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Oncologie : Article pp.176-182 du Vol.6 n°3 (2012)

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Texte intégral

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ARTICLE ORIGINAL /ORIGINAL ARTICLE

L ’ adolescent et son désir, en fin de vie

Adolescents and their desire, at the end of life

D. Albarracin

Reçu le 2 décembre 2011 ; accepté le 5 juillet 2012

© Springer-Verlag France 2012

RésuméRares sont les études en psychanalyse consacrées au vécu de l’adolescent en fin de vie. Pourtant, les question- nements suscités par cette clinique sont nombreux, dont celui d’une spécificité des réactions des adolescents à l’approche de la mort. Grâce à la labilité de leur fonction- nement psychique, certains adolescents mourants investis- sent de toutes leurs forces la relation à une personne capable de soutenir leur désir de vie. Une observation clinique permet d’illustrer la manière dont ces réactions sont déterminées par la réactualisation des enjeuxœdipiens, propre à la puberté.

Mots clésAdolescent · Désir · Fin de vie · Puberté Abstract Psychoanalytic studies dealing with the feelings of a dying adolescent are very few. Nevertheless, this clinical practice generates questions about the specificity of adoles- cent’s reactions at the end of life. Thanks to their psychic lability, dying adolescents can invest the relation to a person supporting their life desire. The purpose of this work is to illustrate how these reactions are determined by the oedipal issues of puberty.

KeywordsAdolescent · Desire · End of life · Puberty

Rares sont les études psychanalytiques consacrées au vécu de l’adolescent à l’approche de la mort. De nombreux psy- chanalystes étudient les causes du suicide à l’adolescence, la représentation de la mort chez les jeunes et leurs condui- tes autodestructrices, mais peu d’entre eux s’intéressent à une autre clinique où la mort est bien réelle : celle de l’adolescent en phase terminale d’une maladie incu-

rable1. Cette indifférence est d’autant plus surprenante que, selon les statistiques de 2008 portant sur les causes du décès des 15–24 ans, le suicide représente 16,6 % des décès, alors que le taux de décès par maladie s’élève à 22 % [10].

Bien sûr, les tentatives de suicide et les comportements considérés comme suicidaires peuvent être prévenus et, sou- vent, traités ; il est donc logique que praticiens et chercheurs s’en préoccupent activement. Pourtant, il me semble que leur attention devrait être davantage retenue par des situations extrêmement traumatiques où le jeune se confronte à sa mort prochaine : certes, les démarches de prévention et de traitement n’ont ici plus de sens, mais tout reste à penser afin d’accompagner au mieux ses derniers instants.

Y a-t-il une spécificité de la fin de vie à l’adolescence ? En quoi les réactions du jeune sont-elles déterminées par la qualité de ses relations d’objet ? Quelles contre-attitudes l’accompagnement de l’adolescent mourant peut-il susciter chez le psychologue ? Si les questionnements nés de cette clinique insuffisamment théorisée sont fort nombreux, je m’attarderai ici sur un constat clinique singulier : loin d’être seuls face à leurs angoisses, enfermés dans la solitude ou emmurés dans leurs défenses, certains jeunes mourants s’engagent dans une expérience relationnelle intense dont la labilité dévoile la réactualisation des enjeux œdipiens, propre à la période d’adolescence.

Dans ce qui suit, je traiterai de cette expérience éminem- ment affective en analysant le cas d’Élodie, jeune fille en phase terminale d’une leucémie. De la rencontre avec elle est née ma compréhension de la fin de vie à l’adolescence dans la dynamique affective de l’intersubjectivité, définie comme une réalité physique et psychique partagée [11] : les réactions d’Élodie à l’approche de la mort illustrent la manière dont les mouvements de clivage inhérents à la puberté n’empêchent point l’investissement d’un autre

D. Albarracin (*)

Département de Psychologie,

Université de Poitiers, 3, rue Théodore-Lefevbre, BP 603, F-86022 Poitiers, France

e-mail : dolores.albarracin@univ-poitiers.fr

1Jen veux pour preuve un livre récemment paru,Ladolescent et la mort : approche psychanalytique, où, parmi des chapitres sur la dépression, le suicide, la psychose ou les conduites à risque, aucun nest consacré à ladolescent en fin de vie [15].

DOI 10.1007/s11839-012-0381-3

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capable d’accueillir la démesure apparente de ses espoirs, de ses désirs ultimes.

