Effets écologiques, sociaux et économiques
de l’implication des communautés locales
dans la planification et la gestion participative
des aires protégées
Thèse
Linda Vaillancourt
Doctorat sur mesure en développement rural intégré
Philosophiæ doctor (Ph. D.)
Québec, Canada
© Linda Vaillancourt, 2017
Effets écologiques, sociaux et économiques
de l’implication des communautés locales
dans la planification et la gestion participative
des aires protégées
Thèse
Linda Vaillancourt
Sous la direction de :
Guy Debailleul, directeur de recherche
Louis Bélanger, codirecteur de recherche
Résumé
Par le biais d’une recherche-action participative portant sur trois études de cas, le présent document identifie des effets écologiques, sociaux et économiques, de même que des facteurs pouvant faciliter ou entraver l’implication des communautés locales et autochtones dans la planification et la gestion des aires protégées. La thèse visait à comprendre les réticences à la mise en pratique des recommandations internationales des vingt-cinq dernières années concernant cette implication.
À cette fin, la recherche porte sur l’élaboration du premier plan de gestion de trois aires protégées situées au Costa Rica, présentant des caractéristiques écologiques, sociales et économiques assez singulières : un volcan devenu actif entouré d’une communauté majoritairement agricole, un territoire ancestral autochtone et une chaîne de montagnes dans la zone métropolitaine de la capitale du pays. Nous constatons que l’implication des communautés locales multiplie les effets positifs pour chacune des dimensions (écologique, sociale et économique), peu importe les particularités et le type de propriété des terres (publique, privée ou mixte) des aires protégées au moment de l’élaboration des plans de gestion.
L’approche associant la recherche à l’action fait émerger des processus collaboratifs dans une dynamique d’apprentissage collectif, à partir de besoins communs identifiés par les communautés locales et les administrateurs des aires protégées. Par le travail conjoint, la recherche-action participative soutient tous les acteurs dans l’acquisition ou l’amélioration de capacités, puisqu’elle :
- facilite l’accès aux services des différents secteurs gouvernementaux ou paragouvernementaux;
- suscite l'intérêt et bâtit la confiance entre les acteurs;
- légitime la variété des savoirs en combinant les connaissances locales et scientifiques;
- assure la restitution au niveau local des résultats des travaux de recherche; et
Cette implication est un moyen efficace pour les communautés de bâtir sur leurs connaissances et leur savoir-faire de même que sur ce qu'elles ont déjà entrepris pour préserver leur identité, leur culture, leurs modes de vie et la diversité des ressources naturelles dont elles dépendent. Les effets se traduisent pour tous par :
- une meilleure connaissance du territoire lors de la planification;
- une communauté locale mieux organisée pour les actions planifiées, et - la mise en place de pratiques économiques plus diversifiées et
respectueuses de l’environnement pouvant s’inscrire dans la durée.
En conséquence, ces processus participatifs suscitent l’appropriation des actions de conservation et de mise en valeur du territoire écologique chez les communautés locales et attirent une plus grande diversité des moyens de subsistance de même que des sources de financement.
L’amélioration de la qualité de vie humaine liée à la conservation de la biodiversité requiert la contribution de divers secteurs et de différents niveaux politiques, impliquant les communautés locales dans une dynamique horizontale pour œuvrer au bien commun. L’approche de type recherche-action participative constitue une méthodologie efficace pour initier et construire une concertation structurante de la planification et de la gestion des territoires. L’existence ou, à défaut, la mise en place de plateformes multisectorielles, - alliant les secteurs gouvernementaux, organisations non gouvernementales, institutions de recherche ou d’enseignement, communautés locales, etc. -, consolide la planification et la gestion participative du territoire. Ce « travail ensemble » produit des résultats collectivement plus significatifs que les efforts conduits individuellement par les chercheurs, gouvernements ou politiques internationales, mais requiert le soutien de ces derniers pour se propager. À l’intérieur d’un schéma de gestion intégrée du territoire, une aire protégée peut devenir le noyau autour duquel s’installe un mouvement collaboratif entre divers acteurs au niveau local, national et international, qui se partagent les responsabilités selon leurs mandats respectifs, créent des outils et mobilisent les ressources vers la conservation de manière juste et équitable avec une incidence légale et politique.
Abstract
Through a participatory research-action on three case studies, this analysis identifies ecological, social and economic effects, as well as factors that could facilitate or hinder the involvement of local and indigenous communities in the planning and management of protected areas. The thesis sought to understand the reluctance, in the last 25 years, to implement international recommendations.
In order to do so, the research focuses on the development of the initial management plan of three protected areas located in Costa Rica, with specific ecological, social, and economic characteristics: an active volcano surrounded by a predominantly farming community, a traditional Aboriginal territory, and a mountain range in the metropolitan area of the country's capital. We conclude that local communities involvement during the preparation and implementation of management plans results in a multiplication of positive effects for each dimension (ecological, social and economic), regardless of the particularities and type of land ownership (public, private or mixed) of protected areas. When linking research to action, collaborative processes emerge in a collective learning dynamic pertaining to the needs identified by local communities and protected areas managers. Participatory action-research, through a joint effort, supports all participants in the acquisition or improvement of capacity, by:
• facilitating the access to various sectors of governmental or paragovernmental services;
• developing the interest and building of trust between the parties involved; • recognizing the diversity of information by combining local and scientific
knowledge;
• ensuring the restitution of the research results at the local level; and • respecting the relationship of local communities with the inhabited
territory.
Adding to what they have already undertaken to preserve their identity, their culture, their way of life and the diversity of the natural resources on which they depend, this involvement is an effective way for communities to build on their knowledge and skills. For all involved, this results in:
• a better knowledge of the territory during the planning;
• a local community better organised for the planned actions; and
• the implementation of more diverse and environmentally respectful economical practices envisioning the long term.
Consequently, these participatory processes give rise in local communities ownership of conservation and value of the ecological territory while sustaining a greater diversity of livelihoods as well as attracting sources of funding.
The improvement of the quality of life related to the conservation of biodiversity requires the contribution from various sectors and different levels, involving local communities in a horizontal dynamic to work towards the common good. The approach of the participatory research-action is an effective methodology to initiate and build a structuring interaction for the planning and management of territories.
The existence, or the establishment of multisectorial support platforms, combining governmental sectors, non-governmental organizations, research and educational institutions, local communities, etc., consolidates participatory land planning and management. This 'work together' approach collectively produces more significant results than the efforts individually conducted by researchers, governments or international policies : however, the support and influence of all are equally required to attain common objectives.
Inside an integrated management of the territory blueprint, a protected area may become the nucleus around which settles a collaborative movement between various actors at the local, national and international levels which share responsibilities according to their respective mandates, creating the tools and the mobilization of resources towards a fair and equitable conservation with a legal and political impact.
