fe faitauxdépens delafincérité; mais il fuffit qu’ilen réfulteunbienpourla So-ciétéen général.
Jenevoudroiscependant pas qu’onprît
mal ma
penfée,&
qu’on s’imaginât que jerecommandequ’onfîtunufageaufïipro-fane
&
aufïicriminel de la politefle,que
delàfairefervird’inftrumentà lafourberie
Tome
I.premièrePartie,E
4
*Mélangés
Intéressans.&
àlaperfidie;jeveuxfeulement conclure decequej’aidicci-deflus, combienlemé-ritedelapoliteflepeutrelever celuidela vertu
&
delàcandeur,puifqu’ileftautant (capablede diminuerlalaideur&
l’atrocitédu
menfonge&
duvice.L’amour
&
l’amiriéproduifentnéceflaire-ment
&
autorifent avec railonlafamilia-rité;mais,alors
même
,ilfautquelapo-litefleenmarquelesbornes;carilneftpas rarede voirdesexemples depallions
&
d’a-mitiésaffbiblies,& même
tout-à'fait dé-truitesparune trop grandefamiliarité: une certaine retenue, uneréferve polie aflure àcetégard notreplaifir fanslediminuerenrien. *
La politeflefait auflï l’ornement
&
le biendu commercedelà vie; ellenous at-tache; elle nous rend chers les unsaux
autres;&
, enmême-tems
qu’ellenous aflure&
nouspermet uneliberté raifonna-ble,, elle mec un frein à cette licence ?indécentedansles difeoursqui éloigne les boonètes gens,ouepiles révolte contrç‘
Melances
Intéressais. 9*nous. Les grandstalens illuftcencun
homme,
un mériteéclatant le fait refpeéler, un profond lavoirlefaiteftimer, lapolitcllc feuleluigagnelescœurs.C
<as »
Effai
fur
la nécefjitéd'écriredans fa
propreLangue
,traduitde/’Italien deM,
leComte
Algaroiti. (i)C’est
àlaréunion d’une foule de caufes phylîques&
moralesqueles Anciens doi-ventles avantagesqu’ilsont eusfurnous enlittérature,&
lur-toutdans l’éloquence 8c la poëfîe: telle eftau moins l’opinion(1)Cec effainousaétécommuniqué parun
homme
delettres,qui afaitune ccude particu-lièredesAuteursIraiiens, 8cqui fepropofe de publierdans notre langueun choixdesmorceaux littérairesdeM. leComteAlgarotti,eny com-prenantle Newtonianifme des Dames, auquel l’Auteur afaitdeschangementcoaûdérables depuisI9.traduction publiéeeu175?.
Eij
ïoo
Mélangés
ïntéressans.commune
de laplupartdesSavansquia«
tribuentà ceconcours heureuxla perfection àlaquelle ces Artsont étéportéschezles peuplesde l’antiquité. Iisn’étpient point obligés,
comme
nous,defelivrer àune mulcituded'études différentes,nideperdreun
tems précieuxà celle deslanguesécran*gères,
&
cetavantagen’apas peucontribué peut-être àleursprogrès.Chez lesGrecs, l’idiome favantn’étoit autre chpfe quel’idiomevulgairejilsignor roient cequec’étoitqu’une langue morte
?
qu’on dût apprendreauxenfans avantcelle 4eleurpays.Leméprisqu’ilsavoientpour tpus les peuples qui ne partaient pas Iç Grec,étoitfansdouteuneffetde leuror-#
cueil;mais ildevint en même-tems une desprincipalescaufesdeleurs fuccèsdansles lettres: lifantpeu, ilspouvoientréfléchie beaucoup.Ilsdonnoientàl’étudedeschofes un tems qu’ils n’étpient pas forcés d’em*
ployeràremplir leur mémoire de mors.
Ilspouvoient aumoins leconfacrer àétu-*
djer, à cultiver, àembellir leur propre
>iin — il it»
Mélangés
Intéressais.«...- . . - i,
langue,-
&
ee font-làlespremiers pas vers l'éloquence&
la poëfic.ParmilesRomains,ileftvrai,ceux qui voulurent fefaire un
nom
dansleslettres&
dans les fciences, furent obligésd'ap-prendre lalanguedes Grecs, devenusles maîtresde leursvainqueurs. Mais], quoi-qu’ils enflentfanscefle leurs livres entre lesmains,quoiqu’ilsen fîflent leprincipal objetdeleursétudes,ilsnefcpiquoient ce-pendant pas decompoferen Grec:ils
au-*
roienf dédaignéd’écriredans uns autre lan-guequecettelangueviétorieufe
&
fouve-;raine,quiduhautduCapitolediéloit des loixà l’univers.