Le cas d’Élodie

Âgée de 14 ans, Élodie était atteinte d’une leucémie aiguë particulièrement agressive, réfractaire au traitement. Menue et d’apparence fragile, souffrant d’une scoliose qui déformait considérablement son corps, Élodie était une adolescente fort réservée, qui parlait à peine ; pendant ses longues hospitalisa- tions, elle s’est peu livrée à l’équipe soignante, se contentant d’évoquer à demi-mot ses doutes sur son avenir, l’espoir ténu qu’elle déposait dans la médecine et la réussite du traitement.

À l’hôpital, Élodie était accompagnée de son père, lequel veillait sur elle jour et nuit. Il s’était libéré de ses obligations professionnelles, contrairement à la mère de l’adolescente qui travaillait à plus d’une centaine de kilomètres de l’hôpital et qui ne lui a rendu visite qu’à de très rares occasions. Pour ma part, j’ai fait la connaissance d’Élodie quelques jours avant sa greffe de moelle osseuse, alors qu’elle venait d’apprendre le décès de François, un enfant âgé de cinq ans avec lequel elle avait partagé la même chambre d’hôpital. Si elle a accueilli ma visite d’un sourire timide, l’adolescente s’est bien gardée de me parler, silence qui augurait la suite de nos échanges : seulement quelques mots convenus à propos de son état phy- sique ou de son traitement, mais une acceptation de ma pré- sence dont j’ai toujours senti la bienveillance.

Ce n’est qu’une fois la greffe réalisée que j’ai mesuré la portée de son angoisse lorsqu’à la fatigue, la mucite et d’autres symptômes de l’aplasie se sont ajoutés des manifes- tations à tonalité hystérique : une sensation d’étouffement per- manent, une perte partielle de l’audition, des tremblements des membres inférieurs ainsi que l’apparition d’un rictus figeant l’expression de son visage en une étrange grimace.

En proie aux pleurs et à la détresse, Élodie n’arrivait guère à maîtriser ses craintes et sollicitait en permanence la présence d’un soignant auprès d’elle pour qu’il puisse la « protéger ».

Ces troubles se sont atténués après la sortie du secteur stérile, sans qu’ils disparaissent pour autant. Élodie a alors occupé une chambre double, avec la présence ininterrompue de son père. J’ai réalisé alors la troublante ascendance qu’il avait sur sa fille : à chaque question posée à Élodie, le père s’empressait de répondre sans qu’elle ose s’exprimer à son tour.

En quelques jours l’adolescente s’est enfermée dans un mutisme particulièrement anxieux, en même temps qu’elle refusait de s’alimenter. Elle invoquait l’absence d’appétit, des nausées et des vomissements à chaque repas, lesquels rendaient l’alimentation impossible. Or, la maigreur d’Élodie était déjà surprenante au moment du diagnostic ; après la greffe, elle n’en était que plus inquiétante. Avant même le diagnostic de leucémie, les médecins s’en étaient étonnés, mais l’adolescente et ses parents avaient nié tout problème d’anorexie.

La passivité d’Élodie face à son père, son sourire de façade me préoccupaient. Alors qu’elle était hospitalisée depuis trois mois, elle ne manifestait aucun désir de rentrer à la maison et, pire encore, le père s’opposait vivement à la proposition des médecins d’organiser la sortie, affirmant avec véhémence que sa fille n’était pas en conditions de quitter l’hôpital.

Dans ce contexte, l’humeur dépressive d’Élodie, son mutisme et son manque d’appétit comportaient une part de fausseté, un fonctionnement en faux-selfcomme un symp- tôme criant de la relation au père. Celui-ci refusait de sortir de la chambre lorsque je m’entretenais avec sa fille et, pen- dant quelques séances, le même scénario s’est répété : Élodie ne parlait point, et son père tentait de me convaincre de la nécessité de prolonger son hospitalisation, dans l’espoir que je puisse, à mon tour, en parler aux médecins. Au-delà des raisons de santé de sa fille, il n’a pas hésité à invoquer sa situation personnelle : l’hospitalisation d’Élodie lui était pro- fitable, car elle l’empêchait de reprendre son travail. Ce qu’il ne souhaitait pas parce qu’il penserait « tout le temps à sa fille » et qu’il ne pourrait, assurait-il, se concentrer sur ses tâches.

