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Pourquoi vérifie-t-on que la porte est bien fermée ou que les plaques sont bien éteintes ?

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Academic year: 2022

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Master

Reference

Pourquoi vérifie-t-on que la porte est bien fermée ou que les plaques sont bien éteintes ?

BOULIN, Anne-Sophie

Abstract

Un bas niveau d'identification de l'action semble être une caractéristique des symptômes de vérification. Le but de la présente étude est d'analyser le lien de causalité, c'est-à-dire d'observer si une focalisation de l'attention sur un bas niveau d'identification de l'action mène à des comportements de vérification. Pour ce faire, nous avons induit une focalisation de l'attention sur un bas versus un haut niveau d'identification de l'action (versus contrôle) lors d'une tâche de vérification sur ordinateur chez 60 participants tout-venants âgés de 18 à 35 ans. L'induction avait lieu pendant la création de l'intention d'agir dans l'expérience 1 (30 participants) et pendant la réalisation de l'action dans l'expérience 2 (30 participants). Les participants avaient la possibilité d'évaluer leurs productions et de les vérifier...

BOULIN, Anne-Sophie. Pourquoi vérifie-t-on que la porte est bien fermée ou que les plaques sont bien éteintes ?. Master : Univ. Genève, 2015

Available at:

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Pourquoi vérifie-t-on que la porte est bien fermée ou que les plaques sont bien éteintes ?

MÉMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAITRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS

PSYCHOLOGIE COGNITIVE PSYCHOLOGIE CLINIQUE

PAR

Anne-Sophie BOULIN1

DIRECTEUR DU MEMOIRE

Martial Van der Linden JURY

Martial Van der Linden Marie My Lien Rebetez Sanaâ Belayachi Nicolas Burra

GENEVE, août 2015

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION SECTION PSYCHOLOGIE

1 Adresse mail : Anne-Sophie.Boulin@etu.unige.ch

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Remerciements

Je tiens à remercier le professeur Martial Van der Linden, Marie My Lien Rebetez et Sanaâ Belayachi pour avoir mis en place et soutenu le projet.

Je remercie tout particulièrement Marie My Lien Rebetez pour l’encadrement, le soutien, les conseils et la disponibilité dont elle a fait preuve pendant ces deux années.

Un grand merci à Sanaâ Belayachi qui, par ses précieux conseils et son aide, a guidé mes réflexions.

Je remercie Nicolas Burra pour sa relecture et pour sa participation en tant que juré lors de ma soutenance.

Merci à toutes les personnes qui ont volontairement accepté de participer à cette étude, sans qui elle n’aurait jamais aboutie.

Je remercie mes parents et ma sœur pour leurs encouragements et leur soutien pendant mes études universitaires.

Je tiens à remercier Riccardo Bassi, mon collègue pendant ces deux années de recherche, pour son soutien, sa confiance et son sens de l’humour dans les petits moments plus difficiles.

Je remercie mes amies Candie et Laura pour leur écoute, leur soutien et leur sincère amitié.

Finalement, merci à tous mes amis, Caroline, Elsa, Julien, Justine, Mélanie, Nour, Orian et Yasmine, également étudiants en psychologie, pour ces deux années passées à leurs côtés.

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Résumé

Un bas niveau d’identification de l’action semble être une caractéristique des symptômes de vérification. Le but de la présente étude est d’analyser le lien de causalité, c’est-à-dire d’observer si une focalisation de l’attention sur un bas niveau d’identification de l’action mène à des comportements de vérification. Pour ce faire, nous avons induit une focalisation de l’attention sur un bas versus un haut niveau d’identification de l’action (versus contrôle) lors d’une tâche de vérification sur ordinateur chez 60 participants tout-venants âgés de 18 à 35 ans. L’induction avait lieu pendant la création de l’intention d’agir dans l’expérience 1 (30 participants) et pendant la réalisation de l’action dans l’expérience 2 (30 participants). Les participants avaient la possibilité d’évaluer leurs productions et de les vérifier. Les résultats indiquent qu’une focalisation de l’attention sur un bas niveau d’identification de l’action semble mener à davantage de doute (expériences 1 et 2) et conduit à davantage de comportements de vérification (expérience 1). Les limites de l’étude, les perceptives futures et les implications cliniques sont discutées.

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Table des matières

1. Introduction ... 1

2. Cadre théorique ... 2

2.1. Le Trouble Obsessionnel-Compulsif : la vision classique ... 2

2.1.1. Définition ... 2

2.1.2. Epidémiologie et évolution ... 3

2.2. Le Trouble Obsessionnel-Compulsif : la vision contemporaine ... 3

2.2.1. Hétérogénéité des symptômes obsessionnels et compulsifs ... 3

2.2.2. Processus communs à tous les symptômes ... 5

2.2.3. Processus spécifiques à chaque symptôme ... 6

2.3. Les symptômes de vérification ... 6

2.3.1. Définition ... 6

2.3.2. Evaluation ... 7

2.3.3. Caractéristique phénoménologique : le sentiment d’incomplétude ... 8

2.3.4. Mécanisme pathogénique potentiel : le contrôle de l’action ... 10

2.4. Perturbation du contrôle de l’action ... 12

2.4.1. La Théorie de l’Identification de l’Action (Vallacher & Wegner, 1987) ... 12

2.4.2. Lien entre niveau d’identification de l’action et symptômes de vérification ... 16

2.5. Problématique et hypothèses ... 19

3. Expérience 1 ... 22

3.1. Méthode ... 22

3.1.1. Population ... 22

3.1.2. Procédure générale ... 22

3.1.3. Induction pendant la création de l’intention de l’action ... 25

3.1.4. Variables mesurées ... 25

3.1.5. Matériel ... 25

3.1.6. Analyses statistiques ... 28

3.2. Résultats ... 28

3.2.1. Analyses descriptives ... 28

3.2.2. Analyses corrélationnelles ... 30

3.2.3. Analyses de variance ... 33

4. Expérience 2 ... 36

4.1. Méthode ... 36

4.1.1. Population ... 36

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4.1.2. Procédure générale ... 36

4.1.3. Induction pendant la réalisation de l’action ... 36

4.1.4. Variables mesurées ... 36

4.1.5. Matériel ... 37

4.1.6. Analyses statistiques ... 37

4.2. Résultats ... 37

4.2.1. Analyses descriptives ... 37

4.2.2. Analyses corrélationnelles ... 40

4.2.3. Analyses de variance ... 42

5. Discussion ... 45

5.1. Interprétation des résultats principaux ... 45

5.2. Limites et perspectives futures ... 50

5.3. Implications cliniques ... 54

5.4. Conclusion ... 56

6. Bibliographie ... 57

7. Annexes ... 67

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1. Introduction

Les comportements de vérification sont fréquemment décrits chez les personnes ayant reçu un diagnostic de Trouble Obsessionnel-Compulsif mais peuvent également s’observer dans la population générale. Ainsi, certaines personnes peuvent douter régulièrement au sujet de la réalisation adéquate ou réelle d’une action, alors que de toute évidence, l’action a bel et bien été réalisée et que le but poursuivi a bien été satisfait. Afin d’expliquer un tel phénomène, certains auteurs ont suggéré l’existence d’une perturbation de certains mécanismes cognitifs chargés d’intégrer l’action en regard des effets générés par les mouvements. Cette présente étude s’intéresse à ces mécanismes.

