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SUR LES SUITES R´ECURRENTES

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

1

SUR LES SUITES R ´

ECURRENTES

Daniel PERRIN

0. Introduction

1

.

Le point de d´epart de ce texte est une contradiction. Beaucoup de coll`egues du second degr´e consid`erent en effet le th`eme des suites r´ecurrentes un+1 = f (un)

comme obsol`ete, ´ecul´e et, pour tout dire, sans int´erˆet, et la lecture des sujets de Bac ou des exercices des manuels incite `a confirmer leur opinion. Pourtant, il se trouve que j’enseigne ce th`eme depuis de nombreuses ann´ees en CAPES, en y trouvant chaque fois de l’int´erˆet et du plaisir. C’est donc cette contradiction apparente que j’essaie d’analyser ici en montrant d’abord les deux points de vue, puis en discutant de ce qu’on peut faire, ou ne pas faire, sur ce sujet.

1. L’aspect math´

ematique du sujet.

a) L’int´erˆet.

L’int´erˆet du th`eme vient ´evidemment de la r´esolution des ´equations num´eriques g(x) = 0 que l’on peut ramener `a un probl`eme de recherche de point fixe par diverses m´ethodes : poser f (x) = x + g(x), ou f (x) = x + λg(x) ou encore f (x) = x + µ(x)g(x), en ajustant le param`etre λ ou la fonction µ. C’est en particulier `a cette forme que conduisent les m´ethodes de Newton, d’interpolation ou d’ajustement lin´eaire. La recherche du point fixe de f se fait alors par it´eration en ´etudiant une suite un+1 = f (un). Cette id´ee de ramener la recherche des

solutions d’une ´equation `a un probl`eme de point fixe et de trouver le point fixe par it´eration est absolument fondamentale en analyse `a plusieurs variables et en g´eom´etrie puisqu’elle permet de montrer des r´esultats d’existence 2 essentiels comme Cauchy-Lipschitz ou le th´eor`eme des fonctions implicites. En cela l’´etude des suites un+1 = f (un) est une porte ouverte vers les ´etudes ult´erieures. Par

ailleurs, je persiste `a penser, et je vais l’expliquer ci-dessous, que c’est un sujet passionnant.

b) Les r´esultats.

1 Ce texte a ´et´e ´ecrit en 2000 pour les membres de la commission Kahane. Les r´ef´erences aux

programmes concernent les programmes de 1998 et elles sont aujourd’hui obsol`etes. En particulier, dans les programmes de Terminale S de 2002, il n’y a plus l’in´egalit´e des accroissements finis, mais, en revanche, le th´eor`eme de convergence des suites croissantes major´ees est revenu au programme.

2 En revanche, `a une variable, l’existence des solutions r´esulte toujours du th´eor`eme des valeurs

(2)

Je rappelle bri`evement les contours math´ematiques du probl`eme.

On consid`ere une suite donn´ee par une valeur initiale u0 et une relation de

r´ecurrence un+1 = f (un). On suppose la fonction f au moins de classe C1pour ˆetre

tranquille. L’existence de la suite est assur´ee d`es que l’on dispose d’un intervalle stable3.

Si la suite (un) a une limite l c’est n´ecessairement un point fixe de f , l’existence

d’un tel point fixe (ou de plusieurs) se d´emontre en ´etudiant la fonction f (x) − x. Je passe sur l’aspect graphique de la suite, important, mais bien connu.

La convergence de la suite (un) vers un point fixe l est essentiellement r´egie par la

valeur de la d´eriv´ee f0(l). Il y a quatre cas `a consid´erer :

• Si |f0(l)| > 1 la suite un ne peut converger vers l que si elle est ´egale `a l `a partir

d’un certain rang (on dit que le point fixe est r´epulsif). Lorsqu’il y a plusieurs points fixes r´epulsifs il peut y avoir des comportements chaotiques, cf. §7 ci-dessous. • Si |f0(l)| = k0 < 1, et si on prend k tel que k0 < k < 1, il existe un intervalle

I = [l−α, l+α] sur lequel on a |f0(x)| < k < 1 (la fonction est dite contractante). Cet intervalle est stable et si u0 ∈ I, la suite converge vers l (point fixe attractif).

On a alors |un− l| ≤ kn|u0− l|, de sorte que la convergence est g´eom´etrique.

• Le cas f0(l) = 0 est un cas particulier du pr´ec´edent. La convergence n’est plus seulement g´eom´etrique, mais quadratique (i.e. en k2n avec k < 1). C’est le cas

des m´ethodes de Newton, cf. §4 ci-dessous.

• si |f0(l)| = 1, les choses sont plus compliqu´ees, il peut y avoir ou non convergence,

et s’il y a convergence elle est lente (i.e. en 1

nα), cf. §6 ci-dessous.

c) Justifications.

La justification des points pr´ec´edents sur des cas particuliers est essentiellement du niveau de terminale. La remarque de base est que la condition |f0(x)| < k (ou > k) est ouverte, de sorte que si elle est vraie en l elle est vraie au voisinage. Bien entendu, ce point n’est pas du niveau d’un ´el`eve de terminale, mais c’est sans importance car il suffit d’´etudier la fonction f0 et de constater qu’elle v´erifie la propri´et´e voulue sur un intervalle contenant le point fixe.

Ensuite, pour le cas r´epulsif, si on a f0(x) ≥ k > 1 sur un intervalle I contenant l, on a f (x) − f (l) ≥ k(x − l) sur I et la conclusion s’ensuit. (C’est clair par le th´eor`eme des accroissements finis, hors programme, mais on peut le montrer en ´

etudiant la fonction f (x) − f (l) − k(x − l), cf. §7 : oui l’´etude des variations des fonctions c’est utile !)