À ces revendications s’est ajoutée une agressivité dirigée contre le personnel chargé de servir les repas à Élodie. « Ce n’est pas la peine de lui donner à manger, puisqu’elle vomit » disait-il aux aides-soignants, non sans une certaine violence.

Sur ce, il s’emparait du plateau-repas et s’empressait de manger, tout en reconnaissant que cela lui était financière- ment profitable. Or, le regard d’Élodie ne trompait personne à ce moment-là : rivé au contenu des assiettes, elle avait manifestement faim, mais elle ne pouvait qu’obéir au désir du père en refusant systématiquement la proposition des soignants.

Il est évident que cette situation ne pouvait plus durer. En accord avec le pédopsychiatre, l’absence du père à l’heure des repas a été imposée. Après avoir expliqué les raisons d’une telle démarche à l’adolescente et à son père, quelques règles simples ont été instaurées. Le père d’Élodie a été fermement invité à quitter la chambre de sa fille lors des repas, et à se restaurer dans la cafétéria de l’hôpital. En ce qui concerne l’adolescente, cette rupture imposée par un tiers a eu un effet bénéfique immédiat : dès le premier repas l’amélioration de l’humeur dépressive a été évidente. Très rapidement, les vomissements ont disparu, et l’état de dénu- trition justifiant l’hospitalisation a évolué favorablement.

L’équipe médicale a donc décidé le retour au domicile, ce dont Élodie a pu, enfin, exprimer la demande.

La guérison, à l’approche de la mort

Hélas, la trêve a été de courte durée. Des complications pulmonaires irréversibles sont apparues au bout d’un mois,

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lesquelles ont imposé une hospitalisation en urgence. J’ai ainsi retrouvé Élodie, cette fois-ci en fin de vie, fort éprouvée par des troubles respiratoires envahissants qui la faisaient beaucoup souffrir.

La jeune fille a passé la dernière semaine de sa vie loin de sa famille. Contrairement à l’absence de la mère — qui n’étonnait plus personne—celle de son père n’est pas pas- sée inaperçue : lors de l’arrivée d’Élodie aux urgences de l’hôpital, il a signifié aux médecins qu’il ne pouvait suppor- ter de la voir dans cet état, et s’est empressé de partir tout en leur suppliant de bien prendre soin de sa fille.

Peut-être pour compenser tant d’absences, je me suis par- ticulièrement attachée à être présente auprès d’Élodie à la fin de sa vie. Ma présence à son chevet était pourtant bien silen- cieuse, son attention étant entièrement tournée vers ses pro- blèmes respiratoires, qui non seulement l’empêchaient de trouver le sommeil mais, tout simplement, de parler. Lors de nos dernières rencontres, l’adolescente n’a brisé le silence que pour dire combien elle peinait à respirer. Encore ici, nos échanges se sont passés de toute parole, ponctués par la tris- tesse que je ressentais à l’écoute de son souffle bruyant, mon impuissance face à l’angoisse qui submergeait son regard.

Néanmoins, dans la toute dernière journée de sa vie, Élo- die a réussi à déjouer l’emprise du corps mourant. En dépit de son essoufflement, elle a parlé sans arrêt, évoquant pour la première fois ses projets d’avenir. Voici un extrait de ses propos, quelques heures avant son décès :

« Mon problème, c’est ma bronchite. Les infirmières m’ont donné de la morphine, mais la dose a dû être redoublée et j’ai eu du mal à me réveiller ce matin [court silence]. C’est bien, le métier d’infirmière… Avant, je voulais être infirmière, mais maintenant je me pose des questions : tu penses qu’elles sont bien payées ? Ce que je ne comprends pas, c’est si elles travaillent à mi-temps ou pas, parce qu’elles sont là soit le matin, soit l’après-midi, soit la nuit. J’ai pensé aussi à être puéricultrice en crèche, mais on ne doit pas trou- ver facilement de place, et on ne gagne pas beaucoup d’argent. De toutes façons, il y a plein de métiers que je ne connais pas, j’attends de passer en troisième parce que nous aurons une orientation professionnelle. J’ai très envie de connaître tous les métiers, pour pouvoir enfin me décider. Je suis sûre que je trouverai un qui me convienne… Mais bon, de toutes façons, j’ai le temps. »

Cela n’est qu’un court passage d’un long discours où Élo- die a envisagé plusieurs alternatives d’avenir professionnel.

