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TRAITÉ ROMANS, DES L O R I G I N E D M. Digitized by Google

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(1)

TRAITÉ

D

M

L’ O R I G I N E

««

DES ROMANS,

k

DigitizedbyGoogle

(2)
(3)

; y

y y

/ --

T R A

I

T

U O R DE

»

I

G

I

N E

'

DES ROMANS,

PAR

%

HUET,

ivÉQUE d’avranches;

Suivi d’observationsetdejugemenssurles

RomansFrançais; avec l’indication des meilleursRomansqui ontparu,sur-tout

,

pendant le dix-h.uitiemesiecle,jusqu’à

f

cejour. - .

A P

A-

R

IS,

ChezN.L.M.Desessarts,éditeur, imp.-Iib.,rue^

Théâtre- FrançaisIf ,**au coin delaPlace de l’Odéon.

An V 11"

PC-UjO V\

^ f-

DigilizedbyGoogle

(4)
(5)

PRÉFACE

DE L'ÉDITEUR.

r

ar

J,

J.Rousseaua dit,quelesNations

corrompues

ont besoin de

Romans

,

comme

lesmalades ont besoin de re- medes.Ilvaudrait

beaucoup mieux

,

sansdoute

, qu’ellespussentsepasser deces palliatifs

;mais

,puisqu’àla fin

du

dix-huitieme« sieclenous

sommes

pourle

moins

aussi corrompus

que

nos ancêtres; puisqu’il estnécessaire que nous ayonsdes

Romans

,

on

trou-

' yeracertainementutile et

même

in-

DigitizodbyGoogle

(6)

VJ

PREFACE

dispensable de connaître leur ori- gine.

Un

des écrivainslespluséclairés

du

*^ dix-septiemesiecle

(lecélébré

Huet

,

évéque d’Avranches

) nous a laissé

un

ouvrage précieux sur'cette

ma-

. .^iere, *

Des

censeurs atrabilaires osèrent dans le tems

blâmer

ce savant pré- lat,d’avoir mis

au

j’our cet excellent

r

traité. Les hypocrites de toutes les classes devaient,

en

effet , savoir mauvaisgré à

un

évêque de faire l’élogedesromans,etsur-toutdeprou^.

ver queles

hommes

lesplus gravesde l’antiquité

,et

même

les pontifesles plus austèresdetoutes les religions,’

"Digtîftecfby

(7)

î)E l’É

D

I

T

É

U

RV ViJ n’avaient pas dédaigné de s’occuper

de

cegenre de littérature.Maisc’est envaih quelacritiqué avoulus’atta- cheràla savante production de l’é-

véque

d’Avranches ; son traité

de V

Origine des

Romans

passera àla postérité laplus reculée.

J’ai

donc

cru

que

lepublicaccueil- lerait favorablement

une

nouvelle édition de cetouvrage

, qui est de-

venu

très-rare. J’y aiajoutédes obser- vations et des jugemenssurles

Ro- mans

français

,

que

j’aipuisésdansles ouvragesd’unlittérateurquia

donné

dans cegenre l’exemple et le pré-;

cepte.J’aienfinterminéce recueil

en

indiquantles

Romans

qui ont eule

(8)

TiiJ » É T A c E,ect:

plusdesuccès,sur-toutdepuisledix»

huitièmesiecle.

J’aimeà croire

que

cetteréunion plaira, et qu’elle serautile à.ceux qui s’occupent de la lecture des

Romans.

•»;

TRAITÉ

(9)

TRAITÉ

D E

U O R I G

I

N E

DES ROMANS,

fV OTRE

curiosité est bien raison- nable, et il'sied bien de savoir l’Origine des

Romans

à celui qui entend si bien Tart de les faire.

Mais je ne sais, Monsieur(*) , s’il

me

sied bien aussi d’entreprendre de satisfairevotredésir.Je suissans

; IWU I»

(*) Celte dissertation'fut adressée à Segrais, auteurdu

Roman

de Zayde.

DigitizedbyGoogle

(10)

3 DE

l’

ORIGINE

livres:j’aiprésentementla tête

rem-

plie de toute autre chose

, et je

connais

combien

cetterechercheest embarrassante.

Ce

n’est,ni

en

Pro- vence, nien

Espagne

,

comme

plu- sieurs le croyent

, qu’ilfaut espérer de trouver les premiers

commence- mens

decet

a^éable amusement

des honnêtesparesseux: il faut lesaller chercher dans des pays plus éloi- gnés

, et dansl’antiquité la plusre- culée. Je ferai pourtantceque vous souhaitez; car ,

comme

notre an- cienne et étroite amitiévous

donne

droitde

me demander

touteschoses, elle m’ôte, aussi la liberté de vous rienrefuser.

Autrefois, sousle

nom

de Romans,*

on

comprenait, non-seulement ceux quiétaientécritsenprose,mais plus

Oigitiz«dbyGo

(11)

DES romans; Z

souvent encore ceuxquiétaient écrits isn vers.

Le

Giialdi et lePigna, son disciple, dans leurs Traités de

Ho~

Tnanzi^ n’en reconnaissent presque pointd’autres,etdonnentleBoiardo’, et l’Arioste pour modèles. Maisaii- jourd’liuil’usagecontraireaprévalu,

etce que l’on appelle proprement Piomanssont desfictions d’aventures amoureuses, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l’instruction deslecteui’s.Je disdes fictions

,pour

lesdistinguer deshistoires véritables.

J’ajoute

, d’aventures amoureuses^

parce que l’amourdoit être leprin- cipalsujet

du

Piomah. Ilfautqu’elles soient écrites en prose

, pour être

conformesà l’usage de ce siecle. Il fautqu’ellessoientécritesavecart,et sous de certainesréglés; autrement

(12)

% CE

l’O

RI

GI

W

if

ce sera

un amas

confus, sansordré etsans beauté. La^fin principale des

« \

Romans

,

ou du

moinscellequi doit rétre, et que se doivent proposer

ceux

quiles

composent

,est l’instruc- tiondes lecteurs,à qui il faut tou- joursfaire voirla vertu couronnée,

et levicechâtié.Mais

comme

l’esprit de

riiomme

est naturellement en-

nemi

des enseignemens, et que son amour-proprelerévoltecontreles ins- tructions,ille fauttromper par hap- pas

du

plaisir,etadoucir la sévérité des préceptes, par l’agrément des exemples, etcorrigersesdéfauts

en

les

condamnant

dans

un

autre.Ainsile

,divertissement

du

lecteur,quele

Ro-

mancier habile semble se proposer, pour but, n’estqu’unefinsubordon-n néeâlaprincipale

