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Évaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche psychométrique

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Academic year: 2022

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Évaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche

psychométrique

ALLAMAN, Leslie

Abstract

La segmentation d'événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir le flux continu d'informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant composé d'événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de segmentation varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de mémoire épisodique.

Pourtant, il n'existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce processus en clinique. Notre premier objectif a donc été d'élaborer deux tâches d'évaluation de segmentation d'événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos et un entretien clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d'explorer les liens entre nos mesures et les performances de mémoire épisodique...

ALLAMAN, Leslie. Évaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche psychométrique. Master : Univ. Genève, 2015

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:76140

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ÉVALUATION DU PROCESSUS DE SEGMENTATION D’ÉVÉNEMENTS : ÉLABORATION ET EXPLORATION D’UN

CANEVAS D’ENTRETIEN CLINIQUE ET D’UNE TÂCHE PSYCHOMÉTRIQUE

MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS

PSYCHOLOGIE COGNITIVE PSYCHOLOGIE CLINIQUE

PAR Leslie ALLAMAN leslie.allaman@etu.unige.ch

DIRECTEUR DU MÉMOIRE Martial Van der Linden

JURY

Martial Van der Linden Caroline Bendahan Lucien Rochat

GENÈVE, août 2015

UNIVERSITÉ DE GENÈVE

FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION SECTION PSYCHOLOGIE

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Remerciements

Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à l’accomplissement de ce projet.

Je remercie Caroline Bendahan pour l’encadrement et les conseils qu’elle nous a fournis durant les deux années consacrées à la réalisation de cette recherche.

J’adresse également mes remerciements au Professeur Martial Van der Linden pour la supervision de ce projet et pour tous les enseignements prodigués durant ma formation.

Je remercie aussi le Docteur Lucien Rochat pour sa participation en tant que juré de soutenance.

Je remercie bien sûr Julien Leblond pour ces deux années de collaboration.

J’adresse mes sincères remerciements à toutes les personnes qui ont accepté de participer à notre étude ainsi qu’à celles qui nous ont aidées dans la recherche de participants.

Je terminerai en remerciant ma famille et mes proches, pour leur présence et leur soutien tout au long de ma formation.

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Résumé

La segmentation d’événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir le flux continu d’informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant composé d’événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de segmentation varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de mémoire épisodique. Pourtant, il n’existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce processus en clinique. Notre premier objectif a donc été d’élaborer deux tâches d’évaluation de segmentation d’événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos et un entretien clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d’explorer les liens entre nos mesures et les performances de mémoire épisodique. Nous les avons donc administrées à 33 adultes âgés tout-venant. Les résultats sont prometteurs concernant la tâche de segmentation de vidéos car ils montrent la même association entre segmentation d’événements et mémoire épisodique que la version utilisée en recherche. En revanche, aucun lien significatif n’a été mis en évidence entre la segmentation évaluée à l’aide de notre entretien clinique et la mémoire épisodique.

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Table des matières

Préambule ... 1!

1. Cadre théorique ... 2!

1.1. Définition d’un événement ... 2!

1.2. La segmentation d’événements ... 3!

1.2.1. Théorie de la segmentation d’événements ... 4!

1.2.2. Evaluation de la segmentation ... 6!

1.2.3. Automaticité du processus de segmentation ... 6!

1.2.4. Niveaux de segmentation ... 7!

1.2.5. Segmentation et souvenirs ... 8!

1.3. La mémoire épisodique ... 8!

1.3.1. Définition ... 8!

1.3.2. Modèle de Conway ... 10!

1.4. Le lien entre segmentation d’événements et mémoire épisodique ... 13!

1.4.1. Segmentation d’événements et mémoire des événements dans une population âgée ... 14!

1.4.2. La segmentation d’événements comme prédicteur unique et indépendant de la mémoire des événements ... 15!

1.4.3. La segmentation d’événements prédit la mémoire des événements dans les premiers stades du vieillissement problématique ... 16!

1.5. Routinisation ... 17!

1.6 Problématique, objectifs et hypothèses théoriques ... 18!

2. Méthodologie ... 19!

2.1. Elaboration des tâches de segmentation ... 19!

2.1.1. Tâche de segmentation de vidéos ... 19!

2.1.2. Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements ... 24!

2.2. Méthodologie de l’exploration ... 27!

2.2.1. Participants ... 27!

2.2.2. Matériel ... 29!

2.2.3. Procédure ... 33!

2.2.4. Hypothèses opérationnelles ... 34!

3. Résultats ... 35!

3.1. Statistiques descriptives ... 35!

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3.1.1. Consistance interne des questionnaires ... 35!

3.1.2. Fidélité inter-juges ... 35!

3.1.3. Distribution des scores ... 36!

3.2. Statistiques exploratoires ... 37!

3.2.1. Agglomération des scores ... 37!

3.2.2. Corrélations ... 37!

3.2.3. Analyse de régression linéaire multiple ... 38!

4. Discussion ... 39!

4.1. Interprétation des résultats ... 39!

4.2. Limites et adaptations ... 44!

4.2. Perspectives cliniques ... 47!

4.3. Conclusion ... 49!

Bibliographie ... 50!

Annexes ... 54!

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Préambule

Au quotidien, nous sommes exposé à un flux continu d’informations sensorielles.

Nous sommes pourtant capables de segmenter ce flux et de le percevoir sous la forme d’un certain nombre d’événements distincts. Cette capacité dépend d’un processus cognitif appelé la segmentation d’événements, récemment mis en lumière dans la littérature scientifique. Il s’agit d’un processus automatique et inhérent à la perception, qui sert de base à l’encodage des événements en mémoire épisodique. En effet, plusieurs études ont dernièrement montré que les capacités de segmentation d’un individu prédisaient ses performances à des tâches évaluant la mémoire des événements, tant dans la population générale que chez des personnes âgées présentant un vieillissement problématique (Bailey et al., 2013 ; Sargent et al., 2013) L’altération des capacités de segmentation pourrait donc être à l’origine de certaines difficultés mnésiques.

Les plaintes mnésiques font partie des plaintes cognitives les plus fréquemment rapportées par les patients adultes, tant dans les cas de lésions cérébrales acquises (AVC, trauma crânien) que lors du vieillissement cérébral. En tant que processus essentiel à un encodage efficace en mémoire épisodique des événements de la vie quotidienne, la segmentation d’événements devrait être évaluée par les cliniciens qui reçoivent des patients faisant face à des difficultés mnésiques au quotidien. Pourtant, aucun test clinique n’existe à l’heure actuelle pour mettre en évidence des troubles de la segmentation d’événements.

C’est pourquoi le premier objectif de ce projet de mémoire a été d’élaborer deux outils d’évaluation de la segmentation d’événements : une tâche de segmentation de vidéos, élaborée sur la base des travaux de Zacks et collaborateurs qui se servent de ce paradigme en recherche, ainsi qu’un entretien clinique d’évaluation. Nous avons adapté la procédure de la tâche utilisée en recherche afin de la rendre cliniquement exploitable. Nous souhaitions également que notre tâche évalue la segmentation d’événements au plus proche possible de son fonctionnement naturel. L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements a quant à lui été construit dans le but d’être facilement administrable et de permettre une estimation des capacités de segmentation d’un individu sur la base d’un souvenir épisodique d’un événement personnellement vécu. Nous avons donc élaboré une consigne et une grille d’évaluation associée permettant une appréciation des capacités de segmentation.