«
‘
LesModernes,aucontraire,font forces d’apprendrelesdifférenteslanguesque pat-ientouqu’écriventlesNations,avec les-quellesilsontdes relationsdecommercede .littératureoude politique,
&
qui nele.ee-.denrpointlesunesauxautres,nipourl’ef-\
prie,nipourlapuiflance*
A
cetteétude,il -faut qu’risjoignentcelle deslanguesGrec-ques
&
Latines,qui font regardéescomme
Eiij
101
Mélangés
Intéressàns.lafource
&
letréforde toutes nosconnoif*fances: telles fontles loix quenous im-pofe une certaine néceflité littéraire
&
po*litiquequiréfultede laconftitution a&uellè du monde.
De
là milledifférencesentrenous&
les Anciens par rapportàlalittérature.Leurs Auteursn’écrivoicntquedans leurpropre langue: quelques-uns des nôtres préfére-rontd’écriredans une langue étrangère,ou
parce qu'ils laregardentcomme
plus har-monieufe&
plusnoble,ou parcequ’elle eftplus généralement entendue.D’ailleurs, ceux^qui feconfacrentaux lettres&
quiméritent réellementle titredeLittérateurs ,
ne veulent dépoferleurspenfées quedans
le(an&uaire deslangues mortes,quifont connues dans touslespays, dontlesloix font invariablementfixées parl’ufage
&
parl’autoritédesbonsEcrivains,3cqu’on peut regarder,en un mot,
comme
les lan-guescommunes
del’univers.Ces raifons peuventparoître fpécieufes au
commun
desLittérateurs5ilspeuvent'
ir I » mmém. -l
.*
Mélangés
Interessans. 10^imaginer qu’en écrivant dans une langue favante, ils placerontleurs
noms
à côté deceux des grands maîtres de l’antiquité,&
ferontadmirerplus univerfellement lesrefîourcesdeleurgénie. Rien-deplustr.al
conçucependantqueleprojet d’écriicdans uneautre languequelaficnne.Chaque
Na*
tion alamanièrepropre devoir,de penfer, defentir:chaquepeuple conçoit,ordonne,
&
exprime différemmentTesidées. Ainfi,le génie d’une langue-eft néceflairement différentdeceluidetouteslesautres
,parce qu’il eft modifié tout-àla-fois par mille caufesdifférentes, tellesquelanaturedu climat, legenredesétudes,laReligion, leGouvernement,l’étendueducommerce, lagrandeur de l’Empire,
&
touteslesautres caufesenfin,dontlaréunionformel’efpiic&
lecaraéfère propre de chaque Nation.Elles concourent à établirune différence efîcntielleentre leslangues,
comme
entre lesPeuples:auffi lesPolitiques regardent-ilscomme
naturellement ennemieslesNa-.tiensqui neparlentpasle
même
langage.Eiv
104
Mélangés
Intéressans. '— - -y
—
——
-h— LeftyledesOrientaux, pleinde méta-phores,effc auflichaud,-auffibrûlantque leclimatqu’ilshabitent, La langue Latine dans la bouche d’un Peuple de Soldats n’avoitni cetteharmonienicettedouceur d’expreflîonquicaraétérifelalangue Grec-que5 maiselle étoit plus hardie
&
plus concife.Horace comparel’une àunvinde _Palerne, généreux&
auftèrejl’autre,àun vin deChio,quyéunitlavigueurà l’agré-ment. Notre langueeft flexible,harmor
nieufe, propreauximages.
Une
tournure libre&
facile,une expreflionnoble diftingue lalangueFrançoile.Touteslesdeuxportent l’empreinte ducaraélère des Nations qui lesparlent: lesEfpagnols quidonnent des Loixà tantdevaftescontrées,ont une élo-cution grave&
majeftueufe. La langue Angloifes’eftenrichied’unefoule d’expref-lîons tiréesdu commerce, desfciences abs-traites,
&
fingulièrement delaMarine:libre
comme
lePeuple quis’enSert, ellefe plie moins qu’aucune autre aujoug im-portun5ctyrannique delagrammaire..
