Chapitre 3
Propri´ et´ es de la d´ eriv´ ee
Le calcul de la fonction d´ eriv´ ee ` a l’aide de la d´ efinition donn´ ee au chapitre pr´ ec´ edent est laborieuse, mˆ eme pour des fonctions d´ efinies par des expressions alg´ ebriques simples. Heureusement, il est possible
«d’alg´ ebriser
»le calcul de la d´ eriv´ ee, c’est-
`
a-dire d’identifier des propri´ et´ es qui permettent de calculer directement ` a partir de d´ efinition alg´ ebrique de la fonction ` a d´ eriver et sans utiliser la d´ efinition. On d´ emontrera dans ce chapitre un certain nombre de propri´ et´ es de la d´ eriv´ ee qui, prise ensemble, permettent de d´ eterminer la d´ eriv´ ee d’une fonction en appliquant des
«
formules de d´ erivation
»(ou
«r` egles de d´ erivation
»).Ces propri´ et´ es ont ´ et´ e d´ ecouvertes au fil du temps par plusieurs math´ ematiciens qui travaillaient sur diff´ erents probl` emes allant du calcul d’aires d´ elimit´ ees par des courbes alg´ ebriques ` a la d´ etermination de minimums et maximums li´ es ` a des probl` emes de g´ eom´ etrie. C’est ` a Newton et Leibniz que l’on doit d’avoir su les pr´ esenter de mani` ere syst´ ematique pour la premi` ere fois et d’avoir ´ etablit le lien entre le calcul d’aire et la d´ eriv´ ee.
Dans ce qui suit, nous chercherons ` a ´ etablir un certain nombre de propri´ et´ es alg´ e- briques de la d´ eriv´ ee qui peuvent servir ` a la d´ etermination des fonctions d´ eriv´ ees sans utiliser la d´ efinition donn´ ee au dernier chapitre, mais plutˆ ot en la calculant directement ` a partir de l’expression alg´ ebrique d´ efinissant la fonction ` a d´ eriver.
3.1 Preuves graphiques
Pour simplifier, nous utiliserons parfois des preuves graphiques comme d´ emonstration de certaines propri´ et´ es de la d´ eriv´ ee. Pour donner un avant-goˆ ut de ce genre d’argu- ment, voici une preuve alg´ ebrique et une preuve graphique du fait que la d´ eriv´ ee de la fonction y = x
2est y
0= 2x.
Proposition 3.1.
d(x
2)
dx = 2x.
preuve alg´ ebrique.
d x
2dx = (x + dx)
2−x
2dx
= (x
2+ 2xdx + dx
2)
−x
2dx
= 2xdx + dx
2dx
= dx(2x + dx) dx
= 2x + dx
≈
2x car dx
2tr` es petit quand dx est petit
On peut g´ en´ eralement obtenir g´ eom´ etriquement l’expression de dy ` a partir de relations g´ eom´ etriques. Cette mani` ere de faire est fr´ equente en physique. Elle permet aussi de mieux comprendre pourquoi certaines quantit´ es peuvent ˆ etre n´ eglig´ ees.
preuve g´ eom´ etrique. La diff´ erentielle dy est l’aire de la r´ egion en gris dans le graphique suivant : c’est l’´ ecart entre un carr´ e de cˆ ot´ e x et un carr´ e de cˆ ot´ e x + dx. Quand dx est tr` es petit, l’aide du petit carr´ e dx
2est n´ eglig´ ee.
x x
dx dx
x
2dx2 xdx
xdx
On peut voir dans ce graphique que
dy = xdx + xdx + dx
2≈2x dx.
Ainsi,
dy
dx = 2x dx
dx = 2x.
Proposition 3.2. La d´ eriv´ ee de la fonction racine carr´ ee est d
dx
√
x
= 1 2
√x
.D´ emonstration.
d
√x dx =
√
x + dx
−√x dx
=
√
x + dx
−√x dx
√
x + dx +
√√
x
x + dx +
√x
= (x + dx)
−x dx(
√x + dx +
√x)
= 1
√
x + dx +
√x
≈
1
√
x +
√x
= 1 2
√x car
√x + dx
≈ √x si dx tr` es petit.