Suite à l’élaboration des deux tâches, nous les avons explorées auprès d’une population âgée tout-venant. Nous souhaitions étudier les liens potentiels qui pourraient

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exister entre elles et des tests psychométriques et questionnaires plus classiques de mémoire épisodique. Nous avons également cherché à explorer le lien entre la segmentation d’événements et la préférence pour la routinisation. Ce phénomène est lié au déclin cognitif chez les personnes âgées (Bergua et al., 2006) et nous supposons qu’il pourrait également être associé à la péjoration des capacités de segmentation.

Ce projet s’inscrit donc dans l’optique actuelle de créer des outils d’évaluation plus adaptés, ciblant les processus sous-jacents au fonctionnement naturel de la mémoire épisodique dans la vie quotidienne.

1. Cadre théorique

1.1. Définition d’un événement

D’un point de vue sensoriel, nous recevons des informations en provenance de notre environnement de manière continue et dynamique. Pourtant, nous percevons ce flux ininterrompu comme étant composé d’événements distincts. Zacks, Tversky et Iyer (2001, p.10) définissent un événement comme étant « un segment de temps dans un lieu donné qui est perçu par un observateur comme ayant un début et une fin ». Un événement est donc largement défini par ses bornes. Par ailleurs, un événement typique implique généralement

« une activité humaine dirigée vers un but et de durée modeste » (Zacks, Speer, Swallow, Braver & Reynolds, 2007, p.273).

La durée d’un tel événement est néanmoins variable : de quelques secondes (e.g., boire une gorgée d’eau) à quelques heures (e.g., passer une soirée avec des amis). Un événement représentant une activité peut également être divisé en sous-événement et, inversement, de courts événements successifs peuvent souvent être regroupés en un événement plus global. Ces relations hiérarchisées entre segments de temps de différentes mesures sont dites partonomiques. La nature partonomique des relations entre événement et sous-événement implique que le début d’un événement global se superposera au début du premier sous-événement qui le compose, et sa fin coïncidera avec la fin de son dernier sous- événement. Par exemple, lors de la réalisation d’une recette de cuisine, l’engagement dans l’activité globale « préparer un gâteau » ayant pour but « avoir un dessert prêt pour le repas de ce soir » coïncidera avec le sous-événement « sortir les ingrédients du frigo », et la fin de l’événement général, correspondant à la réalisation du but, coïncidera avec la fin de la sous- activité « décorer le gâteau ». Cet exemple illustre une autre caractéristique d’un événement :

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il commence avec l’engagement en direction d’un but et se termine soit lors de la réalisation de ce but, soit lors de son abandon (Conway, 2005).

1.2. La segmentation d’événements

La segmentation d’événements est le processus qui permet de percevoir le flux continu des activités comme étant constitué d’événements signifiants (Zacks & Swallow, 2007). Deux types d’informations peuvent servir de base pour identifier les frontières entre les événements ou sous-événements signifiants distinct : les caractéristiques sensorielles et les structures de connaissance d’événements (Zacks, 2004).

Si les indices sensoriels peuvent être de différentes natures (i.e., auditifs, visuels, etc.), les mouvements semblent constituer des indicateurs particulièrement saillants. Par exemple, lorsque l’on assiste à une course du 100 mètres, d’importants changements dans la quantité et la qualité du mouvement se produisent lors du départ et lors de l’arrivée, permettant de percevoir la période de la course comme un événement distinct. Ces indices sont suffisants pour la perception d’une frontière, c’est-à-dire il n’est pas obligatoire d’avoir des connaissances préalables sur l’activité observée pour que les changements de mouvements permettent la segmentation. Dans l’exemple ci-dessus, il n’est pas nécessaire d’avoir déjà assisté à une course ni de savoir qu’il s’agit d’un 100 mètres pour percevoir le départ et l’arrivée de la course comme des frontières d’événement. C’est pourquoi ce mode d’identification des frontières est considéré comme bottom-up.

Les structures de connaissance d’événements (ou schémas d’événements) contiennent des informations acquises lors de précédentes occurrences d’une même activité, par l’extraction des traits récurrents de cette activité. Elles permettent de segmenter les événements via la reconnaissance de l’activité en cours et la prise en compte des étapes qui la composent. En particulier, ces structures renferment des informations quant aux intentions et aux buts d’une personne engagée dans une activité donnée. Par exemple, si l’on observe une personne en train de frotter une vitre sale avec un chiffon, on identifiera probablement cette activité comme le nettoyage de la vitre, ayant donc pour but qu’elle soit propre. L’instant où il n’y aura plus de trace de saleté visible sur la vitre sera donc considéré comme la frontière de fin de l’événement, et ce même si des variations dans les mouvements de la personne sont observées durant l’activité (variations dans l’amplitude du mouvement de frottement, ajout de produit nettoyant, etc.). Ce mode d’identification des frontières est dit top-down : il s’agit d’un traitement dépendant de connaissances antérieures et qui module le traitement bottom-up des indices sensoriels (Zacks, 2004).

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1.2.1. Théorie de la segmentation d’événements

La segmentation d’événements fait partie intégrante de la perception. Zacks et ses collaborateurs (2007) expliquent que la perception est un processus hiérarchique : les informations sensorielles brutes (en provenance du système nerveux périphérique) sont traitées et transformées en représentations. Puis nous formons également des prédictions dites perceptuelles, sous la forme de représentations du monde tel que l’on s’attend à ce qu’il soit dans un futur proche. Ces représentations nous permettent d’anticiper le futur et de planifier nos actions, plutôt que de simplement réagir à ce qui arrive. Les prédictions perceptuelles apparaissent tard dans la chaîne de traitement de l’information, puisqu’elles ne peuvent être créées qu’une fois que la représentation du monde actuel a été formée. Les auteurs décrivent également la perception comme étant récurrente (les étapes de traitement tardives affectent le flux de traitement des étapes antérieures) et cyclique (les prédictions perceptuelles sont en permanence comparées avec ce qui se produit réellement, et le fruit de ces comparaisons influence le traitement en cours). Basés sur ces caractéristiques de la perception, Zacks et collaborateurs (2007) proposent la théorie de la segmentation d’événements.

Figure 1. Représentation schématique de la théorie de la segmentation d’événements (Event Segmentation Theory – EST ; Zacks et al., 2007). Les flèches grises représentent le flux d’informations entre les étapes de traitement. La flèche discontinue représente le mécanisme de réinitialisation du modèle d’événement. La connexion entre les entrées sensorielles et les modèles d’événements est interrompue par une « porte » car elle n’est effective que durant les phases de réinitialisation du modèle d’événement.

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Le processus hiérarchique décrit ci-dessus est représenté par les éléments à gauche du modèle illustré dans la Figure 1. Les entrées sensorielles sont transformées via un traitement perceptif, qui génère des représentations multimodales ayant un contenu sémantique riche, et intégrant des informations telles que l’identité, la localisation ou encore le comportement d’une personne ou d’un objet. Le processus de traitement implique également la formation des prédictions perceptuelles (ou informations futures prédites). Par exemple, la perception à un instant donné d’un mouvement mène à une prédiction sur la future localisation de l’objet en mouvement. De la même manière, une inférence sur les intentions actuelles d’une personne mène à des prédictions quant à son futur comportement, ou à un niveau moins abstrait ses futurs mouvements.