Pour le cas attractif, il est clair que l’intervalle sym´etrique I = [l−α, l+α] est stable (l’in´egalit´e des accroissements finis dit que l’on se rapproche de l sur l’intervalle) et la convergence de la suite est imm´ediate avec l’in´egalit´e |un+1− l| ≤ k|un− l|. 3 Sur ce point le programme actuel stipule : Aucune difficult´e ne peut ˆetre soulev´ee sur l’existence

et l’unicit´e de cette suite. Je ne suis pas d’accord. Je con¸cois qu’on ait mis cette restriction pour ´

eviter des d´erives, mais elle incite les professeurs `a parachuter un intervalle stable, ce qui enl`eve beaucoup de sel `a l’´etude. Je pr´econiserais au contraire de regarder des exemples comme les suites homographiques, cf.§5 ci-dessous, ou encore un+1 = ln un pour bien faire sentir cette

(3)

L’aspect math´ematique du sujet 3 Attention, ici, la pratique est plus difficile que la th´eorie. En effet, la recherche de l’intervalle stable n’est pas si simple, mˆeme si on a trouv´e un intervalle I sur lequel on a |f0| ≤ k < 1, car on ne connaˆıt pas, en g´en´eral, la valeur du point fixe l et on ne peut donc pas prendre explicitement un intervalle sym´etrique par rapport `

a l. Si la fonction f est croissante sur l’intervalle consid´er´e, cela ne pose pas de probl`eme. En effet, si on a 0 ≤ f0 ≤ k < 1 sur un intervalle [a, b] contenant l, on a 0 ≤ f (l) − f (a) = l − f (a) ≤ k(l − a) < l − a, de sorte que f (a) ∈ [a, l] et, de mˆeme, f (b) ∈ [l, b]. Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi on ne laisse pas ce travail aux ´el`eves.

Si f0(l) est < 0, les choses sont un peu plus subtiles, cf. §3, mais un petit raisonnement permet de trouver un intervalle stable aussi.

d) Des objectifs p´edagogiques en terminale S.

• L’´etude des suites r´ecurrentes peut ˆetre l’occasion d’une approche exp´erimentale, `

a l’aide de la calculette programmable et du graphique. Je pr´econise de ne pas imposer imm´ediatement la valeur de d´epart u0, (pour avoir une situation

suffisamment riche), et de laisser, pendant un temps assez long, `a la charge de l’´el`eve le soin d’explorer le probl`eme (en tous cas de ne pas demander trop tˆot “monter que un a pour limite l”) laissant ainsi la situation ouverte.

• L’objectif essentiel me semble ˆetre de faire comprendre l’importance des points fixes et de la d´eriv´ee en ceux-ci (points attractifs ou r´epulsifs, il n’est pas interdit de donner le nom, tr`es ´evocateur). Cela repose, comme c’est le cas actuellement, sur l’in´egalit´e des accroissements finis, mais en laissant `a la charge de l’´el`eve, au moins de temps en temps, la s´election de l’intervalle stable sur lequel f est contractante. • Un autre objectif est de faire sentir aux ´el`eves les diff´erences de rapidit´e de convergence. La calculatrice est l’outil privil´egi´e pour cela. Il est plus difficile de faire des d´emonstrations. Toutefois, on peut montrer que la convergence est quadratique sur certains exemples alg´ebriques, par exemple la suite de H´eron, cf. §4. De mˆeme, le cas de la convergence lente peut aussi ˆetre abord´e sur des exemples bien choisis, cf. §6.

• Enfin, mˆeme s’il est nettement plus difficile, le cas chaotique peut-ˆetre abord´e, de mani`ere essentiellement exp´erimentale, cf. §7. J’y vois deux avantages :

1) On rencontre ce type de suites en dynamique des populations lorsqu’on ne se contente pas d’un mod`ele exponentiel (souvent peu conforme `a la r´ealit´e). Cela permet de combattre l’id´ee que les math´ematiques, appliqu´ees `a la r´ealit´e, produisent des r´esultats aberrants : dans ce cas, ce ne sont pas les math´ematiques qui sont en cause, mais le mod`ele.

2) ´Evidemment, il est `a peu pr`es impossible, au niveau du lyc´ee, de prouver les conjectures que la calculatrice semble fournir, mais on peut signaler aux ´el`eves qu’on peut y parvenir, avec d’autres outils, voir la bibliographie.

Dans ce qui suit, apr`es avoir d´ecrit la situation des probl`emes de Bac et des exercices des manuels, je proposerai quelques textes, r´edig´es `a l’aide de l’actuel programme de terminale, mais d´elib´er´ement plus ambitieux (et sans doute trop). Le but est d’illustrer les points ci-dessus et de montrer que le domaine est beaucoup plus riche que ne le laisse supposer la lecture des manuels.

(4)

2. L’´

etat du domaine dans les manuels et au Bac.

a) Au Bac.

Le mod`ele de probl`eme de Bac sur le sujet est le suivant. On donne une fonction f . On ´etudie les variations de cette fonction. On demande de v´erifier qu’un certain intervalle I est stable, puis que sur cet intervalle on a une in´egalit´e |f0(x)| ≤ k < 1. On demande de montrer que l’´equation f (x) = x a une unique solution l sur l’intervalle I (on donne le plus souvent l’indication de regarder f (x)−x). On ´etudie alors la suite r´ecurrente un+1 = f (un), avec u0 donn´e dans I. On demande de

montrer successivement les in´egalit´es |un+1−l| ≤ k|un−l| puis |un−l| ≤ kn|u0−l|

et d’en d´eduire la convergence de la suite un vers l. On demande une valeur

approch´ee de la limite `a 10−m pr`es.