,

quiest l’instruc«%

DigiflztiTwy

(13)

D

Es RO

M

À

N

s;' _5 tion

de

l’esprit,et la correction des

mœurs

;et les

Romans

sont plus

ou

moins réguliers, selon qu’ils s’éloi-

gnentplusoumoins decettedéfinition et de cette fin. C’est seulement de ceux-làquejeprétendsvous entrete- nir:etjecrois aussi quec’est-làque sebornevotrecuriosité. *

Jeneparledoncpointicides

Ro- mans

en vers,et rnoins encore des

poëmes

épiques

, qui, outre qu’ils sonten vers

, ont encore des diffé- rencesessentiellesquilesdistinguent- des

Romans

:quoi qu’ilsaient d’ail- leurs

un

très-grand rapport,et

que

Suivantla

maxime

d’Aristote

,qui en- seignequelepoëteestpluspoëtepar les fictions qu’ilinvente,queparles versqu’il

compose

,

on

puisse mettre les faiseursde

Romans

au

nombre

de^

(14)

0'

DE

l’

ORIGINE

poètes.Pétrone dit

que

les

poëme»

doivents’expliquerparde grands dé- tours

,parleministère des

Dieux

,par des expressionslibres ethardies, de"

sorte qu’onlesprenneplutôtpourdea oracles

,quipartentd’unespritplein de fureur,

que

pour

une

narration- exacte et fidele : les

Romans

sont plus simples,moins élevés,

moins

figurés dansl’inventionetdans l’ex- pression.Les

poëmes

ontplusde mer- veilleux,quoique toujours vraisem- blables;les

Romans

ontplus

du

vrai- semblable

,quoiqu’ils aientquelque- fois

du

merveilleux.Les

poëmes

sont plusréglés, etplus châtiésdansl’or-’

.

donnance

,etreçoiventmoins de

ma-

tière, d’événemens, et d’Episodes :

les

Romans

enreçoiventdavantage

,

parcequ’étant

moins

élevésetraoin»-

DrgîtizdS'ïiÿ

(15)

DES ROMANS.'

figurés,ilsne tendentpas tant l’es- prit, et le laissentenétatdese char- ger d’un plusgrand

nombre

dediffé- rentesidées. Enfin, les

poèmes

ont

pour

sujet

une

action militaire

ou

politique,etnetraitentl’amour que paroccasion:les

Homans

aucontraire ont l’amour poursujetprincipal, et

ne

traitent la "politique et la guerre

que

parincident. Je parle des

Romans

réguliers,carlaplupart desvieux

Ro- mans

français,italiens,et espagnols sontbien moins

amoureux

quemili- taires. C’estce qui afaitcroireàGi- raldiquele

nom

de

Roman

vientd’un'

mot gœc

,quisignifie laforceet lava- leur;parcequeces livresnesontfaits

que

pourvanterlaforceet lavaleur

.des paladins:maisGiraldis’estabusé

en

cela,

comme

yous verrez dans

(16)

B v>E l’origine

la suite.Jene

comprends

pointicinolï plus ces histoires qui sontreconnues

pour

avoir

beaucoup

de faussetés

,

tellesquesontcelled’Hérodote, qui pourtantena bien

moins

quel’on

ne

croit,lanavigation

d’Hannon

,lavie d’Apolloniusécrite par Philostrate etplusieurssemblables.Ces ouvrages sont véritables dans le*gros,etfaux seulement dans quelquesparties.Les

Romans au

contraire sont véritables dans quelques parties, faux dans le gros.Les unssont desvéritésmélées de quelquesfaussetés, lesautressont desfaussetésmélées de quelquesvé- rités.Je

veux

direquelavéritétient ledessusdansces histoires

,etquela

fausseté

prédomine

tellementdansles

Romans

, qu’ils peuvent

meme

être entièrement faux

, etengros et eit

(17)

Î)ES

HOatAÏTSi

gf

détail.Aristote enseignequelatragé- die dont l’argument est

connu,

et prisdans l’histoire,est la plus par- faite;parce qu’elle estplusvraisem- blablequecelle dont l’argumentest

nouveau

, etentièrementcontrouvé:

et néanmoins il

ne condamné

pas cettederniere.

Sa

raison est

, qu’en- core que l’argument d’une tragédie soittiré del’histoire,ilestpourtant ignorédelaplupart des spectateurs,•

et

nouveau

à leurégard, etquece- pendantil ne laisse pas de divertir- toutle

monde.

Ilfaut dire la

meme

chosedes

Romans

,aveccette distinc-;

tion toutefois,quela fiction totale de l’argumentestplus recevabledans les

Romans

dontlesacteurs sontde médiocre fortune,

comme

dans les flomans comiques,

que

dans let

(18)

lo

D

E l’ORIGITfE grands

Romans

dont les princes et les conqiiérans sont les acteurs, et dont les aventures sont illustres et

mémorables

; parce qu’il ne serait pas vraisemblableque de grandsévé-

nemens

fussent demeurés cachésau mondej,etnégligés parleshistoriens:

et lavraisemblance

,quinesetrouve pas toujoursdansl’histoire, estessen- tielleau

Roman.

J’exclus aussi

du nombre

des

Romans

decertaineshis- toires entièrement controuvées, et dansletoutetdanslesparties

, mais

inventéesseulement audéfautde la vérité.Tellessontlesoriginesimagi- nairesde laplupart des nations,et

meme

des plus barbares. Telles sont encoreces histoires si grossièrement supposées par le

moine Annius de

yiterbe

,quiontmérité l’indignation

I DigitlzedbyGoogle

(19)

DES ROMANS.'

It"

OU

le mépris de tous les savans.Je

mets

la

meme,

différence entre les

Romans

,et ces sortes d’ouvrages qu’entreceuxquipar

un

artificein- nocentse travestissent et se

masquent pour

se divertir en divertissant les autres;etcesscélératsqui

,prennant le

nom

et l’habit de gens morts

ou

absens,usurpentleursbiensàla fa- veur de quelqueressemblance.Enfin jemets aussi lesfables hors de

mon

sujet;caries

Romans

sont desfictions

de

choses quiont

pu

être

,etqui n’onC pointété:et les fables sont desfic- tions dechoses qui n’ont point étéj etn’ont

pu

être.

Après être convenusdes

ouvrais

qui méritent

proprement

le

nom

de

Romans

,je disquel’inventionenest due

aux

Orientauxjje

veux

direaux.

