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CHAPITRE III- REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODOLOGIE

B) La maîtrise de l'inflation

B) La maîtrise de l'inflation

Le renchérissement des produits importés du fait de la dévaluation peut alimenter l'inflation dans un pays qui dévalue sa monnaie dans des proportions indésirable compte tenu des effets de spéculation qu'elle suscite en particulier dès les premiers jours de l'opération. Par ailleurs, si la demande de produits importés est inélastique il sera pratiquement difficile de contenir l'inflation par les politiques d'ajustement interne. Par conséquent la réussite de la dévaluation est conditionnée par la capacité du pays à lutter efficacement contre la dégradation du pouvoir d'achat de la monnaie, soit le rétablissement de la confiance dans la monnaie locale.

C) L'accroissement de ia production des biens échangeables

En complément de la condition d'élasticité de la demande des biens exportables le pays qui dévalue doit disposer d'une capacité de production permettant de satisfaire la demande

additionnelle. Et il est souhaitable que celle-ci soit telle que l'augmentation des recettes contrebalance l'effet lié à la perte de change. TI est nécessaire d'accroître la production mais avec une variation des coûts de revient inférieure au taux de dévaluation. Au mieux le mouvement des facteurs de production du secteur des biens non échangeables vers celui des biens échangeables constitue un facteur déterminant de réussite.

En plus la disponibilité de facteurs sous employés ou la possibilité d'accroître les facteurs de production, notamment le capital est également un atout important.

Par ailleurs l'augmentation de la production doit se traduire par une compétitivité internationale qui selon Thierry LA TREILLE et Aristomène V AROUDAKIS, dépend certes des coûts relatifs, déterminés en grande partie par les coûts de main d'œuvre et les mouvements du taux de change.

Cependant, ces auteurs reconnaissent que la conquête de parts de marchés à l'exportation est une opération de long terme qui suppose des progrès soutenus et viables en matière de compétitivité. "Un bon niveau de compétitivité internationale ne saurait être maintenu à long terme par la seule compression chronique des coûts salariaux ou par une série de dévaluations compétitives". Aussi, invoquant l'expérience de l'industrialisation des pays de l'Asie du Sud-Est, ils affirment que les progrès soutenus de la productivité constituent la clé des gains à long terme de compétitivité internationale, qui rendent possible une croissance tirée par les exportations.

En utilisant la dévaluation comme un moyen d'assurer la compétitivité internationale, les pouvoirs publics espèrent rétablir tout au moins l'équilibre de la balance des opérations courantes, ce qui suppose la satisfaction de la condition de Marshall-Lemer selon laquelle: "si la balance courante est nulle au départ, la dépréciation réelle de la monnaie provoquera un surplus de la balance courante, si la somme des élasticités d'importation et de la demande

d'exportation excède l'unité". Ce succès est conditionné lui-même par d'autres facteurs tels que les mesures de politique d'accompagnement et l'état de l'économie. La réaction de la production à la dévaluation dépend de l'environnement institutionnel, de l'organisation des activités productives, du niveau de qualification de la main d'œuvre, soit de la souplesse et la capacité d'adaptation du système de production. Si la production ne réagit pas à un réalignement des prix consécutif à une dépréciation du taux de change, le pays concerné ne doit pas s'attendre à une amélioration du volume de ses échanges. En tout état de cause, la révision du taux de change en vue de la relance des échanges doit s'accompagner d'une redynamisation de l'appareil productif lorsque les coûts relatifs n'assurent pas le niveau de compétitivité nécessaire au rétablissement de l'équilibre extérieur. IL s'agit donc d'accroître la production à des coûts de revient relativement bas pour mieux faire face à la concurrence internationale, ce qui exige que les structures impliquées directement ou indirectement dans la production y opèrent de manière optimale.

D) De la nécessité d'une bonne politique commerciale

La politique commerciale demeure un facteur déterminant pour le succès de la dévaluation. L'exportation des produits est conditionnée par l'organisation du commerce dans son ensemble du point de vue structurel et institutionnel. Somme toute, le cadre réglementaire et les actions de promotion doivent concourir au développement des exportations en vue de rendre positif le solde de la balance commerciale et sans barrières aux importations des produits dont le pays a besoin.

La politique commerciale doit servir de cadre approprié pour la compétitivité des biens et services tout en respectant les principes et les règles de loyale concurrence qui régissent le commerce mondial. Aussi, la réglementation de la profession commerciale, l'organisation du

commerce en générale et l'esprit d'entreprise des opérateurs économiques impliqués constituent des critères déterminants du développement des échanges intérieurs et extérieurs d'un Etat.