TABLE DES MATIÈRES1
Résumé ... iii
Abstract ... v
Liste des tableaux ... xiii
Liste des figures ... xvi
Liste des annexes ... xviii
Liste des sigles ... xix
Dédicace ... xxi
Remerciements ... xxii
Première partie : Introduction générale ... 1
1 I
NTRODUCTION... 1
2 C
ADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE... 7
2.1 Fondements théoriques ... 7
2.1.1
Aires protégées ... 7
2.1.1.1
Importance des aires protégées dans le monde ... 7
2.1.1.2
Classification des aires protégées et plan de gestion ... 9
2.1.1.3
Zone d’amortissement ... 14
2.1.2
Développement, développement viable, développement durable, nature … 15
2.1.3
Aires protégées et gestion participative ... 19
2.1.3.1
Contexte international ... 19
2.1.3.2
Éléments importants pour une gestion participative ... 24
2.1.3.3
Mécanismes de gestion participative ... 27
2.1.4
Appropriation des processus ... 30
2.1.4.1
Concept de Forêt modèle ... 32
2.1.4.2
Corridors biologiques ... 35
2.2 Problématique ... 39
2.2.1
Conciliation « humanité – nature » ... 39
2.2.2
Justification de la recherche ... 44
2.2.3
Questions de recherche ... 45
2.2.4
Hypothèses de recherche ... 45
2.2.5
Objectifs de la recherche ... 46
2.2.6
Intérêt scientifique de la recherche ... 47
3 M
ÉTHODOLOGIE... 49
3.1 Démarche méthodologique de la recherche ... 50
3.2 Revue bibliographique ... 51
3.2.1
Aires protégées et gestion participative ... 51
3.2.2
Stratégie de recherche ... 54
3.2.2.1
Étude de cas ... 54
3.2.2.2
Recherche-action participative ... 56
3.2.2.3
Étude de cas et recherche-action participative ... 60
3.3 Phase terrain ... 62
3.3.1
Principales organisations et institutions partenaires du projet ... 62
3.3.2
Rôle de la chercheure ... 63
3.3.3
Choix des sites d’étude ... 66
3.3.3.1
Parc national Volcan Turrialba ... 66
3.3.3.2
Parc national Tapantí-Macizo-de-la-Muerte ... 67
3.3.3.3
Parc national Barbilla ... 68
3.3.3.4
Zone protectrice Cerros de La Carpintera ... 70
3.3.4
Outils de cueillette de données et échantillons ... 71
3.3.4.1
Entrevues semi-dirigées ... 73
Auprès des acteurs institutionnels ... 73
Auprès des habitants des communautés locales ... 74
3.3.4.2
Groupes de discussion et ateliers participatifs ... 75
Groupes de discussion : introduction et validation du processus ... 75
Ateliers participatifs : portrait, zonage et stratégies de gestion ... 77
3.3.4.3
Autres espaces participatifs générés par le processus ... 81
3.3.4.4
Questionnaire pour les membres de l’équipe technique de chacune des aires protégées étudiées ... 81
3.4 Étude de cas comparative ... 82
3.4.1
Systématisation de chacune des démarches ... 82
3.4.2
Comparaison inter-sites ... 82
3.4.3
Analyse des résultats de la planification participative de la gestion des aires protégées ... 85
Deuxième partie : Cadre contextuel ... 87
4 Niveaux national et provincial ... 87
4.1 Aspects écologiques ... 87
4.1.1
Biogéophysiographie du Costa Rica ... 87
4.1.1.1
Géophysiographie ... 87
4.1.1.2
Régions biogéographiques et Zones de vie ... 87
4.1.1.3
Biodiversité du Costa Rica ... 89
4.1.2
Aires protégées du Costa Rica ... 92
4.1.3
Costa Rica : modèle de gestion environnementale ... 94
4.1.4
Système national des Aires de conservation ... 96
4.1.5
Programme national de Corridors biologiques du Costa Rica ... 99
4.1.6
Province de Cartago ... 101
4.1.6.1
Aires de conservation régionales ... 101
Aire de conservation de la cordillère Volcanique centrale (ACCVC) ... 101
Aire de conservation La Amistad - Caribe (ACLA-C) ... 103
4.1.6.2
Forêt modèle Reventazón ... 104
4.1.6.3
Corridors biologiques de la province de Cartago ... 106
Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale et Talamanca ... 107
Corridor biologique riverain interurbain des sous-bassins versants Reventado et Agua Caliente ... 108
4.2 Aspects sociaux ... 110
4.2.1
Aspects politiques et institutionnels ... 110
4.2.2
Population ... 111
4.3 Aspects économiques ... 112
4.3.2
Un secteur stratégique : le tourisme ... 113
5 Niveau local des aires protégées étudiées ... 115
5.1 Parc national Volcan Turrialba ... 115
5.1.1
Aspects écologiques ... 115
5.1.1.1
Aire protégée ... 115
5.1.1.2
Zone d’amortissement : Secteur Nord du Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale et Talamanca ... 117
5.1.2
Aspects sociaux ... 118
5.1.2.1
Aspects politiques et institutionnels ... 118
5.1.2.2
Communautés locales ... 119
5.1.3
Aspects économiques ... 120
5.2 Parc national Barbilla ... 122
5.2.1
Aspects écologiques ... 122
5.2.1.1
Aire protégée ... 122
5.2.1.2
Zone d’amortissement et Secteur Barbilla du Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale et Talamanca ... 122
5.2.2
Aspects sociaux ... 123
5.2.2.1
Aspects politiques et institutionnels ... 123
5.2.2.2
Communautés locales ... 126
5.2.3
Aspects économiques ... 130
5.3 Zone protectrice Cerros de La Carpintera ... 132
5.3.1
Aspects écologiques ... 132
5.3.1.1
Aire protégée ... 132
5.3.1.2
Zone d’amortissement : Corridor biologique riverain interurbain des sous-bassins versants Reventado et Agua Caliente (COBRI-SURAC) ... 133
5.3.2
Aspects sociaux ... 133
5.3.2.1
Aspects politiques et institutionnels ... 133
5.3.2.2
Communautés locales ... 134
5.3.3
Aspects économiques ... 137
5.4 Comparaison des aspects écologiques, sociaux et économiques des trois aires protégées étudiées ... 138
5.4.1
Comparaison des aspects écologiques ... 138
5.4.2
Comparaison des aspects sociaux ... 140
5.4.3
Comparaison des aspects économiques ... 142
Troisième partie : Systématisation et comparaison des résultats 144
6 P
ARC NATIONALV
OLCANT
URRIALBA... 145
6.1 Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces ... 145
6.1.1
Forces ... 145
6.1.2
Faiblesses ... 145
6.1.3
Opportunités ... 146
6.1.4
Menaces ... 146
6.2 Effets de l’implication des communautés dans la planification de la gestion de l’aire protégée ... 147
6.2.1
Effets écologiques ... 147
6.2.1.1
Plan de gestion de l’aire protégée ... 147
6.2.1.2
Mise en place de réseautage pour de bonnes pratiques environnementales ... 149
6.2.1.3
Accès aux projets environnementaux et informations scientifiques ... 150
6.2.1.4
Acquisition de connaissances scientifiques sur la biodiversité grâce à l’implication des communautés de la zone d’amortissement ... 151
6.2.2
Effets sociaux ... 152
6.2.2.1
Établissement de relations Aire protégée – communauté locale ... 152