Nous allons poser le cadre théorique de cette étude en définissant tout d’abord le Trouble Obsessionnel-Compulsif. Puis, nous verrons que les symptômes obsessionnels et compulsifs sont largement hétérogènes. Ainsi, ils partagent des processus communs mais possèdent chacun des processus spécifiques. Nous nous focaliserons spécifiquement sur les symptômes de vérification, et sur leur évaluation classique, avant d’en comprendre les mécanismes impliqués. Nous verrons à la suite de ce cadre théorique, la méthode et les résultats des deux expériences menées au sein de cette étude. Enfin, nous discuterons de ces résultats, des limites et des perspectives futures des deux expériences menées, ainsi que des implications cliniques.

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2. Cadre théorique

2.1. Le Trouble Obsessionnel-Compulsif : la vision classique 2.1.1. Définition

Le Trouble Obsessionnel-Compulsif, ou plus communément appelé TOC, est un trouble qui cause une réelle souffrance pour les personnes concernées.

Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5 ; American Psychiatric Association [APA], 2013), le TOC constitue une entité spécifique et possède plusieurs critères de diagnostic. Premièrement, il est caractérisé par la présence d’obsessions et de compulsions. Les obsessions sont des pensées, des pulsions ou des images récurrentes et persistantes. Les personnes touchées par ce trouble expérimentent ces obsessions de manière involontaire et intrusive. Ces obsessions entraînent dans la plupart des cas une certaine anxiété ou un stress que la personne tente d’ignorer, de supprimer ou de neutraliser par des pensées ou actions appelées compulsions. Ces dernières sont des comportements répétitifs ou des actes mentaux appliqués de façon stricte par l’individu en réponse aux obsessions ou en accord avec des règles. Les compulsions ne sont pas reliées de façon réaliste à l’évènement qu’elles sont censées empêcher et sont excessives. Ainsi, les compulsions sont des comportements conjuratoires que l’individu se sent obligé d’accomplir, même s’il en reconnaît le caractère absurde, en réponse aux obsessions. Deuxièmement, les obsessions et les compulsions causent une détresse dans un ou plusieurs domaines de fonctionnement et/ou une perte de temps de plus de une heure par jour. Le TOC entraîne des difficultés d’adaptation sur le plan social. Bien des patients se retrouvent célibataires ou sans emploi en raison de leur pathologie et du caractère incoercible, permanent et répétitif des obsessions et des compulsions. Troisièmement, les symptômes du TOC ne sont pas attribuables à des effets physiologiques d’une substance ou à une autre condition médicale. Et enfin, les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble. Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux spécifie en outre le degré de reconnaissance du caractère excessif et irraisonné des symptômes (bon ; faible ; absent) ainsi que l’historique de tics.

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2.1.2. Epidémiologie et évolution

D’un point de vue épidémiologique, le TOC touche de 1 à 3% de la population suivant les études (Myers et al., 1984 ; Rasmussen & Eisen, 1990 ; Ruscio, Stein, Chiu, & Kessler, 2010 ; Weissman et al., 1994). Les femmes sont un peu plus touchées que les hommes à l’âge adulte, mais durant l’enfance, ce sont les hommes les plus touchés (APA, 2013). L’âge moyen de début du trouble est à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

De nombreux facteurs entrent en ligne de compte lorsque nous considérons le TOC.

En effet, l’apparition et le maintien des symptômes caractérisant le TOC sont influencés par le tempérament de la personne, l’environnement dans lequel elle évolue, les aspects génétiques et les aspects physiologiques ainsi que les aspects cognitifs (APA, 2013 ; Swinson, Antony, Rachman, & Richter, 1998).

L’évolution du trouble est dans la plupart des cas chronique. En revanche, une rémission est possible ainsi qu’une aggravation. L’évolution dépend de la co-occurrence d’autres troubles psychologiques. Assurément, comme dans la plupart des troubles psychologiques, la comorbidité est la règle plutôt que l’exception pour le TOC. En effet, les personnes concernées cumulent déjà plusieurs obsessions et compulsions mais aussi plusieurs psychopathologies telles que l’anxiété ou le trouble dépressif majeur (APA, 2013).

Nous allons dès à présent nous détacher de cette vision dite classique du TOC telle que le conçoit le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (APA, 2013), pour voir que le TOC est un trouble largement hétérogène.

2.2. Le Trouble Obsessionnel-Compulsif : la vision contemporaine 2.2.1. Hétérogénéité des symptômes obsessionnels et compulsifs

Du TOC résulte un grave handicap. Certes, les psychothérapies et les médicaments peuvent réduire, voire éliminer, les pensées obsessionnelles, mais les patients guérissent rarement de leur trouble. Foa (2010) montre que seule une minorité (20%) de personnes profitent pleinement des thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Environ 40% en profite partiellement et un grand nombre de personnes présentant un TOC (40%) ne sont pas aidées par les traitements TCC. Toujours selon Foa (2010, cité par Van der Linden & Ceschi, 2013) : « davantage de recherche, de travail est nécessaire pour déterminer comment tailler sur mesure des traitements, en fonction des besoins individuels. Davantage d’études n’ont pas

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suffisamment proposé un traitement en fonction du sous-type de TOC ». Ainsi, voir le TOC comme une entité homogène explique la faible efficacité de la thérapie cognitivo- comportementale.

La vision selon laquelle le TOC est un trouble unitaire est dépassée. En effet, le TOC, dans une vision plus récente, est un trouble hétérogène. De ce fait, il existe différents types d’obsessions et de compulsions que certains auteurs ont tenté d’appréhender. Summerfeldt, Richter, Antony et Swinson (1999) ont fait passer la Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale (Y-BOCS ; Goodman et al., 1989) à 203 patients présentant un TOC. A l’aide d’une analyse factorielle confirmatoire, les auteurs ont montré que le modèle à quatre facteurs, qui distingue les obsessions (la vérification), la symétrie (le rangement), la contamination (le lavage) et le collectionnisme (l’accumulation), expliquait le mieux les données. Des études en imagerie renforcent le caractère dimensionnel du TOC. En effet, nombreux sont les auteurs qui ont mis en évidence des activations cérébrales distinctes selon si l’individu vérifie, se lave ou amasse des choses (Mataix-Cols et al., 2004 ; Murayama et al., 2013 ; Rauch et al., 1998).

De plus, la frontière claire établie entre le normal et le pathologique par le DSM-5 ne semble plus d’actualité. En effet, le TOC peut s’observer dans la population générale (Stein, Forde, Anderson, & Walker, 1997 ; Summerfeldt, Huta, & Swinson, 1998). Vous et moi pouvons douter de la réalisation adéquate d’une action, alors que celle-ci a bel et bien été réalisée. Dans la littérature, les auteurs rapportent que les processus impliqués dans les symptômes du TOC sont les mêmes que ce soit dans la population clinique ou que ce soit dans la population normale (Fullana et al., 2004). Ainsi, la frontière entre le normal et le pathologique ne serait pas si claire que celle décrite dans le DSM-5, et les différences observées entre la population clinique et la population tout-venant seraient davantage quantitatives que qualitatives. De ce fait, les patients expérimentent plus fréquemment des comportements visant à diminuer leur anxiété.

Le caractère hétérogène du TOC susmentionné amène à penser que chaque symptôme possède des processus qui lui sont propres. Malgré cela, tous les symptômes du TOC partagent des processus en commun. Nous allons voir dans un premier temps un exemple de processus partagé par les « laveurs » et les « vérificateurs », puis dans un deuxième temps nous allons nous attarder sur un exemple de processus caractéristique des « laveurs », qui prouve que chaque symptôme peut se distinguer des autres.