Cependant, 1' approvisionnement et la distribution sont tributaires du système de transport qui mérite également une grande attention en raison de ses incidences sur les coûts de revient et des délais de livraison des produits. ll convient parfois de moderniser les installations au service des exportations pour faciliter l'acheminement des produits échangeables vers les marchés étrangers. ll faudra aussi mettre en œuvre une politique active de développement des circuits commerciaux à l'étranger afin de stimuler la demande.

ll est aussi important de souligner le rôle de la politique de prix de l'Etat. Elle doit être en harmonie avec les objectifs de développement du commerce. Mais, le paradoxe est que la protection du consommateur et celle des entreprises bénéficiant d'un régime d'agrément du code des investissements se traduisent par des effets pervers pour l'ensemble des agents économiques, y compris l'Etat.

Enfin, notons que la politique commerciale au niveau institutionnel doit trouver un écho favorable au niveau des unités économiques qui à leur tour doivent au plan micro-économique disposer de politique et de stratégie commerciales efficaces pour conquérir les marchés et défendre leurs parts.

2.1.3 Des effets de la dévaluation

La dévaluation d'une monnaie se traduit implicitement par un renchérissement des importations et une baisse relative des prix des exportations si les producteurs locaux maintiennent l'augmentation éventuelle de leurs coûts dans des proportions inférieures au taux de dévaluation. Ainsi, le pays dévaluateur pourrait être compétitif dans une certaine mesure

grâce à deux effets plus ou moins conjugués, notamment une influence sur la demande et une autre sur l'offre.

Pour améliorer la balance des paiements d'un pays, il peut être utile d'agir sur son taux de change par une modification de la valeur de la monnaie nationale vis-à-vis de l'extérieur.

Cette mesure se justifie surtout dans le cas d'un déficit insoutenable des transactions courantes, mais l'on peut également y avoir recours en cas d'excédents courants. L'action du taux de change qui consiste soit à augmenter, soit à diminuer, la valeur extérieure de la monnaie nationale, vise fondamentalement à modifier la rentabilité intérieure relative des biens échangeables. Les prix intérieurs des biens échangeables sont déterminés à la fois par le marché mondial et par le taux de change, alors que les prix des biens non échangeables sont déterminés essentiellement par l'offre et la demande intérieures.

La détérioration du solde des transactions courantes, dont les causes peuvent être diverses, est souvent provoquée par la conjugaison de plusieurs facteurs, entre autres:

-perturbations de l'offre intérieure;

-augmentation du service de la dette, suite à une hausse des taux d'intérêt internationaux;

-dégradation des termes de l'échange;

-application de politiques expansionnistes en matière de monnaie et de finances publiques.

2.1.3.1 Influence sur la demande

La dévaluation fait augmenter les prix intérieurs des biens échangeables, et donc leur rentabilité par rapport aux biens non échangeables.

En relevant les prix intérieurs des biens échangeables par rapport à ceux des biens non échangeables, la dévaluation provoque un déplacement de le demande globale en faveur des biens non échangeables, ce qui réduit la demande globale par l'effet de compression du pouvoir

d'achat à savoir que la hausse des prix intérieurs résultant de la dévaluation de la monnaie nationale réduit la valeur réelle des actifs financiers de même que l'absorption.

L'impact de la dévaluation se manifeste par deux effets de substitution entre les produits d'importation et les produits locaux, d'une part, et entre les produits non échangeables et échangeables d'autre part, consécutivement à l'effet prix.

Le mouvement de la demande en faveur des producteurs locaux a pour effet d'inciter l'accroissement de la production des biens échangeables.

L'influence sur la demande est liée elle-même à l'effet sur les revenus.

Ainsi, a court terme, et ne serait ce qu'en raison de la hausse des prix des produits échangeables, les salaires réels diminuent dans toutes les activités, à la suite de la dévaluation.

Plus le taux de dévaluation est élevé, plus la baisse du pouvoir d'achat des salariés est accentuée.

Cependant, compte tenu du déséquilibre interne entre la production et les dépenses intérieures antérieures à la dévaluation, il n'est pas judicieux de maintenir en valeur réelle, le niveau des salaires. L'objectif de rétablissement de l'équilibre interne appelle nécessairement une réduction des salaires en valeur réelle; il est toutefois possible d'y parvenir plus progressivement, mais avec un plus fort chômage par le biais de la déflation. Mais, étant donné que la dévaluation entraîne de brusques changements des prix et une réduction du pouvoir d'achat, elle est très ressentie par le public et suscite une forte opposition.

L'effet sur les salaires réels du processus d'ajustement dépend de la proportion des produits échangeables consommés par les salariés et de leur capacité à réorienter leur demande vers les produits non échangeables.

Par ailleurs, la mesure dans laquelle les salariés réussissent à faire augmenter leurs salaires nominaux dépend de leur capacité de négociation.