6.2.2.2
Exhortation à la cohésion sociale ... 153
6.2.2.3
Établissement de relations ICT – communauté locale ... 154
6.2.2.4
Collaboration interinstitutionnelle ... 155
6.2.2.5
Renforcement du rôle des élus locaux ... 155
6.2.2.6
Validation participative du Plan de gestion ... 156
6.2.2.7
Confrontation entre les communautés locales et l’ACCVC ... 156
6.2.3
Effets économiques ... 157
6.2.3.1
Accès à l’information concernant des opportunités économiques ... 157
6.2.3.2
Diversification économique ... 158
6.2.3.3
Renforcement des capacités ... 159
7 P
ARC NATIONALB
ARBILLA... 161
7.1 Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces ... 161
7.1.1
Forces ... 161
7.1.2
Faiblesses ... 162
7.1.3
Opportunités ... 163
7.1.4
Menaces ... 163
7.2 Effets de l’implication des communautés dans la planification de la gestion de l’aire protégée ... 165
7.2.1
Effets écologiques ... 165
7.2.1.1
Plan de gestion de l’aire protégée ... 165
7.2.1.2
Soutien à la protection des territoires cabécars ... 166
7.2.1.3
Apport à la connaissance du territoire de l’aire protégée ... 167
7.2.1.4
Reconnaissance des limites et des droits : parc / territoire cabécar .. 168
7.2.1.5
Appui au nouveau secteur du Corridor biologique ... 168
7.2.2
Effets sociaux ... 170
7.2.2.1
Intérêt envers la planification de la gestion de l’aire protégée ... 170
7.2.2.2
Multiplication des possibilités d’accès à différentes ressources ... 171
7.2.2.3
Renforcement de la culture des communautés cabécares ... 171
7.2.3
Effets économiques ... 172
7.2.3.1
Établissement de bases économiques ... 172
7.2.3.2
Valorisation des savoirs locaux ... 173
8 Z
ONE PROTECTRICEC
ERROS DEL
AC
ARPINTERA... 175
8.1 Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces ... 175
8.1.1
Forces ... 175
8.1.2
Faiblesses ... 177
8.1.3
Opportunités ... 177
8.1.4
Menaces ... 178
8.2 Effets de l’implication des communautés dans la planification de la gestion de l’aire protégée ... 179
8.2.1
Effets écologiques ... 179
8.2.1.1
Appui politique pour la protection de la ZP La Carpintera ... 179
8.2.1.2
Confirmation de la catégorie de gestion de l’aire protégée ... 180
8.2.1.3
Caractérisation détaillée de l’aire protégée ... 182
8.2.1.5
Innovation méthodologique ... 184
8.2.1.6
Appropriation du Plan de zonage par les propriétaires ... 185
8.2.1.7
Développement d’outils adaptés ... 186
8.2.1.8
Suivi du processus jusqu’à son achèvement ... 187
8.2.1.9
Élaboration d’un Plan de conservation ... 188
8.2.1.10
Réplication de la méthodologie de planification ... 188
8.2.2
Effets sociaux ... 189
8.2.2.1
Appui politique de haut niveau ... 189
8.2.2.2
Apports multisectoriels ... 190
8.2.2.3
Ouverture du SINAC à une nouvelle catégorie de gestion ... 191
8.2.2.4
Construction de la confiance ... 192
8.2.2.5
Accès à l’information concernant les droits et les devoirs ... 192
8.2.2.6
Identification des rôles et des responsabilités ... 193
8.2.2.7
Appui à l’élaboration des cadastres municipaux ... 193
8.2.3
Effets économiques ... 195
8.2.3.1
Accès à l’information concernant les incitations financières pour la conservation ... 195
9 C
OMPARAISON INTER-
SITE DES CAS ÉTUDIÉS... 196
9.1 Comparaison des processus de planification de la gestion des aires protégées étudiées ... 196
9.1.1
Origine du processus ... 196
9.1.2
Mobilisation et intérêt des communautés locales ... 197
9.1.3
Plan de zonage et règlementation ... 199
9.1.4
Propositions de stratégies de gestion ... 202
9.1.5
Validation ... 204
9.1.6
Processus d’officialisation ... 204
9.1.7
Mise en œuvre ... 206
9.2 Comparaison de l’ensemble des effets, et application du Guide d’évaluation de la gestion des aires protégées du Costa Rica ... 208
9.2.1
Comparaison des effets écologiques ... 209
9.2.2
Comparaison des effets sociaux ... 211
9.2.3
Comparaison des effets économiques ... 215
9.3 Comparaison des effets en utilisant la Norme pour évaluer l’efficacité de la gestion des Corridors biologiques ... 216
9.3.1
Comparaison des phases de gestion ... 218
9.3.2
Comparaison par dimension ... 221
9.3.2.1
Comparaison des effets écologiques ... 221
9.3.2.2
Comparaison des effets sociaux ... 223
9.3.2.3
Comparaison des effets économiques ... 225
Quatrième partie : Analyse, discussion, conclusion et
recommandations ... 227
10 A
NALYSE... 227
10.1 Facteurs facilitant l’implication des communautés locales ... 228
10.1.1
Au niveau des aires protégées ... 228
10.1.2
Au niveau des communautés locales ... 229
10.2 Mécanismes facilitant l’implication des communautés locales dans la mise en œuvre, l’analyse des résultats, l’évaluation et le suivi
de la gestion participative ... 234
10.3 Facteurs entravant l’implication des communautés locales ... 237
10.3.1
Au niveau des aires protégées ... 237
10.3.2
Pour les communautés locales ... 239
10.3.3
Pour les institutions ... 240
11 D
ISCUSSION... 244
11.1 Vérification des hypothèses de recherche ... 244
11.1.1
Hypothèse 1 : un meilleur appui à la conservation ... 244
11.1.2
Hypothèse 2 : plus grand bénéfice social et économique et meilleur appui à la conservation ... 247
11.1.2.1
Bénéfice social pour les communautés locales ... 247
11.1.2.2
Bénéfice social pour les institutions ... 248
11.1.2.3
Bénéfice économique pour les communautés locales ... 248
11.1.2.4
Bénéfice économique pour les institutions ... 249
11.1.3
Hypothèse 3 : perspective d’amélioration de la qualité de vie ... 250
11.1.4
Hypothèse 4 : enrichissement du travail institutionnel ... 251
11.1.5
Hypothèse 5 : entraves à l’implication des communautés locales ... 253
11.2 Question de culture ... 255
11.2.1
Culture gouvernementale ... 255
11.2.2
Culture académique et professionnelle ... 259
11.2.3
Mythes sur les cultures locales ... 262
11.2.4
Manifestation d’une culture apprenante ... 263
12 C
ONCLUSION... 266
R
ÉFÉRENCES... 270
Liste des tableaux
Tableau 2-1 Croissance du nombre d’aires protégées dans le monde de
1962 à 2014 ... 8
Tableau 2-2 Matrice des objectifs et catégories UICN de gestion des
aires protégées ... 11
Tableau 2-3 Nombre et superficie des aires protégées par catégorie dans
le monde ... 13
Tableau 2-4 Expériences de gestion participative des aires protégées en
Amérique centrale, en 2002 ... 22
Tableau 2-5 Comparaison des paradigmes de mise en place des aires
protégées ... 24
Tableau 2-6 Prémisses fondamentales pour la gestion participative ... 26