DigitizedbyGoogle

(20)

•ià E e’ORI

G

1

W

Egyptiens,

aux

Arabes,

aux

Perses etauxSyriens.

Vous

l’avouerez,sans cloute

,

quand

je vous aurai

montré que

laplupartde grands Romanciers de l’antiquitésontsortisdeces peu-;

pies.'Cléarque

, qui avaitfaitdesli-,

vresd’amour, étaitdeCilicie

, pro-

vince voisinedeSyrie.Imblique

,qui

aécrit les aventuresde R.hodanéset de Sinonis,était né de parens Sy- riens

,et futélevé àBabylone.Hélio-;

dore

,auteur

du R.oman

de

Thégène

etdeGhariclée,était d’Emese, ville de Phénicie. Lucien, qui a écritla

métamorphose

de Lecius en âne étaitdeSamosate,capitalede

Goma-

géne,provincedeSyrie.AchillésTa- tius

, quinousa apprislesamours de Clitophonetde Leucippe

,étaitd’A- lexandrie d’Egypte. L’histoire fabiJt;

(21)

teE< ftO

M

A

N

«; 1

5

leusedeBarlaametdeJosapliat a été composée' parSaint-Jean de

Damas

,

capitale de Syrie. Damascius

, qui

avaitfait quatre livres de fictions, non-seulementincroyables

comme

il les avait intitulées

, mais

même

gros- sières etéloignéesde tontesvraisem- blance,

comme

l’assurePhotius,était ausside

Damas. Des

trois

Xénophou

romanciers dont parle Suidas

, l’uri étaitd’Antioche de Syrie, et l’autre de

Chypre

, île voisinede la

même

contrée.

De

sorte que tout ce pays»

mérite bien

mieux

d’être appelé le pays des fables

, que la Grèce,

ellesn’ontétéquetransplantées,mais

ellesonttrouvé leterroirsi

bon

,

qu’elles

y

orit admirablement bier^

pris racine,

>Vussi à ppineest-il çroj^able

(22)

^4 de'l’origînk

bientous cespeuplesontl’esprit

poé-

tique, inventif, et amateur desfic- tions; tous leurs discours sont figu- rés,ilsnes’expliquent que parallé- gories

; leur théologie, leur philo- sophie

,etprincipalementleurpoli- tique et leur morale , sont toutes enveloppées sous des fables et des paraboles.

•LesHyéroglyphes des‘Egyptiens font voir à quel point cette nation était mystérieuse.

Tout

s’exprimait

^hez

eux par images, tout

y

était déguisé ; leur religion était toute voilée;

on

ne la faisait connaître

aux

profanes

, que sous le

masque

<ies fables,et

on ne

levaitce

masque que

pour ceuxqu’ilsjugeaientdignes d’étre initiés dans leurs mystères.

Hérôdote

dit que les grecsavaient

DTgifizeâby’GôOgtc

(23)

î)Es

ROMANS.

1

5

pris d’eux leur théologie mytholo- gique,etil rapporte des contesqu’il avait appris des prêtresd’Egypte

, et

que

tout créduleetfabuleuxqu’il est lui-méme, il rapporte

comme

des sornettes. Cessornettes

ne

laissaient pas d’étre agréables, et de toucher fort l’espritcurieuxdes grecs,

comme

Héliodore le témoigne, gens dési-

reux

d’apprendre et amateurs des nouveautés.

Et

cefut sans doute de ces prêtresque PythagoreetPlaton

,

aux

voyages qu’ils firent

en

Egypte, apprirentàtravestirleurphilosophie

,

et àlacacherdans l’ombredes

mys-

tères etdesdéguisemens.

Pour

lesArabes,sivousconsultés leurs ouvrages, vous n’y trouverez

que

métaphores tirées par les che-

veux

,quesimilitudeset quefictions.

(24)

DE

l’OEîGî

N i Leur

Alcoranest decette sorte.

Ma- homet

dit qu’ill’afaitainsi,afin

que

les

hommes

pussent plus aisément l’apprendre , et plus difficilement - l’oublier. Ils ont traduit les fables d’Esope enleurlangue

,etquelques- uns d’entr’eux en ont

composé de

semblables.

Ce Locman

,si

renommé

dans toutl’orient

,n’étaitautrequ’E- sope. Ses fables^que les Arabes ont ramasséesen

un volume

fort

ample

,

luiacquirent tant d’estimeparmi

eux

,

que

l’Alcoranvante son savoirdans

un

chapitre, qui

,pourcela, est in-

titulé

du nom

de

Locman.

Lesvies de leurs patriarches, de leurs pro-.

phetes

, et de leurs apôtres sont;

toutes fabuleuses.Ils font leurs dé-,

hcesdelapqësie, et c’cstl’étude la

^lus ordinaire

de

leurs

beaux

esprits, Cette.

\

(25)

i)Es -nO

M

A

N

s.

Cette inclination

ne

leurestpas

nou-

velle:elle lespossédait

meme

devant

Mahomet

,etils ontdes

poèmes

de ce tems-là.Erpéniusassure que tout le reste

du monde

ensemblen’apoint eu*tantdepoètesquelaseuleArabie;

Ils

en

content soixante

, qui sont

entr’eux

comme

les princes de la poésie,etquiontde grandestroupes de poètessous eux.Lesplus habiles ont traitél’amour en des églogues

,

et quelques-uns de leurs livres sur cette matière,ontpassé enoccident.

Plusieurs de leurs califes n’ont pas tenu la poésie indigne de leur ap-*

plication. Abdalla,.l’un d’entr’eux

,

s’y signala, et ht

un

livre de simi- litudes

,

comme

rapporte Elmacin;

C’estdes Arabes, à

mon

avis

,

que

îious teupus r^rt de rimer, et je

(26)

l8

DE li’oRIGÎÎfE

vois assez d’apparence que les vers Léonins ontétéfaitsà l’exemple des leurs:caril neparaît point que les rimes eussent cours dans l’Europe avant l’entrée de Tarie etde

Muca en

Espagne,et l’on çnvitquantité dans les siècles suivans, quoiqu’il

me

fut aisé de vous-fairevoir" d’ail- r

leurs

, que lesvers rimés ne furent pas tout-à-faitinconnus

aux

anciens Romains.

