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La recherche publique en EPST et les logiciels libres

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Academic year: 2022

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HAL Id: hal-02592106

https://hal.inrae.fr/hal-02592106

Submitted on 15 May 2020

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La recherche publique en EPST et les logiciels libres

V. David

To cite this version:

V. David. La recherche publique en EPST et les logiciels libres. Sciences de l’environnement. 2009.

�hal-02592106�

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Ann´ee 2008-2009

Vanessa David

M´ emoire de stage

La recherche publique au sein d’un EPST

et les logiciels libres

CemOA

: archive ouverte d'Irstea / Cemagref

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La recherche publique au sein d’un EPST et les logiciels libres

Pourquoi la recherche publique et les logiciels libres ont il besoin de communication pour s’entendre?

Stage r´ ealis´ e du 4 mai au 28 aoˆ ut 2009 Service informatique du Cemagref de Lyon

3 bis Quai Chauveau 69009 Lyon

Responsable du stage en entreprise: Antoine Gallavardin Correspondante p´ edagogique: Ingrid-Dana Popescu

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Avant-Propos

Je tiens `a remercier toutes les personnes qui m’ont aid´ees et soutenues durant mon bref passage au Cema- gref. Tout d’abord un grand merci `a Antoine Gallavardin et `a Yves Badel, pour leurs r´eponses, leur soutien et et leur accompagnement au quotidien. Sans eux, je n’aurais certainement pas pu faire ce stage. Merci

´

egalement au directeur r´egionnal, M. Yves Confesson, pour m’avoir permis d’effectuer ce stage au sein de son groupement.

Je tiens ´egalement `a remercier toutes les personnes qui m’ont re¸cues en entretien : Mlles et Mmes C´ecile Mi`ege, Catherine Ambroise-Rendu, Nadia Carluer, No¨elle Morand, Adeline Dubost, Christ`ele Roth´e, Anne- Laure Achard, Fran¸coise Pipet, V´eronique Delamir, Ghislaine Grisot ; ainsi que MM. Michel Lang, Pascal Boistard, Renaud Tutundjian, Benjamin Renard, Jean-Pierre Canler, Marc Babut, Jean-Baptiste Faure, Andr´e Chandesris, Nicolas Mongin, Bertrand Villeneuve, Aur´elien Ben Daoud.

Je remercie ´egalement tous les agents du Cemagref qui m’ont accueillis et qui ont r´epondus `a mes questions.

Un grand merci ´egalement `a ma correspondante p´edagogique : Mme Ingrid-Dana Popescu et `a mon re- sponsable de formation M. Vincent Mabillot, qui m’ont appris de nombreuses choses tout au long de l’ann´ee et qui m’ont soutenue et guid´ee durant ces quatre mois de stage.

Ce document est plac´e sous Licence Creative Common BY ND. Ce qui signifie, qu’il peut ˆetre diffus´e n’importe o`u, avec pour conditions de citer le nom de l’auteur et de ne pas le modifier.

Les mots marqu´es d’une * sont exlicit´es en fin de document dans le glossaire.

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Sommaire

Avant-Propos 5

Sommaire 8

I Deux communaut´ es ferm´ ees sur elle-mˆ emes 11

1 Un d´enominateur commun : la communaut´e 15

2 Qu’est ce que la recherche publique et quelle est sa mission ? 19 3 La communaut´e du libre, ou plutˆot les communaut´es 23

II Un int´ erˆ et commun : le partage 27

4 La construction en commun 31

5 Un objectif partag´e : le bien commun 35

6 L’´echange d’information : un moyen de progresser ? 37

III Des enjeux communs mais une m´ econnaissance de l’autre 41

7 Un besoin de marketing en faveur des logiciels libres 45

8 Une philosophie qui doit s’adapter `a la pratique 49

9 Communiquer pour mieux se comprendre 53

Conclusion 55

Glossaire 57

Bibliographie 61

Annexes 65

A Fiche Profil 65

B Entretiens 67

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SOMMAIRE

C Cahier des charges de l’intranet de gestion 71

D Comparatif des solutions logicielles test´ees pour l’intranet de gestion 73

Logiciel libre et EPST 8

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Introduction

Mon stage au Cemagref a ´et´e pour moi l’occasion d’etre en contact avec un milieu particulier qu’est celui de la recherche publique, notamment au sein d’un EPST*. Le Cemagref est un organisme de recherche publique divis´e en plusieurs groupement r´epartis sur toute la France. Le groupement de Lyon a pour par- ticularit´e d’avoir ´et´e choisi comme pilote au niveau de l’utilisation des logiciels libres. Aussi ce stage m’a permis de d´ecouvrir le fonctionnement d’un organisme de recherche et de la partie administrative qui lui est rapport´e. Il a ´egalement ´et´e, pour moi, l’occasion de d´ecouvrir l’importance que peut avoir la communication, dans un endroit o`u celle-ci me paraissait de prime abord comme«naturelle».

Ma mission de stage ´etait de voir de quelle fa¸con le service informatique pouvait instaurer une comu- nication avec ses utilisateurs. Aussi, et afin de faire un ´etat des lieux pr´ecis des relations entre le service informatique et ses utilisateurs, je d´ecidais d’effectuer une s´erie d’entretiens avec les agents de diff´erentes

´

equipes afin de mieux cerner l’existant et pourquoi une communication ´etait elle n´ecessaire. Ces entretiens m’ont appris de nombreuses choses (le compte rendu de ceux ci est disponible en annexeB) mais ce qui m’a particuli`erement int´eress´ee ´etait la communication autour des logiciels libres et c’est sur ce point que j’ai choisi d’´ecrire ce m´emoire.

Malgr´e le fait que le groupement de Lyon ait ´et´e choisi pour tester les possibilit´es des logiciels libres au sein du Cemagref, je me suis rapidement aper¸cu que l’utilisation des logiciels libres dans cet organisme de recherche n’´etait pas totalement acquise. Cela m’a conduite `a m’interroger sur la possibilit´e et les enjeux d’utilisation des logiciels libres au niveau de la recherche publique. Au cours des entretiens, la probl´ematique souvent ´evoqu´ee des logiciels libres m’a amen´ee `a me questionner sur ce sujet pr´ecis :«Pourquoi les logiciels libres ont-ils besoin de communication pour s’entendre ?». Aussi en plus de m’interroger sur la communication d’un service informatique, j’orientais ma r´eflexion sur les difficult´es que pouvaient pos´ees les logiciels libres, puisque ce domaine m’int´eresse particuli`erement.

Ce m´emoire essayera, `a travers de l’exp´erience v´ecue en stage de rendre compte des enjeux communs entre logiciels libres et recherche publique ainsi que le besoin de communicaton qui en d´ecoule. Pour cela une premi`ere partie pr´esentant les deux communaut´es en pr´esences que sont la communaut´e scientifique et la communut´e du libre, en tentant de comprendre pourquoi celles-ci restent limit´ees `a leur domaine. La deuxi`eme partie l’int´erˆet commun, pour moi, de ces deux communaut´es, qu’est celui du partage, sous diverses formes. Enfin, la derni`ere partie expliquera pourquoi la commmunication entre ses deux commmunaut´es sur leurs enjeux communs est n´ecessaire pour que celles-ci travaillent de pair.

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Premi` ere partie

Deux communaut´ es ferm´ ees sur elle-mˆ emes

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Cette premi`ere partie a pour but de pr´esenter les deux forces en pr´esence. D’un cˆot´e la communaut´e scientifique et ses sp´ecificit´es et de l’autre la communaut´e du libre.

Le premier chapitre s’attardera sur ce qu’est une communaut´e, ce qui la d´efinit, quelles sont ses forces et ses faiblesses. Le chapitre suivant pr´esente les enjeux et les contraintes de la communaut´e scientifique. Le chapitre 3 explique ce qu’est la communaut´e du libre, ses int´erˆets et les divergences qu’ils existent au sein de celle-ci.

Ainsi, cela permettra de comprendre pourquoi ces deux communaut´es ne communiquent pas entre elles.

13 CC BY-ND Vanessa David

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Chapitre 1

Un d´ enominateur commun : la communaut´ e

Avant de pr´esenter chacune des communaut´es, il convient de d´efinir pr´ecis´ement ce que contient ce terme.

