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BIBLIOTHEQUE D E SOCIÉTÉ. Digitized by Google

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(1)

I

BIBLIOTHEQUE

D E

SOCIÉTÉ.

(2)
(3)

I

BIBLIOTHEQUE

D E

SOCIÉTÉ,

CONTENANT

des

Mélanges

intérefians

de

Littérature

&

de

Morale

;

une

Elite de

Bons Mots

,d'

Anecdotes

,detraits d'

Humanité

;

un Choix d'Obferva

- lions

&

de

Jeux

de

Phyjîque

\ quelques Caufes

&

Procès

peu connus

; des Poèjies

dans

tous les genres; des Contes en profe , puifès

dans

les meilleures fources; enfin, des

Di»

vertifi'emens de Société.

TOME PREMIER.

Et

fe trouve a

P arts

9

Chez Dilalàin

, Libraire, rue

&

à côtede

(4)

£60^0

(5)

AVERTISSEMENT.

IL

faut

une

Préface

aux Ouvrages

qui n’ont'pas d’autre

recommanda*-

lion; il

ne

faut

que quelques

lignes à

ceux

qui offrent par

eux-mêmes quelque

objet d’utilité

ou

d’agrc-

ment.

C’eft

dans

cettedernièreclaiTe

que

l’on placera

(

du moins nous

l’efpèrons

) le

Recueil que nou*

pré- fentons au Public.

A

des

Mélanges

d’une Littérature choifîe, &c d’une

Morale que nous pouvons nommer

ufuelle , puis- qu'elle

concerne directement

la

So-

ciété, Succède

dans

cette Bibliothè-

que

,

une

Elite

de Bons Mots

,

vraiment

plaiSans,

de

Saillies

heu-

jreufes,

de

Traits Caraétériftiques

j

(6)

ij

Avertissement.

enfin,

de

ces

beaux fentimens, mis en a&ion

, qui font

honneur

àl'hu- manité. Il

en

eft

quelques uns

fans

doute, qui

font déjà

connus; mais

étoit-ce

un

raifon

pour

les exclure

dune Colle&ion qu’on

acherché à rendre

complette

?

Cette

partie

de l’Ouvrage

, qui

devoir nécefiTairementêtreplus éten-

due

, eftfuivie

d’une

autre quin’eft pas

moins

intéreflante.

Ce

font

des Obfervations

d’Hiftoire naturelle, puifées

dans

les fources les plus fûres , des

Jeux de Phyfique qui

n’exigent pas l’appareil

des

récréa- tions préfentées

dans

d’autres

Re-

cueils; des Secrets curieux, qui

ont

prefque toujours

un

objet

d’économie.

La

Jurifprudence

Amufante qu’on

trouve après la Phyfique, eft

ua-

(7)

Ar ERT

I

S

S

EMENT,

iij

vailles avecle

même

foin.

Dégagée de

toutes les épines

du Barreau &

des

difcuflions faftidieufes

dont

les Recueils des

Caufes /ont

toujours remplis, elle offre

une

fuite varice

de

faits finguliers

ou

intéreflans , pris

pour

la plupart

chez

les Etran- gers, Ôc

qui manquent

à la vafte

Compilation

des

Caufes

célèbres.

Nous avons

confacré le dernier

Volume aux ouvrages

créés par l’i-

magination.

On

ytrouvera

un grand nombre de

petites Pièces

de Poches

toutes ingénieufes,

Epigrammes

»

Madrigaux

,

Couplets

,

Genre de

v

Littérature,

dans

lequelnotre

Na-

tioneft firiche.

Nous

n’avons

omis que

celles qui fe trouvent

dans

les

Auteurs

,

dont

les

Ouvrages

font entre les

mains de

tout le

monde.

Un

autre point qui

achevé de

dif-

(8)

iv

A V

£Ji

TISSEMENT,

tinguer notre Recueil des Collée-»

tions

de

ce

genre

,cefontles

Conres

Choifis

&

lesDivertiflemens

de So-

ciété qui-le terminent.

Des Gens de

Lettres zélés,

ont

bien

voulu nous

féconder

dans nos

recherches,

& nous

ont

communia qué

des

morceaux

qui n’avoienc point paru.

Que de

titres ,

nous ofons

ledire,

pour

mériter les fuf- frages

du

Public?

Les Perfonnesqoi

cherchentdanslaleélure

un

délaffe-

ment honnête

, trouvefonc a-la-fois

l’amufement &

Futile

\d’autres

em-

prunteront peut-être

dans

les

Anec-

dotes

que nous

leur offrons

,

quelque

fujet

pour un Opéra-Comique

:

quand

notreRecueiln’auroit

que

ce

genre

d’utilité,n’enferoitce pasaffez

pour en

faireaujourd’hui

un

livrenécelïaire?

TABLE

(9)

DES TITRES ET CHAPITRES

Contenus dans

cette Bibliothèque.

TOME

/.

PARTIE L

Mélanges de

Litérature

& de Morale

,

tirés

ou

traduits

de

diftérens

Au-

teurs.

P EN

Se'

ES

fur

V

Education,parl*Abbc VincentMartinelli. pag.z.

Le Monde

,par

Mylord

Chejlerfield. 16.

E

[faifur laConverfation, traduitde l'An-

glois. zi.

Fragmentd'un LivreTurcfurieGoût. 14.

Régies

&

Conduite d'un

U

fige général, publiéesàLondres en 1734. \6.

Mallettes d'une

Mylady

. 39.

(10)

Elegie de

VHomme

,traduite

du

Grecde StGrégoire de Nafian^e. 47.

P

enfles détachéesdu

Do&eur

Swife, jf, Moralede bonufage,par feu

M. V

Abbé

Prévôt. 6 o.

Réflexions hifloriquesfur lesSpefiaclés ,

parfeu

M.

l'Abbé Prévôt. 68.

Avis aux GrandsParleurs,extraitd'un Traité dePlutarque3furle

même

fujet, 80.

Obfervationsfurla Polittffe,parleComte

deCheflerficld. 8p.

Effaifurla néceffitè d'écriredansfa propre Langue , traduit del'Italien de

M.

le

ComteAlgarottu 9?-

(11)

TOME

î.

SECONDE PARTIE.

ÉLITE DE BONS MOTS

.

Anecdotes.

Traits d'Hi/loire.

CHAPITRE PREMIER;

A n ec

JDo

tes h

théâtre. page x;

CHAPITRE

II.