Commentaire : C’est vrai que dans un tel exercice, l’´el`eve n’a rien `a faire d’autre que des v´erifications essentiellement triviales et qu’on s’est arrang´e pour qu’il n’ait pas `a faire preuve de la moindre initiative. Je consid`ere, moi aussi, que, pos´e comme ¸ca, cet exercice est sans autre int´erˆet que celui de permettre `a de nombreux ´

el`eves de r´eciter une le¸con apprise tout au long de l’ann´ee et d’ˆetre ainsi re¸cus au Bac.

b) Dans les manuels.

Voici maintenant un exercice recopi´e dans le livre de Terracher (qui est loin d’ˆetre le pire). Cet exercice est choisi `a dessein sur un th`eme le plus banal possible : le point fixe du cosinus, situation classique s’il en est.

L’objet de cet exercice est d’´etablir l’existence et l’unicit´e d’un point fixe de la fonction cosinus et d’approcher ce point fixe `a l’aide d’une suite r´ecurrente. 1) On pose pour x r´eel, f (x) = cos x. En ´etudiant la fonction ϕ : x 7→ x − cos x, montrer que l’´equation f (x) = x admet une unique solution α v´erifiant 0, 5 ≤ α ≤ 1.

2) On d´esigne par I l’intervalle [1/2, 1]. ´Etablir que f (I) ⊂ I et que |f0(x)| ≤ 0, 9 pour tout x de I.

3) On d´efinit la suite (un) par u0 = 1 et un+1 = cos un. Montrer que, pour tout

entier n, un ∈ I et que |un− α| ≤ 0, 9 |un−1− α|.

En d´eduire que |un− α| ≤ 0, 9n|u0− α|. Prouver que lim

n→+∞= α.

3. Le point fixe du cosinus, version ouverte.

La critique essentielle que je fais `a l’´enonc´e pr´ec´edent est de ne pas laisser aux ´

el`eves le travail int´eressant qui est la recherche d’un intervalle stable, `a partir de la constatation que la fonction est contractante au voisinage du point fixe. J’ai d´ej`a dit que cette id´ee de point fixe attractif me semble ˆetre l’id´ee fondamentale `a faire passer sur ce sujet.

Voici maintenant un ´enonc´e, toujours conforme `a l’actuel4 programme de Termi-nale S, ´elabor´e avec mes ´etudiants de CAPES. Il s’agit plutˆot `a mon sens d’un

(5)

Le point fixe du cosinus, version ouverte 5 texte de TP. Il suppose qu’on a d´ej`a ´etudi´e des suites un+1 = f (un) et qu’on a vu

notamment quelle est la limite possible, comment visualiser la suite sur un graphe, et comment utiliser l’in´egalit´e des accroissements finis lorsqu’on a un intervalle stable par f sur lequel la d´eriv´ee f0 est major´ee.

On consid`ere la fonction f d´efinie sur R par f (x) = cos x.

1) Montrer que l’´equation f (x) = x a une unique solution α que l’on encadrera entre deux mesures d’angles remarquables.

On d´efinit une suite (un) en se donnant u0 ∈ [0, π/2] et en posant, pour n ≥ 0,

un+1 = f (un).

2) En utilisant la calculatrice, donner une conjecture sur la limite de (un), le lien

de cette limite avec α et la monotonie de la suite.

3) Interpr´eter g´eom´etriquement la suite (un) en termes de graphe et discuter les

conjectures obtenues en 2).

4) Trouver un intervalle [a, b] contenant α sur lequel |f0| est major´ee par un r´eel k avec 0 ≤ k < 1. Quelle cons´equence en tire-t’on sur sur |f (x) − f (α)| pour x ∈ [a, b] ?

L’intervalle [a, b] trouv´e est-il stable par f ? Trouver un intervalle I stable par f , contenu dans [a, b] et contenant α. (On pourra raisonner selon la position des points a, b, α, f (a), f (b).)

5) On prend u0 dans l’intervalle I, u0 > α. Montrer que la suite (un) converge

vers α et donner une majoration de l’erreur |un− α| en fonction de n. Avec cette

majoration, pour quel n est-on sˆur que l’erreur est < 10−8? Commentaires.

1) On attend : π/6 < α < π/4. Je pr´ef`ere ces valeurs que l’on peut trouver de tˆete `a celles que donnent habituellement les ´enonc´es et qui n’ont aucun sens g´eom´etrique, donc requi`erent imm´ediatement l’usage de la calculatrice.

On notera que comme [0, π/2] est stable par f , la suite (un) est bien d´efinie.

2) Les ´el`eves peuvent soit ´ecrire un programme, soit utiliser un programme tout fait, voire une tabulation automatique, soit simplement utiliser une r´ep´etition de la touche cosinus (il faut ˆetre en mode radians, bien entendu).

3) La suite est “en escargot” et semble bien converger vers le point fixe.

