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L'indice radio-huméral : nécessité d'une standardisation

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L'indice radio-huméral : nécessité d'une standardisation

KAUFMANN, Hélène, ANKER, Philippe

KAUFMANN, Hélène, ANKER, Philippe. L'indice radio-huméral : nécessité d'une

standardisation. Archives suisses d'anthropologie générale , 1961, vol. 26, no. 1-2, p. 1-11

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:96054

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Tome XXVI, Nos 1-2, 1961.

L'indice radio-huméral;

nécessité d'une standardisation

par

Hélène KAUFMANN et Philippe ANKER

La multiplication des mesures ... tend à établir des malentendus entre les auteurs.

L'intért:t de l'_ostéométrie demande que pour tous les os il n'y ait qu'une méthode, ..

TOPINARD (1885, p. 1034).

Depuis longtemps la nécessité d'une standardisation en anthropométrie s'est. fait sentir. Tout récemment l'ancien Comité de standardisation du Congrès international des Sciences anthropologiques et ethnologiques s'est réorganisé en un Comité de coordination pour la standardisation (v. Archives, 25, 1960, pp. 227-228); c'est la preuve que les anthropologistes ont le sen- timent que beaucoup reste à faire dâns ce domaine. Dans cette note nous voulons apporter une démonstration de la confusion qui règne encore dans le secteur de l'anthropométrie, prenant un cas que les circonstances nous ont fait découvrir.

Récemment l'un de nous (A), appelé à calculer l'indice radio-huméral (dénommé aussi indice huméro-radial ou indice brachial ou encore anti- brachial), s'est penché sur le Lehrbuch der Anthropologie de Martin. Il eut la désagréable surprise de constater des µifférences entre la première édi- tion (Martin 1914) et la deuxième (Martin 1928, II) - différences accom- pagnées d'up.e erreur - alors que la troisième (Martin et Saller 1957, I) recopiait simplement la deuxième, y compris l'erreur! De plus nous nous sommes étonnés de voir reproduite telle quelle, dans les deuxième et troi- sième éditions, la classification de l'indice publiée en 1914 pour un autre rapport de base.

Pour essayer d'y voir clair nous avons été amenés tout naturellement à considérer d'abord les deux éléments constitutifs de l'indice radio-humé- ral: la longueur du radius et celle de l'humérus. Cela nous a entraînés à revoir l'énoncé des différentes techniques de mensuration proposées par

Arch. suisses d'.anthrop. gén. - T. XXVI. - 1961.

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2 H. KAUFMANN ET P. ANKER

Martin et Martin et Saller, mais aussi par d'autres auteurs. Suivant les techniques proposées par les auteurs, ce n'est pas moins de cinq longueurs pour le radius et de trois longueurs pour l'humérus qui ont été mesurées.

Devant la complexité du sujet nous avons jugé utile de mettre par écrit le résultat de nos recherches, en pensant qu'il pouvait éviter à d'autres de commettre les mêmes erreurs ou de perdre du temps à refaire cette enquête.

Nous passerons d'abord en revue les principaux manuels de technique anthropométrique pour y relever la définition des diverses dimensions longitudinales proposées pour l'étude du radius et de l'humérus. Cela nous permettra d'examiner les :variantes de l'indice radio-huméral ainsi obtenu.

Nous verrons ensuite en quoi diffèrent les diverses mesures, puis l'emploi qu'en ont fait les anthropologistes.

Nous avons consulté systématiquement les manuels des auteurs sui- vants (que nous citerons par les abréviations figurant à côté de leurs noms, sans date, et dont on trouvera les références dans la bibliographie qui termine cet article): Martin (M) 1914 et 1928, II; Martin et Saller (M & S) 1957, I; Mollison (Mol) 1938; Hrdlicka (H), édité par Stewart 1947; Briggs (B) 1958; Cornas (C) 1960 (nous nous bornons à l'emploi de l'édition an- glaise); Olivier (01) 1960; Montagu (Mon) 1960 1.