Malgré son manque de souffle, l’adolescente s’exprimait avec le plus vif intérêt et une demande transférentielle des plus manifestes : son regard s’agrippait au mien, littérale- ment, et j’ai senti que je n’avais pas le droit de quitter sa

chambre, comme si je n’avais pas le droit, en définitive, de la quitter, elle.

Élodie n’a été interrompue que lorsque le médecin est entré dans la chambre afin de s’enquérir de son état. La jeune fille s’est tournée vers lui avec gravité, et lui a demandé quelle était l’origine de sa « bronchite », ce à quoi le médecin a répondu qu’il s’agissait des mêmes troubles qu’elle avait connus lorsqu’elle était hospitalisée en milieu stérile.

À l’écoute de ces propos, Élodie est restée un moment pensive, puis elle a répondu :

« Oui, mais avant je n’avais pas peur. Si, j’avais peur, mais là je ne comprends pas, carje suis guérie. »

Un clivage salutaire

Ces mots furent parmi les derniers qu’Élodie a prononcés avant de mourir, plongée dans un sommeil artificiel destiné à soulager ses souffrances. Peu après, le médecin m’a demandé si elle croyait vraiment à la guérison, et j’ai été incapable de lui répondre. Loin d’être anodine, sa question a fortement occupé mon esprit dans les jours suivant le décès d’Élodie : prise à la lettre, son évocation de la guérison pouvait illustrer l’emprise des mécanismes de défense à l’approche de la mort, le déni massif tentant de maîtriser l’angoisse envahissante.

Cette hypothèse rappelle les idées développées par Kübler-Ross dans les années 1970, fort répandues, encore aujourd’hui, dans le milieu médical et paramédical [13].

Engagée dans des unités de soins palliatifs, elle a décrit, chez le patient mourant, une série d’« étapes » psychologiques allant du déni et la révolte jusqu’à l’acceptation de la mort prochaine. Si elle présente l’inestimable avantage de la clarté, cette approche inspirée du patient âgé reste exception- nelle dans la clinique : il est rare, en effet, que les réactions du patient suivent un ordre temporel et cohérent, observable et généralisable à tout un chacun. Bien sûr, de telles réactions défensives existent, mais elles ne peuvent être individuali- sées selon la logique d’une classification descriptive qui méconnaît non seulement l’ambivalence psychique qui est le propre de l’humain, mais aussi la singularité d’un posi- tionnement intemporel vis-à-vis de la vie et de la mort.

Intemporel : voilà le terme qui définit le mieux le discours d’Élodie sur sa guérison, décentré de la réalité actuelle du corps mourant, tourné vers un avenir professionnel lumi- neux, sans maladie. Compatible avec la lucidité dont l’ado- lescente a fait preuve tout au long du traitement, cette néo- construction du Moi lui permit d’opérer un clivage efficace pour apaiser l’angoisse : tout en se sachant mortel, le Moi s’y opposait en mettant en avant son désir d’immortalité, sans les limites de l’espace et du temps, sans l’usure de l’ici-maintenant [7].

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Depuis quelques jours, la mort d’Élodie était devenue d’une évidence telle pour moi qu’elle en était presque réelle. Je m’attendais à la dégradation de ses capacités de pensée et voici qu’un dernier mouvement de vie, aussi intense qu’inopiné, a réussi à ébranler la logique fatale du médical. Loin d’être un élément isolé de son discours, le vœu d’avenir exprimé par Élodie est apparu dans un contexte relationnel particulier, dans une demande transfé- rentielle des plus intenses, son regard avide tout entier tourné vers moi.

Cela n’est pas sans rappeler le travail du trépas, défini par de M’Uzan en 1976 comme une expérience relationnelle ultime dont l’avidité régressive est aussi positive qu’étrange [2]. Selon cet auteur, la conscience semble affectée, au seuil de la mort, par la loi d’intemporalité de l’inconscient : le Ça continue de désirer, avec l’agrément inattendu du Moi.

Mais ce dernier élan libidinal n’est possible que si le patient trouve un interlocuteur capable de l’accueillir : étant donné la solitude réelle dans laquelle Élodie a passé ses derniers jours, il n’est guère étonnant de constater que je représentais, moi-même, cette personne.

