G143. La revanche de Zig Solution proposée par Philippe Bertran
1. Appelons Pn la probabilité que, après un certain nombre de lancers, on atteigne exactement le nombre n.
P1 = 1/6
On atteint 2 soit si on fait 2 au 1er lancer (probabilité 1/6), soit si on a atteint 1 (probabilité P1) et lancé 1 au coup suivant (probabilité 1/6), donc : P2 = 1/6 + (1/6)P1, c'est-à-dire P2 = 7/6².
On atteint 3 soit si on fait 3 au 1er lancer soit si on a atteint 2 et lancé 1 au coup suivant, soit si on a atteint 1 et lancé 2 au coup suivant, donc :
P3 = 1/6 +1/6(P2) + (1/6)P1 soit P3 = 7²/63.
Par le même raisonnement on calcule P4 = 73/64, P5 = 74/65 et P6 = 75/64.
Pour n supérieur ou égal à 7, on atteindra exactement le nombre n si et seulement si :
on a atteint le nombre n-1 (probabilité Pn-1) et lancé 1 au coup suivant (probabilité 1/6), ou
on a atteint le nombre n-2 et lancé 2 au coup suivant, ou on a atteint le nombre n-3 et lancé 3 au coup suivant, ou on a atteint le nombre n-4 et lancé 4 au coup suivant, ou on a atteint le nombre n-5 et lancé 5 au coup suivant, ou on a atteint le nombre n-6 et lancé 6 au coup suivant.
Par conséquent, pour n supérieur ou égal à 7 :
Pn = 1/6 (Pn-1 + Pn-2 + Pn-3 + Pn-4 + Pn-5 + Pn-6)
ou 6Pn = Pn-1 + Pn-2 + Pn-3 + Pn-4 + Pn-5 + Pn-6 (1)
En écrivant l’égalité (1) des rangs 7 à n et en sommant membre à membre, il vient : 6Pn + 5Pn-1 + 4Pn-2 + 3Pn-3 + 2Pn-4 + Pn-5 = 6P6 + 5P5 + 4P4 + 3P3 + 2P2 + P1
soit, compte tenu des valeurs de P1, …, P6 :
6Pn + 5Pn-1 + 4Pn-2 + 3Pn-3 + 2Pn-4 + Pn-5 = 6 (2)
2. Montrons que la suite Pn définie à partir de n = 7, dans laquelle chaque terme est la moyenne arithmétique des 6 précédents, est convergente, ce qui est assez intuitif. Pour cela, nous allons démontrer que les suites
mn = Min (Pn-1, Pn-2, Pn-3, Pn-4, Pn-5, Pn-6) et Mn = Max (Pn-1, Pn-2, Pn-3, Pn-4, Pn-5, Pn-6) sont convergentes et ont même limite.
a. Pour tout k de n-6 à n-1, on a donc mn ≤ Pk ≤ Mn.
En écrivant cette double inégalité des rangs n-6 à n-1 et en additionnant, on obtient : 6mn ≤ Pn-1 + Pn-2 + Pn-3 + Pn-4 + Pn-5 + Pn-6 ≤ 6Mn
2 soit, compte tenu de (1) : mn ≤ Pn ≤ Mn.
mn ≤ Pn s’écrit Min (Pn-1, Pn-2, Pn-3, Pn-4, Pn-5, Pn-6) ≤ Pn
ce qui implique Min (Pn-1, Pn-2, Pn-3, Pn-4, Pn-5, Pn-6) ≤ Min (Pn, Pn-1, Pn-2, Pn-3, Pn-4, Pn-5) soit mn ≤ mn+1.
On démontrerait de la même manière que la suite Mn ≥ Mn+1. Ainsi, m7 ≤ … ≤ mn≤ Mn ≤ … ≤. M7
Cela montre que mn est une suite croissante majorée, qui converge donc vers une limite m et que Mn est une suite décroissante minorée, qui converge donc vers une limite M. Il reste à démontrer que m = M.
b. Supposons m ≠ M.
Remarquons d’abord que parmi les 6 nombres Pn-1, Pn-2, Pn-3, Pn-4, Pn-5, Pn-6, l’un est égal à Mn
et les 5 autres sont supérieurs ou égaux à mn. Donc : Mn + 5mn ≤ Pn-1 + Pn-2 + Pn-3 + Pn-4 + Pn-5 + Pn-6
soit Mn + 5mn ≤ 6Pn
et de même 6Pn ≤ mn + 5Mn.
Ces deux inégalités s’écrivent Mn + 5mn ≤ 6Pn ≤ mn + 5Mn ou encore mn + (Mn – mn)/6 ≤ Pn ≤ Mn – (Mn – mn)/6 (3).
Mn et mn étant des suites respectivement décroissante vers M et croissante vers m, d’une part : Mn – mn ≥ M – m (4)
d’autre part on peut choisir un entier N tel que pour tout n supérieur ou égal à N, on ait : Mn ≤ M + (M – m)/12 et m – (M – m)/12 ≤ mn.
(3) entraîne alors :
m – (M – m)/12 + (Mn – mn)/6 ≤ Pn ≤ M + (M – m)/12 – (Mn – mn)/6 et, compte tenu de (4) :
m – (M – m)/12 + (M – m)/6 ≤ Pn ≤ M + (M – m)/12 – (M – m)/6 ou :
m + (M – m)/12 ≤ Pn ≤ M – (M – m)/12
d’où : m < Pn < M pour tout n supérieur ou égal à N.
En particulier, les six nombres PN, … PN+5 sont donc compris strictement entre m et M. Or ceci est impossible puisque le plus grand de ces six nombres, qui est M N+6 ,doit être supérieur à M. L’hypothèse selon laquelle m ≠ M est donc fausse. Alors Mn et mn ont une même limite P. Comme mn ≤ Pn ≤ Mn ,Pn converge aussi vers P.
La valeur de P est obtenue par passage à la limite dans l’équation (2) qui donne 21 P = 6 d’où P = 2/7.
3
3. La suite Pn converge rapidement (à partir de n = 26, la différence Mn - mn est inférieure à 10-3 donc Pn – 2/7 ≤ 10-3), donc P2010 est très proche de 2/7.
L’espérance de gain de Zig est donc de 2/7 de 5 livres soit 10/7 de livre et celle de Jones de 5/7 de 2 euros soit 10/7 d’euro. Tant que la livre vaut plus d’un euro, Zig a plus de chances de se refaire que Jones n’en a de le plumer davantage…