• Aucun résultat trouvé

l'ECONOMIE NIGERIENNE ET LA DEV ALUATJON DU FCFA

A la veille de la dévaluation le Niger était le seul pays membre de l'UMOA dont le principal produit d'exportation (l'uranium) était l'objet d'une convention spécifique par laquelle les quantités et le prix (en FCF A) étaient fixés, ce qui impliquerait une perte en devises en cas de dévaluation du FCFA, toutes choses étant égales par ailleurs. D'autre part, outre les importations en provenance de divers pays, l'essentiel des exportations (hors uranium) constituées de produits agro-pastoraux s'effectuent vers le Nigeria au taux de change parallèle du Naira.

Par ailleurs, la situation économique et financière du pays se caractérisait par une très grande faiblesse de la production (petites capacités de production et insuffisances structurelles), un déficit des finances publiques qui se traduisait par des cessations ponctuelles de paiements intérieurs et extérieurs.

Eu égard à la disparité économique entre pays membres de l'UEMOA, et au taux uniforme choisi en janvier 1994, la dévaluation avait-elle des possibilités de-succès au Niger?

Cette opération constitue t-elle une opportunité de compétitivité pour le Niger dont une .grande partie des échanges hors exportations d'uranium se font avec le Nigeria dans le cadre

d'un système de change parallèle?

Comment ont évolué le taux de change effectif réel et la compétitivité de 1 'économie nigérienne, avant et après la dévaluation?

Quel était le taux de dépréciation du FCF A Niger avant la dévaluation:

-en terme réel au sein de l'UMOA et par rapport au FF?

- en termes nominal et réel par rapport dollar américain et au Naira?

.

La dévaluation du FCF A a t-elle provoqué une dépréciation du taux de change parallèle du Naira? Si oui, dans quelle proportion?4

Le taux de dévaluation de 50% est-il approprié pour le pays eu égard à sa situation économique?

La dévaluation était-elle une solution au déficit extérieur du Niger?

Quel est l'impact de la dévaluation sur le commerce extérieur?

Comment l'économie nigérienne a t-elle réagi par rapport à la dévaluation au plan des échanges extérieurs?

Ce pays remplissait-il les conditions nécessaires pour le succès de cette dévaluation?

Somme toute, la question est de savoir si les objectifs indiqués par la Banque de France, dans son rapport de 1994 sur la Zone Franc, pourraient être réalisés, en ce qui concerne le Niger?

Ces objectifs sont:

• Be rétablissement de la compétitivité externe des économies de la Zone Franc et le redressement des balances commerciales;

• la réduction des déficits budgétaires;

• et la reprise de la croissance.

Au titre des raisons de la dévaluation, le rapport de 1994 de la Banque de France sur la

Zone Franc stipule: «Après l'échec des tentatives d'ajustement réel, la dévaluation du Franc

·FCF A marque le recours à une nouvelle stratégie d'ajustement pour résorber les déséquilibres macro-économiques profonds apparus au cours des années quatre-vingt.

4 Le tau.'{ de change parallèle de la Naira est déternùné par le jeu de l'offre et de la demande en relation avec le niveau de la prime ( par rapport au cours officiel et au FCFA ) procurée aux opérateurs intéressés. Suivant le principe de flexibilité qui le caractérise, un réajustement automatique de la Naira visant à contrebalancer (retournement de cours ou effet de rattrapage ) son appréciation résultant de la dévaluation du FCF A est plausible.

En effet, le retournement à partir de 1985 des cours des principales matières premières exportées par les pays membres et la dépréciation du dollar ont mis un terme à une longue période de prospérité. Entre 1985 et1992, les termes de l'échange se sont dégradés de 45%

environ. Les recettes d'exportation se sont ainsi fortement contractées, provoquant par conséquent la baisse des recettes publiques. L'incapacité des gouvernements à adopter rapidement des mesures d'ajustement à la baisse des dépenses s'est traduite par un creusement des déficits budgétaires. De surcroît, plusieurs pays ont maintenu pour un temps relativement long le recours à l'endettement extérieur, afin de financer des projets lancés en période de prospérité.

