I
BIBLIOTHEQUE
D E
SOCIÉTÉ.
I
BIBLIOTHEQUE
D E
SOCIÉTÉ,
CONTENANT
desMélanges
intérefiansde
Littérature&
deMorale
;une
Elite deBons Mots
,d'Anecdotes
,detraits d'Humanité
;un Choix d'Obferva
- lions&
deJeux
dePhyjîque
\ quelques Caufes
&
Procèspeu connus
; des Poèjiesdans
tous les genres; des Contes en profe , puifèsdans
les meilleures fources; enfin, desDi»
vertifi'emens de Société.
TOME PREMIER.
Et
fe trouve aP arts
9Chez Dilalàin
, Libraire, rue&
à côtede£60^0
AVERTISSEMENT.
IL
fautune
Préfaceaux Ouvrages
qui n’ont'pas d’autrerecommanda*-
lion; ilne
fautque quelques
lignes àceux
qui offrent pareux-mêmes quelque
objet d’utilitéou
d’agrc-ment.
C’eftdans
cettedernièreclaiTeque
l’on placera(
du moins nous
l’efpèrons) le
Recueil que nou*
pré- fentons au Public.A
desMélanges
d’une Littérature choifîe, &c d’uneMorale que nous pouvons nommer
ufuelle , puis- qu'elleconcerne directement
laSo-
ciété, Succèdedans
cette Bibliothè-que
,une
Elitede Bons Mots
,vraiment
plaiSans,de
Sailliesheu-
jreufes,de
Traits Caraétériftiquesj
ij
Avertissement.
enfin,
de
cesbeaux fentimens, mis en a&ion
, qui font
honneur
àl'hu- manité. Ilen
eftquelques uns
fansdoute, qui
font déjàconnus; mais
étoit-ceun
raifonpour
les excluredune Colle&ion qu’on
acherché à rendrecomplette
?Cette
partiede l’Ouvrage
, qui
devoir nécefiTairementêtreplus éten-
due
, eftfuivied’une
autre quin’eft pasmoins
intéreflante.Ce
fontdes Obfervations
d’Hiftoire naturelle, puiféesdans
les fources les plus fûres , desJeux de Phyfique qui
n’exigent pas l’appareildes
récréa- tions préfentéesdans
d’autresRe-
cueils; des Secrets curieux, qui
ont
prefque toujoursun
objetd’économie.
La
JurifprudenceAmufante qu’on
trouve après la Phyfique, eftua-
Ar ERT
IS
SEMENT,
iijvailles avecle
même
foin.Dégagée de
toutes les épinesdu Barreau &
des
difcuflions faftidieufesdont
les Recueils desCaufes /ont
toujours remplis, elle offreune
fuite varicede
faits finguliersou
intéreflans , prispour
la plupartchez
les Etran- gers, Ôcqui manquent
à la vafteCompilation
desCaufes
célèbres.Nous avons
confacré le dernierVolume aux ouvrages
créés par l’i-magination.
On
ytrouveraun grand nombre de
petites Piècesde Poches
toutes ingénieufes,Epigrammes
»Madrigaux
,Couplets
,Genre de
vLittérature,
dans
lequelnotreNa-
tioneft firiche.
Nous
n’avonsomis que
celles qui fe trouventdans
lesAuteurs
,dont
lesOuvrages
font entre lesmains de
tout lemonde.
Un
autre point quiachevé de
dif-iv
A V
£JiTISSEMENT,
tinguer notre Recueil des Collée-»
tions
de
cegenre
,cefontlesConres
Choifis&
lesDivertiflemensde So-
ciété qui-le terminent.Des Gens de
Lettres zélés,ont
bienvoulu nous
féconderdans nos
recherches,& nous
ontcommunia qué
desmorceaux
qui n’avoienc point paru.Que de
titres ,nous ofons
ledire,pour
mériter les fuf- fragesdu
Public?Les Perfonnesqoi
cherchentdanslaleélureun
délaffe-ment honnête
, trouvefonc a-la-foisl’amufement &
Futile\d’autres
em-
prunteront peut-être
dans
lesAnec-
dotesque nous
leur offrons,
quelque
fujetpour un Opéra-Comique
:quand
notreRecueiln’auroitque
cegenre
d’utilité,n’enferoitce pasaffezpour en
faireaujourd’huiun
livrenécelïaire?TABLE
DES TITRES ET CHAPITRES
Contenus dans
cette Bibliothèque.TOME
/.PARTIE L
Mélanges de
Litérature& de Morale
,
tirés
ou
traduitsde
diftérensAu-
teurs.
P EN
Se'ES
furV
Education,parl*Abbc VincentMartinelli. pag.z.Le Monde
,parMylord
Chejlerfield. 16.E
[faifur laConverfation, traduitde l'An-glois. zi.
Fragmentd'un LivreTurcfurieGoût. 14.
Régies
&
Conduite d'unU
fige général, publiéesàLondres en 1734. \6.Mallettes d'une
Mylady
. 39.Elegie de
VHomme
,traduitedu
Grecde StGrégoire de Nafian^e. 47.P
enfles détachéesduDo&eur
Swife, jf, Moralede bonufage,par feuM. V
AbbéPrévôt. 6 o.
Réflexions hifloriquesfur lesSpefiaclés ,
parfeu
M.
l'Abbé Prévôt. 68.Avis aux GrandsParleurs,extraitd'un Traité dePlutarque3furle
même
fujet, 80.Obfervationsfurla Polittffe,parleComte
deCheflerficld. 8p.
Effaifurla néceffitè d'écriredansfa propre Langue , traduit del'Italien de
M.
leComteAlgarottu 9?-
TOME
î.SECONDE PARTIE.
ÉLITE DE BONS MOTS
.Anecdotes.
Traits d'Hi/loire.
CHAPITRE PREMIER;
A n ec
JDotes h
théâtre. page x;CHAPITRE
II.Bravoure,confiante,intrépidité. i$,
CHAPITRE III.
Péponfesfines. jtî
CHAPITRE
IY.ExpreJJîonSyJingulwres
ComparaifonsZ
Belles pen/ées. 57.
