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5   Niveau local des aires protégées étudiées

6.2   Effets de l’implication des communautés dans la planification de

6.2.1   Effets écologiques 147

6.2.1.1 Plan de gestion de l’aire protégée

Après plusieurs réunions avec des représentants de la Commission nationale d’urgence et les vulcanologues de l’OVSICORI dans le but d’identifier les zones de gestion reflétant les besoins de sécurité du personnel et des visiteurs,

l’équipe de planification (c’est-à-dire le consultant d’Onca Natural et la chercheure) a organisé un atelier participatif pour finaliser le plan de zonage. Ce plan de zonage permet de circonscrire les objectifs de conservation pour le PN Volcan Turrialba, tels que décrits dans le Tableau 6-2.

Tableau 6-2 Corrélation des objectifs de gestion de l’UICN avec les objectifs de gestion du PN Volcan Turrialba

Objectifs de gestion

de la catégorie II (UICN) du PN Volcan Turrialba Objectifs de gestion

Protéger des aires naturelles et scéniques d’importance nationale et internationale à des fins spirituelles, scientifiques, éducatives, récréatives et touristiques.

- Conserver des ressources géologiques et paysagères;

Préserver, dans l’état le plus naturel possible, des exemples représentatifs de régions physiographiques, des communautés biotiques, ressources génétiques et espèces, pour conserver la stabilité et la diversité écologiques.

- Conserver un échantillon représentatif de l’écosystème terrestre de Forêt pluvieuse de montagne et l’Unité phytogéographique Páramo de la Cordillère Volcanique centrale; - Protéger les ressources hydriques prenant

source dans le Parc; Gérer l’usage pour les visiteurs, en

s’assurant que l’utilisation répond à des fins éducatives, culturelles et

récréatives à un niveau qui permet de maintenir l’aire dans son état naturel ou quasi naturel.

- Fournir des activités récréatives et

touristiques qui aident à la conservation des ressources présentes dans le Parc et dans ses environs;

- Fournir des opportunités pour l’éducation environnementale, les études techniques et la recherche scientifique;

Supprimer et interdire les activités d’exploitation et les établissements humains qui vont à l’encontre des objectifs de la catégorie de gestion.

- Acquérir les terres privées faisant partie du territoire du PN Volcan Turrialba, afin de supprimer les activités d’exploitation et les établissements humains, qui vont à l’encontre de la catégorie de gestion;

Promouvoir le respect pour les attributs écologiques, géomorphologiques, religieux ou esthétiques ayant justifié la désignation du Parc.

- Contribuer au développement

socioéconomique et environnemental des communautés locales entourant le Parc

Source : UICN (1994), Dudley (2008), Bermudez (2008), adapté par Linda Vaillancourt

Étant donné la petite superficie du PN Volcan Turrialba, les objectifs de gestion prévus par l’UICN ne peuvent être atteints que par l’amplification du territoire du Parc vers le secteur nord, où la limite coïncide avec celle de la Réserve de la Biosphère de la cordillère Volcanique centrale. L’achat éventuel des terres à l’intérieur de la limite du PN Volcan Turrialba permettrait également de réduire les activités agricoles, non compatibles avec les objectifs de conservation (Bermúdez, 2008).

En accord avec l’analyse des capacités biophysiques du territoire occupé par le PN Volcan Turrialba et en considérant les ressources financières très limitées prévues pour sa gestion, la proposition des zones pour ce premier plan de gestion s’applique uniquement au territoire déclaré comme parc national. Toutefois, les participants considèrent important de mettre en place des activités à l’extérieur des limites du Parc pour atteindre ses objectifs de conservation : par exemple, éducation environnementale, gestion communautaire, recherche, suivi et contrôle environnemental, etc.

Considérant la faible présence institutionnelle comme un critère fondamental pour la planification des stratégies de gestion du PN Volcan Turrialba, la consolidation financière et physique du Parc doit logiquement précéder son stade de développement. En conséquence, le troisième atelier participatif apporte des propositions de stratégies de gestion qui mettent l’emphase sur :

- la mise en place d’une présence institutionnelle permanente (infrastructure adéquate, équipement et personnel);

- l’organisation sécuritaire du flux de visiteurs;

- l’importance de consolider de façon légale la propriété du territoire déclaré Parc national;

- la viabilité écologique des ressources protégées par l’amplification du Parc;

- la recherche scientifique; et

- l’établissement de relations formelles et non formelles avec les communautés voisines du Parc (Bermúdez, 2008).