Pour cela, et pour ne pas «r´einventer la roue», l’examen de d´efinitions existantes et la proposition d’une d´efinition servant de r´ef´erence semble ˆetre une premi`ere ´etape importante. Par la suite, l’´etude approfondi de l’espace commun et de ses avantages permet ´egalement d’expliquer le choix de ce terme et de ce rapprochement entre communaut´e du libre et communaut´e scientifique. Enfin la communaut´e, quelqu’elle soit, semble souvent se diviser pour diff´erentes raisons qu’il semble opportun de rappeler ici.

1.1 D´ efinition d’une communaut´ e

Que ce soit du cˆot´e du logiciel libre ou de celui de la recherche, on parle dans les deux cas de commu- naut´e, mais malgr´e ce premier point qui peut sembler ˆetre un d´enominateur commun, se cache pourtant une singularit´e amenant chacune de ces communaut´es `a rester repli´ee sur elle mˆeme.

En premier lieu commen¸cons par d´efinir ce qu’est une communaut´e : en effet cette notion fait d´ebat depuis de nombreuses ann´ees, puisque ce terme regroupe des choses tr`es diverses et il semble que celui-ci soit en perp´etuel ´evolution.

A la fin des ann´ees 60, une des d´efinitions qui a fait l’unanimit´e, fut celle de Ronnie Frankeberg pos´ee ainsi :

« Les individus qui appartiennent `a la mˆeme communaut´e ont des int´erˆets ´economiques pri- mordiaux identiques ou compl´ementaires [. . . ] L’int´erˆet partag´e des membres du groupe pour telle ou telle chose les am`ene `a s’int´eresser les uns aux autres»Frankeberg1966

Cependant cette d´efinition limite plus ou moins la notion de communaut´e `a un lien physique entre les personnes, or dans notre cas, les communaut´es sont ´eparpill´ees et ne sont pas forc´ement amen´ees `a se ren- contrer physiquement. Aussi Ray Pahl dans sont article,Pahl2007, analyse ce ph´enom`ene de communaut´e li´e `a un territoire et d´efinit celle-ci comme une sorte de r´eseau social que chacun se constitue.

Mais cette d´efinition d’une communaut´e, synonyme d’un r´eseau social, laisse `a penser que la communaut´e est constitu´ee d’un ensemble de liens affectifs. Or dans le cas pr´esent, les communaut´es ´etudi´ees n’ont ni liens affectifs, ni lien ´economique direct. Ce qui m’am`ene `a d´efinir une communaut´e comme un groupe de personne li´e par des int´erˆets communs. Ces int´erˆets peuvent ˆetre de nature diverse, mais la communaut´e est avant tout un moyen d’´echanger et d’avancer ensemble vers un objectif commun. Une communaut´e fait g´en´eralement aussi intervenir un sentiment d’appartenance plus ou moins fort `a celle-ci, cr´eant des liens entre ses participants.

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Un d´enominateur commun : la communaut´e

1.2 La communaut´ e : un espace commun

La communaut´e se veut avant tout, `a mon sens, un espace commun (qu’il soit physique ou symbolique) d’´echanges, de partages, de discussions, de transmissions d’informations, de connaissances, de savoirs. Lieu de d´ebat pour les uns, d’apprentissage et d’enrichissement pour les autres, c’est avant tout un moyen pour les individus de se rencontrer (mˆeme si ce terme `a g´en´eralement pour sens une rencontre physique, celle-ci peut

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egalement ˆetre virtuelle `a travers les diff´erents moyens technologiques mis `a notre disposition aujourd’hui) et d’´echanger des id´ees. De ces ´echanges, quelques soit leur formes, chacun apprend, donne, re¸coit et ainsi se cr´ee des relations plus ou moins complexes entre les gens. Mais en posant cette d´efinition on abandonne l’id´ee que la communaut´e est li´ee `a des enjeux ´economiques et sociaux de premier niveau, car que ce soit du cˆot´e des scientifiques ou de celui du libre, les diff´erents rˆoles que peuvent jouer les participants sont interversibles et tantˆot un participant se retrouvera `a recevoir et l’instant d’apr`es ce sera son tour de donner. C’est cette souplesse qui rend l’exercice de d´efinir une communaut´e plutˆot difficile.

Mais cet espace commun a ´egalement un certains nombres de r`egles, qui lui permettent d’ˆetre auto-r´egul´ee :

”et c’est cela la diff´erence fondamentale entre libre et propri´etaire : la communaut´e de d´eveloppeur d´ecide ce qu’il convient de faire, sans qu’un int´erˆet ´economique ne prime, seuls les int´erˆets des d´eveloppeurs et des utilisateurs comptent.” (Perline2006-p54)

Ce principe d’autor´egulation permet `a toute communaut´e, et notamment celle du libre, d’ˆetre ind´ependant et de permettre `a tous d’entr´ee dans la communaut´e. Cependant, la communaut´e a aussi besoin de r`egles pour tourner et ne pas devenir un grand bazar.

Ces r`egles peuvent ˆetre implicites ou explicites. Elles sont souvent synonymes de barri`eres `a l’entr´ee de nouvelle personne dans le cercle plus ou moins ferm´e que peuvent repr´esent´ees ces communaut´es. Ainsi une personne qui souhaiterait int´egrer une communaut´e doit g´en´eralement montrer qu’il `a compris les r`egles en vigueur mˆeme si elles ne sont pas explicit´ees clairement. C’est ce que l’on voit beaucoup sur les forums dans la communaut´e du libre. Certains usages indiquent qu’il est n´ecessaire de se pr´esenter bri`evement avant de participer, d’autres, afin d’´eviter la r´ep´etition, conseillent d’apprendre `a utiliser les fonctions de recherches des forums avant de poser des questions (comme c’est le cas sur le forum d’Ubuntu-fr*). Dans la communaut´e scientifique d’autres barri`eres existent : en effet, avant de devenir chercheur on est doctorant, et ce statut est particulier puisqu’il cr´ee une sorte de hi´erarchie entre les chercheurs.Cette hi´erarchie, est ´egalement

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etablie en fonction de l’ˆage des scientifiques, de leur nombre de publications, de leur renomm´ee, etc. Mais au sein mˆeme des chercheurs, une certaine distinction existent entre ceux qui travaillent en universit´e ou en organisme de recherche, en fonction des disciplines ´etudi´ees, etc. Ces diff´erences peuvent mˆemes cr´ees des micro-communaut´es au sein d’une communaut´e plus vaste.

1.3 Une communaut´ e ou des communaut´ es ?

Dans notre sujet d’´etude, que ce soit du cˆot´e scientifique ou du cˆot´e du libre, on constate le mˆeme ph´enom`ene : il y a des micro communaut´es qui d´ej`a entre elles, ne communiquent pas.

Par exemple dans le cas de la communaut´e scientifique on oppose tr`es souvent les sciences dites«dures»

au sciences dites «sociale», pourtant, `a mon sens, cette pseudo-opposition est st´erile puisque les uns comme les autres font de la recherche et l’une ne peut pas se passer de l’autre : comment prouver tel ph´enom`ene dans un milieu aquatique sans le mettre en rapport avec l’histoire du lieu par exemple. Ou bien comment pouvoir affirmer que l’homme communique depuis l’`ere pal´eolithique (les dessins sur la grotte de Lascaut) sans pouvoir dater ces dessins (ce qui requiert des mesures et analyses chimiques) ?

Au niveau du libre on observe un peu le mˆeme comportement, certaines communaut´es sont, d’une certaie mani`ere, en concurrence avec les autres, avec chacune des points de vue divergents sur des d´etails plus ou moins techniques. Mais c’est aussi l’int´erˆet du libre, d’avoir des choix diff´erents proposer aux utilisateurs, de

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1.3 Une communaut´e ou des communaut´es ?

ne pas avoir un seul chemin, une seule voie pour arriver au mˆeme r´esultat mais bien plusieurs choix laissant chaque personne libre de d´ecider quel chemin sera le meilleur pour elle (en fonction de ses goˆuts, de ses connaissances, de son histoire, de ses comp´etences, de sa langue...).

Cela dit, mˆeme si, de prime abord, la comparaison n’a pas lieu d’ˆetre, ce qui r´esulte de ces deux exemples est bien une opposition interne, empˆechant les gens de communiquer vers l’externe et ainsi de toucher un public plus large.