Tableau 2-7 Exemples de participation de la société civile rencontrés
dans les différentes ententes institutionnelles de gestion
participative en Amérique centrale ... 29
Tableau 3-1 Nombre total et moyen de participants aux rencontres de
planification de la gestion des aires protégées, selon le genre ... 75
Tableau 3-2 Logique de l’analyse des forces, faiblesses, opportunités et
menaces ... 79
Tableau 4-1 Zones de vie du Costa Rica et leur superficie ... 89
Tableau 4-2 Diversité (nombre total) d’espèces de plantes et vertébrés
de quelques pays considérés comme possédant une méga
biodiversité et du Costa Rica ... 89
Tableau 4-3 Densité des espèces de quelques groupes au Costa Rica
comparée à d’autres pays possédant une méga biodiversité (nombre
d’espèces/1 000 km
2) ... 90
Tableau 4-4 Biodiversité (en nombre d’espèces connues) du Costa Rica
et dans le monde 2002 ... 90
Tableau 4-5 Désignations par l’UICN et par le Costa Rica des catégories
de gestion d’aires protégées selon leurs objectifs et importance au
Costa Rica ... 93
Tableau 4-6 Pays avec les meilleurs performances en matière
d’environnement, du développement humain
(année la plus récente
disponible en 2011) ... 96
Tableau 5-1 Population totale du Canton de Turrialba, par district et par
sexe, 2002 et 2011 ... 119
Tableau 5-2 Indices du développement humain et de la pauvreté
humaine pour le Canton de Turrialba, en 2000, 2005 et 2009 ... 119
Tableau 5-3 Population totale environnant le Parc national Barbilla, selon
la distribution par Réserve autochtone et par district (années 2000
et 2011). ... 125
Tableau 5-4 Indices du développement humain et rang national de la
pauvreté humaine pour les Cantons de Turrialba, Siquirres et Matina
en 2000 et 2005 ... 128
Tableau 5-5 Croissance démographique comparative des districts de la
ZP La Carpintera, 1970, 1980, 1990, 2000 et 2011 ... 135
Tableau 5-6 Indices du développement humain et de la pauvreté
humaine pour les Cantons de Cartago, Curridabat, Desamparados et
La Unión, et rang au niveau national, en 2000, 2005 et 2009 ... 136
Tableau 5-7 Comparaison inter-sites des aspects écologiques des trois
aires protégées étudiées ... 140
Tableau 5-8 Comparaison inter-sites des aspects sociaux des trois aires
protégées étudiées ... 142
Tableau 5-9 Comparaison inter-sites des aspects économiques des trois
aires protégées étudiées ... 143
Tableau 6-1 Synthèse des forces, faiblesses, opportunités et menaces
du PN Volcan Turrialba ... 147
Tableau 6-2 Corrélation des objectifs de gestion de l’UICN avec les
objectifs de gestion du PN Volcan Turrialba ... 148
Tableau 7-1 Synthèse des forces, faiblesses, opportunités et menaces
du PN Barbilla ... 164
Tableau 7-2 Corrélation des objectifs de gestion de l’UICN avec les
caractéristiques du PN Barbilla ... 165
Tableau 8-1 Synthèse des forces, faiblesses, opportunités et menaces
de la ZP Cerros de La Carpintera ... 179
Tableau 8-2 Corrélation des objectifs de gestion de l’UICN avec les
objectifs de gestion de la ZP La Carpintera ... 181
Tableau 8-3 Nombre de propriétés recensées par municipalité sur le
territoire de la ZP La Carpintera ... 194
Tableau 9-1 Comparaison inter-sites de l’origine du processus de
planification participative de la gestion des trois aires protégées ... 197
Tableau 9-2 Comparaison inter-sites de la mobilisation pour la
planification participative de la gestion des trois aires protégées .. 198
Tableau 9-3 Comparaison inter-sites de l’élaboration du Plan de zonage
de chacune des trois aires protégées ... 200
Tableau 9-4 Comparaison inter-sites des propositions de stratégies de
gestion pour chacune des trois aires protégées ... 203
Tableau 9-5 Comparaison inter-sites du processus de validation pour
chacune des trois protégées ... 204
Tableau 9-6 Comparaison inter-sites du processus d’officialisation du
Plan de gestion des trois aires protégées ... 205
Tableau 9-7 Comparaison inter-sites de la mise en œuvre du Plan de
gestion de chacune des trois aires protégées ... 206
Tableau 9-8 Effets écologiques de l’implication des communautés dans
la planification participative de la gestion des trois aires protégées
étudiées ... 209
Tableau 9-9 Indicateurs de la dimension écologique affectés par la
planification participative de la gestion à l’intérieur et à l’extérieur
des trois aires protégées étudiées ... 210
Tableau 9-10 Effets sociaux de l’implication des communautés dans la
planification participative de la gestion des trois aires protégées
étudiées ... 212
Tableau 9-11 Indicateurs de la dimension sociale affectés par la
planification participative de la gestion, à l’intérieur et à l’extérieur
des trois aires protégées étudiées ... 213
Tableau 9-12 Effets économiques de l’implication des communautés
dans la planification participative de la gestion des trois aires
protégées étudiées ... 215
Tableau 9-13 Indicateurs de la dimension économique, à l’intérieur et à
l’extérieur des aires protégées étudiées, affectés par la planification
participative de la gestion ... 216
Tableau 9-14 Principes de la Norme d’évaluation de la gestion des
Corridors biologiques du Costa Rica ... 217
Tableau 9-15 Comparaison des phases de gestion des Corridors
Liste des figures
Figure 2-1 Localisation des aires protégées dans le monde ... 9
Figure 2-2 Différents niveaux d’implication de la population ... 27
Figure 2-3 Système centraméricain d’aires protégées et de corridors
biologiques ... 37
Figure 3-1 Divisions administratives provinciales du Costa Rica ... 49
Figure 3-2 Démarche méthodologique de la présente recherche ... 51
Figure 3-3 Localisation du Parc national Volcan Turrialba au Costa Rica 67
Figure 3-4 Localisation du Parc national Barbilla au Costa Rica ... 69
Figure 3-5 Localisation de la Zone protectrice Cerros de La Carpintera
au Costa Rica ... 70
Figure 3-6 Acteurs de la présente recherche ... 72
Figure 3-7 Logique de l’utilisation de l’analyse des forces, faiblesses,
opportunités et menaces ... 78
Figure 3-8 Paramètres de la Norme pour l’évaluation de l’efficacité de la
gestion des Corridors biologiques au Costa Rica ... 85
Figure 4-1 Distribution géographique des zones de vie du Costa Rica .... 88
Figure 4-2 Localisation des aires protégées au Costa Rica ... 92
Figure 4-3 Structure organisationnelle du SINAC au Costa Rica ... 97
Figure 4-4 Aires de conservation régionales du Costa Rica ... 98
