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La dévaluation du FCFA et la compétitive de l’économie Nigérienne

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Academic year: 2022

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(1)

NA THONS 1UNJIES

UNJTED

NA 'fiONS

,.

ThTSTITU1l' AJFIDCAIN DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET .IllE

PLANIFICATiON

AFllllCAN INSTITIJTE FOR· JECONOMIC DEVELOPMENT AND PLANNING

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(IDEP)

'• ~

lA .

Pou.r n'obtention du

Dip~ôme

d'Etudes Approfondies en Politique Economique et Gestion de i'Econmnie

JLu et arpprouvé par: .

· c3m.ité de Supervision

Q

Supeniseur

p~rindpai:

Pr Karamoko KANE . .. ... ... .. ·

~

Exa.mmateuw externe:.

Pr

Halllin.Ben HAMMO

<?

M®mbre: ...

~

.... :.

Pr

Bafotigui SAKO... . . . .

(2)

Cette thèse est dédiée

à:

- Mes parents pour leur soutien permanent.

- Mes enfants et leur mère - Mes neveux et nièces

- Mes amis et les membres de leurs familles .

(3)

***REMERCIEMENTS***

Au terme de cette étude, nous tenons à adresser nos sincères remerciements à l'ensemble des personnes qui nous ont assisté avant et pendant le déroulement du Programme de Politique Econ?mique et Gestion de l'Economie. ll s'agit notamment de:

- L'Etat du Niger à travers le Ministère du Commerce et de l'Industrie pour la mise en position de stage qui nous a permis de recevoir la formation du cycle de DEA de

l'IDEP~

... Tous les collègues qui ont participé à l'élaboration et la mise à notre disposition de documents très utiles pour la rédaction de la présente thèse

... Dr.Jeggan C. SENGHOR et Dr Philip K. QUARCOO, Directeur de l'IDEP et son adjoint (Chef du Service Formation), et l'ensemble du personnel de l'Institut, impliqué directement ou indirectement dans la formation, à quel que niveau que ce soit, pour leur dévouement et la promptitude avec lesquels ils ont répondu à nos multiples et permanentes sollicitations tout au long du stage~

... Pr Karamoko KANE, le principal superviseur de cette thèse, pour le grand intérêt accordé à notre projet de recherche, la rigueur et la diligence avec lesquelles il nous a encadré tout au long des travaux; ce qui nous a permis de réaliser normalement ce document;

- Pr Hakim Ben HAMMOUDA, le superviseur externe qui accepté de nous

faire bénéficier de sa riche expérience en nous assistant dans la réalisation de cette thèse;

... Pr Bafotigui SAKO et Dr Thiemo Seydou NIANE, membres du comité de thèse qui ont aussi accepté et apporté leur contribution à la finalisation du document soumis à leur

appréciation;

(4)

- L'ensemble des enseignants du programme de D.E.A qui nous ont donné les outils

nécessaires pour rédiger cette thèse;

,...., Mon beau frère, El Hadj Alhassane Abdoulaye DIALLO, pour les importants services

rendus;

-Mon ami, Idé Amadou (SONITEL-Niamey), qui s'est régulièrement investi à répondre avec

abnégation à mes sollicitations, notamment la résolution des problèmes relatifs à mes conditions matérielles pendant mon séjour à Dakar;

,...., Mrs Alfidja Abdouramane, Ousmane Samba Mamadou, Sabo Mazadou Lawan, Issa Mamadou, Amadou Moussa, Pascal DIATTA (BCEAO-Siège), Alphonse SAGNA (IDEP) et Balla Moussa DIEDIDOU (H.LM5 -DK), Omar Alio

~

Bonkaney Amadou (ASECNA-DK) pour le soutien matériel et moral, et les précieux conseils prodigués;

- Mes camarades stagiaires pour l'expression des sentiments fraternels et amicaux pendant notre séjour à Dakar./.

(5)

TABLE DES MAT!ERES

Pages EPIFACE ... .

RESUME ... u

ABREVIATIONS... iii

LISTE DES TABLEAUX... v

LISTE DES GRAPHIQUES... . . vt IN''fRODUCTION. . . 1

- Les circonstances de la dévaluation du FCF A en Janvier 1994 - Les effets attendus dans les pays de la Zone FCF A CHAPITRE I- PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE: L'ECONOMIE NIGERIENNE ET LA DEVALUATION DU FCFA....... 9

.-OBJECTIF DE L'ETUDE... 12

-RESULTATS ATTENDUS ... .'... 13

1.1. Caractéristiques et tendances de l'Economie Nigérienne. . . .. 14

1.2. De la politique économique au Niger à partir des années 80. . . 22

CHAPITRE ll: REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODOLOGIE... 27

2.1. Revue de la littérature... 27

2.1.1. Défmition de la dévaluation... . . . 28

2.1.2. Les conditions de réussite de la dévaluation... 31

2.1.3. Des effets de la dévaluation... 35

2.1.3.1. Influence sur la demande... 36

2.1.3.2. Influence sur l'offre... 39

2.1.4. De la gestion de la dévaluation par les pouvoirs publics... . . 41

(6)

2.1.5. Définition et mesure de la compétitivité... 46

2 .1. 5. 1 Définition de la compétitivité. . . 46

2.1.5.2 Mesure de la compétitivité... 47

2.2. Méthodologie... 57

CHAPITRE ill-ETUDE EMPIRIQUE: -lA COMPETITIVITE DEL 'ECONOMIE NIGERIENNE ENTRE 1980 ET 1996 65 3 .1. Analyse statistique... . . 66

3 .1.1. Evolution de la balance courante, des exportations et des importations... . . 67

3 .1.2. Evolution du taux de change effectif réel et des indices des prix des exportations et des importations . . . 68

3 .1. 3. Evolution de la balance courante par rapport aux indices des prix des importations et des exportations, et au taux de change effectif réel. . . 70

3 .1. 4. Evolution de la balance courante par rapport au taux de change effectif réel et aux termes de l'échange... 71

3 .1. 5. Evolution des taux de change du Naira par rapport au FCF ANIGER·. . . 72

3.2. Analyse économétrique... 73

3.2.1. Déterminants du compte courant de la balance des paiements... 74

3.2.2. Etude des performances macro-économiques avec un modèle à 5 équations... 76

3 .2.2.1. Fonction du produit intérieur brut... . . . 76

3.2.2.2. Fonction d'investissement... 77

3.2.2.3. Fonction d'exportation ... :... 79

3.2.2.4. Fonction d'importation... 80

3.2.2.5. Fonction d'inflation... 82

3.3. Analyse des conditions générales de réussite de la dévaluation du FCFA au Niger... 83

3. 3 .1. Des politiques de change des pays partenaires. . . 84

(7)

3.3.2. Des capacités d'accroissement de la production des biens échangeables... 85

3.3.4. De la politique commerciale... 87

3.3.5. De la lutte contre l'inflation... 87

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS... 89

-CONCLUSION... . . 89

-RECOMMANDATIONS... 97

R.l- Au plan national ... ·... 97

R.2 -Au plan international. . . 109

ANNEXES... . . . 119

-Donnés statistiques secondaires... 120

-Résultats des tests économétriques... 126

-Déclaration de l'Alliance pour l'Industrialisation de l'Afrique... 138

REFERENCES BffiLIOGRAPIDQUES... 141

\

(8)

EPIFACE

En économie, on pourrait tenter de définir 1 'ajustement comme un processus par lequel une unité économique, quelle qu'en soit sa taille, essaie de tendre vers un équilibre soutenable du fait de la rupture du précédent sous 1 'effet de perturbations qui lui sont intrinsèques et/ou extrinsèques .... Mais s'il est essentiellement de court et moyen termes dans le cadre de sa mise en œuvre, il devient «structurel» et se déploie sur le moyen et long termes s'il porte sur des actions vigoureuses et profondes touchant aux structures de l'économie concernée (production, consommation, commerce extérieur).

