EPFL
Algèbre linéaire 1ère année 2008-2009
Corrigé de la série 16
Exercice 1. 1. Cette forme n’est pas définie positive car b((1,0),(1,0)) = 0.
2. (a) Cette forme n’est pas symétrique car
b1((1,1),(1,−1)) = 0·26= 4 =b1((1,−1),(1,1)).
(b) Cette forme n’est pas bilinéaire car
b2((2,2),(1,1)) = (2 + 1)(2 + 1) = 96= 8 = 2(1 + 1)(1 + 1) = 2b2((1,1),(1,1)).
(c) Cette forme n’est pas définie positive car
b3((1,−1),(1,−1)) = 0.
3. Dans le cas (a), la forme n’est pas définie positive (b(1,1) = 0), dans le cas (b) elle n’est pas symétrique b(x+ 1, x2) = 66= 8 =b(x2, x+ 1).
4. La forme n’est pas définie positive (b(x2−x, x2−x) = 0).
5. Dans le cas (a), la forme n’est pas définie positive (b(−1,−1) = −2<0). La forme de la question (b) est un produit scalaire (produit scalaire standard sur F1).
6. Cette forme est un produit scalaire : – Symétrique : b(f, g) =Rb
af(t)g(t)dt=Rb
a f(t)g(t)dt=b(f, g)∀f, g ∈V. – Linéaire dans la première variable : On a pour tout f, g, h∈V ;
b(f +g, h) = Z b
a
(f+g)(t)h(t)dt= Z b
a
(f(t) +g(t))h(t)dt
= Z b
a
(f(t)h(t) +g(t)h(t))dt= Z b
a
f(t)h(t)dt+ Z b
a
g(t)h(t)dt
=b(f, h) +b(g, h), et pour tout λ ∈Fet f, g∈V :
b(λf, g) = Z b
a
(λf)(t)g(t)dt= Z b
a
λf(t)g(t)dt
=λ Z b
a
f(t)g(t)dt =λb(f, g).
– Linéaire dans la seconde variable : par symétrie.
– Définie positive : Pour f ∈ V, on a b(f, f) = Rb
af(t)2dt ≥ 0, comme f(t)2 ≥ 0 pour tout t ∈ [−1,1]. Si b(f, f) = 0, alors Rb
a f(t)2dt = 0, ce qui implique que la fonction f est la fonction nulle.
SiV =C0(R), la forme n’est pas définie positive, carRb
a f(t)2dt = 0implique uniquement que la fonction f est nulle sur l’intervalle [a, b]. Si V = P(R), par contre, on obtient de même que si Rb
a p(t)2dt pour un polynôme p, alors p= 0 sur [a, b], ce qui implique que p est le polynôme nul. La forme est donc définie positive dans ce cas.
7. Cette forme est un produit scalaire.
– Symétrique : pour toutp, q ∈V, on a :
b(p, q) = Z 1
−1
p0(t)q0(t)dt+p(0)q(0) = Z 1
−1
q0(t)p0(t)dt+q(0)p(0) =b(q, p).
– Linéaire dans la première variable : pour tout p, q, r∈V, on a :
b(p+q, r) = Z 1
−1
(p+q)0(t)r0(t)dt+ (p+q)(0)r(0)
= Z 1
−1
(p0(t) +q0(t))r0(t)dt+ (p(0) +q(0))r(0)
= Z 1
−1
p0(t)r0(t)dt+ Z 1
−1
q0(t)r0(t)dt+p(0)r(0) +q(0)r(0) =b(p, r) +b(q, r),
et l’homogénéité peut-être montrée de manière similaire.
– Linéaire dans la deuxième variable : par symétrie.
– Définie positive : Pour p ∈ V, on a b(p, p) = R1
−1(p0(t))2dt + (p(0))2 ≥ 0. Si b(p, p) = R1
−1p02(t)dt+ (p(0))2 = 0, on a R1
−1(p0(t))2dt = (p(0))2 = 0. Donc p(0) = 0 et p0 = 0 (voir ci-desus, il suffit de savoir que p0 est nul sur l’intervalle [−1,1] pour savoir que c’est le polynôme nul), ce qui implique quepest le polynôme constant disparaissant en 0, donc p= 0.
8. Cette forme est un produit scalaire :
– On vérifie facilement que b est bilinéaire et symétrique.
– Vérifions que b est définie positive :
b(p, p) =
2
X
k=0
|p(k)|2 ≥0
pour tout p ∈ V. De plus, b(p, p) = |p(0)|2 +|p(1)|2 +|p(2)|2 = 0 si et seulement si
|p(0)|= |p(1)|= |p(2)| = 0 et donc p(0) =p(1) =p(2) = 0. Le polynôme p a donc au moins trois racines ; comme il est de degré deux, cela implique que P = 0.