Preuve graphique. si x est l’aire d’un carr´ e, alors le cˆ ot´ e est y =
√x. Si l’aire du carr´ e change de x ` a x + dx (donc varie de la partie en gris dx), alors la variation approximative dy du cˆ ot´ e du carr´ e est approximativement dy =
√x + dx
−√x.
y dy
dy
y
√
x + dx
√
x
x
dxD’apr` es la figure, l’aire dx (en gris) peut s’´ ecrire comme dx = ydy + ydy + dy
2.Si on n´ eglige dy
2qui est tr` es petit par rapport ` a dy, on trouve dx = 2ydy,
donc, en isolant,
dy = 1 2y dx.
Enfin, comme y =
√x, on doit avoir que dy = 1
2
√x dx.
Proposition 3.3. Si y =
1x, alors
dy =
−1 x
2dx.
D´ emonstration.
dy dx =
1 x+dx−1x
dx
=
x−(x+dx) x(x+dx)
dx
=
−1 x2+xdx
dx
dx
=
−1x
2+ xdx
≈ −1
x
2car x
2+ x dx
≈x
2.
3.2 Lin´ earit´ e et d´ eriv´ ee de puissances
Pour all´ eger, ` a partir de ce point nous utiliserons souvent la notation
«(y)
0»pour d´ esigner la d´ eriv´ ee de y. Par exemple, on ´ ecrit directement
x
20= 2x plutˆ ot que
y = x
2dy dx = 2x.
Comme une fonction constante a comme graphe une droite de pente 0, la tangente ` a cette droite en n’importe quel point est aussi une droite de pente nulle.
Proposition 3.4 (D´ eriv´ ee d’une constante). Si y = C, o` u C est une constante r´ eelle quelconque, alors
d(C) dx = 0 Exemple 3.1.
(2)
0= 0 (−3)
0= 0 (0)
0= 0 (π)
0= 0
D´ emonstration. Comme y = f (x) = C peut importe la valeur de x, on a que d(C)
dx = f ( x + dx)
−f( x) dx
= C
−C dx
= 0
De mani` ere similaire au cas o` u y est une fonction constante, la d´ eriv´ ee de y = x
co¨ıncide avec l’intuition : y = x est une droite de pente 1, donc toute tangente ` a cette
droite doit ˆ etre de pente 1.
Proposition 3.5. Si y = x, alors dy dx = 1 D´ emonstration.
dy
dx = (x + dx)
−x
dx = dx
dx = 1
Proposition 3.6 (lin´ earit´ e 1 – d´ eriv´ ee d’un multiple d’une fonction). Si y = Cu, o` u u = f (x) est une fonction de x, alors
d dx
Cu
= C du dx
Exemple 3.2.
3x
50= 3
x
50x
35
!0
= 1 5
x
3010 sin(x)
0= 10 sin(x)
0.
D´ emonstration. Preuve alg´ ebrique directe : si u = f( x), alors du = f (x + dx)
−f ( x), donc, comme f (x) = u, on a que
u + du = f (x + dx) et donc
C(u + du) = C f (x + dx) La diff´ erentielle d(Cu) peut se calculer comme
d(Cu) = C f (x + dx)
−C f (x) = C(u + du)
−Cu.
