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Mélangés Intéressans. i$

miniftration publique, peut avoirlesplus grands inconvéniens. Il eft abfurde dé croirequelafeulelumièrenaturelle puifle guider nos jugemens, quand il s'agitde lesexercer furdes règles écrites.Pour fe décider, conjointementà ces règles,ilfaut lesconnoître. Erudimini qui judicatister~

ram.

L’élève nedoit, félonmoi, paflerà la le&ure des Poctes,quaprès avoir acquis pasfesétudes préliminaires une certaine jufteire d’efpritquipuiflelegarantir contre les fauflesimpreflionsquelaPoëlîe fait or-dinairementfur l'imagination ardentede lajeunefle. Les Poëtes(li l’on en excepte ceux, enpetitnombre, qurontexcellé)pour fixerla curiofitépar l’attraitdu merveil-leux,préfententfouventla vérité

&

la fa-ble,fousunjournouveau

&

extraordinaire;.

Un

des plus grands avantages deleurart, eftdeféduire par des images agréables.

Autantilpeutorner l’efpritparlafinelïede la délicateffe,aveclaquelleiltra*e le ta-bleau despallionshumaines*autantileft

*4

Mélangés

Intéressant, dangereux pour les ignoraDS quien font leurs délices. Combien ne voit

-on

pas d’hommes

&

defemmesenivrésdçcet art aimable, en porter la légèreté dans les affaireslesplusimportantes!Lescharmes féduifans delaPo'efie, s’étantemparéde bonneheure deleur efprit, en ont banni la juftdfe

&

lafolidité.Teleftletableau que nous préfente l’ingénieux

roman

de Cervantes, donc le héros auroitfait un excellent pèrede famille, fila leéture fré-quente desromansneluieûtpas gâté L’ef-prit,enluiinfpirant la foliedela Chevalerie-errante.

Quçn

neir\cfoupçonne pas cependant d'être l’ennemi déclaré de laPo'efie-, ni d’adopter, iaus rçferve, lefentimcnt du fage Platon, qui bannit touslesPoëtesde laRépublique. Selon ce Philofophe,ils don-nent àlajeunefiedesidées faulles,enlui préfentantlafable fousl’air delavérité^

&

en défigurantlayériçéparlestrait^

fiéliou.IlsblafphcmcntlaDivinité

même,

Çîi.ltfiptcuntlçsfojbiçfiçs lesplus

Mélangés

Intéressans. if fcsde rhumanité,5? nourrirent l’ambition

&

l’orgueil desgrands parlaplus balleflatterie^.

««Auguftc,ditl'Ariolle,en étendantcette penféede Platon,nefut ni fi Page,nifi

»

clément,quele peint Virgile.Son goût

3opourleslettresluifitpardonnerfacruelle

profeription. Peut-ctre ignorerait

-oa

»

lesinjufticesde Néron,peutêtre

ceten-33nemidesDieux

&

des

hommes

jouiroit-il aujourd'hui d’uneaufïibonneréputation,

»s’ileût fçu fc concilier l’amitiédesgens;

33delettres.« ,

Quantàmoi,jeregardelabonnePoc’fie

comme

unedesplusexcellentesproductions del’efprithumain,

&

laleéturedes Poe'-tes,

comme

très-agréable

&

très-utile;

maisenla faifantprécéderparlesétudes que5j’aiindiquées. n t

C’eftainfi

, que,fousla dirc&ion d’ua maîtreéclairé,l'efprit

&

lecœurd’un jeune

homme

dedix-fept ans, fe trouveraient, forméspar cesétudes importantes

&

né-f ceflairesque l’homme,libre dufrein delà dépendance, 8c entraîné parl’attrait des

i6

Mélangés

Interessans.

plaific$, n’entreprendqu’avec peine,

ou

abandonneaifément. Je mettrois enfuire entrelesmains

démon

élève,

Celsc&Hi-pocrate

pourqu’il yprîtdebonneheure, quelquesidées fur faconftitutionphyfique

,

&

pourqu’il lut percercemyftère

perpé-tuel, oùfont prefque tous les hommes,' fur la nature delaMédecine. L’elprit for-tifié parces connoiflances fondamentales

,

ilpourrafe livrerà l’étudedes autres

feien-ces,

&

ilferapropre à faire uncitoyen

utilepourl’état

&

pourlui-mcme.