Le Lehrbuch de Martin étant certainement, de tous les manuels, le plus utilisé, c'est celui qui nous servira de référence; nous citerons donc chaque fois le numéro d'ordre de ses mesures.

I. RADIT.TS.

a) Longueur maximum.

« r. Longueur maximum. Distance entre le point le plus proximal du bord de la tête à l'extrémité de l'apophyse styloïde, sans tenir compte de

~'axe longitudinal de l'os. Planche ostéornétrique. Cette dimension est un peu plus grande que la longueur prise sur le vivant en position de pro- nation.,, (M 1914, p. 910; M 1928, II, p. ro14; M & S, p. 535-536) (de même H, p. 169; C, p. 421).

b) Longueitr latérale.

Cette dimension ne figure pas chez Martin; par contre c'est la seule mesure longitudinale indiquée par Mollison pour le radius, avec cet énoncé:

1 Les citations de Martin. Martin et Saller, Mollison, Hrdlicka, Comas et Montagu seront données en tra- duction française - aussi proche que possible de l'original - faite par H. Kaufmann.

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« Longueur. Distance entre le bord latéral de la tête et" l'extrémité de l'apophyse styloïde. Grand compas-glissière. » (Mol, p. 647 et fig. 374, p. 648) (de même 01, p. 208) 1 . Ce qui distingue cette dimension de la précédente porte sur la tête radiale; ici (Mol) on précise qu'il faut se tenir sur le bord latéral de la tête, tandis que là (M) il faut choisir le point le plus proximal. Il est, de plus, étonnant qu'Olivier ait qualifié cette longueur de« maximum», ce qu'elle paraît ne jamais être. Cet auteur ajoute:« Cette dimension correspond en principe à la longueur de l'avant-bras, telle qu'on la mesure sur le vivant (du point radial au point stylien) » (p. 208).

Faisant pendant aux deux dimensions reproduites ci-dessus, certains auteurs prennent les mêmes mesures, mais en projection sur l'axe longi- tudinal de l'os. En raison du faible développement transversal des épi- physes du radius humain, on s'aperçoit au premier coup d'œil que les longueurs prises en projection sur l'axe seront très peu différentes de celles prises indépendamment de toute orientation.

c) Longueur maximum selon l'axe.

La définition de cette mesure doit être relevée chez Montagu: « Lon- gueur maximum. Entre le point le plus proximal et le point le plus distal, l'os étant mis parallèlement à l'axe longitudinal de la planche.» (p. 68).

C'est aussi la mesure indiquée par Briggs (p. 45) et Schultz (1930, p. 361).

d) Longueur latérale selon l'axe.

C'est Martin qui l'a codifiée, l'imprimant en petits caractères: « 1 b.

Longueur parallèle : Distance du bord latéral de la tête à l'extrémité de l'apophyse styloïde. Compas-glissière.» (M 1928, II, p. ro14; M & S, p. 536).

e) Longueur physiologique (

=

longueur fonctionnelle

=

longueur totale).

« 2. Longueur physiologique (distance entre les surfaces articulaires):

distance linéaire comprise entre les points les plus profonds des deux surfaces articulaires. Compas d'épaisseur.)) (M 1914,. p. 9ro; M 1928, II, p. ro14; M & S, p. 536, en remplaçant cc physiologique» par cc fonction- nelle »).

