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7   P ARC NATIONAL B ARBILLA 161

7.1   Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces 161

7.2.1   Effets écologiques 165

7.2.1.1 Plan de gestion de l’aire protégée

Lors du processus de planification, les objectifs de gestion déterminés par les lignes directrices de l’UICN de même que la législation environnementale costaricaine ont été analysés en relation avec les caractéristiques du PN Barbilla (Tableau 7-2), pour définir les objectifs de gestion de ce type d’aire protégée.

Tableau 7-2 Corrélation des objectifs de gestion de l’UICN avec les caractéristiques du PN Barbilla

Objectifs de la catégorie II

(UICN) Caractéristiques du PN Barbilla

Protéger des aires naturelles et scéniques d’importance nationale et internationale à des fins spirituelles, scientifiques, éducatives, récréatives et touristiques.

- Territoire d’importance nationale et internationale, partie de la Cordillère de Talamanca, d’une Réserve de la Biosphère et d’un Site du Patrimoine mondial de l’UNESCO; - Grande biodiversité et beauté scénique propices

aux activités scientifiques, éducatives et touristiques.

- Ancien territoire cabécar avec des sites sacrés pour ce peuple.

Préserver, dans l’état le plus naturel possible, des exemples représentatifs de régions physiographiques, des communautés biotiques, ressources génétiques et espèces, pour conserver la stabilité et la diversité écologiques.

- Contient un échantillon de quatre zones de vie : Forêt très humide tropicale, Forêt très humide prémontagne, Forêt pluvieuse prémontagne et Forêt pluvieuse de montagne de basse altitude - Protège des espèces menacées, incluant le

puma (Felis concolor), le jaguar (F. onca), l’ocelot (F. pardalis) et le tapir (Tapirus bairdii). - Abrite plusieurs sources d’eau importantes pour la région (appartenant aux bassins versants des fleuves Pacuare et Matina).

Gérer l’usage pour les visiteurs, en s’assurant que l’utilisation répond à des fins éducatives, culturelles et

récréatives à un niveau qui permet de maintenir l’aire dans son état naturel ou quasi naturel.

- Nombre de visiteurs très limité (environ 300 visiteurs par année), surtout pour la station de recherche ou de courtes randonnées sportives.

Objectifs de la catégorie II

(UICN) Caractéristiques du PN Barbilla

Supprimer et interdire les activités d’exploitation et les établissements humains qui vont à l’encontre des objectifs de la catégorie de gestion.

- Totalité du territoire appartenant à l’État. Une famille cabécare (quatre maisons), établie à l’intérieur du Parc avant sa promulgation. - Sérieux problèmes d’extraction illégale

d’animaux et de plantes dans certains secteurs. Promouvoir le respect pour les attributs

écologiques, géomorphologiques, religieux ou esthétiques ayant justifié la désignation du Parc.

- Promotion (restreinte) du respect et la valorisation des attributs : usage public. Tenir compte des nécessités des

populations autochtones, incluant l’usage des ressources naturelles pour leur subsistance, dans la mesure où celles-ci n’affectent pas négativement les autres objectifs de gestion.

- Anciennement un territoire cabécar et entouré de communautés autochtones de cette ethnie, abritant des lieux qui leur sont sacrés.

Source : UICN (1994); Dudley (2008); Vaillancourt et Clerc (2009)

Après avoir été élaboré et validé par les participants au niveau local, ce premier Plan de gestion du PN Barbilla a également reçu l’approbation au niveau régional (du CORAC) et national (du CONAC).

7.2.1.2 Soutien à la protection des territoires cabécars

Les participants aux groupes de discussion et aux différents ateliers participatifs reconnaissent par consensus que plus les territoires cabécars sont respectés, plus ils constituent un obstacle contre l’extraction illégale des ressources naturelles du PN Barbilla. En conséquence, protéger les territoires cabécars équivaut pratiquement à protéger la biodiversité à l’intérieur et à l’extérieur du PN Barbilla.

Parmi les stratégies proposées, des programmes de formation sont suggérés pour permettre au personnel et aux membres des communautés (par exemple, les comités locaux de vigilance des ressources naturelles) de mieux connaître et faire appliquer la législation en cours pour protéger le territoire.

Dans le Secteur Barbilla du Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale et Talamanca, nous voulons renforcer la

procédure de dénonciation : ce que nous proposons renforcera les Comités de vigilance des ressources naturelles (COVIRENA).23

Représentant ACLA-C, lors d’un atelier de planification

de la gestion du PN Barbilla De plus, à la rencontre de validation du Plan de gestion du PN Barbilla, les participants sont invités à faire leurs commentaires : parmi les corrections apportées, on retrouve l’ajout d’un poste de vigilance.

7.2.1.3 Apport à la connaissance du territoire de l’aire protégée

Puisque seuls les Cabécars connaissent parfaitement le territoire à l’intérieur des limites du PN Barbilla, c’est à partir de leurs informations, jointes aux photos satellites que possède l’ACLA-C, que la cartographie du plan de zonage a pu être réalisée. Le personnel spécialisé de l’ACLA-C et du PN Barbilla ont convenu avec des membres de la communauté cabécare de faire une randonnée dans les secteurs où peuvent subsister quelques doutes, afin d’assurer la fiabilité du résultat final.