La d´efinition donn´ee en premi`ere partie de ce chapitre permet de savoir dans quelle direction on se dirige.

D’autre part, les avantages et les inconv´enients d’une communaut´e permettent de situer un peu mieux le contexte de l’´etude. Mais celle-ci ne se suffit pas et afin de continuer notre raisonnement, il faut dans un premier temps pr´esenter et analyser les parties en pr´esence.

Mˆeme si la d´efinition permet de poser des points communs entre les communaut´es scientifiques et les communaut´es du libre, celles-ci ont deux mani`eres de fonctionner diff´erentes et surtout deux types d’int´erˆets qui peuvent laisser `a penser que ces deux communaut´es ne sont pas faites pour se rapprocher.

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Chapitre 2

Qu’est ce que la recherche publique et quelle est sa mission ?

Afin d’expliquer les tenants et les aboutissants du fonctionnement et des enjeux d’un EPST, il faut s’int´eresser aux conditions de la recherche publique en France, qui est en pleine ´evolution. De plus voyons

´

egalement les enjeux de cette recherche ainsi que l’environnement dans lequel celle-ci ´evolue et la diff´erence entre recherche publique et recherche priv´ee. Ce chapitre tentera de faire comprendre quels sont les int´erˆets de la recherche dans un EPST ainsi que les diff´erentes missions et mani`ere de fonctionner de celui-ci. Mais comme cet environnement est particulier, il convient aussi de rappeler certains points cl´es de son ´etat actuel.

2.1 La recherche publique dans un EPST

La recherche publique a pour objet la d´ecouverte de nouvelles th´eories et de l’exploitation qui peut en ˆ

etre faite. Contrairement la recherche priv´e, qui a pour objectif principal la cr´eation de nouveaux produits amenant la rentabilit´e, la recherche publique n’a aucun objectif lucratif, ce qui l’affranchit d’un certain nombre de contraintes, comme le d´epˆot de brevets sur de nouvelles inventions (qui a lieu dans le priv´e pour ´eviter que les concurrents n’utilisent les recherches men´ees pas l’entreprise), ou bien comme la pression li´ee au fait au risque de licenciement, ce qui, en temps de crise ´economique, est un argument tr`es actuel. Au contraire les chercheurs d´ependent de minist`eres et sont donc employ´es au titre de fonctionnaires, c’est `a dire, qu’ils sont embauch´es sur des contrats `a dur´ee ind´etermin´ee leur apportant un certains nombres d’avantages qui compensent (ou non, selon les points de vue) le manque `a gagner mensuel.CNER2003

La mission de la recherche publique est avant tout une mission de d´ecouverte de nouvelles connaissances et de transmission de celles-ci au plus grand nombre. On parle de d´emocratisation, de vulgarisation scientifique, amenant les chercheurs essayer de mettre `a port´ee du plus large public possible leurs travaux de recherches et leurs d´ecouvertes. Pour cela, les recherches men´ees doivent donc ˆetre rendues publiques et non pas tenues secr`etes comme cela est le cas dans la recherche priv´ee (hormis cas exceptionnel lorsque l’´etude porte sur un sujet tr`es sensible par exemple).

Les chercheurs ont, afin d’assurer leur missions d’´education et d’enseignement, un temps impos´e de 10%

minimum doit ˆetre consacr´e `a ces deux missions. Dans ce cadre, beaucoup des chercheurs du Cemagref, en dehors de l’encadrement de stagiaires ou de doctorants, donnent ´egalement des cours dans des universit´es ou des ´ecoles sup´erieures. Cela fait ´egalement partie de leurs contraintes, tout comme la publication d’articles ou la gestion de projet. De fait, leur temps de recherche pure est diminu´e et ceux-ci sont souvent d´ebord´es ou mˆeme pour certains d´ecourag´es, puisque le temps qu’ils passent `a faire ces diff´erentes missions est du temps en moins sur leur premi`ere mission de recherche.des comptes2007

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Qu’est ce que la recherche publique et quelle est sa mission ?

2.2 Recherche publique et recherche priv´ e : les enjeux commerci- aux de la recherche

Il existe en France une distinction nette entre la recherche priv´ee et la recherche publique : la recherchr priv´ee est men´ee par des soci´et´es commerciales avec pour objectifs de cr´eer des nouveaux produits que la soci´et´e va pouvoir vendre. La recherche publique n’a, quant `a elle, pas d’objectifs lucratifs directs, son but premier est de produire des connaissances et de les transmettre `a un public le plus large possible. Elle est elle mˆeme divis´ee en deux sous cat´egories : la recherche fondamentale et la recherche appliqu´ee. La premi`ere est ax´ee sur le besoin de l’homme de comprendre ce qui l’entoure, de savoir pourquoi (comme peuvent demander les enfants : pourquoi le monde est rond, pourquoi le ciel est bleu, etc.), la seconde est plutˆot ax´ee sur l’id´ee d’apporter des r´eponses des probl`emes concrets : trouver un vaccin pour pr´evenir le paludisme ou trouver comment on peut prot´eger les champs des crues des fleuves. Dans les deux cas, l’objectif n’est pas de faire gagner de l’argent `a l’´etat (employant la majorit´e des chercheurs dans les diff´erents instituts de recherche) mais celui de donner une r´eponse une question ou de trouver la solution `a un probl`eme.

Cependant cette distinction est de plus en plus floue. En effet, les chercheurs, qu’ils travaillent en EPST ou en entreprises, sont de plus en plus confront´es `a des enjeux commerciauxLaperche2003. Ainsi mˆeme s’ils ne sont pas directement financ´es par les entreprises, les chercheurs en EPST sont eux aussi contraints de suivre les exigences commerciales. En effet et de plus en plus la science a une valeur marchande indiscutable, conduisant chaque scientifique `a ˆetre confront´e, un jour ou l’autre, `a un choix entre int´erˆet purement scientifique et int´erˆet ´economique. Ce dilemme se retrouve au niveau du Cemagref, puisqu’une partie des financements viennent de fonds priv´es, ceux qui donnent l’argent pour financer la recherche, ont aussi des objectifs de rentabilit´e, auxquels les scientifiques sont associ´es. Un lien financier est cr´e´e entre les entreprises et les EPST, qui rend ceux-ci d´ependants des fonds des entreprises mais qui influent ´egalement sur l’objet des recherches scientifiques. On voit donc que l’influence des entreprises priv´ees, `a travers les moyens offerts `a la recherche publique est de plus en plus forte, celle-ci semble proportionnelle `a la r´eduction des subventions de l’Etat pour ces organismes de recherche. Mais cette d´ependance n’est pas sans cons´equence, puisqu’elle nuit `a l’ind´ependance des EPST et `a leur objectivit´e dans leurs recherches. C’est en partie cette transformation de mod`ele ´economique pour les EPST qui conduit `a un changement sur les mani`eres de travailler des scientifiques.

2.3 La communaut´ e scientifique en pleine mutation

A l’heure actuelle la communaut´e scientifique fran¸caise s’interroge. Tout le monde se rend compte que le syst`eme universitaire et de recherche a besoin d’ˆetre r´eform´e mais personne n’a de r´eponses concr`etes `a apporter et les propositions de lois faites par le gouvernement ne satisfont pas les chercheurs car elles mettent ceux-ci en concurrence, au d´etriment de leurs missions principales de recherche et d’enseignement. Le syst`eme d’´evaluation propos´e se rapproche de celui du priv´e et cela ne convient pas aux chercheurs qui veulent pouvoir continuer `a mener leurs recherches en toute ind´ependance.

Cette mutation du mod`ele de recherche n’est pas sans cons´equence sur les mani`eres de travailler. Ainsi, comme par le pass´e les scientifiques continuent de mener leurs recherches par ´equipe, ce qui leur procurent certains avantages. Cependant si la rencontre physique ´etait il y a dix ou quinze ans le meilleur moyen d’avancer sur une recherche, aujourd’hui, avec l’avanc´ee technologique, ces modes de rencontre et d’´echanges

´

evoluent :

”Par le biais des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Internet en l’occurrence) les chercheurs tentent de reconstituer une ”communaut´e” scientifique en cr´eant des bases de donn´ees en libre acc`es o`u figurent les articles scientifiques.”Laperche2003

Les chercheurs qui se sentaient isol´es par la mise en concurrence avec leurs pairs, recr´eent des liens grˆace

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2.3 La communaut´e scientifique en pleine mutation

aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cela se voient de plus en plus avec des initiatives comme l’Open Access Science (Poirrier 2005), qui est une base de publication bas´ee sur un syst`eme d’archives ouvertes*, mis en place et utilis´e aujourd’hui au Cemagref. Ce type d’initiative montre bien que les scientifiques quelqu’ils soient, ont des int´erˆets communs notamment en ce qui concerne l’´echange et le partage d’informations et de connaissances.