Plusieurs indicateurs montrent l'ampleur de la crise économique et financière dans laquelle sont entrés les pays de la Zone Franc:

-le PIB a diminué en volume de 0,6% en moyenne sur la période 1986/93,

(-3,6% par habitant) contre une croissance de 4,6% par sur la période 1975/85, (+1,6% par habitant);

- le déficit budgétaire cumulé sur l'ensemble de la zone est passé de 5% du PIB en moyenne de 1975 à 1985, à 7,6% entre 1986 à 1993;

- les paiements extérieurs se sont dégradés. Le déficit de la balance courante est passé . de 6,5% du PIB en moyenne entre 1975 et 1985 à 7,4% sur la période 1986/1993. Les remboursements des emprunts extérieurs ont pesé sur la balance des paiements au moment où -les apports de capitaux extérieurs s'amenuisaient. L'endettement extérieur a progressé de USD 25 milliards environ en 1985 à 48,6 milliards en 1993, soit une croissance de 94%, très partiellement compensée par la dévalorisation du Dollar face au franc français de 22%.

De ce fait, plusieurs pays ont été confrontés à des crises sévères d'endettement. Entre 1989 et 1991, tous les pays africains membres de la Zone Franc ont obtenu un rééchelonnement de leur dette extérieure publique auprès des créanciers du Club de Paris.

Outre les effets directs du retournement de la situation de 1985, les effets induits ont entraîné une crise des systèmes financiers internes. Les difficultés budgétaires ont incité les entreprises des secteurs public et parapublic à s'endetter auprès des systèmes bancaires locaux alors que leur capacité de remboursement se réduisait. Les banques ont en conséquence vu la part des crédits compromis s'alourdir dans leurs bilans. Les difficultés des Etats à régler leurs fournisseurs et à assurer le paiement régulier des salaires de la Fonction Publique ont aggravé la crise bancaire.

Confrontés à une situation économique profondément dégradée, les pays de la Zone Franc CFA se sont engagés dans des programmes d'ajustement structurel avec le FMI. La mise en œuvre de certaines dispositions de ces programmes s'est avérée difficile, notamment les réductions d'effectifs de la Fonction Publique.

Face à l'échec des mesures d'ajustement réel, les institutions de Bretton-Woods ont suspendu en 1993 leurs apports financiers aux pays de la Zone Franc FCF A, sauf pour le Bénin et le Burkina-Faso dont les programmes avec le FMI étaient respectés, et préconisé un ajustement monétaire».

OBJECTIF DE L'ETUDE

L'objet de cette étude est de savoir si la dévaluation du FCF A est une opportunité pour l'amélioration du niveau de compétitivité de l'économie nigérienne, voire le rétablissement de l'équilibre du compte courant de la balance des paiements extérieurs.

TI s'agit de connaître si cette opération s'est traduite ou non par des effets positifs, entre autres 1' amélioration des performances macro-économiques, et de déterminer les raisons essentielles.

A ce titre, il est important d'étudier l'évolution de la compétitivité de l'économie nigérienne suite à la dévaluation et d'identifier ses effets sur la balance des opérations courantes, eu égard aux relations entre indices de taux de change et performances macro-économiques.

Tout en étudiant la pertinence du taux de dévaluation, une analyse du train de mesures d'accompagnement mises en œuvre sera faite pour apprécier davantage les chances de succès de la dévaluation au Niger.

Cela nous permet de répondre aux questions ci-dessus, tout en nous intéressant aux avantages que pourrait tirer le Niger de son voisinage avec le Nigeria.

Enfin nous déduiront des recommandations de politique économique, politique commerciale notamment dans la perspective de l'EURO, eu égard aux incidences éventuelles de celle-ci sur les échanges des pays ayant des accords monétaires avec la France.