4) C’est l’originalit´e de l’exercice. On cherche un intervalle stable par f , sur lequel f est contractante et cet intervalle n’est pas parachut´e. On peut utiliser l’intervalle [a, b] = [π/6, π/4] trouv´e en 1) (si on travaille en classe avec les ´el`eves l’intervalle n’a pas `a ˆetre indiqu´e dans l’´enonc´e). Il convient pour f0 mais n’est pas stable (c’est tr`es souvent le cas lorsque f est d´ecroissante) : le calcul montre en effet qu’on a a < f (b) < b < f (a), de sorte que f (a) sort de l’intervalle. Cependant, il est facile, avec un petit dessin et l’in´egalit´e des accroissements finis de trouver un intervalle stable. Voil`a le raisonnement : comme α est fixe, comme b est > α et comme f est d´ecroissante, on a f (b) < α et, comme f est contractante sur [a, b], f (b) est plus proche de α que b : on a |f (b) − f (α)| = α − f (b) ≤ k(b − α) ≤ b − α. On consid`ere alors f (f (b)). Il est plus grand que α et encore plus proche de α que f (b), donc a fortiori que b ce qui montre que l’intervalle I = [f (b), b] est

(6)

stable (le petit dessin est obligatoire !). L`a encore, en TP, il n’est pas n´ecessaire de donner d’embl´ee l’indication de regarder a, b, f (a), f (b). On notera que, comme on a pris des valeurs “remarquables”, il n’y a pas besoin de la calculatrice dans cette question.

4. La suite de H´

eron.

Dans ce paragraphe je donne un exemple, l`a encore archi-classique, d’une suite qui converge rapidement. Le seul point que je veux mettre en ´evidence est le fait que, dans certains cas simples, on peut vraiment prouver que la convergence est quadratique.

Voici un ´enonc´e r´edig´e selon l’actuel programme de Terminale S.

Soient a un nombre r´eel > 1, f la fonction d´efinie sur R par f (x) = x2− a et G(f ) le graphe de f .

1) Soit Mx = (x, f (x)) un point de G(f ). D´eterminer l’´equation de la tangente Tx

en Mx `a G(f ). On suppose x 6= 0. Montrer que le point d’intersection de Tx et de

l’axe des x a pour abscisse 1 2(x +

a x).

On consid`ere la fonction g d´efinie pour x 6= 0 par g(x) = 1 2(x +

a

x) et on d´efinit une suite (un)n∈N par la donn´ee de sa valeur initiale u0 >

a et par la formule un+1 = g(un) pour n ≥ 0.

2) Tracer les graphes de f et g et interpr´eter g´eom´etriquement la suite (un) sur

ces graphes. Montrer que un est > 0. Quelle peut ˆetre la limite ´eventuelle de un?

3) Calculer un+1−

a en fonction de un−

√ a. 4) Montrer que l’on a un >

a pour tout n ≥ 0. En d´eduire la majoration : un+1−

a < 1

2√a(un− √

a)2. Montrer que la suite (un) est d´ecroissante.

5) Soient k un r´eel > 0 et (vn) une suite de nombres r´eels > 0 v´erifiant vn+1 ≤ k vn2.

Soient m et n des entiers tels que 0 ≤ m ≤ n. Montrer qu’on a : vn≤ 1 k k vm 2n−m et, en particulier, vn ≤ 1 k k v0 2n .

6) En d´eduire qu’on a l’in´egalit´e : un−

√ a ≤ 2√a u0− √ a 2√a 2n .

7) On supppose qu’on a un premier encadrement de √a entre deux entiers cons´ecutifs : 0 < p ≤√a < p + 1. On pose u0 = p + 1. Donner une majoration de

la diff´erence un−

a en fonction de n et p et en d´eduire que la suite un converge

vers √a.

8) On suppose a = 2 et u0 = 2. Donner un entier n0 tel que un−

2 ≤ 10−6 pour n ≥ n0. Mˆeme question pour un−

2 ≤ 10−15, ou encore ≤ 10−100. Donner une approximation de √2 avec 15 d´ecimales exactes.

(7)

La suite de H´eron 7 2) C’est la m´ethode de Newton ou des tangentes. Il est clair que un est > 0 par

r´ecurrence. La limite ´eventuelle est un point fixe de g, donc √a ou −√a. C’est donc √a pour une raison de signe.

3) C’est un petit calcul alg´ebrique, facile pourvu qu’on pense toujours `a faire apparaˆıtre la quantit´e un− √ a. On trouve : (1) un+1− √ a = (un− √ a)2 2un .

Du point de vue p´edagogique on peut aussi donner le r´esultat pour ´eviter de bloquer les ´el`eves.

C’est ce calcul qui fait tout l’int´erˆet l’exercice. En effet, on sait qu’on a toujours, pour une m´ethode de Newton appliqu´ee convenablement `a une fonction f et convergeant vers la racine α de f (x) = 0, une formule du type

un+1− α = (un− α)2 2 f00(θn) f0(u n)

avec θn ∈ [α, un]. Dans le cas pr´esent, on retrouve exactement la formule

pr´ec´edente. Mais, cette formule requiert, pour ˆetre ´etablie dans le cas g´en´eral, la formule de Taylor-Lagrange `a l’ordre 2 ce qui est hors de port´ee d’un ´el`eve de terminale. L’int´erˆet du calcul ci-dessus est d’en donner une preuve directe. C’est l’exemple le plus simple, d’autres sont possibles, notamment lorsque f est polyno-miale de petit degr´e.

4) De la formule (1) r´esultent aussitˆot le fait que un est >

a, la majoration demand´ee et la d´ecroissance de (un).

