pays africains pour ce qui est de la contribution de l'agriculture

a

l'activite economique tota- le pourraient provenir dans une certaine mesure des differences entre les autres formes de l'activite, industries extractiveset administration pu- blique, par exempleo Cependant7 du point de vue de la politique generale, la classification exposee ci-dessus serait tres serieusement sujette

a

caution s'il nly avait aucune relation systematique (en proportion inver- se) entre la contribution relative de l'agriculture et celIe de l'indus- trie ~u PlBo En fait, la presente Etude etablit que cette relation est, en gros, celle qui etait

a

prevoiro---

11 est interessant dIexaminer les differences qui existent entre les pays dans le cas des deux grands groupes de revenuso Ces differences peuvent se presenter de diverses manieres. Dans la presente Etude, on s'attache particulierement

a

1 'importance des marches, aux pe~tives d'exportation,

a

llaccroissement demographiques et au taux de scolarisa- tion dans l'ecole primaireo

Pour avoir une mesure correcte de l'importance des marches, il faud- rait des renseignements sur les caracteristiques de la demande, sur

l'optimum technique en matiere de production et sur la cohesion des mar- ches nationauxo Quel que soit le niveau du revenu, l'arnpleur des marches est importante du point de vue du developpement pour des raisons relevant des ordres de grandeur et des echangeso Eu egard aux statistiques actuel- lement disponibles, il est commode de classer les economies africaines selon le nombre d'habitants appartenant aux divers groupes de revenuso Crest? en fait, recourir au PIB pour mesurer 1 'importance des marcheso Cette methode fera l'objet d'une justification motivee dans la suite de 1 'Etude, les pays etant classes comme etant dans Ulle situation tres defavo- rable (moins de 2 millions d'habitants), defavorable (de 2

a

10 millions d'habitants) et favorable (a partir de 10 millions d'habitants et aU-del~o Dans 1e groupe aux faibles revenus (pays

"a

tendances agricoles"), 4pays

sont bien places selon cette mesure, de meme que 4 pays des autres econo- mies.

- 7 -

(14)

Aucune question se rapportant au developpement n'a fait l'objet d' etudes et de discussions aussi prolo11gees que celIe des perspectives commerciales des pays en voie de developpement0 Tout ll.aturellement1 on s'est attache surtout aux recettes d'exportationo L'Etude analyse de maniere assez detaillee les perspectives cl'exportation o Les C011clusions de cette a11alyse peuvent etre r'esumees sous la forme des perspectives probables ouvertes aux principaJes exportatioIls des divers payso Compte tenu de l'accroissement demographique et des besoins en matiere d'impor- tation il semble raisonnable d'adrnettre qu'un taux de croissance moyen annuel inferieur

a

2 po 100 ne correspond qu'a des perspectives extreme- ment mediocres, qu'un taux compris entre 2 et 5 po 100 represente des perspectives mediocres et que Ie taux de croissance annuel moyen probable dait etre superieur

a

5 po 100 pour justifier l'optimismeo Selon ces criteres, 2 seulement des 15 pays

a

faible revenu ant des perspectives favorables, et 11 des autres economies africaineso

D'apres les conclusions de l'Etude, dans les conditions actuelles de l'Afrique, un taux annuel d'accroissement demographique egal

a

2 po 100 ou plus risque de se reveler nuisible

a

tous les efforts tendant

a

la transformation de l'economieo Les pays qui connaissent des taux de croissance de cet ordre de grandeur sont donc consideres comme etant de- favorises

a

cet egardo Sur cette base, 14 des pays

a

faible revenu ont accuse des taux d'accroissement demographique defavorables entre 1963 et 1968 et 19 du groupe des revenus plus eleves ont ete dans la meme si- tuationo

Les relations entre les facteurs economiques et les facteurs

sociaux dans le developpement sont particulierement complexeso Dansles conditions propres

a

l'Afrique, l'examen de ces relations est gravement compromis du fait de l'i~suffisancedes statistiques correspondanteso Pour reconnattre dans une certaine mesure l'importance des facteurs so- ciaux dans Ie developpement, l'Etude examine la question de la frequen- tation scolaireo On peut soutenir qu'il faudra que la quasi-totalite des pays en voie de developpement aboutisse rapidement

a

un taux de sco- larisation de 50 po 100 dans l'enseignement primaireo On peut donc estimer que cette proportion represente la condition minimale pour que la situation soit favorable dan$ l'enseignemento Compte tenu de cette mesure, un pays

a

faible revenu (nOll. representatif) et 9 pays

a

revenu eleve peuvent etre consideres comme bien places en 19660

Dans un pays quelconque, l$s perspectives ouvertes au developpement peuvent etre considerees du POil~t de vue de l'equilibre entre les condi- tions favorables et les conditi~ns defavorableso Les criteres qui vien- nent d'etre exposes peuvent servir

a

differencier 16 combinaisons fonda- mentales pour chacun des deux groupes de revenus; on a donne le detail de

ces combinaisons dans la presente Etude dans l'espoir qu'elles puissent presenter quelque interet du potnt de vue des orientations de la politi- que generaleo Les caracteristi~uessont toutes classees comme etant soit favorables so it defavorables; 1& justification de ces combinaisons de base, c'est qu'elles offrent un moyen de determiner l'importance relative des diverses caracteristiques du point de vue de la politique generaleo Dne classification plus simple, mais cependant utile, peut etre obtenue

si l ' 011 ne tient pas compte du probleme de cette "ponderation" et si l ' on compte le nombre des caracteristiques favorables pouvant etre attribuees

