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A AMSTERDA

Chez

lesHéritiers

P Â ntoine _Schelte.

APOLLON

ET DAPHNÉ,

DIVERTISSEMENT

MIS EN MUSIQUE

Par Monfieur DE LU LL Y,

Sur-Inten-

dant de

la

Mnfique du Kay,

%

*

Chanté devanjt Sa Majefté,

MDC. xeix.

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Perfonnages du Prologue.

VENUS.

TroupesdePlaifirs

&

de Grâces.

-

Perfonnages du Divértiflemënt.

APOLLON.

DIANE, Sœur

d’Apollon.

DAPHNE',

FilleduFleuve Pende. ^* Troupesde DivinitezChampêtres, fouslafi-

gure de Bergers

&

de Bergeres.

NIMPHES DU PERMESSE, &

toute laSuitted’Apollon.

La

Scene

fe^pajfeauxbords duTleuve Verne,

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i

PRO LO ^GUE.

VENUS

,

UES PLAISIRS ET

LES GRACES viennent en^

chanter un Séjour où l'Amour

doit foûraettre

Apollon quiavoit ^oféle

braver.

VENU

^S.

Encz, Plaifirs, venez enchanterce fejour

ezvosplusdoucesarmes

Pour

fairetriompherl’Amour, Faites brillericilescharmes.

Quand

ilfoûmet une

amc

à fon pouvoir vain- queur

C’cft parlesfeulsPlaifirs qu’ilfçaits’en rendre maître_;

Et

c’eftfautedelesconnaître

Que

l’on luyrefufefoucœur.

A

₃

CHOEUR

t APOLION ET DAPHNE', C H OE U R

de laSuitedeVenus.

\

Mortels,autendre

amour

cédez touslavictoire

Que

voscoeursenchantez éprouventles attraits>

Ne

craignez pointdefldouxtr*aits Les plus grandsDieuxfontfournisàlà gloire.

VENUS.

Contredes

nœuds

lîbeaux Apollonrévolté»

Faitencorrefiftancci Mais l’Amour^irrite'

Seprépare à punirunorgueil quil’ofFencc:

Secondonsfavengeance.

Tandis que Venuschante, les Zephirs3

Us

,

O

ijeaux,touts'animeà

J

^{a voix,lesRiùjfeaux}

meme

forment

un

bruitharmonieux qui aug- mente les charmes deceféjour.

VENUS.

Que

danscebeaufe'jour

Tout

infpircl’amour.

Tendres amantsde Flore, Régnez,Zephirs,fur cesbords écartez^

Donnez

denouvellesbeautez

Aux

fleursque vousfaites éclore.

Avecun bruitplusdoux Ruifleaux*

coulez>

charmans

^•

.

Et

I

I

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PROLOGUE. 7

• Et yousdansctsRoccages Chantez, petitsGilèaux Mêlezvos

amoureux

ramages Avecle

murmure

des eaux.

Apollondoitlerendre DansceSéfourcharmant$ Sidestraitsdel’Amourilofe fèdefïèndrc, Iln’échapera pointàuollrcenchantement.

UN PLAISIR.

Eftilquelque rigueurqufel'Amour nefurmoutcl Quefert- ilcontreluide s’armer defiertéî

Ilnerelieenfinquelahonte D’avoirvainementrcfilté.

UNE DES GRACES.

Quellefoiblefic

De

fuir fans cefïè

Ce

qui peutcombler nosdefirs!

Chercheràvivre fans tendrcfTe C’ell vouloir^vivrefansplaifiis:

Quellefoiblefie

De

fuir fans celle

Ce

qui peutcombler nosdefirsî

Kcureux

un

cœur

que l’Amourbleflc!

11 aimejufqu’àfès foûpirs^

A *

^Quel-

S

APOLLON ET DAPHNE', PROL.

Quellefbiblcflc

De

fuir fans celle

Ce

qui peutcomblernosdélits!

VENUS.

C’eneft fait^: Apollonéprouvelesatteintes D'une amoureulèardeur

•Daphné^vientde toucher Ion

cœur

5

LaiHons-le dansces lieux faireentendrefesplain

Findu"Prologue,

DIVERTISSEMENT.

Apollon

paroît leuî

dans

le féjour

agréable que Venus vient

denchanrer.

SCENE

I.

. \

APOLLON

fetil,

Harmanr

aziledelapaiz.

Forêtsfoliraires

&

(ombres, Htlas!jecherche envainlecalme de

vosombres,

Le

sepos

démon cœur

m’eftravipour jamais»

*

A _{s SCE-}

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10 APOLLON ET DAPHNE',

SCENE ^II.

DIANE, APOLLON.

DIANE.

L

^’Univers

Un

ïtîonftiefürieujt^retentitduefttombd^{bruitde vôtre}fousvos coups.^gloire: Dans unjourdevictoire

Croirai-jequeces boisont des charmes pour vous?