Ainsi ce chapitre montre bien que malgr´e des missions reconnues d’utilit´e publique, la recherche est au- jourd’hui en pleine ´evolution. Si les scientifiques souhaitent conserver leurs ind´ependances, ils sont ´egalement li´es `a des enjeux ´economiques de plus en plus forts. Cependant malgr´e ces difficult´es de d´efinition d’un nou- veau mod`ele on voit en parall`ele qu’un nouveau mod`ele de communaut´e scientifique, bas´e sur l’´echange et le partage, se dessine.

Il nous reste `a voir qu’en est il de la communaut´e du libre, c’est ce que nous allons voir de suite, afin de v´erifier si l’hypoth`ese de d´epart sur la concordances d’enjeux entre logiciels libres et recherche scientifique est toujours plausible ou non.

21 CC BY-ND Vanessa David

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Chapitre 3

La communaut´ e du libre, ou plutˆ ot les communaut´ es

Apr`es avoir pr´esent´e la communaut´e scientifique, int´eressons-nous maintenant `a celle du libre. Ce chapitre pr´esentera dans un premier temps les deux d´efinitions«officielles»d’un logiciel libre, puis une ouverture sur le Libre et enfin sur les enjeux de cette communaut´e.

3.1 Explication sur la diff´ erence entre libre et open source

A l’int´erieur de la communaut´e du libre, il y a d´ej`a une sorte de scission entre ceux qui sont des adeptes du libre et ceux qui sont des adeptes de l’open source, mais pour quelqu’un d’ext´erieur au conflit celui ci semble un peu ridicule et d´epass´e. Essayons de retrouver les fondements de cette distinction : Tout d’abord en anglais on utilise le terme de Free Software or le terme Free en anglais d´esigne aussi bien libre que gratuit, mais libre n’est pas gratuit (par exemple certaine distributions de Linux sont payantes comme celle de Red Hat*) et gratuit n’est pas libre (de nombreux logiciels sont des versions freeware* ou gratuiciels en fran¸cais et sont en fait des logiciels limit´es en terme de fonctionnalit´es qui n´ecessite l’achat d’une licence pour obtenir le logiciel dans sa version compl`ete). Mais ce d´ebat n´ecessite de revenir sur ce qu’est le libre, et surtout qu’est ce qu’un logiciel libre ? Un logiciel libre est un logiciel disposant de quatre libert´es dites«fondamentales»qui sont :

Les deux d´efinitions du logiciel libre :

D´efinition d’un logiciel libre par la Free Software Fundation (FSF)*

1. La libert´e d’executer le programme pour tous les usages (libert´e 0) ;

2. La libert´e d’´etudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter `a vos besoins (libert´e 1). L’acc`es au code source est alors une condition requise ;

3. La libert´e de redistribuer des copies, donc la libert´e d’aider votre voisin (libert´e 2) ;

4. La libert´e d’am´eliorer le programme et de publier vos am´eliorations, pour en faire profiter toute la communaut´e (libert´e 3). L’acc`es au code source est alors une condition requise.

D´efinition d’un logiciel libre par l’Open Source Initiative (OSI*) : 1. La libre redistribution ;

2. Le code source distribu´e ; 3. Les œuvres d´eriv´ees autoris´ees ; 4. L’int´egrit´e du code source de l’auteur ; 23

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La communaut´e du libre, ou plutˆot les communaut´es

5. La non-discrimination contre des personnes ou groupes ; 6. La non-discrimination contre des champs d’applications ; 7. La distribution de la licence en mˆeme temps que le programme ; 8. La licence ne doit pas ˆetre propre `a un produit ;

9. La licence ne doit pas restreindre d’autres logiciels ; 10. La licence doit ˆetre neutre sur le plan technologique.

Ainsi apparait la diff´erence entre logiciel libre open source et logiciel libre. Mˆeme si les deux sont similares, il existe bien deux sortes de logiciel : l’un libre et l’autre open source, le premier tant celui qui respecte les quatre libert´es ´enum´er´ees ci dessous et le deuxi`eme prˆonant simplement une lib´eralisation du code source des logiciels permettant l’amlioration de ceux-ci. Mais il ne suffit pas de remplir deux des quatre libert´es pour ˆ

etre consid´erer comme un logiciel libre, d’o`u la distinction qu’il existe entre les deux. Le mouvement open source a une vision pratique des logiciels libres tandis que le mouvement libre est plutˆot un mouvement social d´epassant le cadre des logiciels et s’inscrivant dans une d´emarche plus globale li´ee `a une philosophie et `a une fa¸con de penser.

«Ceux qui utilisent le terme logiciel open source ont tendance `a insister sur les avantages techniques de tels logiciels (meilleure interop´erabilit´e, meilleure s´ecurit´e...), tandis que ceux qui utilisent le terme de logiciel libre (free software) ont tendance `a insister sur la libert´e, hors du contrˆole d’un tiers et/ou sur des enjeux ´ethiques. Le contraire d’un logiciel OSS* / LL- FS* est un logiciel ferm´e ou propri´etaire.»

Wheeler 2007

3.2 Le libre, une philosophie qui n’est pas seulement celle des logi- ciels libres

Les partisans du logiciels libre et plus g´en´eralement ceux de la cause libre en g´en´eral voient ¸ca comme une philosophie plus que comme une simple question juridique sur des logiciels. Ainsi aujourd’hui on voit apparaˆıtre des ressources ´educatives libres, des livres sous licences libres, de la musique et de la vid´eo libres et beaucoup d’autres choses tr`es li´ees au monde de la culture et de l’´education.

Cette ´emergence d’un mouvement libre de grande ampleur se fait petit `a petit pour l’instant dans un milieu confin´e qu’est celui de la culture, mais pour que le grand public est sensibilis´e `a ce sujet, il faut cela passe par l’´education, l’administration et le gouvernement et une poign´ee d’entreprises. Cela dit tant que le logiciel libre ne sera pas plus inscrit dans les mœurs des entreprise et de l’´education il est difficile d’imaginer que le grand public soit touch´e `a grande ´echelle.

Cette philosophie implique ´egalement un changement de la perception que les gens ont de l’informatique en g´en´eral celui-ci ´etant vu comme incompr´ehensible et inabordable pour un non-informaticien. Cette id´ee conforte le monopole des soci´et´es ´editrices de logiciels et de syst`emes d’exploitation non libre, cultivent aussi un peu ce mythe pour pouvoir asseoir leur domination sur le march´e. Les gens ne savent pas qu’ils ont le choix, ils ne connaissent pas l’existence de solutions alternatives et ne peuvent donc pas prendre conscience des enjeux li´es aux logiciels libres et sa philosophie. Si chacun comprend que l’int´erˆet de tous est le partage des connaissances et non pas le syst`eme actuel qui oblige les gens `a repartir de z´ero et `a«r´einventer la roue»

chaque fois qu’ils veulent faire quelqus chose, un grand pas sera fait dans le sens d’un partage global de la connaissance et des savoirs.

Logiciel libre et EPST 24

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3.3 La communaut´e libre : int´erˆet, objectifs, principes

3.3 La communaut´ e libre : int´ erˆ et, objectifs, principes

La communaut´e du libre est un formidable lieu d’´echange et de partage permettant `a chacun de cr´eer, partager, modifier, donner, recevoir une quantit´e de choses impressionnante. Malgr´e le fait que cette com- munaut´e se veule tr`es ouverte, il existe bien des barri`eres `a l’entr´ee : dans le logiciel, les participant de cette communaut´e sont tr`es enclins aider ceux qui arrivent (en t´emoignent le forum d’Ubuntu-fr et le nombre impressionnant de sujets). Cependant ceux qui viennent en aide aux nouveaux venus, ne se mettent pas `a la place des n´eophytes (terme d´esignant toute personne venant d’arriver) et encore moins `a leur niveau de connaissances, ce qui implique souvent que le langage utilis´e par la personne-ressource (appelons ainsi la personne qui vient en aide aux autres) n’est pas adapt´e, et que le n´eophyte d´ecourag´e et se sentant ignorant h´esite `a revenir ou poser une autre question demandant une explication plus claire, voire carr´ement s’enfuit.

