Exercices de th´ eorie des corps finis
Exercice 1. — 1) Donner tous les polynˆ omes irr´ eductibles de degr´ e inf´ erieur ` a 4 sur F
2. 2) Quelle est la factorisation sur F
4d’un polynˆ ome de F
2[X] irr´ eductible de degr´ e 4 ? 3) D´ eduire des questions pr´ ec´ edentes, le nombre de polynˆ omes irr´ eductibles de degr´ e 2 sur
F
4.
4) Expliciter les polynˆ omes irr´ eductibles de degr´ e 2 sur F
4.
Exercice 2. — 1) Le nombre 2 est-il un carr´ e dans F
5? Montrer que X
2+ X + 1 est irr´ eductible sur F
5.
2) Soit P (X) ∈ F
5[X] un polynˆ ome unitaire irr´ eductible de degr´ e deux . Montrer que le quotient
F
5[X]
(P (X))
est isomorphe au corps F
25et que P a deux racines dans F
25.
3) On note α une racine de X
2+ X + 1 dans F
25. Montrer que tout β ∈ F
25peut s’´ ecrire aα + b avec a et b dans F
5.
4) Soit P = X
5− X + 1. Montrer que pour tout β ∈ F
25, on a P (β) 6= 0. En d´ eduire que P est irr´ eductible sur F
5. P est-il irr´ eductible sur Q ?
Exercice 3. — On consid` ere le polynˆ ome Q(X) = X
9− X + 1 sur F
3. 1) Montrer que le polynˆ ome Q n’a pas de racines dans F
3, F
9.
2) Montrer que F
27'
(XF3−X3[X−1)].
3) Montrer que toute racine α ∈ F
27du polynˆ ome X
3− X − 1 est une racine du polynˆ ome Q.
4) D´ eterminer toutes le racines de Q dans F
27. 5) Factoriser le polynˆ ome Q sur le corps F
3.
Exercice 4. — A quelle condition un polynˆ ome P ` a coefficients dans F
pde degr´ e n est-il irr´ eductible sur F
pm? Dans le cas o` u P est irr´ eductible sur F
p, on donnera des pr´ ecisions sur les degr´ es des facteurs irr´ eductibles de P sur F
pm. En particulier pour n = 5, donner m minimal tel que tout polynˆ ome de degr´ e 5 ` a coefficients dans F
psoit totalement d´ ecompos´ e (resp. poss` ede une racine) sur F
pm.
Exercice 5. — Th´ eorie de Galois des corps finis et version faible du th´ eor` eme de Dirichlet Soit p un nombre premier et n un entier premier avec p. On pose q = p
r.
1) D´ ecrire le groupe de Galois de l’extension F
qn: F
qet expliciter la th´ eorie de Galois, i.e.
montrer que l’application qui ` a un sous-groupe H de gal( F
qn/ F
q) associe le sous-corps de F
qndes ´ el´ ements fix´ es par tous les ´ el´ ements de H, est une bijection entre les sous-groupes du groupe de Galois et les extensions interm´ ediaires F
q⊂ K ⊂ F
qn.
1
2) Soit L = Dec
Fp(X
n− 1). Montrer que Gal(L/ F
p) est isomorphe au sous-groupe de Z /n Z engendr´ e par l’image de p. Montrer que le n-i` eme polynˆ ome cyclotomique Φ
n(X) se d´ ecompose sur F
pen un produit de φ(n)/k facteurs irr´ eductibles distincts, tous de degr´ e k. Quel est cet entier k ? En d´ eduire une version faible du th´ eor` eme de progression arithm´ etique, i.e. :
pour tout entier n il existe une infinit´ e de nombres premiers p congrus ` a 1 modulo n.
Exercice 6. — 1) Montrer que X
4+1 est irr´ eductible sur Z et r´ eductible modulo tout nombre premier p. (Indication : montrer que pour tout nombre premier impair p, le polynˆ ome X
4+ 1 a une racine dans le corps F
p2.