Ceux qui accompagnent des patients en fin de vie savent combien ceux-ci peuvent connaître l’issue prochaine et ne rien en savoir, en même temps ; croire, par moments, à la guérison, tout en étant désespérément lucides. Souvent éphé- mère, cet état d’inconscience permet de supporter l’insoute- nable, à la fois pour les patients et pour ses proches. Il arrive que des parents attendent jusqu’au bout le miracle qui gué- rira leur enfant, tout en sachant que celui-ci n’arrivera pas.

Bien sûr, leur réaction est défensive, mais ce clivage remplit la fonction première— et positive —des mécanismes de défense, à savoir celle d’éviter l’effondrement pour rester à l’écoute des derniers désirs de leur enfant.

Pour revenir à Élodie, la suspension de la conscience du temps limité de sa vie lui permettait de se détourner de la souffrance du corps, dans un mouvement labile de la pen- sée et de l’affect qui l’a conduite à s’interroger sur son futur métier.

C’était bien la première fois que l’adolescente évoquait son avenir, et j’ai été surprise de constater la labilité intem- porelle de son discours, labilité propre à l’adolescence et bien différente du fonctionnement psychique des enfants en période de latence. En effet, j’ai eu l’occasion d’accompa- gner, à cette même époque, plusieurs enfants en fin de vie, âgés de sept à dix ans, et j’ai été frappée de constater l’incidence du principe de réalité dans leur fonctionnement psychique. L’emprise de la réalité frustrante de la maladie et de l’hospitalisation, les sentiments de culpabilité—celle de décevoir les parents, celle de devoir abandonner leurs frères ou sœurs — prenaient le dessus sur la satisfaction de leurs propres désirs, ce qui peut expliquer, dans certains cas, l’apparition de réactions dépressives intenses.

Passagèreté, contre-transfert

Élodie a vécu les dernières heures de sa vie dans un autre temps, celui d’une vie adulte qu’elle ne connaîtrait jamais.

Mais, alors qu’elle projetait son désir dans le futur, mon écoute peinait à se départir du temps présent. Je garde encore en mémoire la difficulté que j’éprouvais à l’entendre parler de son avenir ; le jour de sa mort, j’ai tenu compagnie à Élodie pendant plusieurs heures et, malgré la difficulté à constater la dégradation de son état, l’essoufflement envahis- sant, la souffrance de son corps mourant, le moment où elle m’a fait part de ses projets professionnels a été pour moi le plus éprouvant : un décalage existait entre son discours intemporel et mes pensées tristement factuelles. Sa mort était devenue une évidence telle pour moi qu’elle en était presque réelle ; je m’attendais à la dégradation irrémédiable du corps et de l’esprit, et voici qu’un dernier élan pulsionnel ébranlait la logique rationnelle de ses paroles, remuant vivement mon contre-transfert.

Quelques semaines après le décès d’Élodie, alors que je réfléchissais à la tristesse de notre dernière rencontre, le sou- venir d’un texte de Freud s’est soudainement imposé à moi.

Il s’agit de ce court essai écrit en novembre 1915, que la dernière des traductions françaises a intitulé Passagèreté [6]. Freud y consigne les réflexions inspirées par une prome- nade faite en Allemagne en compagnie d’un « ami » et d’un

« poète », vraisemblablement Lou Andréas Salomé et Rainer Maria Rilke. Lors de cette promenade, l’essentiel de leur conversation porte sur la beauté du paysage qui les entoure et la pensée de sa caducité : si le jeune poète admirait la splendeur de la nature, son caractère éphémère le troublait.

Comment pouvons-nous nous réjouir de la beauté, se demandait-il, lorsque nous savons qu’elle est destinée à disparaître ?

Freud s’est employé avec ardeur à convaincre le poète de la thèse contraire : la limitation temporelle dans la possibilité de la jouissance ne peut qu’en augmenter le prix. Constatant que ses interlocuteurs n’étaient guère convaincus par son raisonnement, Freud est arrivé à la conclusion que la cadu- cité du beau donne lieu à deux motions animiques différen- tes, l’une étant le dégoût du monde, l’autre étant la révolte contre la factualité, due au désir d’éternité. Ainsi, l’attitude de ses amis a conduit Freud à avancer l’hypothèse suivante :

« La représentation que ce beau est passager donnait à ces deux êtres sensibles un avant-goût du deuil de sa disparition, et comme l’âme se retire instinctivement de tout ce qui est douloureux, ils sentaient leur jouissance du beau gâchée par la pensée de sa passagèreté » [6].