5) La formule se montre sans difficult´e par r´ecurrence descendante sur m. Si on donne cet exercice en TP, il ne faut pas donner d’embl´ee la formule, mais la faire d´ecouvrir en partant de l’in´egalit´e vn+1 ≤ k vn2, ´ecrite pour n − 1, n − 2, · · ·, en

´

elevant au carr´e `a chaque pas et en multipliant les in´egalit´es obtenues. L’int´erˆet de la variante avec vm est de permettre d’am´eliorer les majorations en prenant un

point de d´epart plus loin. 7) On a un−

a ≤ 2 (p + 1) 1 2p

2n

et on en d´eduit le r´esultat (car 1/2p ≤ 1/2). On notera ici qu’on a une convergence quadratique (i.e. avec un exposant en 2n). C’est la sup´eriorit´e de cet exercice sur ceux qu’on trouve habituellement sur la m´ethode de Newton dans les livres et qui se contentent d’une majoration en kn avec 0 < k < 1. 8) On a un − √ 2 < 4 1 2 2n

. Il suffit donc de prendre n0 tel que 2n0ln(2) >

ln(4) + 6 ln(10). On voit que n0 = 4 convient et il marche aussi pour avoir

15 d´ecimales. Pour avoir 100 d´ecimales il suffit de prendre n0 = 8. On voit

ici l’extraordinaire efficacit´e de la m´ethode de Newton. Pour la question des 15 d´ecimales exactes, o`u le but du jeu est de faire mieux que la calculatrice, il suffit de calculer une expression rationnelle de u4, on trouve u4 =

665857

470832 et on en

d´eduit

2 ' 1, 4142135625079009 · · ·

(encore faut-il savoir se servir intelligemment de sa calculatrice !). Remarques suppl´ementaires.

(8)

1) La m´ethode de calcul de√a propos´ee ici est attribu´ee `a H´eron d’Alexandrie (vers l’an 0). Elle est tr`es naturelle si on pense au probl`eme g´eom´etrique qui consiste `a trouver un carr´e dont l’aire est la mˆeme que celle d’un rectangle donn´e, de cˆot´es l et L avec l < L. Si on pose a = lL il s’agit de calculer √a. On a une premi`ere approximation de √a : l <√a < L. L’id´ee consiste `a remplacer alors u0 = L par

la moyenne de l et L (c’est u1). On a alors a/u1 <

a < u1 et on recommence.

2) Comme la suite (un) est monotone, la m´ethode de Newton ne donne pas d’elle

mˆeme un encadrement de√a (d’o`u l’importance de la majoration de un−

√ a). Si on veut avoir une suite croissante qui approche √a on peut appliquer la m´ethode des s´ecantes `a partir d’un u0 <

√ a.

3) La m´ethode de H´eron est li´ee au d´eveloppement de √2 en fractions continues. Pr´ecis´ement, si (vn) est la suite des r´eduites de ce d´eveloppement d´efinies par

vn = 1 + 1 2 + 1 2 + 1 · · · + 1 2 ,

on a un = v2n−1 ce qui explique la rapidit´e de convergence, puisque dans la suite

vn, qui converge d´ej`a g´eom´etriquement vers

2, on prend seulement un terme tous les 2n.

5. Les suites homographiques.

Il s’agit des suites de la forme un+1 =

aun+ b

cun+ d

avec ad − bc 6= 0 et, dans un premier temps, c 6= 0 (pour ´eviter le cas affine). Bien entendu on peut les ´etudier de la mani`ere g´en´erale comme on l’a fait au §3). Il y a cependant deux autres aspects int´eressants que j’analyse ici :

1) l’´etude des valeurs exceptionnelles pour lesquelles la suite n’est pas d´efinie, 2) l’aspect g´eom´etrique, que l’on peut rapprocher de l’´etude des homographies `a coefficients complexes : la fameuse g´eom´etrie anallagmatique.

a) G´en´eralit´es.

On pose f (x) = ax + b

cx + d. La courbe repr´esentative est une hyperbole d’asymptotes x = −d

c et y = a

c. Les points fixes de f sont donn´es par l’´equation du second degr´e cx2 + (d − a)x − b = 0. Il y a trois cas : deux points fixes r´eels, un point fixe (double), pas de point fixe r´eel. Le cas le plus int´eressant est le cas de deux points fixes distincts p et q. On montre (cf. c) ci-dessous) que les d´eriv´ees de f en p et q sont inverses l’une de l’autre, de sorte que si l’un de ces points, disons p, est attractif, l’autre est r´epulsif. Si (un) est bien d´efinie elle converge vers p, sauf si

u0 = q. Bien entendu, sur un exemple concret on peut mener l’´etude directement

comme au §3) ci-dessus. b) Les valeurs exceptionnelles.

(9)

Les suites homographiques 9 Je propose une r´edaction du type suivant (`a adapter `a un exemple explicite). Je suppose qu’on est dans le cas de deux points fixes p (attractif) et q (r´epulsif) et qu’on a d´ej`a ´etudi´e la suite un+1 = f (un) pour certaines valeurs initiales. On veut

pr´eciser les valeurs interdites pour lesquelles la suite n’est pas d´efinie. Il s’agit du pˆole de f et de ses ant´ec´edents.

1) Montrer que la fonction f est une bijection de R − {−d

c} sur R − { a

c}. Calculer l’application r´eciproque g = f−1 (on r´esoudra en x l’´equation y = ax + b

cx + d). 2) On consid`ere la suite d´efinie par r´ecurrence par v0 = −

d

c et vn+1 = g(vn). On consid`ere la suite r´ecurrente (un) associ´ee `a f et de premier terme u0 = vk.

Montrer que un n’est pas d´efinie pour n ≥ k. Montrer, plus pr´ecis´ement, que les

seules valeurs de u0 pour lesquelles la suite (un) n’est pas d´efinie sont celles de la

suite (vn).