- 8 -

(15)

IIII

a

chacun des payso Cette solution aboutit

a

cinq categories? avec des caracteristiques favorables allant de zero

a

quatreo Les pays apparte- nant aux deux groupes de revenus sont classes selon ce critere dans le tableau 20

11 ressort de ce tableau qu'il n'y a pas de relations d'importance notable entre Ie niveau de revenu et le caractere plus ou moins favora- ble des caracteristiques considereeso En ce qui concerne le nombre des paysi le cas le plus courant dans les deux groupes a ete la presenced'un ou deux facteurs favorableso La caracteristique la plus significative du tableau apparalt peut-etre dans le fait que, dans les deux groupes,la plus grande partie des pays africains sernblent etre depourvus de tout avantage important dans leur recherche du developpemento Bien que cette constatation soit valable pour les deux groupes, on peut soutenir que cette absence d'avantages pese lourdement peut-etre sur les pays du grou- pe

a

faible revenu, etant donne que tous ces pays,

a

une seule exception pres, ont ete classes dans l'Etude parmi ceux qui sont les plus eloignes des conditions de la croissance economique moderneo

2) Les economies

"a

tendances ag-ricoles"

11 est

a

la fois commode et justifiable d'essayer de donner un exernple de l'utilite de la classification proposee ci-dessus en examinant les economies

"a

tendances agricoles"o Essentiellement, ce groupe com- prend (avec une seule exception rnotivee) les pays

a

faible revenu, les- quels, d'ailleurs, sont aussi les pays ou 1 'agriculture traditionnelle presente l'importance la plus grande. Comme indique plus haut, ces pays sont differents les uns des autres, dans une certaine mesure, pour ce qui est de l'importance des marches, des perspectives commerciales, des pro- blemes de population et des conditions socialeso On pourrait eventuelle- ment utiliser ces differences pour etablir la base d'une classification plus pousseeet pour definir un certain nombre de sous-series, qui pour- raient etre examinees

a

tour de role. Toutefois, aux fins des exercices actuels? il est commode de considerer les analogies entre les pays a faible revenu comme etant plus importantes que leurs differences, ce qui revient done ales traiter comme un groupe homogeneo Cette solution n'exclut pas, bien entendu, la possibilite de tenir compte (au moins en passant) des differences jugees importanteso

Par nature, les pays africains consideres ici sont ceux qui se trouvent les plus eloignes des conditions normalernent associees

a

l'eco- nomie moderne. En l'occurrence~ on pourrait estimer que toute croissan- ce ou tout developpement serait un progres satisfaisant et que la crois- sance "spontanee" serait suffisanteo Cette conception, toutefois? sous- estime gravernent les problemes auxquels se heurtent les societes encore tres largement agricoleso Ce qui est en cause, ici, est en grande partie le caractere de l'economie internationale

a

laquelle ces pays appartien- nento A un certain niveau, le caractere de cette economie intern~tiona­

le, de son oote, fait intervenir des questions telles que les difficultes d'exportation, par exempleo II convient sans auoun coute de ne pas sous- estimer oes diffioultes, etant donne que, en dehors de toute autre chose deux ou trois seulement des pays consideres benefioient de perspectives d'exportation essentiellernent favorables, selon les criteres exposes ci- dessuso Mais il y a plus important encorep peut-etre, a savoir que ce

- 9 -

(16)

qui est en cause, c'est que les pays africains doivent imaginer leur transformation economique dans une situation caracterisee par Ie fait que leurs populations prennent conscience de plus en plus des resultatsfour- nis ailleurs par cette transformationo