Bravoure,confiante,intrépidité. i$,

CHAPITRE III.

Péponfesfines. jtî

CHAPITRE

IY.

ExpreJJîonSyJingulwres

ComparaifonsZ

Belles pen/ées. 57.

(12)

4

TABLE CHAPITRE

V.

Sentimens

Hijloriques.

Rèponfes fubllmes des Anciens. ;!•'

CHAPITRE Y

I.

Louantes

« adroites Critiques fines,Requêtes, P/actfJ

/««**. i°4»

CHAPITRE VII.

AnecdotesfurdiffèrensAmbajfadeurs. 130.

CHAPITRE VIII.

k - »

Naïvetésfines, cmplaçantes Brufqueries.

143.

Y .

CHAPITRE IX.

Gafconadcs. 177.

CHAPITRE X.

AnecdotesfurdijférensAuteurs, 19t.

\

(13)

DES MATIERES.

j

CHAPITRE XI.

Méprisdelà vie. 117.

CHAPITRE XII.

Allujîons ingcnieu/esàdiferens pajjdges desAuteurs Anciens

&

Modernes, xzi.

CHAPITRE XIII.

Traits de carattire,foit particulier,foit

national. z4Ç.

ToME SECOND.

Suite de

V

Elitede

Bons Mots

,

Anec-

dotes9 traits déHifloire.

CHAPITRE XIV.

1

Peintres. page 1.

CHAPITRE XV.

Traits remarquables detendrejfeMaternelle, d*Amitié, d’

Amour

, deSenfibilité. j>

(14)

T A

B B

E

6

CHAPITRE XV

I.

Jeux de Mots , Equivoques

, Pointu;

Pafquinades. i

CHAPITRE XVII.

Sentimens héroïques, Rèponfes fubllmesi 34.

CHAPITRE XVIII.

!

Naïvetés, Rèponfes dePayfans,fottifes de Valets, ignorances platfautes. 34.

CHAPITRE XIX.

#

Anecdotes fur différens Juges,Avocats;

Procureurs. xi*.

CHAPITRE XX.

</$ différens Confeffeurs, Moines

Prédicateurs 145.

CHAPITRE XXI.

Uo/mJBO/.T Anciens.

(15)

CHAPITRE «XXII.

r

Sarcafmes. 114.

C H

P I

T R E XXIII.

Reparties. 148.

CHAPITRE XXIV.

Hijloires plaifantes

&

Plaifanteries. 300

,

CH

A.

PITRE XXV.

ProposdeJoueurs3 Ivrognes. 318.

.

CHAPITRE XXVI.

lnfllnft desAnimaux. 334.

> ' 'i

' - »<m

TOME TROISIEME.

Suite de

V

Elitedes

Bons Mots

,

Anec-

notes

9 traitsd'HiJloire.

CHAPITRE XXVII.

Bons

Mots

,

Anagrammes

,JeuxdeMots,

Saillies. pag.1.

(16)

s

TABLE

C HAI^ITRE XXVIII.

Anecdotes, Tours d'adreffe, Flatteries, Injlintidedifférent

Animaux.

46

chapitre xxix.

AventuresJîngulières. 74.'

CHAPITRE XXX.

HaranguesJîngulières. 17,’

CHAPITRE XXXI.

Anecdotes de Medecine, 98.

CHAPITRE XXXII.

\

De

quelquesExemplesimités,

&

de plu- yTrwrf jai neleferontpas. x*8%

(17)

DES MATIERES.

9

r

PHYSIQUE AMUSANTE,

Ou

choix d'Obfervationscutleufes%

avec quelques

jeux

dePhyjîque

&

desSecrets,foit

pour V

économie>

foit

pour

l'agrément.

CHAPITRE PREMIER.

Mémoirefurlaprodigieufedivijibilitèdela

Matière. J44*

CHAPITRE

II.

Ouvragesfurprenans de Méchanique. I 4J

CHAPITRE

III.

'Singularités d’HiJloire Naturelle. 180.

CHAPITRE IV.

'Effetsfnguliers de Phyfique. 2©*»

CHAPITRE

V.

Expériences

&

découvertes curieufes. 13».

(18)

IO

TABIE CHAPITRE VI.

Article premier..

Récréations Chymiques zéS;

Article

sç c

o n

b.

Illujions (l'Optique

&

divers problèmes

amufans. x8©

CHAPITRE VII.

ChoixdeSecrets9 utiles

&

curieux

*

Article premier.

Secretséconomiques. ijt.*

Des

BoiJJons, ibid.

Des

Fruits

&

desLégumes

.

30©.

T

AutresSecrets utiles

.

313.

Article second.

Secretspourl'agrément. 3r5.

Ze//re

^ M.

de Rigoley de Jwvigny. 33j.

(19)

DES MATIERES.

i*

JURISPRUDENCE CURIEUSE.

Choixde quelques Caufespeu communes

.

349-

ProcèsJînguliers. .. ibid.

Lettre de feu

M.

l%

Abbé

Prévôt furun Procès contreun Eunuque. 36%.

TOME QUATRIEME.

Choix

de Poëjîes

&

de Contes en Profe«

Chansons.

pageil

Sonnets.

La Femme &

leProcès. 10.

1Autre, laBelleMatineufe. XI.

Eve

Coquette. %t.

JJhabile

Homme.

Ce queceflque l'Amour. %5

(20)

IX

TABLE

Madrigaux

,

Triolets, 'Règlesdu Triolet

.

Epigrammes.

Rondeaux

.

Enigmes.

Quatrains.

Con/r/.

Epitaphes.

Poejîes mêlées.

3

57»

io«.

ijo, ÏJ5- 167.

184*

18$.

îoo.

Conteschoijis en diffcrens genres.

rAlihèe, HijloirePerfanné parFénelon:

144.

Salned6*Garaldi,nouvelle orientale,par

laMotte. xif.

’Jeannot

&

Colin par

M.

deVoltaire.181,' Hijloired’EVifabeth Conning,

/w M.

de

Voltaire. 301.

Æeirttf deGolconde,par

M.

le Chev

.

deB, jo

(21)

DES MATIERES.

ij

Divcrtijjemens de Société.

Les

Amans

conjlansjufquautrépas,Hif- toiretragi-comique,par Vadè. 333.