On a donc que
d(Cu)
dx = C(u + du)
−Cu dx
= Cu + Cdu
−Cu dx
= Cdu dx
= C du dx
Preuve graphique :
C(u+du)
Cu Cdu
Proposition 3.7 (Lin´ earit´ e 2 : additivit´ e). Si u et v sont toutes deux des fonctions d’une mˆ eme variable, alors
d u + v
dx = du dx + dv
dx
.D´ emonstration.
d u + v
dx =
(u + du) + (v + dv)
−
(u + v) dx
= du + dv dx
= du dx + dv
dx
Ainsi, on a que
d(u + v) dx = du
dx + dv dx
.Preuve graphique :
u+du v+dv
u du v dv
u v du dv
u+v du+dv
Note : les deux derni` eres propri´ et´ es consid´ er´ ees ensemble forment une propri´ et´ e appel´ ee lin´ earit´ e de la d´ eriv´ ee. Les limites et plusieurs autres constructions math´ ema- tiques ´ etudi´ ees au coll´ egial on cette propri´ et´ e de
«lin´ earit´ e
», qui est le sujet d’´etude central du cours d’alg` ebre lin´ eaire.
Exemple 3.3.
−
x
2+ 3x
0=
−
x
20+
3x
0x
2−3x
0=
x
2+ (−3x)
0= x
20+
−
3x
0Proposition 3.8 (Puissances). Si n
∈N, alors d
x
ndx = nx
n−1.Exemple 3.4.
x
30= 3x
2x
100= 10x
9x
7430= 743x
742( x
1)
0= 1
·x
0= 1 (1)
0= (x
0)
0= 0
·x
−1= 0.
D´ emonstration. Pour cette preuve, nous utiliserons le triangle de Pascal pour d´ eve- lopper (x + dx)
n. Ce d´ eveloppement d´ ebute ainsi :
(x + dx)
n= x
n+ nx
n−1dx + ( termes o` u dx apparait avec un exposant
≥2).
Notons qu’on peut mettre dx en ´ evidence d’une somme dont les termes tous un facteur dx
2. On trouve ainsi la d´ erive directement ` a partir de la d´ efinition :
d x
ndx = ( x + dx)
n−x
ndx
=
x
n+ nx
n−1dx + (termes) dx
2−
x
ndx
= nx
n−1dx + (termes) dx
2dx
=
nx
n−1+ (termes) dx dx dx
= nx
n−1+ (termes dx)
≈
nx
n−1.Exemple 3.5. A l’aide des propri´ ` et´ es pr´ ec´ edentes, on peut d´ eterminer la d´ eriv´ ee d’une fonction polynˆ omiale quelconque. Par exemple
3x
2−2x + 4
0= (3x
2)
0−(2x)
0+ (4)
0= 3(x
2)
0−3(x)
0+ (4)
0= 3(x
2)
0−3(x)
0+ (4)
0= 3(2x
1)
−3(1) + (0)
= 6x
−3
Par la suite, nous ne donnerons pas autant de d´ etails pour la d´ eriv´ ee des polynˆ omes.
La plupart du temps, nous donnerons directement le r´ esultat.
3.3 D´ eriv´ ee d’un produit et d’un quotient
Proposition 3.9 (D´ eriv´ ee d’un produit, formule de Leibniz). Si u et v sont toutes deux des fonctions de x, alors sous forme diff´ erentielle
d uv
= vdu + udv.
Le taux de variation instantan´ e est donc d
uv
dx = vdu + udv
dx
.D´ emonstration.
d uv dx =
(u + du)(v + dv)
−
(uv) dx
=
uv + vdu + udv + dudv
−
uv dx
= vdu + udv + dudv dx
≈
vdu + udv
dx car dudv est tr` es petit quand du et dv sont petits
= v du dx + u dv
dx
Preuve graphique :
u du
v dv
uv udv
vdu du dv (n´egligeable)
La r´ egion en gris est d(uv), la variation de uv quand u varie de du et v varie de dv.
Selon le graphique, on a que
d(uv) = udv + vdu + dudv, ce qui est approximativement
d(uv)
≈udv + vdu
car le produit dudv est tr` es petit par rapport ` a du et dv.