Cette decouverte de plus en plus certaine des realisations economi- ques enregistrees ailleurs a un certain nombre de repercussions. On sou- tient1 dans la presente Etude, que la plus importante de ces repercus- sions concerne l'allure et les caracteristiques de la transformation economiqueo Pour resumer une argumentation detaillee, l'Etude fait valoir que ce qu'il faut, particulierement au cours des 10 ou 20 pro- chaines annees, c'est une croissance rapide, mais tres dispersee dans l'espaceo Cette condition? de son cote, est consideree comme impliquant la necessite d'une planification du developpement (dont les caracteris- tiques et les limites sont analysees) et, en 1'absence de tout mecanisme acceptable de redistribution, la necessite d'un examen minutieux et attentif de la consommation et de l'emploio II est admis generalement que pour un accroissement rapide du produit (revenu) par habitant, il faut au prealable que, dans les pays principalement agricoles, la politi- que agricole fasse l'objet d'une attention soutenue; en 1'occurrence on s'attache particulierement dans cette ~ aux caracteristiques,auxdif- ficul tes et aux differentes solutions possibles qui reclament une investi- gationo On fait valoir dans l'Etude qu'une puissante concentration sur l'agriculture est indispensable~eparto On precise, cependant, que cette concelltration doi t etre consideree fermement dans Ie contexte de la croissance ecollomique moderne et on s'efforce d'esquisser un programme coherent de developpement agricole et de developpement industriel qui serait adapte aux pays "a tenda11ces agricoles"o On indique, en particu- lier, que si l'agriculture doit etre consideree pendant quelque temps encore comme un secteur predominant, il est neanmoins d'une importance cruciale de s'attacher simultanement a la creation d'emplois dans les grands centres urbainso

Les questions d'education et de sante publique font l'objet d'un developpement assez detaille. Ces secteurs sont consideres en partie dans Ie contexte de la diffusion tres large des fruits de la croissance economique et, en partie, dans Ie contexte des mesures appropriees

a

choisir pour favoriser la croissance et Ie developpemento

Dans toutes les conditions propres aux economies "a tendances agri- coles", il est evident que, en principe, l'aide financiere et l'assistan- ce technique exterieures sont appelees

a

contribuer dans une marge mesure

a

la transformation de leur economieo II est generalement admis, cepen- dant, qu'a l'heure actuelle les reactions a l'egard des programmes d'aide se traduisent par une profonde desillusion, de la part aussi bien de ceux qui croient de la maniere la plus ferme a la planification integrale du developpement, que de ceux qui sont les tenants du mecanisme du marcheo Pour exposer les choses en gras, la premiere ecole preconise une autono- mie "repliee sur elle-meme" et la deuxieme laisserait tout, en quelque

sorte, a la "revolution verte" et

a

la corporation multinationaleo L'Etude s'inspire d'une vision des chases plus eclectique et fait valoir qu'il y a bien plus a dire en faveur d'efforts soutenus tendant

a

l'elaborationde programmes appropries d' aide et d' assistance techJ.1ique qu' en faveur de 1'une et l' autre des deux conception.s extremes.

- 10 -

(17)

Tableau 1 Repartition de quelques economies africaines selon le PIB par habitant en 1966 (dollars des Etats-Unis aux couts des facteurs courants)

Proportion Proportion de la Nombre de pays du PIB total population totale

0 - 100 $ 18 34,8 56,7

101 - 150 ~~!-? 10 13,8 13,4

151 $ et plus 15 51 ,4 29,8

Source

. .

Secretariat de la CEiio

Tableau 2 Classement de quelques pays africains selon les caracteris- tiques favorables au developpement

Nombre de

caracteristiques favorables

4 3 2

o

Pays

a

faible revenu Pays

a

revenu plus elev8

Proportio11 Proportion

l\Jornbre du de la po- Nombre du de la po- de pays PIB pulation de pays PIB pulation

0 0

0 2 4,8 5,5

2 16,3 27'17 6 13,0 8,1

6 8,6 12,8 12 42,0 26,7

9 5,7 10,8 6 9,7 8,4

Source Secretariat de la CEAo

- 11 -

(18)
(19)

III' i

CHAPITRE II

ETUDE DES ECONOMIES AFRICAINES ET LEUR CLASSIFICATION

Les pays africains sur 1esque1s la presente etude porte col1ective- ment au depart sont ceux qui composent Ie oontinent africain (a l'exc1u- sion de la Republique sud-africaine) et ses dependances insulaireso II serait possible de justifier pour diverses raisons 1 'exclusion de l'Afri- que du Sud, mais aux fins de la presente etude on peut indiquer simple- ment que oe pays est, sui ~eneris, different des autres economies afri- oaines. L'Afrique du Sud etant ecartee, il est oommode de recourir

a

une designation oollective pour les autres eoonomies, l'expression "Afri- que en voie de developpement" offrant en l' occurrence une appellation con- venable0 Cette expression derive, bien entendu, de la distinction faite actuellement dans l'economie internationale entre pays developpes

a

eco- nomie de marchej pays

a

eoonomie planifiee et pays en voie de developpe- ment; elle implique, justement, que toutes les economies afrioaines appar- tiennent