Les Perses n’ont point cédé

aux

Arabes enl’art de mentir agréable-

ment

:carencore que le

mensonge

leur fut autrefois fort odieux dans l’usagedelavie, et qu’ilsne défen- dissent rien à leurs enfànsavec tant desévérité;néanmoinsilleurplaisait infiniment dansleslivres et dansle

commerce

deslettres,sitoutefois les

DigitiiêST*\rit)<

(27)

DES R

O

M

À S. tg fictions se doivent appeller

men-

songe.

Pour

en

tomber

d’accord

,il

ne

faut que lire les aventures fa- buleuses de leur l’égislateur

Zo-

roastre. Strabon dit

que

lesmaîtres parmi

eux

donnaient àleursdisciples des préceptes de morale enveloppés defictions. Il dit

en un

autreendroit

que

l’onn’ajoutepas

beaucoup

defoi-

aux

anciennes histoires desPerses

,

des

Medes

et des Syriens, à cause del’inclination que leurs écrivains avaient à conter des fables;car voyant que-ceuxqui

en

écrivaient

de

profession étaienten estime,ilscru- rentqu’onprendiRitplaisiràliredes relations fausses et controuvées,si elles étaientécrites

en

forme d’his- toires.Les fables.d’Esope ont étési fortàleui'goût,qu’ilssesoutappro-.

(28)

prié Fauteur.C’estce

même Locman

de FAlcoran,dontje vous ai parlé, qui est si

renommé

parmi tous les peuples

du

levant : ils ont voulu déroberàlaPlirygiel’honneurdesa naissance, et se l’attribuer:car les Arabesdisentqu’il étaitdelaracedes

H

ébreux,et les Perses disent qu’il était

Arabe

noir,et qu’ilpassasa vie dans la ville de Caswin, qui était l’Arsacie des anciens.'D’autres

au

contraire’, voyant que sa vie. écrite par

Mirkond

a beaucouff de rapport avec celle d’Esope, que

Maximus

Planudes nous a laissée,et ayant remarqué que

comme

les

Anges

don- nentlasagesseà

Locman

dansMir-»

kond

,

Mercure donne

la fable à

Esope

dtms Philostrate, ilsse sont per£ti£tdé{»(jue les Çrecsavaientdé'»

DtgiTlzGd-br^OMle

(29)

B

Es

Romans.

21' robé

Locman aux

orientaux

,et

en

avaientfaitleur Esope.

Ce

n’estpas ici le lieu d’approfondircette ques- tion:je diraiseulement en passant

,

qu’ilfautse souvenir de ce que dit Strabon

,

que

les histoires de ces peuplesd’orientsont pleinesde

men-

songes

,qu’ilssont

peu

exactset

peu

Jfideles,et qu’il est assez vraisem- blablequ’ilsontétéfabuleuxenpar- lantde l’auteur et del’origine des fables

,

comme en

toutlereste;

que

les Grecs sont plus dibgens et de meilleurefoi dans lachronologie et dansl’histoire;et

que

laconformité

du Locman

de

Mirkond

avec l’Esope

de

Planudés et de Philostrate,

ne

/

prouvepas davantage qu’Esope soit

Locman

,qu’elleprouve que

Locman

soitEsope. Les Perses ont

donné

à

DigitizedbyGoogle

(30)

22

UE

l’

ORIGINE

Locman

-le

surnom

de Sage, parce qu’eneffet,Esopea étémis au

nom-

bredes Sages:ils disent qu’il était

profondément

savant dans la

méde-

cine, qu’il

y

trouva des secretsad- mirables* etentr’autresceluidefaire revivrelesmorts.Ilsontsibienglosé, paraphrasé,et

augmenté

ses fables, qu’ils

en

ontfait

comme

les

Arabes un

très-gros

volume

,dont

on

voit

un

exemplaire dansla bibliothèque

du

Vatican.

Sa

réputation a passé jus- qu’en Egypte et dans la

Nubie, où

son

nom

etsonsavoirsont

en

grande vénération. Les turcs d’aujourd’hui n’en font pas

moins

de cas , et croyent

comme Mirkond,

qu’il a vécu

tems de

David

:en quoi,s’il estvéritablement Esope,et s’ilfaut ajouterfoià lachronologie grecque,

DFgitizedbÿ

(31)

DE» ROMAN

S3 25

ilsse

trompent

d’environ quatre cens cinquante ans ; mais les Turcs n’y regardent pas de sipré». Cela con- viendrait

mieux

à Hésiode,qui fut contemporain de

Salomon

,etàqui

,

suivantlerapportde Quintilien,

on

doitlagloiredelapremière invention desfables,

que

l’ona attribuée àEsope.

.Iln’y a pointdepoètes qui égalentles Persesenlalicencequ’ilsse

donnent

de mentir danslesviesdeleurs Saints

,

surl’originedeleur religion,etdans leurshistoires.Ilsonttellementdéfi- gurécellesdont nous savonslavérité parlesrelations desGrecset des.

Ro-

mains, qu’on ne les reconnaît pas.

Et

meme

dégénérantdecettelouable aversionqu’ils avaient autrefoiscon- tre

ceux

qui se servaient

du men-

songe

pour

«leurs intérést, ils s’en

(32)

*4

LORIGINE

font aujourd’hui

un

honneur. Ils ai-

ment

passionnémentlapoésie;c’est le divertissement des grands et

du

peuple:leprincipalmanqueraità

un

régal,silapoésiey manquait. Aussi tout

y

est plein de poètes, qui se fontremarquer parleurshabillemens extraordinaires. Leurs ouvrages de galanterie,et leurs histoires

amou-

reuses ont été célébrés, et décou- vrent l’esprit

Romancier

de cette nation.

Les Indiens

même

j voisins des Perses, avaientl’espritporté

comme eux

auxinventions fabuleules. San- dabet,indien

,avait

composé

des pa- raboles,quiontététraduitesparles

Hébreux,

et.quel’on trouveencore aujourd’hui dans les bibliothèques des curieux.

Le

pere.Poussin, jé-

I

./-

I

(33)

tiES

EOMANS<

a5 suite , a joint à son

Pachymere

,

qu’il a fait imprimer depuis

peu

à

Rome

,

un

dialogue entre

Absalom

, ,

roidesIndes,et

un

Gymnosophiste, sur diverses questionsdemorale,

cephilosophenes’explique que par paraboles et parfablesà lamaniéré d’Esope»

La

préface portequecelivre avait été

composé

par lesplus sages et lesplus savans de cette nation

,

et qu’il était soigneusement gardé dansle trésordes chartes

du royaume

;

que

Perzoës,

médecin

de Ghosroës

,

roide Perse, le traduisitd’Indien

en

Persan,*

un

autrede Persan en

Arabe

,

et

Siméon

Sethi, d’Arabe

en

Grec.