3) Montrer que la suite (vn) converge vers q.

Commentaire.

La fonction g, r´eciproque de f , admet les mˆemes points fixes p, q, mais comme la d´eriv´ee de g est l’inverse de celle de f , le point attractif est cette fois q, d’o`u la convergence de (vn) vers q.

Bien entendu si on consent `a travailler sur la droite projective bR = R ∪ {∞} avec un unique point `a l’infini et les conventions usuelles : f (−d

c) = ∞ et f (∞) = a c, il n’y a pas de valeurs exceptionnelles, la suite (un), si elle passe par le pˆole, va `a

l’infini, en ressort en a

c, et continue son petit bonhomme de chemin vers p. c) L’aspect g´eom´etrique.

Pour traiter de la g´eom´etrie des homographies il faut travailler en projectif, donc sur bR. On ajoute donc un unique point `a l’infini not´e ∞, avec la justification que les limites de f en ±∞ sont toutes deux ´egales `a a

c, On introduit les conventions ´

evoqu´ees ci-dessus. On ne suppose plus n´ecessairement c 6= 0, ce qui donne droit de cit´e aux transformations affines qui fixent ∞.

L’exercice suivant est une approche du principe de conjugaison. Il permet de d´emontrer les faits ´evoqu´es en a) : l’un des points fixes est attractif, l’autre r´epulsif, etc.

1) Montrer que la compos´ee de deux homographies en est une autre et que la r´eciproque d’une homographie est une homographie.

2) Montrer que les homographies qui laissent fixes les points 0 et ∞ sont exactement les homoth´eties x 7→ λx avec λ 6= 0.

3) Soient p et q deux points distincts de bR. Montrer qu’il existe une homographie h telle que h(p) = 0, h(q) = ∞. (On trouve h(x) = x − p

x − q. )

4) Soit f une homographie admettant p et q comme points fixes. Montrer que g = hf h−1 est une homographie qui admet 0 et ∞ comme points fixes 5. En

(10)

d´eduire que g est une homoth´etie de rapport λ. Montrer qu’on a, pour tout x ∈ bR : f (x) − p f (x) − q = λ x − p x − q (on ´ecrira hf = gh).

5) En d´erivant la relation pr´ec´edente, montrer qu’on a λ = f0(p) et 1 λ = f

0(q). En

d´eduire que si l’un des points fixes est attractif, l’autre est r´epulsif. d) Compl´ements.

On peut aussi ´etudier le cas d’un point fixe unique (f est alors conjugu´ee d’une translation) celui de deux points fixes imaginaires : il y a des cas p´eriodiques et des cas o`u la suite (un) est dense dans R, etc.

6. Une suite `

a convergence lente.

Dans ce paragraphe je donne un exemple d’´etude du cas difficile |f0(l)| = 1. Comme dans le cas de la convergence quadratique l’objectif est de mesurer les diff´erences de rapidit´e de convergence, et de parvenir, sur un cas particulier `a donner une preuve. La difficult´e vient du fait qu’on ne dispose plus du th´eor`eme des suites croissantes major´ees en terminale.

a) Un probl`eme pour les ´el`eves de terminale.

1) ´Etudier la fonction d´efinie par f (x) = x − x2 et tracer son graphe. Montrer que

f admet 0 pour unique point fixe et d´eterminer f0(0).

2) On consid`ere la suite (un)n∈N de nombre r´eels d´efinie par une valeur initiale

u0 ∈ R et par la relation de r´ecurrence un+1 = un− u2n.

Montrer que la suite (un) est toujours d´ecroissante. Est-elle toujours strictement

d´ecroissante ?

3) On suppose u0 < 0. Montrer par r´ecurrence sur n qu’on a un ≤ −nu20. En

d´eduire que (un) tend vers −∞.

On prend u0 = −2. Montrer par r´ecurrence sur n qu’on a un≤ −22

n

. `A partir de quel entier n a-t’on un< −10100?

4) On suppose u0 > 1. ´Etudier (un) (on pourra regarder u1 et utiliser 3)).

5) On suppose 0 < u0 < 1.

a) Montrer qu’on a 0 < un < 1. On pose vn = 1/un. Montrer que (vn)

v´erifie la relation de r´ecurrence vn+1 = vn+ vn vn− 1 = vn+ 1 + 1 vn− 1 .

En d´eduire qu’on a vn > n pour tout n ∈ N, donc 0 < un < 1/n pour tout

n ≥ 1. Conclusion sur la convergence de la suite (un) ?

b) Montrer qu’on a, pour n ≥ 2, vn+1− vn ≤ 1 +

1 n − 1 ≤ 2. En d´eduire qu’on a vn ≤ v2+ n + 1 2 + 1 3 + · · · + 1 n − 2 ≤ n + v2+ ln (n − 2)

fait g´eom´etrique essentiel. Le principe dit que le conjugu´e d’une transformation g´eom´etrique f parh,hf h−1, est une transformation de mˆeme nature quef et dont les ´el´ements g´eom´etriques, par exemple les points fixes, sont transport´es parh.

(11)

Le cas chaotique 11 pour n ≥ 3, puis qu’on a vn ≤ 2n pour n assez grand et donc un ≥

1 2n. Combien de termes faut-il prendre pour que la diff´erence entre un et sa

limite soit < 10−6? b) Commentaires.