4
TABLE CHAPITRE
V.Sentimens
Hijloriques.Rèponfes fubllmes des Anciens. ;!•'
CHAPITRE Y
I.Louantes
« adroites• Critiques fines,Requêtes, P/actfJ/««**. „ i°4»
CHAPITRE VII.
AnecdotesfurdiffèrensAmbajfadeurs. 130.
CHAPITRE VIII.
k - »
Naïvetésfines, cmplaçantes Brufqueries.
143.
Y .
CHAPITRE IX.
Gafconadcs. 177.
CHAPITRE X.
AnecdotesfurdijférensAuteurs, 19t.
\
DES MATIERES.
jCHAPITRE XI.
Méprisdelà vie. 117.
CHAPITRE XII.
Allujîons ingcnieu/esàdiferens pajjdges desAuteurs Anciens
&
Modernes, xzi.CHAPITRE XIII.
Traits de carattire,foit particulier,foit
national. z4Ç.
ToME SECOND.
Suite de
V
ElitedeBons Mots
,Anec-
dotes9 traits déHifloire.CHAPITRE XIV.
1
Peintres. page 1.
CHAPITRE XV.
Traits remarquables detendrejfeMaternelle, d*Amitié, d’
Amour
, deSenfibilité. j>T A
B BE
6CHAPITRE XV
I.Jeux de Mots , Equivoques
, Pointu;
Pafquinades. i
CHAPITRE XVII.
Sentimens héroïques, Rèponfes fubllmesi 34.
CHAPITRE XVIII.
!
Naïvetés, Rèponfes dePayfans,fottifes de Valets, ignorances platfautes. 34.
CHAPITRE XIX.
#
Anecdotes fur différens Juges,Avocats;
Procureurs. xi*.
CHAPITRE XX.
</$ différens Confeffeurs, Moines
Prédicateurs 145.
CHAPITRE XXI.
Uo/mJBO/.T Anciens.
CHAPITRE «XXII.
— r
Sarcafmes. 114.
C H
P IT R E XXIII.
Reparties. 148.
CHAPITRE XXIV.
Hijloires plaifantes
&
Plaifanteries. 300,
CH
A.PITRE XXV.
ProposdeJoueurs3 Ivrognes. 318.
.
CHAPITRE XXVI.
lnfllnft desAnimaux. 334.
—
> ' 'i—
' -• »<mTOME TROISIEME.
Suite de
V
ElitedesBons Mots
,Anec-
notes9 traitsd'HiJloire.
CHAPITRE XXVII.
Bons
Mots
,Anagrammes
,JeuxdeMots,Saillies. pag.1.
s
TABLE
C HAI^ITRE XXVIII.
Anecdotes, Tours d'adreffe, Flatteries, Injlintidedifférent
Animaux.
46chapitre xxix.
AventuresJîngulières. 74.'
CHAPITRE XXX.
HaranguesJîngulières. 17,’
CHAPITRE XXXI.
Anecdotes de Medecine, 98.
CHAPITRE XXXII.
\
De
quelquesExemplesimités,&
de plu- yTrwrf jai neleferontpas. x*8%DES MATIERES.
9r
PHYSIQUE AMUSANTE,
Ou
choix d'Obfervationscutleufes%avec quelques
jeux
dePhyjîque&
desSecrets,foit
pour V
économie>foit
pour
l'agrément.CHAPITRE PREMIER.
Mémoirefurlaprodigieufedivijibilitèdela
Matière. J44*
CHAPITRE
II.Ouvragesfurprenans de Méchanique. I 4J
CHAPITRE
III.'Singularités d’HiJloire Naturelle. 180.
CHAPITRE IV.
'Effetsfnguliers de Phyfique. 2©*»
CHAPITRE
V.Expériences
&
découvertes curieufes. 13».IO
TABIE CHAPITRE VI.
Article premier..
Récréations Chymiques• zéS;
Article
sç co n
b.Illujions (l'Optique
&
divers problèmesamufans. x8©
CHAPITRE VII.
ChoixdeSecrets9 utiles
&
curieux*
Article premier.
Secretséconomiques. ijt.*
Des
BoiJJons, ibid.Des
Fruits&
desLégumes.
30©.
T
AutresSecrets utiles
.
313.
Article second.
Secretspourl'agrément. 3r5.
Ze//re
^ M.
de Rigoley de Jwvigny. 33j.DES MATIERES.
i*JURISPRUDENCE CURIEUSE.
Choixde quelques Caufespeu communes
.
349-
ProcèsJînguliers. .. ibid.
Lettre de feu
M.
l%Abbé
Prévôt furun Procès contreun Eunuque. 36%.TOME QUATRIEME.
Choix
de Poëjîes&
de Contes en Profe«Chansons.
pageilSonnets.
La Femme &
leProcès. 10.1Autre, laBelleMatineufe. XI.
Eve
Coquette. %t.JJhabile
Homme.
Ce queceflque l'Amour. %5
IX
TABLE
Madrigaux
,
Triolets, 'Règlesdu Triolet
.
Epigrammes.
Rondeaux
.
Enigmes.
Quatrains. •
Con/r/.
Epitaphes.
Poejîes mêlées.
3
57»
io«.
ijo, ÏJ5- 167.
184*
18$.
îoo.
Conteschoijis en diffcrens genres.
rAlihèe, HijloirePerfanné parFénelon:
144.
Salned6*Garaldi,nouvelle orientale,par
laMotte. xif.
’Jeannot
&
Colin parM.
deVoltaire.181,' Hijloired’EVifabeth Conning,/w M.
deVoltaire. 301.
Æeirttf deGolconde,par
M.
le Chev.
deB, jo
DES MATIERES.
ijDivcrtijjemens de Société.
Les
Amans
conjlansjufquautrépas,Hif- toiretragi-comique,par Vadè. 333.Prologue qui prccédoit une repréfentation de
V
Avare6* de l'Oracle, parSi. Fi5J 1* ImpromptufansImpromptu,oulaParade Bourgeoifetdivertijfementmêlé de chants
&
de danfe 36zJLe
Legs, Proverbe dramatique. 1 441]Le mot duProverbeejil'Hommepropofe
&
Dieudifpofe./<* Table*
\A—
MELANGES
DE LITTERATURE
DE LITTÉRATURE
ET DE MORALE,
Tirésou traduits de difïéslens Auteurs.