Ce

livre estsi

peu

différentdesapo- logues qui portent le

nom

de l’in-

dien Pilpay, etquiont paru

en

fran^

çaisdepuis quelques années

, qu’on

(34)

26

DEL* ORIGINE

ne

peut pas douter qu’il n’en soit l’original

ou

lacopie;car

on

dit

que

ce Pilpay fut

un

Bramine, qui .eut part

aux

grandes affaireset au gou- vernement de l’état des Indes sous le roi Dabchelin , qu’il renferma toutesapolitique et toute samorale dans ce livre qui fut conservé par

•lesroisdesIndes,

comme un

trésor de sagesseet d’érudition; quelaré- putationde celivre étant allée jus- qu’à

Nouchiveron

,roi de Perse, il

en

eut, adroitement

une

copie par le

moyen

de son

médecin

, qui le traduisit

en

Persan

;

que

le calife Abujafar Alraansor le fit traduire de Persan en

Arabe

, et

un

autre d’Arabeen Persan; etqu’apréstoutes

> estraductions persiennes,

on

en'fit

encore

une

nouvelle, différentedes

Digitized By'tTî

(35)

des'romans. 27

précédentes,sur laquelle

on

afaitla française. Certainement

, qui lira

riiistoire des prétenduspatriarches, desindiens

Branimon

et

Bremmaw

,

deleursdescendans,etdeleurspeu- plades,

ne

cherchera point d’autre preuvede l’amour decepeuple

pour

les fables. Je croirais

donc

volon- tiersque

quand Horace

aappelléfa- buleux.le fleuve

Hydaspe

, qui a sa

source dansla\Perse, et soA

embou-

chure danslesIndes,ilavouludire qu’il

commence

et qu’ilfinitsacourse parmides peuples fort adonnés

aux

feinteset

aux

déguisemens.

Ces feintes et ces paraboles

.

que

vousavezvuesprofanesdans les

na

\

tions dont je viensde vous parler

,

ont été sanctifiéesdans laSyrie. Les auteurs sacrés s’accommodant àl’és-.

(36)

aS

DE l’origine

prit des juifs, s’en sont servis

pour

exprimerles inspirations qu’ilsrece- vaient

du

ciel. L’écriture-sainte est toute mystique , toute allégorique

,

toute énigmatique. Les Talmudistes ont cru que le livre de

Job

n’est^

qu’une parabole de l’irivention des Hébreux.

Ce

livre,celui de

David

,

m lesproverbes, l’ecclésiaste, le can- tique des cantiques,ettouslesautres cantiques sacrés sont des ouvrages poétiques,pleinsdefigures

,qui pa- raîtraient hardies et violentes dans nosécrits,etqui sont ordinairesdans ceux de cette nation.

Le

livre des proverbes estautrement intitulé les paraboles, parce que les proverbes

de

cette sorte,selon la définition

de

,

Quintilien ,

ne

sont

que

desfictions

OU

paraboles

en

racourci.

Le

can-

V - 4 1

Digitizedby oogTc

(37)

DES HOMANS.

2Q

tîqùe des cantiquesest

une

piece dra- matique,

les sentimens passion- nés de l’époux et de l’épouse sont exprimésd’une maniéré sitendreet si touchante, que nous en serions charmés, si ces expressions et ces lîgurçs avaient

un peu

plusderapport avec notre génie;

ou

que nouspus- sions nous défaire de cette injuste préoccupation qui nous fait désap-- proftver tout ce qui s’éloigne tant soit

peu

de nos mœurs.

En

quoinous nous

condamnons nous-mêmes

,sans nous en appercevoir; puisque notre légèreté

ne

nous permetpas de per-r sévérer long-tems dans,les

mêmes

coutumes. Notre Seigneur lui-même

ne donne

presquepointdepréceptes

aux

juifsquesous le voile despara-»

jjoles,

Le

TaUnucl çpnUent

un

înilUftU

(38)

3o"

DB

L*

ORIGINE

de fables, toutes plusimpertinentes les unes que les autres: plusieurs rabbins les ont depuis expliquées, conciliées ,

ou

ramassées dans des ouvragesparticuliers,etont

composé

d’ailleurs

beaucoup

de poésies,

de

proverbes, et d’apologues. Les Cy- priots, et les Ciliciensvoisins de la Syrie ontinventédecertaines fables qui portaientle

nom

decespeuples:

et l’habitude que les Ciliciens«en leur particulier avaient

au mensonge

aété décriéepar

un

des plus anciens proverbes qui aienteucoursdansla Grèce.Enfin

,lesfablesétaientensi

grande vogue dans toutes ces con- trées

, que parmilesAssyrienset les Arabes, selonle témoignagede

Lu-

cien, il

y

avait de certains person- nages, dontlaseuleprofessionétait

DigitizedlDy'Cj'n'’' ’f

(39)

D

ES' n O

M

A

N

5. 5l d’expliquerles fables;etcesgens

me-

naientune* vie si réglée

, qu’ils vi- vaient beaucoup pluslong-temsque les autres

hommes.

Mais

il ne suffit pas d’avoir dé- couvert

^

source des Romtms', il

faut voir par qu’elle

chemin

ils se sont répandus dansla Grèceetdans l’Italie; et s’ils ontpassé delà jus- qu’à nous,

ou

si nous les tenons d’ailleurs. Les Ioniens

, peuples de l’Asiemineure,s’étant élevés à

une

grandepuissance,etayantacquisbeau-

coup

de richesses, s’étaient plongés dansleluxe,etdanslesvoluptés,

com-

pagnes inséparables de l’abondance.

Cyrus

lesaiantsubjugués parlaprise

de

Crésus, et toute l’Asie mineure étant

tombée

avec

eux

souslapuis- sance des Perses,ils reçurent leurs

DigitizedbyGoogle

(40)

Sa

DE

l’

ORIGINE

mœurs

avec leurs lois, et

mêlant

leursdébauches avec celles

leur inclination lesavaitdéjà portés, ils devinrentlaplusvoluptueuse nation

du monde.

Ils raffinèrent sur les plaisirs

^e

la table, ilsy ajoutèrent les fleurs et les parfums; ils trou- vèrent de

nouveaux omemens pour

lesbâtimens;leslaineslesplusfines et lesplusbelles tapisseries

du monde

venaient de chez eux;ils furentau- teursd’une danse lascive

, quel’on

nomma

Ionique;etilssesignalèrent sibienpar leurmolesse,qu’ellepassa

en

proverbe. Mais entreeuxles

Mi-

lésiens l’emportèrent en la science des plaisirs, et en délicatesse ingé-r ' nieuse.

