L’art
deparlereftla première connoif-Xancequel’ondonne auxenfans: avantque deleurapprendre à parler,ilfaudroit, àmon
avis, leur apprendreà fetaire.Ce
feroitfans contredit,uneexcellente éduca-tion.
Un
jourquelecélèbreAntigonusétoit feuldansfatenteavec fonfils;celui-ci luidemanda
s’ilne fongeoit pointà preferire unenouvellerouteà fon armée,&
à chan-ger decamp:Eh!
quoimon
fils , lui ré-ponditAntigonus, crains 'tude nepas en-tendrelefondelaTrompette?
Leprudent Antigonusenfaifant àfonfils
,au
fuccef-Mélangés
Intéressans. 8r feur defacouronne,unfecretdeTesprojets, luidounoit un très-grandexemplede dif-crétion&
de prudence. Le brave Métellus fcconduire avec autant defagefle,à l’é-gardd’undes principaux OffùSfers de (on armée,qui cherchoitàpénétrerlesfecrets de fon Général; fije penfois,ditMétellus, quema
tunique fût quelquechofedeceque je médite, je medépouilleroisàVinfiantmême
,&
je la jet teroisaufeu.LeGénéral
£umene
,avertiqueCratère guerriercélèbre&
redouté,s’avançoità la têted’une formidable armée,cacha cette nouvelle,&
fitrépandre dans foncamp
,quec’étoitNéoptoleme, guerrierfans ex-périence,
&
généralement méfeftimé, qu’on auroità combattre. Rafiurés parcette nou-velle&
pleins de confiance, les Soldats, d’Eumenemarchèrentau combat,&
rem-portèrent uneviétoireéclatante (urCratere, qui, vraifemblabiementeûteu tout l’avan-tage, fil’arméed’Èumene meutcru
com-battrecontreNéoptoleme.
Cet exemple
&
mille autres encore plusD
v.Si
Mélangés
Interessans.frappans, prouvent jufqu’à quel pointla gloiredes Ecats
,lafureté desPeuples
&
le fuccès desévénemensdépendent dufilence-La
réputation,lafortune&
lebonheurdes particulicr^n dépendent prefque toujours aufli.On
entend chaquejourdesgensfe plaindreamèrementdela perfidie de ceux qui, rrâhifiant leur confiance, ont di-vulguédes fecrets importans. Cesplaintes fontinjuftes,elles fontinfenféesj car en-fin, vousquivousplaignez de l’indilcré-tionde votreami, de queldroitlui repro-cherez-vous de n’avoir pu taireun fecret quevous n’avez pas euvous-mêmelaforce degarder?Sivousne vouliez pasquece fecret fûtdéveloppé,pourquoi l’avez-vous confié? Sicet
homme
que vousnommez
perfide,indiferet, imprudent,n’apas eu plusdeforcequevous, pourquoi l’accufez-vous? S’il aime à parler,comme
vous, n’eft-ilpasnaturelque, pourfe fatisfaire* ilvoustrahifle&
vous perde? A-t-ilplus dediferétion,deforce&
deprudenceque vousn’enayez euJDansçç cas,U
n’abu->
Mélangés
Intéressans. Sj ferapointde votre confiance,&
vous au-rezplusdebonheur que vousn’enméritez; car, c’efi: afiurérnent être heureux que de trouverquelqu’un qui nous foitplus atta-chéque nousnelefommes
ànous-mêmes.' Mais, dites-vous,c’étoitleplusancien, leplus cher, lepluseftimédemes amis.Eh
! pourquoin’auroit-ilpas,àfon tour,
un ami pourlequeliln‘a riende caché.
Pourquoin’auroit-ilpaspourcetami,la
même
confianceque vous avezeueenlui?Vousluiditesvosfecrets’,
&
ilvalesverftr danslefeinde Ionaini,qui ena plufieurs autres:nefaut-ilpasquevotrelecret cir-culeentre touscesamis,
&
que, parcon-féquent,ildevienne public ?Je regardeunindiferet
comme
untraître volontaire, qui nedemandeni loyer ni récompenfe,&qui
n’attend pasmême
qu’on le follicite;ilvadelui-même
fepréfenter, non pourindiqueràl’ennemil’endroit foi-bled’unmur,
ou pour lui faciliter lesmoyens
d’entrerdansuneville&
delafac»cager
j mais pourrévéler des fecrets que
D
vj84
Mélangés
Intéressans^petfonne ne le prie de découvrir,
ou
pourfemerleshaines, lesdivifïons, lefeu deladifcorde,fansqueperfonnele remer-cie,fans qu’il s’attendemême
à des remer-ciemens; cartel eft ce lâche cara&ère, qu'il croitmême
avoirdesobligationsà ceuxquiveulent bien avoirlapatiencede l’écouter.Un
prodigue qui répandfansme"fure desdons
&
des bienfaits, ne mérite point qu’onlui tienne comptedespréfens qu’on enreçoit:tun’espaslibéral, peut-on lui dire;c’cftparprodigalitéquetu jettes ton or; c’eftun vice, auquel tifprends plaifir à t’abandonner,&
tu te paies toi-mêmepartesmains,touteslesfoisque tu diffipes tafortune&
tespofTefïions.On
peutparlerde
même
aubabillard:tun’es pointmon
ami,parcequetuviensme
con-fierdes fecrets
,quetudévoilerasà mille autres qu’àmoi: tuaimes à parler,
&
tu veuxqu’ont’écoute:jet’écoute:tu parles,
&
tevoilàrécompenfé.Toutefoisil n’y a pointde vicequela philofophic ne parvienneà guérir,Le