L’évocation des problématiques du deuil n’est point sur- prenante, puisque ce texte a été écrit quelques mois seule- ment après Deuil et mélancolie, dont la publication allait être plus tardive. L’argument selon lequel l’âme se retire

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instinctivement de tout ce qui est douloureux n’est pas, bien entendu, satisfaisant. Et Freud de relever lui-même la contra- diction entre cette idée et sa thèse sur le deuil, en affirmant peu après que le détachement de la libido de l’objet aimé est un processus fort difficile : la libido se cramponne à ses objets, ne veut pas abandonner ceux qui sont perdus, même lorsque le substitut se trouve disponible [6].

Quand la mort des jeunes patients vient à jamais interrom- pre la relation que nous avons pu nouer avec eux, notre tris- tesse révèle la douloureuse conscience de la caducité de la vie. Lorsque la séparation d’avec Élodie était imminente, quelque chose de cet avant-goût de sa disparition rendait difficile mon écoute librement associative. J’étais alors particulièrement attentive à la durée de nos rencontres, cherchant à accroître le temps de ma présence auprès d’elle, car je savais que sa vie allait, très vite, s’éteindre. Par la prolongation de la durée de nos échanges, je contournais, tant bien que mal, ma révolte silencieuse contre la caducité, non seulement celle de sa vie mais aussi celle de l’expérience que nous avions partagée ensemble.

Ma conscience de la fin imminente et de l’absurdité d’une vie si tôt éteinte m’empêchait l’écoute bienveillante de ce qu’Élodie avait à me dire ce jour-là. Ma tristesse n’était pas étrangère à la sensation de passagèreté évoquée par Freud, et je pense retrouver ici les deux attitudes citées plus haut : alors que j’adoptais la position du « poète » déçu, Élodie se révoltait contre la caducité grâce au désir d’immortalité.

Discussion

À l’évolution inexorable du corps mourant, Élodie a opposé une autre logique : celle d’un désir d’avenir méconnaissant les limites de l’espace et du temps. De par sa fonction défen- sive, son attitude apparaît au premier abord comme une solu- tion de repli face à l’angoisse de la mort, mais ce repli était, somme toute, bien relatif : il n’a point empêché l’investisse- ment de la relation d’objet, car malgré ses difficultés respi- ratoires, Élodie a communiqué avec moi dans un échange transférentiel des plus intenses. À suivre les hypothèses de Freud, les troubles corporels de l’adolescente auraient dû dissiper toute possibilité de transfert, conséquence du retrait narcissique propre à la maladie grave : selon Freud, le sujet douloureux cesse d’aimer aussi longtemps qu’il souffre [4].

Cette même logique apparaît dans Deuil et mélancolie, puisque Freud considère le deuil comme un état de retrait libidinal sur le Moi qui s’oppose aux relations avec le monde externe [5].

Or, de nombreuses observations de personnes en fin de vie, ainsi que les travaux du psychanalyste américain Kohut contredisent les hypothèses freudiennes : ils montrent que, loin d’être incompatibles, les investissements du Moi et de

l’Objet évoluent de manière parallèle et, dans la plupart des cas, sans conflit majeur [12]. Cette labilité de la libido, sa mobilité garante d’aller-retour permanents entre le sujet et les autres est particulièrement prégnante en période d’ado- lescence, où la préoccupation pour le propre corps, l’intérêt porté à ses changements multiples est contemporain d’expé- riences relationnelles intenses : ainsi d’Élodie et son avidité transférentielle.

C’est grâce à la souplesse de leur fonctionnement psy- chique que certains jeunes arrivent à ajourner, ne serait-ce que par courts moments, la menace dépressive, labilité affec- tive qui constitue l’une des spécificités de l’adolescent en fin de vie. Il n’est pas rare, en effet, de retrouver dans ces situations-limites des variations extrêmes de l’humeur ado- lescente, oscillant entre désir et désespoir, entrel’excès et le vide, pour reprendre la formulation de Gutton [8]. Parce que transitoires, l’illusion d’être guéri, l’espoir d’un avenir pos- sible côtoient des mouvements de désespoir intenses lorsque le jeune se confronte à l’épreuve de réalité.