Prologue qui prccédoit une repréfentation de

V

Avare6* de l'Oracle, parSi. Fi

5J 1* ImpromptufansImpromptu,oulaParade Bourgeoifetdivertijfementmêlé de chants

&

de danfe 36zJ

Le

Legs, Proverbe dramatique. 1 441]

Le mot duProverbeejil'Hommepropofe

&

Dieudifpofe.

/<* Table*

\A

(22)
(23)

MELANGES

DE LITTERATURE

(24)
(25)

DE LITTÉRATURE

ET DE MORALE,

Tirésou traduits de difïéslens Auteurs.

Pcnfccs

fur l'Education

,

par M.

MartincLli. (i)

•Q«ES3=3=B»i.g.

L’homme

, à l’inftantdefanaiflance,eft

unêtre fenûble

&

organifé, doué d’une

(i)M.Martinelli,aujourd’huiétabliàLoa*

«1res, a demeuré quelque rems à Florence,

&

il

Tome

l.Irepartie.

A

ij

(26)

4 Mélangés

Intéressans.

ame

immortelle ,jdontlesfacultés fedéve- loppant peu-à-peu, parviennent àcompa- rer,à combiner

&

à juger.

Du

réfuitarde ces différentesopérations, feformelarai- fon quilediftingue

&

qui luia méritéle

nom

d’animal raifonnable. Il tientdela nature toutcequi peutle rendre plusou moinsfufccptibledelarationabilitè5mais, ledéveloppement

&

la perfe&ion decette qualité, eftuniquementl’ouvragede l’art

oudel'éducation.

C’cftdoncparl’éducation que le juge- ment del’homme le perfectionne,

&

de- vient plusou moinslupérieur àrinftinél des autres animaux. C’eft aux premières images quel’on prélente à les fensdans

étoit dans l’état Eccléfiaftiquc. Un jour ilfut

.déféréârinquifitio».On lemanda;

&

, leJuge aveccetonaltierquiconvientfibienàunInquifi.

teur, luidit:che fei tu ?Quies-tu? L’accuiclui répondit fièrement:SonoilSignçrAbbate Vin- ccn\oMartinclli.Je fuisM-l’AbbéVincentMar-

rinelli.Ilfutbientôt renvoyéabfous.

(27)

Mélangés

Intéressans. S l'enfance,qu’ildoit, pourl’ordinaire, le

cara&èrequ’il confervera toutefa vie.Les idéesquis’offrent alors àfon imagination n’étantcontrariéespar aucuneidée anté- rieure

,s’y fixent d’elles-

mêmes

,

&

font fur foncerveauune impreflion qu’ilretient jufqu’àla mort;de

même

qu’un vafc de terre,pour

me

fcrvir dela comparaifon d’Horace,conferve l’odeur despremières liqueurs dont on l’a rempli.Si doncon voit revivredanslesenfanslesvicesoules vertus deleurspères , on peut regarder quelquefois cette refiemblance ,

comme

l’effetnatureldesrapports qui doiventexil- terentredeuxêtresformés du

même

fang; maisjc’effcleplus fouyentàl’exempledes penchans

&

deshabitudesfur lefquelsils le fontformés

,qu’on doitenattribuer la caufe.

De

touslesétatsdel’hommecivil,l'en- fanceeftlepluscritique;c'eft àcetâge, quefesa&ions commencentà fedirigervers unbut moral,

&

qu’ilfaitlespremierspas

f dans la carrière qu’il doit parcourir. Les

A

ii)

(28)

6

Mélangés

Interessans.

Romains

, nourrisdanslefeinde la pre- mière république de l’univers, pouvoient êtrepourleursenfansd'excellensmodèles à imiter.Leursmères leur faifoient fuçer aveclelait,desfemences de vertu

&

d’hé- xoïfme.

A

peinefortis de l'enfance, des efclaves vertueux

&

éclairésctoient char- gésdufoinde formerleurscœurs

&

leurs efprits,

&

,dès queleursmembresdélicats pouvoientIfupporter la fatigue, onlesinf- rruitoitdansl'artdelaguerre.

Aujourd’hui lesenfans n’ont, le plus fouvent,pour fonderlespremiersprincipes delamorale

,quedesexemplesdangereux à fuivre:depuisquedanslesRépubliques,

comme

dansles Monarchies, laNoblcflc dufang a prévalu furlemérite perfonnel

,

&

luia enlevélesplaceslesplusimportan-

tesdu Gouvernement, lesGrandsnes'oc- cupent guère des belles-lecrres

, quepen-

dantleurpremièrejeunefie.Cet âgepatîé, ilslesméprifentStles négligent,

comme

unfuperfluennuyeux

&

inutile.Ceuxd’en- trelepeuple quiles cultivent

, les regar- [ .

(29)

Mélanges

Interessans. 7 dent

comme

uneffetcommerçable,don:la poffdlîon peutlesaider à fortirde la mi-

sère

&

leurdonner uneefpèced’empireTue

fcfprit des ignorans.Auffi labonneéduca- tioneftprefqueinconnue de nosjours; Sc

comment

nele feroit-elle pas?

Un

enfant nefort des mainsdvunenourrice de

cam-

pagne,quepourpafferdanscelles de va-*

kts, grolfiers

&

ignorans,quiquittentà peine lemanche de la charrue, ou qul fontdéjàcorrompusparlesvices des villes»

On

confie enfuite lefoin de l'inftruireà quelque pédantmercenaire^uhavec .Umeilr leure envie de faire de fon élève unboa citoyen, en(croitincapable, parledéfaut d’expérience

&

de connoilTances néedfaires pour parvenirà ce but.

Lalangue Latine,qui nous atranfmis les

monumens

les plus précieux delafa- gefle des Anciens,

&

qu’on regarde

com- munément

en Europe,

comme

laclefdes Sciences,eft celle par laquelle on

com-

mence, avecraifou,1éducationlittéraire desenfaas*Maislaméthodedontonfefers

«

A

iv

(30)

S

Mélangés

Intéressans.

généralement en Italie pour l’enfeigncr*

eftfidéfe&ucufe,qu’onlacroiroitinven- téeexprèspourdégoûter ceux qui veulent le livreràcetteétude.

Une

grammairequi enfeignelalangue Latine parcettelangue elle-même, eftl’Arianedece labyrinthe.

MM.

de Port-Royal ont corrigécetabus en France^,dansleurgrammaire C’eftpar le

moyen

duFrançois, qu'on parvientàla - connoifiance dela,langueLatine.Le favant

Do&eur

Sharpa fuivi leurexemple;ilen a faitdansfalangueune femblable,maisqui l’emporteencore par laméthode

&

parlà clarté,

&qui

mériteroitd’êtretraduitedans toutes leslangues.