Figure 4-5 Localisation de l’Aire de conservation de la cordillère
Volcanique centrale (ACCVC) au Costa Rica ... 102
Figure 4-6 Localisation de l’Aire de conservation La Amistad - Caribe
(ACLA-C) au Costa Rica ... 103
Figure 4-7 Forêt modèle Reventazón, oeuvrant sur tout le territoire de
la Province de Cartago, Costa Rica ... 104
Figure 4-8 Zones stratégiques de travail pour assurer la connectivité des
corridors biologiques au Costa Rica ... 106
Figure 4-9 Corridor biologique Turrialba (aujourd’hui des cordillères
Volcanique centrale et Talamanca - CBVCT) ... 107
Figure 4-10 Corridor biologique riverain interurbain des sous-bassins
versants Reventado et Agua Caliente ... 109
Figure 5-1 Activité du volcan Turrialba entre 1864 et 1866 ... 116
Figure 5-2 et 5-3 Effets de l’activité volcanique sur un flanc du volcan
Turrialba entre mai 2007 et janvier 2008 ... 117
Figure 5-4 Localisation des communautés avoisinantes du Parc national
Volcan Turrialba ... 118
Figure 5-5 Localisation des communautés avoisinantes du Parc national
Barbilla ... 124
Figure 5-6 Contexte politico-administratif du Parc national Barbilla ... 125
Figure 5-7 Maison dans le secteur de la Réserve autochtone Naïri Awari
... 126
Figure 5-8 Ferme dans la zone de la Réserve forestière du fleuve
Figure 5-9 Contexte politico-administratif de la Zone protectrice Cerros
de La Carpintera ... 133
Figure 5-10 Expansion urbaine à proximité de la Zone protectrice
Cerros de La Carpintera ... 137
Figure 7-1 Cerro del Tigre (Sommet du Jaguar) dans le PN Barbilla ... 164
Figure 7-2 Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale –
Talamanca incluant le nouveau secteur Barbilla, 2008 ... 170
Figure 8-1 Couverture forestière de la ZP Cerros de La Carpintera, en
1932 ... 175
Figure 8-2 Couverture forestière de la ZP Cerros de La Carpintera, en
2008 ... 175
Figure 8-3 Exposition des insectes recueillis par INBio dans la ZP La
Carpintera ... 183
Figure 8-4 Publication officielle du Plan de gestion de la Zone
protectrice Cerros de La Carpintera ... 187
Figure 8-5 Publication du décret constituant la Commission
interinstitutionnelle pour la protection des Cerros de La Carpintera
... 189
Figure 9-1 Nombre de vérificateurs de la Norme par phase ... 220
Figure 9-2 Comparaison du nombre de vérificateurs affectés par phase,
selon l’aire protégée étudiée ... 221
Figure 9-3 Nombre de vérificateurs de la dimension écologique affectés
par phase, selon la Norme et selon chacune des aires protégées
étudiées ... 223
Figure 9-4 Nombre de vérificateurs de la dimension sociale affectés par
phase, selon la Norme et selon chacune des aires protégées
étudiées ... 225
Figure 9-5 Nombre de vérificateurs de la dimension économique affectés
par phase, selon la Norme et selon chacune des aires protégées
étudiées ... 226
Liste des annexes
Annexe 1 Principes de l'approche par écosystème de la Convention sur la
diversité biologique ... 291
Annexe 2 Description du projet de coopération ... 294
Annexe 3 Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement
... 296
Annexe 4 Cuso International ... 297
Annexe 5 Résumé du Guide formulation de plans de gestion des aires
protégées au Costa Rica ... 299
Annexe 6 Canevas d’entrevues avec les acteurs des groupes d’intérêt des
aires protégées ... 303
Annexe 7 Liste des organisations / représentants interviewés et/ou ayant
participé dans l’élaboration des plans de gestion des aires protégées
... 305
Annexe 8 Canevas d’entrevues locales concernant les aspects
socioéconomiques et environnementaux dans le contexte de
l’élaboration du Plan de gestion du PN Volcan Turrialba ... 314
Annexe 9 Canevas d’entrevues locales concernant les aspects
socioéconomiques et environnementaux dans le contexte de
l’élaboration du Plan de gestion du PN Barbilla ... 316
Annexe 10 Canevas d’entrevues locales concernant les aspects
socioéconomiques et environnementaux dans le contexte de
l’élaboration du Plan de gestion de la ZP La Carpintera ... 318
Annexe 11 Sondage auprès des membres de l’équipe technique de
chacune des aires protégées étudiées ... 320
Annexe 12 Tableau sommaire de systématisation du plan participatif de
gestion PN Volcan Turrialba ... 323
Annexe 13 Tableau sommaire de systématisation du plan participatif de
gestion PN Barbilla ... 326
Annexe 14 Tableau sommaire de systématisation du plan participatif de
gestion ZP La Carpintera ... 329
Annexe 15 Site internet de l’Association des Guides locaux
environnementaux du volcan Turrialba ... 332
Annexe 16 Résultat de la collaboration ACTUAR, ICT et communautés
locales ... 333
Annexe 17 Norme pour évaluer l’efficacité de la gestion des Corridors
biologiques ... 334
Annexe 18 Tableaux des effets de l’implication des communautés locales
dans la planification et la gestion des aires protégées sur les dimensions
et principes énoncés dans la Norme d’évaluation de l’efficacité de la
gestion des Corridors biologiques ... 344
Liste des sigles
Sigle Institution/organisme
ACLA-C Aire de conservation La Amistad - Caribe ACLA-P Aire de conservation La Amistad - Pacifico
ACCVC Aire de conservation de la cordillère Volcanique centrale
ACTUAR Asociación comunitaria conservacionista de turismo alternativo y rural (Costa Rica)
(en français : Association communautaire et conservationniste de tourisme alternatif et rural
CATIE Centro Agronómico Tropical de Investigación y Enseñanza (en français : Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement)
CBM Corridor biologique mésoaméricain
CCAD Comisión Centroamericana de Ambiente y Desarrollo
(en français : Commission centraméricaine de l'environnement et du développement)
COBRI-SURAC Corredor Biológico Ribereño Interurbano de las Sub-cuencas Reventado y Agua Caliente (en français : Corridor biologique Riverain Interurbain des sous-bassins versant Reventado et Agua Caliente)
CBVC-T Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale et Talamanca
CDB Convention sur la diversité biologique
CEESP Commission sur les politiques environnementales, économiques et sociales
CMAP Commission mondiale des aires protégées
CMED Commission mondiale sur l’environnement et le développement CONAC Conseil national des aires de conservation (Costa Rica)
CORAC Conseil régional des aires de conservation (Costa Rica)
CRDI Centre de recherches pour le développement international (Canada)