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2.2.2. Processus communs à tous les symptômes

Certains dysfonctionnements cognitifs sont communs à plusieurs dimensions symptomatiques du TOC. Il a notamment été mis en évidence qu’un déficit d’inhibition d’une réponse dominante se trouve être un mécanisme commun à différentes symptomatologies du TOC. Assurément, une étude de Van der Linden, Ceschi, Zermatten, Dunker et Perroud (2005) montre un déficit général d’inhibition d’une réponse automatique chez des personnes avec un TOC. Les auteurs ont recruté seize « laveurs », seize « vérificateurs », seize patients présentant une phobie sociale et seize contrôles (sans anxiété). Ils leur ont fait passer le test de Hayling. Ce test consiste dans une première partie à compléter des phrases avec le mot qui convient comme par exemple : « à l’automne, les arbres perdent leurs [feuilles] ». Cette première partie est appelée initiation. Dans une deuxième partie, appelée inhibition, les participants sont invités à compléter les phrases avec un mot qui n’est pas relié à celles-ci comme par exemple « il a posté une enveloppe en oubliant de mettre un [téléphone] ». Les auteurs ont montré que les « laveurs » et les « vérificateurs » font plus d’erreurs dans la deuxième partie que les participants contrôles et que les participants présentant une phobie sociale. C’est-à-dire que ces personnes complètent l’exemple mentionné ci-dessus par

« [timbre] », le mot relié à la phrase. De plus, les auteurs ont trouvé une corrélation positive chez les patients avec un TOC entre la fréquence de ces erreurs et le score de sévérité obtenu à la Y-BOCS et entre la fréquence de ces erreurs et le sous-score des compulsions.

De plus, Abramovitch, Abramovitch et Mittelman (2013) mettent en évidence dans une méta-analyse des temps de réaction, dans une tâche de stop-signal, plus élevés chez les patients présentant un TOC indiquant un déficit d’inhibition d’une réponse dominante chez ces patients.

Ces études prouvent donc que différentes dimensions du TOC partagent des processus en commun tel qu’un déficit général d’inhibition. Ce déficit n’est pas le seul et il existe d’autres processus partagés par certains sous-types du TOC comme les différentes facettes de l’impulsivité (Zermatten & Van der Linden, 2008a). Toutefois, malgré le partage de processus cognitifs, des spécificités à certaines dimensions symptomatiques sont à prendre en considération. Ainsi, nous allons dès à présent nous pencher sur une étude qui appuie l’idée que chaque symptôme du TOC possède des dysfonctionnements cognitifs qui lui sont propres.

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2.2.3. Processus spécifiques à chaque symptôme

Ceschi, Van der Linden, Dunker, Perroud et Brédart (2003) ont montré qu’il pouvait y avoir des processus spécifiques à chaque sous dimensions du TOC. Afin de mener cette étude, les auteurs ont recruté seize « laveurs », seize « vérificateurs », seize personnes présentant une phobie sociale et seize personnes contrôles (sans anxiété). Après que 50 objets propres ou sales leur aient été présentés, les participants devaient rappeler les objets (rappel libre), évaluer leur anxiété au toucher des objets et aussi attribuer chaque objet à leur catégorie c’est- à-dire s’ils pensaient que c’était un objet propre ou sale. Les auteurs rapportent que bien que les « laveurs » ne diffèrent pas des autres participants sur le plan de la mémoire des objets (rappel libre), ils rappellent plus correctement la source de contamination sale que propre. Ce résultat n’est pas observé chez les « vérificateurs ». Ainsi, les auteurs ont mis en évidence un biais mnésique seulement chez les « laveurs » qui montre qu’il semble bien y avoir un mécanisme spécifique chez les « laveurs » qu’il n’y a pas chez les « vérificateurs ».

Il a également été démontré qu’il existe des mécanismes propres à la vérification.

C’est à la vérification que nous nous intéressons particulièrement pour ce travail. Nous allons par la suite définir les symptômes de vérification, avant de voir la manière de les évaluer.

Puis, nous aborderons une des caractéristiques des symptômes de vérifications ainsi qu’un des mécanismes qui semble être impliqué.

2.3. Les symptômes de vérification 2.3.1. Définition

Les symptômes de vérification sont des compulsions. Selon la revue de la littérature de Markarian et al., en 2010, les vérifications sont les symptômes les plus fréquemment rencontrés au sein des TOC (80%). Ces mêmes symptômes s’observeraient dans 15% de la population générale (Stein et al., 1997). Les personnes qui présentent ce type de symptômes ont tendance à vérifier de manière répétée si certaines actions finies ont bien été réalisées.

Ainsi, ces personnes vérifient plusieurs fois que la porte est bien fermée ou encore que les plaques de la gazinière sont bien éteintes. Selon le DSM-5, les pensées intrusives telles que

« si je ne ferme pas ma porte correctement, quelqu’un pourrait rentrer chez moi », entraînent chez les personnes qui en font l’expérience, une anxiété. Les comportements de vérification se mettent alors en place afin de diminuer cette anxiété (Summerfeldt, 2004).

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Nous allons maintenant voir que l’évaluation des symptômes de vérification peut se faire de différentes manières : par l’utilisation d’un entretien semi-structuré, par l’emploi de questionnaires auto-rapportés ou par l’utilisation de tâches instrumentales.

2.3.2. Evaluation

L’évaluation du TOC, et plus particulièrement des symptômes de vérifications, se fait par le biais d’un entretien semi-structuré, notamment la Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale (Y-BOCS ; Goodman et al., 1989) ainsi que par le biais de questionnaires tels que l’Obsessive Compulsive Inventory Revised (OCI-R ; Foa et al., 2002).

La Y-BOCS est un entretien semi-structuré qui permet d’évaluer la sévérité des symptômes du TOC. L’examinateur explore les symptômes à l’aide d’une liste des obsessions et compulsions actuelles et passées de l’individu. Il définit par la suite les trois obsessions et les trois compulsions dont le patient souffre principalement, ainsi que les trois principales situations qu’il tente d’éviter actuellement. L’expérimentateur note la durée, la gêne occasionnée dans la vie quotidienne, l’anxiété résultante, la résistance (c’est-à-dire l’effort fourni pour résister aux obsessions ou aux compulsions) et le degré de contrôle. Chaque item est coté sur une échelle en quatre points (allant de 0 = « pas de symptôme » à 4 = « symptôme extrême »). Deux scores sont alors obtenus : un score d’obsessions et un score de compulsions. Le score total est compris entre 0 et 40.

L’OCI-R est un questionnaire auto-rapporté composé de 18 items évaluant six facteurs : le lavage, la vérification, les obsessions, la neutralisation, le rangement et l’accumulation. Dans le cas de la vérification, l’individu juge ses symptômes à l’aide de trois items : « 2. Je vérifie les choses plus souvent que nécessaire », « 8. Je vérifie de manière répétée les portes, les fenêtres, les tiroirs, etc. », et « 14. Je vérifie de manière répétée les robinets de gaz et d’eau ainsi que les interrupteurs après les avoir éteints ». L’individu indique dans quelle mesure la situation décrite par un item l’a perturbé ou dérangé durant le dernier mois en répondant sur une échelle en cinq points (allant de 0 = « pas du tout » à 4 =

« extrêmement »). Le score total de l’OCI-R est compris entre 0 et 72 et le score de la sous- échelle des symptômes de vérifications entre 0 et 12 ; un score de 12 reflétant une grande tendance à la vérification.