Pcnfccs
fur l'Education
,par M.
MartincLli. (i)
•Q«ES3=3=B»i.g.
L’homme
, à l’inftantdefanaiflance,eftunêtre fenûble
&
organifé, doué d’une(i)M.Martinelli,aujourd’huiétabliàLoa*
«1res, a demeuré quelque rems à Florence,
&
ilTome
l.Irepartie.A
ij4 Mélangés
Intéressans.ame
immortelle ,jdontlesfacultés fedéve- loppant peu-à-peu, parviennent àcompa- rer,à combiner&
à juger.Du
réfuitarde ces différentesopérations, feformelarai- fon quilediftingue&
qui luia méritélenom
d’animal raifonnable. Il tientdela nature toutcequi peutle rendre plusou moinsfufccptibledelarationabilitè5mais, ledéveloppement&
la perfe&ion decette qualité, eftuniquementl’ouvragede l’artoudel'éducation.
C’cftdoncparl’éducation que le juge- ment del’homme le perfectionne,
&
de- vient plusou moinslupérieur àrinftinél des autres animaux. C’eft aux premières images quel’on prélente à les fensdansétoit dans l’état Eccléfiaftiquc. Un jour ilfut
.déféréârinquifitio».On lemanda;
&
, leJuge aveccetonaltierquiconvientfibienàunInquifi.teur, luidit:che fei tu ?Quies-tu? L’accuiclui répondit fièrement:SonoilSignçrAbbate Vin- ccn\oMartinclli.Je fuisM-l’AbbéVincentMar-
rinelli.Ilfutbientôt renvoyéabfous.
Mélangés
Intéressans. S l'enfance,qu’ildoit, pourl’ordinaire, lecara&èrequ’il confervera toutefa vie.Les idéesquis’offrent alors àfon imagination n’étantcontrariéespar aucuneidée anté- rieure
,s’y fixent d’elles-
mêmes
,&
font fur foncerveauune impreflion qu’ilretient jufqu’àla mort;demême
qu’un vafc de terre,pourme
fcrvir dela comparaifon d’Horace,conferve l’odeur despremières liqueurs dont on l’a rempli.Si doncon voit revivredanslesenfanslesvicesoules vertus deleurspères , on peut regarder quelquefois cette refiemblance ,comme
l’effetnatureldesrapports qui doiventexil- terentredeuxêtresformés du
même
fang; maisjc’effcleplus fouyentàl’exempledes penchans&
deshabitudesfur lefquelsils le fontformés,qu’on doitenattribuer la caufe.
De
touslesétatsdel’hommecivil,l'en- fanceeftlepluscritique;c'eft àcetâge, quefesa&ions commencentà fedirigervers unbut moral,&
qu’ilfaitlespremierspasf dans la carrière qu’il doit parcourir. Les
A
ii)6
Mélangés
Interessans.Romains
, nourrisdanslefeinde la pre- mière république de l’univers, pouvoient êtrepourleursenfansd'excellensmodèles à imiter.Leursmères leur faifoient fuçer aveclelait,desfemences de vertu&
d’hé- xoïfme.A
peinefortis de l'enfance, des efclaves vertueux&
éclairésctoient char- gésdufoinde formerleurscœurs&
leurs efprits,&
,dès queleursmembresdélicats pouvoientIfupporter la fatigue, onlesinf- rruitoitdansl'artdelaguerre.Aujourd’hui lesenfans n’ont, le plus fouvent,pour fonderlespremiersprincipes delamorale
,quedesexemplesdangereux à fuivre:depuisquedanslesRépubliques,
comme
dansles Monarchies, laNoblcflc dufang a prévalu furlemérite perfonnel,
&
luia enlevélesplaceslesplusimportan-tesdu Gouvernement, lesGrandsnes'oc- cupent guère des belles-lecrres
, quepen-
dantleurpremièrejeunefie.Cet âgepatîé, ilslesméprifentStles négligent,
comme
unfuperfluennuyeux&
inutile.Ceuxd’en- trelepeuple quiles cultivent, les regar- [ .
Mélanges
Interessans. 7 dentcomme
uneffetcommerçable,don:la poffdlîon peutlesaider à fortirde la mi-sère
&
leurdonner uneefpèced’empireTuefcfprit des ignorans.Auffi labonneéduca- tioneftprefqueinconnue de nosjours; Sc
comment
nele feroit-elle pas?Un
enfant nefort des mainsdvunenourrice decam-
pagne,quepourpafferdanscelles de va-*kts, grolfiers
&
ignorans,quiquittentà peine lemanche de la charrue, ou qul fontdéjàcorrompusparlesvices des villes»On
confie enfuite lefoin de l'inftruireà quelque pédantmercenaire^uhavec .Umeilr leure envie de faire de fon élève unboa citoyen, en(croitincapable, parledéfaut d’expérience&
de connoilTances néedfaires pour parvenirà ce but.Lalangue Latine,qui nous atranfmis les
monumens
les plus précieux delafa- gefle des Anciens,&
qu’on regardecom- munément
en Europe,comme
laclefdes Sciences,eft celle par laquelle oncom-
mence, avecraifou,1éducationlittéraire desenfaas*Maislaméthodedontonfefers«
A
ivS
Mélangés
Intéressans.généralement en Italie pour l’enfeigncr*
eftfidéfe&ucufe,qu’onlacroiroitinven- téeexprèspourdégoûter ceux qui veulent le livreràcetteétude.
