• Aucun résultat trouvé

Oncologie : Article pp.214-216 du Vol.5 n°3 (2011)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Oncologie : Article pp.214-216 du Vol.5 n°3 (2011)"

Copied!
3
0
0

Texte intégral

(1)

Psycho-Oncol. (2011) 5:214-216 DOI 10.1007/s11839-011-0336-4

LIVRES ET VIDÉOS / BOOKS AND VIDEOS

Au moment où près de six Français sur dix prennent des renseignements sur Internet dès qu’ils sont intéressés de près ou de loin par une maladie, alors que Carenity cherche à devenir le « Facebook des malades » et tente d’établir un véri- table réseau social des malades, ce dic- tionnaire humanisé des cancers tombe à pic. Perdus au milieu des informations de tous ordres, des conseils et des discours incitatifs de toutes sortes, les malades et les proches ont besoin d’un ouvrage qui recense les idées et les concepts de façon sûre. Les dif- férents courants de pensée ont voix au chapitre, dans cet ouvrage, la médecine bien sûr, la biologie, mais aussi les sciences humaines.

Au total, 50 auteurs reconnus ont délivré les définitions indispensables, de A comme abcès, abdomen, ablathérapie à Z comme zona et Zorn (Fritz), on trouve un véritable savoir encyclopédique qui regroupe de plus les noms propres des personnalités qui ont donné leur vie, au sens propre et figuré aux malades et à la maladie cancer. On trouve aussi des voix originales dans cet ouvrage : celles des malades qui ont peuplé l’histoire du cancer et de son humanisation.

Bernard Hoerni qui est l’ancien président du Conseil national de l’ordre des médecins, professeur de cancérologie, ancien président de la Société française du cancer et surtout l’auteur de nombreux ouvrages encyclopédiques, historiques et de mémoire, est avant tout un humaniste. Philosophe et écrivain, il ne se contente pas d’observer, mais souhaite améliorer les échanges entre sciences et consciences. Il donne la parole à tous, médecins, malades, spécialistes des sciences humaines.

On retrouve ainsi Irène Calmettes, infirmière engagée qui cache, pendant la Seconde Guerre mondiale, dans sa cave

familiale, le stock de radium nécessaire au traitement des malades de Marseille. Mais aussi l’œuvre du Calvaire créée par Jeanne Françoise Garnier Chabot qui fonde l’Association des dames du Calvaire qui accueille des dizaines de malades du cancer dans sa fondation de Fourvières. Gustave Roussy rencontre la reine du Danemark qui pousse sans le vouloir les femmes danoises à continuer à fumer pour imiter son modèle public tandis que la mortalité des femmes reste inférieure, sauf dans ce pays, dans le reste de l’Europe. Le ramoneur, et son cancer du scrotum, côtoie Ewing et ses tumeurs éponymes.

Hortense de Beauharnais nous permet de croiser son chirur- gien, qui, malgré l’auguste demande, ne cède pas devant son cancer de l’utérus inopérable. Quant à Freud, il figure avec son cortège d’opérations, son déni de la mort qu’il opposait à la vie sans saveur que lui permettrait l’arrêt du tabac. Ces médecins sont présents eux aussi, dont le radiologue qui, comme tant d’autres, mourut lui-même d’un radiocancer, le Pr Pichler qui pratiqua de nombreuses exérèses et bien sûr Max Schurr qui l’accompagna jusqu’au bout…

Ce dictionnaire se lit comme un roman, il est à la fois riche et objectif, passionnant et informatif. Il permet de tracer un panorama global de l’épopée du cancer au cœur des sociétés et des hommes, avec ses témoins et ses créa- teurs. Tous ont été convoqués pour cet ouvrage exceptionnel

« d’humanisation » d’une maladie restée trop longtemps du côté du Malin.