1 Dans l'étude de Mollison de 1910 nous remarquons bien, dans sa définition de la longueur du radius (p. 88) qu'il dit simplement: « du bord latéral de la tête à l'extrémité de l'apophyse styloïde», sans ajouter u en pro- jection sur l'axe de l'os», tandis que cette précision accompagne la définition des longueurs des trois autres os longs (humérus, fémur et tibia) mentionnés dans la même phrase. Or l'examen de la photographie de la page précédente (fig. 51 p. 87) nous laisse perplexes: l'auteur n'a-t-il vraiment pas tenu compte de l'a.xe pour placer le radius entre les branches du compas ? Comme il s'agit de la figuration d'un radius de Pongidé à très forte courbure, il est difficile de juger. Pourtant, à notre point de vue, pour effectuer une mesure 1,néaire entre le bord de la t~te et l'extrémité de l'apophyse styloïde, ces deux points devraient normalement se trouver exactement à l'extrémité des deux branches du compas, celles-ci étant à même distance de l'axe gradué; ce qui ne parait pas Hre le cas. Donc un doute subsiste.

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4 H. KAUFMANN ET P. ANKER

Olivier (p. 208) présente la même dimension, mais avec une définition légèrement différente et plus précise: « Longueur physiologique. C'est la longueur minimum comprise entre les surfaces supérieure et inférieure du radius. »

II. HUMÉRUS.

Voyons les diverses dimensions proposées pour rendre compte de l'ex- tension longitudinale de cet os.

a) Longueur maximttm.

Voici la définition de Martin: cc I. Longiteur maximum. Distance linéaire entre le point le plus élevé de la tête et le point le plus bas de la trochlée.

Planche ostéométrique. La tête est placée contre la paroi verticale.» En note: cc La technique décrite ici doit être exactement suivie. De petites variantes entraînent des différences importantes dans les dimensions longitudinales des os des extrémités ... » (M 1914, p. 907; 1928, II, p. 1010;

M & S, p. 53:2, mais la note est supprimée) (de même Mol, p. 641; C, p. 421 et 01, p. 202). Hrdlicka (p, 168) ajoute une suggestion qui ne paraît pas sans importance, surtout pour des débutants: cc saisir l'os légèrement et le déplacer verticalement et latéralement jusqu'à ce·que la longueur maximum soit déterminée ».

b) Longiteur maximum selon l'axe (

=

longueur tête - trochlée selon l'axe).

cc 1 a. Longiœur tête - trochlée (Gieseler): Même mesure que N° r. Planche ostéométrique. Avec cette différence que, pour les Anthropoïdes, la dimen- sion est prise en projection sur l'axe longitudinal. Pratiquement il n'existe presque pas de différence entre les deux mesures. ,, (M 1928, II, p. roro;

M & S, p. 532) (de même B, p. 45; Mon, p. 68).

c) Longueur physiologiqite (

=

longueur totale

=

longueur tête - condyle selon l'axe).

cc 2. Longueur totale: Distance entre le point le plus élevé de la tête et le point le plus bas du condyle. Planche ostéométrique. L'axe de l'os doit être parallèle à l'axe longitudinal de la planche. Ainsi cette mesure est prise en projection sur l'axe longitudinal de l'os et représente assez bien la longueur du bras supérieur sur le vivant. ,, (M 1914, p. 907; M 1928, II, p. roro; M & S, p. 532) (de même Mol, p. 642 et fig. 369 et 370, p. 641;

01, p. 202). Au sujet de cette longueur physiologique. Olivier ajoute: cc Elle est en moyenne plus courte de 4 mm que la longueur. maximum, mais avec

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d'assez grandes variations: de o à ro mm; cela tient à la plus grande diffi- culté qu'on a pour prendre la longueur maximum 1 et aussi à la varia- bilité des lèvres de la trochlée. La longueur physiologique est donc une.

mesure plus fidèle, plus pratique, mais moins classique. »

Notons que, dans leur étude des Primates, c'est cette dimension longi- tudinale de l'humérus qu'ont utilisée aussi bien Mollison (1910, p. 88) que Schultz (1930, p. 361).

III. INDICE RADIO-HUMÉRAL.

L'indice radio-huméral (nommé également indice huméro-radial ou encore indice brachial ou antibrachial) exprime le rapport centésimal de la longueur du radius à la longueur de l'humérus. La multiplicité des techniques appliquées à la mensuration du radius et de l'humérus entraîne là création de plusieurs variantes de cet indice 2 .