APOLLON.

C’eneft fait :tlel’Amourje coftnoislapuifiance.

D

^I

A N

Ê.

On

vous avûbraver ion pouvoir odieux.

APOLLON.

Lotfquejefaifoisrefiftance

Daphné

nes’etoitpoint prdfcnteeà

mes

yeux.

*

DIANE.

^'

Quoi

ïvouslaimez?(oncœurfier8c rebelle fait eloirede ue^rienaimer.

b APOL-

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DIVERTISSEMENT.

ix

APOLLON.

Ah!

jepouvois l’cn&amer

Que ma

victoire {croit belle!

Toujoursfier*toujours révolté',

Mon cœur

fecroyoitinvincible_j

L’Amour

toutefois1a

dompté

_;

Il peut d’une

Nimphe

inlcnfible

A

fou tour vaincrela fierté'.

DIANE.

Non

, iv)#, fansvousflatterd’une vainecfpe- rance

Ctffezd’aimer, faitesvousviolence.

On

peutvaincrel’Amour ïoibledanslànai (Tancej

Mais

lorfque dans le

cœur

parun trop long léjour

On

luilaiCle letempsd’aflèrmirfa puiffance>

On

peut maiaifement

Chafiérun ennemiquinous^paroitcharmant.

APOLLON.

/ ,

Quel

quefoitletourment qui

me

forceà

me

plaindre

J’aimemieuxencorîefoufFrir:

Mon Amour

m’eft trop cher_,jen’ai tien tantà craindre.

A

6

Que

ii

APOLLON ET DAPHNE', Que

d’en pouvoirguérir.

Dephnd

paroit _: jedoisconcraindreencor

ma

flâjjpc

LesDivinirezdeceslieux Sousdiverschangemensvont prévenir(esyeux

Ectâcherd’attendrirfouame.

On

entendune douceSimphonie quiattire Daphné.

SCENE

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SCENE ^III.

DAPHNE'

feule.

Q ^Ue

^{deces lieuxcetteondefontcharmans ! quej’aime}

Le

murmure

fkteur1

Que

^{j’aime àvoirici} régnerla paix profonde

Que

jefensdans

mon

cœur!

Aimable^liberté', tranquilc indifférence*,

Un

cœur eftilheureuxfansvous?¹

L’Amour

^offreà nosyeurlesappaslesplusdoux

Pour nousfoumettre à fapuifsancc}

Maisfousunefeinteappareuce Il porte dans noscœurslesplus funeftescoups.

Je veux^toujoursluifaire refiftance.

Aimable^liberté, tranquile indifférence,

-Un

^{cœureft-ilheureuxfans vous?}

Maisquelletroupeicis’avance Qu’entends-je? quelsnouveauxconcerts

Fontretentirles airs?

0

A

₇

SCE-

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14 APOLLON ^{ET DAPHNE',}

SCENE ^IV.

, t

Plufieurs

Divinitez Champcftres par l’Ordre d’Apollon

_,

viennent

fous la figure

de Bergers & de Berge-

resle prefentei*

aux yeux de Daph- né,

6c l’inviter à

aimer.

CHOEUR DE DIVINITEZ.

Aimez,

tout vousyconvie,

E*

Fieresbeautez, rendez-vous

Il n’efl:pointfans l’Amourde plaifir dansla vie,

Avec l’Amour onles rencontre tous:

Aimez

, tout vous y convie, Fieresbeautez, rendez vous.

DIVINITE'

^fous

U

filtre^tfttn Verger,

Jimez, fuivezlepenchantheureux

Du

tendre

Amour

, des pladîrs> des

jeux.

De

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DIVERTISSEMENT»

iç

Pc

vosbeauxansgoûtez bienlefruit

Comme un

Zenhir ce doux tems s’en- fuit

Lesin flansperdus

Ne

reviennent plus.

Le temsdesbeaux jours EftceluidesAmours.

Que

craignons-nous? laifsonsnous enflâmer.

Ne

^{perdons pas ceuei'aifond’aimerr}

L’hiver affreux Viendra bannirlesjeux.

Haftons nous

Aimons

tous.

Aimablesardeurs Embrafèznos cœurs.

Fuyezpour jamais Fuyez,triftepaix.

L‘

Amour

plaît, lèslangueurs

Ont

mille douceurs Pourlestendrescœurs*

Jugeonsquels^font1 s plâifîrscharmans D’un DieuquiÉlitaimerfestourmens.

C H OE ü

R.

Aimez,

fuivezîepenchantheureux *

Du

tendre

Amour

, des plaiûrs _, des jeux.

De

vosbeauxans goûtez bien^lefruit

Gomme

un Zcphir ce doux tems s'en- suit.

DAPHNE.

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APOLLON ET DAPHNE',

DAPHNE'.