"Armand Gilbert Noula (1995)"

Les dévaluations, tout comme des visites chez le dentiste, sont largement craintes, sont parfois nécessaires, sont généralement différées plus qu'il n'en faut, font souffrir quelque

temps, et font souvent du bien.

"Stanley Fisher (1986)"

(9)

RESUME

Après avoir appliqué successivement plusieurs programmes d'ajustement réel, les pays de la Zone FCFA se sont trouvés dans l'obligation de dévaluer leur monnaie commune au taux uniforme de 50%, en Janvier 1994, en vue de résorber leurs déficits macro-économiques et financiers persistants. Ces déficits résultent de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment la détérioration des termes de l'échange, le poids élevé de la dette par rapport aux ressources des Etats, les erreurs des politiques économiques, budgétaires et monétaires, la vulnérabilité des économies aux chocs extérieurs caractérisée par les rigidités structurelles telle que la forte dépendance vis à vis de l'exportation de produits de base non diversifiés.

En ce qui concerne le Niger, la dévaluation du FCFA n'a pas produit les effets positifs attendus. L'étude a montré une nette amélioration de la compétitivité-prix à travers la dépréciation du taux de change effectif réel du fait de la dévaluation, et une faible réaction de la production aux mécanismes d'incitation des prix à cause de l'état de l'économie qui prouve l'inefficacité des mesures d'ajustement interne.

Ainsi, nous remarquons que la dévaluation ne peut corriger les insuffisances structurelles de l'économie et ne saurait donc se substituer aux mesures d'ajustement interne qui impliquent une rigueur dans la gestion économique et financière. Aussi, le succès de la dévaluation est difficile si l'économie est confrontée à d'autres problèmes en plus de la surévaluation du taux de change.

La situation peut s'expliquer par l'insuccès des réformes économiques; celles-ci ne se sont pas traduites par la constitution de bases productives solides, notamment la diversification de l'économie et la sensibilité de l'offre des biens échangeables aux mécanismes d'incitation des prix. A cet effet, il est recommandé:

• la poursuite de l'ajustement interne dans le cadre d'une rigueur de la gestion économique et financière en vue d'une amélioration des structures et des performances de l'économie;

+

une meilleure mobilisation et une affectation rationnelle des ressources, et une' mise en œuvre efficace de l'investissement;

• le renforcement de la Zone FCF A par celui de chaque sous-région qui doit se manifester par la solidarité entre les Etats, la coordination budgétaire, la poursuite du processus d'intégration régionale en vue de la construction d'un espace économique plus large permettant d'accélérer la croissance.

Au demeurant, les pays de la Zone FCF A doivent considérer l'Euro comme un défi /.

(10)

BAD

BCE BCEAO CCAO CEDEAO DTS ECU EURO FASR FCFA

FMA

FF FMI IDEP

MCPN

NLTPS OPEN

Pm

PME

PMI

ABREVIATIONS

: Banque Africaine de Développement : Banque Centrale Européenne

: Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest : Chambre de Compensation de l'Afrique de l'Ouest

: Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest :Droit de Tirage Spécial

: Unité de Compte Européenne

:Unité monétaire de l'Union Européenne : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé : Franc de la Communauté Financière Africaine : Fonds Monétaire Africain

: Franc français

: Fonds Monétaire International

: Institut Africain de Développement Economique et de Planification

: Marché de change parallèle Naira/FCF A entre le Niger et le Nigeria

:Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme : Office de la Promotion de l'Entreprise Nigérienne : Produit intérieur brut

: Petites et Moyennes Entreprises : Petites et Moyennes Industries

(11)

PNUD

PSR SNC SME TCER TCERN

: Programme des Nations Unies pour le Développement : Programme Significatif de Relance

: Société Nigérienne de Cimenterie : Système Monétaire Européen

: Taux de change effectif réel

: Taux de change effectif réel du Naira du Nigeria

TCERCFAN : Taux de change effectif réel du FCF A Niger UEMOA

UMOA

: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

: Union Monétaire Ouest Africaine

iiv

(12)

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU N°1: TAUX DE CROISSANCE DU PIB REEL (TPIBR) ET TAUX DE CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE (.1:1), EN %

TABLEAU N°2: INDICES DES PRIX A LA CONSOMMATION DANS L'UEMOA

TABLEAU N°3: INDICES DES PRIX DES EXPORTATIONS DES PAYS DE l'UEMOA

TABLEAU N°4: TAUX DE CHANGE EFFECTIFS REELS DES PAYS DE L'UEMOA

TABLEAU N°5: PIB AU PRIX DU MARCHE DES PAYS DE l'UMOA (UEMOA}, DE 1991 à 1994 (en milliards de FCFA)

TABLEAU N°6: EVOLUTION DES COURS MOYENS DU NAIRA EXPRIMES EN FCFA, A lA CHAMBRE DE COMPENSATION DE l'AFRIQUE DE l'OUEST (CCAO) ET AU MARCHE FRONT ALlER NI GERO-NIGERIAN ( FCF AIN AIRA)

TABLEAU N°7: TAUX DE CHANGE EFFECTIF REEL (TCER), TERMES DE

L'ECHANGE (TEE}, ET INDICES DE PRIX DES IMPORTATIONS (PM) ET DES EXPORTATIONS (PX)

(13)

LISTJE DES GRAPIDQUES

GRAPHIQUE N°1: EVOLUTION DE LA BALANCE COURANTE (CA), DES IMPORTATIONS (M) ET DES EXPORTATIONS (X)

vn

GRAPHIQUE N°2: EVOLUTION DU TAUX DE CHANGE EFFECTIF REEL (TCER) ET DES INDICES DE PRIX DES IMPORTATIONS (PM) ET DES EXPORTATIONS (PX)

GRAPHIQUE N°3: EVOLUTION DES INDICES DE PRIX DES IMPORTATIONS (PM)

ET DES EXPORTATIONS (PX), DU TAUX DE CHANGE EFFECTIF REEL (TCER) ET DE LA BALANCE COURANTE (CA)

GRAPHIQUE N°4: EVOLUTION DE LA BALANCE COURANTE (CA), DES TERMES DE L'ECHANGE (TEE) ET DU TAUX DE CHANGE EFFECTIF REEL (TCER)

GRAPHIQUE N°5: EVOLUTIONN DES TAUX DE CHANGE DU NAIRA PAR RAPPORT AU FCF A NIGER

(14)

INTRODUCTION

Après trois décennies d'existence de l'Union Monétaire Ouest Africaine

(UMOA), les pays membres décidèrent d'élargir et de renforcer leurs relations de coopération.

A cet effet ils procédèrent à la transformation de l'Union en créant l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le 10 janvier 1994 dont le traité devrait entrer en vigueur le 1er Août 1994.

Ensuite, le 12 janvier 1994, ils dévaluèrent de 50% leur monnaie commune (le FCF A).

Fixée à 50 FCF A contre 1 Franc français (FF) en 1948, la parité est restée inchangée pendant 47 ans en dépit de l'instabilité économique notoire de ces pays sous l'effet de facteurs endogènes et exogènes, persistants et divers, particulièrement à partir de la deuxième moitié des années 80.

Les deux actes se situaient à un moment où les pays de l'UMOA étaient confrontés à de sérieuses difficultés sans précédent, entre autres détérioration des termes de l'échange, déficits des paiements extérieurs, déficits budgétaires exacerbés par la crise de la dette, somme toute liés en général à l'inefficacité de leurs politiques économiques.

Jusqu'au début des années 1980, ces pays avaient connu quelques performances économiques, notamment des exportations élevées et un niveau d'inflation relativement bas.