Zacks et ses collaborateurs (2007) proposent que le traitement perceptif est guidé par des représentations, appelées modèles d’événements, qui biaisent le traitement du flux sensoriel (cet effet est illustré par la flèche reliant les modèles d’événements au traitement perceptif). Le modèle d’événement actif à un moment donné est une représentation multimodale de « ce qui est en train de se passer », maintenue en mémoire de travail. Cet élément de la théorie correspond au buffer épisodique proposé par Baddeley (2000). Les modèles d’événements sont formés sur la base de schémas d’événements, qui sont des représentations en mémoire sémantique (et donc à long terme). Ils stockent les informations qui ont été extraites des occurrences précédentes des événements de même nature, particulièrement la structure séquentielle de l’activité, et des informations concernant les buts de l’acteur.

Comme nous l’avons précédemment évoqué, les prédictions perceptuelles servent à anticiper et planifier ses actions afin de ne pas se contenter de réagir « après-coup » aux stimulations de l’environnement. Il est donc fondamental que ces prédictions soient les plus exactes possibles. Le modèle d’événement actif influence la formation des prédictions : s’il n’est pas adéquat, la prédiction sera inexacte. Zacks et ses collaborateurs (2007) postulent l’existence d’un mécanisme de détection d’erreurs, dont le rôle est de comparer les prédictions avec ce qui se produit réellement, et de rectifier la situation en cas de divergence.

Ainsi, durant le déroulement d’un événement, les modèles d’événements guident la formation des prédictions perceptuelles en influençant le traitement perceptif, et cette relation est à sens unique : les entrées sensorielles comme le traitement perceptif n’ont pas d’effet sur le modèle d’événement actif (c’est pourquoi la flèche les reliant est interrompue par une

« porte »). En effet, une fois qu’un modèle d’événement a été sélectionné, il représente généralement bien le déroulement de l’action sur toute la durée de l’activité. En revanche,

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lorsque l’on atteint la fin d’une activité, ce qui va suivre devient moins prévisible, les erreurs de prédiction augmentent, jusqu’au point où le mécanisme de détection d’erreurs réagit en réinitialisant le modèle d’événement en cours (celui qui était actif est désactivé puisqu’il n’est plus adéquat) et en permettant aux informations provenant des entrées sensorielles et du traitement perceptif de guider la sélection d’un nouveau modèle d’événement (fermeture de la

« porte » dans le modèle). Selon la théorie de Zacks et collaborateurs (2007), c’est lors de ces phases de changement de modèle actif qu’a lieu la segmentation. En d’autres termes, ce sont ces brèves périodes de changement qui sont perçues comme les frontières entre les événements.

1.2.2. Evaluation de la segmentation

Avant d’évoquer les études ayant examiné le processus de segmentation, il est nécessaire de s’arrêter sur la procédure généralement utilisée pour son évaluation. Newtson a proposé en 1973 un paradigme qui par la suite a été repris et adapté par Zacks et ses collaborateurs dans de nombreuses études (. Il s’agit d’une tâche de segmentation de vidéos.

Concrètement, cette tâche consiste à montrer aux participants sur l’écran d’un ordinateur de courtes vidéos (i.e., d’une durée de quelques minutes), représentant chacune une activité plus ou moins familière (e.g., monter une tente, préparer un repas). Durant le visionnement, il est demandé aux participants d’identifier les frontières d’événements en appuyant sur une touche lorsque, selon eux, un événement porteur de signification se termine et un autre commence.

La segmentation d’événements est un processus résolument subjectif. Il semble donc difficile de déterminer ce qu’est une segmentation correcte. Cependant, étant donné que dans plusieurs études utilisant le paradigme de segmentation de vidéos, les participants montrent un bon accord quant à la position des frontières entre les événements, et qu’un très bon accord est également trouvé lorsqu’on analyse la segmentation effectuée par une même personne à deux temps différents (Speer, Swallow, & Zacks, 2003), le fait de segmenter de la même manière que les autres semble être un indicateur d’une bonne segmentation. Par conséquent, dans les études utilisant la tâche de segmentation de vidéos pour évaluer les capacités de segmentation d’événements, le niveau d’accord de segmentation d’un individu par rapport à l’échantillon total est utilisé comme indice pour ses capacités de segmentation.

1.2.3. Automaticité du processus de segmentation

Le processus de segmentation d’événements se produit automatiquement et en général à un niveau inconscient. Cela a été vérifié par Zacks et ses collaborateurs en 2001 à l’aide d’une mesure indirecte, la neuroimagerie fonctionnelle. Ces auteurs ont présenté à leurs

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participants plusieurs vidéos montrant des personnes engagées dans des activités de la vie quotidienne (e.g., faire la vaisselle). Ils ont mesuré l’activité cérébrale des participants durant le visionnement à l’aide d’une IRM fonctionnelle. Après que les participants aient regardé passivement les vidéos, ils les ont à nouveau visionnées mais cette fois avec la consigne de les segmenter en identifiant les frontières entre événements qui leur paraissaient naturelles et signifiantes. Les frontières identifiées explicitement par les participants ont servi ensuite de marqueurs pour l’analyse des données issues de l’imagerie fonctionnelle. Les auteurs ont pu observer que l’activité de certaines régions cérébrales était fortement liée à ces marqueurs.

Plus précisément, ces régions présentaient une augmentation d’activité transitoire débutant quelques secondes avant la limite d’un événement, et culminant quelques secondes après. Le fait que cette mesure ait été effectuée avant qu’il ne soit demandé aux participants de segmenter les vidéos est fondamental : cela exclut un effet spécifique de la tâche et soutient donc fortement l’idée que la segmentation d’événements a lieu automatiquement durant la perception.

1.2.4. Niveaux de segmentation

Un événement donné peut être décomposé en sous-événements. Cela implique que la segmentation puisse se produire à différents niveaux, de manière plus fine ou plus grossière.

Lorsqu’il est explicitement demandé à des participants de segmenter du matériel (des vidéos ou des récits), le niveau de segmentation peut être manipulé en spécifiant la consigne. Pour solliciter une segmentation fine, l’expérimentateur demandera au participant de marquer les frontières entre les plus courts événements qu’il estime naturels et signifiants. A l’inverse, une segmentation grossière résultera de l’identification des événements signifiants les plus longs, représentant généralement un but global composé de plusieurs étapes. La théorie de la segmentation d’événements postule que la segmentation se produit à plusieurs niveaux simultanément (les frontières entre événements sont donc perçues selon plusieurs échelles), mais que les individus ne prêtent attention qu’à un niveau de segmentation à la fois, selon les instructions reçues dans un setting expérimental, et selon d’autres critères dans des situations plus naturelles (Zacks et al., 2007). Les résultats de l’étude en imagerie fonctionnelle de Zacks et collaborateurs (2001) décrite précédemment vont dans le sens de cette hypothèse.

Après le visionnement passif, les participants ont en fait segmenté deux fois les vidéos, une fois avec la consigne de le faire finement, et l’autre fois grossièrement. Les deux niveaux de segmentation ont produit des marqueurs correspondant à des augmentations transitoires d’activation des mêmes régions cérébrales. Ces activations étaient plus fortes au niveau des

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marqueurs de segmentation grossière. Ce résultat est également cohérent avec la théorie de la segmentation. En effet, même si l’incertitude et donc les erreurs de prédiction augmentent entre deux sous-événements d’une même activité globale, une part de l’action reste généralement prévisible. À l’inverse, lors d’un changement d’activité, l’observateur ne dispose presque d’aucun indice pour prédire ce qui va suivre, et l’activation résultant de cette incertitude est donc plus forte.