Exemple 3.6. En utilisant la formule de Liebniz 3.9, on trouve que (x
4+ 1)(x
6+ 1)
0= (x
4+ 1)
0(x
6+ 1) + ( x
4+ 1)(x
6+ 1)
0= (4x
3)(x
6+ 1) + (x
4+ 1)(6x
5)
= (4x
9+ 4x
3) + (6x
9+ 6x
5)
= 10x
9+ 6x
5+ 4x
3Proposition 3.10 (D´ eriv´ ee d’un quotient). Si u et v sont toutes deux des fonctions de x, alors, partout o` u
1vest d´ efinie :
d u
v
= vdu
−udv
v
2 .Sous forme de taux de variation instantan´ e d
uv
dx = v
dudx−u
dxdvv
2 .D´ emonstration. On utilise directement avec la d´ efinition dy = f (x + dx)
−f( x). La fonction ` a d´ eriver est f (x) =
uv. Si x varie de dx, alors u et v varient respectivement de du et dv pour devenir u + du et v + dv.
d u
v
= u + du v + dv
−u
v
= v(u + du)
−u(v + dv) v(v + dv)
= (vu + v du)
−(uv + u dv) v
2+ vdv
= vu + v du
−uv
−u dv v
2+ vdv
= v du
−u dv v
2+ vdv
≈
v du
−u dv v
2On peut diviser par dx pour obtenir le r´ esultat voulu : d
uv
dx = vdu
−udv
v
2dx = v
dudx−u
dxdvv
2 .Preuve graphique
u/v v
d(u/v) dv
u
dud(u/v)
udv v
vd(u/v)
du
≈udv
v + vd(u/v) vd(u/v) = udv
v
−du d(u/v) = udv
−vdu
v
2On divise enfin par dx comme dans l’argument alg´ ebrique.
Exemple 3.7. En utilisant la propri´ et´ e 3.10 permettant de calculer la d´ eriv´ ee
d’un quotient, on trouve que
x
4+ 1 x
6+ + 1
0
= (x
4+ 1)
0( x
6+ 1)− (x
4+ 1)(x
6+ 1)
0(x
6+ 1)
2= 4x
3(x
6+ 1)
−( x
4+ 1)(6x
5) (x
6+ 1)
2= (4x
9+ 4x
3)
−(6x
9+ 6x
5) (x
6+ 1)
2=
−2x
9+ 6x
5+ 4x
3(x
6+ 1)
2Proposition 3.11 (Inverse d’une puissance).
d( x
−n)
dx =
−nx−n−1D´ emonstration. On d´ etermine
x
−n0de deux mani` ere diff´ erentes en utilisent l’identit´ e alg´ ebrique et ` a l’aide de la formule pour la d´ eriv´ ee d’un produit.
x
nx
−n= 1.
En calculant la d´ eriv´ ee de chaque membre de cette ´ egalit´ e, on trouve que x
nx
−n0= (1)
0= 0 parce que (C)
0= 0 pour n’importe quelle constante.
On peut aussi utiliser la formule donnant la d´ eriv´ ee d’un produit : x
nx
−n0= x
−nx
n0+ x
nx
−n0= x
−nnx
n−1dx + x
nx
−n0.
Comme on calcule la diff´ erentielle d’une mˆ eme expression de deux mani` eres diff´ erentes, les deux r´ esultats doivent ˆ etre ´ egaux. On doit donc avoir que
x
−nnx
n−1dx + x
nx
−n0= 0 On isole d
x
−n0dans cette derni` ere ´ egalit´ e :
x
−n0=
−nx
−nx
n−1x
ndx On trouve enfin, en simplifiant l’expression obtenue :
x
−n0=
−nx−n−1dx,
ce qui est le r´ esultat d´ esir´ e.
D´ emonstration. Preuve ` a l’aide de la formule de d´ erivation d’un quotient.
d
1xn
dx = (1)
0x
n−(1)(x
n)
0(x
n)
2= (0)x
n−nx
n−1x
2n=
−nxn−1x
2n=
−nx(n−1)−2n=
−nx−n−1Exemple 3.8.