Ces succès s'expliquent par les débouchés favorables à leurs exportations, la stabilité et la convertibilité de la monnaie, et les prêts relativement importants obtenus des Institutions Financières Internationales, sous l'impulsion de la coopération bilatérale et multilatérale. Mais suite à la récession économique mondiale et la baisse subséquente de la demande mondiale et des cours des matières premières pendant la deuxième moitié des années 80, il s'est produit un retournement de la situation, entraînant une baisse des recettes d'exportation et une stagnation des activités économiques, puis des déséquilibres macro-économiques et financiers aigus, se

(15)

traduisant en conséquence par l'insolvabilité des Etats.

n

est à noter également 1' émergence de la crise de la dette alimentée par le tarissement des ressources financières extérieures (déficit de la balance des opérations courantes, réduction des financements extérieurs et accroissement du service de la dette).

En réaction à la crise, les pouvoirs publics ont mis en œuvre des politiques d'ajustement interne qui se sont malheureusement révélées ~suffisantes et inefficaces. La principale contrainte était le déficit extérieur irréductible par rapport aux mesures internes, les termes de l'échange ayant baissé de près de 40%, eu égard à la baisse concomitante des cours mondiaux des principaux produits d'exportation et du dollar, d'une part, et la tendance à la hausse des coûts des importations, d'autre part.

Cependant, les mesures d'ajustement interne se sont traduites par une ma.Itrise de l'inflation (taux inférieur à 10% entre 1990 et 1993) et une appréciation du taux de change réel de près de 40% en dépit de la détérioration des termes de l'échange.

L'évolution perverse du taux de change s'explique par l'arrimage du FCFA au FF, sa convertibilité sans coût, et le non réajustement de la valeur par rapport aux performances macro-économiques. Dès lors le FCF A est prisé comme une devise par les pays voisins à monnaie autonome, avec une prime de change en leur faveur. Le développement de marchés parallèles de change aux dépens de cette monnaie s'était dès lors amplifié en même temps que le commerce 'transfrontalier' avec l'usage prédominant des monnaies non convertibles comme -principal moyen de règlement dans certaines régions (usage prédominant du Naira dans les

régions frontalières nigéro-nigérianes).

A cet effet, les autorités monétaires de la Zone Franc CF A s'étaient wes obligées de prendre en Aoûtl993 des mesures de sauvegarde contre la fuite massive de leur monnaie (fuite

(16)

de capitaux par le biais du marché parallèle); elles décidèrent par conséquent de suspendre la convertibilité externe du FCF A pour endiguer les spéculations indésirables du secteur informel.

Auparavant, les autorités monétaires de la France avaient institué une commission de change de 3% pour la conversion des FCFA en FF. Somme toute, ces deux décisions ont eu pour conséquence la baisse de confiance dans le FCF A

Toutes ces mesures sont en fait fondées sur l'idée que l'ajustement externe est un complément de l'ajustement interne pour le rétablissement des équilibres macro-économiques, condition nécessaire à la relance voire même la croissance.

Au plan budgétaire, la crise et l'informatisation progressive des économies ont entraîné un rétrécissement de l'assiette fiscale et par conséquent une réduction sensible des recettes publiques en dépit des réformes introduites telles que l'institution de la taxe sur la valeur ajoutée (TV

Ai.

Eu égard au fléchissement du secteur moderne dû essentiellement à la persistance de la crise et à l'inefficacité du fisc face au secteur informel, le succès de cette nouvelle fiscalité a été compromis. Ainsi au Niger, les recettes budgétaires ont chuté en 1985, 1990 et 1993, respectivement de 24%, 18,1% et 15,6%, tandis que certaines dépenses de fonctionnement, les salaires en particulier avaient augmenté de 9,3% en proportion du PIB.

Ces derniers atteignaient alors environ 60% des recettes budgétaires en 1993.

A cela s'ajoutent la détérioration des termes de l'échange et le déficit persistant de la balance commerciale avec un taux de couverture (exportations/importations) des importations de 91,2 et 94,1% entre 1987 et 1993; ce qui appelait de plus en plus la dévaluation· compte tenu des difficultés de financement et en particulier à cause du problème de la dette.

A cet effet la dévaluation se présentait comme une solution impérative et urgente. La dégradation du solde de la balance commerciale n'est pas sans effet sur le taux de change

1 La TVA a été introduite au Niger suivant la Loi des Finances 1996.

(17)

effectif réel de l'Union. Ainsi le taux de change effectif réel pour la Côte d'Ivoire, pays leader de l'Union a connu une évolution sensible. ll en est aussi du taux de change nominal par rapport au dollar au cours de la même période.

De 1980 à 1993 le taux de change effectif réel (base 1970) est passé de 287,99 à 404,890/o tandis que le taux de change officiel a connu une évolution de 128,7 à 96% dont les niveaux les plus bas sont 83,1 et 71,6% en 1983 et 1984, selon Louis M. Goreux, Banque Mondiale2

En 1994 ces taux ont connu de manière concomitante une baisse importante qui s'explique par la dévaluation. Cependant il reste à savoir l'impact de cet ajustement sur les échanges extérieurs surtout sur le solde de la balance commerciale, ce qui appelle implicitement la question relative à l'effet de compétitivité.

Mais, outre la situation économique et financière globale de l'Union, qu'est ce qui justifie le choix d'un taux unique de dévaluation en dépit de la disparité entre les pays

concernés?

Suivant les accords monétaires entre la France et les autres pays de la Zone Franc, le FCF A fait l'objet d'une politique de change fixe et bénéficie d'une garantie de convertibilité alors que le FF, auquel il est rattaché, fait l'objet d'un système de change différent: un système de change flottant vis à vis des monnaies telles que le dollar américain et le yen japonais, depuis la suspension de la convertibilité en or du dollar américain, le 8 Août 1971 suivi de l'instauration du flottement généralisé des monnaies du Système Monétaire International, et un système de change flexible dans le cadre du système monétaire européen3 (SME) où l'ECU (Unité de Compte Européen) sert de référence dans le mécanisme détermination des cours des monnaies de la Communauté Economique Européenne.

2 La Dévaluation du Franc CFA, un premier bilan en décembre 1995.

3 Le cours du FF peut fluctuer par rapport à l'ECU et autres monnaies associées dans une certaine limite.

(18)

La nature du lien entre le FF et le FCF A fait courir à ce dernier le risque de deux formes de dévaluation, l'une directe et l'autre indirecte. Ainsi, toute modification du taux de change du FF dans le SME se traduit implicitement par celui du FCF A en l'absence de tout changement de parité entre ces deux monnaies. Cependant, le cas qui nous intéresse ici est la dévaluation directe.

Notons également que cette garantie est assurée par les mécanismes de fonctionnement d'un compte d'opérations ouvert dans les livres du Trésor français.

Ce compte est alimenté par une imputation de 65% des réserves en devises des pays de la Zone Franc CF A. TI fonctionne comme une caisse de solidarité dans l'action de garantie de la valeur et de la convertibilité du FCF A.

En dépit de la différence de poids économique, mais aussi de celle de l'ampleur des difficultés dans les pays membres, le principe de monnaie unique se présentait comme la motivation essentielle de procéder à une dévaluation à taux unique dans l'Union. Cette option pourrait se traduire entre les pays par des différences notoires quant à la réussite de l'opération, qui ne sauraient être supportables sans la mise œuvre de mécanismes de compensation.

A propos du Niger, nous pouvons noter qu'à la veille de la dévaluation, les modestes performances du secteur agricole, la quasi-stagnation de la demande d'uranium et le contexte socio-politique défavorable à la bonne gouvernance ont pesé sur le niveau de l'activité économique. Outre la mauvaise situation économique et financière, le pays est affecté par

· l'absence d'un programme d'ajustement et de relance économique appuyé par la Banque

Mondiale et/ou le F.M.I. liée principalement au contexte socio-politique qui prévalait.