* Mélangés
Intsressans. 105 Pourqu’un Auteur pûtécrireavecfuccès dansunelangue étrangère,ilfaudroitdonc que,femblableauProthée delaFable,ii fcdépouillât entièrementde Ton caraélère propre&
originel,quiàtoutmoment
fait effortpourlereproduire,&
qu’ilfepéné-trâtd’un caraélère fa&icc,dont l’enfemblc feroitleréfultatd’ungouvernement,'d’un.
climat, d’un fyftême de chofes quiluifont
.entièrement étrangers. Aufli neparle-t-on qu’avec étonnementdeceGrec, dont l’ef-pritToupie5c flexible pouvoitledifputer definefle auxAthéniens, de lévérité aux Spartiates, quiaumilieudel’Afiefembloic avoir oubliéqu’il étoitné enEurope,5cqui devenoit fucceflivement citoyen dechaque
* paysqu’ilhabitoit. AufliEnnius qui Civoic troislangues, difoit-ilénergiquement de l.ui-mêmequ’ilavoit troisâmes.
Dans
leflècledernier,où
nous donnions letonaureftede l’Europe, oùl’onne rc-gardoitcomme
aimables, que ceuxqu*adoptoienc nosmanières,
& comme
fa-yans, queceuxàqui nos AuteursécoiencEs
io G
Mélangés
Intéressans.familiers, plufieurs beauxefpritsFrançois fefont exercés dans notre langue. Quelques-uns,à forcede nousétudier, ontreuffia compofer des ouvrages,dans lefquels on retrouve allez l*air
&
le genie Italien, Telles font,entre plufieursmorceauxqu'on pourroitciter, lesviesde LéonardVinci&
de Léon-Baptifte Alberti,écritesparRaphaël Dufrefne,
&
fur- tout quelques piècesdeMénage. IÎ efl:peu de nos Au-;ceursqui aient auffi-bienconnules redout-ées de notre langue.Mais aucunFrançois n’amieuxécriten Italienque l’Abbé
Ré-gnier, au jugementmême
de l’Académie delaCrufca, qui attribua à Pétrarqueune defeschanfons.Nous
luidevons une tra-du&iond*Anacréon,bien fupérieureà celles de tous nos Ecrivains Tofcans.Ilfut, en unmot,
enPoëlîe, cequelePoulïînaété enPeinture, citoyen François ,&
Au-teurItalien, tantilavoit étudié nos Litté-rateurs&
profitédes connoiflances qu’adû
luiprocurerlelongfejour qu’ilafait
parmi
nous.Mélangés
Intéressans. 107 Aufurplus,ileft,àtouségards, beau-coup plus aifé d’écrire dans une langue étrangère, mais vivante,quedanscelles dont leslivresnenouspréfententqueles traitsmatériels8cinanimés:eneffet, quel-quedifférencequemettent entrelesNa-tions leur génie, leursgenres d’étude, leur puifîance, ilfubfîftecependant tou-joursentr’elles.des relations,une analogie qu’on peutfaifir.Quelsavantages nedonne pas d’ailleurs à celui qui veut s’exercer dansune'langue,lecommercedeceuxqui la parlent.
Iln'eneftpasde
même
d’une langue morte,delalangue Latine, queje pren-drai pour exemple,
comme
celle dontlesSavansfeferventplusordinairement. L’é-ducation desRomains étoitfondéefurdes principes de Religion
, des études, des coutumes,des
mœurs
abfolumentoppofés aux nôtres, De-làunefoule d’exprefiions relatives à leursufages,&
qu’il eftira-polfibled’appliquerànos inftitutiotts.Dire avec
Bembo, Lime
DiisManibus, pourE
vjlo8
Mélangés
Intéressans.célébrer la Melle des Morts. Intcrdicere
aquâ
&
igni,
pour fulminer l'excommuni-cation. Collegiumaugurum,pour lefacré Collège j c’eftchoquer aufliridiculement leCoflume,quederevêiirundenos Doc-teursde laroge
Romaine
, oud'élever fur nosautelslaftatue deVénus Anadiomênc&
deMarsvengeur.Non
mihimille placent,non fumdefultor amoris.(i)SpeAatumfatis,
&
donatwm jamrude quærîs Mæcenasicerum anciquomeincludereludo.(2.)Cesexpreflîonspeignoient d’unemanière frappante, aux yeux des Romains, un
homme
quin’efl:pas volagedansfesamours,ou
celui qui, après un long fervice,ne defîrequelerepos. Mais, nous qui n’af-fiflonspasaux combatsdesGladiateurs,
qui n’avons aücuneidéedel'équitationdes des Anciens,nousnepouvonslesentendre,
(i)Ovid.Amor.Eleg.III.Libtl*
(i)Ho»tEpittI*Jib.Xi
Mélangés
Interessans. 109 qu’àl’aided’un Commentaire.Sinous les trouvionsdans unModerne, ellesnenous offriroientquedesimagesimpropres, qui*neferoiencpasplus d’impreflion furnotre imagination, que n’en feroient fur celle du Samoïèdeou du Lapon, cesversd’un denos‘Poëtes.