Ce

furent eux qui,lespre- miers

,apprirent des Perses l’art de faire de fiopiaus, et Jtravaillèrent ai

bigitizedbyClOÔgl

(41)

DES

EO

M

AN.S. 35

éi heureusement que les fablesMilé- sieiines, c’est-à-dire leurs

Romans

,

pleines d’histoires amoureuseset de récitsdissolus

,furent enréputation.

Il

y

aassez d’apparenceque les

Ro- mans

avaient été innocens jusqu’à

eux

,et

ne

contenaientque desaven- tures singulières et

mémorables

,

qu’ils les corrompirent les premiers et les remplirentde narrations las- cives, etd’événemensamoureux.

Le tems

a

consumé

tout ces ouvrages

,

et à peine a-t-il conservé le

nom

d’Aristide,le plus célébré de leurs

Romanciers,

qui avaitécritplusieurs livres de fables,

surnommées Mi-

lésiennes.Je trouve qu’unDenis

Mi-

lésien , qui vécut sous le premier Darius,avait écrit des histoires fa- buleusesJ mais n’étant pas certain

3

(42)

54 l’

ORIGINE

que

ce

ne

fût point quelque

com-

pilation de fables anciennes, et

ne

voyantpasassezde

fondement pour

croireque ce fussent des fables pro-

prement

appellées Milésiennes,je

ne

le mets point

au

rang des faiseurs de

Romans.

Les Ioniens, qui étaient sortis

de

l’Attique' et

du

Péloponese,se sou- venaient de leur origine,et entrete- naient

un

grand

commerce

avecles Grecs. Ils s’envoyaient réciproque-

ment

leursenfanspourlesdépayser, etleur faire apprendre les

mœurs

lesuns des autres.

Dans

cette

com-

munication si fréquente,la

Grèce

qui était assez portée

aux

fables' d’elle-

même

, apprit aisément des Ioniensl’artde

composer

les

Romans,

et lecultiva avec succès.

Mais pour

üigifi2é<rbr<r%Trw*le

(43)

•DES ROMANS. ZS ne

pointconfondre les choses,j’es- saierai derapporter selonl’ordre

du

tems, ceux des écrivains Grecs,qui sesontsignalésdanscetart.

Jen’en vois

aucun

devant

Alexan-

dre-le-Grand ;et cela

me

persuade

que

la science

romanesque

n’avait pas faitdegrands progrès parmiles Grecs,avant qu’ilsl’eussent apprise des Perses

meme

, lorsqu’ils les subjuguèrent,et qu’ilseussent puisé àlasource.Cléarque deSoli,ville

de

Cilicie

,qui vécut

du

tems d’Alexan- dre

,et fut

comme

luidisciple d’A- ristote,est le premierqueje trouve avoirécritdeslivresd’amour.

Encore

ne

sai-je pas bien sicen’étaitpoint

un

recueil de plusieurs

événemens

amoureux,

tirés de l’histoire

ou de

la fablevulgaire,semblable à celui

(44)

36 dE

l’

ORIGINE

que

Parthénius fit depuis sous

Au-

guste,et *qui«’est conservé jusqu’à nous.

Ce

qui

me donne

ce

soupçon

,

est

une

historiette qu’Athénéerap- portedelui

,

sont racontées quel- ques marquesd’estime et de passion

que donna

Gygés,roi de Lydie, à

une

courtisannequ’il aimait,

Antonius Diogenés vécut

peu de

temsaprès Alexandre,selonlacon- jecture de Photius , et à limita- tion de l’Odyssée d’Homere,et des voyages aventureux d’Ulisse, fit

un

véritable

Roman

des voyagesetdes

amours

de DinasetdeDercyllis.

Ce

^ t

Roman

bien que défectueux en plu^

sieurs choses,et rempli defadaises, et de récits

peu

vraisemblables, et à peine excusables

meme

dans,

un

* poêle

,se peut

néfmmojns

appelle^

.^

Dtgitl2ed-by-<jTr>H»|lc

(45)

'

«

DES romans;

37 régulier.Photiusenamis

un

extrait dans sabibliothèque, et dit qu’il le cVoit lasource

de

ceque Lucien,

Lu-

cius, lamblique, Achillés Tatius, Héliodore et

Damascius

,ont écrit

en

ce genre.

Cependant

ilajoute

au même

lieu, qu’Antonius

Diogenés

fait

mention

d’uncertainAntiphanés plus ancien que lui, qu’il ditavoir écritdeshistoiresprodigieuses,sem- blables

aux

siennes:de sorte qu’il peutaussibienavoir fourni l’idée et^ la matière à ces Romanciers qu’il

nomme,

qu’Antonius Diogenés. Je croisqu’ilentend parler d’Antipha- nés,poëte

comique,

que le géogra-

phe

Stephanus et ^d’autres, disent avoir fait

un

livre de relations in- croyables

, et

même

badines. Ilétait

de

Bergé, villede Thrace, mais

on

)

»

DiÿltiiûJbyGoogle

(46)

58 D

E l’ORIGITTE

ne

saitpointdequelpaysétaitAnto-'

niusDiogenés.

Jenepuis vous dire'précisément

en

quelteinsavécuAristidedeMilet dont je vous ai parlé.

Ce

qu’ily

à

d’assuré

,c’est qu’ilavécu devantles guerres de Marius et de Sylla:car Sisenna, historien romain , qui étaitde ce tems*là,a traduitses fa- bles milésiennes. Cet ouvrage était pleinde beaucoup d’obscénités,etfit

f pourtant depuis les délices des ro- mains.

De

sorte que les surenas,

on

lieutenant-général de l’étatdesPar-

tlies,quitiéfrtl’arméeromaine

com- mandée

parCrassus;lesayant trou- véesdansl’équipagede Roscius,prit de là occasion d’insulter devant le sénatde Seieucie,à la molesse des romains,qui

même

pendantlaguerre

DigitizedS</

(47)

ne

pouvaientsepriverde semblables divertissemens.

Lucius de Patras, Lucien de Sa- mosate et lamblique,furent à-peu- prèscontemporains

,etvécurentsous

Antonin

etMarc-Aurele.