Au plan monétaire, cette situation a entraîné une dégradation de la position extérieure nette des institutions monétaires (de 7,6 à 5,7 milliards FCFA, soit une chute de 1,9 milliards FCF A), un tassement du crédit intérieur et un accroissement de la masse monétaire.

r" r

(19)

En janvier 1994, les facteurs endogènes et exogènes ayant affecté l'économie nigérienne ont été relevés par une commission chargée d'étudier l'impact d'un changement de parité du FCFA sur l'Economie du Niger. Les facteurs identifiés sont:

-les tensions sociales qui ont émoussé l'initiative productive interne et occasionné la rupture du programme d'ajustement avec les institutions de Bretton Woods et conséquemment le tarissement des flux d'aide extérieure;

- les perturbations climatiques avec leur corollaire sur la production agricole et en conséquence sur le niveau alimentaire;

- la baisse continue du cours de l'uranium qui représentait 61% des recettes d'exportation en 1993;

-la poursuite de la dépréciation du Naira insensible aux politiques monétaires les plus radicales de I'UMOA comme cela a été le cas avec la suspension du rachat du FCFA, cette dépréciation a aggravé les problèmes de compétitivité;

- l'accumulation des arriérés extérieurs et intérieurs avec comme conséquence, le blocage des projets et l'illiquidité de l'économie.

En plus de ces facteurs, il est important de noter les incidences de la perte de confiance dans le FCFA, à partir de 1992 sur le commerce extérieur. Ainsi, les exportations et les importations ont baissé de 20% et 27% respectivement.

A cet effet, le taux de croissance du Pm a été marqué par une chute de 1, 7% entre -1990 et 1993.

Le recours à la dévaluation est alors fondé sur le fait que les pays de la Zone Franc CFA étaient confrontés dans l'ensemble à une crise structurelle sans précédent reposant essentiellement sur la perte de compétitivité de leur économie.

(20)

A cet égard, la Commission de Réflexion sur l'impact d'un changement de parité du FCFA sur l'Economie du Niger indiquait dans son rapport que: «La dévaluation est ainsi la conséquence d'une surévaluation du FCFA qui s'est manifestée à travers l'incompatibilité de la politique monétaire et budgétaire expansionniste avec le taux de change. Cette incompatibilité se traduit au Niger par un déficit persistant des finances publiques et de la balance courante, le développement de la fraude incité par les prix moindres des produits extérieurs et la crise de production dans les secteurs de biens exportables».

Par conséquent deux solutions alternatives ont été énoncées pour le pays en vue de rétablir les équilibres macro-économiques d'une part et de relancer la croissance d'autre part.

n

s'agit de:

- l'ajustement interne à travers une forte réduction des coûts des facteurs de production, entre autres capital, travail et terre;

-l'ajustement monétaire à travers la dévaluation qui devrait se traduire par une dépréciation réelle de la monnaie en réduisant les prix relatifs des biens domestiques par rapport aux biens étrangers.

Tout en espérant des effets positifs de la dévaluation, notamment la résorption des déficits intérieur et extérieur, les pouvoirs publics n'ont pas perdu de vue les effets pervers indésirables qui en découleraient, surtout à cause de la faiblesse des économies concernées, ce -qui nécessitait davantage la mise en œuvre d'un train de mesures d'accompagnement.

TI s'agit de créer les conditions favorables pour le succès de la dévaluation (rendre l'économie compétitive et rétablir les équilibres externe et interne) en minimisant les risques inflationnistes d'une part et en corrigeant les insuffisances structurelles de l'économie

(21)

(économie peu diversifiée et faiblesse de la production) qui handicapent la compétitivité, d'autre part.

Cependant, au Niger le succès de la dévaluation paraissait incertain, du fait des faiblesses structurelles importantes de l'économie (agriculture de subsistance soumise aux caprices de la pluviométrie, faiblesses du tissu industriel avec des inputs à forte proportion de produits d'importation), le quasi arrêt des investissements publics et privés, et la domination du géant voisin, le Nigeria. Aussi, le risque d'une dépréciation automatique du taux de change parallèle du Naira, qui se traduirait par un retour au taux de change réel prévalant au seuil de la dévaluation, a été perçu comme une contrainte majeure de l'amélioration de la position compétitive vis à vis du Nigeria.

Cette crainte est justifiée par le cadre informel et l'importance des transactions courantes du Niger avec ce pays. A cet égard la réaction du marché parallèle du Naira à la dévaluation du FCFA constitue un facteur à prendre en considération dans l'appréciation de l'évolution de la compétitivité internationale du Niger.

Somme toute, la réalisation des objectifs de la dévaluation est conditionnée par la conjugaison de plusieurs facteurs et suscitait bien quelques interrogations compte tenu des faiblesses structurelles de l'économie, de l'ampleur des déficits macro-économiques et financiers du pays.

(22)

CHAPITRE 1:- PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

l'ECONOMIE NIGERIENNE ET LA DEV ALUATJON DU FCFA

A la veille de la dévaluation le Niger était le seul pays membre de l'UMOA dont le principal produit d'exportation (l'uranium) était l'objet d'une convention spécifique par laquelle les quantités et le prix (en FCF A) étaient fixés, ce qui impliquerait une perte en devises en cas de dévaluation du FCFA, toutes choses étant égales par ailleurs. D'autre part, outre les importations en provenance de divers pays, l'essentiel des exportations (hors uranium) constituées de produits agro-pastoraux s'effectuent vers le Nigeria au taux de change parallèle du Naira.

Par ailleurs, la situation économique et financière du pays se caractérisait par une très grande faiblesse de la production (petites capacités de production et insuffisances structurelles), un déficit des finances publiques qui se traduisait par des cessations ponctuelles de paiements intérieurs et extérieurs.

Eu égard à la disparité économique entre pays membres de l'UEMOA, et au taux uniforme choisi en janvier 1994, la dévaluation avait-elle des possibilités de-succès au Niger?

Cette opération constitue t-elle une opportunité de compétitivité pour le Niger dont une .grande partie des échanges hors exportations d'uranium se font avec le Nigeria dans le cadre

d'un système de change parallèle?

Comment ont évolué le taux de change effectif réel et la compétitivité de 1 'économie nigérienne, avant et après la dévaluation?

Quel était le taux de dépréciation du FCF A Niger avant la dévaluation:

-en terme réel au sein de l'UMOA et par rapport au FF?

- en termes nominal et réel par rapport dollar américain et au Naira?

.

(23)

La dévaluation du FCF A a t-elle provoqué une dépréciation du taux de change parallèle du Naira? Si oui, dans quelle proportion?4

Le taux de dévaluation de 50% est-il approprié pour le pays eu égard à sa situation économique?

La dévaluation était-elle une solution au déficit extérieur du Niger?

Quel est l'impact de la dévaluation sur le commerce extérieur?

Comment l'économie nigérienne a t-elle réagi par rapport à la dévaluation au plan des échanges extérieurs?

Ce pays remplissait-il les conditions nécessaires pour le succès de cette dévaluation?

Somme toute, la question est de savoir si les objectifs indiqués par la Banque de France, dans son rapport de 1994 sur la Zone Franc, pourraient être réalisés, en ce qui concerne le Niger?

Ces objectifs sont:

• Be rétablissement de la compétitivité externe des économies de la Zone Franc et le redressement des balances commerciales;

• la réduction des déficits budgétaires;

• et la reprise de la croissance.

Au titre des raisons de la dévaluation, le rapport de 1994 de la Banque de France sur la

Zone Franc stipule: «Après l'échec des tentatives d'ajustement réel, la dévaluation du Franc

·FCF A marque le recours à une nouvelle stratégie d'ajustement pour résorber les déséquilibres macro-économiques profonds apparus au cours des années quatre-vingt.

4 Le tau.'{ de change parallèle de la Naira est déternùné par le jeu de l'offre et de la demande en relation avec le niveau de la prime ( par rapport au cours officiel et au FCFA ) procurée aux opérateurs intéressés. Suivant le principe de flexibilité qui le caractérise, un réajustement automatique de la Naira visant à contrebalancer (retournement de cours ou effet de rattrapage ) son appréciation résultant de la dévaluation du FCF A est plausible.