Outre l’entretien semi-structuré et les questionnaires auto-rapportés, il est possible d’évaluer quantitativement les comportements de vérification au moyen d’une tâche comportementale. Ainsi, Rotge et al. (2008) ont mis en place une tâche qui permet aux

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participants de vérifier leurs productions. Les auteurs ont recruté 50 patients présentant un TOC et 50 personnes contrôles. Ils ont administré la Y-BOSC aux patients afin de déterminer deux groupes : un groupe avec des symptômes de vérification et un groupe sans symptôme de vérification. La tâche à proprement parler se déroule ainsi : les participants doivent déterminer si une image est similaire ou non à celle qu’ils ont vu auparavant. Après avoir fait leur choix, les participants ont l’opportunité de retourner en arrière afin de vérifier si l’image est réellement identique à l’autre. Cette opportunité de vérifier est infinie. Les résultats indiquent qu’il n’y a aucune différence de performance entre les trois groupes (contrôles, patients avec des symptômes de vérification et patients sans symptôme de vérification). Ainsi, tous les participants obtiennent le même nombre d’essais corrects. En revanche, il y a une différence concernant le nombre de vérifications entre les trois groupes. Les patients présentant des symptômes de vérification vérifient plus que les autres participants lorsqu’il s’agit de comparaisons d’images identiques. De plus, dans ce même groupe, plus la tâche avance et plus ils vérifient. Ce qui est également intéressant de relever, c’est que les patients avec des symptômes de vérification prennent plus de temps pour faire leur choix (images identiques ou différentes). Rotge et al. (2008) concluent que le fait de prendre plus de temps à répondre est marqueur de doute et d’incertitude. En outre, le fait de vérifier est adaptatif. En effet, les patients avec des symptômes de vérification développent des stratégies dans le but de freiner l’augmentation du doute. Ces stratégies sont des comportements de vérification. Cette tâche permet de distinguer les différents sous-groupes mais cela reste une tâche qui n’est pas écologique (non pertinente et non représentative dans la vie quotidienne). Nous verrons que, pour ce travail, nous nous sommes basés sur cette tâche de Rotge et al. (2008) mais que nous l’avons rendue la plus écologique possible.

2.3.3. Caractéristique phénoménologique : le sentiment d’incomplétude

La définition des symptômes de vérification spécifie que les pensées intrusives causent une anxiété chez les individus qui en souffrent. C’est en réponse à cette anxiété qu’ils mettent en place des comportements de vérification. Cependant, Summerfeldt (2004) mentionne que certaines personnes ne présentent pas un profil d’anxiété. En revanche, elles ont un sentiment d’insatisfaction en regard de l’action qui vient de se réaliser. C’est ce sentiment qui les mènerait à vérifier excessivement leurs actions. Nous allons désormais nous attarder sur ce sentiment, appelé sentiment d’incomplétude.

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Le sentiment d’incomplétude serait associé à la sensation qu’une action n’a pas été réalisée convenablement (Taylor et al., 2014). Plus spécifiquement, les personnes qui font l’expérience de ce sentiment d’incomplétude ont l’impression d’avoir réalisé l’action de manière incomplète. Le sentiment d’incomplétude a été décrit il y a plus d’un siècle par Pierre Janet (Pitman, 1987a) comme étant un sentiment d’imperfection, qui découle de la perception qu’une action ou une intention n’a pas été complètement réalisée. Plus récemment, d’autres auteurs appellent ce sentiment d’incomplétude des « not just right experiences » (NJREs) (Coles, Frost, Heimberg, & Rhéaume, 2003 ; Coles, Heimberg, Frost, & Steketee, 2005).

Dans une de leurs deux études, Coles et al. (2003) ont fait passer à 119 participants un questionnaire évaluant le sentiment d’incomplétude, avec des items tels que « quand je ferme la porte de mon réfrigérateur, j’ai l’impression qu’elle n’est pas parfaitement fermée2 », un questionnaire évaluant les symptômes du TOC, le Padua Inventory (PI ; Sanavio, 1988) et deux questionnaires évaluant le perfectionnisme. Les auteurs ont montré une relation positive entre le questionnaire évaluant le sentiment d’incomplétude et le PI. La population étant une population non clinique, ceci démontre que nous pouvons observer ce sentiment d’incomplétude chez des personnes issues de la population tout venant.

En prenant une population clinique, Ferrão et al. (2012) observent une association entre la présence d’un sentiment d’incomplétude et un score élevé à la Y-BOSC (items compulsions). Très récemment, Sica et al. (2015) ont montré que les NJREs sont spécifiques à la population clinique présentant un TOC. Les auteurs ont comparé cette population à trois autres populations que sont les personnes présentant un trouble alimentaire, les personnes souffrant d’une addiction aux jeux et les personnes atteintes de trichotillomanie (trouble qui consiste à s’arracher les cheveux). Il en ressort que les personnes présentant un TOC rapportent un niveau plus élevé de NJREs.

Dans le cas de ce travail, nous nous intéressons plus particulièrement au lien entre le sentiment d’incomplétude et les comportements de vérification. Ainsi, Coles et al. (2003) ont procédé à une deuxième étude sur 242 participants, utilisant un questionnaire évaluant le sentiment d’incomplétude et un questionnaire (OCI) évaluant les symptômes du TOC (vérification, lavage etc.). Les auteurs ont montré que la plus grande corrélation est entre le sentiment d’incomplétude et les symptômes de vérification. Ainsi, plus les personnes ont une tendance à vérifier et plus elles rapportent un sentiment d’incomplétude en regard des actions effectuées. Summerfeldt (2004) et Tollin, Brady et Hannan (2008) ont aussi mis en évidence

2 Traduction libre de l’anglais de l’item : « When closing the refrigerator door, I have the feeling that it may not be perfectly closed ».

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le lien entre un sentiment d’incomplétude et la tendance à vérifier. Nous allons maintenant aborder le mécanisme pathogénique potentiel à l’origine de cette caractéristique du symptôme de vérification qu’est le sentiment d’incomplétude. En effet, cette sensation de non-atteinte du but a été mise en lien avec une expérience perturbée de l’action. En d’autres termes, la littérature rapporte qu’un défaut de contrôle de l’action, c’est-à-dire une difficulté à juger si une action a été complètement réalisée (but atteint), s’exprime sous la forme du sentiment d’incomplétude.

2.3.4. Mécanisme pathogénique potentiel : le contrôle de l’action

Le contrôle de l’action permet à l’individu d’évaluer si l’action qu’il a effectuée et le résultat qui en a découlé correspondent à ce qu’il avait prévu d’effectuer. Plus précisément, le rôle du contrôle de l’action est de générer un signal positif quand l’action réalisée correspond au but prévu et de générer un signal d’erreur en cas de discordance entre l’action réalisée et le but planifié (Pitman, 1987b). Selon son modèle cybernétique, Pitman (1987b) énonce que des signaux d’erreurs excessifs et hyperactifs seraient une caractéristique commune à tous les patients présentant un TOC. Ces signaux d’erreurs conduiraient à des comportements qui ont pour but de corriger cette erreur et de mener alors à un signal de concordance entre l’action réalisée et les attentes de l’individu.

Les personnes présentant des symptômes de vérification rencontreraient régulièrement des signaux d’erreurs et auraient donc des difficultés à percevoir une concordance entre l’action qui a été réalisée et ce qui était planifié. Un déficit de contrôle de l’action jouerait un rôle dans la perception d’avoir réellement réalisé l’action (Belayachi & Van der Linden, 2010). Selon ces auteurs, les signaux positifs de concordance mènent à une impression d’avoir fait l’action (« feeling of doing »). Et cette impression constituerait un indice suggérant la satisfaction d’un but et conduirait alors à la fin de l’action. De ce fait, une impossibilité à générer des signaux positifs de concordance mènerait à ne pas avoir ce sentiment d’avoir fait l’action en regard de ce qui était prévu (buts/plans). Ainsi, le sentiment d’incomplétude naîtrait de cette incapacité. Les personnes à propension vérificatrice auraient alors le besoin de procéder à des comportements afin de s’assurer que le but a bien été atteint.