1) et 2) On a f0(0) = 1, donc un point ni attractif, ni r´epulsif. On notera que (un)

est d´ecroissante quel que soit u0 ce qui n’arrive jamais dans les autres cas. La

d´ecroissance est stricte sauf si u0 = 0 (suite constante) ou u0 = 1 (suite constante

pour n ≥ 1).

3) La suite tend tr`es vite vers −∞ (dans le cas u0 = −2 on est `a −10100 en 9

coups). On peut le comprendre aussi en regardant vn qui, pour v0 < 0 tend vers le

point 0 qui est super-attractif (d´eriv´ee nulle). Pour montrer que la suite tend vers −∞ il suffit ´evidemment d’´evoquer le th´eor`eme des suites d´ecroissantes minor´ees, mais ce th´eor`eme n’est plus au programme de TS.

4) L`a encore, le th´eor`eme des suites d´ecroissantes minor´ees donne aussitˆot la convergence vers 0. Pour ´eviter le recours `a ce r´esultat, l’exercice montre que un

est compris entre 1/n et 1/2n, donc est un O(1/n). En fait, au niveau DEUG on montre assez facilement que un est ´equivalent `a 1/n (consid´erer vn, on voit que

vn+1− vn converge vers 1 et on en d´eduit que vn est ´equivalent `a n par C´esaro).

7. Le cas chaotique.

Dans ce dernier exemple j’aborde un cas nettement plus compliqu´e. L’objectif est de montrer une m´ethode quasiment exp´erimentale en math´ematiques, avec la calculatrice, en essayant de produire des conjectures. Pour les d´emonstrations, c’est une autre histoire6, voir la bibliographie !

On se propose d’´etudier le comportement d’une suite (un) d´efinie par la valeur

initiale u0 ∈ R et la relation de r´ecurrence un+1 = 3u2n− 2un.

1) En programmant la calculatrice, calculer une trentaine de valeurs de un lorsque

u0 vaut 12, 2, −1. Quelles conjectures pouvez-vous faire sur le comportement des

suites obtenues ?

2) ´Etudier la fonction f (x) = 3x2− 2x, tracer son graphe, d´eterminer ses points fixes et calculer les d´eriv´ees de f aux points fixes. Quelles sont les limites (finies) possibles de la suite (un) ? Construire graphiquement les premiers termes de

la suite dans les cas pr´ec´edents. Pouvez-vous confirmer, infirmer, pr´eciser les conjectures faites en 1) ? Quelles sont les diff´erentes zones dans lesquelles ´etudier les valeurs de u0?

3) On suppose u0 > 1. Montrer qu’on a, pour n ≥ 0, un+1− 1 ≥ 2(un− 1). En

d´eduire qu’on a un− 1 ≥ 2n(u0− 1) pour n ≥ 0. Conclure.

4) On suppose u0 < −13. Que peut-on dire de u1? Conclure.

5) On suppose −1

3 ≤ u0 ≤ 1. a) Montrer qu’on a aussi −1

3 ≤ un ≤ 1 pour tout n.

(12)

b) Montrer que si on a 2

3 ≤ x ≤ 1 on a f

0(x) ≥ 2. En d´eduire qu’on a

1 − f (x) ≥ 2(1 − x) pour 2

3 ≤ x ≤ 1 (on ´etudiera la fonction 1 − f (x) − 2(1 − x)). c) On suppose que la suite (un) a pour limite 1. En particulier on a

2

3 ≤ un ≤ 1 pour n assez grand, disons n ≥ n0. On va montrer par l’absurde que un0 est ´egal

`

a 1. On suppose un0 6= 1. Montrer qu’on a, pour n ≥ n0, 1 − un+1 ≥ 2(1 − un),

en d´eduire qu’on a 1 − un ≥ 2n−n0(1 − un0) et montrer qu’on aboutit `a une

contradiction.

Conclure que la suite (un) n’admet la limite 1 que si elle est constante et ´egale `a

1 `a partir d’un certain rang.

d) Montrer de mˆeme que la suite (un) n’a pas la limite 0 sauf si elle est constante

et ´egale `a 0 `a partir d’un certain rang.

e) On dit qu’une valeur de u0 est exceptionnelle si la suite correspondante converge

vers 0 ou 1. Donner des exemples de valeurs exceptionnelles pour lesquels un est

´

egal `a 1 (ou 0) `a partir du rang 0, 1, 2, 3, .... On consid`ere les deux fonctions suivantes :

g1(y) =

1 +√1 + 3y

3 et g2(y) =

1 −√1 + 3y

3 .

Pr´eciser le domaine de d´efinition de ces fonctions. Calculer f (g1(y)) et f (g2(y)).

Montrer que les suites d´efinies par v0 = 1 et vn+1 = g1(vn), w0 = 1 et

wn+1 = g2(wn), s0 = 0 et sn+1 = g1(sn), t0 = 0 et tn+1 = g2(tn) sont toutes

form´ees de valeurs exceptionnelles. Comment fabriquer encore beaucoup d’autres valeurs exceptionnelles ?

En programmant la calculatrice d´eterminer une cinquantaine de valeurs exception-nelles. Formulez une conjecture sur la r´epartition des valeurs exceptionnelles dans [−13, 1].

f) On s’int´eresse maintenant aux valeurs de u0 qui sont telles que la suite soit

p´eriodique de p´eriode 2, c’est-`a-dire telle que l’on ait u2n = u0 et u2n+1 = u1 pour

tout n et u1 6= u0. Montrez que ces valeurs sont les points fixes de la fonction

x 7→ f (f (x)) qui ne sont pas les points fixes de x et les d´eterminer. Un tel point sera dit p´eriodique (de p´eriode 2). On trouve τ3 et 1−τ3 o`u τ est le nombre d’or

1+√5 2 .