Une des r´eponses les plus fr´equemment faites est ”il existe une fonction recherche sur le forum” hors ce type de remarque n’est pas encourageant du tout car certaines fois le manque de vocabulaire appropri´e du n´eophyte l’empˆeche de trouver pr´ecis´ement ce qu’il cherche, et pour la personne qui a pris la peine de r´epondre, le sentiment d’avoir ´et´e utile n’est pas l`a, car il n’a pas r´epondu `a la question, alors qu’il aurait pu le faire en donnant simplement un lien sur un autre sujet traitant d´ej`a du probl`eme ou sur un tutoriel expliquant la solution.

Un autre point gˆenant sur la communaut´e du libre est son ´eparpillement : plutˆot que d’essayer de cen- traliser les informations au mˆeme endroit et ainsi ´eviter une gestion de plusieurs espaces des personnes diff´erentes, chaque personne a un ou plusieurs sites, sur lequel on trouve parfois des informations fortes utiles, mais qui par le temps pris par la recherche de l’information en question est presque devenue inutile tant il aurait ´et´e plus facile de trouver une information sur un site avec une arborescence claire pour l’u- tilisateur final. D’ailleurs le cˆot´e fouillis ressort ´egalement sur l’ergonomie des logiciels qui bien souvent ont

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et´e pens´es par des d´eveloppeurs et non par des personnes capables de se mettre au niveau de l’utilisateur lui-mˆeme, rendant le cheminement pour acc´eder `a certaines fonctionnalit´es obscures pour les gens qui n’ont jamais fait de d´eveloppement.

Ce dernier chapitre de la premi`ere partie mais en avant les avantages de la communaut´e du libre, aussi appel´e plus simplement le libre, mais il d´emontre aussi que l’acc`es `a cette communaut´e est encore libre tant les divergences et les barri`eres `a l’entr´ee sont nomreuses. Cependant, cette communication difficile en interne, s’am´eliore de jour en jour par des initiatives individuelles (le site parrain Linux* en est un bon exemple). Ce chapitre a donc tenter de donner un aper¸cu de la richesse du libre et de ses principaux d´efauts.

25 CC BY-ND Vanessa David

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La communaut´e du libre, ou plutˆot les communaut´es

Cette premi`ere partie a permis de connaˆıtre et de d´etailler les deux communaut´es ´etudi´ees et de montrer que les probl`emes de divergences internes entraˆıne souvent des probl`emes de communication `a l’interne dans un premier temps mais ´egalement `a l’externe. Ainsi ces deux communaut´es semblent donc uniquement tourn´ee vers elles-mˆemes et les faire travailler ensemble semble ˆetre difficile. Cependant les deux communaut´es ont

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egalement un point commun important est qu’elles sont bas´ees sur le partage, ce deuxi`eme point va ˆetre abord´e dans la deuxi`eme partie.

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Deuxi` eme partie

Un int´ erˆ et commun : le partage

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«Un homme appliqu´e solitairement `a quelques branche de la science humaine, la portera aussi loin qu’elle peut ˆetre port´ee par les efforts d’un individu. Ajoutez au travail de cet individu extraordinaire, celui d’un autre, et ainsi de suite, jusqu’`a’`a ce que vous ayez rempli l’intervalle d’une r´evolution, `a la r´evolution la plus ´eloign´ee ; et vous vous formerez quelque notion de ce que l’esp`ece enti`ere peut produire de plus parfait» Diderot - L’encyclop´edie.

Cette citation datant du si`ecle des Lumi`eres, est le point de d´epart de la r´eflexion de cette deuxi`eme partie.

Celle-ci va pr´esenter l’int´erˆet commun de partage du libre et de la recherche publique. Ainsi nous verrons dans un premier temps quels sont les avantages de la construction en commun, allant de la r´ealit´e pratique

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a des besoins plus philosophique. Puis, le chapitre 5 mettera en contexte cet enjeu commun, puisque celui-ci s’inscrit dans une d´emarche citoyenne particuli`ere. Et en fin, le dernier chapitre de cette partie ouvrira la r´eflexion pour savoir si ce partage est un moyen ou plutˆot une entrave `a la progression de la connaissance.

29 CC BY-ND Vanessa David

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Chapitre 4

La construction en commun

Les deux communut´es ont pour point communs de baser leur projet sur un travail commun. Ce travail en commun s’apparente `a une construction commune, dans le sens o`u chaque membre de l’´equipe apporte quelque chose `a celle-ci. Celle ci pr´esente un avantage ´economique, mais derri`ere se pose des questions ju- ridiques pr´ecises. Enfin cette construction commune remplit ´egalement un besoin psychologique humain de reconnaissance de la valeur de son travail.

4.1 Travail en ´ equipe et enjeux ´ economiques

Que ce soit dans la recherche ou dans le libre ou mˆeme dans d’autres domaines, il est habituel de travailler en ´equipe. En effet, le capital humain n´ecessaire pour travailler sera ainsi augment´e et de mˆeme que le travail va plus vite en ´equipe (malgr´e quelques d´esaccords qui peuvent sembler faire perdre du temps) il est ´egalement enrichissant `a tout point de vue : que ce soit pour ce qui est construit (plus de personnes verront de diff´erentes mani`eres la fa¸con d’avancer et permettront de rajouter des choses ou d’en corriger alors qu’une personne seule ne verra pas n´ecessairement autant de choses), que pour les personnes (les discussions autour de la cr´eation permettent `a chacun d’´elargir sa vision des choses, s’ouvrant ainsi `a des choses qui n’avaient pas forc´ement

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et´e r´efl´echies du d´epart). Ainsi le travail en ´equipe permet `a chaque individu d’ˆetre stimul´e et de d´ecouvrir ce qu’il n’aurait pas forc´ement fait tout seul.

Cependant, dans les deux domaines qui nous int´eressent il y a un autre d´ebat, puisque que ce soit une connaissance (ou une invention en d´ecoulant) ou un logiciel, il y a une part de cr´eation dans les deux cas. Et cette cr´eation entraine des questions de propri´et´es intellectuelles li´ees `a des objectifs marchands.

Dans la recherche, les chercheurs sont ´evalu´es en partie par les liens qu’ils entretiennent avec le monde des entreprises, celles-ci dictant donc les sujets de recherches et se servant de l’information scientifique comme valeur marchande. La question des brevets, des contrats d’exclusivit´e, des clauses de confidentialit´es li´es `a l’activit´e de recherche va donc `a priori `a contre-sens des missions premi`eres de la recherche publique, mais celle-ci ne peut survivre sans l’appui financier des entreprises et est donc li´ee d’une mani`ere ou d’une autre

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a des enjeux marchands.

«Mais depuis une vingtaine d’ann´ees, c’est la citadelle encore ferm´ee de la recherche financ´ee sur fonds publics qui progressivement s’ouvre au monde marchand. Ceci induit une transformation de ses m´ethodes d’organisation et d’´evaluation, et r´eduit fortement l’autonomie des chercheurs dans le choix de leurs domaines et th`emes de recherche.»

Laperche2003

Cela conduit `a un appauvrissement du travail scientifique car int´erˆets marchands priment sur le reste. Il y a un paradoxe entre appropriation des informations scientifiques et techniques par les entreprises et leur 31

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La construction en commun

diffusion de plus en plus large par Internet.

«Ce sont les relations des chercheurs universitaires avec les entreprises qui d´emontrent la pertinence de leurs travaux.»

Laperche2003

La science est ´egalement un moyen de vendre. Des campagnes marketing s’appuient sur celles-ci et sont suivies d’un retour qui oriente les futures recherches : cela cr´ee un cercle vicieux conduisant les recherches `a ˆ

etre dict´ees par les besoins commerciaux, par les choix des consommateurs.

Pour le cas des logiciels, le d´ebat est ´egalement complexe, car la question du mod`ele ´economique du logiciel libre est loin d’ˆetre tranch´ee et chacun y va de son intervention, d´efendant tantˆot les valeurs philosophiques du libre au d´etriment des int´erˆets ´economiques de ses acteurs ou `a l’inverse, d´efendant un mod`ele ´economique se rapprochant de soci´et´es dont la philosophie libriste est loin de faire l’unanimit´e.