3 x
5!0
= 3 x
−50= 3(−5)x
−6=
−15 x
6On peut remarquer que les formules trouv´ ees dans les propositions 3.8, 3.11 et 3.2 sont toutes des cas particuliers d’un sch´ ema plus g´ en´ eral :
d x
q= rx
q−1pour q un exposant rationnel quelconque.
Proposition 3.12. La formule d
x
qdx = qx
q−1est valable pour tout nombre rationnel q.
On verra plus loin que cette formule de d´ erivation est aussi valable pour n’importe quel exposant r´ eel r.
3.3.1 R` egle de chaine
Proposition 3.13. Si z est fonction de y fonction de x, alors le taux de variation total est le produit des taux de variations :
dz dx = dz
dy dy dx
.D´ emonstration.
dz dy
dy dx = dz
dx
Exemple 3.9. Soient z = y
3et y =
√x deux fonctions. On aimerait connaitre le taux de variation de z par rapport ` a x. On utilise la r` egle de chaine. Noter que l’on veut le taux de variation en fonction de x. Il faut donc exprimer dz
dy en fonction de
x en substituant
√x pour y.
dz dx = dz
dy dy dx
= (3y
2)
1 2
√x
= 3
√x
2
1 2
√x
= (3x)
1 2
√x
= 3x 2
√x
= 3
√x 2
La r` egle de chaine peut aussi s’´ ecrire avec la notation f ( x). La d´ eriv´ ee d’une fonction compos´ ee f (g(x)) est
f (g( x))
= f
0g(x)
g
0(x).
Voyons pourquoi cette forme de la r` egle de chaine n’est qu’une reformulation de 3.13.
Si on pose que z = f (g(x)) et que y = g(x), on a que z = f (y). En appliquant la r` egle de chaine, on a que
f (g(x))
0= dz dx = dz
dy dy dx Comme
dxdy= g
0( x) et
dzdy= f
0(y), on doit avoir que
f (g( x))
0= f
0(y)g
0(x)
Enfin, on substitute y = g(x), dans cette derni` ere ´ egalit´ e pour exprimer la d´ eriv´ ee uniquement en fonction de x :
f (g(x))
= f
0(g(x))g
0( x).
Exemple 3.10. Soit la fonction d´ efinie par z = (2x
−3)
8. On peut voit cette
fonction comme la compos´ ee de la fonction f (y) = y
8et g(x) = 2x
−3. La d´ eriv´ ee de
la compos´ ee de f et g est
f (g(x))
0= f
0(g( x))g
0(x)
= f
0(y)g
0(x)
= 8y
7(2x
−3)
0= 8(2x
−3)
7(2)
= 16(2x
−3)
7Etant donn´ ´ e que la r` egle de chaine est tr` es souvent utilis´ ee, on ne fait habituellement pas autant d’´ etape dans le calcul d’une d´ eriv´ e avec la r` egle de chaine. Le r´ esultat d’un d´ eriv´ ee comme celle du dernier exemple se calcule directement sans ´ etapes interm´ ediaire — apr` es un entrainement suffisant !
La mani` ere suivante d’´ ecrire la r` egle de chaine permet de simplifier le calcul de la d´ eriv´ ee en pratique. Si u = g(x), alors
f(u)
0= f
0(u) u
0Exemple 3.11.
(x
2+ 1)
50= u
50(si u = x
2+ 1)
= 5u
4u
0= 5(x
2+ 1)
4(x
2+ 1)
0= 5(x
2+ 1)
4(2x)
= 10x(x
2+ 1)
4En pratique, la variable interm´ ediaire u sera souvent choisie comme ´ etant
«main
»au tableau ou
«doigt
»sur papier pour ´ eviter d’´ ecrire explicitement u ` a chaque d´ eriv´ ee.
3.4 Lin´ earisation
Nous avons vu que la droite tangente ` a une fonction donn´ ee est une bonne approxi- mation de la fonction pr` es du point de tangence. Pour une fonction f donn´ ee, on appelle cette droite tangente la lin´ earisation de la fonction pr` es de x = a.