Tels font, relativementàlagrammaire

lesobftaciesqui s’oppofentauxprogrèsde la langue Latine en Italie: la méthode établiedans le choix deslivresquel’on donneà traduireauxjeunesgens quis’ap- pliquentà cetteétude, n*eftpasmeilleure»

On

leurfaitparcourir rapidementdifférens Auteurs,avecfipeud’ordre

&

deréflexion, que

, parmiceux quipartent huit

&

dixaa-

(31)

Mélangés

Intéressans. 9 nées deleur vie à l'étudedecette langue,'

ileftrared’entrouver quilafâchent

&

qui

connoiflent lesbons livres, danslefqucls

ill’ont étudiée.Siquelques-unsyparvien- nent,ilsneledoivent qu’àlabonté deleur efprit;cen’eftqu’enfeperfuadant bien de l’ignorancedanslaquelleonlesataillés,8c en redoublantd'efforts

&

d’applicationpour enfortir, qu’ilsacquièrent quelquecon- noiflance decette langue.Danstoutel’Iia-

He, fil’onen excepte qjelques villes, les autres études fontauffinégligées quecelle delalangue Latine,

même

parmiles gens riches, qui devroientlescultiver,

&

qui

auroientleplus defacilicépourlefaire, mais qui donnent, engénéral, plus de' foinsàformerleurschevaux,qu’àinftruire leurs enfans.Jeluis toujours étonnéque

,

parmitantde grands

hommes

quel’Italiea produits dans tous les fiècles, aucunn’ait encoreimaginéde réformercesabus,

&

de faire

commencer

l’étudedelalangue Latine parlale&ure

&

parl’explication

gramma-

ticale

du

liyrcle plus important que les.

Av

(32)

io

Mélangés

-Intsressans.

Auteurs Profanesaient laiflé à la fociété humaine, jeveuxparler desPandeéles de Juftinien.

Un

defesmeilleursinterprètes

en

eftimoit tant leftylc, qu’ila ditquefitous lesautres livres latins feperdoient,celui-là fcul fuifiroit pour faire revivre lalangue Lainedans toutefapureté;cequiprouve qu’ilétoitpeu éloigné de

mon

fyftême.Le»

L@ixdesdouzeTables, diétéesparlesplu»

célèbres PhilofophesdelaGrèce, forment la bafedecetexcellent livre.Lesplusfage»

JurifconfulteS de

Rome &

desProvince»

les pluséclairés de l’Empire,yontjoint fucceflivcmentleursdécidons,

&

ontfait decettt précieufecollection,l'hiftoireuni- verfeltedesaétions

&

despaflîonShumai»»

nés.Lesdroits dechaque

homme

, relati- vement aux pçrfonnes

&

aujc ebofes,

y

(ontdéterminés d’unemanièreprécifejles bornes invariables dujufte

&

de l’honnête yfontfixées.Chaquechofeyeft

nommée

clairement, fansmétaphore,fanscirconlo- cution, pouréviter leséquivoques

&

la confufion»Quelsavantageslesjeunes geis

(33)

+

J*-

w

-, 7, ,ûa

Mélangés

Intéressans. ii

" " »!

I »I I

neTetirerorcnt-ilspoin»delakdture de ce livre?'Indépendamment delà connoifiance delangue latine, ils

y puiferoientcelle -desLoix qui gouvernentaujourd’hui toute l'Europe,oufur lefquelles touteslesautres ontétéformées.Ilsfepénétreroient decette morale fublimcquelesRomainsmettoienc en pratique,

&

qui a faitde ce peupleun peuple dehéros.Ilsytrouveroientdes lu- 'flbièresnécefîairespourconfcrver leurfor- tune,'icùrrepos, 8rpourfemettreàl’abri desrufes

&

des pièges de la chicanne.

lisacquerroientenfin lafacilitéd’entendre lesAuteurs Latins,quineparoiflentleplus Fbuvëntdifficile$,queparcequ’ilsfontécrits dansun langage qui fuppofelaconr.oif- fance des Lôix Romaines: tels font les ouvrages de Cicéron,de tous les Hiflcn- riens

&

de quelquesPoëreî.

11 eftaiféde concevoir avecquellefaci- litéUn élèveà quicetteétude auroitap- plani lesdifficultésde langue Latine, liroit les Hiftoricns, tous les Auteurs

&

fpéciaiementCicéron,dontla leéf ure feul

Atj

(34)

IX

Melangis

Intéressans.

*

peut formerà la-foislecœur

&

fefprit.Je voudrois qu’un jeune

homme

apprit, s’il étoir poffible, fes trois livresdesdevoirs del’homme. C’eft, félon

moi

,l’ouvrage leplusimportant, leplusférieux

&

leplus parfaitquifoit fortide laplumede l’Ora*

teurRomain. Lapaillon,lavanité, l’am- bition, l’efprit departi, lamagie del’é-

loquencedifparoiifent,pour ne laidervoir queL’expreflionpuredu cœurdeCicérca, quife répand dansceluide fonfils,àqui

iltracelechemindelavéritablevertu par les raifonnemens,les exemples

&

lesob- fervations qu’un

homme

, tel que lui

,

avoirpuraflemblerdanslefeindelapre?

mièreRépubliquedel’univers. .<

Jevoudrois qu’onjoignîtàI’ctudede la Jurifprudence, celle de l’Ancien

&

du

Nouveau

Teftament:rien ne

me

paroît

û

ridiculedans un

homme

bienéclairé

,que

l’ignorance desLoix defa propre Religion

&

du Gouvernement fous lequel il doit

vivre.Cette ignorance,fur-toutdansceux qui veulent

, parlafuite,mêler del’ad-

(35)

Mélangés

Intéressans. i$.

miniftration publique, peut avoirlesplus grands inconvéniens. Il eft abfurde dé croirequelafeulelumièrenaturelle puifle guider nos jugemens, quand il s'agitde lesexercer furdes règles écrites.Pour fe décider, conjointementà ces règles,ilfaut lesconnoître. Erudimini qui judicatister~

ram.

L’élève nedoit, félonmoi, paflerà la le&ure des Poctes,quaprès avoir acquis pasfesétudes préliminaires une certaine jufteire d’efpritquipuiflelegarantir contre les fauflesimpreflionsquelaPoëlîe faitor- dinairementfur l'imagination ardentede lajeunefle. Les Poëtes(li l’on en excepte ceux, enpetitnombre, qurontexcellé)pour fixerla curiofitépar l’attraitdu merveil- leux,préfententfouventla vérité

&

lafa- ble,fousunjournouveau

&

extraordinaire;.