Pour le Plan de zonage, les considérations suivantes ont été prises en compte :

- les conditions biophysiques, géophysiques et climatiques importantes, voire dangereuses, du territoire rendant difficile des activités touristiques;

- le fait qu’une famille autochtone cabécar se trouve à l’intérieur des limites du PN Barbilla : puisque ce clan était établi avant la promulgation du territoire comme Parc national, il est convenu de désigner et de maintenir cette zone comme « établissement humain » jusqu’à ce que les membres de cette famille acceptent de s’établir dans une autre communauté;

- les Cabécars utilisent à l’occasion leurs sentiers traditionnels et traversent le PN Barbilla à pied pour se rendre d’une communauté à l’autre. Puisque ces déplacements sont longs, des lieux de

23

Les COVIRENA sont des comités formés dans les communautés, grâce à l’appui du Programme des petites donations du Fonds mondial pour l’Environnement.

campement pour le repos sont désignés. D’ailleurs, certains représentants cabécars mentionnent que la zone désignée comme établissement humain représente une certaine sécurité pour ceux qui utilisent les sentiers du Parc;

- quelques sites à l’intérieur du territoire du PN Barbilla sont considérés comme sacrés par les Cabécars;

- l’importance d’assurer que la création de sites d’usage spécial, en lien avec les activités de contrôle et de surveillance des ressources, affecte le moins possible les ressources protégées.

7.2.1.4 Reconnaissance des limites et des droits : parc / territoire cabécar Bien que le Plan de gestion ait reçu l’approbation générale lors de sa présentation dans les Réserves cabécares Naïri Awari et Bajo Chirripó, des corrections et des ajouts ont été consignés aux résultats dévoilés. Ainsi, la localisation de certains sites sacrés à l’intérieur des limites du Parc a été ajoutée, de même que la demande de faire des efforts pour démarquer les limites du Parc par rapport à celles des territoires autochtones.

7.2.1.5 Appui au nouveau secteur du Corridor biologique

Par sa participation aux réunions du CBVC-T, la chercheure apprend en 2008 que l’organisation Panthera, dans le cadre de son projet visant la protection du jaguar, propose la redéfinition des limites du CBVC-T pour établir la zone d’amortissement du PN Barbilla comme nouveau secteur de travail.

La chercheure propose au coordonnateur du projet Panthera de se joindre au processus d’élaboration du Plan de gestion du PN Barbilla et de profiter de cette occasion de mobilisation pour mettre en place le secteur Barbilla du Corridor biologique. Il est convenu que lors de la prochaine convocation, on invitera les participants à rester sur place et à participer à la première réunion visant à établir le nouveau secteur du CBVC-T.

Cette première rencontre du Secteur Barbilla du CBVC-T, tout de suite après l’atelier participatif sur le plan de zonage du PN Barbilla, facilite l’établissement du nouveau secteur, dont la priorité consiste à consolider un Comité de gestion

et un Plan d’action. Cette rencontre peut ainsi compter parmi ses participants des représentants des associations autochtones cabécares de presque toutes les communautés sises dans la zone d’amortissement du PN Barbilla, d’organismes non gouvernementaux (ONG), d’entreprises privées, du MINAE, de la Municipalité de Siquirres, des écoles et des collèges du secteur. Salom (2008a), décrit ce nouveau secteur du CBVC-T de la façon suivante :

Le secteur Barbilla émane d’une initiative régionale intitulée le Passage du jaguar mise de l’avant par les organisations Wildlife Conservation Society (WCS) et Panthera. Cette initiative vise à protéger la connectivité des populations saines du jaguar en Amérique centrale. Les limites du secteur Barbilla du CBVC-T furent établies en se basant sur l’analyse des systèmes d’information géographique et leur validation sur le terrain, par des entrevues avec les résidents de la zone, afin de déterminer le territoire le plus adéquat pour les populations du jaguar et de ses proies entre les deux cordillères. Loin d’être exclusif pour le jaguar, ce Corridor biologique est utilisé par plusieurs espèces de la flore et de la faune… Ce n’est qu’une fois que les limites de connectivité pour le jaguar furent tracées que les instigateurs du projet notèrent que celles-ci coïncidaient avec la limite existante nord du CBVC-T : raison pour laquelle la proposition d’unir le secteur Barbilla à l’initiative déjà existante du CBVC-T fut approuvée en 2008.

Le Secteur Barbilla du CBVC-T allait couvrir environ 33 200 hectares, desquels 65 % sont en forêt : près de 60 % de cette forêt se trouve alors sous une catégorie de protection ou dans un territoire autochtone alors que l’autre 40 % appartient à des propriétaires privés (Figure 7-2).

En conclusion, la dimension écologique est celle qui, au départ, a motivé les Cabécars à participer dans le processus de planification de la gestion du PN Barbilla. Conséquemment, les principaux effets de cette dimension se situent autour d’un important réseautage en vue d’appuyer les efforts des Cabécars envers la protection de la nature dans leurs territoires, zone d’amortissement du Parc.

Note: Le nouveau secteur Barbilla est représenté en jaune sur la carte

Figure 7-2 Corridor biologique des cordillères Volcanique centrale – Talamanca incluant le nouveau secteur Barbilla, 2008

(Salom, 2008b)