Une
grammairequi enfeignelalangue Latine parcettelangue elle-même, eftl’Arianedece labyrinthe.MM.
de Port-Royal ont corrigécetabus en France^,dansleurgrammaire C’eftpar lemoyen
duFrançois, qu'on parvientàla - connoifiance dela,langueLatine.Le favantDo&eur
Sharpa fuivi leurexemple;ilen a faitdansfalangueune femblable,maisqui l’emporteencore par laméthode&
parlà clarté,&qui
mériteroitd’êtretraduitedans toutes leslangues.Tels font, relativementàlagrammaire
lesobftaciesqui s’oppofentauxprogrèsde la langue Latine en Italie: la méthode établiedans le choix deslivresquel’on donneà traduireauxjeunesgens quis’ap- pliquentà cetteétude, n*eftpasmeilleure»
On
leurfaitparcourir rapidementdifférens Auteurs,avecfipeud’ordre&
deréflexion, que, parmiceux quipartent huit
&
dixaa-Mélangés
Intéressans. 9 nées deleur vie à l'étudedecette langue,'ileftrared’entrouver quilafâchent
&
quiconnoiflent lesbons livres, danslefqucls
ill’ont étudiée.Siquelques-unsyparvien- nent,ilsneledoivent qu’àlabonté deleur efprit;cen’eftqu’enfeperfuadant bien de l’ignorancedanslaquelleonlesataillés,8c en redoublantd'efforts
&
d’applicationpour enfortir, qu’ilsacquièrent quelquecon- noiflance decette langue.Danstoutel’Iia-He, fil’onen excepte qjelques villes, les autres études fontauffinégligées quecelle delalangue Latine,
même
parmiles gens riches, qui devroientlescultiver,&
quiauroientleplus defacilicépourlefaire, mais qui donnent, engénéral, plus de' foinsàformerleurschevaux,qu’àinftruire leurs enfans.Jeluis toujours étonnéque
,
parmitantde grands
hommes
quel’Italiea produits dans tous les fiècles, aucunn’ait encoreimaginéde réformercesabus,&
de fairecommencer
l’étudedelalangue Latine parlale&ure&
parl’explicationgramma-
ticale
du
liyrcle plus important que les.Av
io
Mélangés
-Intsressans.Auteurs Profanesaient laiflé à la fociété humaine, jeveuxparler desPandeéles de Juftinien.
Un
defesmeilleursinterprètesen
eftimoit tant leftylc, qu’ila ditquefitous lesautres livres latins feperdoient,celui-là fcul fuifiroit pour faire revivre lalangue Lainedans toutefapureté;cequiprouve qu’ilétoitpeu éloigné de
mon
fyftême.Le»L@ixdesdouzeTables, diétéesparlesplu»
célèbres PhilofophesdelaGrèce, forment la bafedecetexcellent livre.Lesplusfage»
JurifconfulteS de
Rome &
desProvince»les pluséclairés de l’Empire,yontjoint fucceflivcmentleursdécidons,
&
ontfait decettt précieufecollection,l'hiftoireuni- verfeltedesaétions&
despaflîonShumai»»nés.Lesdroits dechaque
homme
, relati- vement aux pçrfonnes&
aujc ebofes,y
(ontdéterminés d’unemanièreprécifejles bornes invariables dujufte&
de l’honnête yfontfixées.Chaquechofeyeftnommée
clairement, fansmétaphore,fanscirconlo- cution, pouréviter leséquivoques
&
la confufion»Quelsavantageslesjeunes geis+
J*-w
-, 7, ,ûaMélangés
Intéressans. ii" " »!
—
I »I IneTetirerorcnt-ilspoin»delakdture de ce livre?'Indépendamment delà connoifiance delàlangue latine, ils
y puiferoientcelle -desLoix qui gouvernentaujourd’hui toute l'Europe,oufur lefquelles touteslesautres ontétéformées.Ilsfepénétreroient decette morale fublimcquelesRomainsmettoienc en pratique,
&
qui a faitde ce peupleun peuple dehéros.Ilsytrouveroientdes lu- 'flbièresnécefîairespourconfcrver leurfor- tune,'icùrrepos, 8rpourfemettreàl’abri desrufes&
des pièges de la chicanne.lisacquerroientenfin lafacilitéd’entendre lesAuteurs Latins,quineparoiflentleplus Fbuvëntdifficile$,queparcequ’ilsfontécrits dansun langage qui fuppofelaconr.oif- fance des Lôix Romaines: tels font les ouvrages de Cicéron,de tous les Hiflcn- riens
&
de quelquesPoëreî.11 eftaiféde concevoir avecquellefaci- litéUn élèveà quicetteétude auroitap- plani lesdifficultésde là langue Latine, liroit les Hiftoricns, tous les Auteurs
&
fpéciaiementCicéron,dontla leéf ure feul
Atj
IX
Melangis
Intéressans.*
peut formerà la-foislecœur
&
fefprit.Je voudrois qu’un jeunehomme
apprit, s’il étoir poffible, fes trois livresdesdevoirs del’homme. C’eft, félonmoi
,l’ouvrage leplusimportant, leplusférieux&
leplus parfaitquifoit fortide laplumede l’Ora*teurRomain. Lapaillon,lavanité, l’am- bition, l’efprit departi, lamagie del’é-
loquencedifparoiifent,pour ne laidervoir queL’expreflionpuredu cœurdeCicérca, quife répand dansceluide fonfils,àqui
iltracelechemindelavéritablevertu par les raifonnemens,les exemples
&
lesob- fervations qu’unhomme
, tel que lui,
avoirpuraflemblerdanslefeindelapre?
mièreRépubliquedel’univers. .<
Jevoudrois qu’onjoignîtàI’ctudede la Jurifprudence, celle de l’Ancien
&
duNouveau
Teftament:rien neme
paroîtû
ridiculedans un
homme
bienéclairé,que
l’ignorance desLoix defa propre Religion
&
du Gouvernement fous lequel il doitvivre.Cette ignorance,fur-toutdansceux qui veulent
, parlafuite,fçmêler del’ad-
Mélangés
Intéressans. i$.miniftration publique, peut avoirlesplus grands inconvéniens. Il eft abfurde dé croirequelafeulelumièrenaturelle puifle guider nos jugemens, quand il s'agitde lesexercer furdes règles écrites.Pour fe décider, conjointementà ces règles,ilfaut lesconnoître. Erudimini qui judicatister~
ram.