a

la categorie di te "en voie de developpement"o

La distinction entre pays developpes et pays en voie de developpe- ment est dans une certaine mesure arbitraire; i1 est possiblej honnete- ment, de discuter de la question de savoir, d'une part, oe que sont les criteres pouvant motiver la distinction et, d'autre part? quelle doit etre la position des pays dans les groupements en fonction de criteres donneso Quoi qu'il en soit, les economies africaines se oaracterisent generalement par des niveaux de revenu tellement bas (les oonsequences en etant assez eVidentes), qu'elles se classent sans contestation pos- sible dans Ie groupe en voie de developpement, quelle que soit la defi- nition admise pour ce groupe0 En 1966, par exemple1 seu1s 1a Libye et Ie Gabon, sur les 43 pays africains pour lesquels des renseignements existent, avaient un produit interieur brut par habitant superieur

a

280 dollars des Etats-Unis, si bien que, pour l'annee consideree, quel- que

99

po 100 de la population de l'Afrique en voie de deve10ppement habitaient des pays ou Ie niveau du developpement economique (sur la base de la mesure, d'ailleurs imparfaite, fournie par Ie revenu par habitant) etait inferieur au cinquieme du niveau observe dans un pays developpe de la categorie moyenne, tel que 1e Royaurne-Unio

De meme? ce n'est pas seulement la comparaison avec les pays deve- loppes qui fait apparaltre

a

quel point les faibles revenus sont gene- ralises en Afrique

1/0

La meme conclusion se degage d'un examen des niveaux de revenu en Amerique latine, en Asie et en Afriqueo Cet examen est possible d1apres les chiffres indiques dans Ie t.·ableau 1t qui fait ressortir clairement que, qu'il s'agisse dp la proportion du produit

!I

La definition de oe qu'on peut oonsiderer comme un niveau de revenu tres bas ne peut etre qu'assez arbitraireo Etant donne qu'un revenu de 280 dollars des Etats-Unis en 1966 representait 10 po 100

a

peu pres du revenu americain de cette annee, il n'est pas difficile

d'admettre que oe chiffre correspond

a

un revenu tres bas sur la base d'une tres large oomparaison internationaleo Si l'on ne oonsidere que les pays en voie de developpement, on peut estimer que 80 dollars des Etats-Unis representent un niveau de revenu extremement baso

- 13 -

(20)

total fournie par les pays

a

faible revenu ou de la proportion de la popu- lation totale vivant dans ces pays, les pays

a

tres faible revenu sont considerablement plus nombreuxj proportionnellement, en f.l.frique qu 'en Amerique latine ou en Asieo

En ce qui concerne les necessites de l'analyse et des solutions poli- tiques, on peut etre tente de voir dans la predominance des faibles reve- nus en Afrique la raison pour laquelle il est justifie de considerer

l'Afrique en voie de developpement comme une entite relativement homogeneo On peut d'ailleurs se laisser aller sans hardiesse excessive

a

cette ten- tation si l'on constate que les revenus generalement bas sont associes en general

a

d'autres caracteristiques communes: les pays africains sont intervenus tardivement dans l'economie internationale; leur apparition dans cette economie s'est faite largement sous les auspices des puissances coloniales, dont la domination n'a pris fin que recemment; la plupart des economies africaines sont principalement agraires; les populations sont numeriquement restreintes et, ~u egard

a

des differences notables, les deux caracteristiques generales des climats au sud du Sdhara sont les temperatures regulierement fortes et la periodicite des pluies

2/0

II

importe toutefois de resister

a

la tentation de s'arreter trap facilement aux similitudes et de ffieconnaltre ainsi les differences que l'on peut constater dans les economies africaines; il importe aussi d'essayer de classer et d'examiner les economies africaines dtune maniere rationnelle, s'inspirant des necessites d'ordre politiqueo

Pour une tentative de ce genre? il est possible qulon estime que la modicite generale des revenus africains et la presence egalement generale de certaines caracteristiques concomitantes sont plus que compensees par la diversite des marches africainso Apres tout, il y a une cinquantaine de pays africains en voie de developpement, entre la Tunisi€ au nord et Ie Lesotho au sud, entre Ie Senegal

a

l'ouest et la Somalie

a

l'est (ou

encore Madagascar, Maurice et l'11e de la Reunion)o La superficie combi- nee de ces pays clepasse celIe des Etats-Unis, de l'Europe occidentale et de l'lnde; dans les limites de cette surface considerable? il y a des zones climatiques tres diverses : mediterraneennes, desertiques, equato- riales, tropicales et tempereeso En outre, dans une region

au

les techno- logies industrielles ffiodernes sont d'application recentei en sorte qu'el- les sont evidemment limitees quant

a

l'etenduej les formes de l'activite economique subissent dans une large mesure l'influence du climat et de la topographieo De plus quand on tient compte de la variete des populations, des langues et des moeurs traditionnelles qui se presentent en Afrique,

2/ La plupart des pays africains ou Ie revenu est tres bas se trouvent au sud du Sahara. On trouvera un bref expose sur Ie clirnat et les condi- tions atmospheriques en Afrique dans "Climate and 1rJeat11er" par Kimble, dans The Study of Africa, Londres~