1.2.5. Segmentation et souvenirs

La segmentation d’événements étant un processus automatique faisant partie intégrante de la perception, elle a nécessairement une influence sur l’encodage en mémoire des informations perçues. On peut donc également s’attendre à ce que les représentations récupérées en mémoire reflètent son fonctionnement. Williams, Conway et Baddeley ont mis en évidence ce fait dans une étude de 2008. Ils ont demandé à leurs participants de rappeler, à l’écrit, tout ce qu’ils pouvaient concernant leur trajet en direction de l’université le matin même de la passation. Les participants avaient ensuite pour tâche de diviser ce qu’ils avaient rappelé en unités qu’ils considéraient comme des souvenirs discrets. Les auteurs se sont particulièrement penchés sur la nature des détails composant le début et la fin des événements distincts identifiés par les participants. Ils ont constaté que les détails rapportés par les participants pouvaient être distribués en quatre catégories : les actions (effectuées par le participant ou un tiers), les pensées (réflexions ou opinions que le participant rapporte avoir eu en tête), les sensations (perceptions sensorielles et sensations physiques) et les faits (détails factuels liés au récit). Les auteurs ont observé que les segments identifiés par les participants avaient une forte probabilité de débuter avec un détail de type action, et de se terminer avec un fait. D’après les auteurs, cette structure Action-Fait des souvenirs reflète le fait que l’organisation des détails en mémoire épisodique est largement déterminée par les buts qui ont guidé le traitement de l’expérience vécue. Avant d’aller plus loin dans la description des liens qui existent entre la segmentation d’événements et la mémoire épisodique, nous prendrons le temps de mieux définir cette dernière.

1.3. La mémoire épisodique

1.3.1. Définition

La mémoire épisodique est une composante du système général de mémoire à long terme (suivant l’approche des systèmes de mémoire multiples ; Schacter, Wagner, & Buckner, 2000), qui comprend également la mémoire sémantique, la mémoire procédurale, les systèmes de représentation perceptive et la mémoire autobiographique. Elle permet le

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souvenir et la prise de conscience des événements personnellement vécus dans un contexte spatial et temporel particulier (Van der Linden, 2014). Par extension, la mémoire épisodique permet le voyage mental dans le temps, tant vers le passé lors de la récupération du souvenir d’un événement vécu, que vers l’avenir lors de la constitution de projections mentales vers le futur (i.e., la formation de représentations de ce que pourraient être nos expériences futures).

Le voyage mental dans le temps est associé à un état de conscience particulier, la conscience autonoétique, qui désigne la capacité de se représenter mentalement et de prendre conscience de ses expériences subjectives, en étant conscient du temps subjectif dans lequel ces expériences se sont produites (Tulving, 2002 ; Van der Linden, 2014). La capacité de voyager mentalement dans le temps est essentielle au sentiment d’identité et de continuité de l’existence.

Pour qu’un contenu mnésique puisse être ressenti comme épisodique, quatre capacités sont nécessaires (Klein, German, Cosmides, & Gabriel, 2004). La première est la capacité de réfléchir sur ses propres états mentaux. La deuxième est le sentiment d’être la cause de ses pensées et actions, que l’on nomme le sentiment d’agentivité personnelle. La troisième est le sentiment de propriété personnelle, qui consiste à ressentir ses pensées et actions comme étant à soi. Enfin, la dernière est la capacité de prendre conscience de la dimension temporelle de ses propres expériences.

Plusieurs processus sont impliqués dans le fonctionnement de la mémoire épisodique.

Le premier d’entre eux est l’encodage. Van der Linden (2014, pp.211-212) définit l’encodage comme « le processus par lequel les caractéristiques d’un stimulus ou d’un événement sont traitées et converties en une trace mnésique ». Cette trace mnésique serait plus solide en cas de traitement profond (i.e., sémantique) de l’information (Craik & Lockart, 1972).

L’encodage est également plus efficace et permet une récupération plus aisée lorsque le traitement de l’information revêt un caractère distinctif, et que l’information encodée est élaborée (i.e., une certaine quantité de traitement lui est accordée ; Lockart & Craik, 1990).

Plus concrètement, un encodage efficace repose sur l’utilisation d’un certain nombre de stratégies d’optimisation de l’encodage, telles que l’organisation, l’extraction de la structure ou la catégorisation du matériel à mémoriser (dans le cas d’un matériel au contenu signifiant), l’imagerie mentale ou encore les procédés mnémotechniques (imposition d’une signification à un matériel peu signifiant). À noter enfin que la trace mnésique ne contient pas uniquement l’information cible, mais aussi le contexte dans lequel l’information a été mise en mémoire (Van der Linden, 2014). Ce contexte constitue une caractéristique distinctive de l’information cible et peut donc constituer un indice de récupération. La récupération permet d’accéder à la

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trace mnésique correcte et également de déduire des informations utiles à partir de celle-ci (Van der Linden, 2014). Selon le principe de spécificité d’encodage (Tulving, 1984) les opérations mises en place lors de la récupération doivent être identiques à celles employées lors de l’encodage pour que la récupération soit efficace. Autrement dit, pour qu’un indice de récupération soit efficace, il doit contenir une information ayant été encodée et donc faisant partie de la trace mnésique. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons particulièrement au traitement de l’expérience vécue en référence aux buts personnels. C’est pourquoi nous nous arrêterons sur le modèle du Self Memory System de Conway (2005), qui est à ce jour une des conceptions les plus élaborées du fonctionnement de la mémoire épisodique en lien avec l’identité et les buts de l’individu.

1.3.2. Modèle de Conway

Dans la conception de Conway (2005), la cognition et tout particulièrement la mémoire sont guidées par les buts. Avant de présenter le modèle lui-même, il est nécessaire de définir deux principes en compétition qui régissent le fonctionnement de la mémoire des événements personnellement vécus. Le premier est le principe de correspondance, qui se rapporte à l’exigence du stockage précis – proche de l’expérience vécue – des activités récentes ou en cours, permettant de ne pas répéter des actions déjà effectuées (Conway, Singer, & Tagini, 2004). Ce principe est particulièrement lié à la réalisation des buts à court terme. Par exemple, si le matin en vous apprêtant à sortir, vous n’avez pas conservé en mémoire une trace précise du moment où vous avez fermé vos fenêtres, vous serez poussé à vérifier que vous avez bien effectué cette action.

Le second principe est celui de cohérence. Il correspond à l’exigence d’un enregistrement sur le long terme cohérent avec notre identité et stable. Les souvenirs épisodiques non pertinents pour le self (tels que la fermeture des fenêtres citée ci-dessus) ne restent facilement accessibles que pour une courte durée de temps. A l’inverse, les événements qui resteront accessibles à long terme sont ceux qui sont liés à nos buts actuels et à long terme, nos croyances et notre représentation de soi (Van der Linden, 2014). Les souvenirs de ce type nous renseignent sur nos buts à long terme et guident donc nos actions également sur le long terme. Il est important de préciser ici que ces souvenirs ne seront pas des reproductions fidèles de l’expérience vécue, mais plutôt des reconstructions basées d’une part sur certains éléments des événements tels qu’ils se sont déroulés, et d’autre part sur nos croyances, valeurs et buts actuels (conception constructiviste de la mémoire épisodique ; Schacter, Norman, & Koutstaal, 1998). Dans le modèle du Self-Memory System de Conway

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(illustré à la Figure 2), le fonctionnement coordonné de trois systèmes permet de répondre aux exigences des principes de correspondance et cohérence : le self de travail, la mémoire épisodique et le self à long terme.