De plus, percevoir une concordance entre ce qui était attendu et ce qui a été fait serait responsable du sentiment d’agentivité c’est-à-dire le sentiment que les résultats ont été causé par une action réalisée par un individu et que ces résultats correspondent au but attendu (Aarts, Custers, & Wegner, 2005). Sachant que le TOC est lié à un contrôle anormal de

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l’action (Hajcak & Simons, 2002), Belayachi et Van der Linden (2010) se sont intéressés dans leur étude au sentiment de faire (« feeling of doing ») chez les personnes qui vérifient.

Les auteurs ont fait passer à 107 participants l’OCI-R et la tâche développée par Aarts et al. (2005) dans laquelle les auteurs activent les effets d’une action, avant celle-ci, sans que la personne n’en soit consciente. Les individus ont alors l’impression que ce sont eux qui ont réalisé l’action alors qu’en réalité c’est toujours l’ordinateur qui cause l’action. Belayachi et Van der Linden (2010) ont montré une corrélation négative entre les symptômes de vérification et le sentiment d’avoir fait l’action : ainsi, les participants à tendance vérificatrice ont moins le sentiment d’avoir accompli l’action. Et ce faisant, cela les conduirait à davantage de doutes ou de sentiment d’incomplétude qui les mènerait à davantage vérifier leurs actions.

Les résultats des études comportementales sont appuyés par des études en neuroimagerie. En effet, Ridderinkhof, Van der Wildenberg, Segalowitz et Carter (2004) indiquent que le contrôle de l’action serait sous-tendu notamment par le cortex cingulaire rostral. De nombreuses études mentionnent que les patients avec un TOC ont une activité excessive dans cette région du cerveau et aussi dans le cortex orbito-frontal et les ganglions de la base également associées au contrôle de l’action (Nieuwenhuis, Nielen, Mol, Hajcak, &

Veltman, 2005). D’autres études en potentiels évoqués, notamment celle de Gehring, Himle et Nisenson en 2000, mettent en évidence une négativité correspondant à une erreur (un potentiel évoqué impliqué dans le contrôle de l’action) qui est augmentée chez les patients présentant un TOC. De plus, les auteurs ont montré que l’augmentation de cette négativité corrèle avec la sévérité des symptômes. Enfin, les auteurs confirment une fois de plus que les régions impliquées sont les régions frontales et les régions du cortex cingulaire antérieur.

Le cortex cingulaire antérieur serait donc la structure cérébrale qui générerait un signal d’erreur afin d’informer l’individu de corriger son comportement. Chez les personnes ayant un TOC, il y a une hyperactivation dans cette région que ce soit pour des actions réellement mal réalisées que pour des actions bien réalisées (qui ont atteint leur but).

Les études mentionnées s’intéressent au TOC en général c’est-à-dire qu’elles ne font pas la différence entre chaque symptôme. Cependant, une étude a très récemment confirmé une sur-activation du cortex cingulaire antérieur chez les personnes présentant des symptômes de vérification (Murayama et al., 2013).

Pour résumer, les personnes à propension vérificatrice auraient un déficit de contrôle de l’action, représenté par le cortex cingulaire antérieur, qui les empêcherait d’intégrer les conséquences de leurs actions en regard du but souhaité. Ceci mènerait à un sentiment d’incomplétude, c’est-à-dire à avoir un sentiment d’imperfection, que l’action n’a pas été

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réalisée correctement. Ainsi, ces personnes s’engageraient dans des comportements afin de vérifier constamment si leurs actions ont atteint le but désiré. Dans le présent travail, nous nous sommes intéressés au mécanisme qui pourrait être à l’origine d’une perturbation du contrôle de l’action c’est-à-dire le niveau d’identification de l’action (les représentations de l’action). En effet, Van der Weiden, Aarts et Ruys (2010) ont mis en évidence un lien entre l’impression d’avoir fait l’action (« feeling of doing ») et le niveau d’identification de l’action.

2.4. Perturbation du contrôle de l’action

2.4.1. La Théorie de l’Identification de l’Action (Vallacher & Wegner, 1987) Selon la Théorie de l’Identification de l’Action (TIA ; Vallacher & Wegner, 1987), une action est représentée selon une structure hiérarchique, d’un bas niveau d’identification vers un haut niveau d’identification. Le bas niveau d’identification de l’action indique que nous voyons l’action en termes de « comment » elle a été accomplie. Ainsi, nous nous focalisons davantage sur les aspects procéduraux de l’action et sur les gestes moteurs pour la traiter. Le haut niveau d’identification de l’action caractérise l’action en termes de

« pourquoi » elle est réalisée. De ce fait, lors du traitement d’une action, nous nous focalisons davantage sur les buts, les effets et les conséquences de cette action. Si nous prenons par exemple l’action d’allumer un four et si nous nous représentons l’action selon un bas niveau d’identification de l’action, alors nous identifions l’action comme « régler le bouton de température ». En revanche, si nous nous représentons l’action selon un haut niveau d’identification de l’action, alors nous reconnaissons l’action comme « préparer un repas ».

D’après Vallacher et Wegner (1987), l’identification d’une action par une personne est sous-tendue par trois principes théoriques.

Premièrement, « une action est toujours maintenue par son identification dominante3 » (Vallacher & Wegner, 1987, p. 4). Ce principe postule que chacun d’entre nous a une certaine idée en tête de ce que nous sommes en train de faire ou de ce que nous voulons faire et nous utilisons cette identité comme cadre de référence pour implémenter une action, contrôler son apparition et pour réfléchir à sa réalisation. Ce postulat suggère ainsi que les personnes arrivent à maintenir une action à un certain niveau d’identification à travers le temps et en

3 Traduction libre de « […] action is maintained with respect to its prepotent identity. »

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fonction du contexte. Ce maintien est utile mais il est parfois nécessaire d’opérer des changements et de modifier ses habitudes.

Ainsi, le deuxième principe énoncé par les auteurs indique que lorsqu’un bas et un haut niveau d’identification de l’action sont à disposition en même temps, il y a une tendance à ce que la personne choisisse le haut niveau d’identification de l’action. Ceci est sous-tendu par le fait que les personnes sont sensibles aux significations, aux effets, aux conséquences et aux implications qu’engendrent leurs actions. Ce principe a ses limites. En effet, si lors d’une action, une personne ne se focalise que sur le but de son action, le « pourquoi », elle pourrait en oublier les aspects procéduraux et les gestes moteurs afin d’effectuer l’action. Les auteurs découlent alors de ce raisonnement un troisième principe.

Ce dernier principe postule que lorsque l’identité d’une action ne suffit plus, la personne identifie son action à un plus bas niveau afin de la réaliser. Il est nécessaire de se focaliser sur des aspects de plus bas niveau, des aspects procéduraux et moteurs dans le but de mener à bien une action.

Les trois principes énoncés expliquent la variabilité chez les personnes dans l’identification d’une action. Bien qu’il existe des identifications dominantes, les actions sont à même d’impliquer des changements : soit en favorisant un haut niveau d’identification de l’action, soit en favorisant un bas niveau d’identification de l’action.

Le niveau d’identification de l’action est donc variable suivant les personnes, en fonction de comment elles perçoivent leurs actions et de comment elles réagissent par rapport à celles-ci. Selon Vallacher et Wegner (1987), cette variation dépend de trois facteurs principaux que sont le contexte d’une action, la difficulté d’une action et l’expérience pour accomplir une action.

Premièrement, la représentation d’une action dépend du contexte. En effet, une même action peut être perçue de manière différente selon la TIA, en fonction des indices mis en évidence par le contexte. Par exemple, « résoudre un problème de mathématiques » peut être identifié comme « faire du calcul mental » dans un certain contexte, et comme « montrer mes compétences en mathématiques » dans un autre contexte. Ainsi, le contexte peut amener une personne à identifier une action selon un bas niveau ou selon un haut niveau d’identification de l’action.