2) Soit n un entier ne s’´ ecrivant pas sous la forme p
αou 2p
αavec p premier impair. On sait que le n-i` eme polynˆ ome cyclotomique Φ
nest irr´ eductible sur Z . Montrer en utilisant la question (ii) de l’exercice sur la th´ eorie de Galois des corps finis, que Φ
nest r´ eductible modulo tout nombre premier.
Exercice 7. — Soit P (X) = X
4− 10X
3+ 21X
2− 10X + 11 1) D´ ecomposer P en facteurs irr´ eductibles modulo 2,3,5.
2) Montrer que P est irr´ eductible sur Q.
Exercice 8. — Soit K = F
3[X]/(X
3+ 2X + 1) ; montrez que K est un corps de cardinal 27
et que X est un g´ en´ erateur du groupe multiplicatif. Trouvez i tel que X
2+ X = X
i.
1 1) Les polynˆ omes irr´ eductibles de degr´ e 1 sont X et X − 1 ; ceux de degr´ e 2 sont tels que X
4− X = X(X − 1)P ce qui donne X
2+ X + 1. Pour ceux de degr´ e 3, on a X
8− X = X(X − 1)P
1P
2et on trouve X
3+ X + 1 et X
3+ X
2+ 1. Enfin pour ceux de degr´ e 4, on a X
16 −X = (X
4− X)Q
1Q
2Q
3et on trouve X
4+ X + 1, X
4+ X
3+X
2+ X + 1 et X
4+ X
3+ 1.
En effet ceux-ci sont irr´ eductibles car un ´ el´ ement j de F
4qui n’est pas dans F
2v´ erifie j
3= 1 de sorte qu’il ne peut ˆ etre racine des polynˆ omes en question.
2) Tout polynˆ ome de F
2[X] de degr´ e 4, irr´ eductible sur F
2, poss` ede une racine dans F
24qui est une extension de degr´ e 2 de F
4; on en d´ eduit donc que sur F
4il se factorise en un produit de 2 polynˆ omes irr´ eductibles de degr´ e 2.
3) Les 3 polynˆ omes de degr´ e 4, irr´ eductibles dans F
2[X] fournissent 6 polynˆ omes de F
4[X]
irr´ eductibles de degr´ e 2 ; ceux-ci sont distincts deux ` a deux car les 3 polynˆ omes de degr´ e 4 du d´ epart sont premiers deux ` a deux dans F
2et donc dans F
4.
Par ailleurs ´ etant donn´ e un polynˆ ome de F
4[X] irr´ eductible de degr´ e 2, en le multipliant par son conjugu´ e par l’unique ´ el´ ement non trivial du groupe de Galois de F
4: F
2, qui ´ echange j et j
2avec les notations pr´ ec´ edentes, on obtient un polynˆ ome de degr´ e 4 ` a coefficient dans F
2, car les coefficients sont invariants par le groupe de Galois, et irr´ eductible.
4) On note 0, 1, j, j
2les ´ el´ ements de F
4avec 1 + j + j
2= 0. Les polynˆ omes de degr´ e 1 sont X, X − 1, X − j, X − j
2de produit X
4− X. En ce qui concerne le degr´ e 2, X
4+ X + 1, X
4+ X
3+ X
2+ X + 1 et X
4+ X
3+ 1 doivent s’´ ecrire comme le produit de 2 polynˆ ome irr´ eductible de degr´ e sur F
4. On trouve alors X
4+ X + 1 = (X
2+ X + j)(X
2+ X + j
2), X
4+ X
3+ 1 = (X
2+ jX + j)(X
2+ j
2X + j
2) et X
4+ X
3+ X
2+ X + 1 = (X
2+ jX + 1)(X
2+ j
2X + 1).
2 1) On ´ ecrit la table des carr´ es de F
5, soit
x 0 1 2 −2 −1
x
20 1 −1 −1 1
et on remarque que 2 n’est pas un carr´ e dans F
5. On v´ erifie rapidement que pour P(x) :=
X
2+ X + 1, P (0), P (±1) et P (±2) ne sont pas nuls de sorte que P n’a pas de racine dans F
5, ´ etant de degr´ e 2 il y est donc irr´ eductible.