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FEM Fonds pour l’environnement mondial
FMR Forêt modèle Reventazón ICE Institut costaricain d’électricité ICT Institut costaricain du tourisme
IIED Institut international pour l’environnement et le développement INBio Institut national de biodiversité du Costa Rica
MAB Man and the Biosphere Programme (UNESCO)
(en français : Programme sur l’Homme et la biosphère) MINAE Ministerio del Ambiente y Energía (Costa Rica)
(en français : Ministère de l’Environnement et de l’Énergie) ONG Organisation non gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unies
OVSICORI Observatoire volcanologique et sismologique du Costa Rica PNB Parc national Barbilla
Sigle Institution/organisme
PNTMM Parc national Tapantí-Macizo-de-la-Muerte PNVT Parc national Volcan Turrialba
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PNUE Programme des Nations Unies pour l’environnement
PRUGAM Plan Regional Urbano de la Gran Área Metropolitana (Costa Rica) (en français : Plan d’aménagement urbain de la région
métropolitaine)
SINAC Système national des aires de conservation (Costa Rica) RIFM Réseau international des Forêts modèles
TGER Theme on Governance, Equity and Rights (UICN)
(en français : Thème sur la gouvernance, l’équité et les droits) TNC The Nature Conservancy
(organisation non gouvernementale)
UICN Union internationale pour la conservation de la nature
UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (en français : Organisation de Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture)
UNFCCC United Nations Framework on Climate Change
(en français : Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques)
UNCCD United Nations Convention to Combat Desertification
(en français : Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la désertification)
WWF Fonds mondial pour la nature ZP Zone protectrice
Dédicace
À mes enfants François-Mark,
Patrick-Lynn
et Jason-Thomas
dont l’existence exige la poursuite de mes rêves,
dans le respect de mes valeurs.
Remerciements
Une recherche-action participative requiert de nombreux remerciements.
Je veux tout d’abord remercier le comité de direction de cette recherche, soit : Guy Debailleul, spécialiste en économie rurale et du développement, pour avoir cru en ce projet dès le début et jusqu’à la fin; Louis Bélanger, dont l’expertise inclut la gestion des aires protégées et l’aménagement intégré des forêts, pour avoir accepté de faire partie du comité d’encadrement; et Alain Olivier, expert en agroforesterie en milieu tempéré et tropical de même qu’en développement international, dont les conseils et l’appui constant se traduisent par la présentation de cette thèse. Ce paragraphe est court pour ma gratitude, qui est immense.
Je tiens également à remercier messieurs Bruno Jean et Patrick Mundler, qui se sont joints au comité de direction comme membres du jury pour évaluer cette thèse.
J’ai une infinie reconnaissance envers Jacqueline Martínez Duque, sans qui cette thèse n’aurait pas vu le jour. Décidée à me faire dépasser mes limites avec son soutien continu, sa conviction concernant l’importance de mener cette recherche à terme et, surtout, le maintien de notre profonde amitié dans toutes sortes de circonstances, Jacqueline m’a parfois forcée, quelques fois portée, puis incitée pendant plusieurs années à poursuivre cette démarche. J’ai également une gratitude et une admiration sans borne envers Ligia Quirós Quesada qui, avec sa force tranquille et constante, est l’instigatrice du projet de planification participative des aires protégées au sein de la Forêt modèle Reventazón, alors qu’elle y représentait l’Aire de Conservation de la Cordillère Volcanique centrale (ACCVC). Avec sa passion pour sa région, son ouverture et sa détermination, Ligia a été mon mentor au Costa Rica.
Je remercie Mildred Jiménez, alors coordonnatrice de la Forêt modèle Reventazón, et Roger Villalobos, représentant du Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement (CATIE), qui ont partagé la supervision du projet pendant la phase terrain de cette recherche. Avec Ligia, Mildred et Roger m’ont initié aux différents processus appuyés par la Forêt modèle,
introduite auprès des différents acteurs sur le territoire, laissé carte blanche pour la mobilisation, révisé les documents produits et suggéré les chemins à prendre pour bonifier les projets. Je remercie Fernando Bermúdez qui m’a intégrée au sein de l’équipe technique du projet en cours pour le Parc national Volcan Turrialba.
Je tiens à remercier Johanne Clerc, dont la présence et l’apport en tant que stagiaire de l’École nationale de génie rural, des eaux et des forêts (France) ont permis de concrétiser la planification de la gestion du Parc national Barbilla. À cet effet, je remercie également Gina Cuza et Edwin Cyrus, de l’Aire de conservation La Amistad-Caribe (ACLA-C), qui ont accepté d’inscrire ce projet à leur agenda avec un enthousiasme contagieux.
Je veux aussi faire part de ma reconnaissance et mon admiration envers Mario Ossenbach de l’Association Mouvement Civique du Canton de La Unión (ASMOCICU) et Minor Serrano de l’Association des Scouts du Costa Rica, pour avoir fait connaître au niveau local, régional et national, l’importance de protéger la ZP La Carpintera. Leur persévérance, leur passion et leur engagement ont permis à cette recherche-action participative de démontrer l’étendue des capacités des communautés locales à conserver le territoire qu’elles habitent.
En plus de Mario et Minor, un remerciement particulier va à ceux qui ont pris à cœur de faire connaître le projet au sein de leur communauté et de porter le flambeau pour atteindre les objectifs collectifs, permettant à l’action de se poursuivre après la recherche, notamment : Marco Tulio Gamboa et Lilliam Serrano Vargas de Santa-Cruz, Victor Hernández Aguero de même qu’Urbano et Ruby Chavez Luna de Naïri Awari, Minor Hernández de Bataan. J’ai eu le grand privilège d’accompagner les représentants des communautés locales des trois aires protégées (nommés dans l’annexe 7), qui ont démontré leur intérêt tout au long de ce processus.
Enfin, je remercie Cuso international de même que le Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement (CATIE), pour ce merveilleux projet de coopération internationale.