Un

des plus grands avantages deleurart, eftdeféduire par des images agréables.

Autantilpeutorner l’efpritparlafinelïede la délicateffe,aveclaquelleiltra*e le ta- bleau despallionshumaines*autantileft

(36)

*4

Mélangés

Intéressant, dangereux pour les ignoraDS quien font leurs délices. Combien ne voit

-on

pas d’hommes

&

defemmesenivrésdçcet art aimable, en porter la légèreté dans les affaireslesplusimportantes!Lescharmes féduifans delaPo'efie, s’étantemparéde bonneheure deleur efprit, en ont banni la juftdfe

&

lafolidité.Teleftletableau que nous préfente l’ingénieux

roman

de Cervantes, donc le héros auroitfait un excellent pèrede famille, fila leéturefré- quente desromansneluieûtpas gâtéL’ef- prit,enluiinfpirant la foliedelaChevalerie- errante.

Quçn

neir\cfoupçonne pas cependant d'être l’ennemi déclaré de laPo'efie-, ni d’adopter, iaus rçferve, lefentimcnt du fage Platon, qui bannit touslesPoëtesde laRépublique. Selon ce Philofophe,ilsdon- nent àlajeunefiedesidées faulles,enlui préfentantlafable fousl’air delavérité^

&

en défigurantlayériçéparlestrait^

fiéliou.IlsblafphcmcntlaDivinité

même,

Çîi.ltfiptcuntlçsfojbiçfiçs lesplus

(37)

Mélangés

Intéressans. if fcsde rhumanité,5? nourrirent l’ambition

&

l’orgueil desgrands parlaplus balleflatterie^.

««Auguftc,ditl'Ariolle,en étendantcette penféede Platon,nefut ni fi Page,nifi

»

clément,quele peint Virgile.Son goût

3opourleslettresluifitpardonnerfacruelle

profeription. Peut-ctre ignorerait

-oa

»

lesinjufticesde Néron,peutêtreceten-

33nemidesDieux

&

des

hommes

jouiroit-il aujourd'hui d’uneaufïibonneréputation,

»s’ileût fçu fc concilier l’amitiédesgens;

33delettres.« ,

Quantàmoi,jeregardelabonnePoc’fie

comme

unedesplusexcellentesproductions del’efprithumain,

&

laleéturedesPoe'- tes,

comme

très-agréable

&

très-utile;

maisenla faifantprécéderparlesétudes que5j’aiindiquées. n t

C’eftainfi

, que,fousla dirc&ion d’ua maîtreéclairé,l'efprit

&

lecœurd’un jeune

homme

dedix-fept ans, fe trouveraient, forméspar cesétudes importantes

&

né-f ceflairesque l’homme,libre dufrein delà dépendance, 8c entraîné parl’attrait des

(38)

i6

Mélangés

Interessans.

plaific$, n’entreprendqu’avec peine,

ou

abandonneaifément. Je mettrois enfuire entrelesmains

démon

élève,

Celsc&Hi-

pocrate

pourqu’il yprîtdebonneheure, quelquesidées fur faconftitutionphyfique

,

&

pourqu’il lut percercemyftère perpé-

tuel, oùfont prefque tous les hommes,' fur la nature delaMédecine. L’elpritfor- tifié parces connoiflances fondamentales

,

ilpourrafe livrerà l’étudedes autresfeien-

ces,

&

ilferapropre à faire uncitoyen

utilepourl’état

&

pourlui-mcme.

•tfœ—

ssssr»

Le Monde

y

par Mylord

Chcfterfitld.

monde

a bienchangé,jel’avoue:nos chênes ne valent pas ceux de

Dodone

jnos chevauxfont bieninférieursauxcentaures

,

&

nousne voyonsplus dephœnix.

Com-

ment l’homme n’auroit-ilpasdégénéréï

Mais, ne(croit-cepasunton dela

mau-

vaile

humeur

,£ut lequel desgensd’efprit

(39)

Mélangés

Intéressans. i7 auroientmontétesfots,qui, femblables aux (crinst fifHent toujoursle

même

air qu’onleurafaitapprendre dansl’obfcurité?

La

malignité de i’efprithumain n’élèvefi fortlancienne vertu,quepourCerabattre*

plus fortement contre le mérite de fou fiècle.

.Les Auteurs ,

&

fur-tout tes Po’e’ces;

. font de grands

hommes

fansdoutei mais

^

unpeufujets à la vanité

&

àlajaloufie.

On

'

dit qu’ilsne s’aiment pointentr’eux, ce- pendant ils louent beaucoup un auteur mort, &lui donnentdel’encens àpropor- tionqu’ileft plus reculédansl’antiquité.

Mais

laifionslePoète> pafionsaucercle desPolitiques.

Nous

en avons au moinstroismillions dans le

Royaume

,tous enétatde gou- verner,

&

cependantl’Angleterre eftdans laplusmauvaifefituation. J’entrai1autre jourdans uncafé,feulement pour y ap- prendrecequedevenoit

ma

pauvre nation.

Je

me

placeàportéeduplusgrave bureau,

préfidoitun

homme

dontlesridesan-

(40)

iS

Mélangés

Intéressans.

nonçoientbeaucoupde prudence.Ilencroie heureufementàTonexorde,qui roula fur l'étacdélabré de nos Colonies. Là-defTus,

venant à parlerde l’Oyo

, il en tracele cours avec ledoigt furlatable,ilve- noitde répandredu café, danslachaleur dudifeours

: parla

même

occafion, iltire deslignespour marquerles limites de la Ruflie, de l’Empire

&

delaPrude.Ilan- nonceeu

même-

teins une guerre fanglantc fur lecontinent,calculelesfubfidesdont onavoir befoin pourlafoutenir,combine lesmeilleursmoyensdeleslever,

&

veut parierqu’on nes’en fervira pas.Puis termi- nant la péroraifon d’un ton pathétiquer

*cen’eft pas ainù, s'écria-t-il, que fe

»menaientlesaffairesduternsd'Elifabeth:

»

l’intérêt public étoit pcfé

,

&

lesgens

aacapablesconfulrés

&

employés.C’étoienc-

*>•véritablement de beauxjours!...Et de

»

bellesnuits aufli,repritunjeuneéventé, as qui n’avoitencoreriendit

, pluslongues-

» oupluscourtes, fuivantladiverfuédes

(41)

Mélangés

Interessans. 19

33 faifons....