9. (a) Cette forme est symétrique : pour tout x, y ∈V, on a :
b(x, y) =x1y1+x2y2+ 2x3y3 +λ(x3y1+x1y3)−λ(x3y2+x2y3) = b(y, x).
On montre facilement qu’elle est bilinéaire. On cherche donc à déterminerλ∈Rtel queb soit définie positive. On vérifie que
b(x, x) =x21+x22+ 2x23+ 2λx1x3−2λx2x3 = (x1+λx3)2+ (x2−λx3)2+ 2(1−λ2)x23
pour toutx∈V. Pourλ ∈Rtel que |λ|<1, et x∈V, on a
b(x, x) = (x1+λx3)2+ (x2−λx3)2+ 2(1−λ2)
| {z }
>0
x23 ≥0.
L’égalité
b(x, x) = (x1+λx3)2+ (x2−λx3)2+ 2(1−λ2)
| {z }
>0
x23 = 0.
impliquex1+λx3 =x2−λx3 =x3 = 0, et donc x3 =x1 =x2 = 0. Donc x= 0.
Pourλ=±1, on a
b(x, x) = (x1±λx3)2+ (x2∓λx3)2 ≥0
pour tout x ∈ V, mais b((1,−1,−1),(1,−1,−1)) = 0 dans le cas λ = 1, etb((1,−1,1),(1,−1,1)) = 0 dans le cas λ=−1.
Pour|λ| >1, la condition b(x, x)≥0n’est pas satisfaite pour tout x∈V. En effet, on trouve
b
1,−1,−1 λ
,
1,−1,−1 λ
= (1−1)2+ (−1 + 1)2+ 2(1−λ2) λ2
= 2(1−λ2) λ2 <0.
La formeb est donc un produit scalaire si et seulement si|λ|<1.
(b) Cette forme n’est pas symétrique carb((1,1,0),(1,0,0)) = 16= 7 =b((1,0,0),(1,1,0)).
(c) Cette forme n’est pas définie positive car b((0,0,1),(0,0,1)) =−3.
Exercice 2. 1. D’après la règle du paralélogramme (série 15, exercice 5), on a :
kv+wk2+kv−wk2 = 2(kvk2+kwk2).
On a donc :kv+wk2+kv−wk2−2kvk2 = 2kwk2, ce qui donnekwk2 = 12(42+62−2·32) = 17, et donckwk=√
17.
2. Soit φ le produit scalaire définissant la norme k · k. En reprenant la preuve de l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on voit que l’inégalité est une égalité (|φ(v, w)| = kvk · kwk) si et seulement si
u=w−φ(v, w) φ(v, v)v = 0, c’est-à-dire si et seulement si
w= φ(v, w) φ(v, v)v.
On obtient donc
φ(v, w) =kvk · kwk ⇔w= φ(v, w)
φ(v, v)v, et φ(v, w)>0, et par conséquent
kvk+kwk=kv+wk
⇔ (kvk+kwk)2 = (kv+wk)2(car les deux côtés de l’égalité ci dessus sont positifs)
⇔ kvk2+kwk2+ 2kvk · kwk=kvk2+kwk2+ 2φ(v, w)
⇔ φ(v, w) = kvk · kwk (1)
⇔ w= φ(v, w)
φ(v, v)v, etφ(v, w)>0.
Comme le côté gauche de l’égalité (1) est positif, on aφ(v, w)>0, etkvk+kwk=kv+wk implique l’existence der := φ(v,w)φ(v,v) positif tel que w=rv.
Réciproquement, notons que s’il existe r > 0 tel que w = rv, alors φ(v,w)φ(v,v) = φ(v,rv)φ(v,v) = r, et donc w = φ(v,w)φ(v,v)v avec φ(v, w) > 0, ce qui implique kvk+kwk = kv+wk d’après les équivalences ci-dessus.
3. Supposons que φ: R2×R2 →R soit un produit scalaire tel que kxk2 =φ(x, x) = (|x1|+|x2|)2 ∀x∈R2.
Dans l’exercice 5 de la série 15, nous avons vu qu’alors la règle du parallélogramme 2(kxk2+kyk2) = kx+yk2+kx−yk2 ∀x, y ∈R2
doit être satisfaite. Mais pour x= (1,0), y= (0,1), on a2(kxk2+kyk2) = 2(1 + 1) = 4 etkx+yk2+kx−yk2 = 4 + 4 = 8, contradiction. Par conséquent, un produit scalaire de norme associée k · kne peut pas exister.
Exercice 3. Montrons d’abord que la formeφ est bien-définie. Soitf, g ∈V. Il faut vérifier que limz→∞
Rz
0 f(t)g(t)e−tdt existe. Par le critère de Cauchy, c’est le cas si et seulement si ∀ > 0 il existe s0 ≥ 0 tel que s0 < x < y implique que |Ry
x f(t)g(t)e−tdt| < . Soit > 0 arbitraire.