Première partie : Introduction générale
1 I
NTRODUCTIONLes autochtones2 du monde entier ont depuis toujours reconnu, maintenu et
protégé des endroits considérés comme sacrés par leurs peuples. D’ailleurs, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) reconnaît les relations harmonieuses que la plupart des peuples autochtones entretiennent avec leur environnement:
« … Toutes les communautés et groupes de peuples autochtones ont développé, au cours des millénaires, une relation unique avec leurs terres traditionnelles, leur territoire et les ressources naturelles qui s’y trouvent, ainsi qu’avec les écosystèmes où ils vivent. De nombreuses pratiques économiques des peuples autochtones peuvent être qualifiées d’«écologiques» et se sont avérées durables et équitables, tout en démontrant qu’elles contribuaient à la réhabilitation et la résistance de l’environnement. » (PNUE, 2012a)
Pour les pays occidentaux, ce n’est qu’à partir du 19e siècle, que naît le
concept d’aires protégées tel que connu aujourd’hui. Selon Jean-Pierre Raffin (s./d.), ce concept contemporain a son origine en 1832 aux États-Unis où, pressentant les effets destructeurs de la colonisation, un mouvement d'opinion demandait de protéger les tribus autochtones et de vastes espaces naturels, la flore et la faune pour « les âges à venir ». En 1864, le Président Lincoln octroie à l’État de la Californie le territoire de la vallée du Yosemite à la condition de l’exclure de manière pérenne de tout développement. Toutefois, à cette époque, l’État de la Californie n’a pas les recours lui permettant une réelle protection du territoire (NPS, 2015).
En 1870, les explorateurs Washburn, Langford et Doane décident de chercher un mécanisme permettant de mettre en valeur et d’assurer le bénéfice des merveilles de Yellowstone pour la population en général, tout en garantissant leur protection contre l’exploitation destructive de la faune, des forêts, des
2
Selon le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme des Nations Unies (2013), bien que l’expression «peuples autochtones» ne fait l’objet d’aucune définition faisant autorité́ en droit international, ni même dans la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, certains critères permettent de définir ces peuples, dont la continuité́ historique avec les sociétés précoloniales ou antérieures aux invasions sur leur territoire et le sentiment d’appartenance ethnique.
bordures de rivières et des paysages (Miller, 1980). Ainsi, le territoire de Yellowstone devient officiellement le premier « parc national » en 1872 (UICN, 1994).
Avec John Muir (fondateur du Sierra Club) comme porte étendard du concept, les territoires de Yellowstone et de Yosemite (ce dernier est finalement déclaré Parc national en 1910) servent alors de modèles dans le monde entier pour la création d’aires protégées. Dès cette époque, les aires protégées sont gérées exclusivement par le gouvernement, qui dépossède les communautés avoisinantes (autochtones ou non) de leurs terres pour protéger la « pureté » de la nature, considérant que l’être humain doit en être écarté (Colchester, 2004). Il importe de tenir compte du fait que les politiques de conservation virent le jour à une époque où régnaient d’énormes préjudices contre les peuples autochtones. Acceptées mondialement, ces politiques de conservation ont généré ce que Colchester nomme le modèle de « conservation colonialiste ».
L’humanité a encore beaucoup à apprendre avant d’atteindre « l’état d’harmonie avec la nature », que préconise le rapport Brundtland (Commission mondiale sur l’environnement, 1988). En effet, le développement des connaissances scientifiques et techniques depuis le 19e siècle n’a pas empêché
l’effrayante croissance des problèmes environnementaux. Par conséquent, presque un siècle et demi après la première aire protégée, les menaces concernant la nature et sa conservation pour les générations à venir demeurent des préoccupations très actuelles.
C’est pourquoi, depuis un peu plus de deux décennies, la conservation de la nature est de plus en plus conçue dans la perspective que les aires protégées ne doivent pas demeurer isolées du reste du monde, mais bien être connectées au paysage environnant et interagir avec celui-ci, autant pour garantir un bon fonctionnement de l’écosystème que pour assurer la distribution et la survie des espèces. L’importance de l’intégration des communautés avoisinantes dans les processus de conservation des ressources naturelles des aires protégées a été identifiée à l’intérieur même du mouvement de conservation, sous le
concept de « zones d’amortissement » (Chuprine, 2002). Ainsi, les spécialistes ont tout d’abord suggéré d’identifier une frange de terrain autour des aires protégées pour « amortir » les possibles impacts négatifs sur la biodiversité causés par les activités humaines ayant lieu à l’extérieur des sites protégés (Garcia, 2002).
Aujourd’hui, la conception de la gestion des aires protégées doit intégrer comme objectifs de protection non seulement le contexte de la biodiversité, mais également le contexte social, culturel et économique d’un territoire, avec une approche holistique de conservation et de qualité de vie. Cette approche est qualifiée de « nouveau paradigme pour les aires protégées du 21e siècle », dont les objectifs peuvent seulement être atteints si « les communautés locales sont considérées comme le point central de l’avenir du territoire » et où la gestion « renforce leurs capacités à partager tant la responsabilité que les bénéfices… » (Beresford, 2001; Phillips, 2003; Brown et al., 2004).
À cet effet, la Stratégie mondiale de la conservation, déployée en 1982, énonce que la conservation de la nature ne saurait se faire qu’avec les humains, rappelant en outre que ceux-ci font partie de la nature. En effet, les territoires qui entourent les aires protégées sont souvent transformés par les activités humaines et présentent, dans bien des cas, une biodiversité́ liée à l’anthropisation plus ou moins marquée du paysage.
Puisque les objectifs de création et de gestion des aires protégées sont directement liés à la protection de la biodiversité́ et au maintien des services écologiques rendus par la nature, il importe d’analyser également le territoire qui se trouve à l’extérieur des frontières des aires protégées et de prendre en considération ce qui se passe à une échelle beaucoup plus large. La planification des actions de conservation de la biodiversité́ doit donc inclure les populations humaines et leurs activités à l’échelle locale et régionale (Charest et al., 2013). Cependant, l’implication des populations locales dans la cogestion des milieux naturels et de leurs composantes est toujours reçue comme une idée surprenante lors d’importantes conférences internationales – telles que le Sommet de la Terre en 1992, le Sommet du Millénaire en 2000 et
le Sommet mondial pour le développement durable en 2002, en plus de nombreux congrès pour la conservation de la nature (Weber dans Borrini et al., 2009).
En fait, à la suite de ces conférences, certaines approches intégrant la gestion concertée des ressources naturelles ont vu le jour, notamment les Forêts modèles, les Corridors biologiques, la gestion par bassin versant, pour n’en nommer que quelques-unes. La mise en place de ces dynamiques favorise la création de plateformes de coopération, de concertation et de prise de décisions pouvant générer des relations sociales plus équitables et des règles de conduite correspondantes. Elles ont pour dénominateur commun d’impliquer une grande diversité de parties prenantes à l’accès, à l’usage et à la protection des ressources d’intérêt commun, au niveau local, supra-local (« échelle de paysage »), régional et national, voire international.