1965,

par McEwan et Sutcliffe, et une etude su;;l'importance economique du climat dans Asian Drama, Londres,

1968,

Appendibe 10, par Myrdalo

- 14 -

(21)

II I I I

on peut constater que, si lIon divise parfois les societes africaines en deux grands groupes principauxj l'un

a

caractere pastoraly l'autre

a

assise agricole, cette distinction ne peut etre utile que dans la mesure ou lIon generalise assez largement ~/o

A ces raisons de longue date, qui sont

a

l'origine des differences qui existent entre les societes africaines, on peut ajouter des differences nees de conditions apparues plus recemmento Dans une large mesure, ces differences procedent de la forme et du contenu des pratiques colonialeso Cependant, elles ont egalement pour origine l'application d'options inde- pendantes eu egard au caractere heterogene de l'economie mondialeo Les manifestations les plus evidentes de ces differences modernes apparaissent dans l'adoption de l'anglais ou du frangais comme langue officielle (ou au moins comme lingua franca administrative) et aussi dans Ie fait que les economies africaines s'echelonnent entre un Hlaissez-faire" quasi absolu

4/

et une planification

a

peu pres totalement centraliseeo

Selon l'interet et l'importance du detail, il serait facile de multi- plier les exemples des differences, comme aussi, d'ailleurs, des simili- tudes qui existent entre les pays africainso Toutefois, avant d'entre- prendre cet exercice, il conviendrait par prudence de preciser les raisons pour lequelles on chercherait

a

degager les caracteristiques tendant

a

la

distinction ou

a

l'unificationo Dans Ie contexte du moment, les diffe- rences et les similitudes ne presentent de l'interet que dans la mesure ou il est important ou possible d'en tenir compte pour tenter de classer les economies africaines selon des criteres relevant des orientations

a

adoptero II est certain, cependant, qu'il n'est nullement facile de de- terminer sans equivoque cette importance et cette possibiliteo Comme on pourra Ie constater, toutefois, la presente Etude est axee principalement sur Ie developpement economique7 mais cette simple indication suffit

a

donner

a

entendre que certaines des differences, concernant par exemple les economies mixtes et les economies planifiees, sont peut-etre moins importantes dans leur substance que dans leur forme et

a

preciser

a

qui-

conque ayant une connaissance seulement superficielle des choses afri- caines qu'on ne saurait s'abstenir de negliger des considerations impor- tantes eu egard au stade actuel des connaissanceso

Si lIon essaie d'etablir une classification des economies africaines7 qui corresponde au developpement economique et qui represente un compromis rationnel entre Ie souhaitable et Ie possible, on trouvera une base dans Ie tableau 2 qui fournit les renseignements qui existent sur les caracte- ristiques economiques de 43 pays africains, dont Ie detail pourra servir en meme temps

a

confirmer quantitativement l'impression de similitude et }/ On trouvera un bref expose concernant la societ€

a

base pastorale et

la societe

a

base agricole dans "Peoples and Cultures in sub-Saharan Africa", par MoJo Herskovits, dans McEwan and Sutcliffe, opo cito

!i/

Dans son sens classique primitifj Ie itlaissez-faire" impliquait une economie diversifiee, regie par la libre concurrence et fondee essen- tiellement sur l'entreprise priveeo

- 15 -

(22)

de difference tres nette que donnent les economies africaines et? speCla- lement si la valeur des renseignements peut etre appreciee critiquement,

a

faire ressortir les imperfections d'une grande partie des renseignements disponibleso

Tel qu'il se presente" ce tableau revele que, meme si les renseigne- ments disponibles etaient exacts, tout exercice tendant

a

subordonner

I'analyse statistique systematique

a

un eventail d'indicateurs plus large que celui qui correspond aux 11 premiers donnerait lieu

a

des problemes dus a l'exiguite de l'echantil1onnageo En d'autres termes, il n'y a que 11 indicateurs pour lesquelsdes statistiques existent dans Ie cas d'une serie homogene drune trentaine de pays au moinso On ne saurait pretendre, bien entendu, que les renseignements qui existent sur ces 11 indicateurs soient parfaitement exacts; d'une maniere generale, en l'occurrence, Ie probleme qui se pose, c' est d.' etablir une classification pouvant se justi- fier des economies africaines, laquelle1 sur la base des renseignements limites et

a

peu pres surs qUi existent,pourrait refleter de maniere com- prehensible

a

la fois les similitudes et les differenceso Pour aborder ce probleme'1 il est commode de se referer a des classifications deja etablies, d'examiner certaines des caracteristiques generales sur lesquel- les on pourrait fonder une classification et de preciser les conditions dans lesquelles Ie reste de la presente Etude est organiseo