2) Le corps F
5[X]/(P (X)) est de cardinal 25 et donc isomorphe ` a F
25qui est un corps de d´ ecomposition de X
25− X. Par ailleurs la classe x de X dans F
5[X]/(P (X)) v´ erifie P (x) = 0 de sorte que x est une racine de P qui ´ etant de degr´ e 2, y est alors totalement d´ ecompos´ e.
On en d´ eduit alors que P admet deux racines dans F
25.
3) Un isomorphisme f : F
5[X]/(X
2+ X + 1) ' F
25´ etant fix´ ee, l’image α ∈ F
25de X par f v´ erifie alors α
2+ α + 1 = 0 et est donc une racine de X
2+ X + 1. Le sous-espace vectoriel sur F
5de F
25engendr´ e par 1 et α est de dimension 2 car α 6∈ F
5et est donc ´ egal ` a F
25de sorte que tout ´ el´ ement β ∈ F
25s’´ ecrit sous la forme aα + b avec a, b ∈ F
5.
4) On v´ erifie rapidement que P n’a pas de racine dans F
5. Soit alors β = aα + b ∈ F
25; on a β
5= a
5α
5+ b
5= aα
5+ b. Or on a α
2= −α − 1 soit α
4= α
2+ 2α + 1 = α et donc α
5= α
2= −α − 1. Ainsi β
5− β + 1 = α(−a − a) + (b − b − a + 1) 6= 0 car α 6∈ F
5soit P n’a pas de racine dans F
25de sorte qu’il est irr´ eductible sur F
5.
Par ailleurs, P en tant que polynˆ ome de Z [X] unitaire, y est irr´ eductible. En effet une
factorisation P = QR dans Z [X] induit par r´ eduction modulo 5 une factorisation ¯ P = ¯ Q R ¯
dans F
5[X]. Comme P est unitaire, Q et R le sont aussi, de sorte que deg Q = deg ¯ Q et
deg R = deg ¯ R ; ¯ P ´ etant irr´ eductible, on en d´ eduit que ¯ Q, ou ¯ R, est un polynˆ ome constant
donc, ´ etant unitaire, ´ egal ` a ¯ 1 et donc Q, ou R, est le polynˆ ome constant ´ egal ` a 1. Ainsi P est irr´ eductible sur Z et donc irr´ eductible sur Q d’apr` es le lemme de Gauss.
3 1) On v´ erifie rapidement que Q n’a pas de racine dans F
3. On cherche alors ses racines dans F
9. Pour a ∈ F
9, on a a
9= a de sorte que a
9− a + 1 = 1 et donc Q n’a pas de racine dans F
9. 2) Afin de calculer dans F
27, on commence par le d´ ecrire concr` etement : on v´ erifie ais´ ement que X
3−X −1 n’a pas de racines dans F
3et est donc irr´ eductible sur F
3et F
27' F
3[X]/(X
3− X − 1).
3) Soit alors α ∈ F
27tel que α
3= α + 1. On a alors α
9= α
3+ 1 = α + 2 = α − 1 et donc finalement α est une racine de Q dans F
27de sorte que Q poss` ede un facteur irr´ eductible de degr´ e 3 sur F
3, ` a savoir X
3−X−1, soit X
9−X +1 = (X
3−X−1)(X
6+X
4+X
3+X
2−X −1).
4) Cherchons de mani` ere g´ en´ erale toutes les racines dans F
27; un ´ el´ ement quelconque s’´ ecrit sous la forme x = aα
2+bα +c avec a, b, c ∈ F
3. On a alors x
9= aα
18+ bα
9+ c avec α
9= α − 1 et donc α
18= α
2+ α + 1 de sorte que x
9− x + 1 = aα + a − b + 1 ce qui impose a = 0 et b = 1 soit x = α, α + 1, α − 1.
5) On en d´ eduit alors que X
6+ X
4+ X
3+ X
2− X − 1 n’a pas de racines dans F
27comme il n’en avait pas non plus dans F
9, il est donc irr´ eductible.