»

layons, fongcons à nousdéfendre>

Fuyonsces concertsamoureux.

Qui

veutfuirl’Amour

&

^lesfeux

Rifqucroit trop ^àlesentendre.

Daphnéveut fuir3 Jpollonïnrrefle*

SCE-

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SCENE V.

APOLLON, DAPHNE'.

APOLLON.

N ^E

fuyez point,

Nimphe

charmante.

Ne

fuyez pointun Dieu touchéde vos appas,

DAPHNE'.

Cet aveu m’épouvante Etdoit précipiter

mes

pas.

APOLLON.

Le vafteUnivers

me

revere,

A

^{centClimatsjedifpenfeleJour}j

Mais⁽ⁱ

mon

cœurchercheàvousplaire Ceft moinspar

mon

pouvoir quepar

mon

ten-

. dreamour.

Je

me

feusembrafer dela pUis viveflâme, Pourvous j’abandonnelesCieux>

Je^{fcn>dans lefond de}

mon ame

Tout

t’amourqu’infpirent vos yeux.

/

it

APOLLON ET DAPHNE',

DAPHNE'.

Je^crainsunefatalechaîne>

J’ay fceu^lafuirjufqu’à ce jour;

Mon

coeurnepeut avoir que mépris

&

^que

haine

Pourles

Amants &

pour l’Amour.

APOLLON.

\

Cédez, l’Amour vous_yconvie, Eft-il

un

pluscharmantvainqueur?

DAPHNE'.

Ah

^Is*il

me

furprenoit, auxdépens de

ma

vie J’irois l’arracherde

mon

cœur.

.

APOLLON.

Quelle rigueur\ ô Cielî mais que vois-jet cruelle

Pourquoi fuirun

amant

fitendre

&

^fifidellc?

Rienne peutilvous arrêter?

Mon

pouvoir,

mon amour,

netouchent point volirc

ame

?

DAPHNE'.

Que

fertilde vous écouter Puifque

mon cœur

ne peut répondre à vôtre

fi

âme

?

A-

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DIVERTISSEMENT.

APOLLON.

Inhumaine, atrerez, du moinsnem’ôtezpas

• - Leplaifirde voir vos appas.

Ne

^pourrai-jejamais vous forcerà vous rendie?

Cédez, cédezau tendreamour.

DAPHNE'.

Non

_,jeveux toujoursm*endefFendre.

APOLLON.

•Cédez> cédezau tendre

amour

C’clt untribut qu’ildoitprétendre.

DAPHNE'.

Non

_jjeveuxtoujoursm’endefFendre.

APOLLON

fa^Suite.

Cédezjcédez au tendreamour.

DAPHNE'.

Fuyonsj mais on m’arrefieencefatalféjour.

Auteur de

ma

naiHance> ,

Penée, écoute

moi

, fufpens pour

mot

ton coursi

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20 APOLLON ET DAPHNE',

Et vous, Dieux> qui devez protégerl’inno- cence>

Donnez-

moi

dufccours.

On

entendiciune Simphonic qui exprimela;

coiereduFleuve quivoit la violencequet'jnfait à fa^fille.

Daphnéejlchangée en Laurier.

APOLLON.

Ciel! quevois^je? jepetsl’objetde

ma

^tcn«

drefle

En

un Arbre nouveauceque j’aime cftchan- gé^*

Voi

ledefèfpoirqui

me

preflè, J’avoisbravé tescoups_,

Amour

, tut’esvan-

g

^e'-

SCE-

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DIVERTISSEMENT.

^il

SCENE DERNIERE.

Les Nimphes du Permefle & toutes

les

Divinitez de

la

Suite d’Apol- lon

_,

viennent pour calmer fon

defefpoir.

APOLLON.

”0

Econnoiflezlavoix quivousappelle, Divinitez,qui vivez fous

ma

loy Venezpleurer lefortd'une

Nimphe

fibelle.

Soupirez, gemifsez, plaignez-vous avecmoi.

Qua

nosregretsl'Echos’unifsc:

Que

toutrépétéicinos accensdouloureux:

Que

lesBois,lesRochers, lesAntreslesplus creux,

Que

tout pleure_,quetout gemifsc.

TousUs Chœursrepetentavec Jpollonces quatrederniers Vers.

APOLLON.

Voyez

la rigueur de

mon

fort.

Plaignez l’excèsde

ma

triftcfse_;

Je persl’objetde

ma

tendrefsc Et11epuiscouriràlamort.

CHOEUR.

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14

APOLLON ET DAPHNE' >DIVERT.

C H OE U

R.

Qu’à

nosregretsl’Echos’unifie:

Que

toutrépétéicinos accensdouloureux:

Que

lesBois, lesRochers, lesAntreslesplus creux«

Que

tout pleure,quetout gcmific.

FIN.

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