Dans un certain nombre de publications precedentes de l'ONU

2/'

une double classification des economies africaines a ete etablie sur la base de l' observation selon laquelle "1' evolution economique la plus saillante constatee en Afrique depuis Ie debut du siecle est l'elargissement de l'economie monetaire caracterisee par Ie glissement des ressources de la production de subsistance

a

la production commerciale" §jo Cette obser- vation imp1ique la reconnaissance de la dua1ite du caractere des pays africains vers 1950 (economied'echange plus economie traditionnelle);

decoulant naturellement de cette dua1ite intervient l'argument selon le- quel, du point de vue du developpement, les pays africains doivent obli- gatoirement etre classes selon les rapports entre les dewc fractions de leur economie interieure. Flar voie de consequence, deux prototypes de modeles ont

ete

utilises, Ie premier correspondant au cas ou l'elargisse- ment de l'economie d'echange p,rovenait principalement de la transforma- tion du secteur traditionnel p~oprement dit (par l'intermediaire souvent de la production du petit cultivateur destinee

a

l'exportation) et ou?

en consequence, les investissements etrangers dans les entreprises de forte capacite etaient relativement modestes, de meme que les mouvements de la main-d'oeuvre entre Ie secteur traditionnel et Ie secteur monetaire;

Ie deuxieme correspondant au cas ou 1 'impulsion de modernisation s'est appliquee principalement dans l'industrie extractive, l'agriculture de plantation ou dans l'un et 1 'autre de ces secteurs simultanement, ce qui exige des investissements etrangers considerables tout en provoquant un mouvement important de travailleurs abandonnant l'economie traditionnelleo

21

Par exemple, The Enlargemen} of the Exchange Economy ~n Tropical Africa, 1954; struqture et developp!ment de l'economie de quelgues pays afri- cains? 1958~ et Etu~e del;::), situation e.conomique de l' Afrique depuis 1950, ~222,o

§j

structure e~~.f!.eveloppement, Ope cit. p. 10

- 16

(23)

III' I

Cette classification, par consequent, se fonde sur l'importance relative de l'industrie extractive ou de l'agriculture de plantation (ou de ces deux secteurs

a

la fois), d'une part, sur les exportations des petits cultivateurs, d'autre part, dans 1 'expansion economique des divers pays africains au cours des 50 ou 60 premieres annees du siecle; dans ces conditions, cette classification fournit un aper9u interessant de Ithis- toire economique de l'Afriqueo La classification conduit done

a

un examen

detaille, fonde sur l'aceent place dans les deux eas sur l'importanee de la demande internationale, des deux manieres fortement contrastees de realiser ce que lIon pourrait appeler un developpement economique limite.

D'un cote, l'accroissement sensible des exportations de petits cultiva- teurs a mis en contact, presque directement, l'agriculture et les societes traditionnelles, d'une part, et l'economie internationale7 d'autre part, dans des conditions qui ne reclamaient rien de plus radical, du point de vue des technologies, que l'agrandissement des superficies cultivees et un accroissement des efforts en reponse aux sollicitations du marcheo Au debut, l'elargissement de la production du petit cultivateur tendant

a

tenir compte de la demande d'exportations s'est trouve confondu dans une certaine mesure avec l'activite de subsistanceo Toutefois? dans les pays ou cette expansion a ete particulierement marquee, les possibilites d'ex- portation accrues ont entraine la specialisation et Ie developpement de la production du petit cultivateur sur une base entierement monetaire.

Meme dans ces pays, cependant, Ie developpement engendre par les exporta- tions a ete limite; il est evident qu'aucun des pays africains consideres dans la presente Etude ne s'est developpe, dans Ie sens moderne de ce mot, meme apres 50 ans d'une expansion, souvent impressionnante, des exporta- tions emanant des petits cultivateurs. En outre, il est maintenant admis generalement qu'il n'est guere possible que les exportations des petits cultivateurs engendrent Ie developpement moderne, en raison, d'une part, des doutes bien connus, et d'ail1eurs multiples, auxquels donne lieu l'a- venir des exportations de cette categorie dans l'economie du monde con-

temporain et, d'autre part,parce que les effets "d'entra1nement" entre l'agriculture traditionnelle et les autres secteurs de lleconomie sont consideres generalement comme etant tres peu sensibleso

A premiere vue, on pourrait supposer que l'industrie extractive et, dans une mesure moindre, la grande agriculture, du fait qu'elles impli- quent des investissements plus importants et que leurs techniques sont plus modernes, provoqueraient plus facilement une large expansion de

caractere moderneo A vrai dire, il n'en est pas ainsi etple plus sQuvent, on explique ce resul tat en utilisant la notion "d 'enclave'.'·, une autre explication toutefois faisant intervenir la repugnance calculee des entrepreneurs et.rangers

a

adopter une poli tique "de hauts salaires" qui aurait reclame des efforts soutenus, descendant jusqutaux details, dans Ie sens dtune amelioration de la productivite de la main-d'oeuvre et qui aurait ainsi donne lieu,

a

travers toute l'economie,

a

une diffusion des competences beaucoup plus large que celIe que l'on a pu observer

effectivement

])0

11

On trouvera un bref examen de cette autre explication dans The Econo- mics of the Developin~Countries, Londres,