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En effet, le retournement à partir de 1985 des cours des principales matières premières exportées par les pays membres et la dépréciation du dollar ont mis un terme à une longue période de prospérité. Entre 1985 et1992, les termes de l'échange se sont dégradés de 45%

environ. Les recettes d'exportation se sont ainsi fortement contractées, provoquant par conséquent la baisse des recettes publiques. L'incapacité des gouvernements à adopter rapidement des mesures d'ajustement à la baisse des dépenses s'est traduite par un creusement des déficits budgétaires. De surcroît, plusieurs pays ont maintenu pour un temps relativement long le recours à l'endettement extérieur, afin de financer des projets lancés en période de prospérité.

Plusieurs indicateurs montrent l'ampleur de la crise économique et financière dans laquelle sont entrés les pays de la Zone Franc:

-le PIB a diminué en volume de 0,6% en moyenne sur la période 1986/93,

(-3,6% par habitant) contre une croissance de 4,6% par sur la période 1975/85, (+1,6% par habitant);

- le déficit budgétaire cumulé sur l'ensemble de la zone est passé de 5% du PIB en moyenne de 1975 à 1985, à 7,6% entre 1986 à 1993;

- les paiements extérieurs se sont dégradés. Le déficit de la balance courante est passé . de 6,5% du PIB en moyenne entre 1975 et 1985 à 7,4% sur la période 1986/1993. Les remboursements des emprunts extérieurs ont pesé sur la balance des paiements au moment où -les apports de capitaux extérieurs s'amenuisaient. L'endettement extérieur a progressé de USD 25 milliards environ en 1985 à 48,6 milliards en 1993, soit une croissance de 94%, très partiellement compensée par la dévalorisation du Dollar face au franc français de 22%.

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De ce fait, plusieurs pays ont été confrontés à des crises sévères d'endettement. Entre 1989 et 1991, tous les pays africains membres de la Zone Franc ont obtenu un rééchelonnement de leur dette extérieure publique auprès des créanciers du Club de Paris.

Outre les effets directs du retournement de la situation de 1985, les effets induits ont entraîné une crise des systèmes financiers internes. Les difficultés budgétaires ont incité les entreprises des secteurs public et parapublic à s'endetter auprès des systèmes bancaires locaux alors que leur capacité de remboursement se réduisait. Les banques ont en conséquence vu la part des crédits compromis s'alourdir dans leurs bilans. Les difficultés des Etats à régler leurs fournisseurs et à assurer le paiement régulier des salaires de la Fonction Publique ont aggravé la crise bancaire.

Confrontés à une situation économique profondément dégradée, les pays de la Zone Franc CFA se sont engagés dans des programmes d'ajustement structurel avec le FMI. La mise en œuvre de certaines dispositions de ces programmes s'est avérée difficile, notamment les réductions d'effectifs de la Fonction Publique.

Face à l'échec des mesures d'ajustement réel, les institutions de Bretton-Woods ont suspendu en 1993 leurs apports financiers aux pays de la Zone Franc FCF A, sauf pour le Bénin et le Burkina-Faso dont les programmes avec le FMI étaient respectés, et préconisé un ajustement monétaire».

OBJECTIF DE L'ETUDE

L'objet de cette étude est de savoir si la dévaluation du FCF A est une opportunité pour l'amélioration du niveau de compétitivité de l'économie nigérienne, voire le rétablissement de l'équilibre du compte courant de la balance des paiements extérieurs.

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TI s'agit de connaître si cette opération s'est traduite ou non par des effets positifs, entre autres 1' amélioration des performances macro-économiques, et de déterminer les raisons essentielles.

A ce titre, il est important d'étudier l'évolution de la compétitivité de l'économie nigérienne suite à la dévaluation et d'identifier ses effets sur la balance des opérations courantes, eu égard aux relations entre indices de taux de change et performances macro- économiques.

Tout en étudiant la pertinence du taux de dévaluation, une analyse du train de mesures d'accompagnement mises en œuvre sera faite pour apprécier davantage les chances de succès de la dévaluation au Niger.

Cela nous permet de répondre aux questions ci-dessus, tout en nous intéressant aux avantages que pourrait tirer le Niger de son voisinage avec le Nigeria.

Enfin nous déduiront des recommandations de politique économique, politique commerciale notamment dans la perspective de l'EURO, eu égard aux incidences éventuelles de celle-ci sur les échanges des pays ayant des accords monétaires avec la France.

RESULTATS ATTENDUS

L'inélasticité qui caractérise la plus forte proportion des exportations au Niger, en l'occurrence l'uranium qui est le produit dominant, constitue une contrainte majeure à l'amélioration du solde des transactions courantes de la balance des paiements. Au demeurant, l'effet positif de la dévaluation sur les importations et les exportations hors uranium est l'un des facteurs déterminants de la réduction attendue du déficit de la balance des opérations courantes. Si l'effet de la dévaluation sur les importations et les exportations hors uranium est

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faible, le rétablissement de l'équilibre du compte courant de la balance des paiements dépendra davantage de l'évolution du prix de l'uranium dont la demande est quasi-stationnaire

Eu égard aux conditions financières et économiques du pays, la dévaluation avait, a priori, peu de chance de produire tous les effets positifs attendus. L'économie ne remplie pas totalement la condition de Marshall-Lerner, ce qui hypothèque le succès de la dévaluation.

La flexibilité du taux de change parallèle du Naira s'est traduite à court terme par un rattrapage de la dévaluation du FCF A, et implicitement par une annulation du gain de compétitivité du Niger vis à vis du Nigeria. L'ajustement automatique du marché parallèle de change se fait au détriment du pays qui dévalue; la réaction est similaire à dévaluation compétitive. Toutes choses étant égales par ailleurs, la balance courante du Niger vis-à-vis du Nigeria ne pourra guère s'améliorer.

Cependant, la faiblesse structurelle de l'économie nigérienne constitue en elle-même un handicap majeur au succès de la dévaluation. En l'absence d'une réserve de capacité de production et d'un ajustement interne suffisant, 1 'ajustement externe ne saurait à lui seul favoriser la relance économique en tant que politique économique complémentaire.

1.1. Caractéristiques et tendances de l'Economie Nigérienne

Pays sahélo-saharien, le Niger compte parmi les pays en voie de développement.

L'économie se divise en trois secteurs: Agriculture-Elevage, Industrie et Commerce. Les - activités agro-pastorales occupent plus de 80% de la population active mais elles demeurent encore traditionnelles, avec une productivité assez faible. Elles sont aussi tributaires de la pluviométrie, ce qui constitue un facteur aléatoire et explique plus ou moins le faible niveau de la productivité. Cette précarité du secteur agricole n'est pas sans effet sur les autres secteurs en terme de source d'intrants et d'opportunité de marché. Le système d'exploitation est

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généralement marqué par des techniques de production quasi-rudimentaires de subsistance. En dehors du niébé et du coton qui constituent des cultures d'exportation, seules quelques cultures maraîchères dites de contre-saison (oignon et ail) constituent des produits réellement marchants. Cependant, il convient de noter la contribution non négligeable des produits pastoraux aux exportations. Les produits qui font l'objet d'exportation sont surtout le bétail sur pied, les cuirs et les peaux brutes.

A l'instar de l'agriculture, l'élevage reste une branche d'activité très peu développée alors qu'elle présente en dépit des aléas climatiques, d'énormes potentialités. Elle fait également l'objet d'un système d'exploitation traditionnelle qualifié par moment d'élevage contemplatif, c'est à dire peu marchand. Mais l'Etat a pris des initiatives en mettant en place des structures de promotion, notamment les ranchs et les centres pastoraux, servant de système d'exploitation pilote pour le développement de cette activité. Elles visent surtout l'amélioration des espèces et la réduction des effets des fluctuations de la pluviométrie, mettant ainsi le cheptel à l'abri des méfaits des sécheresses.