Dans les deux cas, la question de la cr´eation en commun est li´ee `a des imp´eratifs ´economiques et qui priment bien souvent sur les int´erˆets sociaux que peuvent prendre les diff´erentes formes de cr´eations en commun. Elie2009

4.2 La question juridique

Pour ce qui est de la question juridique des licences, avec la prise de conscience d’elle-mˆeme de la com- munaut´e du libre, de nombreuses licences dites ”libres” venant compl´eter les dispositions du droits d’auteurs ont vu le jour. La plus c´el`ebre d’entre elle est celle sous laquelle fut distribu´ee la premi`ere version de Linux, la licence GNU/GPL*, permettant ainsi de diffuser librement le contenu d’un syst`eme d’exploitation et par extension d’un logiciel. Celles-ci assouplissent le droit d’auteur en donnant `a celui-ci la possibilit´e de fixer plus souplement les conditions de diffusions de son œuvre (telle qu’elle est d´efinie dans le droit d’auteur fran¸cais

”Toute cr´eation originale”). Ces licences sont tr`es nombreuses et comportent chacune des options permettant

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a la guise de l’auteur de donner le droit `a tous de faire telle ou telle chose avec son œuvre. Ces licences sont

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egalement appel´ees ”licences copyleft” (terme non traduisible en fran¸cais), mais cette appellation est plus d´elicate car elle fait g´en´eralement r´ef´erence `a des licences dites ”contaminantes” (qui transmettent la mˆeme licence `a toutes les œuvres d´eriv´ees d’une premi`ere œuvre faite avec une telle licence).

Cependant cette question des licences ne concernent pas uniquement le logiciel, puisque de plus en plus de ressources p´edagogiques et de publications sont ´egalement utilisatrices de ce type de licence, parfois `a l’insu de son auteur, qui ne connait pas forc´ement le terme de licence libre. Ces licences pr´esentent l’avantage de pouvoir diffuser beaucoup plus facilement ses productions aupr`es d’un public plus large d’autant plus que les m´edias comme Internet facilite ´enorm´ement ce travail de partage des productions, au risque de conduire `a certaines d´erives.Hill2005

En plus de la question des licences se posant sur la question des oeuvres, un autre d´ebat juridique vient s’ajouter au premier : celui des brevets. En effet `a la vue des questions ´economiques pos´ees ci dessus, les entreprises sont de plus en plus demandeuses de brevets sur les innovations d´ecoulant de ces productions qu’elles soient scientifiques ou logicielles. Dans les deux cas, des brevets sont d´epos´es `a tort et `a travers par centaines voir par milliers. Mais la l´egislation europ´eenne n’est pas clairement d´efinie `a ce sujet et l’Office Europ´een des Brevets (financ´ee par les entreprises qui d´eposent des brevets) croulent sous les demandes, mais mˆeme si certains brevets semblent absurdes comme ceux d´eposer sur des ˆetres vivants ou sur le double clic, la justice europ´eenne semble avoir du mal `a se d´ecider entre une l´egislature se rapprochant du mod`ele nord- am´ericain ou tout ou presque est brevetable ou en cr´eant un autre mod`ele se substituant au droit d’auteur lorsque celui-ci n’a pas sa place. Cela n´ecessite cependant une r´eflexion importante, car cela risque de changer nombre de choses et les d´ebats sur les droits d’auteurs soulev´ees en France par la proposition de loi HADOPI entre artistes, majors et ”consommateurs” (puisque je ne suis pas certaine que les biens culturels puissent ˆetre

Logiciel libre et EPST 32

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4.3 Un besoin de reconnaissance

consomm´es au mˆeme titre que des biens alimentaires par exemple) semblent loin d’ˆetre clos et ces nouveaux mod`eles juridiques pourraient bien entrainer de nouveaux mod`eles ´economiques qui transformeraient l’usage de la propri´et´e intellectuel profond´ement.Remiche2006

4.3 Un besoin de reconnaissance

Il semble cependant que malgr´e les enjeux ´economiques et juridiques importants derri`eres cette question de construction en commun, se cache une autre id´ee qui est celle que quel que soit le domaine, le travail en commun, la construction commune permet `a tous de remplir un besoin humain et social qui est le besoin de reconnaissance.

En effet que ce soit dans l’un ou l’autre des cas, chaque individu va apporter sa pierre `a un ´edifice plus global, lui permettant ainsi d’acqu´erir une forme de reconnaissance de ses pairs, dont chacun `a besoin pour s’´epanouir pleinement. Il est important pour tout un chacun de savoir que l’on aura fait quelque chose dans sa vie qui va rester, et qui va aider les prochaines g´en´erations `a continuer ou `a ne pas faire les mˆeme erreurs, `a se souvenir que quelqu’un est pass´e avant, `a ne pas«r´einventer la roue». Cette vision altruiste est commune et n’est possible que dans le partage. Si chacun garde pour soit ce qu’il a fait, personne ne se souviendra de lui, et les d´ecouvertes qui ont pu ˆetre faites seront d´ecouvertes de nouveaux par d’autres plus tard. Cependant l’histoire nous montre que chaque ´etape des recherches est importante, l’exemple le plus parlant est sans aucun doute celui de l’´evolution de la m´edecine : sans la d´ecouverte de l’ADN dans les ann´ees 1950, certaines maladies n’auraient pu ˆetre soign´ees. On peut donc imaginer que si le m´edecin qui a d´ecouvert l’existence de l’ADN `a son ´epoque, n’avait pas diffuser ses recherches, certaines maladies ne seraient toujours pas soign´ees, et aujourd’hui o`u dans cinquante ans on red´ecouvrirait l’ADN. La diffusion des informations, des connaissances permet `a tous de se construire une Histoire, un pass´e, sans lequel chacun serait isol´e des autres, seuls, sans relation, sans communaut´e autour de lui.

Mais la reconnaissance ne se fait pas qu’au niveau historique, elle se fait aussi du vivant de la per- sonne. Lorsqu’un individu participe r´eguli`erement `a une construction, les autres le remarquent, le prennent en compte, le citent, lui demandent son avis, cela aussi est une certaine forme de reconnaissance qui peut prendre diverse forme, mais qui dans tout les cas satisfait au besoin d’un individu. On peut comparer cela au besoin de notori´et´e, mˆeme si cela diff`ere un peu, car certains contributeurs du libres par exemple ne contribuent pas pour ˆetre reconnus, puisqu’il prennent des pseudonymes, mais cela ne les empˆechent pas d’appr´ecier les remerciements de leurs pairs, o`u une question qui leur est adress´ee personnellement, ou encore le fait que leur expertise dans un certain domaine soit reconnue. Ainsi on voit bien que la construction en commun permet avant tout `a un individu de s’accomplir, de se sentir membre d’un groupe, d’ˆetre diff´erenci´es et reconnus par et de ses pairs.

Ce chapitre d´emontre combien la construction en commun est b´en´efique pour tous. En effet, celle-ci permet de continuer un travail entam´e par un autre et soit de l’achever soit de laisser la possibilit´e `a d’autres personnes, de le continuer `a leurs tours. Ceci permet d’avancer et de ne pas faire ce qui a d´ej`a ´et´e fait. La science s’appuie d´ej`a sur ce principe et le libre aussi, c’est donc bien un des points communs de ces deux communaut´es.

33 CC BY-ND Vanessa David

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Chapitre 5

Un objectif partag´ e : le bien commun

Que ce soit du cˆot´e de la recherche publique ou des logiciels libres, l’un des objectifs communs est celui de permettre `a tous un acc`es aux informations et au connaissance. Objectif commun : instruire, ´eduquer et donner le choix

5.1 Instruction et ´ Education

La r´ealisation de cet objectif passe par des enjeux li´es `a l’instruction et `a l’´education de la population dans le sens large du terme. Ainsi l’acc`es aux publications et aux d´ecouvertes faites par la recherche publique a pour objectif d’ˆetre diffus´e `a un maximum de personne, avec pour but une sensibilisation et une connaissances de certaines informations correspondantes `a des enjeux qui concernent tout le monde. Par exemple, les agents du Cemagref font de la recherche sur des questions li´es au d´eveloppement durable, comme la pollution de l’eau par exemple. Cette recherche donne des r´eponses `a certaines questions que tout le monde peut se poser, et pour lesquelles tout le monde est concern´e. L’objectif est donc avant tout d’informer les citoyens des risques qu’ils encourent et des moyens existants pour les pr´evenir.