L’élève nedoit, félonmoi, paflerà la le&ure des Poctes,quaprès avoir acquis pasfesétudes préliminaires une certaine jufteire d’efpritquipuiflelegarantir contre les fauflesimpreflionsquelaPoëlîe faitor- dinairementfur l'imagination ardentede lajeunefle. Les Poëtes(li l’on en excepte ceux, enpetitnombre, qurontexcellé)pour fixerla curiofitépar l’attraitdu merveil- leux,préfententfouventla vérité
&
lafa- ble,fousunjournouveau&
extraordinaire;.Un
des plus grands avantages deleurart, eftdeféduire par des images agréables.Autantilpeutorner l’efpritparlafinelïede la délicateffe,aveclaquelleiltra*e le ta- bleau despallionshumaines*autantileft
*4
Mélangés
Intéressant, dangereux pour les ignoraDS quien font leurs délices. Combien ne voit-on
pas d’hommes&
defemmesenivrésdçcet art aimable, en porter la légèreté dans les affaireslesplusimportantes!Lescharmes féduifans delaPo'efie, s’étantemparéde bonneheure deleur efprit, en ont banni la juftdfe&
lafolidité.Teleftletableau que nous préfente l’ingénieuxroman
de Cervantes, donc le héros auroitfait un excellent pèrede famille, fila leéturefré- quente desromansneluieûtpas gâtéL’ef- prit,enluiinfpirant la foliedelaChevalerie- errante.Quçn
neir\cfoupçonne pas cependant d'être l’ennemi déclaré de laPo'efie-, ni d’adopter, iaus rçferve, lefentimcnt du fage Platon, qui bannit touslesPoëtesde laRépublique. Selon ce Philofophe,ilsdon- nent àlajeunefiedesidées faulles,enlui préfentantlafable fousl’air delavérité^&
en défigurantlayériçéparlestrait^fiéliou.IlsblafphcmcntlaDivinité
même,
Çîi.ltfiptcuntlçsfojbiçfiçs lesplus
Mélangés
Intéressans. if fcsde rhumanité,5? nourrirent l’ambition&
l’orgueil desgrands parlaplus balleflatterie^.
««Auguftc,ditl'Ariolle,en étendantcette y»penféede Platon,nefut ni fi Page,nifi
»
clément,quele peint Virgile.Son goût3opourleslettresluifitpardonnerfacruelle
?»profeription. Peut-ctre ignorerait
-oa
»
lesinjufticesde Néron,peutêtreceten-33nemidesDieux
&
deshommes
jouiroit-il 3»aujourd'hui d’uneaufïibonneréputation,»s’ileût fçu fc concilier l’amitiédesgens;
33delettres.« • ,
Quantàmoi,jeregardelabonnePoc’fie
comme
unedesplusexcellentesproductions del’efprithumain,&
laleéturedesPoe'- tes,comme
très-agréable&
très-utile;maisenla faifantprécéderparlesétudes que5j’aiindiquées. n t
C’eftainfi
, que,fousla dirc&ion d’ua maîtreéclairé,l'efprit
&
lecœurd’un jeunehomme
dedix-fept ans, fe trouveraient, forméspar cesétudes importantes&
né-f ceflairesque l’homme,libre dufrein delà dépendance, 8c entraîné parl’attrait desi6
Mélangés
Interessans.plaific$, n’entreprendqu’avec peine,
ou
abandonneaifément. Je mettrois enfuire entrelesmainsdémon
élève,Celsc&Hi-
pocrate„pourqu’il yprîtdebonneheure, quelquesidées fur faconftitutionphyfique
,
&
pourqu’il lut percercemyftère perpé-tuel, oùfont prefque tous les hommes,' fur la nature delaMédecine. L’elpritfor- tifié parces connoiflances fondamentales
,
ilpourrafe livrerà l’étudedes autresfeien-
ces,
&
ilferapropre à faire uncitoyenutilepourl’état
&
pourlui-mcme.•tfœ—
ssssr»Le Monde
ypar Mylord
Chcfterfitld.monde
a bienchangé,jel’avoue:nos chênes ne valent pas ceux deDodone
jnos chevauxfont bieninférieursauxcentaures,
&
nousne voyonsplus dephœnix.Com-
ment l’homme n’auroit-ilpasdégénéréï
Mais, ne(croit-cepasunton dela
mau-
vailehumeur
,£ut lequel desgensd’efpritMélangés
Intéressans. i7 auroientmontétesfots,qui, femblables aux (crinst fifHent toujourslemême
air qu’onleurafaitapprendre dansl’obfcurité?La
malignité de i’efprithumain n’élèvefi fortlancienne vertu,quepourCerabattre*plus fortement contre le mérite de fou fiècle.
.Les Auteurs ,
&
fur-tout tes Po’e’ces;. font de grands
hommes
fansdoutei mais^
unpeufujets à la vanité&
àlajaloufie.On
'dit qu’ilsne s’aiment pointentr’eux, ce- pendant ils louent beaucoup un auteur mort, &lui donnentdel’encens àpropor- tionqu’ileft plus reculédansl’antiquité.
Mais
laifionslePoète> pafionsaucercle desPolitiques.Nous
en avons au moinstroismillions dans leRoyaume
,tous enétatde gou- verner,&
cependantl’Angleterre eftdans laplusmauvaifefituation. J’entrai1autre jourdans uncafé,feulement pour y ap- prendrecequedevenoitma
pauvre nation.Je
me
placeàportéeduplusgrave bureau,où
préfidoitunhomme
dontlesridesan-iS
Mélangés
Intéressans.nonçoientbeaucoupde prudence.Ilencroie heureufementàTonexorde,qui roula fur l'étacdélabré de nos Colonies. Là-defTus,
venant à parlerde l’Oyo
, il en tracele cours avec ledoigt furlatable,oùilve- noitde répandredu café, danslachaleur dudifeours
: parla
même
occafion, iltire deslignespour marquerles limites de la Ruflie, de l’Empire&
delaPrude.Ilan- nonceeumême-
teins une guerre fanglantc fur lecontinent,calculelesfubfidesdont onavoir befoin pourlafoutenir,combine lesmeilleursmoyensdeleslever,&
veut parierqu’on nes’en fervira pas.Puis termi- nant la péroraifon d’un ton pathétiquer*cen’eft pas ainù, s'écria-t-il, que fe
»menaientlesaffairesduternsd'Elifabeth:
»
l’intérêt public étoit pcfé,
&
lesgensaacapablesconfulrés
&
employés.C’étoienc-*>•làvéritablement de beauxjours!...Et de
»
bellesnuits aufli,repritunjeuneéventé, as qui n’avoitencoreriendit, pluslongues-
» oupluscourtes, fuivantladiverfuédes
Mélangés
Interessans. 1933 faifons....