1964,

Chapitre

4,

par Myinto

- 17 -

(24)

Un des moyens fondamentaux permettant d'apprecier les classifications des economies africaines c' est de les conS.iderer du point de vue des condi- tions dans lesquelles elles s'appliquent, non pastant

a

la comprehension de l'histoire economique de l'Afrique qu'a celIe du developpement economique de l'Afrique au cours des 30 dernieres annees du siecle; et, en l'occurrence?

la classification consideree est obligatoirement sujette

a

caution, d'une part parce que ni les exportations des petits cultivateurs ni l'activite pri-

maire de grande envergure dominee par des etrangers n'ont abouti

a

une

economie developpee unique en Afrique et parce que? d'autre part, les objectifs economiques de la periode entree maintenant dans l'histoire ont ete

a

la fois moins precis et moins ambitieux que les buts et objectifs contemporains0

Bien entendu, il reste important~dansIe cas de certaines economies particulieres de l'Afrique, de savoir si Ie developpement limite qu'elles ont realise jusqu'ici se fondait surtout sur les efforts du petit culti- vateur ou sur des technologies soutenues par des capitaux etrangers et il faut admettre que~ pour la transformation complete de l'economie

a

Iaquel-

Ie on tend, le financement du developpement sera plus facile, peut-etre, en raison de la composition de la demande internationale, par l'interme- diaire de 1Iexploitation des ressources minerales plutot que des exporta- tions relevant de petits cultivateurso

Toutefois~ cette transformation reste encore a realiser et, meme si l'on reconnait que la critique a tout interet

a

se fonder sur l'empirisme, on peut dire toutefois, selon la maniere de voir d'un observateur, que la classification nen tant que modele analytique, n'est surtout valable qu'a la peripherie du probleme du developpemento Au-dela du message implicite selon lequel l'extenbion des echanges monetaires pourrait etre acceleree par 1 'expansion des echanges internationaux, elle n'offre aucune directive pratique pour la determination des decisions d'une politique integrale du developpement1J ~/o

Dne etude plus recente des economies africaines

21

tend vers la re- cherche d'un compromis quelque peu different entre un grand nombre d'etu- des particulieres concernant les pays et une maniere non differenciee d'aborder l'Afrique en voie de developpement comme un tout o La methode adoptee pour cette Etude se rapproche de celIe de l'echantillon represen- tatif, ce qui revient

a

dire que l'etude englobe essentiellement un nombre restreint d'etudes particulieres: par pays, lesquels pays peuvent etre con- sideres comme representatifs de l'Afrique dans son ensembleo Ces etudes particulieres par pays representant des adjonctions interessantes et pre- cieuses

a

la masse des etudes du meme genre qui constituent une base im- portante pour l' etablissement d ',etudes plus generales qu relIes completent en meme tempso Toutefois, il ne s'agit nullement, strictement parlant,

§/

00 Aboyade1 Foundations of an African Economy? New York 19660 L'obser- vation de l'auteur se rapporte explicitement

a

l'economie fondee sur les exportations des petits cultivateurso II semble toutefois possible de l'etendre aussi aux economies du passe fondees sur l'exploitation des ressources minerales.

21

Robson and Lury, The Economies of Afri9a, Londres,

1968

0 - 18 -

(25)

IIII i

d 'un echantilloYl representatif rigoureusement constru_it, etant donne que les elements qui sont

a

l'origine du choix des pays n'ont pas ete rap- portes d'une maniere quantitative detaillee

a

la population en fonction de laquelle les pays ant ete choisiso En outre, certains des elements qui ont gouverne Ie choix, tels que la langue principale utilisee et Ie caractere officiel de l'economie, peuvent etre consideres comme moins importants que d' autres elements qui permettent de faire une distinc.tion entre les economies africaines (mais dont il ntest pas question)o Avrai dire, on peut avancer que les renseignements necessaires

a

l'etablisse- ment d'un echantillon veritablement representatif fourniraient ipso facto la base qui pourrait servir

a

1'elaboration dtune classification satis- faisante des economies africaineso

Les ecrits consacres au developpement economique ne sont pas parti- culierement riches en indications explicites et implicites sur lesquelles pourrait se fonder une classification acceptable des economies africaineso Ctest ainsi, par exemple~que Ie Professeur Myint etablit la distinction entre les pays en voie de developpement d'apres l'importance de la pres- sion demographique, l'ampleur generale de l'economie, Ie degre d'effica- cite de l'administration, l'homogeneite du cadre institutionnel 10/. Le Professeur streeten a parle d'un "indice des forces generatrices de re- venutI pouvant englober les renseignements sur l'investissement, l'educa- tion, la grandeur du marche, les economies de dimensions, les dispositions mentales en face de la croissance et des transformations~ en sorte qu'il serait possible de classer les pays selon l'importance de cet indice (qui aurait ete amenage pour tenir compte des forces qui interviennent dans l'economie pour restreindre Ie revenu, telles que les talu: eleves d'ac- croissement demographique, l'inertie et les prejuges)