En ce qui concerne le logiciel libre, les enjeux sont similaires, puisque l’un des objectifs est avant tout de faire connaˆıtre les autres possibilit´es qui existent que celle propos´ees par les grands ´editeurs qui poss`edent le monopole sur le march´e des syst`emes d’exploitation et sur les logiciels. Les logiciels libres sont donc une alternative aux solutions propos´ees, voire impos´ees par ces grands ´editeurs.L’int´erˆet de ces logiciels est donc pour leurs utilisateurs de ne plus ˆetre d´ependant des ´editeurs qui sont r´egis uniquement par des imp´eratifs

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economique, mais d’une communaut´e qui ne travaille pas pour l’argent, mais pour l’int´erˆet g´en´eral. A cˆot´e de l’aspect purement ´economique, on s’aper¸coit ´egalement que la communaut´e produit ´egalement un certain nombre de documentation technique, plac´ee g´en´eralement sous licence libre et donc librement consultables par tous les utilisateurs.

5.2 Accessibilit´ e des informations

Un des autres enjeux des logiciels libres et de la recherche et que les informations soient accessibles `a tous, sans que les individus doivent payer pour acc´eder `a ses informations. Par exemple dans la recherche, certains textes publi´es par des scientifiques sont accessibles en versions papiers uniquement ou sous des formats ´electroniques n´ecessitant un abonnement payant ou un achat par article.

Les donn´ees informatiques ont ´egalement int´erˆet `a ˆetre enregistr´ees dans des formats ouverts, permettant ainsi plusieurs choses : premi`erement d’ˆetre consultable par tous, ce qui est important, notamment lorsque l’objectif de la production est d’ˆetre diffus´ee, ensuite d’ˆetre conserv´ee et toujours utilisable quelle que soit la version du logiciel (ou mˆeme quel que soit le logiciel utilis´e, puisqu’un format ne doit pas d´ependre d’un 35

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Un objectif partag´e : le bien commun

logiciel sp´ecifique mais r´epondre `a un certains nombre de normes, librement consultables par tous). L’id´ee est donc que les donn´ees soit p´erennes et non p´erimables comme elles le sont avec certains logiciels propri´etaires.

L’autre id´ee de cette accessibilit´e informatique est de permettre `a tous d’ˆetre capable sans devoir payer pour un nouveau logiciel d’acc´eder aux donn´ees des autres. Ainsi les informations restent accessibles `a tous, sans que l’achat d’un logiciel ou le choix de l’un d’eux soit une barri`ere.

Enfin un dernier point est l’int´erop´erabilit´e, en plus des compatibilit´es des formats d´ependants de logiciels, un autre soucis se pose, c’est la compatibilit´e entre mat´eriel et entre syst`eme d’exploitation. Exemple on se rend compte lorsque l’on travail alternativement sur un Macintosh, sur un PC avec Windows ou sur un syst`eme d’exploitation Linux, que les donn´ees changent au gr´e du syst`eme utilis´e. Les logiciels libres permettent d’´eviter ses ´ecarts et de ne pas ˆetre d´ependant d’un type de mat´eriel ou de syst`eme d’exploitation pr´ecis.

5.3 Inscription dans une d´ emarche citoyenne

La construction en commun permet ´egalement `a tous de s’inscrire dans une d´emarche citoyenne reprenant la phrase inscrite sur toutes les mairies fran¸caises : Libert´e, ´egalit´e, fraternit´e. (D´efinition et enjeux du logiciel libre dans les pratiques animation scientifique et technique)

Libert´e d’abord puisqu’en donnant la possibilit´e `a tous les citoyens d’avoir acc`es `a des connaissances, on leur permet de choisir librement quelle sera la voie qu’ils voudront suivre, sans en imposer une, et sans ˆetre guid´e par l’ignorance ou par des contraintes ´economiques. ´Egalit´e ensuite, puisque si chacun a un acc`es aux mˆemes informations, sans distinctions d’aucune sorte, cela permet `a tous de partir sur une base ´egalitaire, sans que leur provenance, leur ˆage, leur sexe, leur condition sociale, etc. ne puissent interc´eder en faveur de tel ou tel choix. Fraternit´e, enfin car le travail en commun montre que si l’on est plusieurs et solidaires, les choses avance plus vite que si l’on est seul.

«L’utilisateur a t’il int´erˆet `a choisir le logiciel libre ? Au plan de la qualit´e, il est certain que les testeurs, programmeurs ou non, sont plus nombreux, plus critiques et plus demandeurs d’adaptations que pour un logiciel propri´etaire, ce qui permet de r´esoudre les bugs et de r´ealiser les adaptations - notamment les traductions - plus rapidement. Alors que pour changer quoi que ce soit dans un logiciel propri´etaire, il faut n´ecessairement s’adresser au fabricant, qui r´eagit `a sa guise, et, surtout, pas obligatoirement rapidement et pertinemment, puisqu’il est d’abord guid´e par la rentabilit´e.»

Perline2006(p15)

De plus comme je l’ai d´ej`a expliqu´e le fait de travailler en ´equipe est enrichissant `a tout point de vue puisqu’il permet `a la fois d’ˆetre valoris´e en tant qu’individu mais aussi de faire avancer tous ceux qui par- ticipent.

Ce chapitre prouve que le libre et la recherche publique ont la mˆeme volont´e de s’inscrire dans une d´emarche citoyenne. En effet, tous deux souhaitent ´eduquer la population et leur permettre de mieux com- prendre les choses. Cela permet, encore une fois, de dire que le libre et la recherche publique ont des enjeux communs qui m´eriteraient d’ˆetre poursuivis ensembles.

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Chapitre 6

L’´ echange d’information : un moyen de progresser ?

Apr`es avoir vu les enjeux communs de partage, int´eressons-nous au pourquoi de se partage. Est-il utile de partager des informations ou cela ne fait-il pas que dispers´es les renseignements n´ecessaires `a la production de connaissances ? C’est `a cette question que ce chapitre tentera de r´epondre en pr´esentant les int´erˆets du partage d’informations.

6.1 Une information utile que si elle est partag´ ee

Qu’est ce qu’une information ? devrait ˆetre la question `a se poser en premier, mais comme cela a d´ej`a

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etait fait voici la d´efinition propos´ee par Blandine Laperche, qui servira de r´ef´erence dans ce document :

«Il faut revenir `a l’´etymologie et notamment au latin ”informare” (1190) dont les mots informer et information d´erivent et qui signifie donner une forme `a une mati`ere. L’information a donc un pouvoir organisateur : la production de connaissances, tout comme sa reproduction, n´ecessitent un apport en informations nouvelles. Celles-ci vont ”mettre en forme” la connaissance, la ”structurer”

pour produire une nouvelle connaissance ou encore pour utiliser la connaissance existante dans un but d´etermin´e. L’information, telle que nous l’avons d´efinie, est donc un ´el´ement moteur de la constitution du savoir et du caract`ere cumulatif des connaissances.»

Laperche2003

L’information, est donc un moyen de construire du savoir et de cumuler des connaissances, mais si l’on pousse un peu le raisonnement, `a quoi servent ces informations si elles sont gard´ees pour soi ? On peut aussi se demander (l´egitiment ou non, l`a n’est pas le d´ebat) si on n’a pas plutˆot int´erˆet `a garder ces informations pour soi, comme une sorte de pouvoir sur les autres, moi je sais donc je peux diriger, contrˆoler, vous donner des ordres. Or cette politique du secret conduit assez rapidement `a un r´egime totalitaire, comme l’Histoire nous l’a souvent montrer. Si seules quelques personnes poss`edent les informations principales concernant un pays, le peuple tˆot ou tard voudra lui aussi avoir des connaissances et renversera ce r´egime. A l’inverse trouve t’on un r´egime qui soit capable d’ˆetre compl`etement transparent ? A mon avis un tel syst`eme n’existe pas car il voudrait dire que les citoyens sont compl´etement `a ´egalit´e en terme de connaissances et de savoir, de plus un monde pareil serait-il possible (un humain est il physiquement capable de tout retenir, est ce que cela `a un int´erˆet ?)Dick1996.