Marie-Frédérique Bacqué Rédactrice en chef de psycho-oncologie Pr de psychopathologie à l’UDS Université de Strasbourg, 12, rue Goethe,

F-67000 Strasbourg, France Correspondance : mfbacque@club-internet.fr

LIVRE Dictionnaire humanisé des cancers

Sous la direction de B. Hoerni, J. Robert, J.-P. Armand, J. Brugère, E. Lartigau, J. Martin, 4e édition, Editions Frison-Roche, 2011

© Springer-Verlag France 2011

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

(2)

Psycho-Oncol. (2011) 5:214-216 215

VIDÉO Breaking bad

Série télévisée américaine de Vince Gilligan depuis 2008 aux États-Unis et 2010 en France, avec Bryan Cranston

Pourquoi moi, comment est-ce possible ? Qu’est-ce que j’ai fait ? À quoi bon toutes ces précautions, toute cette morale, pour que je sois trahi de la sorte ?

Mais ici le personnage ne dit pas, n’explique pas, il va avancer et montrer son nouveau visage.

Walt décide d’abord de ne rien dire à sa famille. On sup- pose qu’il y a une part d’altruisme (protéger ses proches) ou une part de colère anticipatrice (de toute façon, ils ne peu- vent pas comprendre) ou les deux. Mais des changements radicaux vont apparaître dans son comportement.

La maladie agit sur lui, les symptômes de toux, de fati- gue progressive lui valent les remontrances de Boris, Walt le quitte sur-le-champ en n’omettant pas de lui exprimer très sincèrement tout son mépris.

Vient le temps de la chimiothérapie, il vomit en classe, il se rase la tête avant de perdre complètement ses cheveux.

Ce qui lui vaut un « Waouw » admiratif de son fils au petit-déjeuner.

Vous avez le vertige ? Sautez donc à l’élastique !

Il rosse une armoire à glace qui se moquait de son fils handicapé, mais il l’attaque par derrière.

Walt combat le mal par tous les moyens, même les plus radicaux.

Tous les moyens sont bons, même les plus « malins ».

Il accompagne son beau-frère, policier de la Drug Enfor- cement, dans l’arrestation de trafiquants dans un laboratoire clandestin.

Le spectacle de la violence le surprend, alors qu’il reste bien à l’abri dans un véhicule de police.

Le beau-frère agit comme une aguicheuse qui lui propo- serait du frisson pour de vrai.

Et lui comme un chien qui bave de désir ne sera pas déçu.

Il assiste à la fuite d’un comparse par une fenêtre à l’étage, le fuyard abandonne précipitamment une voi- sine topless pour une grosse cylindrée, bruyante et tape à l’œil.

Il reconnaît un ancien de sa classe de chimie au lycée.

Engoncé dans un gilet pare-balles, il pénètre dans la caverne secrète, remplie d’éprouvettes, de cornues et autres becs Bunsen. Il constate que son élève avait finalement acquis les compétences requises pour cette activité criminelle.

Meth is death, la méthamphétamine élaborée grossière- ment par son apprenti, irrigue les faux espoirs d’une jeu- nesse déglinguée, sombre et dorée.

Walt saute le pas, il décide de tourner la page du bien, du juste, du vertueux. Le cancer et ses promesses enflammées La série américaine Breaking bad illustre de façon

réaliste et juste la découverte d’un cancer et ses consé- quences sur un individu. Le héros de la série, Walter White, est professeur de chimie dans une high school D’ABQ (Albuquerque–New Mexico). Chaque jour, il s’efforce de susciter l’intérêt des rejetons de la middle class.

Il arrondit ses fins de mois en astiquant des carrosseries dans le car‑wash de Boris.

Il roule en Toyota Prius, véhicule hybride. Il est soucieux de son environnement et de la sécurité de sa famille (sa femme ne travaille pas et leur fils unique souffre de para- plégie). Il a renoncé à une carrière dans l’industrie (après avoir fondé la start-up Gray Matter, avec son colocataire Greg Schwartz).

Il médite régulièrement devant son diplôme et les lauriers qui lui étaient promis.

La présentation initiale du personnage favorise aisément l’identification chez le spectateur, pour peu que ce dernier éprouve une once de frustration. Son statut de scientifique, son implication vers autrui, la conscience et la conviction qu’il manifeste face aux étudiants pourraient être comparés à ceux d’un médecin, par exemple.

