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5   Niveau local des aires protégées étudiées

5.2   Parc national Barbilla 122

5.2.2   Aspects sociaux 123

5.2.2.2   Communautés locales 126

Environnement autochtone du PN Barbilla : les Cabécars

Le peuple cabécar présente des caractéristiques très spécifiques, incluant le fait d’être historiquement et structurellement sujets à l’exclusion sociale (INEC, 2013). Tout d’abord, il compte non seulement la plus grande population autochtone du Costa Rica, mais également celle dont le plus grand nombre d’individus vit sur un territoire qui lui appartient. De plus, les Cabécars possèdent le territoire autochtone qui maintient la plus importante couverture forestière (Carrion, 2012). Selon Solano (2004), les communautés autochtones cabécares possèdent le niveau de vie le plus faible du Costa Rica (Figure 5-7).

Figure 5-7 Maison dans le secteur de la Réserve autochtone Naïri Awari

L’accès au territoire cabécar s’effectue à pied surtout, ou à cheval pour quelques individus, durant la saison sèche. Les hauts niveaux de précipitations caractéristiques de cette région détériorent les chemins au point d’isoler complètement les communautés (Lopez et al., 2006). Cet éloignement géographique contribue d’une part, à la faible présence de l’État auprès des Cabécars et, d’autre part, au maintien des traits culturels, incluant la langue, qui est parlée prioritairement par environ 90 % de la population (INEC, 2013). Ce n’est qu’en 1985 qu’une première école voit le jour sur le territoire autochtone cabécar. Depuis, une trentaine d’établissements scolaires ont été ouverts de même qu’une télé-école secondaire. Il n’est donc pas surprenant que la scolarité moyenne soit seulement d’environ quatre années. La Réserve de Naïri Awari est celle qui compte le plus haut pourcentage d’individus ayant terminé le secondaire (8,7 %), alors que Bajo et Alto Chirripó en comptent autour de 4,5 % (INEC, 2013).

Lors des migrations saisonnières pour travailler à l’extérieur de leur Réserve (d’octobre à mars), les enfants cabécars accompagnent leurs parents, ce qui entraîne une baisse considérable de la présence des enfants dans plusieurs des écoles ou même leur fermeture (Borge et al., 2004).

Le ministère de la Santé, en collaboration avec le ministère de l’Éducation, s’assure lui aussi d’avoir une présence dans le territoire par le biais de la formation de promoteurs de santé cabécars (Borge et al., 2004).

La Réserve autochtone Naïri Awari est composée de deux petits blocs territoriaux séparés par le PN Barbilla. En général, les communautés n’y ont aucun téléphone public, ni police, ni promoteur de santé, quoique les habitants peuvent se rendre à l’Établissement de base d’attention intégrale de la santé (ÉBAIS) de Las Brisas de Pacuarito, qui est en fonction une journée par deux semaines. Les seuls non-autochtones qu’on rencontre de temps à autre sur le territoire cabécar sont les fonctionnaires du PN Barbilla et les représentants de l’Institut costaricain d’électricité qui étudient le fleuve Pacuare. La Réserve

Naïri Awari compte parmi ses habitants l’ancien directeur de la Commission nationale des Affaires indigènes (CONAI), qui agit comme consultant.

L’État est présent dans la Réserve Bajo Chirripó, par le biais des enseignants, des promoteurs de santé, des visites de la police de Matina et des fonctionnaires du Ministère de l’environnement. Le travail des organismes non gouvernementaux (ONG) y est très récent, mais augmente avec l’amélioration continue de l’accès routier.

Enfin, le territoire d’Alto Chirripó demeure le plus grand territoire autochtone du Costa Rica, avec une superficie de 77 973 hectares (Carrion, 2012). Deuxième Réserve autochtone la plus peuplée des territoires autochtones du Costa Rica, Alto Chirripó est également la plus éloignée, raison pour laquelle cette Réserve n’a pas fait partie du processus de planification participative du PN Barbilla.

Environnement non-autochtone du PN Barbilla

L’analyse des données socioéconomiques révèle que l’IDH des cantons entourant la zone d’amortissement du PN Barbilla - Turrialba, Siquirres et Matina (Tableau 5-4) - se situe sous la moyenne nationale, celui de Matina se démarquant des deux autres cantons par un IDH parmi les plus bas du pays (PNUD – Costa Rica, 2011).

Tableau 5-4 Indices du développement humain et rang national de la pauvreté humaine pour les Cantons de Turrialba, Siquirres et Matina en 2000 et 2005

Indice Année Turrialba Siquirres Matina nationale Moyenne

Développement humain (IDH) 2000 IDH 0,67 0,635 0,606 0,7 Rang / 81 56 66 75 2005 IDH 0,704 0,701 0,573 0,752 Rang / 81 57 59 80 2009 IDH 0,755 0,724 0,592 0,768 Rang / 81 58 62 79

Indice Année Turrialba Siquirres Matina Moyenne nationale Pauvreté humaine (IPH) 2000 IPH (%) 10,514 19,078 19,985 14,6 Rang / 81 23 59 64 2005 IPH (%) 13,001 20,544 20,719 14,7 Rang / 81 23 61 63 2009 IPH (%) 10,991 17,745 17,895 22,3 Rang / 81 7 55 58

Source : PNUD – Costa Rica (2007) et PNUD – Costa Rica (2011)

De façon générale, les communautés non-autochtones voisines du PN Barbilla ont un niveau de vie très limité sur les plans matériel et financier, possédant peu ou pas d’infrastructures publiques : seulement quelques communautés possèdent une école primaire et reçoivent périodiquement la visite de professionnels offrant des services ponctuels de santé. Ainsi, l’Indice de la pauvreté humaine (IPH) demeure parmi les plus élevés du pays, et ce, en grande partie en raison de la présence des communautés autochtones cabécares.

Las Brisas del Pacuarito est la communauté non-autochtone la plus proche du PN Barbilla, vivant au nord de celui-ci, dans la Zone Protectrice du fleuve Pacuare. Le niveau de vie de ses habitants y est très bas : la seule présence institutionnelle est un Établissement de base d’attention intégrale de la santé (ÉBAIS) en opération une journée par deux semaines. Cette communauté non- autochtone possède un téléphone public, mais aucun service d’électricité. Des travaux de réfection de la route qui mène à la communauté (Figure 5-8) furent réalisés en 2008, ce qui permet d’espérer l’arrivée éventuelle des services d’électricité et de télécommunication pour améliorer les conditions de vie (Iglesias, 2008).

Figure 5-8 Ferme dans la zone de la Réserve forestière du fleuve Pacuare

(Photo : Johanna Clerc, 2008)

La limite nord-est du PN Barbilla avoisine le secteur non-autochtone du Canton de Matina, dont les communautés les plus proches du Parc sont Corina et Colonia Puriscalena. Les habitants de Corina bénéficient des services d’électricité, d’une école primaire et d’une école secondaire, d’un poste de services de santé, alors que le territoire de Colonia Puriscalena a une école primaire dans la communauté. Les activités économiques de la plupart des habitants de ces communautés ne leur permettent pas de satisfaire totalement à leurs nécessités de base.