Le

premier

ne

doitpasêtre

compté

parmiles

Ro-

manciers;cariln’avaitfait qu’unre- cueilde

métamorphoses

,etde chan-

gemens

magiques

d'hommes

enbétes

,

et de bétes

en hommes

,j allant à la

bonne

foi, et croyant les choses

comme

il les disait. Mais Lucien- plusfinque lui,en a rapporté

une

partie pour s’en

mocquer,

selon sa

coutume,

dans lelivre qu’il a inti^

tulél’âne de Lucius, pour

marquer que

cette* fiction était prise de luil

En

effet

,c’est

un

abrégédes

deux

pre- miers livres,des

métamorphoses de

(48)

ilo

DB L’oRlGtîTE

Liicius, etcet échantillonnous fait voir

que

Photiusa

eu

raison de se plaindre dessaletésdontilétait

rem-

pli.Cetâne si ingénieuxetsibien dressé, dont ces auteurs ont écrit rhistoire, aquelque rapport avec

un

autre de pareil mérite

, dont parle ailleurs le

même

Photiusaprès

Da-

mascius.Ildit qu’ilappartenait à

un

grammairien

nommé Ammonius

,et qu’il était

doué

d’unsi gentilesprit

,

et tellement

pour les belles cho- ' ses

,qu’il quittait leboireet le

man-

gerpour entendre réciterdes vers

,

etsemontraitfortsensible

aux

beau- tésdela poésie.

Le

Brancaleoné est sansdoute

une

copiedel’ânede

Lu-

cien,

ou

de celui d’Apulée. C’est^

une

fiction Italienne fort divertis- santeetpleined’esprit.Lucien,outre

DigitizedI

(49)

CE

s

ROMANS/

son

Lucius, afait

deux

livres’d’his- toires grotesques et ridicules, et tju’il

donne

pour telles,protestant d’abord qu’elles

ne

sont jamaisarri- vées, etn’ont

pu

arriver.Quelques-uns voyantceslivres jointsà celui dans

'lequelil

donne

des préceptes

pour

bienécrirel’histoire,sesontpersua-, désqu’ilavaitvoulu

donner un exem-

ple

de

ce qu’il avaitenseigné.Maisil déclare, désl’entréede son ouvrage qu’il n’avaitpointd’autre dessein

que

dese

mocquer

de tant de poètes

,

d’historiens, et'

même

de philoso- phes, qui débitaient^

impunément

des fables

pour

desvérités, et écri- vaientde fausses relations,des pays étrangers,

comme

avaient faitCré- sias etiambulus. S’il est

donc

vrai,

comme

l’assurePhotius

,quele

DigitizedbyGoogle

(50)

42 ÎÎE l’

ORIGINE man

d’Antonius Diogenés a étéla sourcede ces

deux

livresde Lucien; il faut entendre

que

Lucien a pris occasion de ce

Roman

, aussi bien,

que

deshistoiresfabuleuses de Cré-

siasetd’Iambulus, d’écrire les sien- nes

,pour enfairevoirl’impertinence et lavanité.

Ce

futdansce

même

tems qu’Iam- bliquemit aujourses l>abyloniques.

C’est ainsi qu’ila intitulé son

Ro- man

, dans lequel il a surpassé

de

bienloinceuxquil’avaient précédé^:^

carsi l’on en peutjugerparl’abrégé

que

nous en a laissé Photius,

son

desseinne

comprend

qu’une action revêtue d’orneinens couvenaljles, et

accompagnée

d’Episoiles prisdansla matière

même. La

vraisemblance yest ebservée avec assez,d’exactitude,et

Digitizê?Bytî^ôgle

(51)

ftEs

romans;

«

les aventures

y

sont mêlées avec

beaucoup

de variétéet sans confu- sion. Toutefoisl’ordonnance de son dessein

manque

d’art. Ilasuivi gros- sièrement l’ordre des tems,et n’a pasjetéd’abordlelecteur,

comme

il

le pouvait,dansle miliçu

du

sujet, suivant l’exemple

-qu’Homere en

a laissé dans son Odyssée.

Le

temsa respecté cet ouvrage, et

on

1a

dans la bibliothèque de l’Escurial.

Héliodorel’asurpassé dans la dis- position

du

sujet,

comme en

toutle reste.Jusqu’alors

on

n’avait rien

vu

de

mieux

entendu, nideplusache- vé dans l’art

Romanesque,

que le^

aventures de

Théagene

etdeCariclee.

Rien

n’est plus chaste que leurs amours; en quoi il parait

qu

outre la*religion chiétieiuie donti’auteur

(52)

t

Î4 DE

l’ORIGî

^ ë

faisait profession

,sa propre vertd luiavait

donné

cet air d’honnêteté qui éclate dans tout l’ouvrage:et

en

cela

, non-seulement lamblique

,

mais

même

presque tous les autres quinoussont restés, luisontbeau-

coup

inférieurs» Aussi son mérite l’éleva-t-ilàladignité del’épiscopat*- Ilfut évêque de Tricca, ville

de

iThessalie

,etSocrate rapporte qu’il introduisit dans cette province, la"

coutume

de déposer les ecclésias- tiques qui

ne

s’abstenaient pas des

femmes

qu’ilsavaientépousées avant leur entréedans le clergé.

Tout

cela

me

rend fort suspect, ce qu’ajoute Nicephore, écrivain crédule,

peu

judicieux, et

peu

fidele

, qu’unsi-

node

provincial voyant le péril

lecture de ce

Roman

,qui étaii

DigitizedbÿCtoogt

(53)

D

Es ,

R

O

M

A

N

s; ‘45

âutoriséparladignitédesonauteur, faisait

tomber

lesjeunes gens, et lui ayant proposécettealternative

,

ou

de

consentirque son ouvragefutbrûlé

,

ou

de se défaire de son évéché, il accepta le dernierparti. Je

ne

puis

,

aureste,assezm’étonner

, qîi’un sa- vant

homme

deceteins

,ait

pu

douter

que

celivre futd’Héliodore, évéque deTricca,aprèsletémoignagesiévi->.

dent de Socrate, de Photius, etde Nicéphore,

Quelques-uns

ont cru qu’ilavécu surla fin

du deuxieme

siecle,leconfondant avec Héliodore

Arabe

,dontPhilostrateaécrit lavie parmi celles des autres Sophistes,'

Mais on

sait qu’il a été contempo-i raind’Arcadius etd’Honorius. Aussi voyons-nousque dansle dénombre-s meixt(juephotiug%fait rPiftauciçr^

(54)

'46

»

E l’ORîG1

N

fi

qu’il croitavoir imitéAntoniusDio-- gênés5

illesa

nommés

selonl’or- dre des tems,il a mis Héliodore après Iumlilique,et devant

Damas^

cius quivécut

du

tems de l’empereur Justinien..