4 Si P est r´ eductible sur F
p, il l’est sur toute extension F
pm. Supposons donc P irr´ eductible sur F
pde sorte que toutes les racines de P , vues dans ¯ F
p, sont dans F
pnet aucune n’appartient
`
a un sous-corps strict. On regarde alors P comme un polynˆ ome dans F
pm[X] dont on se demande s’il est encore irr´ eductible. Il faut regarder s’il poss` ede ou non des racines dans F
pmrpour r ≤ n/2 et donc si F
pn⊂ F
pmr, soit n divise mr ce qui est possible si et seulement si n et m ne sont pas premiers entre eux. En outre en notant d = n ∧ m, les facteurs irr´ eductibles sont alors de degr´ e r un multiple de n/d.
Pour n = 5, la d´ ecomposition en facteur irr´ eductible donne en prenant les degr´ es les d´ ecompositions suivantes de 5 : 5 = 4 + 1 = 3 + 2 = 3 + 1 + 1 = 2 + 2 + 1 = 2 + 1 + 1 + 1 = 1 + 1 + 1 + 1 + 1. Si on veut ˆ etre sur d’avoir toutes les racines (resp. au moins une racine) il faut donc se placer dans F
p60(resp. F
p10) avec 60 = 5.4.3 (resp. 10 + 5.2).
5 1) On consid` ere le morphisme de Frobenius
Fr
q: x ∈ F
qn7−→ x
q∈ F
qndont on v´ erifie ais´ ement que c’est un morphisme de corps car Fr
q(x + y) = (x + y)
q= x
q+ y
qet Fr
q(xy) = x
qy
q, qui laisse le corps F
qinvariant car pour tout x ∈ F
qon a x
q= x. En outre il est imm´ ediat que le groupe engendr´ e par Fr
qest d’ordre n de sorte que Gal( F
qn/ F
q) est de cardinal sup´ erieur ou ´ egal ` a n. Pour montrer l’in´ egalit´ e inverse, soit χ un g´ en´ erateur de F
×qnet soit µ
χson polynˆ ome minimal unitaire sur F
q; on a alors F
qn' F
q[X]/(µ
χ(X)) de sorte que µ
χest irr´ eductible de degr´ e n. Ainsi tout ´ el´ ement σ ∈ Gal( F
qn/ F
q) est d´ etermin´ ee par σ(χ) qui doit ˆ etre une racine de µ
χce qui donne au plus n choix. On en d´ eduit ainsi Gal( F
qn/ F
q) =< Fr
q>' Z /n Z .
Un sous-groupe H de Z /n Z est de la forme Z /r Z pour r un diviseur de n, un g´ en´ erateur
´ etant n/r. On consid` ere alors le sous-groupe de Gal( F
qn/ F
q) engendr´ e par Fr
n/rq; le sous-corps fix´ e est alors l’ensemble des ´ el´ ements x de F
qntels que x
qn/r= x ce qui correspond au corps F
qn/r⊂ F
qn. D’apr` es l’exercice pr´ ec´ edent, l’application de la th´ eorie de Galois est bien une bijection.
2) Le corps L est isomorphe ` a F
prpour un certain r et Gal(L/ F
p) ' Z /r Z engendr´ e par Fr
p. En outre on a L = F
p[χ] pour χ ∈ L une racine primitive n-i` eme de l’unit´ e. Ainsi un
´ el´ ement σ ∈ Gal(L/ F
p) est d´ etermin´ e par σ(χ) qui doit ˆ etre une racine primitive n-i` eme de
l’unit´ e et donc de la forme χ
kpour k ∈ ( Z /n Z )
×. On obtient ainsi une application injective naturelle
σ ∈ Gal(L/ F
p) 7−→ k ∈ ( Z /n Z )
×l’image ´ etant le groupe engendr´ e par la classe de p. Ainsi r est l’ordre de p dans ( Z /n Z )
×. Soit ¯ Φ
n(X) = P
1· · · P
sla d´ ecomposition en irr´ eductibles de la r´ eduction modulo p de Φ
n. Soit χ une racine de P
1de sorte que L = F
p[χ] et donc P
1est le polynˆ ome minimal de χ sur F
pet donc deg P
1= [L : F
p]. En conclusion tous les P
isont de mˆ eme degr´ e [L : F
p] et donc s =
[L:ψ(n)Fp]