Voyons d'abord ce qu'ont proposé les auteurs de manuels.

a) Indice radio-huméral selon les longueurs physiologiques.

Dans son Lehrbuch de 1914 (p. 949) Martin donne comme formule de l'indice radio-huméral:

Longueur physiologique du radius [2] X 100 Longueur totale de l'humérus [2]

Radius e soit nos mesures - - - - -

Humérus c

Il l'accompagne de la classification suivante:

Brachycerque (avant-bras court) Mésaticerque · (avant-bras moyen) Dohchocerque (avant-bras long)

b) Indice radio-huméral selon les longueurs maximums.

X -74.9 75.0 -79.9 80.0 -X ·

Dans son édition de 1928 (II, p. 1067) Martin modifie le rapport. Au numérateur, pour le radius, il remplace la longueur physiologique [z] par la longueur maximum [1]. Au dénominateur, il remplace pour l'humérus les termes de ganze Lange (longueur totale ou physiologique) par grosste Lange (longueur maximum) en continuant à l'accompagner du. chiffre [z].

Il .Y a donc là une erreur manifeste. Comment corriger ? Comme il paraît

1 Nous avouons ne pas voir en quoi réside la difficulté pour obtenir la longueur maximum de l'humén1s;

il nous semble au contraire que, indépendamment de toute orientation, c'est la mesure qui doit le moins différer d'un opérateur à l'autre.

2 Rappelons encore que l'indice brachial sur le vivant, obtenu en faisant le rapport des longueurs de l'avant- bras au bras, donne approximativement les mêmes valeurs que l'indice sur le squelette. Il serait donc souhaitable, lorsqu'on utilise les termes d'indice brarhial, d'imiter Topinard qui, pour l'étude squelettique, ajoute l'adjectif

u ostéométrique i, (1885, p. 104,z). Sinon voici une source supplémentaire de confusions possibles.

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6 H. KAUFMANN ET P. ANKER

logique d'associer pour le calcul d'un rapport, ou bien des dimensions physiologiques, ou bien des dimensions maximales, nous décidons d'ajouter foi aux termes figurant au dénominateur et de corriger le chiffre [2] en chiffre [1]. C'est ainsi que plusieurs anthropologistes paraissent avoir procédé. Cela permet d'exprimer ainsi l'indice:

Longueur maximum du radius [r] X 100 Radius a soit nos - - - -

Longueur maximum de l'humérus [r] ' Humérus a

Ce qui est assez surprenant c'est de trouver pour ce nouvel indice, la reproduction de la classification de 1914, sans changement.

Pourtant - on le verra plus bas par quelques exemples - la ·valeur de l'indice selon les longueurs physiologiques est assez différente de celle selon les longueurs maximums.

Il est fâcheux que, lors de la préparation de la troisième édition du Lehrbuch on ne se soit pas aperçu de la confusion ainsi créée et que l'on retrouve dans la publication de Martin et Saller (p. 591) la copie fidèle du rapport et de la classification de 1928 ! 1

Nous ne savons pas pour quelle raison Martin, après avoir codifié un indice radio-huméral, a jugé nécessaire d'en modifier plus tard les éléments de base en gardant le même nom, sans prévenir le lecteur et sans modifier- la classification, introduisant par là même une possibilité de confusion (augmentée encore par l'erreur signalée plus haut), ce qui n'a pas manqué de se produire.

L'indice radio-huméral obtenu à l'aide des longueurs maximums des deux os en question est celui qui est donné par Hrdlicka (p. 162), y compris la classification de Martin (H, p. 213; Comas (p. 428) l'indique, sans classi- fication, Olivier (p. 202 et 208), avec la classification. Chose plus surpre- nante, c'est aussi l'indice utilisé par Martin lui-même dans son étude des Fuégiens en 1893.

c) Indice radio-huméral selon les longueurs maximums parallèles à l'axe.