Figure 2. Représentation schématique du Self-Memory System (Conway, 2005, adapté par Van der Linden, 2014)

Le self de travail a pour première fonction de gérer la réalisation de nos buts à court terme. Il organise également le présent psychologique, conçu comme la période allant de la mise en place d’un but jusqu’à sa réalisation. On peut donc relier l’activité du self de travail à la notion d’événement telle qu’elle a été décrite plus haut, dans le cas d’événements correspondant à des activités personnellement réalisées. Il permet la mise en mémoire des différents moments psychologiques (définis par l’installation d’un but et une focalisation de l’attention durant l’accomplissement de ce but ; Van der Linden 2014) sous la forme de souvenirs épisodiques.

La mémoire épisodique est le système qui contient ces souvenirs épisodiques, qui consistent en des enregistrements résumés de l’expérience. Conway (2009) précise qu’ils sont proches de l’expérience et y correspondent mais ne sont pas pour autant des enregistrements littéraux de l’expérience vécue. Ils contiennent des détails de différentes natures (i.e., sensoriels, perceptifs, sémantiques et émotionnels) concernant les événements. Conway a par ailleurs proposé de distinguer trois types de représentations en mémoire épisodique : les éléments épisodiques, les souvenirs épisodiques simples et les souvenirs épisodiques complexes.

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Les éléments épisodiques sont les représentations en mémoire à long terme les plus proches de l’expérience vécue. Ils sont souvent formés d’images visuelles. Lorsqu’un élément épisodique s’accompagne d’un cadre conceptuel, ils constituent ensemble un souvenir épisodique simple. Notons qu’un même cadre conceptuel peut être lié à plusieurs éléments épisodiques. L’accès à un souvenir épisodique simple peut être élicité par un indice de récupération portant soit sur le contenu de l’élément épisodique, soit sur le cadre conceptuel.

Cet accès peut être intentionnel (le plus souvent via le cadre conceptuel) ou non. Les souvenirs épisodiques simples peuvent être mis en lien avec les notions de correspondance et cohérence décrites plus haut. En effet, les éléments épisodiques correspondant plus ou moins directement à l’expérience vécue, ils remplissent une fonction proche du principe de correspondance. Le cadre conceptuel peut quant à lui être conçu comme un type d’interprétation des éléments épisodiques qui leur confère une signification personnelle, et se rapproche donc plus du principe de cohérence. L’association de plusieurs souvenirs épisodiques simples, partageant un cadre conceptuel d’un ordre plus élevé, constitue un souvenir épisodique complexe. Par exemple, les souvenirs épisodiques simples « suivre un cours », « déjeuner avec ses camarades » et « participer aux travaux pratiques » peuvent constituer le souvenir épisodique complexe de la journée d’un étudiant à l’université. Nous l’avons déjà évoqué, de nombreux souvenirs épisodiques sont formés au cours d’une journée (e.g., celui de la fermeture des fenêtres), mais seuls ceux qui ont une certaine pertinence par rapport à nos buts resteront aisément accessibles intentionnellement sur le long terme. Cette conservation de l’accessibilité volontaire du souvenir passe par son intégration au self à long terme.

Le self à long terme contient les connaissances nécessaires pour que le self de travail puisse organiser et mettre en œuvre la réalisation des buts. Il est constitué de deux sous- systèmes : la base de connaissances autobiographiques et le self conceptuel. La base de connaissances autobiographiques renferme des connaissances personnelles qui, en interaction avec la mémoire épisodique, permettent la génération des souvenirs autobiographiques. Les connaissances comprises dans cette base sont organisées en trois niveaux hiérarchiques. Le plus haut niveau est celui des récits de vie, et reflète la compréhension que nous avons de notre histoire de vie intégrée dans notre culture. Le second niveau, celui des périodes de vie, se réfère à des buts très globaux, et représentent donc des intervalles de temps relativement larges (i.e., plusieurs mois ou années). Enfin, le dernier niveau est celui des événements généraux, qui sont des catégories d’événements s’étendant sur un période de temps brève (i.e., quelques heures à quelques jours) ou organisés autour d’un thème commun.

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Le self conceptuel contribue à l’organisation des unités hiérarchiques et thématiques de la base de connaissances autobiographiques. Il consiste en une connaissance personnelle abstraite (i.e., non reliée directement à un contexte) concernant les croyances sur soi, autrui et le monde, les attitudes et les valeurs d’un individu. Il permet aussi d’activer des souvenirs épisodiques spécifiques qui exemplifient ou illustrent lesdites croyances et valeurs.

Les souvenirs autobiographiques peuvent être définis comme des représentations mentales transitoires, composées à la fois de souvenirs épisodiques et de connaissances sémantiques sur sa vie et sur soi. Ils sont le fruit de l’interaction des trois systèmes définis ci- dessus : le self de travail, le self à long terme et le système de mémoire épisodique. S’agissant de représentations construites en partie sur la base des buts actuels de l’individu, les souvenirs autobiographiques ne sont pas immuables. Ils sont au contraire mis à jour et renouvelés à chaque réactivation. La récupération d’un souvenir autobiographique peut se dérouler selon deux processus distincts. Le premier est un processus intentionnel de récupération stratégique et cyclique : un contexte de récupération est établi, ce qui conduit à l’accès à des connaissances autobiographiques, et enfin à l’accès à l’épisode précis. Une évaluation est menée concernant l’épisode récupéré (s’agit-il bien de l’épisode recherché ?) et en fonction du résultat de cette évaluation, la récupération prend fin ou un nouveau cycle de récupération est mis en place. Le second processus pouvant mener à la récupération d’un souvenir autobiographique est spontané (i.e., non intentionnel). Il s’agit de la récupération directe qui se produit lorsqu’un individu est exposé à un indice externe suffisamment spécifique pour provoquer l’activation du souvenir.

1.4. Le lien entre segmentation d’événements et mémoire épisodique

Nous avons mentionné le fait qu’au quotidien, le flux sensoriel est continu et donc non intrinsèquement structuré. Dès lors, la segmentation d’événements qui se produit durant la perception peut être conçue comme un processus naturel et automatique d’extraction à la fois de la structure et de la signification des événements, puisqu’elle s’appuie sur la notion de but.

Elle constitue donc une forme de traitement de l’information à encoder, et de ce fait, une base pour la mise en mémoire des événements. Il paraît dès lors cohérent de supposer qu’une segmentation efficace mènera à une meilleure mise en mémoire. Nous décrivons donc dans cette section trois études ayant exploré le lien entre la segmentation d’événements et la mémoire des événements.