Cependant, dans les pays en développement, il faut plus de temps pour que les salaires réels retrouvent leur niveau initial.

Vers la fin du processus d'ajustement, on peut observer une hausse des salaires en valeur réelle, sans pour autant porter atteinte à la balance des paiements, sous réserve d'une augmentation relativement importante de la production.

Au-delà du principe général selon lequel une dévaluation a tendance à augmenter la part relative des profits et à diminuer celle des salaires, l'effet d'une dévaluation sur la distribution des revenus peut varier considérablement en fonction des caractéristiques institutionnelles de chaque pays et des mesures de soutien prises par les pouvoirs publics.

ll convient de souligner que la distribution des revenus avant la dévaluation ne peut en aucun cas être maintenue.

En général, si le secteur des exportations est essentiellement agricole, une dévaluation aura pour effet de réorienter les revenus des zones urbaines vers les zones rurales, car la demande de services urbains aura tendance à baisser et les citadins seront plus affectés par la hausse des prix des produits échangeables.

En outre, les dépenses de 1 'Etat ont tendance à concerner essentiellement les zones urbaines, non seulement en raison de la place qu'y occupent les services publics, mais aussi en raison de la fourniture à la population urbaine d'infrastructures sociales (de santé et d'enseignement) et parfois de subventions de denrées alimentaires.

Même si l'on observe un déplacement des revenus des zones urbaines au profit des zones rurales, cela n'implique pas nécessairement qu'il y ait une distribution au profit des pauvres et au détriment des riches. Si les cultures d'exportation sont exploitées dans de grands domaines alors que la majorité de la population s'occupe de produire des denrées alimentaires de base, une dévaluation ne profiterait qu'aux riches.

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En revanche, si la quasi-totalité de la population rurale produit des cultures destinées à l'exportation, tous les exploitants agricoles bénéficieront d'une dévaluation.

2.1.3.2 Influence sur l'offre

Une dévaluation a des effets complexes sur la production. L'existence de capacités supplémentaires de production et le maintient des coûts de production à un niveau relativement bas permettent aux producteurs locaux d'accroître leur offre, eu égard à l'élasticité prix de la demande, toutes choses étant égales par ailleurs.

A court terme, on observe une chute de la demande intérieure de produits échangeables qui allège la balance des paiements. Cependant, cette baisse de la demande provoquée par une baisse des revenus réels s'accompagne d'une augmentation de la demande des produits de base

qui deviennent moins onéreux que les autres.

Si la dévaluation est forte, et si l'on n'observe que peu de transferts entre produits échangeables et produits de base comme c'est le cas de plusieurs pays en développement, cela aboutira à une compression nette de la demande, puisque le pouvoir d'achat net diminue.

Si les consommateurs peuvent réorienter rapidement leurs achats vers les produits nationaux au détriment des produits échangeables, l'accroissement net de la demande aura tendance à entraîner une hausse des prix, puis une hausse des salaires, hausse qui se répercutera sur les produits échangeables et aura pour effet de réduire leur avantage en terme de prix relatifs. Les pouvoirs publics peuvent alors être amenés à prendre de nouvelles ·mesures pour freiner les dépenses intérieures.

Par ailleurs, pour que la production des biens échangeables augmente dans des conditions de plein emploi, il faut aussi mettre en œuvre des politiques fiscales et monétaires suffisamment strictes pour limiter ou réduire la production de biens de consommation

intérieure. A court terme et en raison du délai de réaction des exportations, on assistera à une baisse de la production totale, à une monté du chômage et à une chute des salaires en valeur réelle. Avec l'expansion de la production des biens échangeables, la main d'œuvre au chômage

sera progressivement absorbée, mais à des salaires plus bas en valeur réelle, et avec une part de revenu plus faible qu'auparavant.

Cependant, il faut noter que les pays en voie de développement connaissent rarement le plein emploi. Et, si les salaires nominaux augmentent, les exportations peuvent augmenter en faisant appel aux ressources sous-employées. Une dévaluation aura alors pour effet de réorienter ces ressources et de promouvoir la croissance, sans comprimer la production de produits de base, qui compteront alors simplement pour une plus faible part du revenu national.

De même, pour ramener les profits résultant de la production des biens échangeables à leur niveau normal, il faudra accroître leurs parts dans les recettes d'exportation. Cela implique que la part des salaires en valeur réelle devra baisser et les salaires nominaux pourront encore augmenter. Ces réactions en chaîne rendent la dévaluation beaucoup plus intéressante, puisque la croissance de la production et de l'emploi compense la redistribution des parts du revenu national.