Proposition 3.14. La lin´ earisation de f pr` es de x = a est la droite suivante y = f (a) + f
0(a)(x
−a).
D´ emonstration. On voit dans le graphique suivant que la coordonn´ ee en y de f (x)
est f (a) plus (approximativement) f
0(a)(x
−a).
a x f (a)
f (x)
f (a)
( x
−a)
f
0(a)(x
−a)
x f (x)
La longueur f
0(a)(x
−a) est l’accroissement ∆ y le long de la droite tangente quand
∆ x = x
−a, sachant que par d´ efinition de la d´ eriv´ ee, la pende droite tangente en x = a
est ∆ y
∆ x = f
0(a)
Ainsi, on peut approximer la fonction f pr` es de x = a par
f (x) = f (a) + f
0(a)(x
−a).
Exemple 3.12. Approximons la fonction f ( x) =
√x par sa droite tangente en x = 4. La d´ eriv´ ee est
f (x) =
√x
0= x
1/2= 1
2 x
−1/2= 1 2
√x
.La fonction est donc approxim´ ee par sa droite tangente en x = 2 qui a pour ´ equation y = f (4) + f
0(4)(x
−4)
=
√4 + 1
2
√4 ( x
−4)
= 2 + 1 4 (x
−4)
On peut se servir de cette approximation pour d´ eterminer approximativement
√
2.1. En approximant par la droite tangente en x = 4, on a que
√
x
≈2 + 1 4 (x
−4).
Pour x = 4.1 on trouve
√
4.1
≈2 + 1
4 (4.1
−4) = 2 + (0.25)(0.1) = 2.025.
Ainsi,
√4.1
≈2.025. Cette valeur est proche de la valeur approximative donn´ ee par une calculatrice :
√4.1
≈2.02484567313166.
Si on prend une valeur moins pr` es de a = 4, l’approximation est moins bonne. Par exemple, si x = 5 l’approximation par la droite tangente en x = 4 donne
√
5
≈2 + 1
4 (5
−4) = 2 + (0.25)(1) = 2.25,
alors qu’une meilleure approximation donn´ ee par un logiciel ou une calculatrice est
√
5
≈2.23606797749979.
On peut comprendre pourquoi en examinant le graphe suivant repr´ esentant le graphe de la fonction f (x) =
√x et celui de la droite tangente en x = 4 dont l’´ equation est y = 2 +
14(x
−4)
4 2
x
√
x
Plus x est loin de x = 4, plus l’´ ecart entre la droite tangente et le graphe est grand, ce qui explique pourquoi l’´ ecart trouv´ e est plus grand en x = 5 qu’en x = 4.1.
3.5 D´ erivation implicite
Il est possible de d´ efinir une fonction par une ´ equation. Par exemple :
y = 1
x y = x
2On pourrait aussi d´ efinir ces fonctions par les ´ equations suivantes xy = 1 x
2−y = 0.
Dans une telle d´ efinition implicite, il faut cependant sp´ ecifier quelle variable est fonction de l’autre. Par habitude, nous prenons souvent y comme fonction de x.
Nous savons cependant qu’une ´ equation ne peut pas toujours ˆ etre vue comme une d´ efinition implicite d’une fonction. Par exemple l’´ equation du cercle de rayon 1
x
2+ y
2= 1
ou encore celle d’une hyperbole
x
2−y
2= 1
Mˆ eme si ces ´ equations ´ etablissent des relations entre les variables x et y sans que ces relations soient des fonctions, il est possible de d´ eterminer la pente des tangentes
`
a ces courbes ` a l’aide de la d´ eriv´ ee en supposant qu’il est possible localement de supposer que ces courbes sont le graphe d’une fonction d´ efinie implicitement.
Exemple 3.13. Prenons l’hyperbole d´ efinie par l’´ equation x
2−y
2= 1. On veut connaitre la pente de la tangente au point ( x, y).