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1.4.1. Segmentation d’événements et mémoire des événements dans une population âgée

La première de ces études est celle de Zacks, Speer, Vettel et Jacoby (2006), qui ont étudié le lien entre la segmentation d’événements et la mémoire de l’événement chez des personnes âgées présentant ou non un vieillissement problématique. Ils ont utilisé un paradigme de segmentation de vidéos et ont ensuite calculé un score de segmentation correspondant au niveau d’accord de segmentation d’un individu donné par rapport à l’échantillon. Après le visionnement des vidéos, les participants effectuaient deux tâches évaluant la mémorisation des vidéos. La première était une tâche de mémoire de l’ordre temporel, qui consistait à trier des photographies issues des vidéos afin de reconstituer l’ordre dans lequel ces images étaient apparues durant la vidéo. La seconde était une tâche de reconnaissance en choix forcé, durant laquelle des paires de photographies étaient présentées aux participants. Pour chaque paire, une des images étaient issue de la vidéo, alors que l’autre était issue d’une vidéo similaire mais néanmoins différente. La tâche consistait donc à indiquer quelle image correspondait à la vidéo qui avait été visionnée. Pour investiguer le rôle de l’âge et du vieillissement problématique, les auteurs ont recruté des participants âgés de 63 à 85 ans. La moitié de ces participants présentaient un score de 0 au Clinical Dementia Rating scale (CDR ; Morris, 1993), ce qui indique l’absence de troubles cognitifs. L’autre moitié avait obtenu un score de 0.5, qui indique la présence de troubles cognitifs très légers, cohérent – d’après les auteurs – avec le premier stade d’une maladie de type Alzheimer. Les auteurs ont également recruté des adultes plus jeunes à des fins de comparaison (ces individus avaient de 18 à 23 ans).

Les résultats de cette étude montrent que l’accord de segmentation était le plus haut chez les jeunes adultes, et le plus bas chez les adultes âgés avec troubles cognitifs. Pour les deux tâches de mémoire, les jeunes adultes ont obtenu la meilleure performance, et les adultes âgés présentant des troubles cognitifs la performance la plus basse. Les capacités de segmentation comme les capacités de mémorisation de vidéos semblent donc se péjorer avec l’âge, et particulièrement lorsque des troubles cognitifs sont présents. Les auteurs ont également analysé les corrélations entre les différentes variables. Ils ont montré qu’il existait une corrélation significative entre l’accord de segmentation et la performance à la tâche de mémoire d’ordre dans le groupe des participants âgés sans trouble cognitif. Les participants présentant le plus haut accord de segmentation étaient ceux qui faisaient le moins d’erreurs dans l’ordre des photographies. Une corrélation significative a également été montrée entre le niveau d’accord de segmentation et la performance à la tâche de reconnaissance pour les deux

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groupes de participants âgés. Le fait de segmenter « correctement », c’est-à-dire similairement aux autres participants, semble donc être en lien avec le fait de bien mémoriser l’information contenue dans la vidéo. Il est intéressant de noter que cette relation persiste (pour la mémorisation évaluée avec la tâche de reconnaissance) chez les personnes présentant des troubles cognitifs légers.

1.4.2. La segmentation d’événements comme prédicteur unique et indépendant de la mémoire des événements

Sargent et ses collaborateurs (2013) ont été plus loin dans l’exploration du rôle joué par la segmentation dans la mémorisation d’événements. Ils ont réalisé une étude impliquant 208 participants adultes, âgés de 20 à 79 ans. La segmentation d’événements a été évaluée à l’aide d’un paradigme de segmentation de vidéos. Pour examiner la mémoire des événements, les auteurs ont utilisés trois tâches : une tâche de rappel libre, durant laquelle les participants avaient 7 minutes pour écrire avec le plus de détails possible ce qui s’était passé dans la vidéo qu’ils venaient de voir, suivi d’une tâche de reconnaissance et d’une tâche de mémoire d’ordre similaires à celles utilisées dans l’étude de Zacks et ses collaborateurs (2006). Les auteurs ont également évalué la connaissance des événements des participants, c’est-à-dire les scripts ou schémas d’événements stockés en mémoire à long terme. Pour ce faire, ils ont demandé à leurs participants d’écrire, dans l’ordre, toutes les étapes nécessaires à la complétion de trois activités de la vie quotidienne (différentes de celles montrées dans les vidéos). Les participants étaient aussi évalués à l’aide d’outils psychométriques plus classiques pour différentes capacités cognitives, notamment la mémoire de travail (tâches d’empans), la mémoire épisodique « de laboratoire » (apprentissage de listes et de paires de mots, mémorisation d’images), les fonctions exécutives (e.g., fluence graphique), la vitesse de traitement (e.g., comparaison de formes) et les connaissances générales (test Information de Wechsler, sélection de synonymes/antonymes).

Cette étude visait à déterminer si les capacités de segmentation constituaient bien un prédicteur indépendant pour la mémoire des événements. Afin de répondre à cette question, les auteurs ont testé un modèle à équation structurale incluant différentes variables mesurées dans l’étude. Il est ressorti de cette analyse que la capacité de segmentation d’événements et la connaissance des événements prédisaient de manière significative et indépendante la mémoire des événements (mesurée par la performance au rappel libre du contenu des vidéos).

Notons également que les mesures de mémoire de travail prédisaient significativement une part de la variance des capacités de segmentation d’événements des participants. Ce résultat

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est attendu si on considère à la fois l’implication du buffer épisodique, sous-système de la mémoire de travail, et l’implication du self de travail (gestion des buts) dans le fonctionnement de la segmentation d’événements. Enfin, les mesures classiques de mémoire épisodique n’étaient pas un prédicteur direct de la mémoire des événements. Ce dernier résultat appuie la conception selon laquelle les tests classiques de mémoire épisodique sont en réalité peu adéquats, car ils ne ciblent pas l’évaluation des processus sous-jacents au fonctionnement de la mémoire épisodique dans la vie quotidienne. A l’inverse, la segmentation d’événements et la connaissance des schémas ou scripts d’événements semblent constituer des cibles d’évaluation et de revalidation très pertinentes, puisqu’elles sont des prédicteurs directs de la mémoire des événements.

1.4.3. La segmentation d’événements prédit la mémoire des événements dans les premiers stades du vieillissement problématique

Dans l’étude de Sargent et collaborateurs (2013), les participants pour lesquels la présence de troubles cognitifs légers ne pouvait pas être écartée avaient été exclus des analyses. Bailey et ses collaborateurs (2013) ont quant à eux mené une étude comparant trois groupes d’individus âgés, sélectionnés selon leur score au Clinical Dementia Rating scale.

Spécifiquement, le premier groupe incluait des personnes présentant un score de 0 (absence de troubles cognitifs), le deuxième un score de 0.5 (troubles cognitifs très légers), et le dernier un score de 1 (troubles cognitifs légers). Ils ont utilisé le paradigme de segmentation de vidéos et les mêmes tâches d’évaluation de la mémoire du contenu des vidéos que Sargent et collaborateurs (2013 ; i.e., le rappel libre, la reconnaissance en choix forcé et la remise en ordre). Une analyse de régression a montré que l’accord de segmentation d’un participant donné prédisait de manière indépendante et significative sa performance aux tâches évaluant la mémoire des événements, et ce pour tous les groupes de participants. Les auteurs notent que le fait que la segmentation d’événements prédise la mémoire de l’événement même dans le groupe présentant des troubles cognitifs légers est de particulière importance. En effet, dans ce groupe, les participants avaient parfois des difficultés à rappeler quelque information que ce soit concernant le contenu des vidéos. Les auteurs rapportent même que 52.3% des participants de ce groupe n’ont rappelé aucune information précise. Ils ont cependant pu observer une certaine variabilité, dont une part significative est prédite par l’accord de segmentation. Bailey et collaborateurs (2013) proposent donc qu’une bonne capacité à organiser (i.e., segmenter) une activité durant la perception pourrait compenser la péjoration du fonctionnement de la mémoire au quotidien chez les personnes âgées présentant un

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vieillissement problématique. Ils suggèrent que des interventions ciblant l’amélioration de la segmentation d’événements pourraient être bénéfiques à la performance mnésique au quotidien, tant chez des personnes ne présentant pas de troubles cognitifs que chez ceux qui souffrent de difficultés cognitives.