Ces oscillations de l’humeur prennent un sens tout parti- culier au moment de la puberté, période pendant laquelle les mécanismes de clivage sont particulièrement prégnants. Les modifications biologiques et hormonales provoquent un afflux intense d’excitations sexuelles, face auxquelles le Moi se trouve provisoirement démuni. Fragilisé, il ne peut maîtriser les tensions grâce à l’activité de symbolisa- tion : à défaut de liaison opérante entre la pensée et l’affect, il en résulte un fonctionnement psychique clivé. D’une part, l’adolescent est en proie à un excès d’affects et de sen- sations nouvelles qui le submergent ; d’autre part, sa diffi- culté à penser, rêver ou fantasmer son vécu le plonge dans un vide psychique plus ou moins massif. Ainsi, en proie à des changements corporels rapides l’adolescent manifeste une prédisposition à fonctionner sous l’influence du quantitatif, clivé entre ses affects et ses pensées, provisoirement dépourvu du travail de représentation servant de modérateur aux excitations [9].

Si j’ai évoqué plus haut le clivage à l’œuvre dans les pensées d’Élodie à la toute fin de sa vie, il est évident que plusieurs aspects de son comportement en témoignaient, bien avant cette phase terminale. Elle était en permanence anxieuse, habitée par une angoisse qui se déchargeait dans le corps ; je pense ici à son étrange rictus, aux tremblements permanents de ses membres, à ses sensations d’oppression thoracique et, bien sûr, aux nausées et vomissements qui rythmaient son anorexie. Le corps remplissait chez la jeune fille le rôle d’un système de pare-excitations plus ou moins efficace, avec des contre-investissements somatiques per- mettant de décharger ce qui ne pouvait pas être dit, pensé.

Or, l’angoisse qu’Élodie n’a pu dire était, me semble-t-il, doublement déterminée. Bien sûr, la peur de la mort était tangible, justifiée non seulement par l’extrême gravité de son état mais aussi par la clairvoyance dont elle a toujours

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fait preuve. Pour autant, il est impossible d’isoler son angoisse du contexte affectif et familial qui était le sien : les problématiques affectives de sa puberté, l’absence criante de sa mère et le rapprochement du père lors des hospitalisa- tions ont fortement influencé les réactions de la jeune fille tout au long du traitement.

La mère d’Élodie a invoqué l’éloignement du domicile pour justifier son absence pendant de longs mois, les der- niers de la vie de sa fille. J’ai analysé ailleurs l’état de détresse due à l’absence maternelle prolongée chez des enfants gravement malades [1], mais ses effets peuvent être différents en période de puberté. Si elle n’a rien dit à propos de sa mère, Élodie avait pu souligner combien elle se sentait proche de son père, décrit comme un complice, seul ami capable de comprendre ses désirs, ses craintes. Incontesta- blement, l’absence de la mère conjuguée à l’hospitalisation prolongée ont favorisé l’investissement de la relation au père, non dénouée d’ambivalence.

En outre, l’adolescente semblait tirer bénéfice d’une situation dont la valeur incestueuse était indéniable. Elle idéalisait son père-complice, et manifestait sans ambigüité le désir de l’avoir en permanence auprès d’elle ; l’hospitali- sation prolongée permettait le rapprochement avec l’homme aimé, le partage d’une intimité physique et affective excep- tionnelle, sans commune mesure avec celle qui peut exister dans la vie courante. Le père semblait, à son tour, profiter d’une situation dont les avantages ne se limitaient certaine- ment pas à la fuite devant ses obligations professionnelles, mais correspondaient à la satisfaction de fantasmes inces- tueux plus ou moins inconscients.

S’il est courant de souligner la réactualisation des représen- tations incestueuses à la puberté, il est tout aussi opportun d’insister sur l’angoisse qu’elles suscitent chez l’adolescent, en raison de leur satisfaction possible et de l’interdit qui pèse sur celle-ci. Une importante énergie de contre-investissement sera donc mobilisée pour empêcher ces pensées d’émerger à la conscience [8]. Élodie en témoignait, à sa manière : son regard inquiet, son mutisme prolongé, ses troubles anorexi- ques manifestaient l’ambivalence à l’égard du père— à la fois aimé et redouté par sa dangereuse proximité — ainsi que les difficultés de l’adolescente dans le maniement de la distance à l’objet.