Au
refte debeauxjours, tout33
comme
les nôtres.«
Monfieurlepréfident futd’abord étonné decertebrufque interruptionjmais,pour- fuivant aveccemépris quiliedaux
hommes
de poids:«<Je nedispas desjours aftro- 33nomiques, mais des jours politiques»33
Oh!
bien, Monfieur,répliqua lejeune33
homme
, je fuisvotre ferviteur,
&
il fortit avec un éclat de rire. J’en fortis aulfien gemillant fur le malheur dema
patrie
, qui, depuis fafondation, avoic été gouvernée par deux ou troisSujets, ordinairement lesmoinsdignes delacon- fiance publique. Jefus interrompu dans mes triftesréflexions, parunefoule qui fcprelfoit d’entrer dansfamaifon. Jere- connus
mon
ami MonfieurRégnier; ce Tailleuradmirable,quiemploieleulvingt boutiques. Je lui demandai raifon de ce concours.Ce font,me
dit-il,MM.
les Maîtres Tailleurs, quis’afl'emblentaujour"d'huipourreprimerl’infolencedenosGar»
çons, qui prétendentaugmenterleprixde.
ao
Mélanges
Ïntérêssans.leurs journées.
Ne
pourrois-je pas, lui dis-je , entendre vos délibérations ? Il m’introduifù dans lachambred’affemblée, où Tonn'attendoitquemon
amiRcgnier,
fâns lequelou ne pouvoirrien arrêter.
Ce
furlui eneffet, quiouvritla féance par undifeourstrès-véhément
,où,aprèsavoir combattulesprétentions exorbitantes des GarçonsTailleurs, il conclutque, fi le
Gouvernement n’étoitpasentrelesmains de mazettes, on neverroitpointdesabus
fiénormes;
&que,
filesouvrierss’éroienc avifés defaireunepareilleincartade fous le règned’Elifabeth, elle auroit bien fa corriger leur mutinerie.Un
autreMaître Tailleurfelevoitpour haranguer; mais,jefortis, perfuadé qu’on ne pouvoirrien oppofer ni ajouterà l'éloquencede
Mon-
Ceur Regnier.
Je continuai
mon
chemin pour arriver chez moi, lorfque jeme
trouvai encore arrêté parune nouvelleprells.Comme
je fuisbadaud par réflexion,&
quej’aimeàtirer desconféquences detout, jevoulus
•
M
élangés Intéressons. tr favoirficene(croitpaslesGarçonsTail- leurs qui s’aflembloient deleur côté.J’encrai: l'orateurde ceCorpsnombreux crioit à l’injuftice,
&
rappeloitd’un air échauffé, lamisère de(esConfrèresjildie que, fi l’on ne gagnoitrien, iln’yavoit pasmoyen
des’établir5quelecatpériroit, fautede populationj que*c’étoitunety- rannie fansexemple5 que,files Maîtres Tailleurs avoient ofé lamême
chofe fousU
Reine Elifabeth, elley auroit bienmis ordre.Je ne pus m’empêcher derire, en voyantcetteconformitéd'expreflions&
de (èntimens encremon
politique,lesMaîtres Tailleurs&
leursOuvrier?.%i Mélangés
Intéressans.•c============0-
EJfai
fur
laConverfation9 traduitder A
nglois,Xe
talent(i)de rendrela converfation agréable, fuppofe beaucoup d’art&
de délicatefle.Rienn’eftfifacileavec nos in- férieurs, parcequela déférencequ’ilsont pour nous,metlechoixdufujet entrenos mains,&
nousdonnelalibertédelechan- gerànotregré.Lesdifficultéscommencent avecnos égaux*Ilsontlemême
droitque nous auchoix&
au changement5&
3 la civilité nousoblige quelquefoisaiesfuivre dans undifeoursquieftfansagrémentpour nous, ou que nous avonspeineàcompren- dre.L’embarras augmente avec nos fupé- rieurs.Ilfautfctaire, ouentendreparfai- tementce qu’on dit. Lerefpeélne nousF(0
CetteTraductionn’eftqu’un fragmenttTuiie pluslonguePièce.Mélangés
Interessans. xj permetpointdechangerlefujet;&
,s’ilslechangenteux-mcmes, notre devoireftde fuivrc,¬re devoireftde ne pasparoîtrc ignoransfurtoutce qu’il leur plaîtde pro- .pofcr.Mais,c’eftparticulièrement avecles :§>erTonnesdequalité,qu'on nefauroittrop ufer de précaution, fi l’onveut fctenir riong-tems dansleur eftime.Tropde favoir
&
d’agrémentles blefle,parcequ’il leurfait fentir ce qu'il leur manque. Troppeuleur -pefe
&
les ennuie.Ilsméprifentcequine;ivautpas plus qu’eux.Ilsredoutentcequi Jesfurpafle de troploin.
On
faitl’aventure,de ceGentilhommeItalien
, qui perditle
Chapeau rouge, pour avoir montréplus d’efprit qu’un Cardinal qui fut éluPape quelquesjours après.
En
général, laconverfation avec nos égaux ounos inférieurs, demande beau- 'coupde douceur&
decivilité,unairou^•vertdansles manières,
&
un tour obli-•géant dansl’cxprelTion:avecnosfupérieurs -c'eft une confiance honnête, fans pré^
fomptioa
; un mélangede favoirScdc be-
V*
14 Mélangés
Interessans.I -J ---, I- -
foind’être inftruit
,qui nous fafleexpli- quer, avec grâce,ce qu’oneftbienaile d’apprendre de nous,
&
quinousdifpofctoujoursà prêter docilement l’oreilleàce qu’on fe croitenétat de nousapprendre.