'

A

ce

compte

Achillés Tatius qui

a

fait

un Roman

régulier des

amours

de Glitophon et de Leucippe,l’au- rait précédé; car c’est le seul fon-

dement

que je trouve pour conjec- turersonâge. D’autreslejugentplus récentpar le style.

Quoi

qu’iRen.

soit

,iln’est pas comparableà

Hé-

liodore nienl’honnétetédes

mœurs,

ni enla variété des événeraens, ni

en

l’artifice des dénouemens.

Son

style,à

mon

gré, est préférableà celui d’Héliodore;ilestplussimple etplus naturel,l’autre estplusÆi'cé;^

DigitiZîîtfr-rCrîm-^lc

(55)

DE»

RO

M

AirS. 4-7

On

dit qu’il fut enfin chrétien,et

même

évêque. Jem’étonne qu’on put

siaisémentoublier l’obscénitéde son livre,etbienplusencore

que

l’em- pereur

Léon, surnommé

le philo-

sophe

, enaitlouéla modestie par

une épigramme

qui nous est de-

meurée

f etaitpermis

,et

même

con-

seillédele lired’unbout àl’autreà ceux qui font profession d’aimerla chasteté.

Je mets iei peut-êtreavectrop de hardiesse cet Athénagoras, sous le

nom

duquel

on

voit

un Roman

in- titulé ;

Du Vrai

et

P

arjait

Amour, Ce

livre n’ajamaisparu qu’en fran- çais,de latraductionde

Fumée

^qui

-ditdans sa préface qu’il aeul’ori- ginal grecde monsieur de

Lamahé

,

protonotaire de monsieur le cardi-

(56)

«

•'48

DE

l’

ORIGINE-

nal

d’Armanac

, et qu’ilnel’avaitja- mais

vu

ailleui-s.

T

oseraisquasiaj*od- ter que personne

ne

l’a jamais

vu

depuis:carson

nom

n’ajamaisparu,*

que

jesache,dansleslistesdes biblio- thèques:ets’ilsubsisteencore,ilfaut qu'il soitcaché dans la poussière

du

cabinet de quelque ignorant, qui possédéce trésor sans le savoir,

ou

de quelque envieux, qui

en

peut fairepart aupublic sans levouloir.

traducteur dit ensuite, qu’il le croit

une

production de ce célébré Athénagoras

,qui aécrit

une

apolo- gie

pour

la religion chrétienne

eu

forme de légation

, adressée

aux

empereurs Marc-Aurele et

Com- mode

, et

un

traité de la résurrec- tion.Il se fonde principalement sur legtjrlequ’il tj'ouveconformeà celui

de

’DÎgitlzed*t5ÿT

(57)

de cesouvrages, et'dontil a

pu

ju- ger,ayantlesoriginaux

en

son pou- voir.

Et

il le prendenfin pour

une

^véritable histoire

,faute d’intelligence

en

l’artdes

Romans. Pour moi

,quoi

que

je n’en puisse parleravec assu- rance

,m’ayant pas

vu

l’exemplaire grec; néanmoins sur la lecture

que

j’ai faite delatraduction, jenelais- serai pas de vous dire

,que^ cen’est pas sans apparence qu’il l’attribueà Athénagoras, auteur de l’apologie.

iVoici

mes

raisons. L’apologisteétait chrétien:celui-ciparledeladivinité d'une maniéré quine peut convenir qu’à

un

chrétien;

comme quand

il faitdire

aux

prêtres

d’Hammon

qu’il n’y aqu’un

Dieu

, dont chaque na- tionvoulantreprésenterl’essence

aux

simples, a inventé diversesimages,

(58)

5o

DE

l’

ORIGINE

* ^

quin’exprimentqu’une

même

chose

;

que

leur véritable signification s’é- tantperdue avecletems,levulgaire avaitcruqu’ilyavaitautantdedieux qu’onenvoyaitd’images; que delà est venue l’idolâtrie

;que Bacchus, en glatissant letemple

d’Hammon

,

ti’ymitpointd’autreimage quecelle de

Dieu

; parceque

comme

iln’y a qu’uncielquin’enferme qu’un

mon-

de, il n’y a aussi dans ce

monde

N

‘qu’un-

Dieu

qui se

communique en

esprit. Il en faitdire autant et da- vantage, à, de certains

marchands

Egyptiens:savoir

,que lesdieux

de

laFable

marquent

les différentesac- tionsde cette souveraine etimique divinité

, quiestsans

commencement

etsans fin, et qu’il appelleobscure

^etténébreuse

, parcequ’elle estinvi-

(59)

DES ROMANS.

* 5t sible et incompréhensible.

De

plus

,

les raisonnemensque font ces prê- tres, etces

marchands

sur l’essence divine,sontassezsemblables à

ceux

d’Athénagoras dans sa légation. Cet apologisteétait

un

prêtred’Athènes, .celui-ci était

un

pliilosophe d’Athè- nes.L’unet l’autreparaissent

hommes

de

bon

sensetd’érudition,etsavans dans l’antiquité. INIais d’un autre côté, plusieurschosespeuvent faire soupçonner ,

non

- seulement qu’il n’est pas l’Athénagoms chrétien , niais

même

quecetouvrageestsup- posé.^hotius ayant parlé avec assez d’exactitudedes faiseurs de

Romans

qui l’ont précédé,.ne dit rien de celui-ci:

on

n’en voit

aucun exem-

plairedans lesbibliothèques,et ce-

,lui

même

dont s’est servi letraduc-

(60)

5a

DE

L*

ORIGINE

teur, n’a point paru depuis. D’ail- leurs,il représente la

demeure

, la 'vie, et laconduite des prêtresetdes religieuses

d’Hammon,*

sisemblables

aux

couventsetaugouvernement

de

-nos moines''et de nos religieusesj

qu’elle s’accorde

mal

avec ce

que

l’histoire nous apprend

du

tems

laviemonastique a pris naissance

,

et

elle s’est perfectionnée.

Ce

,

qui

me

paraît'

donc

de plus vrai- semblable danscetteobscurité, c’est

que

l’ouvrage est ancien

,mais plus

nouveau

quel’apologie: car j’y vois

-

un

savoirsi profond dansleschoses

‘de lanature etdel’art

, tantdecon-

naissances dessièclespassés

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