Le déficit pluviométrique affecte indirectement les ressources budgétaires par les subventions que Etat doit octroyer sous forme d'aide alimentaire et de programme de reconstitution du cheptel aux populations touchées éventuellement par la sécheresse et/ou la mauvaise campagne agricole.

En ce qui concerne l'industrie, les efforts de promotion n'ont pas donné les résultats - escomptés. Le secteur se trouve encore à un stade embryonnaire. ll a même connu un recul du fait d'un manque de compétitivité à cause des coûts de revient structurellement élevés par rapport aux produits similaires étrangers pour trois raisons essentielles, notamment l'importance des intrants étrangers et leurs coûts d'approvisionnement très élevés et la faiblesse de la productivité liée souvent à des problèmes de management; tout cela implique des

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problèmes notoires de débouchés. Il est à noter le quasi-arrêt des exportations de produits manufacturiers à partir de la deuxième moitié des années 80.

Quant au secteur tertiaire, l'on note depuis l'enclenchement du processus de libéralisation, vers la fin des années 70, un développement des activités dites informelles.

Qu'il s'agisse du commerce ou des prestations de services exercés par les opérateurs économiques nationaux, les activités se caractérisent généralement par un manque de transparence incompatible avec le système de financement bancaire.

Ainsi ce secteur se compose de deux parties, les sous secteurs moderne et informel dont la démarcation se fait par l'application des techniques comptables au sein des unités économiques. Mais, contrairement au sous secteur moderne caractérisé par une relative transparence, l'informel se présente comme une nébuleuse dont le volume des activités échappe en grande partie à la connaissance des pouvoirs publics. Ce manque de transparence constitue un atout important en matière d'évasion fiscale, et permet alors de concurrencer les entreprises modernes.

Du point de la subdivision sectorielle, il est aussi important de noter l'Artisanat qui comporte des activités modernes et traditionnelles de production de biens, et prestations de services. C'est un domaine dont l'importance a été négligée jusqu'à la fin de la première moitié des années 80. Ce n'est qu'à partir de 1989 que l'Etat s'est résolument engagé à assurer sa promotion par la redynamisation des structures d'encadrement appuyées par un projet de promotion, dans le cadre de la politique générale en faveur du secteur privé.

En effet des études ont montré que cette branche d'activité laissée pour compte dispose de beaucoup de potentialités. Elle renferme d'importantes ressources humaines et utilise essentiellement les matières locales avec des équipements traditionnels dans certains domaines.

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problèmes notoires de débouchés. Il est à noter le quasi-arrêt des exportations de produits manufacturiers à partir de la deuxième moitié des années 80.

Quant au secteur tertiaire, l'on note depuis l'enclenchement du processus de libéralisation, vers la fin des années 70, un développement des activités dites informelles.

Qu'il s'agisse du commerce ou des prestations de services exercés par les opérateurs économiques nationaux, les activités se caractérisent généralement par un manque de transparence incompatible avec le système de financement bancaire.

Ainsi ce secteur se compose de deux parties, les sous secteurs moderne et informel dont la démarcation se fait par l'application des techniques comptables au sein des unités économiques. Mais, contrairement au sous secteur moderne caractérisé par une relative transparence, 1 'informel se présente comme une nébuleuse dont le volume des activités échappe en grande partie à la connaissance des pouvoirs publics. Ce manque de transparence constitue un atout important en matière d'évasion fiscale, et permet alors de concurrencer les entreprises modernes.

Du point de la subdivision sectorielle, il est aussi important de noter l'Artisanat qui comporte des activités modernes et traditionnelles de production de biens, et prestations de services. C'est un domaine dont l'importance a été négligée jusqu'à la fin de la première moitié des années 80. Ce n'est qu'à partir de 1989 que l'Etat s'est résolument engagé à assurer sa promotion par la redynamisation des structures d'encadrement appuyées par un projet de promotion, dans le cadre de la politique générale en faveur du secteur privé.

En effet des études ont montré que cette branche d'activité laissée pour compte dispose de beaucoup de potentialités. Elle renferme d'importantes ressources humaines et utilise essentiellement les matières locales avec des équipements traditionnels dans certains domaines.

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Elle est davantage exercée en zone rurale pendant la saison sèche. Mais elle génère de la valeur ajoutée et contribue d'une manière substantielle au

Pm

au sein du secteur tertiaire.

Comme le montre le tableau n°2, chacun des trois secteurs génère de la valeur ajoutée dont la proportion est exprimée en terme de répartition du Pm.

Cet indicateur et ses sources connaissent cependant des variations concomitantes.

D'une manière générale le Pm au coût des facteurs s'est accru de 1980 à 1990, passant de 499,9 à 655,5 milliards FCFA. ll a ensuite baissé considérablement de 1991 à 1993, soit à la veille de la dévaluation du FCF A. Du point de sa formation, le secteur primaire occupe une place prépondérante~ il contribuait entre 1980 et 1983 environ à 46%, puis légérement moins de 40% jusqu'en 1990. Le reste est réalisé par les secteurs secondaire et tertiaire, avec une légère prédominance de ce dernier.

Le tableau n°2 en annexe montre l'importance des secteurs dans la formation du PIB et comporte aussi d'autres indicateurs macro-économiques, notamment l'investissement, la consommation et l'épargne.

Le taux de croissance du PIB a été marqué par d'importantes fluctuations avec quelques chiffres négatifs.

Cependant l'épargne intérieure et l'investissement ont été caractérisés par des taux positifs mais décroissants vers la fin des années 80 et le début des années 90.

Enfin, il est à noter la dégradation du niveau de vie générale de la population consécutive à la baisse persistante du PIB par habitant à partir de 1985. Cela explique l'écart entre la crotssance du PIB et celle de la population. Aussi, cette tendance traduit-elle l'impérieuse nécessité de procéder à des réformes économiques pour améliorer la situation.

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TABLEAU N°l: TAUX DE CROISSANCE DU Pffi REEL (TPIBR) ET TAUX DE CROISSANCE DEMOGRAPIDQUE (Ji), EN % 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992

'fPIBR 1,7 4,6 -3,5 5,5 10 -1,8 2,5 -6,5

H 6,5 6,8 7 7,2 7,5 7,7 8 8,2

Source: Ministère du Plan:- Direction de la Statistique et de l'Informatique, 1995.

1993 1,4 8,5

Ce contexte s'explique par les structures de l'économie nigérienne, notamment ses caractéristiques de sous développement qui sont dans une large mesure le résultat des politiques interventionnistes inefficaces et in efficientes mises en œuvre depuis 1960, date de l'accession à l'indépendance. En effet, après une politique de forte intervention dans tous les secteurs fondée sur l'absence de capitaux et les limites de l'initiative privée au plan national, et la volonté de l'Etat de contrôler certains secteurs considérés stratégiques, le Niger a connu une phase intermédiaire de mise en place d'entreprises privées nationales vers la fin des années 70 et au début des années 80, soit à l'époque du boum de l'uranium. Mais compte tenu des insuffisances en matière d'esprit d'entreprise et l'environnement institutionnel défavorable, les opérateurs économiques nationaux ont éprouvé d'énormes difficultés pour tenir certains domaines laissés par l'Etat. Mais ils se sont davantage intéressés aux activités commerciales.

Ainsi leurs actions dans le secteur industriel sont assez limitées.

En ce qui concerne l'inflation, l'indice des prix à la consommation au Niger était plus faible en 1993 (veille de la dévaluation) par rapport à celui de la plupart des pays de l'UEMOA comme l'indique le tableau n°2.