Mais,aveclesuns
&
lesautres,unhomme
qui veutfe fairegoûter,n’accordejamais d’entréedansfesdifeoursàl’airdeluffifance
&
d’orgueil , à lavivacité qui tientdel'emportement, àl’opimatteté,
&
moins encore àla railleriejcar, de quelque agré-ment
que celle-ci.foittempérée, ellefait toujours plus d’ennemisqued’admirateurs.i
*'’
*.'f ,
•£ D-
Fragment
d'un LivreTurc fur
teG
oui.• \
Ce
qu’ilme
femblequ’ilfautentendre pat\egoût(r), eftune délégationparticulière
—
-- -** «
(i)
On
reconnaîtra-fiaifénientquecette petite Piècen’cftqu’une tradu&ion,5cdcs.pluslittéta- qu-Mélangés
Intéressans.que nouscaufcun objetagréable,
&
qu{eftplusou moinsparfaite, fuivantledégré de difcerncmenc avec lequel nous dis- tinguons les beautés de cet objet. Elle doittoujoursêtrefondéefurlavérité, ou fur lavraife®blancc; mais ilarrivefort Souvent qu’ellen’eft quelafilledel’opi-
nion,
&
l’effetdufimple baSard.Levéri-table goût nes’acquiert point Sansbeau- coupd’étude
&
detravailj
&
leshommes,
en général, Sont trop indolens, pour Sc foncierbeaucoupd’unavantagequi coûte
fi cher. Voilàla meilleure raiSon qu’on puifTe apporterdurègne prcSque univerfel du mauvaisgoût.Tousles
hommes
fou- haitent paflionnément Se palierpour gens d’eSprit,pourSages,&
pour Savansj maisilsSont bienaifesd’acquérir cetteréputa- tionaux moindres ffaisqu’ileft pofTible.
Ils ont allez de Senspour s’appercevoic
les
, que je n’ai pas befoind'autre témoignage pourprouverquec’en çfiune.
Tome
J,premièrePartie.B
x6
Mélangés
Intéressans... «
qu’elle s’acquiert (ouvent à bon marché parlecaprice
&
parles modes,aupréju-dicedujugement folide
&
delà véritable' politefle,&
qu’onfe portecommunément
à approuver dans autrui les foliesqu’on cftdifpofé à commettre.En
effet, fembla- blesauxambitieux qui n’ont point debiens,
nouscontrefaifonsune certaine gaîtéque nousne faurions avoir réellement,
&
nous nousflattonsquenotrefauflemonnoicpaf- fetapourlebon orque nousvoulons imi- ter. Jefuisfâchéqu’ilme
foitfaciled’ap- porterun nombre infini d’exemples pour prouvertoutes ces vérités.Rienn’eft fi
commun
qued’affe&erd’a- voirdu goût,&
rien n’eftfirarequed’en avoirréellement*Lemalheurden’enavoir paseftune difgrace contagieufe. Ellenouscftçomlnuniquëèdèsl’enfancepat des
mau-
vaisprincipesd’éducation jdanslajeunefley parla fréquentation de toutes fortes de compagnies, ou par l’ignorance de ceux qui font'•:chargés de,nousinftruire^ 8c;
dans1âgeviril,parnotre propre aveugle*
Mélangés
Intérssans *7 ment, qui nous confirmefans ccfle dans tous nos préjugés.Mais,plus le maleft
commun
,pluslesracines qu'il a jetéesfont profondes,&
plus ileftnéceflairede lecombattreavec vigueur.Lebon goûtatant d'influencefurlemérite del’efprit
& même
fur lamorale, qu’on nefauroit faire trop deftortspourlerendreaufli
commun
qu’il devroitl’être.Les Colleges&
lesEcoles qui s’établifTent aujourd’hui Ci heureufemenc danscegrand Empire,lesinftru&ions,les entretiens,tout devroitêtrerapporté à cebut;
&
,fij’enétoiscru, l’on refuferoit la-qualité de
Mufulman
àceux quinégligent:de Ce faire, debonne heure, un fond de goût, qu’ilspuifTent cultiver à Ioifîrdans la fuitedeleur vie.
On
trouvera quantité de gensquifcdiftinguentpar untalent parti», cuber, qui n’ont pasla moindreconnoif»Tance de toutlerefte,fautedecette qualité univerfelle,qu’on appelle goût.Elle ferc deluftreà touteslesSciences,
&
devernis à touteslesvertus.Elleeftl’amiedelafo-* cjécé, le guidedu fayoir,lerafincmcat*Bij
x8
Mélangés
Interessans.duplaifir,
&
lefceaudu mérite. Parelle, nousélargiflons lecercledu bonheur,&
nous en augmentons le fentiment.Elle nousaideàdécouvrirlavérité
&
labeauté, dans quelque endroitqu’elles le trouvent,
&
àdémêlerl’erreur&
ladifformité,mal-
gré tousleursdéguifemens.Ellenousoblige de nous comporteravec décence
&
avec grâce.Ellenousrend attentifs&
fcnfibies aux bonnesqualités d'autrui.En
unmot,
elleeftuncompoféde touteslesbienféan-
ces,
& comme
lecentrede toutce qu’ily a d'aimable.
Lavérité
&
labeauté renferment toute excellence* Elles,
&
ce quileurefloppofé,
fontlesfeuls objetsquifourniffentdel’exer- ciceà notre cenfure
&
à notre admiration.La
preuvedu bon goûteftdelesfavoirdis- cerner, 8crien ne conduitfi lureraentau degrele plus parfaitdelaperception8cdu jugement.On
peut confidércr la véritécomme
le deffein de la peinture,&
la beauté,comme
le coloris&
lesornemens.L’erreur
&
ladifformité fontles contraftcsMélangés
Intïrïssans. ± dugrouppe.Pourêtrecapable de découvrir cellesci, ondoitl’êtreauHî d’admirerles premières.Si l’efprits’emploie continuelle- mentàcontemplerlesunes, ouàcondam- ner lesautres,iln’auraqu’une imparfaite eonnoilfancedutableau, qui rendrafadé- cifion injufte.
De
l’uneoudel’autrepart, lepréjugéeft égalementcontraireaubon
goût5
&
,cependant,parl’étrange fragilité de lanature humaine, ilpeut tout-à-la- foisfe trouverdouble dans la
même
per- jfonne.Pour éviter ce défordre, ilfauts'être accoutumé, avec beaucoup de foin, à connoître cequec’cfl:qu’uneerreur
&
une beauté;&
, lorfque nous fournies dans l’occafiondefaire ufage de cetteconnoif- fance,il faut êtreardent dans notre exa-men, &
froid(i) dans notre jugement*(i)Jetraduislepuis littéralementqu’ilm’eft pofliblei mais onconçoit fans doute aifémenc quel’Auteur veutditeici, qu'ilfautexaminer
13 iij
30
Mélangés
Interessans.Prenons garde, fur-tout , lorfque nous condamnons, fi ledéfaut n’cftpas dans notre propre efprit3
&
, lorfque nous croyons devoir approuver,fi nous conce- vonsparfaitement l’objetde notre appro- bation.On
cenfure Couventdevéritables beautés, fautedelesavoir bienconçuesj&
l’on approuve deserreurs, parcequ’onleur prêtefoi-mêmelemafquedelavérité.