( x, y)
On suppose que
«localement
»y est une fonction de x, que l’on pourrait ´ ecrire comme y = f( x).
Comme le point (x, y) est sur la courbe, on doit avoir que x
2−y
2= 1.
Si on consid` ere chaque membre de cette ´ egalit´ e comme une fonction, on peut les d´ eriver et ont obtient le mˆ eme r´ esultat :
x
2−y
20= 1
0.
2x
−2yy
0= 0.
Notez le
«y
0»: c’est la
«d´ eriv´ ee de l’int´ erieur
»dans l’application de la r` egle de chaine. En effet, on pourrait ´ ecrire y
2comme ( f ( x))
2puisque y = f (x). En d´ erivant sous cette forme avec la r` egle de chaine on obtient
f ( x)
20= 2 f (x) f
0(x).
Comme 2 f (x) f
0( x) = 2yy
0, on voit que la d´ eriv´ ee de y
2par rapport ` a x est bien 2yy
0.
Enfin, on isole y
0dans l’´ egalit´ e 2x
−2yy
0= 0 pour obtenir une expression donnant la pente de la tangente en fonction des coordonn´ ees x et y du point (x, y) :
y
0=
−2x
−2y
= x y
On peut utiliser ce r´ esultat pour d´ eterminer la pente de la tangente au point (2,
√3). On v´ erifie que ce point est bien sur l’hyperbole : 2
2−√3
2= 4
−3 = 1.
(Si le point n’´ etait pas sur l’hyperbole, l’hypoth` ese de d´ epart de ce calcul serait fausse et la conclusion y
0=
xyle serait aussi !)
La pente de la tangente au point donn´ e est donc
y
0= 2
√
3
.On peut utiliser la d´ erivation implicite dans les preuves de certaines propositions — cela arrivera dans la suite du cours. Voyons un exemple typique.
Proposition 3.15.
x
1/n0= 1 n x
1n−1.D´ emonstration. On a la relation suivante :
x
1/nn= x.
Si on d´ erive chaque membre de cette ´ egalit´ e, on a x
1/nn0= (x)
0,c’est-` a-dire, en utilisant la r` egle de chaine :
n
x
1/nn−1x
1/n0= 1.
On isole la d´ eriv´ ee recherch´ ee : x
1/n0= 1
n x
1/nn−1.On simplifiant le membre de droite, on trouve la formule d´ esir´ ee : x
1/n0= 1
n x
1n−1.3.5.1 Taux li´ es
La r` egle de chaine permet l’´ etude de taux de variation de variables li´ ees entre elles
par une relation, comme dans la section pr´ ec´ edente.
Exemple 3.14. Imaginons un cercle dont le rayon r varie dans le temps. Si le rayon varie, l’aide du cercle doit varier elle aussi car les deux quantit´ es sont reli´ es par l’´ equation
A =
πr2.On a donc une situation o` u l’aire A est fonction du rayon r, lui-mˆ eme fonction du temps. Pour connaitre le taux de variation de l’aire en fonction du temps, on utilise la r` egle de chaine :
dA dt = dA
dr dr dt dA
dt = 2πr dr dt
Si le taux de variation du rayon
drdtest de 55
cm/set que le rayon du cercle est de 10 cm, le taux de variation de l’aire est
dA
dt = 2πr|
r=10 cm(5
cm/s) = 2π(10 cm)(5
cm/s) = 100π
cm2/s≈314.16
cm2/s.Notons que pour le taux de variation du rayon
drdtest de 55
cm/set que le rayon du cercle est diff´ erent, par exemple de 100 cm, le taux de variation de l’aire est
dA
dt = 2πr|
r=100 cm(5
cm/s) = 2π(100 cm)(5
cm/s) = 1000π
cm2/s≈3141.59
cm2/sOn voit que le taux de variation de l’aire d´ epend du rayon du cercle. On explique cela g´ eom´ etriquement par le fait que pour un petit cercle, un accroissement de son rayon de 5 cm aura un grand effet sur l’aire, alors que pour un grand cercle, un mˆ eme accroissement du rayon aura peu d’effet sur l’aire.