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Jl.9

TABLEAU N°2: INDICES DES PRIX A LA CONSOMMATION DANS L'UEMOA

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

Bénin - - - - - - -

-

- -

BF - - -

- -

- -

-

- - - - - - -

RCI 62,2 67,6 72,6 76,9 80,2 81,7 87,2 93,3 99,8 108,8 100 101,7 105,3 108,3 136,4 Niger 81,1 99,7 111,3 108,5 117,6 116,5 112,8 105,2 103,7 100,8 100 92,2 88,1 87,0 118,4

Mali - - -

- -

- - - 99,5 99,4 100 101,8 95,4 95,9 -

SN 56,7 60,0 70,4 78,6 87,9 99,3 105,4 101,1 99,2 99,7 100 98,2 98,2 98,1 129,1 Togo 69,6 83,4 92,7 101,3 97,7 96,0 99,9 100 99,8 99 100 100,4 101,8 100,8 -

B F: Burkina Faso; R C 1: Côte d'Ivoire; SN: Sénégal.

• Année de base: 1990

Source: BANQUE DE FRANCE:- Rapport Annuel sur la Zone Franc, 1992- 1996.

D'une manière générale l'indice des prix à la consommation au Niger est faible par rapport à celui des autres pays membres de l'UEMOA en particulier la Côte d'Ivoire et le Sénégal. En 1993, soit à la veille de la dévaluation, l'indice des prix au Niger était l'un des plus bas. La période où le niveau d'inflation est le plus élevé se situe de 1982 à 1988, notamment au début de la crise financière et économique. Cet indicateur exprime dans une certaine mesure et suivant les pays, le degré d'érosion du pouvoir d'achat de la monnaie.

D'autres indicateurs économiques, à savoir l'indice de prix des exportations et le taux de change effectif réel révèlent davantage les écarts de dépréciation du FCF A entre les pays de l'UEMOA.

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TABLEAU N°3: INDICES DES PRIX DES EXPORTATIONS DES PAYS DE l'UEMOA 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 Bénin 100 113,8 119,6 151,9 120,2 97,4 122,4 100,3 122,2 104,7 BF 100 112,8 121,5 126,5 117,4 122 110,1 114,2 135,5

-

RCI 100 94,5 81,4 80,5 80,4 91,3 86,1 77,9 96,9 90,5 Mali 100 102,3 98,1 111,8 106,9 100 94,5 99 108,5 104,8 Niger 100 98,7 85,3 90,1 79,7 78,3 76,5 68,9 82,3 - SN 100 98,5 101,7 104,9 90,1 66,6 68,1 95,6 106,6 103,4 Togo 100 106,9 105,6 116,5 111,4 111,4 95,1 95 99,5 99,1 BF: Burkina-Faso; RCI: Côte d'Ivoire; SN: Sénégal

Source: BANQUE MONDIALE:-African Economie Indicators, 1987- 1997

TABLEAU N°4: TAUX DE CHANGE EFFECTIFS REELS DES PAYS DE L'UEMOA

1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 Bénin 100,1 100,4 98 100 96,4 102,5 99,7 67,3 77,2 79,6 BF 104,3 104,7 100,1 100 97,6 96 94,4 57,8 62,1 64,3 RCI 102,1 104 98,5 100 96,5 100,8 99,2 60,9 70,3 70,5 Mali 98 102,2 97,8 100 96,3 90,9 88,9 55,1 62 64,1 Niger 115,7 109,1 101,2 100 87,5 84,8 82,8 55,1 61,1 63,1 SN 109,5 103 98,4 100 93,7 93,9 90,6 58,8 63,7 64,1 Togo 109,4 103,7 96,5 100 95 96,6 93,3 62,1 71,9 71,5 BF: Burkina Faso; RCI: Côte d'Ivoire; SN: Sénégal

Source: BANQUE MONDIALE:- African Economie Indicators, 1987- 1997.

D'une manière générale l'indice des prix des exportations du Niger est plus faible par rapport à ceux des autres membres de l'UEMOL\ exceptionnellement, il est légèrement supérieur à celui du Sénégal en 1992 et 1993.

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Quant au taux de change effectif réel, il représente le plus bas de l'Union de 1991 à 1996, ce qui nous permet de considérer que le Niger dispose de la meilleure position compétitive de la période. Aussi, à la veille de la dévaluation le FCF A Niger était moins déprécié que ceux des autres membres de l'UEMOA. Ainsi, la comparaison des taux de change effectifs réels confirme la disparité des indices des prix à la consommation et de celle indices des prix des exportations.

L'examen des taux de change effectifs réels montre des différences entre les pays de l'UEMOA. La disparité des taux signifie que le FCFA ne s'est pas uniformément déprécié au sein de l'Union et laisse penser logiquement à une dévaluation au cas par cas.

Par conséquent, chaque pays pourrait être affecté d'un coefficient de dévaluation. Le choix du taux uniforme de dévaluation peut donc se traduire par des résultats différents d'un pays à l'autre toutes choses étant égales par ailleurs.

Mais en fait, les autorités monétaires étaient davantage préoccupées par les résultats globaux en se fondant sur le principe de l'unicité monétaire conférée au FCF A

Les pays membres de l'UEMOA se distinguent bien par leurs poids et leurs performances économiques, ce qui peut se traduire par des succès différents de certaines politiques communes.

Suivant le Pm au prix du marché, la Côte d'Ivoire et le Sénégal constituent les deux pays leaders de l'Union comme l'indique le tableau n°5.

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TABLEAU N°5: Pœ AU PRIX DU MARCHE DES PAYS DE l'UMOA (UEMOA),

DE 1991 à 1994 (en milliards de FCFA}

1991 1992 1993 1994

BENIN 535,5 573,7 601,7 847,8

BURKINA-FASO 814,7 791,4 796,0 1030,2

COTE D'IVOIRE 2960 2681,3 2632,8 4157,7

MALI 685,3 737,2 794,2 1094,6

NIGER 685,6 620,6 659,5 2171,6

SENE GAL 1551,3 1661,4 1596,5 2171,6

TOGO 455,5 423,6 376,6 561,4

TOTAL 14088,6 13673,7 1361,5 18205,7

Source: BANQUE DE FRANCE: Rapport Annuel sur la Zone Franc, 1996.

1.2. De la politique économique au Niger à partir des années 80

A l'accession du Niger à l'indépendance, il a été mis en place une politique économique caractérisée par une très forte intervention de l'Etat. Cela s'explique par le fait que l'Etat était le seul agent économique national capable de mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des investissements pour le développement économique et social. Cette politique se traduisait par la mise en place d'infrastructures socio-économiques de base, la création d'entreprises publiques et parapubliques dans les secteurs secondaire et tertiaire sous forme de monopoles dans les domaines considérés comme stratégiques tels que l'énergie, les postes et télécommunications, et ceux n'intéressant pas les opérateurs économiques étrangers. Cette politique a été poursuivie avec des résultats en dessous des espérances, pendant deux décennies environ.

A cet effet, les pouvoirs publics se sont rendus compte de la nécessité de libérer certaines branches au profit des opérateurs économiques privés en vue de leur développement.

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Ainsi en matière de promotion, l'une des actions engagées fut la création d'un organisme appelé OPEN (Office de Promotion de l'Entreprise Nigérienne) chargé d'encourager les initiatives privées sous forme d'appuis financiers et institutionnels. A cela, il convient d'ajouter la révision du code des investissements et l'allégement des conditions d'accès au crédit bancaire. Notons cependant la création d'une banque de développement au début des années 60 dont le rôle principal était le financement du développement par l'octroi des crédits à moyen et long terme aux secteurs productifs. Aussi cette institution, a, en plus de la gestion de ses ressources traditionnelles, servi de relais dans le financement de l'économie en ce concerne les engagements de l'Etat vis à vis de certains bailleurs de fonds étrangers (Banque Africaine de Développement, Banque Ouest Africaine de Développement, Banque Islamique de Développement), appelés lignes de crédits. Mais, force est de constater que cette institution n'a pas pleinement joué son vrai rôle au moment du déclenchement du processus de libéralisation. Elle s'est plutôt tournée vers le financement des activités commerciales et acceptant souvent des garanties de remboursement peu fiables, ce qui à terme, a entraîné une accumulation d'importantes créances irrécouvrables dont la conséquence fut en définitive une banqueroute.