À la fin du processus participatif pour le PN Volcan Turrialba, celui-ci possède un premier plan de gestion validé et approuvé au niveau local, régional (CORAC) et national (CONAC).

6.2.1.2 Mise en place de réseautage pour de bonnes pratiques environnementales

Sur le plan écologique, un des premiers effets de l’implication des communautés locales dans la planification de la gestion du PN Volcan Turrialba, est la mise en place d’activités pour le Secteur Nord du Corridor biologique des

cordillères Volcanique centrale et Talamanca (CBVC-T), organisées par une douzaine de membres de la communauté de Santa-Cruz, qui forment le groupe de travail de ce secteur. Leurs travaux commencent par la désignation de représentants aux réunions du comité central du CBVC-T, suivie d’une planification stratégique pour le secteur. Les réunions mensuelles du groupe de travail mènent éventuellement à l’obtention, en 2010, d’une personnalité juridique et favorisent un travail plus concerté avec les acteurs extérieurs au District, notamment : ceux du CBVC-T, de la Forêt modèle Reventazón et de la Commission municipale environnementale.

6.2.1.3 Accès aux projets environnementaux et informations scientifiques L’élaboration du premier plan d’action du Secteur Nord du CBVC-T dans le District de Santa-Cruz permet d’articuler des activités autour de deux fermes (dont une appartenant à la municipalité de Turrialba) sélectionnées comme sites pilotes pour un projet de « foresterie analogue ».

Piloté dans trois Forêts modèles d’Amérique latine – l’une étant la Forêt modèle Reventazón -, ce projet international financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada est parrainé par :

- le Falls Brook Centre (organisation canadienne du Nouveau Brunswick de formation et de transfert de connaissance de communautés rurales durables);

- le Réseau Ibéroaméricain de Forêts modèles (RIAFM); et

- le Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement (CATIE).

Contrairement aux projets conventionnels de reboisement qui, dans la plupart des cas, sont des monocultures d’espèces ayant un taux de croissance élevé et dont les impacts négatifs ont été bien documentés, le projet vise à compenser les pertes de forêts par des forêts créées selon une structure architecturale et une diversité appropriées d’espèces de plantes aux fonctions écologiques analogues à l’écosystème d’origine.

Cette approche méthodologique s’inscrit dans les objectifs des zones d’amortissement des aires protégées, des Corridors biologiques, de l’accès aux mécanismes de paiements pour services environnementaux et du tourisme écologique (Navarro, 2008).

Pendant trois ans, les propriétaires fonciers participants ont appris comment appliquer la méthodologie de la foresterie analogue ainsi que des méthodes de production biologique. Ils ont également établi des stations et des pépinières de démonstration, dans lesquelles toute une variété d’arbres, d’arbustes et de plantes fut cultivée. Ce projet a permis de donner aux communautés locales la possibilité non seulement de restaurer le territoire dégradé, mais également de diversifier leurs méthodes de culture, générer de nouvelles sources de revenus et augmenter les méthodes de production biologique. L’expérience acquise et la mise au point d’outils de développement obtenus grâce au projet de foresterie analogue font partie des échanges promus par le RIFM pour les objectifs de lutte à la pauvreté et de restauration de la biodiversité en Amérique latine (RIFM, 2011). 6.2.1.4 Acquisition de connaissances scientifiques sur la biodiversité grâce à

l’implication des communautés de la zone d’amortissement

En coordination avec le Comité central du Corridor biologique, le Secteur Nord peut bénéficier de l’appui de l’Institut national de la Biodiversité (INBio) pour une première recherche concernant l’inventaire de la biodiversité dans la zone d’amortissement du PN Volcan Turrialba. Tandis que les spécialistes d’INBio préparent leur travail terrain, les représentants du Secteur Nord du CBVC-T demandent à participer aux recherches, ce qui est accepté et apprécié. Considérant que les zones choisies par les spécialistes n’étaient pas appropriées, les représentants locaux conviennent avec les chercheurs de changer le secteur de recherche terrain. Les spécialistes d’INBio sont agréablement surpris par les résultats, indiquant que la quantité de spécimens rencontrée lors de cet inventaire était de loin beaucoup plus importante que ce à quoi il s’attendaient lors de la préparation initiale.

En résumé, l’implication des communautés locales dans la gestion de l’aire protégée résulte en la mise en œuvre immédiate d’actions en vue d’objectifs communs de conservation dans la zone d’amortissement du PN Volcan Turrialba.