Au

refte debeauxjours, tout

33

comme

les nôtres.

«

Monfieurlepréfident futd’abord étonné decertebrufque interruptionjmais,pour- fuivant aveccemépris quiliedaux

hommes

de poids:«<Je nedispas desjours aftro- 33nomiques, mais des jours politiques»

33

Oh!

bien, Monfieur,répliqua lejeune

33

homme

, je fuisvotre ferviteur,

&

il fortit avec un éclat de rire. J’en fortis aulfien gemillant fur le malheur de

ma

patrie

, qui, depuis fafondation, avoic été gouvernée par deux ou troisSujets, ordinairement lesmoinsdignes delacon- fiance publique. Jefus interrompu dans mes triftesréflexions, parunefoule qui fcprelfoit d’entrer dansfamaifon. Jere- connus

mon

ami MonfieurRégnier; ce Tailleuradmirable,quiemploieleulvingt boutiques. Je lui demandai raifon de ce concours.Ce font,

me

dit-il,

MM.

les Maîtres Tailleurs, quis’afl'emblentaujour"

d'huipourreprimerl’infolencedenosGar»

çons, qui prétendentaugmenterleprixde.

(42)

ao

Mélanges

Ïntérêssans.

leurs journées.

Ne

pourrois-je pas, lui dis-je , entendre vos délibérations ? Il m’introduifù dans lachambred’affemblée, où Tonn'attendoitque

mon

amiRcgnier

,

fâns lequelou ne pouvoirrien arrêter.

Ce

furlui eneffet, quiouvritla féance par undifeourstrès-véhément

,où,aprèsavoir combattulesprétentions exorbitantes des GarçonsTailleurs, il conclutque, fi le

Gouvernement n’étoitpasentrelesmains de mazettes, on neverroitpointdesabus

fiénormes;

&que,

filesouvrierss’éroienc avifés defaireunepareilleincartade fous le règned’Elifabeth, elle auroit bien fa corriger leur mutinerie.

Un

autreMaître Tailleurfelevoitpour haranguer; mais,

jefortis, perfuadé qu’on ne pouvoirrien oppofer ni ajouterà l'éloquencede

Mon-

Ceur Regnier.

Je continuai

mon

chemin pour arriver chez moi, lorfque je

me

trouvai encore arrêté parune nouvelleprells.

Comme

je fuisbadaud par réflexion,

&

quej’aimeà

tirer desconféquences detout, jevoulus

(43)

M

élangés Intéressons. tr favoirficene(croitpaslesGarçonsTail- leurs qui s’aflembloient deleur côté.

J’encrai: l'orateurde ceCorpsnombreux crioit à l’injuftice,

&

rappeloitd’un air échauffé, lamisère de(esConfrèresjildie que, fi l’on ne gagnoitrien, iln’yavoit pas

moyen

des’établir5quelecatpériroit, fautede populationj que*c’étoitunety- rannie fansexemple5 que,files Maîtres Tailleurs avoient ofé la

même

chofe fous

U

Reine Elifabeth, elley auroit bienmis ordre.Je ne pus m’empêcher derire, en voyantcetteconformitéd'expreflions

&

de (èntimens encre

mon

politique,lesMaîtres Tailleurs

&

leursOuvrier?.

(44)

%i Mélangés

Intéressans.

•c============0-

EJfai

fur

laConverfation9 traduitde

r A

nglois,

Xe

talent(i)de rendrela converfation agréable, fuppofe beaucoup d’art

&

de délicatefle.Rienn’eftfifacileavec nos in- férieurs, parcequela déférencequ’ilsont pour nous,metlechoixdufujet entrenos mains,

&

nousdonnelalibertédelechan- gerànotregré.Lesdifficultéscommencent avecnos égaux*Ilsontle

même

droitque nous auchoix

&

au changement5

&

3 la civilité nousoblige quelquefoisaiesfuivre dans undifeoursquieftfansagrémentpour nous, ou que nous avonspeineàcompren- dre.L’embarras augmente avec nos fupé- rieurs.Ilfautfctaire, ouentendreparfai- tementce qu’on dit. Lerefpeélne nous

F(0

CetteTraductionn’eftqu’un fragmenttTuiie pluslonguePièce.

(45)

Mélangés

Interessans. xj permetpointdechangerlefujet;

&

,s’ilsle

changenteux-mcmes, notre devoireftde fuivrc,&notre devoireftde ne pasparoîtrc ignoransfurtoutce qu’il leur plaîtde pro- .pofcr.Mais,c’eftparticulièrement avecles :§>erTonnesdequalité,qu'on nefauroittrop ufer de précaution, fi l’onveut fctenir riong-tems dansleur eftime.Tropde favoir

&

d’agrémentles blefle

,parcequ’il leurfait fentir ce qu'il leur manque. Troppeuleur -pefe

&

les ennuie.Ilsméprifentcequine

;ivautpas plus qu’eux.Ilsredoutentcequi Jesfurpafle de troploin.

On

faitl’aventure,

de ceGentilhommeItalien

, qui perditle

Chapeau rouge, pour avoir montréplus d’efprit qu’un Cardinal qui fut éluPape quelquesjours après.

En

général, laconverfation avec nos égaux ounos inférieurs, demande beau- 'coupde douceur

&

decivilité,unairou^

vertdansles manières,

&

un tour obli-

géant dansl’cxprelTion:avecnosfupérieurs -c'eft une confiance honnête, fans pré^

fomptioa

; un mélangede favoirScdc be-

V*

(46)

14 Mélangés

Interessans.

I -J ---, I- -

foind’être inftruit

,qui nous fafleexpli- quer, avec grâce,ce qu’oneftbienaile d’apprendre de nous,

&

quinousdifpofc

toujoursà prêter docilement l’oreilleàce qu’on fe croitenétat de nousapprendre.

Mais,aveclesuns

&

lesautres,un

homme

qui veutfe fairegoûter,n’accordejamais d’entréedansfesdifeoursàl’airdeluffifance

&

d’orgueil , à lavivacité qui tientde

l'emportement, àl’opimatteté,

&

moins encore àla railleriejcar, de quelque agré-

ment

que celle-ci.foittempérée, ellefait toujours plus d’ennemisqued’admirateurs.

i

*'

*.'f ,

•£ D-

Fragment

d'un Livre

Turc fur

te

G

oui.