Ainfl,dansleprintems,quandlejourveut
éclore,
-lezephire léger quiprécèdel’aurore, Agitemollement lecalicedesfleurs.
Etparfumelesaitsdes plusdoucesodeurs.'
Lagrandeur de l’Empire
Romain,
fî fu-périeuren puiflanceauxEmpiresaétuels, fournilloitauxEcrivainsdeRome,
desex-prclîions élevées&
faftueulesqui ne fe-;toienc>guère proportionnées ànotre état prélent. Elles s’offroientnaturellementpouc peindre lesidées d’uneNation,dont quel-quesParticulierscomptoient desRois au nombre deleurs Cliens, faifoient bâtir douze millefalespour donnerdes feftins aupeuple,
& uiomphoicm
tout-à la-fois desiïo
Mélangés
Intéressant.troispartiesdu
monde
connu.*>Lorfqueje»
lisles AnnalesdupeupleRomain
, difoicun
fiomme d'cfpritpleindecetteidée,««je»
croisêtreunmoineauqui parcourtl’hiftoi-»re des aigles.»Qu’ya-t-ildoncde plus
ridi-cule
&
de plusdifparate,que devoir îesa&ionsdes Pierre, des Jean, des Mathieu, dé-critesdans leftyle deTite-Live,ou de Jules-Céfarî d'entendre un Pédant ha-ranguerfes Ecoliersaveclagravité d’un Conful
Romain
j déliré furnos Médailles leslégendes del’antiquité: lerégna adji-gnata , Yorbis rejlitutori, lepace terramanque
partajanum
claujit,&
de vou-loir, en unmot
,
adapter à notre pe-titefle
, lelangage majeftueux d’un peuple Roi?
Mais,fuppofonsallezdegoût$cde ju-gement dans un Ecrivain pouif éviterce fafte d’expreflïons,fi naturelaux Auteurs Latinsj quelcftl’hommequi ofera s’ériger
enjuge,
&
déciderdelavéritablelignifi-cation desmots? Quipourranousafiurcr
*lue nous ne nous trompons pasdans le
0
Mélangés
Intéressans.ni
— »—'«
—
mchoixdes cxprcfTions.Cechoixeft cepen-dantlapartielaplusimportante
&
laplus* eflentiellepeut-êtredel’artd’écrire. C’eft lui quivaréveillerdans l’imagination de l’auditeur
, l’idéeprécifequel’onveut ex-primer.Cetaél fureftdanslaCompofîtion, ccqu’eftenMufîque uneintonationjufte 8c exaéle.Mais pourl’acquérir,ilnous faut d’autresmaîtresqueleslivres,
&
lamul-titudeeftunguide plusinfaillible queles meilleurs Auteurs.Le faryrique François» pour peindre
&
tournerenmême
temsen ridiculelesLittérateursdefaNation,qui:fe piquoient de bienécrireen Latin, in-troduitdans undefesdialogues,Horace qui,au milieudes
Champs
Elyfées,parle la langue Françoifcqu’il aapprife en lifant lesbonsEcrivains
&
lesmeilleurslivresqui en contiennent lesrègles.Malgré fesétu-des
&
tout fon efprit, illuiéchappe desfautes aflez groflières.Il dit
, parexemple»
laCitéde
Rome
, lePontNouveau
, pour laVilledeRome
, le Pont Neuf.Il fait Quelquesautresbarbariftacs qui apprêtentlii.
Mélangés
Intéressans.— —
" "—
.—là rire à unFrançois,avec lequelil s’en-tretient:celui-civeutlecorriger,Horace fedéfendjle François réplique
&
oppofe à toutesles autoritésquele Poëte Latia citeenfafaveur, les loix impérieufes de l’ufage,lefeularbitredeslangues, Querapenesarbitriuraeft,
&
jus,&
normaloquendr.Horacebattu parfespropresarmes,fc
tait’,
&
va,unpeuhonteux,rejoindredansl’Elyféelescompagnons defon bonheur.