Deuxièmement, la difficulté d’une action influence le niveau d’identification de l’action. Assurément, selon si l’action à réaliser est perçue comme difficile ou facile, le niveau variera. Plus une personne perçoit une action comme difficile, plus elle aura tendance à

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adopter un bas niveau d’identification de l’action. Dans leur article, Vallacher et Wegner (1987), mettent en évidence cinq sous-facteurs appelés « indicateurs de maintien », qui influencent la difficulté d’une action : la difficulté de réalisation de l’action, la familiarité, la complexité, le temps pour réaliser une action et le temps mis pour apprendre une action. Si nous reprenons l’exemple « résoudre un problème de mathématiques », l’action peut être perçue comme notamment mettant du temps à être apprise. En effet, il est nécessaire de connaître les règles arithmétiques, de savoir les appliquer etc. Les personnes dans cette situation auront tendance à identifier l’action selon un bas niveau, en se concentrant davantage sur chaque calcul intermédiaire. En revanche, si « résoudre un problème de mathématiques » est perçu comme rapide à apprendre, les personnes identifieront plus cette action à un haut niveau c’est-à-dire en ayant l’occasion de pouvoir montrer leurs compétences arithmétiques. La difficulté perçue d’une action est donc un facteur notable. Il est important de savoir que la perception de cette difficulté peut varier. Effectivement, une action peut être difficile dans un premier temps, mais peut devenir plus facile dans un second temps.

L’expérience est le troisième facteur influençant le niveau d’identification de l’action.

Avec l’expérience, une action identifiée à un bas niveau précédemment peut être identifiée à un haut niveau. En effet, répéter une action conduit à une automatisation de l’action. Toujours selon le même exemple, « résoudre un problème de mathématiques » avec de l’expérience accumulée au fil du temps peut permettre de passer d’une identification à bas niveau à une identification à haut niveau. Ainsi, une action perçue comme difficile devient progressivement facile après répétition, et est représentée à un plus haut niveau d’identification de l’action.

Vallacher et Wegner (1989) ont développé une échelle de mesure afin d’appréhender le niveau préférentiel d’identification de l’action chez une personne pour différentes situations. Ce questionnaire, appelé Behavior Identification Form (BIF ; Vallacher & Wegner, 1989), présente une série d’items. Chaque item correspond à une action familière (p. ex.,

« Lire »). A la suite duquel découlent deux types de descriptifs : un descriptif définissant un bas niveau d’identification de l’action (p. ex., « Suivre des lignes de caractères ») et un descriptif définissant un haut niveau d’identification de l’action (p. ex., « Acquérir des connaissances »). Pour chaque item, le participant doit choisir le descriptif qu’il pense le mieux décrire l’action énoncée. Le total du questionnaire est calculé suivant les descriptifs définissant un haut niveau d’identification de l’action. Ainsi, plus le score est haut et plus la personne tend à traiter préférentiellement l’action en termes de buts et d’effets attendus. Plus le score est bas et plus la personne tend à identifier l’action davantage en termes d’aspects

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procéduraux et moteurs. Dans cet article de 1989, Vallacher et Wegner mettent en évidence que certaines personnes ont un niveau d’identification plus haut que d’autres.

Nous avons vu précédemment selon Vallacher et Wegner (1987), que bien qu’une

« action est toujours maintenue par son identification dominante », il est possible d’observer des changements suivant le contexte et la situation. Ainsi, il est possible d’induire momentanément un niveau d’identification de l’action chez une personne. Ceci est possible en créant un état mental abstrait (bas niveau d’identification de l’action) ou concret (haut niveau d’identification de l’action) chez une personne dans une situation donnée.

Cette idée d’induire momentanément un haut ou un bas niveau chez une personne a été développée plusieurs années auparavant. En effet, en 1987, Smith et Branscombe ont observé qu’un amorçage d’un haut et d’un bas niveau chez des participants était possible. Plus tard, Förster, Friedman et Liberman (2004) ont procédé à six expériences dans le but d’induire un état mental abstrait ou un état mental concret. Les participants devaient soit imaginer résoudre un problème un an plus tard (abstrait) soit imaginer le résoudre le jour suivant (concret). Les résultats indiquent que ceux qui ont été induit à un état abstrait résolvent plus de problèmes que ceux qui ont été induit à un état concret. Les auteurs concluent qu’être induit à haut niveau suscite un processus envers une représentation mentale abstraite qui améliore la créativité, car celle-ci nécessite une pensée abstraite. La même année, Freitas, Gollwitzer et Trope (2004) ont créé deux conditions expérimentales dans lesquelles ils ont répartis aléatoirement les participants. Dans la première condition, les participants lisaient un texte sur le « pourquoi » d’une action (haut niveau) et dans la deuxième condition sur le « comment » d’une action (bas niveau). Cette étape constituait la manipulation du niveau. Ensuite, les auteurs ont présenté aux participants assignés à la première condition la question « Pourquoi dois-je maintenir une bonne santé physique ? » et aux participants assignés à la deuxième condition la question « Comment puis-je maintenir une bonne santé physique ? ». Dans la première condition, les participants ont dû penser à « pourquoi » ils s’engageaient dans une certaine activité et devaient par la suite lister trois objectifs importants dans leur vie qu’ils ne pourraient atteindre qu’en améliorant et en maintenant leur santé physique. Dans la deuxième condition, les participants ont dû penser à « comment » ils s’engageaient dans cette activité et devaient ensuite fournir trois moyens pratiques et concrets afin d’améliorer et maintenir leur santé physique. Enfin, à tous les participants étaient présentées des cases alignées verticalement avec en en-tête de page « améliorer et maintenir sa santé physique ». Les participants assignés à la première condition devaient répondre dans une première case à

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« Pourquoi dois-je maintenir une bonne santé physique ? ». Dans une deuxième case, ils devaient répondre au « pourquoi » de leur réponse précédente et ainsi de suite. La procédure était la même pour les participants assignés à la deuxième condition sauf qu’ils devaient répondre au « comment ». Après calcul d’un indice statistique permettant de savoir le niveau d’abstractivité des réponses, les résultats indiquent que les participants dans la première condition ont généré davantage de réponses qui reflètent un haut niveau par rapport aux sujets de la deuxième condition. Les résultats montrent donc qu’induire une représentation des actions centrée soit sur les buts et les implications, soit sur les aspects procéduraux, est possible. Suite à cette étude, Fujita, Trope, Liberman et Levin-Sagi (2006) ont validé une nouvelle procédure d’induction. Ils ont demandé aux participants de soit générer un super- ordonné d’un objet (haut niveau), soit de générer un sous-ordonné (bas niveau). A la suite de cela, les participants devaient choisir entre deux descriptions de situations : l’une représentait l’aspect global de la situation et l’autre son aspect procédural. Les auteurs ont confirmé leur hypothèse qui suggérait qu’un participant ayant été induit à haut niveau préférerait davantage l’aspect global de la situation qu’un participant ayant été induit à bas niveau. Toutes ces études susmentionnées montrent que nous sommes capables de modifier le niveau d’identification des individus dans un certain contexte, à un moment spécifique.

2.4.2. Lien entre niveau d’identification de l’action et symptômes de vérification Comme vu précédemment, les personnes présentant des symptômes de vérification semblent avoir un défaut du contrôle de l’action qui mène à un sentiment d’incomplétude d’avoir effectivement réalisé l’action. Ce défaut de contrôle de l’action peut être causé par un problème de représentation de l’action. Cette idée a déjà été développée par Boyer et Liénard en 2006. Les auteurs postulent que les personnes présentant des symptômes obsessionnels- compulsifs se focaliseraient davantage sur les détails d’une action donc sur les aspects procéduraux et non pas sur les buts et effets engendrés par l’action. Ainsi, les personnes n’arriveraient pas à détecter les indices signalant que l’action a atteint son but. Le but n’étant pas accessible, la personne ne sait pas si l’action a été réussie et mènerait alors un signal d’erreur indiquant que l’état réel ne correspond pas à l’état voulu.