Pour, les anthropologistes qui préconisent l'évaluation des longueurs en tenant compte de l'orientation (B, p. 45; Mon, p. 68) on a l'indice:

Longueur maximum du radius selon l'axe X 100 Radius c

- - - , s01t nos mesures----

Longueur maximum de l'humérus selon l'axe Humérus b ·

Ils ne donnent pas de classification.

1 Il s'y est glissé, en plus, une faute typographique dans les trois catégories de la classification, pour le suffixe allemand, imprimé -kerisch au lieu de -kerkisch.

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d) Indice radio-huméral selon M ollison.

Dans son petit manuel Mollison (p. 663) exprime ainsi l'indice radio- huméral:

Longueur latérale du radius X roo Radius b

soit nos mesures

Longueur physiologique de· l'humérus ' Humérus c

Il ne donne pas de classification.

Avant que Martin, dans son Lehrbucli de r9r4, ait codifié le rapport qui nous occupe, Mollison avait déjà utilisé cet indice dans sa thèse de doctorat Die Korperproportionen der Primaten, publiée en 19ro.

e) Indice radio-huméral selon Schultz.

Notons encore, parce que nous aurons à y revenir, le rapport utilisé par Schultz dans son étude des Primates (1930):

Longueur maximum du radius selon l'axe X 100 . Radius c - - - , s01t nos mesures----

Longueur physiologique de l'humérus selon l'axe Humérus c

Ainsi nous avons recensé cinq rapports différents, qui tous ont été utilisés sous l'appellation d'indice radio-huméral ou huméro-radial ou encore indice brachial ou antibrachial et pour lesquels on a souvent appliqué la classification proposée par Martin pour l'un d'eux.

Avant d'aller plus loin, voyons comment se comportent les dimensions absolues qui composent l'indice radio-huméral.

Pour le radius les longueurs décroissent dans l'ordre suivant: longueur maximum (M r), longueur maximum selon l'axe (Mon), longueur au bord latéral (Mol r), longueur au bord latéral selon l'axe (M rb), longueur phy- siologique (M 2).

Sur 25 radius des deux sexes de Genève (Auditoire) que nous avons mesurés, la différence entre la longueur maximum et la longueur maxi- mum selon l'axe est de r.04 mm en moyenne (écarts: 0-2 mm), ce qui n'est pas négligeable; entre la longueur latérale et la longueur latérale selon l'axe, de 0.36 mm en moyenne (écarts: 0-2 mm), ce qui peut paraître négli- geable par rapport à la moyenne, mais pas pour des cas individuels. Enfin, entre les longueurs maximums et les longueurs au bord latéral d'une part, ces dernières et la longueur physiologique d'autre part, il existe toujours une différence de plusieurs millimètres.

Lorsqu'on étudiera des indices radio-huméraux, on pourra se permettre éventuellement - faute de mieux - d'utiliser pour des comparaisons des rapports établis les uns avec la longueur maximum réelle du radius, les

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8 H. KAUFMANN ET P. ANKER

autres avec la longueur maximum selon l'axe; ou bien établis avec la longueur latérale ou avec la longueur latérale selon l'axe, mais à condition d'être conscient que les rapports mis en présence ne représentent pas exacte- ment la même chose, et de l'indiquer.

Poùr l' humérns les longueurs décroissent dans l'ordre suivant: longueur maximum (M r), longueur maximum selon l'axe (M ra), longueur phy- siologique selon l'axe.

Sur 25 humérus des deux sexes de même provenance, nous avons trouvé que la différence entre la longueur maximum et la longueur maximum selon l'axe varie entre o et r.5 mm (o.6 II1m en moyenne). 1 Cette très faible différence pourra autoriser une comparaison d'un indice radio- huméral obtenu avec l'une ou l'autre des longueurs maximums, mais, de nouveau, à condition qit'on soit conscient de ce que cela a d'irrégulier. Quant à la longueur physiologique mesurée en projection sur l'axe, elle est tou- jours beaucoup plus faible que la longueur maximum selon l'axe: rlans notre exemple, de 5.0 mm en moyenne (écarts: 3-8.5 mm).