•tfœ—

ssssr»

Le Monde

y

par Mylord

Chcfterfitld.

monde

a bienchangé,jel’avoue:nos chênes ne valent pas ceux de

Dodone

jnos chevauxfont bieninférieursauxcentaures

,

&

nousne voyonsplus dephœnix.

Com-ment l’homme n’auroit-ilpasdégénéréï

Mais, ne(croit-cepasunton dela

mau-vaile

humeur

,£ut lequel desgensd’efprit

Mélangés

Intéressans. i7 auroientmontétesfots,qui, femblables aux (crinst fifHent toujoursle

même

air qu’onleurafaitapprendre dansl’obfcurité?

La

malignité de i’efprithumain n’élèvefi fortlancienne vertu,quepourCerabattre*

plus fortement contre le mérite de fou fiècle.

.Les Auteurs ,

&

fur-tout tes Po’e’ces;

. font de grands

hommes

fansdoutei mais

^

unpeufujets à la vanité

&

àlajaloufie.

On

'

dit qu’ilsne s’aiment pointentr’eux, ce-pendant ils louent beaucoup un auteur mort, &lui donnentdel’encens à propor-tionqu’ileft plus reculédansl’antiquité.

Mais

laifionslePoète> pafionsaucercle desPolitiques.

Nous

en avons au moinstroismillions dans le

Royaume

,tous enétatde gou-verner,

&

cependantl’Angleterre eftdans laplusmauvaifefituation. J’entrai1autre jourdans uncafé,feulement pour y ap-prendrecequedevenoit

ma

pauvre nation.

Je

me

placeàportéeduplusgrave bureau,

préfidoitun

homme

dontlesrides

an-iS

Mélangés

Intéressans.

nonçoientbeaucoupde prudence.Ilencroie heureufementàTonexorde,qui roula fur l'étacdélabré de nos Colonies. Là-defTus,

venant à parlerde l’Oyo

, il en tracele cours avec ledoigt furlatable,il ve-noitde répandredu café, danslachaleur dudifeours

: parla

même

occafion, iltire deslignespour marquerles limites de la Ruflie, de l’Empire

&

delaPrude.Il an-nonceeu

même-

teins une guerre fanglantc fur lecontinent,calculelesfubfidesdont onavoir befoin pourlafoutenir,combine lesmeilleursmoyensdeleslever,

&

veut parierqu’on nes’en fervira pas.Puis termi-nant la péroraifon d’un ton pathétiquer

*cen’eft pas ainù, s'écria-t-il, que fe

»menaientlesaffairesduternsd'Elifabeth:

»

l’intérêt public étoit pcfé

,

&

lesgens

aacapablesconfulrés

&

employés.

C’étoienc-*>•véritablement de beauxjours!...Et de

»

bellesnuits aufli,repritunjeuneéventé, as qui n’avoitencoreriendit

, plus

longues-» oupluscourtes, fuivantladiverfuédes

Mélangés

Interessans. 19

33 faifons....

Au

refte debeauxjours, tout

33

comme

les nôtres.

«

Monfieurlepréfident futd’abord étonné decertebrufque interruptionjmais, pour-fuivant aveccemépris quiliedaux

hommes

de poids:«<Je nedispas desjours aftro-33nomiques, mais des jours politiques»

33

Oh!

bien, Monfieur,répliqua lejeune

33

homme

, je fuisvotre ferviteur,

&

il fortit avec un éclat de rire. J’en fortis aulfien gemillant fur le malheur de

ma

patrie

, qui, depuis fafondation, avoic été gouvernée par deux ou troisSujets, ordinairement lesmoinsdignes dela con-fiance publique. Jefus interrompu dans mes triftesréflexions, parunefoule qui fcprelfoit d’entrer dansfamaifon. Je re-connus

mon

ami MonfieurRégnier; ce Tailleuradmirable,quiemploieleulvingt boutiques. Je lui demandai raifon de ce concours.Ce font,

me

dit-il,

MM.

les Maîtres Tailleurs, quis’afl'emblentaujour"

d'huipourreprimerl’infolencedenosGar»

çons, qui prétendentaugmenterleprixde.

ao

Mélanges

Ïntérêssans.

leurs journées.