Lebongoût n’eftpas borné aux ouvra- gesd’efprir, nià lapeinture, niàiafculp*
ture.Ils’étend àlacivilitédesmanières,
&
jufqu’au fonddesmœurs.Ilpeutfervirde règledevie&de conduite, aufftbiendans lapratiqueque danslafpéculation, c’effc- à-dire, qu’ileftcapable,dans touslescas, derégler nos aélions
&
nos jugemens.C’eflfautedegoût que nous prenons Cou- ventlalégèretépourvivacité, lapefan-
avec une viveattention,
&
porter Ton jugement de fangfroid, c’eftà-dire,fans partialité 8cfans emportement....
Mélangés
Interessans. 31 tcurpour prudence,l'emportement pour valeur,l’affe&ation pour politeffe,&
la vanitépourvéritable mérite.Il cft difficilede déterminerfinosâmes fontefienriellement différentes3ou,fiétant égales, l’inégalité préfentedeleursperfec- tions vientdela différencedesorganesdu corps5oufic’eft laforce del’éducation
,
l’habitude',lescompagniesqu’on fréquente, quidonnent cette fupérioritéqu’onremar- que danscertains géniesfurlesautres,
A
quelques caufes qu’on juge à propos de l’attribuer, ileftclair qu’ilya des
hommes
fi diftinguéspar leurs perfeéfions, qu’ils paroifientélevés àuneprodigieufediftance au-defiusdeleurs pareils.Mais,cesâmes fupérieuresn’enont pasmoinsbefoind’un travailinfinipourfeformerunméritejufte
&
régulier.11 y atantdedifficultésàfur-monter,tantde mortifications àfouffrir ,
tant decheminà fairedanslelabyrinthe desconnoifiancesqu’ilfautacquérir,que,
fil'ambition,lavanité,
&
d’autres partions, ne fervoient pas de luppoit&
d’aiguillon,£iv
yz
Mélanges
intsressans.il nes’cntrouveroitpasun,entre millel quieût aflezdecourage pour entreprendre unecarrièrefipénible. Dès l’entrée, l’on feroiteffrayédufeulafped.Avecces
mo-
tifs
memes,
quifont prishorsdenous,il s’en trouve bien peu quiarriventau but qu’ils fe font propofé. Perfonne ne peut direqu’ilait finilevoyage.L’objetdufa- vdireftinfini;&,
lorfquela findela viearrive, onouvrelesyeux avecétonnement furl’efpaceimmenfequ’onadevantfoi,6s l’onne peutjeterquelques regardsfur celui qu’onaparcouru, fans méprifer fouverai- ftementcettepetite portion de viequ’oa vaJaillerparderrière.Ilparoîtque lana- turea fait autant pour nous*que nous puifiions fairepour nous-
mêmes
,&
quetoutceque nous avonsà efpérer parnos plus grands efforts, c’eft de régler
&
de polirlespréfensque nousavons reçusd’elle.Lafavoirefl>ilautre chofe qu’un recueil detoutesleslumières quela naturea inf- piréesî Etqu’eft-cequela politefie, fi ce n’cftunrafinesnenc futlesplaiûrsquinous
Mélangés
Intéressàns. 33 ontétédi&és par lanature? Jetons les yeuxfurunhomme
grave&
férieuxparmi lepeuple leplusviljnousy verrons,en petit, l’œcouomic&
lamorale,&
toutes deuxaufliparfaites qu’ilconvientà facon- dition.Obfervonscclui qui a l’humeurvive, enjouée, nous trouveronsque fespîaifirs fontlesmêmes
quelesnôtres,&
qu’ila,comme
nous, une élégance quilui eftpro- pre.Sinous étendonsplus loin cettepenfée, noustrouveronsdanscettecondition,que
jeluppofela plusballe,notrepoê'lîe ,no-
trepeinture, notre feulptuie, notremulji- qüe,auflichériesqueparminous$avecla feule diflérence,que legoûtdetous ccs artseft làcominedans fon origine,
&
qu’ilpeutêtre perfeélionné. Qu’eljt-ccquiaflem- bletantde miférabiesau milieu d’unerue, pourentendreunairgroflier,accompagné d'vmemauvaife guirtare ?C'cltlecharme delapoëlîe
&
delamulîque, qui touche leurs coeurs,qui enchante leurs fens ,
quiravit leur attention. Pourquoivoyez-
*to\ispendrçccsimages grotefqucsaux
mu-
Bv
34
Mélangés
Intéressans.miht1 I I - r~
> railles de leursmailons? C’eft queleur cœurefttouché detoutcequi imitelana-
ture,
&
qu’ilsaimentàvoircequiles tou-;-che.
A
l’égarddelafculpture, ilsontleurs figuresde cire&
deterrej&
, fautede beautéréelle, ilslesfontpeindre&
dorer, pourleuren donner unequiles fatisfaile.Telleeftl’influenceprefque abfolumentmé- chanique, quelesefquifles de beautéles plus groflières,
&
lesfentimenslesplus confus deplaifir,ontfurdesâmesballes&
fans culture, coufeflionéclatantedeceque l’epècehumainedoit àlanature.
I Je voudrois quelesSeigneurs de ceglo- rieux Empire
me
permiflentdeleurrecom- manderun peucetrepenléej une étude Sc des occupations decettenature leurdevien- droient bientôtplus agréables que leurs pïfle-tems ordinaires,
&
convicndroientbienmieuxà leurs caractères.Ileftclairque la nature lesy porte5
&
leur conditionmême
leuryferoic trouverplusdedouceur&
degoût,quele
commun
des hommes;IIc’yaquetrop long-tcms quelebo#govrç