Venons-en pour :finir à quelques données puisées dans la littérature, pour montrer comment la variété des techniques de mensuration a entraîné des confusions dans les interprétations de l'indice radio-huméral.

Premièrement, que peuvent nous apporter les travaux de Martin ? Dans son étude des Fuégiens (r893) il présente des valeurs d'indice radio- huméral obtenues, ainsi qu'il l'exprime clairement, à l'aide des longueurs maximums du radius et de l'humérus. Il utilise les termes de dolichocerque et mésaticerque et parle de la classification« déjà connue». Il est également question d'indice radio-huméral dans son étude d'un squelette de Boschi- man (r926) - étude inachevée en raison de sa mort. Là il a dû se glisser une erreur, car on peut relever (p. 484) une valeur d'indice pour le côté droit et une pour le côté gauche, alors que seul était présent l'humérus

gauche ! Inutile d'insister.. .

Nous demandant quels ouvrages nous devrions utiliser pour poursuivre cette recherche, il nous est venu à l'idée que les travaux du professeur Schlaginhaufen, ancien élève puis assistant de Rudolf Martin, pourraient nous aider à voir plus clair.

Notre choix s'est porté sur l'étude détaillée des restes squelettiques du lac de Wauwil, publiée par Schlaginhaufen en r925. Nous y avons effec- tivement trouvé de quoi nous satisfaire.

1 Nous précisons que c'est pour cette étude seule.ment que nous avons effectué des lectures au demi-milli- mètre, cc qui ne nous paraît pas raisonnable. D'ordinaire, vu la dimension des radius et des humérus et l'appareil utilisé (planche ostéométrique), une évaluation au millimètre nous semble plus normale et suffisante.

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Le professeur Schlaginhaufen voudra bien nous pardonner d'utiliser ses publications comme démonstration des confusions inévitables dont peuvent être victimes les anthropologistes à cause, d'une par_t du changement d'indice effectué par Martin, sans en prévenir le lecteur, d'autre part du trop grand nombre de variantes dans la technique de mensuration des os du membre supérieur.

Tout d'abord on peut y relever (p. 198 et 199) deux chiffres exprimant l'indice radio-huméral: 72.8 pour W 1 (soit cc la femme de petite taille d'Egolzwil »); 77.67 pour Combe-Capelle (calculé par l'auteur à l'aide des mesures qu'il a prises sur les dessins de Klaatsch et Hauser 19ro). En reprenant les données publiées par Schlaginhaufen on s'aperçoit que son indice est composé des mesures suivantes: longueur physiologique du radius (soit M 2) et longueur physiologique (ou totale) de l'humérus (soit M 2), donc selon les indications du Lehrbuch de 1914 - alors seul paru.

Plus loin (p. 2ro), citant l'indice radio-huméral de l'homme d'Ober- cassel, d'une valeur de 82, Schlaginhaufen ne s'est pas aperçu que Bonnet (in: Verworn, Bonnet et Steinmann 1919) avait obtenu cette valeur sur la base du rapport des longueurs maximums (p. 136). Il doit en être de même des indices des deux sujets de Grimaldi (femme 80.07; homme 79.37) qu'il cite à la page 194, calculés par Verneau (1906) sur la base des cc lon- gueurs totalj'!s »1 Ces trois chiffres ne sont donc pas comparables à ceux obtenus pour

wl.

Au moment où nous rédigeons le présent article, nous recevons une nouvelle publication de Schlaginhaufen (1962, mais dont le tiré à part est sorti de presse en automne 1961), sur d'autres restes squelettiques du lac de Wauwil. Pour le squelette féminin d'Egolzwil 2, soit Ww l'auteur a pu obtenir l'indice radio-huméral pour le côté droit (p. 41). Un calcul nous fait voir qu'ici l'auteur a utilisé, pour l'obtention de cet indice, les longueurs maximums (mesures 1 de Martin), et non, comme pour W1, les longueurs physiologiques. Par conséquent il ne devrait pas pouvoir comparer cette dernière donnée avec celle obtenue en 1925, ni utiliser pour la femme W14 la même classification que précédemment.