!!I;

quant aux Pro- fesseurs Adelman et Morris, ils mobilisent un eventail tres large de

renseignements economiques, politiques et sociaux et utilisent ces elements statistiquesa une analyse des discriminants et des facteurs pour tenter d'avoir une idee du processus du developpement dans son extreme complexite et dans des conditions qui ont certainement des effets sur la typologie des pays en voie de developpement ~o

De nombre~~ travaux recents consacres au contenu du developpement economique font ressortir la necessite de depasser les indicateurs etroi- tement economiques pour la construction des profils de developpement l~/;

et on insisie ires fortement sur l'importance des facteurs sociaux dans Ie deve10ppement economique~ La complexite des travaux recents compense

101 Ho Myint, opo cito

III

Po streeten, "The Uses and Abuses of Models in Development Planning~t dans Martin &Knapp (redacteurs), The Teaching of Development Econo-

~, Londres, 19670

111

Voir par exemple Adelman et Morris, Society, Poli tics and Economic

Developm~7 Baltimore, 19670

ll!

Voir par e:x:emp1e "1e developpement : contenu et mesureit, dans IRNUDS, Notes sur ~a recherche, No.1, Geneve, 19680

- 19 -

(26)

heureusement les conceptions pr~c~dentesdu processus de d~veloppement,

plutot simplistes7 que l'on peut presque caract~risercomme essentielle- ment obs~dees par la formation Qe capital et par la propension

a

consi-

d~rer que taus les pays en voie de developpement sont a peu pres iden- tiqueso Une grande partie des travaux recents s'occupent, explicitement ou implicitement, des matrices de correlation, en sorte qu'ils conside- rent un degre etendu de communication reciproque entre les variables comme etant un avantage plutot que comme un vice statistique, ce qui

serait normal; et? en l'occurrence encore, explicitement et implicitement, une grande partie des travaux ont pour objet de batir des modeles, ou au moins de determiner des formes, qui etablissent des relations systemati- ques entre les variableso Les tentatives entreprises recemment pour faire appe,raitre des caracteristiques de developpement utiles dans l'edifice economique et social sont interessantes et suggestiveso Un certain nombre de difficultes tres serieuses doivent etre surmontees toutefois avant que les modeles progressent du stade de l'embryon au stade dtune application pratique acceptableo En premier lieu, certaines des variables dont on pense qu'elles se rapportent etroitement au processus du developpement

(dont par exemple, l'engagement des pouvoirs publics en faveur du develop- pement et plus generalement les dispositions d'esprit en face des contin- gences sociales) ne peuvent se traduire en chiffres que tres difficilement;

en deuxieme lieu, meme quand la traduction en chiffres est en principe moins difficile, dans la pratique l'existence et la qualite des statisti- ques laissent beaucoup a desirer, meme s'il s'agit des series chronologiques normales concernant les donnees economiques; et, en troisieme lieu, la definition de la covariance ne coIncide nullement avec la construction d'un

cadre analytique factitif, en sorte que les problemes qu'impliquent la classification des pays selon les facteurs Hcles " du developpement et

l'~tablissementde programmes de developpement convenant

a

leur objet subsistent Wo

Que les modeles de developpement dans lesquels on s'efforce systema- tiquement et tres largement d'aller au-dela des rapports etroitement eco- nomiques en soient encore au stade embryonnaire, c'est un fait appele obligatoirement

a

interdire qu'ils soient utilises pleinement pour l'etab- lissement d'une classification des pays africains qui pourrait avoir un interet pratiqueo Toutefois, meme si les modeles etaient elabores dans des conditions plus completes et plus satisfaisantes, il serait douteux qu'on puisse les appliquer logiq~ement et completement au point ou en sont actuellement les statistiques en Afriquep lesquelles, si elles ne sont guere qu'acceptables quand on considere les indicateurs economiques, sont sans contestation possible, absolument insuffisantes pour ce qui est des indicateurs sociauxo

Les choses etant ce qu'elles sont, on se propose dans la presente Etude d'etablir une classification des economies africaines qui sera largement (au etroitement) econoroiqueo Cette solution pourrait se justi- fier du point de vue de la determination de ce qui est systematiquement

141

On trouvera une critique serree des travaux d'Adelman et Morris, selon ces principes, dans Eckstein, Q.uanti tative Measures ~f Development Performance? University of Michigan, Center for Researqh on Economic

Development~ Discussion Paper Noo

70

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