Mais, fansavoir recoursauxapologues
&
auxHélions,c’eftunevéritédontnousHommes
touslesjourstémoins en Italie.Lesécritsde ceux de nos Auteurs
,qui ,
dédaignantune languequetousleurs con-citoyensparlentaujourd’hui,nes’attachent qu’à imiter les anciens Ecrivains, font pleins d’affedation, de motsinufités 5c
même
impropres qui en rendent laledure faftidieufeauxgens de goût.Ariofte,Carot Chiabrera,Guarino, Cafliglione&
Bembo*quoique nésdansleHeindel’Italie, n’ont cru cependant pouvoirHçformerle ftyie
#
—
Mélangés
Intéressans. iij qu’enpaflant quelque tems à Florence.Au
danger de ne pointfe fervirdes ex-prenions propres en écrivantlalangue La-tine, s’enjointunautrenon moins conli-dérable,celuidefeformer del’afl'emblage decesexpreflîonsunftylequin’aitni natu-rel, ni variété.Ne
pouvantpuiferdans des fources pures&
actuellementexiftantes, obligés derecueillirgoutteàgoutte, pourme
fervircel’exprdliondeDavanzati,les parolesd’un petitnombred’Auteurs, aufli différens par leftyle que par le génie, nousparviendrons bien àformerunefuite de phrafeslatines;mais qui neferontja-imaisunenfemblelatin:
Unus &
aller af-fuitur pannus. Ilne peutréfulcerd’un pa-reiltravailqu’unftyle morcelé, pénible,&
qui ne coule point de fource. Cequi afaitdire à GellidansfesJudicieuxCaprices ,
en parlantdesAuteurs Latins de fonliècle;
ilsontbeaufaire, onne retrouvera point dansleurs écrits ce ftyle pur
&
coulaut des Ecrivains deRome.
- Lalangue Latine dans fon état aéluel, /
Ii4
Mélangés
IntéressaNs.réduite,
comme
elle l'cft,àunpetitnombre d'Aurcurs, nefuffiroic pasmême
aux Ro“mains pourexprimer toutes leurs penfées.
Comment
pourrait-ellenousfufiireànous, à«quilesarts, les Iciences, lecommeicef leGouvernement, laReligion ontdonné»
depuisquellen’exifteplus,une fouled'idées nouvelles?C’eftune languemorte,
&
cette feuleraifonnousinterdit lalibertéd’y rienajouter.Leslangues naiïïent pauvres, dic Bernard Tafîoj mais,al’exempledes Prin-ces qui diftribuent à leurs Sujets des ri-chelles , des privilèges, des honneurs, quelquesefpritsdoués d’une érudition pro-fonde
&
d’unjugementexquis, accordent auxlangues des privilèges, les enrichil-fenr de mots, d’exprenions, de figures nouvelles,&
leur autorité confirme pen-dant tousles fièclcs la validitédeces do-nations. C’eft dans ces termes quecet Ecrivain judicieux exhorteGaroà avoirle couraged’étendre&
d'enrichir notre lan-gue, de multiplier fesrefiources&
(es beautésj ce qu’il n’auroic pas pu faire »Mélangés
Intéressans.nf
s’il cûcécrit en Latin.
Nous
n’avons,cn effet,aucun droit fur cette langue, qui ne nous appartient point. Elle ne nouslaiffcque lafacultéd’exarpinerquels font lesprivilègesquelletientdelamunificence des Anciens.
Une
foisconnus, nousdevons nous yarrêter,&
nous nefommes
paslibres d’y joindrenos propreslibéralités.Toutce que nouspourrionsajouter à fes anciens titres,feroit rejeté, avec raifon,comme
faux
&
apochryphe.Enfin, quelque difficile qu’il foit de compoferen profe Latine, il l’cftencore plusd'écrireenvers.La Poëficdemandefa plus grandevigueuroulaplusgrande dé-licatefle5elle11’admet
,pourainfidire ,que la fleurdes expreffions.Tour yréuffir,il faut avoir toujourspréfent àl’imagination letreforimmenfe desmots, desphrafes»
desmétaphoresdelalangue danslaquelle onécrit;fouvent
même
cellesquel’ufageadesmétaphoresdelalangue danslaquelle onécrit;fouvent