Le fait que les personnes présentant des symptômes obsessionnels-compulsifs focalisent leur attention sur les détails fait l’objet d’un débat. En effet, Cabrera, McNally et Savage (2001) démontrent que les patients avec un TOC focalisent leur attention sur les détails ou sur les plus petits éléments plutôt que sur la sémantique dans une tâche linguistique.

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Plus familièrement ces patients ont tendance à « manquer la forêt pour les arbres4 ».

Auparavant, Savage et al. (1999) ont administré la figure complexe de Rey à des patients avec un TOC et ont montré que ces derniers focalisent leur attention davantage sur les petits détails, tandis que les participants contrôles focalisent leur attention sur la forme globale. Les auteurs parlent de « biais local » de l’attention. Au contraire, Moritz et Wendt (2006) ne mettent pas en évidence ce biais envers les aspects plus petits. Les auteurs ont fait passer une tâche de traitement local versus global aux participants. Ainsi, ceux-ci devaient appuyer sur une touche lorsqu’ils détectaient une lettre cible (E ou T) ou sur une autre touche lorsqu’ils détectaient une autre lettre cible (F ou H). Les lettres apparaissaient des fois sous forme globale (p. ex. un grand E formé de lettres neutres), et des fois sous forme locale (p. ex. une grande lettre neutre formée de petits E). Les patients avec un TOC performent de la même manière que les participants contrôles. De ce fait, aucun biais envers un aspect local n’a été mis en évidence. Moritz, Wendt, Jelinek, Ruhe et Arzola en 2008 confirment cette non- préférence envers l’aspect local.

Cependant, deux articles appuient cette idée de biais de l’attention envers l’aspect local. Premièrement, Yovel, Revelle et Mineka (2005) montrent que les patients qui ont un score élevé obtenu à une mesure du trouble de la personnalité obsessionnel-compulsive présentent une focalisation excessive de l’attention sur les détails et l’aspect local des stimuli.

Plus spécifiquement, ils se focalisent davantage sur les petites lettres (les arbres) que sur leur aspect global (la forêt). Cette étude a l’inconvénient de ne pas avoir pris une population clinique de TOC mais une population qui présente un trait de personnalité obsessif-compulsif, ce qui est complètement différent. Ainsi, deuxièmement, Rankins, Bradshaw et Georgiou- Karistianis (2005) se sont intéressés à une population clinique présentant un TOC. Les auteurs leur ont fait passer une tâche locale versus globale et montrent que les patients avec un TOC ont des performances plus faibles dans la tâche globale mais pas dans la tâche locale. De plus, les patients sont plus lents dans la tâche globale. Les auteurs concluent que les patients avec TOC ont des difficultés à voir la forme globale dû à une préoccupation sur l’aspect local. Ces conclusions vont dans le sens des études de neuroimagerie. En effet, le traitement de l’aspect global a été relié à l’hémisphère droit (Fink et al., 1996), et les patients avec un TOC présentent un dysfonctionnement de l’hémisphère droit (Aronowitz et al., 1994). Finalement, dans la littérature, nombreuses sont les études qui vont dans le sens d’un biais de l’attention envers les aspects plus petits ou envers les détails chez les patients avec un TOC. Savage

4 Traduction libre de l’anglais « missing the forest for the trees ».

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(1998) mentionne que la peur d’oublier si la gazinière a été éteinte peut être liée à un échec d’apprécier l’environnement dans son ensemble ; de ce fait, l’attention se focalise sur la gazinière, lui donnant plus d’importance qu’elle n’en mérite.

Boyer et Liénard (2006) confirment ce biais dans leur article. Les auteurs mentionnent que les personnes focalisent leur attention de manière spontanée sur le niveau moyen des unités d’action à savoir le niveau connecté aux buts. En revanche, les personnes présentant des comportements de rituels focalisent leur attention sur un bas niveau, c’est-à-dire sur les détails ou les aspects procéduraux d’une action.

Ces observations énoncées par Boyer et Liénard (2006) ainsi que toutes les études démontrant un biais de l’attention envers les détails, les aspects plus petits ou procéduraux d’une action chez les personnes avec un TOC, peuvent s’inscrire dans la TIA décrite plus haut. Selon Vallacher et Wegner (1989), les personnes ayant un bas niveau d’identification de l’action auraient une plus grande difficulté à intégrer le fait qu’elles ont réellement réalisé l’action. Ceci les conduirait à davantage de doute.

Nous pouvons donc avancer l’idée que l’adoption de cette représentation de l’action est liée à des comportements excessifs de vérification. Les personnes vérifient alors que l’action a bel et bien été réalisée et que le but a bien été atteint car cette focalisation sur les aspects procéduraux ou sur les détails de l’action les éloigne du but recherché. Belayachi et Van der Linden (2009) se sont intéressés à ce lien entre le niveau d’identification de l’action personnel et les comportements obsessionnels et compulsifs. Les auteurs ont fait passer à 123 personnes issues de la population générale l’OCI-R, évaluant les symptômes obsessionnels- compulsifs, et le BIF afin de déterminer le niveau d’identification préférentiel personnel des participants. Les résultats indiquent une corrélation négative significative entre les symptômes de vérification et un haut niveau d’identification de l’action. Ainsi, plus les participants identifient les actions du BIF avec un haut niveau, c’est-à-dire en termes de buts et d’effets générés par l’action, moins ils présentent et rapportent des comportements de vérification. La vérification serait donc liée à la tendance à identifier ses actions à un bas niveau (en termes de détails). Aucune autre corrélation n’ayant été trouvée, cette étude appuie donc l’idée d’une relation spécifique entre les comportements de vérification et un bas niveau d’identification de l’action.

Certains auteurs ont établi un lien entre un bas niveau d’identification de l’action et un sentiment faible d’avoir fait l’action. En effet, Van der Weiden et al. (2010) ont utilisé le paradigme employé par Aarts et al. (2005) dans lequel ils présentaient de manière subliminale les résultats de leur propre action avant que la personne n’ait réalisé cette action. Van der

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Weiden et al. (2010) montrent que les participants qui se représentent l’action à un haut niveau d’identification ont davantage un sentiment d’avoir réellement réalisé l’action, c’est-à- dire que l’amorçage avait plus d’effet. En revanche, les participants avec un bas niveau d’identification de l’action présentent un plus faible sentiment d’avoir réalisé l’action. Ainsi, pourrait découler alors un signal d’erreur entre l’état réel et l’état désiré. Et, c’est ce signal d’erreur qui conduirait aux doutes de la réalisation adéquate d’une action et donc aux comportements de vérification.

Enfin, Belayachi et Van der Linden (2015) se sont très récemment intéressés à la capacité à décomposer des mouvements en segments plus petits d’action chez les personnes qui ont tendance à vérifier. Les auteurs ont utilisé la tâche développée par Zacks, Speer, Vettel et Jacoby (2006) dans laquelle les participants regardent des vidéos qui montrent le déroulement d’activités familières et doivent appuyer sur un bouton quand ils pensent qu’un évènement est terminé et qu’un autre commence. Les auteurs ont mis en évidence une corrélation négative entre la tendance à vérifier et la longueur des unités d’action identifiées.

En d’autres mots, les personnes ayant tendance à vérifier leurs actions décomposent les actions en actions beaucoup plus petites telles que des changements moteurs plutôt qu’en changements de buts. Cette étude confirme la tendance des personnes vérificatrices à identifier les actions en termes de bas niveau.