Les publications· détaillées de Schlaginhaufen nous fourniront encore les données nécessaires à lç. démonstration que nous désirions faire, de la différence de valeur de l'indice radio-huméral, suivant les composantes du rapport que l'on utilise, en nous limitant aux longueurs prises selon la technique de Martin.

1 Ce qui, dans la terminologie française, n'o. rien à voir avec la totale Lange de Martin, mais signifie cer·

taincmcnt c( longueur maximum"·

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IO H. KAUFMANN ET P. ANKER

I) Indice des longueurs physiologiques (selon Martin 1914: Radius [2] X roo / Humérus [2]).

Pour W1 , 185 X 100 / 254 = 72.8, brachycerque;

pour W 14, 199 X 100 / 280 = 71.1, brachycerque.

2) Indice des longueitrs maximums (selon les termes de Martin 1928:

Radius [1] x roo / Humérus [1]).

Pour W 1 , 197 X 100 / 256 = 76.95, mésaticerque;

pour W 14, 213 X 100 / 283 = 75.26, mésaticerque.

On voit donc que, selon qu'on utilise, pour le calcul de l'indice, les longueurs physiologiques ou les longueurs maximums, les deux femmes d'Egolzwil présentent chaque fois des indices très voisins; et si on leur applique dans les deux cas (à tort) la même classification de Martin, elles seraient brachycerques dans le premier, mésaticerques dans le second.

Nous prenons encore un autre exemple chez Schultz (1930): lorsqu'il parle de l'indice radio-huméral, cet auteur utilise pour la comparaison des données de Mollison (19ro) 1 sans signaler que leurs indices diffèrent, au moins légèrement: en effet, le premier (Schultz) l'a établi sur la base de la longueur du radius parallèle à l'axe, le second (Mollison), sans orientation.

On voit bien par ces exemples les erreurs d'appréciation qui peuvent découler de ces confusions. Il est inutile d'en allonger la liste.

Une révision rapide des publications faisant mention dé l'indice qui nous occupe nous a fait constater que la majorité des anthropologistes utilisent un indice radio-huméral basé sur les longueurs maximums, parmi eux Schenk, Schwerz, Sauter, les Français· (les anciens comme Verneau, Boule; plus tard Vallois, Olivier, etc.).

En conclusion, comme l'utilisation des longueurs maximums paraît beaucoup plus répandue que les autres, que même Martin l'a utilisée en 1893, nous voudrions suggérer de réserver la classification de l'indice donnée par Martin exclusivement à celui composé des longueurs maximums prises sans orientation.

Enfin, celui qui voudra bien s'astreindre à la précision de Topinard (1885) ne risquera plus d'induire les autres en erreur. Cet auteur a pris la peine, par exemple, d'intituler ses tableaux de chiffres de la façon suivante:

« indice antibrachial, ou de radius maximum à humérus maximum (p. ro43) et encore: Rapport du radius maximum à la longueur condylienne de l' humé- rus» (p. ro44) 2

1 Schultz cite le travail de Mollison en l'accompagnant du millésime I9II (dans le texte et dans la biblio·

graphie); or le volume que nous avons en main porte Igio.

2 C'est nous qui soulignons.

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Il nous paraît raisonnable de souhaiter une réduction du nombre des variantes de l'indice radio-huméral, mais ce n'est pas à nous d'en proposer les modalités - car chacun a ses habitudes, ·souvent bien ancrées ! Nous pouvons au moins réclamer de tous une précision suffisante pour éviter tout risque de confusion.

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Institut d' Anthropologie de l'Université de Genève.

Références

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