Toutefois, le nouveau paradigme demeure à l’état embryonnaire à l’échelle mondiale, tant en ce qui concerne la gestion des aires protégées que des ressources naturelles. Au Québec, par exemple, il suffit de citer le dossier controversé concernant une possible privatisation d’une partie du Parc national du Mont-Orford, qui fut la nouvelle québécoise s’étant retrouvée le plus longtemps à la une de l’actualité en 2006 (Francoeur, 2006).
Le dossier de la gestion des forêts publiques est un autre exemple de la nécessité de revoir les modes de gestion et de tenir compte des différentes externalités, telles que durabilité de la ressource, emplois, culture, etc.
Par exemple, le jugement de la Cour suprême du Canada pour un procès en Colombie-Britannique, en juin 2014, soutient que les gouvernements doivent non seulement consulter, mais bien obtenir le consentement des communautés ancestrales en ce qui a trait à l’exploitation des ressources naturelles se trouvant sur leur territoire (Arnould, 2014).
En ce sens, comment les partenariats de diverses institutions inter et multisectorielles de même que multiniveaux (local, régional, national, voire
international) peuvent-ils assurer la participation d’individus et de protagonistes locaux pour appuyer leurs démarches dans les secteurs sociaux, économiques et des ressources naturelles? Et quels sont les effets, du point de vue écologique, social – légal et politique – et économique de la mise en place d’une approche de gestion englobant la conservation, la gestion des ressources naturelles et la qualité de vie des populations locales?
Il convient donc d’approfondir les connaissances sur la participation des communautés locales dans la conservation et la gestion de la nature, notamment en ce qui concerne les aires protégées et leur environnement immédiat. La présente recherche a pour but d’identifier les effets de cette implication dans l’élaboration des plans de gestion des aires protégées et les praxis de leur mise en œuvre, sous une vision à long terme. L’innovation de cette recherche se situe dans l’analyse des effets non seulement écologiques, mais également sociaux et économiques d’une telle participation, tant pour l’aire protégée que pour les communautés locales. Aux fins de la présente recherche, ces dimensions sont définies comme suit :
- la dimension écologique réfère à ce qui pourait affecter la protection et la conservation de la nature et de ses écosystèmes;
- la dimension sociale réfère à ce qui pourait affecter la qualité de vie des personnes, tels l’accès à l’éducation ou aux formations de même que les relations de coopération et de collaboration de différents groupes;
- la dimension économique réfère à ce qui pourait affecter les moyens de subsistance des communautés impliquées.
Cette recherche-action participative met en pratique un processus de prise de conscience et de décision collective, où interagissent plusieurs intervenants ayant différents intérêts, missions et capacités. La recherche s’appuie sur les idées sous-jacentes à la gestion adaptative, en particulier en ce qui a trait à l’importance de l’apprentissage continu de toutes les parties prenantes (experts ou paysans, secteur privé, public ou non gouvernemental) tout au long des processus d’intervention afin d’accroître l’efficacité des actions et des méthodologies dans la planification participative de la gestion des aires protégées.
S’intégrant dans un projet conjoint élaboré par une Forêt modèle (Forêt Modèle Reventazón) en collaboration avec l’organisation de coopération internationale canadienne Cuso International (Cuso), l’étude de cas s’est effectuée dans trois aires protégées sises dans la province de Cartago, au Costa Rica, où se trouvent également deux Corridors biologiques 3.
Cette recherche s’inscrit dans un mode d’intervention directe, où la chercheure possédait un rôle égal aux autres participants. Dès le début du projet, la chercheure fut intégrée à l'équipe technique et elle a assumé la coordination du projet pendant près de deux ans. La recherche devrait intéresser les chercheurs, les praticiens et les politiciens qui tentent en particulier d’accroître l’efficacité des programmes visant à améliorer la gestion des aires protégées et à résoudre les problèmes environnementaux en général.
La présente recherche est divisée en quatre parties. En plus de l’introduction (chapitre 1), la première partie du document décrit le cadre conceptuel de la recherche (chapitre 2) et la méthodologie utilisée (chapitre 3). La seconde partie présente la description du cadre contextuel du territoire d’étude en ce qui a trait au contexte national et provincial (chapitre 4) et le contexte local de chaque aire protégée étudiée (Chapitre 5). La troisième partie présente la systématisation des effets écologiques, sociaux et économiques de l’implication des communautés locales dans la planification de la gestion du PN Volcan Turrialba (chapitre 6), du PN Barbilla (chapitre 7) et de la ZP La Carpintera (chapitre 8) de même que la comparaison inter-sites des cas étudiés (chapitre 9). La quatrième partie développe l’analyse des résultats (chapitre 10), la discussion et les recommandations (chapitre 11) et la conclusion (chapitre 12). Nous espérons contribuer à une meilleure compréhension des effets de la gestion participative, impliquant les communautés locales, sur les objectifs de conservation de la nature dans les aires protégées de même que sur l’amélioration de la qualité de vie des territoires adjacents.
3
Les Corridors biologiques de la province de Cartago sont le Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale et Talamanca (CBVC-T) et le Corridor biologique riverain interurbain des sous-bassins versants Reventado et Agua Caliente (COBRI-SURAC).
2 C
ADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE2.1 Fondements théoriques
2.1.1 Aires protégées
2.1.1.1 Importance des aires protégées dans le monde
C’est le 1er mars 1872 que le Sénat américain et la Chambre des représentants
approuvèrent un acte dans lequel « … se déclarera comme parc public un certain morceau de terrain situé du côté supérieur de la rivière Yellowstone… »4 (Miller, 1980). Le concept de « parc » s’étendit au Canada en
1885, en Nouvelle-Zélande en 1894, en Australie, en Afrique du Sud et en Amérique latine en 1898. En 1916, le Congrès américain créa le Service des parcs nationaux du Département de l’Intérieur, pour favoriser et réguler l’usage des aires fédérales connues comme parcs nationaux, monuments et réserves, conformément à l’objectif fondamental d’usage et de conservation du paysage, des objets naturels et historiques de même que de la faune, sans détériorer l’usufruit des futures générations (Miller, 1980).
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définit aujourd’hui le terme « aire protégée » comme suit :
Une portion de terre et/ou de mer vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, ainsi que des ressources naturelles et culturelles associées, et gérée par des moyens efficaces, juridiques ou autres (UICN, 1994).
En 1992, l’article 8 de la Convention sur la diversité biologique préparée lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro encourage les États parties à mettre en place un réseau d’aires protégées dans les espaces sous leur juridiction. En 2010, lors de la réunion pour la convention à Nagoya au Japon, les États parties ont adopté un Plan stratégique révisé et actualisé pour la diversité biologique pour la période 2011-2020, appelé les « Objectifs d’Aïchi ». L’objectif 11 d’Aïchi vise à obtenir le statut d’aire protégée pour au moins 17 %
4
Traduction de l’auteure du texte original, soit: « … se declaraba como parque público un cierto trozo de terreno situado cerca del curso superior del río Yellowstone ... »