2.5. Problématique et hypothèses

Nous savons qu’il existe un lien entre un bas niveau d’identification de l’action et des comportements de vérification (Belayachi & Van der Linden, 2009). Une corrélation indique qu’il y a un lien entre deux variables mais ne permet en aucun cas de déduire le sens du lien.

Ainsi, nous ne savons pas si c’est le fait d’identifier nos actions plus en termes d’aspects procéduraux et en termes de gestes moteurs (bas niveau) qui fait que nous vérifions si nos actions ont été menées à bien, ou si c’est le fait de vérifier régulièrement qui nous fait identifier nos actions à un bas niveau. Dans le but d’étudier le sens de causalité, il faut induire un niveau d’identification de l’action et observer les conséquences sur les comportements de vérification. Nous avons vu plus haut que nombreux sont les auteurs qui, dans leurs études, ont induit un niveau d’identification de l’action chez des participants.

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L’objectif général de la présente étude est d’explorer le lien entre une induction d’une focalisation de l’attention sur un niveau d’identification de l’action particulier (haut ou bas) et les comportements de vérification, en regard des processus mentionnés dans le cadre théorique.

Plus spécifiquement, nous faisons l’hypothèse théorique qu’induire une focalisation de l’attention sur un bas niveau d’identification chez une personne entraînerait un défaut de contrôle de l’action car, n’ayant pas accès au but, la personne n’accèderait pas aux signaux lui indiquant que la tâche a atteint son but et que l’action a bel et bien été réalisée. Ceci la mènerait alors à un sentiment d’incomplétude et à des comportements de vérification excessifs.

A notre connaissance, nous ne savons pas encore si la focalisation de notre attention sur un certain niveau d’identification de l’action se fait pendant la création de l’intention d’agir ou pendant la réalisation de l’action. De ce fait, il sera également intéressant d’observer cette différence au moyen de deux expériences : une première expérience dans laquelle nous induirons une focalisation de l’attention sur un niveau d’identification de l’action pendant la création de l’intention de l’action ; et une deuxième expérience dans laquelle nous induirons une focalisation de l’attention sur un niveau d’identification de l’action pendant la réalisation de l’action.

Afin de tester notre hypothèse théorique, nous avons induit chez 60 personnes issues de la population générale, un haut ou un bas ou aucun (contrôle) niveau d’identification de l’action dans une tâche la plus écologique possible, inspirée de la tâche comportementale de Rotge et al. (2008) décrite plus haut dans ce travail. Cette tâche a été adaptée et nécessite non plus d’observer passivement des images mais de reproduire une certaine température sur un bouton de gazinière imité sur ordinateur. L’induction se faisait soit pendant la présentation de la consigne et du modèle à reproduire (pendant la création de l’intention d’agir ; Expérience 1), soit pendant la réalisation de l’action (Expérience 2). Suite à l’induction et à la réalisation de l’action, nous avons demandé aux participants d’évaluer leur production (« oui j’ai correctement reproduit le modèle » vs « non je n’ai pas correctement reproduit le modèle » vs

« je ne sais pas si j’ai correctement reproduit le modèle »). Puis, nous avons laissé la possibilité aux participants de vérifier leur production. Ceci nous a permis de mesurer les comportements de vérification. A la différence de la tâche de Rotge et al. (2008), la possibilité de vérifier n’est pas infinie. Les participants n’ont en effet l’opportunité de vérifier leur

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production qu’une seule fois. A la suite de cette tâche de vérification, nous avons administré aux participants le BIF, l’OCI-R (en nous focalisant sur les items évaluant la vérification), l’Obsessive-Compulsive Trait Core Dimensions Questionnaire (OC-TCDQ ; Summerfeldt, Kloosterman, Parker, Antony, & Swinson, 2001) mesurant le sentiment d’incomplétude et l’évitement du danger, et l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait (State-Trait Anxiety Inventory, STAI ; Spielberger, Gorsuch, & Lushene, 1983).

Dans les deux expériences, nous nous attendons à ce que les personnes ayant été induites à bas niveau d’identification de l’action vérifient davantage leurs productions dans la tâche de vérification que les personnes ayant été induites à haut niveau d’identification de l’action.

De plus, après lecture de l’article de Rotge et al. (2008), nous nous attendons à ce que le doute (l’évaluation « je ne sais pas si j’ai correctement reproduit le modèle ») corrèle positivement avec les comportements de vérification. Aussi, dans le but de corroborer les résultats trouvés par Belayachi et Van der Linden (2009), nous nous attendons à ce qu’un haut score auto-rapporté de niveau d’identification de l’action, mesuré par le BIF, corrèle négativement avec les symptômes de vérification mesurés par l’OCI-R. Au vu de la théorie présentée dans le cadre théorique, une autre hypothèse que nous pouvons avancer est qu’un haut niveau d’identification de l’action mesuré par le BIF corrèle négativement avec le sentiment d’incomplétude mesuré par l’OC-TCDQ. En effet, le fait d’identifier l’action à un haut niveau, c’est-à-dire en termes de but, aide à générer un signal de matching et ce signal indique que la tâche a été complétée en regard de ce qui était prévu (Gehring et al., 2000).

Enfin, nous nous attendons à ce que le sentiment d’incomplétude mesuré par l’OC-TCDQ, corrèle positivement avec les symptômes de vérification auto-rapportés mesurés par l’OCI-R (Coles et al., 2003 ; Summerfeldt, 2004 ; Tollin et al., 2008).

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3. Expérience 1

La première expérience a pour but d’examiner si une focalisation de l’attention sur un bas niveau d’identification d’une action pendant la création de l’intention de réaliser celle-ci peut amener les participants à vérifier davantage leurs actions.

3.1. Méthode

3.1.1. Population

Le recrutement des participants a été réalisé par le biais d’annonces et de flyers (Annexe I), affichés et distribués à l’Université de Genève (Uni Mail) ainsi que dans des centres de sport. La durée de l’étude et son déroulement y étaient indiqués. Plusieurs critères d’inclusion étaient mentionnés : avoir entre 18 et 35 ans, posséder un diplôme de fin d’études secondaires (maturité ou baccalauréat), ne pas étudier la psychologie (afin d’éviter au maximum des biais dus aux connaissances dans le domaine du TOC ou de la Théorie de l’Identification de l’Action), et enfin ne pas avoir d’antécédents neurologiques ou psychiatriques. Les futurs participants étaient informés qu’un tirage au sort de 30 CHF aurait lieu à la fin de la recherche.

Trente participants ont été recrutés pour cette première expérience : 24 femmes et 6 hommes. La moyenne d’âge du groupe était de 24,10 ans (ET=3,17), et le nombre d’années d’études de 16,17 ans en moyenne (ET=1,80).

3.1.2. Procédure générale

L’expérience s’est déroulée dans un laboratoire de l’Université de Genève (Uni Mail).

Chaque participant a avant tout répondu à un formulaire de consentement de participation (Annexe II). Les objectifs de l’étude y étaient décrits de manière générale et vague afin de ne pas influencer les résultats (« L’objectif de la présente recherche vise à examiner la manière dont nous pensons et faisons les choses »). Le formulaire comprenait également des informations sur la procédure de l’expérience, sa durée, les inconvénients et risques éventuels, ainsi que sur la protection des données. S’ils le souhaitaient, les participants étaient invités à prendre contact avec nous dès septembre 2015 afin de prendre connaissance des résultats obtenus. Nous informions les participants de l’anonymat des données et nous leur demandions leur autorisation afin d’utiliser celles-ci à des fins scientifiques et pédagogiques. Finalement,

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