Montrer qu’il y a des points u0 non p´eriodiques qui sont tels que u1 soit p´eriodique

(on parle de points pseudo-p´eriodiques), par exemple 1+τ3 .

f) On suppose que u0 n’est pas une valeur exceptionnelle ni un point

pseudo-p´eriodique (par exemple u0 = 12). En demandant une cinquantaine de valeurs `a la

calculatrice, donnez une conjecture sur le comportement de (un) et notamment la

r´epartition des un dans l’intervalle [−13, 1]. Comparer le comportement des suites

correspondant `a u0 = 0, 5 et u0 = 0, 50000001.

Commentaires.

Cet exercice est sans doute difficile pour un ´el`eve de terminale, mais il pourrait faire un beau sujet de TPE car ce genre de suite mod´elise des ´evolutions de populations qui suivent le mod`ele logistique. Il s’agit des cas o`u l’accroissement de population est “proportionnel” `a la fois `a la population, mais aussi `a la place restante : un+1− un = k un(M − un), soit encore un+1 = −ku2n+ (M + 1)un.

(13)

Conclusion 13 Math´ematiquement la difficult´e est concentr´ee dans l’intervalle [−13, 1], avec plusieurs centres d’int´erˆet :

1) les valeurs qui finissent par tomber sur les points fixes et qui forment un ensemble d´enombrable, mais dense dans l’intervalle,

2) les points p´eriodiques (de p´eriode quelconque) qui sont eux aussi denses dans l’intervalle, cf. [L] p.215,

3) le comportement de la suite (un) lorsque la valeur initiale n’est ni exceptionnelle,

ni pseudo-p´eriodique : on peut montrer qu’elle est dense dans l’intervalle, cf. [D]. Bien entendu ce mot n’est pas au programme de TS, mais la calculatrice montre bien ce dont il est question : des points un y en a partout !

4) la sensibilit´e de (un) aux petites variations de la valeur initiale, cf. 5 f ).

Les conditions 2,3,4 caract´erisent ce qu’on appelle un comportement chaotique, cf. [D] p. 50.

Le lecteur qui d´esirerait en savoir plus sur ce type de suites se reportera au livre de Thierry Lambre [L] ou `a celui de Robert Devaney [D]. Ces auteurs ´

etudient les suites associ´ees aux fonctions f (x) = µx(1 − x). Le cas ´etudi´e ici est de mˆeme nature. Pr´ecis´ement, la fonction f (x) = 3x2− 2x est conjugu´ee de g(x) = 4x(1 − x) : on a f = hgh−1 avec h(x) = −43x + 1, ce qui assure que les suites correspondantes ont le mˆeme comportement.

R´ef´erences

[D] DEVANEY Robert L., An introduction to chaotic dynamical systems, Ben-jamin, 1986.

[L] LAMBRE Thierry, L’´epreuve sur dossier `a l’oral du CAPES, Analyse, Ellipses, 1998.

Voir aussi la bibliographie de [L].

8. Conclusion.

a) Le diagnostic.

On aura compris que le but de ce qui pr´ec`ede est de convaincre le lecteur que les suites r´ecurrentes sont un sujet riche, profond, divers et passionnant. Pourtant, ce qu’en fait notre syst`eme scolaire est bien triste et en d´egoˆuterait n’importe qui et il y a l`a un probl`eme difficile `a r´esoudre et qui relativise l’importance des choix de programmes.

Je pense que la responsabilit´e du Bac dans cette histoire est essentielle. On se reportera au papier de G´erard Kuntz [K] pour une analyse du rˆole du Bac en la mati`ere. Il est d’ailleurs tout `a fait probable que si certaines des suggestions que je fais ici ´etaient retenues elles deviendraient tr`es vite sujets de bachotage comme le reste (par exemple la d´etermination d’un intervalle stable que je trouve si importante et si intelligente). Qui plus est, dans notre syst`eme o`u l’´evaluation pilote tout `a tous les niveaux, les mˆemes ph´enom`enes se produisent partout : nous souhaitons tous (et moi le premier) la r´eussite de nos ´el`eves et cela entre souvent en contradiction avec leurs apprentissages. Soumises `a un d´ecoupage en rondelles presque toutes les questions, si int´eressantes soient-elles, deviennent un travail stupide et routinier pour les ´el`eves O.S. que nous formons.

(14)

Je dis presque car je suis persuad´e que la g´eom´etrie (´el´ementaire : ni vectorielle, ni analytique) ´echappe largement `a ce travers ; il n’est pas si facile de concocter des sujets avec une r´eussite statistiquement assur´ee, mˆeme apr`es un entraˆınement sp´ecifique.

b) Le traitement.

On aura compris que je suis tr`es attach´e au th`eme des suites r´ecurrentes et que je souhaite qu’elles restent dans les programmes des lyce´es, mais s’il n’est pas possible d’en faire autre chose que ce qu’on en fait actuellement, je vais finir par me rallier `a la propositions de certains : il faut les faire disparaˆıtre des programmes, comme des objets trop us´es par le syst`eme, ind´ependamment de leur int´erˆet math´ematique. Ainsi on pourra peut-ˆetre retrouver, chez les ´el`eves et surtout chez les professeurs, avec des sujets plus neufs, un peu de fraˆıcheur. Toutefois, une fa¸con de ne pas oublier totalement les suites r´ecurrentes est de les garder, avec des probl`emes consistants, du cˆot´e des TPE (cf. l’exemple des suites chaotiques).

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