1.5. Routinisation

Il nous a paru pertinent d’intégrer un dernier concept dans ce travail : la routinisation.

Les routines sont conçues comme des patterns comportementaux stables se manifestant dans le quotidien (Bouisson, 2002). Il s’agit d’un phénomène normal et adaptatif que l’on retrouve dans toutes les tranches d’âge de la population. Bergua et Bouisson (2008) identifient quatre dimensions qui caractérisent les routines : l’automaticité, la stabilité et la prévisibilité des actions, et le contexte spécifique des routines. Ainsi, chez les individus âgés, les routines peuvent être considérées comme adaptatives en cela qu’elles permettent un fonctionnement au quotidien peu coûteux (l’automatisation des comportements permettant l’allégement de la charge cognitive et attentionnelle) et qu’elles protègent l’individu du stress engendré par les situations nouvelles. La routinisation, que l’on peut définir comme la présence de patterns de comportements inflexibles qui résistent à tout changement ou suivent de façon rigide un certain ordre, pourrait cependant représenter un phénomène maladaptatif en empêchant la mise en place de certains changements nécessaires dans la vie quotidienne (Reich & Zautra, 1991, cité par Bouisson, 2002, p. 296). La tendance à la routinisation est un phénomène complexe, qui ne peut pas être réduit à un simple processus accompagnant l’avancement en âge. Les études portant sur ce phénomène ne rapportent d’ailleurs pas toutes une association entre l’âge des participants et la préférence pour la routinisation (voir Bergua et al., 2006).

Bergua et collaborateurs (2006) ont mis en évidence une association entre la préférence pour les routines et l’augmentation des plaintes cognitives sur 3 ans, le déclin cognitif et une péjoration dans les activités instrumentales de la vie quotidienne. Ces auteurs expliquent que le phénomène de routinisation pourrait représenter un facteur modérateur dans le processus de péjoration de l’autonomie. Ils notent cependant que la restriction de la variabilité des comportements pourrait aussi se produire en réponse à une vulnérabilité perçue par les individus. Ayant un sentiment d’auto-efficacité amoindri, ces personnes n’oseraient plus s’engager dans des comportements différant de leurs habitudes établies.

Nous considérons probable qu’un lien puisse être également observé entre le phénomène de routinisation et la péjoration des capacités de segmentation. Une personne présentant une péjoration de ses capacités de segmentation dans la vie quotidienne, entraînant

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des difficultés mnésiques (rappelons que l’efficacité de la segmentation prédit une part de variance de la mémoire des événements), pourrait décider de routiniser son quotidien afin de se reposer principalement sur ses connaissances sémantiques du déroulement d’une journée (ses scripts ou schémas d’événements). Cette personne suivrait ainsi un raisonnement de type : « je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin, mais je sais ce que j’ai fait car je fais tous les jours la même chose ». L’association entre les deux phénomènes pourrait aussi suivre le développement inverse. Nous avons vu que les routines augmentent la prédictibilité des actions au quotidien. Si l’on s’en réfère à la théorie de la segmentation, c’est durant les périodes d’imprédictibilité que se produit la segmentation d’événements. Une très forte prédictibilité du quotidien conduirait donc à une diminution de la probabilité de segmenter, entraînant un encodage moins efficace. L’installation des routines pourrait donc précéder et en partie causer la péjoration des capacités de segmentation. Que la routinisation se produise avant ou après la diminution des capacités de segmentation, les conséquences sur la mémoire des événements quotidiens seraient similaires : la personne se reposerait principalement sur ses connaissances sémantiques concernant ses activités quotidiennes, et ne pourrait probablement pas rapporter de détails épisodiques liés particulièrement à une journée donnée.

1.6 Problématique, objectifs et hypothèses théoriques

Il semble aujourd’hui établit que la segmentation d’événements est un processus intrinsèque de la perception et qu’elle a une grande importance dans la construction des souvenirs épisodiques. De fait, une péjoration des capacités de segmentation pourrait être à l’origine des difficultés de certaines personnes rapportant des plaintes mnésiques, et il serait pertinent que des interventions ciblant ce processus cognitif soient mises en place (Bailey et al., 2013). Pourtant, si la procédure d’évaluation des capacités de segmentation utilisée en recherche a fait ses preuves, il n’existe en revanche pas à ce jour de tâche psychométrique adaptée aux contraintes d’un contexte clinique. Il serait par ailleurs utile, dans ce contexte, de disposer d’un outil succinct et facilement administrable, permettant une première estimation des capacités de segmentation des individus au quotidien. S’inscrivant dans l’optique actuelle du développement d’outils cliniques visant l’évaluation des processus sous-jacents au fonctionnement naturel de la mémoire au quotidien, ce projet a donc pour objectifs (1) d’adapter le paradigme de segmentation de vidéos en vue de créer une tâche psychométrique d’évaluation de la segmentation d’événements adaptée à l’utilisation en clinique, (2) de créer un canevas d’entretien clinique court permettant une estimation des capacités de segmentation d’un individu et (3) d’explorer ces deux tâches dans une population âgée tout-venant, en les

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comparant à des tâches psychométriques plus classiques et des questionnaires auto-reportés évaluant la mémoire épisodique.

Compte tenu des aspects théoriques et empiriques exposés précédemment, nous pouvons faire plusieurs hypothèses : concernant la tâche psychométrique, nous nous attendons à ce que les performances de segmentation d’événements prédisent les performances de mémoire des événements au sein de cette tâche (rappel/reconnaissance du contenu des vidéos). Nous nous attendons également à ce que l’estimation des capacités de segmentation à l’aide de l’entretien clinique soit associée aux performances à la tâche psychométrique, puisque ces deux mesures sont censées évaluer le même processus. Nous faisons aussi l’hypothèse que les performances de nos participants aux deux tâches d’évaluation de la segmentation seront en lien avec leurs résultats aux tâches classiques et aux questionnaires d’évaluation de la mémoire épisodique. Enfin, nous prédisons également un lien négatif entre les capacités de segmentation des individus évaluées par nos deux tâches et leur tendance à la routinisation.

2. Méthodologie

2.1. Elaboration des tâches de segmentation

La première partie de ce projet de recherche a consisté en l’élaboration de deux outils d’évaluation de la segmentation d’événements : une tâche de segmentation de vidéos et un entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements. Spécifiquement, nous avions pour objectif de construire ces outils de manière à ce qu’ils soient cliniquement exploitables et écologiques (i.e., au plus proche du fonctionnement naturel).