\

Ce

qu’il

me

femblequ’ilfautentendre pat

\egoût(r), eftune délégationparticulière

-- -

** «

(i)

On

reconnaîtra-fiaifénientquecette petite Piècen’cftqu’une tradu&ion,5cdcs.pluslittéta- qu-

(47)

Mélangés

Intéressans.

que nouscaufcun objetagréable,

&

qu{

eftplusou moinsparfaite, fuivantledégré de difcerncmenc avec lequel nous dis- tinguons les beautés de cet objet. Elle doittoujoursêtrefondéefurlavérité, ou fur lavraife®blancc; mais ilarrivefort Souvent qu’ellen’eft quelafilledel’opi-

nion,

&

l’effetdufimple baSard.Levéri-

table goût nes’acquiert point Sansbeau- coupd’étude

&

detravail

j

&

les

hommes,

en général, Sont trop indolens, pour Sc foncierbeaucoupd’unavantagequi coûte

fi cher. Voilàla meilleure raiSon qu’on puifTe apporterdurègne prcSque univerfel du mauvaisgoût.Tousles

hommes

fou- haitent paflionnément Se palierpour gens d’eSprit,pourSages,

&

pour Savansj mais

ilsSont bienaifesd’acquérir cetteréputa- tionaux moindres ffaisqu’ileft pofTible.

Ils ont allez de Senspour s’appercevoic

les

, que je n’ai pas befoind'autre témoignage pourprouverquec’en çfiune.

Tome

J,premièrePartie.

B

(48)

x6

Mélangés

Intéressans.

.. «

qu’elle s’acquiert (ouvent à bon marché parlecaprice

&

parles modes,aupréju-

dicedujugement folide

&

delà véritable' politefle,

&

qu’onfe porte

communément

à approuver dans autrui les foliesqu’on cftdifpofé à commettre.

En

effet, fembla- blesauxambitieux qui n’ont point debiens

,

nouscontrefaifonsune certaine gaîtéque nousne faurions avoir réellement,

&

nous nousflattonsquenotrefauflemonnoicpaf- fetapourlebon orque nousvoulons imi- ter. Jefuisfâchéqu’il

me

foitfaciled’ap- porterun nombre infini d’exemples pour prouvertoutes ces vérités.

Rienn’eft fi

commun

qued’affe&erd’a- voirdu goût,

&

rien n’eftfirarequed’en avoirréellement*Lemalheurden’enavoir paseftune difgrace contagieufe. Ellenous

cftçomlnuniquëèdèsl’enfancepat des

mau-

vaisprincipesd’éducation jdanslajeunefle

y parla fréquentation de toutes fortes de compagnies, ou par l’ignorance de ceux qui font'•:chargés de,nousinftruire^ 8c;

dans1âgeviril,parnotre propre aveugle*

(49)

Mélangés

Intérssans *7 ment, qui nous confirmefans ccfle dans tous nos préjugés.Mais

,plus le maleft

commun

,pluslesracines qu'il a jetéesfont profondes,

&

plus ileftnéceflairede le

combattreavec vigueur.Lebon goûtatant d'influencefurlemérite del’efprit

& même

fur lamorale, qu’on nefauroit faire trop deftortspourlerendreaufli

commun

qu’il devroitl’être.Les Colleges

&

lesEcoles qui s’établifTent aujourd’hui Ci heureufemenc danscegrand Empire,lesinftru&ions,les entretiens,tout devroitêtrerapporté à ce

but;

&

,fij’enétoiscru, l’on refuferoit la-

qualité de

Mufulman

àceux quinégligent:

de Ce faire, debonne heure, un fond de goût, qu’ilspuifTent cultiver à Ioifîrdans la fuitedeleur vie.

On

trouvera quantité de gensquifcdiftinguentpar untalent parti», cuber, qui n’ont pasla moindreconnoif»

Tance de toutlerefte,fautedecette qualité univerfelle,qu’on appelle goût.Elle ferc deluftreà touteslesSciences,

&

devernis à touteslesvertus.Elleeftl’amiedelafo-* cjécé, le guidedu fayoir,lerafincmcat*

Bij

(50)

x8

Mélangés

Interessans.

duplaifir,

&

lefceaudu mérite. Parelle, nousélargiflons lecercledu bonheur,

&

nous en augmentons le fentiment.Elle nousaideàdécouvrirlavérité

&

labeauté, dans quelque endroitqu’elles le trouvent

,

&

àdémêlerl’erreur

&

ladifformité

,mal-

gré tousleursdéguifemens.Ellenousoblige de nous comporteravec décence

&

avec grâce.Ellenousrend attentifs

&

fcnfibies aux bonnesqualités d'autrui.

En

un

mot,

elleeftuncompoféde touteslesbienféan-

ces,

& comme

lecentrede toutce qu’il

y a d'aimable.

Lavérité

&

labeauté renferment toute excellence* Elles

,

&

ce quileurefloppofé

,

fontlesfeuls objetsquifourniffentdel’exer- ciceà notre cenfure

&

à notre admiration.

La

preuvedu bon goûteftdelesfavoirdis- cerner, 8crien ne conduitfi lureraentau degrele plus parfaitdelaperception8cdu jugement.

On

peut confidércr la vérité

comme

le deffein de la peinture,

&

la beauté,

comme

le coloris

&

lesornemens.

L’erreur

&

ladifformité fontles contraftcs

(51)

Mélangés

Intïrïssans. ± dugrouppe.Pourêtrecapable de découvrir cellesci

, ondoitl’êtreauHî d’admirerles premières.Si l’efprits’emploie continuelle- mentàcontemplerlesunes, ouàcondam- ner lesautres,iln’auraqu’une imparfaite eonnoilfancedutableau, qui rendrafadé- cifion injufte.

De

l’uneoudel’autrepart

, lepréjugéeft égalementcontraireaubon

goût5

&

,cependant

,parl’étrange fragilité de lanature humaine, ilpeut tout-à-la- foisfe trouverdouble dans la

même

per- jfonne.

Pour éviter ce défordre, ilfauts'être accoutumé, avec beaucoup de foin, à connoître cequec’cfl:qu’uneerreur

&

une beauté;

&

, lorfque nous fournies dans l’occafiondefaire ufage de cetteconnoif- fance,il faut êtreardent dans notre exa-

men, &

froid(i) dans notre jugement*

(i)Jetraduislepuis littéralementqu’ilm’eft pofliblei mais onconçoit fans doute aifémenc quel’Auteur veutditeici, qu'ilfautexaminer

13 iij

(52)

30

Mélangés

Interessans.