Ne

pourrois-je pas, lui dis-je , entendre vos délibérations ? Il m’introduifù dans lachambred’affemblée, où Tonn'attendoitque

mon

amiRcgnier

,

fâns lequelou ne pouvoirrien arrêter.

Ce

furlui eneffet, quiouvritla féance par undifeourstrès-véhément

,où,aprèsavoir combattulesprétentions exorbitantes des GarçonsTailleurs, il conclutque, fi le

Gouvernement n’étoitpasentrelesmains de mazettes, on neverroitpointdesabus

fiénormes;

&que,

filesouvrierss’éroienc avifés defaireunepareilleincartade fous le règned’Elifabeth, elle auroit bien fa corriger leur mutinerie.

Un

autreMaître Tailleurfelevoitpour haranguer; mais,

jefortis, perfuadé qu’on ne pouvoirrien oppofer ni ajouterà l'éloquencede

Mon-Ceur Regnier.

Je continuai

mon

chemin pour arriver chez moi, lorfque je

me

trouvai encore arrêté parune nouvelleprells.

Comme

je fuisbadaud par réflexion,

&

quej’aimeà

tirer desconféquences detout, jevoulus

M

élangés Intéressons. tr favoirficene(croitpaslesGarçons Tail-leurs qui s’aflembloient deleur côté.

J’encrai: l'orateurde ceCorpsnombreux crioit à l’injuftice,

&

rappeloitd’un air échauffé, lamisère de(esConfrèresjildie que, fi l’on ne gagnoitrien, iln’yavoit pas

moyen

des’établir5quelecatpériroit, fautede populationj que*c’étoitune ty-rannie fansexemple5 que,files Maîtres Tailleurs avoient ofé la

même

chofe fous

U

Reine Elifabeth, elley auroit bienmis ordre.Je ne pus m’empêcher derire, en voyantcetteconformitéd'expreflions

&

de (èntimens encre

mon

politique,lesMaîtres Tailleurs

&

leursOuvrier?.

%i Mélangés

Intéressans.

•c============

0-EJfai

fur

laConverfation9 traduitde

r A

nglois,

Xe

talent(i)de rendrela converfation agréable, fuppofe beaucoup d’art

&

de délicatefle.Rienn’eftfifacileavec nos in-férieurs, parcequela déférencequ’ilsont pour nous,metlechoixdufujet entrenos mains,

&

nousdonnelalibertédele chan-gerànotregré.Lesdifficultéscommencent avecnos égaux*Ilsontle

même

droitque nous auchoix

&

au changement5

&

3 la civilité nousoblige quelquefoisaiesfuivre dans undifeoursquieftfansagrémentpour nous, ou que nous avonspeineà compren-dre.L’embarras augmente avec nos fupé-rieurs.Ilfautfctaire, ouentendre parfai-tementce qu’on dit. Lerefpeélne nous

F(0

CetteTraductionn’eftqu’un fragmenttTuiie pluslonguePièce.

Mélangés

Interessans. xj permetpointdechangerlefujet;

&

,s’ilsle

changenteux-mcmes, notre devoireftde fuivrc,&notre devoireftde ne pasparoîtrc ignoransfurtoutce qu’il leur plaîtde pro-.pofcr.Mais,c’eftparticulièrement avecles :§>erTonnesdequalité,qu'on nefauroittrop ufer de précaution, fi l’onveut fctenir riong-tems dansleur eftime.Tropde favoir

&

d’agrémentles blefle

,parcequ’il leurfait fentir ce qu'il leur manque. Troppeuleur -pefe

&

les ennuie.Ilsméprifentcequine

;ivautpas plus qu’eux.Ilsredoutentcequi Jesfurpafle de troploin.

On

faitl’aventure,

de ceGentilhommeItalien

, qui perditle

Chapeau rouge, pour avoir montréplus d’efprit qu’un Cardinal qui fut éluPape quelquesjours après.

En

général, laconverfation avec nos égaux ounos inférieurs, demande beau-'coupde douceur

&

decivilité,unairou^

vertdansles manières,

&

un tour

obli-•géant dansl’cxprelTion:avecnosfupérieurs -c'eft une confiance honnête, fans pré^

fomptioa

; un mélangede favoirScdc

be-V*