2.1.1. Tâche de segmentation de vidéos

La tâche de segmentation de vidéos que nous avons élaborée a été conçue à partir de la procédure de Newtson (1973) et des variantes utilisées par Zacks et collaborateurs dans leurs études. En effet, ce type de paradigme a été utilisé dans une grande partie des études expérimentales portant sur la segmentation d’événements, tout particulièrement dans celles qui ont permis de mettre en évidence les liens entre ce processus et la mémoire épisodique.

Nous avons donc considéré que la procédure de Newtson constituait une bonne base pour l’élaboration d’une tâche psychométrique clinique. Ainsi, dans notre tâche de segmentation de vidéos comme dans cette procédure, nous demandons aux participants de visionner des vidéos et de les segmenter en appuyant sur une touche d’un clavier lorsque, selon eux, un événement porteur de signification se termine et qu’un autre commence. Toutefois, afin de rendre notre

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tâche plus écologique et exploitable en clinique, nous avons apporté plusieurs modifications (décrites ci-dessous) aux consignes et à la procédure utilisées en recherche.

2.1.1.1. Élaboration de la tâche de segmentation de vidéos

Nous avons modifié la procédure classique d’évaluation de la segmentation d’événements de trois manières différentes. Premièrement, nous avons décidé de réduire le nombre de vidéos montrées aux participants. Ceci avait pour but de raccourcir le temps nécessaire à la passation de la tâche, car en clinique le temps réservé à l’évaluation des compétences cognitives est restreint. Ainsi, contrairement à Zacks et collaborateurs qui généralement présentent à leurs participants une vidéo d’entraînement et au moins trois vidéos d’intérêt, nous avons décidé de présenter à nos participants une vidéo d’entraînement et seulement deux vidéos d’intérêt.

Deuxièmement, puisque la majorité des informations que nous mémorisons au quotidien sont mises en mémoire de manière incidente, nous avons décidé de ne pas avertir nos participants qu’ils allaient devoir rappeler le contenu des vidéos après le visionnement de celles-ci. Nous avons donc demandé aux participants de visionner toutes les vidéos de la tâche avant d’évaluer leur mémoire des événements contenus dans ces vidéos. Cette volonté de solliciter un encodage incident (i.e., sans consigne d’encodage intentionnel) distingue notre procédure de celle utilisée par Zacks et collaborateurs car ceux-ci informent leurs participants qu’un test de mémoire sera administré après le visionnement de chaque vidéo. Nous considérons notre manière de procéder comme plus conforme à l’encodage des informations tel qu’il se produit le plus souvent dans la vie quotidienne.

Enfin, dans les études expérimentales, les chercheurs demandent à leurs participants de segmenter d’une manière (i.e., grossière) puis d’une autre (i.e., fine) chaque vidéo qu’ils présentent à leurs participants. Afin encore une fois d’être le plus écologique possible, nous avons choisi de laisser nos participants segmenter les vidéos de manière naturelle et spontanée, sans consigne sur le niveau de segmentation à adopter.

Pour résumer, la tâche de segmentation de vidéos telle que nous l’avons élaborée est plus courte que la procédure classiquement utilisée en recherche et est plus écologique pour deux raisons : (1) nous sollicitons un encodage incident des informations contenues dans les vidéos et (2) les participants peuvent segmenter de manière naturelle et spontanée les vidéos qui leur sont montrées.

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2.1.1.2. Consignes et déroulement de la tâche

Suite à l’élaboration de la tâche de segmentation de vidéos, nous avons réalisé plusieurs pré-tests afin de nous assurer du bon fonctionnement de la tâche et de la clarté des consignes. Les participants des pré-tests n’ont pas rencontré de difficultés particulières avec la tâche et ils la réalisaient en approximativement 20 minutes.

L’administration de la tâche de segmentation de vidéos se déroule sur un ordinateur comme suit. Tout d’abord, l’expérimentateur lit les consignes de la tâche avec le participant et encourage celui-ci à poser des questions s’il en a. Les consignes que nous avons élaborées commencent par définir avec des mots simples ce qu’est la segmentation d’événements et illustrent à l’aide d’images le fait qu’il existe différentes manières de segmenter une activité (i.e., il est possible de segmenter une même activité de manière plutôt fine ou plutôt grossière). Il est ensuite expliqué au participant qu’il va regarder des vidéos de personnes réalisant des activités de la vie quotidienne et que sa tâche sera de segmenter les différents événements qui composent l’activité que nous allons lui montrer. Pour ce faire, il est indiqué au participant qu’il devra appuyer sur la barre ESPACE du clavier de l’ordinateur lorsque, selon lui, un événement commence et qu’un autre se termine. Afin de s’assurer que le participant ait bien compris les consignes, l’expérimentateur doit lui demander de réexpliquer avec ses propres mots ce qui lui est demandé de faire avant de pouvoir commencer à visionner les vidéos. S’il est apparent que le participant n’a pas compris les consignes, l’expérimentateur doit les lui réexpliquer.

Suite à cela, le participant a la possibilité de s’entraîner à segmenter une courte vidéo, ce qui permet à l’expérimentateur de vérifier que les consignes ont bien été comprises. Si le participant appuie au moins deux fois volontairement sur la barre ESPACE durant le visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur peut considérer que le participant a compris ce qui lui est demandé car ce faisant il aura identifié le début et la fin d’au moins un événement. Si le participant n’appuie pas ou appuie seulement une fois volontairement sur la barre ESPACE lors du visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur doit réexpliquer la tâche au participant et lui ré-administrer la vidéo d’entraînement. Au cas où le participant échouerait à appuyer sur la barre ESPACE au moins deux fois lors d’un deuxième visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur doit mettre un terme à la passation de la tâche de segmentation de vidéos. Après avoir regardé et segmenté la vidéo d’entraînement, le participant est une nouvelle fois encouragé à poser des questions s’il en a.

Lorsqu’il est prêt, il peut commencer le visionnement de la première vidéo d’intérêt, puis de la seconde vidéo d’intérêt (consigne complète en Annexe I).

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2.1.1.3. Matériel et stimuli

Les consignes et les vidéos utilisées dans la tâche de segmentation d’événements ont été présentées en utilisant une procédure que nous avons programmée à l’aide du logiciel E- Prime 2 (Schneider, Eschman, & Zuccolotto, 2002) sur un ordinateur portable DELL Latitude D520 avec une résolution d’écran de 1064 par 768 pixels. Après avoir obtenu l’accord de J.

M. Zacks pour l’utilisation expérimentale et clinique de ses stimuli, nous avons choisi de montrer à nos participants trois vidéos qui ont précédemment été utilisées dans l’étude de Sargent et collaborateurs (2013 ; Figure 3).

Figure 3. Captures d’écran des trois vidéos utilisées dans la tâche de segmentation de vidéos.

Au-dessus, la vidéo d’entraînement. Au-dessous et à gauche, la vidéo 1. Au-dessous et à droite, la vidéo 2.

Ces trois vidéos ont une forme similaire : elles présentent un plan fixe sur une pièce dans laquelle une personne entre, se livre à une activité, puis ressort. La vidéo d’entraînement dure 155 s et montre un homme en train de construire un bateau avec des lego. Cette vidéo était présentée au centre de l’écran à une résolution réduite car nous ne disposions malheureusement pas d’une copie de meilleure qualité. Les frontières d’événements identifiées par les participants durant cette vidéo n’ont pas été prises en compte dans nos

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