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3   M ÉTHODOLOGIE 49

3.2   Revue bibliographique 51

3.2.2   Stratégie de recherche 54

3.2.2.2   Recherche-action participative 56

L’expérience démontre qu’il existe toujours un fossé entre les chercheurs et ceux qui sont impliqués dans le feu de l’action. Devant ce constat, la recherche-action s’est donnée comme objectif d’influencer directement le monde de la pratique. La recherche-action se distingue des autres méthodes de recherche interprétatives par son association à l’action et aux finalités de cette action : le chercheur se considère comme un participant ou un collaborateur, qui s’associe aux autres pour mieux saisir la nature des situations problématiques. La recherche-action inclut donc tout un éventail d’approches et de pratiques, chacune étant enracinée dans une tradition

différente ou dans des postulats philosophiques différents. Cependant, ce qu’elles ont toutes en commun, c’est d’être participatives, ancrées dans l’expérience et orientées vers l’action.

Selon Dolbec (2006), on pourrait considérer la recherche-action participative comme étant un système d’activités humaines qui vise à faire émerger un processus collaboratif dans le but de produire un changement dans le monde réel. Par le caractère propre à la recherche-action participative, le changement vient de l’intérieur, antithèse du changement venu de l’extérieur. Selon la vision du monde des participants, la transformation souhaitée sera dirigée vers une ou plusieurs cibles : les chercheurs ou les acteurs eux-mêmes, l’organisation ou l’environnement dans lequel ils évoluent. Le changement se manifestera par des apprentissages effectués pendant ou après la mise en œuvre du processus au niveau des différents savoirs être, faire et théorique. La recherche-action est donc influencée par les paradigmes qui orientent ses finalités, ses méthodologies et la place qui est donnée aux acteurs dans le processus de recherche et de changement. Les chercheurs abordent leur objet de recherche à partir d’un cadre de référence qui reflète leurs croyances et leurs postulats à l’égard de la réalité sociale et de la manière par laquelle cette réalité peut être changée. En travaillant avec les acteurs à résoudre des problèmes concrets, le chercheur se donne alors comme finalité de faciliter le processus de prise en charge par les communautés locales. Les travaux de Freire (1972), de Fals Borda (2001) et de Tandon (1981) sont représentatifs de ce courant appelé « recherche-action participative ».

Lewin (1946), pionnier de la recherche-action, a ainsi créé un nouveau rôle pour le chercheur : plus qu’un simple observateur distant, le chercheur s’implique dans la résolution de problèmes concrets. Ayant pour objectif de produire des connaissances à partir d’une recherche qui aurait lieu dans l’action, ses interventions deviennent la mise en œuvre simultanée de trois sous-processus, soit l’action, la recherche et la formation. Le sous-processus « recherche » s’exprime par la préoccupation de générer des connaissances qui permettront d’apporter des changements.

Il pourra s’agir d’apprentissages effectués par les chercheurs qui veulent comprendre le contenu de l’intervention et l’apport du processus de recherche- action lui-même vu comme une stratégie de changement. Cette démarche de recherche est souvent effectuée en collaboration avec d’autres apprenants dans un milieu de pratique. Ces derniers constituent un environnement propice et informé, capable de fournir la critique nécessaire pour valider les apprentissages du chercheur. Le sous-processus « action » représente l’intervention choisie pour provoquer un changement au sein d’une situation concrète.

Enfin, le sous-processus « formation » représente la volonté des acteurs impliqués d’augmenter leurs habiletés à améliorer leurs propres actions. Le chercheur devient alors un facilitateur, quelqu’un qui initie les membres de la communauté à la méthodologie de sorte qu’ils puissent se l’approprier, et ainsi aider leur organisation à devenir « apprenante ». Le chercheur veut aussi apprendre avec eux comment devenir efficace dans le travail d’équipe.

Selon Heron (1996), le chercheur fera émerger un processus de prise de décision participatif et une collaboration authentique pour que la recherche devienne vraiment coopérative. La recherche-action n’est donc possible qu’avec, pour et par les personnes et leurs communautés. Ce qui la différencie des autres modes de recherche est l’engagement personnel du chercheur- acteur qui oriente sa démarche selon la vision du changement souhaité. Elle exige de lui qu’il soit impliqué comme individu dans un processus dynamique de collaboration qui l’oblige à établir des relations interpersonnelles où il risquera d’être ébranlé dans ses valeurs profondes.

Dolbec (2006) et Reason et Bradbury (2001) considèrent que les caractéristiques de la recherche-action participative impliquent un changement dans la façon de faire de la recherche.

En effet, à l’époque du postmodernisme, nul ne doute du discours socioconstructiviste sur la connaissance qui est perçue, par de plus en plus de gens, comme une construction sociale. Le virage vers l’action, non seulement accepte-t-il ce fait, mais il nous demande d’examiner comment nous pouvons agir de façon intelligente et informée dans ce monde qui est construit socialement.

(Dolbec, 2006).

Depuis les deux dernières décennies, les praticiens continuent d’adapter l’approche participative, en considérant les scientifiques comme partie intégrante de la société qui a besoin de changement : les chercheurs impliqués contribuent au débat au même niveau que les populations locales et autres intervenants. La méthodologie utilisant cette nouvelle approche se nomme recherche-action participative. Cette approche, qui fut développée par des sociologues, implique que les sujets d’expérimentation sociale jouent une part active dans la recherche en permettant la rétroaction immédiate de leurs actions, résultats et opinions (Castellanet et Jordan, 2002). La recherche- action participative s’appuie sur plusieurs prémisses, dont les suivantes :

- l’importance de plus en plus reconnue des connaissances locales; - l’inefficacité des méthodes seulement autoritaires (top-down), ou

seulement populaires (bottom-up) pour faire face à la complexité des problèmes environnementaux liés au secteur économique;

- la participation de l’ensemble des groupes concernés - population, communautés voisines, institutions, etc. - dans l’identification de solutions environnementales devrait faciliter l’atteinte d’objectifs durables tant de conservation que d’économie.

Creswell (2003) mentionne que bien qu’il existe différentes écoles appliquant la recherche-action participative, toutes considèrent cette stratégie plus efficace pour :

- provoquer un changement social chez les participants locaux et institutionnels de même que dans les politiques;

- trouver des solutions aux problèmes liés à l’environnement et à l’économie;

- former les praticiens aux méthodes interdisciplinaires, de collaboration et d’analyse.

Notons enfin que l’objectivité concernant les observations est consolidée par une meilleure compréhension de la logique des acteurs, de même que par la séparation entre les moments de participation et les moments d’analyse tels l’écriture des notes, les discussions avec des collègues critiques, etc. (Castellanet et Jordan, 2002).

Selon Dolbec (2006), la recherche-action participative ne se distingue pas des autres types de recherche par des techniques ou des méthodes spécifiques. Elle se caractérise plutôt par un effort constant de relier et de mener en même temps action et réflexion, contribuant ainsi, de façon plus large, au mieux-être économique, politique, psychologique et spirituel des personnes et de leur communauté ainsi qu’à des relations plus équitables et durables avec l’écologie planétaire dont nous faisons tous partie.