Aussi on se rend compte que les informations ont int´erˆet `a ˆetre partag´ees, mais que chacun n’a pas forc´ement l’utilit´e de toutes les retenir. C’est d’ailleurs de cette diversit´e d’informations retenues par chacun 37

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L’´echange d’information : un moyen de progresser ?

que naˆıt la diversit´e rencontr´ee sur la plan`ete. On peut faire une comparaison avec les ressources naturelles : chacune `a un rˆole pr´ecis, mais toutes sont compl´ementaires, il en va de mˆeme pour les informations.

6.2 Pourquoi travailler ` a plusieurs ?

«(. . . ) D’o`u nous inf´erons que cet ouvrage (L’Encyclop´edie) pourra, du moins un jour, tenir lieu de biblioth`eque dans tous les genres `a un homme du monde ; et dans tous les genres, except´e le sien, `a un savant de profession ; qu’il d´eveloppera les vrais principes des choses ; qu’il en marquera les rapports ; qu’il contribuera `a la certitude, et au progr`es des connaissances humaines ; et qu’en multipliant le nombre de vrais savants, des artistes distingu´es et des amateurs ´eclair´es, il r´epandra dans la soci´et´e de nouveaux avantages.»(D’Alembert, 1986, p.182).

Pour expliciter un peu la citation de D’Alembert, voici une phrase toute simple : Si j’ai une pomme, que je la coupe en deux et que je te donne la moiti´e alors nous aurons chacun une moiti´e de pomme, alors que si j’ai une id´ee et que je partage cette id´ee, nous serons deux `a avoir une id´ee. Ainsi le partage des connaissances permet `a tous de s’enrichir, leur mise en commun permet `a tous d’y acc´eder. L’int´erˆet premier de travailler

`

a plusieurs est de pouvoir participer `a une base commune de connaissance, donnant `a tous la possibilit´e de s’y r´ef´erer.

”Dans le Libre, puisqu’il n’y a pas de chef et que l’autogestion est la loi, et que c’est la plan`ete qui, g´eographiquement, est le lieu de travail, comment font tous ces autonomes pour savoir, choisir, participer ? Certes, il y a des projets qui se font connaˆıtre de bouche `a oreille, mais ce n’est pas la majorit´e des cas du d´eveloppement du Libre. Pour f´ed´erer tous les projets, des sites Web les regroupent et leur permettent de se rencontrer. ” (p55)

Perline2006

Un autre int´erˆet est que cette mise en commun, contrairement au travail individuel permet aux travaux (que ce soit de la recherche ou du d´eveloppement), d’ˆetre poursuivi par d’autres une fois l’initiateur de ces travaux disparu. Ainsi mˆeme un travail commenc´e il y a plusieurs si`ecles s’il a ´et´e capitaliser, et transmis pourra ˆetre repris, enrichi, poursuivi, alors que une connaissance d´etenu par une seule personne s’´eteindra avec celle-ci, si la connaissance est partag´ee, elle pourra toujours ˆetre reprise.

De plus l’´echange, le partage des connaissances et des informations, favorisent la mobilit´e des person- nes, puisque ceux-ci peuvent ˆetre men´es ind´ependamment d’un lieu g´eographique, le travail communautaire d´eveloppe la notion de mobilit´e. Il conduit les personnes `a voyager, `a d´ecouvrir, `a s’interroger sur des choses nouvelles puisque chacun peut ˆetre amen´e `a aller `a la rencontre physique d’une personne avec laquelle il tra- vaille, c’est aussi un moyen d’enrichissement humain extraordinaire. Le dicton ”Le voyage forme la jeunesse”

pourrait illustrer cet exemple d’enrichissement mutuel par la rencontre.

6.3 Un moteur de progr` es

L’effervescence d’une communaut´e, l’animation de celle-ci est aussi un formidable moteur de progr`es et d’avancement pour tous. En effet le fait que plusieurs personnes participent, s’entrainent les uns les autres, se soutiennent, discutent des orientations `a prendre, des choix `a effectuer, des projets futurs, permet aussi de faire avancer `a une vitesse impossible `a atteindre seule, les projets de ses communaut´es. Parfois les d´eveloppeurs de la communaut´e du libre se lancent de v´eritables d´efis entre eux pour faire avancer les projets, et il est rare que ceux ci n’aboutissent pas. On voit donc que le travail commun permet entre autre de faire avancer les choses, par exemple en se fixant un certain nombre d’objectifs plus ou moins ambitieux et/ou r´ealistes, que tous vont chercher `a atteindre. C’est ce d´efi permanent (la date de sortie d’une nouvelle version d’un logiciel,

Logiciel libre et EPST 38

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6.3 Un moteur de progr`es

ou la date `a laquelle le projet de recherche doit ˆetre termin´e) qui pousse chacun `a se d´epasser et cr´eer une v´eritable dynamique qui ne se retrouve pas forc´ement dans d’autres contextes.

Un autre avantage de la communaut´e est qu’elle permet un travail en continu. En effet si l’un ou l’autre des participants n’est pas disponible pour une p´eriode donn´ee, le travail pourra continuer malgr´e son absence, puisque d’autres personnes participent au mˆeme projet. Cela permet, en entreprise par exemple, de continuer `a faire avancer les projets malgr´e les cong´es des uns et des autres. Dans le travail b´en´evole de la communaut´e du libre, cela permet aussi de g´erer les projets en fonction de disponibilit´es de chacun. Cela signifie ´egalement, que plus le nombre de participants est important, plus un projet aura de chance d’avancer rapidement et en continu. Mais cela n´ecessite aussi une ou deux personnes pour coordonner l’ensemble des ressources disponibles. C’est parfois ce qui retarde certains projets li´es au logiciel libre, car soit il manque cette personne pivot, soit le nombre de contributeurs devient tellement important qu’il est difficile de les g´erer sans s’´eparpiller dans plusieurs directions (ce qui conduit `a des s´eparations sur certains logiciels).

Enfin, comme je l’ai d´ej`a ´evoqu´e, le travail commun a une autre force : il permet d’ouvrir de nouvelles possibilit´es. En pratique, cela permet `a des projets de logiciels de rajouter des fonctionnalit´es non pr´evues au d´epart, pour diverses raisons (manque de ressource, d´elai trop serr´e, etc.). En d’autres termes, plus le nombre de participants est important et plus le projet pourra avoir une taille cons´equente (avec le risque d’´eparpillement ´evoqu´e ci-dessus).

Aussi on voit bien que malgr´e leurs diff´erents modes de fonctionnement la communaut´e du libre et la communaut´e scientifique ont ´enorm´ement de points communs et surtout d’enjeux communs qui devraient les pousser `a se rapprocher.

Ce chapitre monntre que l’´echange d’informations est, `a tout niveau, un moyen de progresser in´egalable.

En effet, si les informations ne circulaient pas, chaque personne se retrouverait isol´ee et d´emunie face `a toutes les questions qu’elle peut se poser. Ce ph´enom`ene est accentu´e dans la recherche et dans le libre car les possibilit´es de chacun sont d´emultipli´ees par cet ´echange qui stimule et motive chaque personne participante.

39 CC BY-ND Vanessa David

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L’´echange d’information : un moyen de progresser ?

Cette deuxi`eme partie d´emontre que la recherche publique et le libre (que ce soit du cˆot´e des logiciels ou des connaissances cr´ees par la recherche, mise en partage grˆace aux licences libres et `a l’´echange) ont des enjeux communs leur permettant de travailler ensemble.

Le travail en commun est d´ej`a acquis des deux cˆot´es et remplis certains besoins pr´esents de part et d’autre.

De plus, les missions d’instruction et d’´education de la population communes aux deux communaut´es, font que leur public est le mˆeme et que le rassemblement des ressources leurs permettraient de toucher une plus grande partie de la population.

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Troisi` eme partie

Des enjeux communs mais une m´ econnaissance de l’autre

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Malgr´e les int´erˆets et les enjeux communs explicit´es dans les deux parties pr´ec´edentes, un certain nombre de points posent encore des questions quand `a l’usage des logiciels libres dans la recherche publique. Ainsi d´etaillons un peu ces obstacles qui se dressent pour la migration et dans un ultime chapitre, voyons comment ceux-ci peuvent ˆetre lev´es.

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Références

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