Prenons garde, fur-tout , lorfque nous condamnons, fi ledéfaut n’cftpas dans notre propre efprit3

&

, lorfque nous croyons devoir approuver,fi nous conce- vonsparfaitement l’objetde notre appro- bation.

On

cenfure Couventdevéritables beautés, fautedelesavoir bienconçuesj

&

l’on approuve deserreurs, parcequ’on

leur prêtefoi-mêmelemafquedelavérité.

Lebongoût n’eftpas borné aux ouvra- gesd’efprir, nià lapeinture, niàiafculp*

ture.Ils’étend àlacivilitédesmanières,

&

jufqu’au fonddesmœurs.Ilpeutfervirde règledevie&de conduite, aufftbiendans lapratiqueque danslafpéculation, c’effc- à-dire, qu’ileftcapable,dans touslescas, derégler nos aélions

&

nos jugemens.

C’eflfautedegoût que nous prenons Cou- ventlalégèretépourvivacité, lapefan-

avec une viveattention,

&

porter Ton jugement de fangfroid, c’eftà-dire,fans partialité 8cfans emportement.

...

(53)

Mélangés

Interessans. 31 tcurpour prudence,l'emportement pour valeur,l’affe&ation pour politeffe,

&

la vanitépourvéritable mérite.

Il cft difficilede déterminerfinosâmes fontefienriellement différentes3ou,fiétant égales, l’inégalité préfentedeleursperfec- tions vientdela différencedesorganesdu corps5oufic’eft laforce del’éducation

,

l’habitude',lescompagniesqu’on fréquente, quidonnent cette fupérioritéqu’onremar- que danscertains géniesfurlesautres,

A

quelques caufes qu’on juge à propos de l’attribuer, ileftclair qu’ilya des

hommes

fi diftinguéspar leurs perfeéfions, qu’ils paroifientélevés àuneprodigieufediftance au-defiusdeleurs pareils.Mais,cesâmes fupérieuresn’enont pasmoinsbefoind’un travailinfinipourfeformerunméritejufte

&

régulier.11 y atantdedifficultésàfur-

monter,tantde mortifications àfouffrir ,

tant decheminà fairedanslelabyrinthe desconnoifiancesqu’ilfautacquérir,que,

fil'ambition,lavanité,

&

d’autres partions, ne fervoient pas de luppoit

&

d’aiguillon,

£iv

(54)

yz

Mélanges

intsressans.

il nes’cntrouveroitpasun,entre millel quieût aflezdecourage pour entreprendre unecarrièrefipénible. Dès l’entrée, l’on feroiteffrayédufeulafped.Avecces

mo-

tifs

memes,

quifont prishorsdenous,il s’en trouve bien peu quiarriventau but qu’ils fe font propofé. Perfonne ne peut direqu’ilait finilevoyage.L’objetdufa- vdireftinfini;

&,

lorfquela findela vie

arrive, onouvrelesyeux avecétonnement furl’efpaceimmenfequ’onadevantfoi,6s l’onne peutjeterquelques regardsfur celui qu’onaparcouru, fans méprifer fouverai- ftementcettepetite portion de viequ’oa vaJaillerparderrière.Ilparoîtque lana- turea fait autant pour nous*que nous puifiions fairepour nous-

mêmes

,

&

que

toutceque nous avonsà efpérer parnos plus grands efforts, c’eft de régler

&

de polirlespréfensque nousavons reçusd’elle.

Lafavoirefl>ilautre chofe qu’un recueil detoutesleslumières quela naturea inf- piréesî Etqu’eft-cequela politefie, fi ce n’cftunrafinesnenc futlesplaiûrsquinous

(55)

Mélangés

Intéressàns. 33 ontétédi&és par lanature? Jetons les yeuxfurun

homme

grave

&

férieuxparmi lepeuple leplusviljnousy verrons,en petit, l’œcouomic

&

lamorale,

&

toutes deuxaufliparfaites qu’ilconvientà facon- dition.Obfervonscclui qui a l’humeurvive, enjouée, nous trouveronsque fespîaifirs fontles

mêmes

quelesnôtres,

&

qu’ila,

comme

nous, une élégance quilui eftpro- pre.Sinous étendonsplus loin cettepenfée, noustrouveronsdanscettecondition

,que

jeluppofela plusballe,notrepoê'lîe ,no-

trepeinture, notre feulptuie, notremulji- qüe,auflichériesqueparminous$avecla feule diflérence,que legoûtdetous ccs artseft làcominedans fon origine,

&

qu’il

peutêtre perfeélionné. Qu’eljt-ccquiaflem- bletantde miférabiesau milieu d’unerue, pourentendreunairgroflier,accompagné d'vmemauvaife guirtare ?C'cltlecharme delapoëlîe

&

delamulîque, qui touche leurs coeurs

,qui enchante leurs fens ,

quiravit leur attention. Pourquoivoyez-

*to\ispendrçccsimages grotefqucsaux

mu-

Bv

(56)

34

Mélangés

Intéressans.

miht1 I I - r~

> railles de leursmailons? C’eft queleur cœurefttouché detoutcequi imitelana-

ture,

&

qu’ilsaimentàvoircequiles tou-;-

che.

A

l’égarddelafculpture, ilsontleurs figuresde cire

&

deterrej

&

, fautede beautéréelle, ilslesfontpeindre

&

dorer, pourleuren donner unequiles fatisfaile.

Telleeftl’influenceprefque abfolumentmé- chanique, quelesefquifles de beautéles plus groflières,

&

lesfentimenslesplus confus deplaifir,ontfurdesâmesballes

&

fans culture, coufeflionéclatantedeceque l’epècehumainedoit àlanature.

I Je voudrois quelesSeigneurs de ceglo- rieux Empire

me

permiflentdeleurrecom- manderun peucetrepenléej une étude Sc des occupations decettenature leurdevien- droient bientôtplus agréables que leurs pïfle-tems ordinaires

,

&

convicndroient

bienmieuxà leurs caractères.Ileftclairque la nature lesy porte5

&

leur condition

même

leuryferoic trouverplusdedouceur

&

degoût

,quele

commun

des hommes;

IIc’yaquetrop long-tcms quelebo#govrç

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