Je profite de cette tribune pour me faire I'echo d'un malaise qui envahit peu & peu un certain nombre de Confreres qui ont investi depuis plusieurs annees dans la prise en charge des malades douloureux et que les changements qui se mettent en place en France inquietent.
Nous avions acquis en France un retard certain dans le domaine de la douleur. Rappelons que les premieres consultations multidisciplinaires sont apparues dans les annees 80 et que beaucoup de ces consultations ne fonctionnent encore aujourd'hui qu'avec I'enthousiasme et la bonne volonte de ceux qui les animent. II etait important que cela change. La Formation est vite apparue comme la pierre angulaire de cette prise en charge et la mise en place d'un Enseignement structure: DU, DIU, et aujourd'hui Capacite apparaTt comme la base d'un edifice qui deja. se diversifie de fa?on a atteindre toutes les couches de la Societe Medicale.
Desormais tousles etudiants en Medecine seront formes & la prise en charge de la douleur au cours de leurs etudes medicales; des mesures incitatives sont prevues:
questions obligatoires au Concours. A I'autre bout de la chafne les praticiens installes pourront se former dans le cadre des FMC. Sachons que la douleur vient en tete avec 55% (avec la Medecine d'Urgence et la Cardiologie) des demandes de formation. La douleur apparaTt a I'evidence une priorite de Sante Publique.
Alors pourquoi ce malaise? Pourquoi cette inquietude? Au moment oQ certains d'entre nous aident au mieux et avec succes leS Pouvoirs Publics 9. se pencher sur nos problemes quotidiens dans le domaine de la douleur. Ceci se traduit dans les faits par une obligation de reflexion au niveau de chaque structure de soins, I'introduction d'un chapitre douleur dans le PMSl et prochainement I'evaluation des consultations multidisciplinaires et la prise en compte de la duree de la premiere consultation.
Tout changement inquiete et les tracasseries administratives n'aident pas ,~ detendre I'atmosphere. Certaines structures sont menacees dans leur survie.
Cependant actuellement tout est fait, nous dit-on, non pour casser, mais pour aider au mieux notre <<specialite,,. Ceci prend du temps.
La venue de la capacite a aggrave encore cette inquietude. Les pion- niers, qui ont fait souvent & 50 ans passes, la demarche de s'inscrire au DIU et d'etre reous, craignent d'etre laisses sur le bord du chemin au profit de cette nouvelle elite:
le Capacitaire. II n'a jamais ete de I'intention des Fnseignants de laisser leurs eleves en position difficile. II est prevu dans chaque Universite des commissions d'equi- valence. Et ce n'est pas au moment oQ la France prend la mesure du probleme douleur, qu'il convient de rebuter les bonnes volontes.
Le travail reste immense, car les consultations de la douleur sont trop peu nombreuses et souvent pauvres en moyens. Les ,,cadres,, restent en petit hombre et la creation de postes n'etant pas ~. I'ordre du jour, il convient d'augmenter notre
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efficacite en creant des Reseaux avec des structures publiques ou privees et les m6decins traitants de maniere & optimiser au mieux la prise en charge des cas difficiles; ne laissant aux centres specialises que les malades en 6chec de traitement ou pour des actes th6rapeutiques specialis6s. II serait dommage que les efforts deployes par certains, (Docteur SERRIE, Professeur LAZORTHES, Professeur BESSON, pour ne citer que les plus c61ebres) restent mal compris par I'ensemble de la communaute medicale. Tout est fait dans un esprit democratique et dans le souci d'une plus grande efficacite de la prise en compte de la douleur, et les soci6tes savantes, (S.ED. - SOFRED), le College National des M6decins de la Douleur, la Commision Pedagogique d'Evaluation et Traitement de la Douleur, veillent chacune & leur niveau.
Participer aux 61ections de nos representants & ces colleges constitue le meilleur gage d'etre entendu, de defendre notre avenir et finalement de servir nos malades.
Y. Lajat
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