La réussite de la dévaluation dans les pays en voie de développement se mesure essentiellement à sa capacité à stimuler la croissance des exportations. Si les importations étaient rares auparavant ou indispensables pour la production des biens échangeables (lorsque les possibilités de remplacement des importations par les produits nationaux sont limitées), une dévaluation ne peut se traduire par la compression attendue des importations du fait de la hausse des prix. En conséquence, à court terme, la balance des paiements courants risque de se détériorer à la suite d'une dévaluation, car le volume des importations risque d'augmenter dans

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l'immédiat, alors que l'expansion des exportations n'interviendra qu'à l'issue d'une période assez longue, d'où le phénomène de la courbe en JI.

Enfin, il est important de noter que l'amélioration du solde courant passe par une réduction des dépenses en termes réels, réduction qui risque d'abaisser le niveau de vie. Un changement des prix relatifs ne suffit pas à lui seul à résorber le déséquilibre extérieur.

2.1.4 De la gestion de la dévaluation par les pouvoirs publics

La réussite de la dévaluation dépend de la conjugaison de plusieurs facteurs qm implique nécessairement l'intervention des pouvoirs publics.

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s'agit d'encourager les effets positifs d'une part et minimiser les effets négatifs d'autre part. Ainsi pour atteindre les objectifs de la dévaluation, les pouvoirs publics prennent en général des mesures d'accompagnement.

La réussite d'une dévaluation se mesure à l'accroissement des exportations et de la production de produits nationaux de substitution aux importations et cela dépend en grande partie des mesures de soutien prises par les pouvoirs publics. li existe trois grandes catégories:

les politiques de prix, les mesures de gestion de la demande et les politiques aptes à transformer une augmentation initiale de l'offre en un accroissement des exportations.

Dès le départ, une dévaluation indique que 1' on va agir sur le mécanisme des prix. De fait les politiques de prix doivent veiller à ce que le changement de parité soit pleinement répercuté dans la structure des prix de l'économie. Si le système économique comportait des contrôles des prix, des restrictions quantitatives des importations et une soumission aux décisions administratives en matière de production, une dévaluation devra s'accompagner de mesures compatibles avec ses objectifs. La plupart des prix devront être ajustés, les restrictions qui pèsent sur les facteurs de production des produits échangeables devront être assouplies et les incitations qm découragent la production des produits échangeables devront être

supprimées. De même, il est important de maîtriser la demande des produits de base en vue de maintenir les prix relatifs et la rentabilité des produits échangeables.

Les pouvoirs publics doivent par conséquent poursuivre une politique anti-inflationniste, c'est à dire juguler l'inflation et désamorcer toute anticipation d'une seconde dévaluation. Ils doivent aussi mener une politique budgétaire de soutien visant la réduction de la consommation de manière sélective, et en déterminer la proportion et les cibles.

Dans de nombreux pays en voie de développement, les dépenses budgétaires servent à répondre à des besoins vitaux des plus pauvres. Mais on dit qu'une dévaluation pénalise ceux-ci de trois manières: en diminuant les salaires réels, en favorisant le chômage et en réduisant les prestations et les services de 1 'Etat. IL est à noter que la dévaluation provoque une hausse des dépenses de l'Etat, au fur et à mesure qu'augmente le coût des importations et le service de la dette nécessitant une forte augmentation des recettes fiscales pour réduire le déficit budgétaire.

Cependant, une dévaluation contribue aussi à accroître les recettes de l'Etat (hausse des recettes fiscales assises sur le commerce et le revenu, et les profits des entreprises publiques), l'effet sur les dépenses est plus immédiat et souvent plus important.

En matière de politiques sociales, les pays en voie de développement disposent peut de marges de manœuvre, mais doivent choisir la juste mesure entre un effort d'ajustement crédible nécessaire pour réussir la dévaluation et les contraintes qu'il impose au tissu social.

Le gouvernement doit aussi mener une politique concertée dans un certain nombre de domaines pour assurer l'augmentation des réserves en devises et de l'épargne. Il doit donc réorienter les dépenses de développement afin de dégager les goulots d'étranglement existants.

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Une étude a été menée en 1994 par. EGWAIKIDDE, 0 Festus, CHETE, N Louis et FALOKUN, 0 Gabriel5, sur l'expérience du Nigeria concernant la dépréciation du taux de change, le déficit budgétaire et l'inflation.

n

s'agissait d'examiner les effets quantitatifs de la dépréciation du taux de change sur l'inflation, les recettes et les dépenses gouvernementales, et

Une étude a été menée en 1994 par. EGWAIKIDDE, 0 Festus, CHETE, N Louis et FALOKUN, 0 Gabriel5, sur l'expérience du Nigeria concernant la dépréciation du taux de change, le déficit budgétaire et l'inflation.

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s'agissait d'examiner les effets quantitatifs de la dépréciation du taux de change sur l'inflation, les recettes et les dépenses gouvernementales, et