Cette banqueroute consacre la déliquescence du système bancaire (cette institution représentait environ 70%) et de l'économie. La restructuration du secteur bancaire engagée dans des programmes d'ajustement structurel n'a pas permis de redresser cette institution.

Ainsi les années 80 furent marquées par une révision de la politique économique au Niger, notamment le passage de l'interventionnisme de l'Etat à la libéralisation. Au titre des approches de développement, notons le quasi-abandon du système de planification multi- sectorielle au profit des réformes fondées sur les thèses libérales prônant la prédominance de l'économie de marché et léguant conséquemment à 1 'Etat un rôle régalien.

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Dans le cadre des programmes d'ajustement structurel et de relance de 1' économie, l'Etat a entrepris des réformes dans le secteur public tout en apportant un appui au secteur privé. La mise en oeuvre de ces programmes se manifeste par l'abandon de la politique interventionniste adoptée à l'accession du pays à l'indépendance, et des appuis financiers et institutionnels au secteur privé. A terme le rôle économique de 1 'Etat devrait porter sur la mise en place des infrastructures de base et la production dans les domaines stratégiques et ceux n'intéressant pas l'initiative privée. Cependant, force est de constater que les opérateurs économiques nationaux ont plutôt une préférence marquée pour les activités commerciales dont l'apport à l'économie nationale, en terme de valeur ajoutée, est très faible. En l'absence d'investisseurs privés étrangers et avec le retrait de l'Etat, il serait difficile d'assurer le développement de l'industrie, encore moins d'en faire un moteur de l'économie. TI est important de noter que la mise en œuvre de ces réformes se trouve confronter à des résistances des organisations des travailleurs qui y voient surtout une menace pour leurs emplois.

Dans le secteur public, le train des mesures de réformes préconisées peuvent être résumées en trois catégories que sont: la liquidation des entreprises, la restructuration avec le maintien de la prédominance de la participation de l'Etat au capital, et la privatisation. Les réformes portent sur l'ensemble des activités socio-économiques soit directement ou indirectement car elles mettent en jeu la politique économique, la politique monétaire et la politique budgétaire. Ces politiques qui doivent être élaborées de manière conjointe le sont à des niveaux institutionnels différents. Ainsi, la politique monétaire et du crédit se trouve confiée à un organisme supranational, en l'occurrence l'Union Monétaire Ouest Africaine devenue depuis le 10 janvier 1994, l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.

Etant donné que les Etats membres connaissent par moment des problèmes plus ou moins similaires, entre autres chute des recettes d'exportation, déficits intérieur et extérieur,

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l'expression de la volonté d'union s'est souvent traduite par l'adoption de politiques de convergence.

Cependant, le succès de celles-ci ne semble pas se réaliser de manière uniforme compte tenu de certaines disparités liées à la nature des économies et de

r

ampleur des problèmes auxquelles elles seraient confrontées. Ainsi, à l'issue de trois ans d'expérience de dévaluation du FCF A, le Niger connaît encore de sérieuses difficultés économiques et financières. Par ailleurs certaines mesures d'accompagnement initiées pour juguler l'inflation et contenir les tensions sociales suscitées par la baisse du pouvoir d'achat semblaient être en contradiction avec les objectifs fondamentaux de rétablissement des équilibres macro-économiques.

Par ailleurs, il important de souligner le contexte politique dans lequel la dévaluation est intervenue pour mieux juger les possibilités de succès de cette opération. Depuis 1' année 1990 le Niger connaît une instabilité politique notoire dont les conséquences au plan économique sont très importantes. A ce titre, nous pouvons indiquer les difficultés de mobilisation des ressources internes avec pour corollaire la réduction des ressources de l'Etat. Aussi, face aux exigences d'honorer le service de la dette extérieure, l'Etat est amené souvent à réduire certaines dépenses de fonctionnement et d'investissement. ll s'en est suivi une réduction de la production et de la consommation, soit une compression des activités économiques par le fait que le secteur privé ne peut pas se substituer à l'Etat car connaissant lui-même des difficultés du fait de l'effet cumulatif de la mauvaise situation des finances publiques. Ainsi, à la crise économique s'est ajoutée une crise dans le fonctionnement de l'Etat. Mais l'essentiel des difficultés résulte plutôt des problèmes de gouvernance caractérisés par le dysfonctionnement des institutions et le manque de cohérence dans la conduite des affaires publiques.

(40)

HYPOTHESES

H.t-

La dévaluation fait évoluer le solde de la balance courante sous forme de courbe en J:

celui-ci devient négatif à très court puis positif sous l'effet de l'amélioration des performances macro-économiques qui se manifestent par l'accroissement des exportations et la réduction de leurs prix relatifs.

H.2 -

La dévaluation permet de corriger les handicaps de la compétitivité internationale et favorise en conséquence la résorption du déséquilibre extérieur.

(41)

CHAPITRE III- REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODOLOGIE

Dans la stratégie d'ajustement macro-économique en régime de change fixe, le resserrement du crédit et l'austérité budgétaire s'imposent pour freiner la demande intérieure de biens étrangers, et redresser la balance commerciale.

Ces mesures d'ajustement interne tendent aussi à faire baisser les prix intérieurs et les salaires réels et provoquer une dépréciation réelle de la monnaie.

Mais dans les pays de lVEMOA, l'ajustement interne ne s'est pas traduit par une baisse des salaires. Au contraire, ils ont augmenté légèrement en dépit de la réduction des dépenses budgétaires, d'où la baisse des investissements et par conséquent celle du Pm impliquant logiquement une récession économique. Celle-ci se manifeste comme l'effet conjugué de la détérioration des termes de l'échange et de la réduction de la production des biens échangeables de manière structurelle.

A cet égard, il était nécessaire de mettre en œuvre un mécanisme d'ajustement plus approprié en l'occurrence une révision à la baisse du taux de change pour palier les déséquilibres extérieurs. Et finalement il a été convenu entre l'ensemble des pays de la Zone Franc CF A de procéder à une dévaluation de 50%.

L'objectif majeur de cette opération était de renverser la mauvaise tendance des économies respectives et de créer les conditions favorables d'une croissance durable. Mais cet objectif ne pouvait être atteint sans la restauration de la compétitivité des économies de l'Union, l'équilibre des finances publiques et l'accès aux ressources financières extérieures pour la réalisation des investissements productifs.

A cet effet, des objectifs intermédiaires ont été retenus pour le succès de l'opération.

(42)

Il s'agit de:

- un taux de dévaluation unique optimum et le maintien de l'arrimage du FCF A au FF dont la réalisation immédiate se confond avec la décision de dévaluation;

- un taux d'inflation moyen limité à 33% jusqu'en décembre 1994 et 50% à décembre 1996;

- l'amélioration de la position compétitive avec une diminution substantielle des salaires réels dans le secteur moderne;

- le rétablissement de la confiance dans le FCF A, ce qui impliquait une réduction du déficit du compte courant extérieur;

-une augmentation de l'épargne intérieure et des investissements.

A cet égard la dévaluation impliquait une politique restrictive des salaires et du crédit pour éviter les effets inflationnistes. TI fallait aussi éviter la spéculation tout comme les mouvements sociaux qui risqueraient de compromettre la réalisation des objectifs. Mais indépendamment des réactions de rejet qu'elle engendre en général et des conséquences éventuelles, la réussite de la dévaluation n'est pas automatique quelle que soit la pertinence du taux choisi. Elle dépend des potentialités et de la capacité de réaction de l'économie à assurer sa compétitivité internationale.

2.1.1 Défmition de ia dévaluation

Suivant les pays, deux systèmes de change peuvent être choisis, notamment le change fixe et le change flottant ou change flexible.

Dans le premier cas les autoritaires monétaires sont obligées d'intervenir sur le marché des changes pour maintenir la parité de la monnaie au niveau fixé.

n

s'agit de garantir une

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