La vie de Walt va basculer, lorsqu’il se met à tousser, puis à cracher du sang. Lui, qui n’a jamais fumé, qui a toujours suivi les recommandations, qui consomme du low‑fat vege‑

tal bacon, consulte un médecin. Au bout des examens, il se voit annoncer son diagnostic : « vous avez un cancer du pou- mon inopérable, je suis désolé », à quoi il répond : « vous avez une tache de moutarde sur le col de votre blouse ».

Le médecin lui demande s’il a bien compris,

« vous-avez-un-cancer-du-poumon-inopérable » répète-t-il alors mécaniquement.

On aurait pu imaginer que le médecin reprenne l’histoire de la moutarde avec le patient au lieu de le ramener tout de suite au réel du cancer…

Mais Walt entend les mots dans un brouillard auditif et se raccroche au détail. Il n’est plus qu’hyperacuité domestique quand tout s’effondre autour de lui. Il entre dans une autre dimension de sa propre vie, décortiquant chacun de ses ins- tants à l’aune de ses pulsions libérées de sa morale bien- séante, objet d’un marchandage dorénavant devenu inutile.

Des scènes où l’on voit le malheureux, seul, au bord d’une piscine désaffectée, lancer des allumettes dans une eau souillée, pourraient représenter les moments d’interro- gation qui peuplent ses aubes insomniaques.

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

(3)

216 Psycho-Oncol. (2011) 5:214-216

inversent la poussée de l’adaptation sociale comme un réac- teur, dans une frénésie quasi libidinale.

Ses péripéties l’amènent progressivement à endosser la peau d’un criminel, il produit une crystal meth digne d’un prix Nobel, il se débrouille pour étrangler un otage, caresser sa femme lors d’une réunion de parents d’élèves, donne une leçon de chimie appliquée à un caïd sanguinaire en faisant voler en éclat son bunker pourtant digne de Fort Knox avant de contracter la commande… qui lui permettra de régler les 90 000 $ des honoraires de son cancérologue !

Si son assurance santé avait couvert les frais médicaux, Walt n’aurait pas eu besoin de mal tourner pour s’en tirer.

Les arrangements de Walt avec la moralité, avec son éducation, étayent néanmoins sa nouvelle vie et il réintègre en permanence un équilibre sensationnel, sensoriel, senti- mental, par le jeu des extrêmes.

Une course contre la montre, dans une fuite en avant, vers la fin.

Tant qu’on n’est pas mort, c’est donc qu’on est vivant ? Pourquoi est-ce si bon ? Parce que c’est interdit ? Ou parce qu’on se l’autorise ?

Merci de la leçon, professeur White.

Dr Philippe Guillou, médecin généraliste à Strasbourg

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

Références

Documents relatifs

Les dix études longitudinales randomisées montrent très peu d ’ effets de l ’ expression écrite des émotions liées à la maladie sur l ’ ajustement psychologique évalué

Les troubles de l ’ humeur, la souffrance psychique liée aux symptômes physiologiques de la greffe, la dépression et les stratégies d ’ adaptation inefficaces, qui sont

Dans cette perspective on pourrait envisager que certaines variables puissent modérer l ’ impact des perturbations de l ’ image corporelle comme la qualité de la relation avec

Résultats : Chez 70 % des 419 patients inclus dans l ’ étude, un score qualifiant pour un diagnostic d ’ alexithymie (TAS > 56) a été observé avec une corrélation négative

Fig.. Par exemple, la capacité d ’ un soignant de canali- ser son expérience de confrontation à la mort pour la traduire en un mode d ’ existence plus conscient, empreint de sens et

Ce sentiment difficile de l ’ annonce était partagé entre les participants et nous avons pu discuter de nos « astuces » pour que cette consultation se passe dans les

Cette recension portant sur les soins de fin de vie dispensés par les infirmières à domicile a conclu que la pratique des SP de fin de vie à domicile selon une approche mixte (c

L ’ atelier est un lieu de médiation dans le sens où il recons- titue cet espace de création dans la mesure où l ’ intervenante réapprend à la patiente à jouer au travers de