3.6 D´ eriv´ ee d’ordre sup´ erieur
Le
«taux de changements du taux de changement
»est une autre quantit´ e importante pouvant nous donner de l’information sur le comportement d’une fonction. En dynamique, elle correspond ` a l’acc´ el´ eration, qui est le taux de changement de la vitesse, elle mˆ eme le taux de changement de la position.
Comme le taux de changement d’une fonction un point de son graphe est donn´ ee par la d´ eriv´ ee de la fonction, le taux de changement du taux de changement est donn´ ee par la d´ eriv´ ee de la d´ eriv´ ee. On peut voir la d´ eriv´ ee d’une fonction comme une nouvelle fonction, que l’on peut d´ eriver elle aussi.
Par exemple, si on prend f ( x) = x
3, le taux de changement est donn´ ee par f
0(x) = 3x
2. Le taux de changement de f
0est donc donn´ e par la d´ eriv´ ee seconde f
00( x) = 6x.
D´ efinition 3.1. On appelle d´ eriv´ ee seconde d’une fonction la d´ eriv´ ee de sa d´ eriv´ ee
f
00(x)
def= f
0(x)
0.On d´ efini de mani` ere similaire la d´ eriv´ ee troisi` eme f
000(x) = f
00( x)
0, la d´ eriv´ ee quatri` eme f
0000(x) =
f
000(x)
0, etc.
On appelle ces d´ eriv´ ees les d´ eriv´ ees d’ordre sup´ erieur.
Exemple 3.15. Calculer la d´ eriv´ ee troisi` eme de f (x) =
√x.
f (x) =
√x f
0(x) = 1
2
√x f
00(x) =
1 2
√x
0
= 1 2
x
−1/20=
−1 2
−1
2
!
x
−3/2=
−1 4
√
x
3f
000(x) =
−
1 4
√
x
3
0
=
−1 4
x
−3/20=
−1 4
−
3 2
x
−5/2= 3 8
√
x
5Comme on peut r´ ep´ eter la d´ erivation autant de fois que l’on veut, l’accumulation de
«
’
»peut alourdir la notation. Il est plus pratique d’avoir une notation qui indique plus simplement le nombre de fois qu’une fonction est d´ eriv´ ee.
D´ efinition 3.2.
D´ eriv´ ee premi` ere : f
(1)( x)
def= f
0(x)
D´ eriv´ ee seconde : f
(2)( x)
def= f
00(x) = f
0(x)
0D´ eriv´ ee troisi` eme : f
(3)( x)
def= f
000(x) =
f
(2)(x)
0D´ eriv´ ee quatri` eme : f
(4)( x)
def= f
0000( x) =
f
(3)(x)
0D´ eriv´ ee cinqui` eme : f
(5)( x)
def=
f
(4)(x)
0...
D´ eriv´ ee n-i` eme : f
(n)( x)
def=
f
(n−1)(x)
0La d´ eriv´ ee d’ordre quelconque f
(n)est appel´ ee d´ eriv´ ee n-i` eme.Par convention, la
«d´ eriv´ ee 0-ieme
»est la fonction elle mˆ eme : f
(0)(x)
def= f (x).
Les d´ eriv´ ees d’ordre sup´ erieur ont une notation dans toute les variantes de la notation pour la d´ eriv´ ee. Le tableau suivant offre un panorama de ces notations.
Notations pour la d´ eriv´ ee seconde f
00(x) f
(2)(x) y
00x
200d
2y dx
2d
2f (x) dx
2d
2x
2dx
2f
00(a) f
(2)(a) y
00|x=ax
200 x=ad
2y dx
2 x=ad
2f (x) dx
2x=a
d
2x
2dx
2x=a