Comme f et g sont bornées, il existe x0, y0 > 0 tels que |f(t)| ≤ x0 et |g(t)| ≤ y0 pour tout t∈[0,∞). Par des propriétés fondamentales de l’intégration, on a
Z y
x
f(t)g(t)e−tdt
≤ Z y
x
|f(t)||g(t)|e−tdt≤x0y0
Z ∞
x
e−tdt =x0y0e−x.
Pour x suffisamment grand, cette quantité devient arbitrairement petit, comme e−x converge vers zéro pour x→ ∞. Le critère est donc satisfait.
Les faits que φ est bilinéaire, symétrique et définie positive sont des conséquences de pro- priétés élémentaires de l’intégration.
Pour calculer ksin|[0,∞)k, rappelons d’abord quesin2(t) = 12(1−cos(2t)). Alors :
ksin|[0,∞)k2 = Z ∞
0
sin2(t)e−tdt = 1 2
Z ∞
0
(1−cos(2t))e−tdt
= 1 2
1−
Z ∞
0
cos(2t)e−tdt
. Pour évaluer R∞
0 cos(2t)e−tdt, on fait une intégration par parties : Z ∞
0
cos(2t)e−tdt =−cos(2t)e−t|∞0 −2 Z ∞
0
sin(2t)e−tdt.
Une deuxième intégration par partie nous donne Z ∞
0
cos(2t)e−tdt = 1−2
−sin(2t)e−t|∞0 + 2 Z ∞
0
cos(2t)e−tdt
= 1−4 Z ∞
0
cos(2t)e−tdt, et doncR∞
0 cos(2t)e−tdt = 1/5. Par conséquent : ksin|[0,∞)k=
s 1 2
1− 1
5
= r2
5.
Exercice 4. 1. Soit V =R3 etφ: V ×V →R le produit scalaire standard : φ(x, y) = x1y1+x2y2+x3y3 ∀x, y ∈V.
Soit (x1, x2, x3)∈V tel quex21+x22+x23 = 1. L’inégalité de Cauchy–Schwarz nous donne (x1+ 2x2+ 3x3)2 =φ((x1, x2, x3),(1,2,3))2 ≤ k(x1, x2, x3)k2· k(1,2,3)k2 = 1·14.
2. Soient a, b∈R tels que a < b. L’exercice 1, (6) montre que φ(p, q) =Rb
ap(t)q(t)dt (p, q ∈ C(R)) définit un produit scalaire sur C(R). L’inégalité de Cauchy-Schwarz, appliquée à la fonction f et la fonction constante1, donne
Z b
1
f(t)dt 2
=φ(1, f)2 ≤ k1k2kfk2 = (b−a) Z b
a
f(t)2dt.
Exercice 5. 1. Notons d’abord qu’on peut généraliser l’inégalité du triangle comme suit : Soit k · k une norme sur leF-espace vectoriel V. Alors on a
kv1+. . .+vnk ≤ kv1k+kv2+. . .+vnk ≤. . .≤ kv1k+. . .+kvnk pour toutv1, . . . , vn∈V.
On considère le R-espace vectoriel V :=P(R) muni du produit scalaire φ :V ×V → R, b(p1, p2) = Rb
ap1(t)p2(t)dt pour tout p1, p2 ∈ V (voir l’exercice 1.6). Soit k · k la norme induite sur V par φ. On a, d’après l’inégalité du triangle généralisée vue ci-dessus :
kpk ≤
n
X
i=0
kaiXik
⇒
Z b
a
p(t)2dt 12
≤
n
X
i=0
|ai| Z b
a
t2idt 12
⇒
Z b
a
p(t)2dt
1 2
≤
n
X
i=0
|ai|
b2i+1−a2i+1 2i+ 1
12 .
2. D’après les exemples du cours, leR-espace vectorielV := Mat(n, n;R)est muni du produit scalaireφ :V ×V →R, φ(A, B) = Tr(ABt). Soit k · k la norme induite sur V par φ. On calcule
kA+Bk ≤ kAk+kBk
⇒ p
Tr ((A+B)(A+B)t) ≤ p
Tr(AAt) +p
Tr(BBt) = 2p
Tr(Id) = 2√ n
⇒ Tr ((A+B)(At+Bt)) ≤ 4n
⇒ Tr (AAt+ABt+BAt+BBt) ≤ 4n
⇒ Tr (Id +ABt+BAt+ Id) ≤ 4n
⇒ n+ Tr (ABt) + Tr (BAt) +n ≤ 4n
⇒ 2 Tr (ABt) ≤ 2n
⇒ Tr (ABt) ≤ n.
(Dans l’avant-dernière implication, on a utilisé Tr (ABt) = Tr
(ABt)t
= Tr (BAt).) En utilisant de même l’inéquation kA−Bk ≤ kAk+k −Bk = kAk+kBk, on obtient
−Tr (ABt)≤n et donc
Tr ABt ≤n.