Le rapprochement incestueux du père était source d’angoisse pour Élodie dans la mesure où elle ne pouvait se séparer de lui ; oscillant entre le désir de rapprochement et la séparation nécessaire d’avec le père aimé, Élodie mani- festait une problématique pubertaire dont Gutton a signalé la force antiséparatrice. Alors que le mouvement de séparation est le propre de l’adolescence, le pubertaire symbolise le lien intense qui rapproche l’enfant du parent œdipien [9]. Un sentiment d’inquiétante étrangeté peut naître de cette rencon- tre entre le corps pubère et le parent incestueux, dont les symptômes d’Élodie se faisaient-ils écho.

Comme je l’ai décrit plus haut, l’angoisse d’Élodie a régressé lors des dernières heures de sa vie : bien sûr, elle était toujours présente, mais, sans la massivité défensive des mois précédents, elle permettait au Moi l’expression des désirs ultimes. Encore ici, la séparation d’avec le père a été doublement salutaire : libérée de l’objet incestueux aliénant, source d’angoisse et de refoulement des désirs, Élodie a pu exprimer ce qui l’animait intérieurement. Par ailleurs, l’absence du père a favorisé les retrouvailles imaginaires avec la mère, premier objet d’amour : tel que je l’ai décrit plus haut, j’avais adopté auprès d’Élodie une position que je pourrais qualifier de maternante, peut-être pour tenter de pallier inconsciemment à l’absence de la mère réelle. Les spécificités de mon attitude contre-transférentielle, la labilité du fonctionnement adolescent ont permis à Élodie l’investis- sement, au déclin de sa vie, d’un autre « secourable » rem- plissant la fonction deSelfobjetdécrite par Kohut : il s’agit d’une personne perçue par le sujet comme garant de sa survie physique ou psychique, capable de satisfaire ses besoins narcissiques [12].

Selon cette logique intersubjective, la dépression de certains adolescents gravement malades exprime, certes, l’angoisse de mort, mais aussi l’impossibilité de trouver un objet sur lequel leur désir de vie puisse s’étayer. Des enfants mourants confrontés à l’abandon d’un parent incapable de supporter la fin proche [1], des adolescents achevant leur vie dans la solitude rendent manifeste, par leur dépression, l’absence d’un autre qui supporte non seulement la vue de leur état dégradé, mais aussi l’intensité, en apparence délirante ou anachronique, de leurs derniers désirs.

Conclusions

Étant donné les changements du corps, rapides et doulou- reux, la fin de vie est peut-être la période la plus apte à mettre en lumière la manière dont la temporalité psychique se détourne des avatars de la réalité. C’est dire à quel point l’adolescent peut déjouer la souffrance corporelle pour lui opposer l’intemporalité de ses désirs, ce qui ne veut pas dire qu’il méconnaisse la gravité des enjeux : le savoir sur la mort à venir se transmet, consciemment ou inconsciemment, de l’équipe aux patients, des parents aux enfants, et cela de manière inévitable. Pourtant, là où la réalité du corps impose sa vérité définitive, certains jeunes parviennent à construire une nouvelle réalité, intemporelle et adaptée à leurs vœux intimes.

C’était le cas d’Élodie, qui a réussi à contourner la réalité écrasante du corps mourant grâce à la puissance intersubjec- tive de son désir, compris comme une énergie de vie portée vers l’autre, étayée par la présence indéfectible de l’objet. La valeur affective de ce lien ultime se retrouve autrement chez des adolescents en voie de rémission ou de guérison,

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lesquels éprouvent une certaine nostalgie des rapports parta- gés avec soignants et patients : ainsi, de ceux qui souhaite- raient « redevenir malades », seule façon pour eux de retrou- ver l’« intensité de relation » partagée tout au long du traitement [3]. Ces témoignages de jeunes ayant frôlé la mort sont d’autant plus précieux qu’ils montrent à quel point l’angoisse de la mort, même très intense, s’inscrit dans une véritable dynamique intersubjective.

Au-delà de l’expérience de la maladie grave, la question de la mort se situe au cœur de l’adolescence, indissociable du processus de subjectivation accompagnant le devenir adulte.

Selon Ladame, le jeune ne pourra investir sa vie d’une valeur positive sans avoir préalablement envisagé la possibilité de son terme, d’y mettre un terme [14]. Désirs de vie et de mort animent également l’adolescent mourant, labilité affective salutaire, mais dont l’ambivalence n’est pas aisée à entendre pour l’entourage. Lorsqu’un jeune meurt, la détresse, le sen- timent de révolte et d’injustice des proches et des soignants peut rendre difficile l’écoute de son dernier élan de vie : ma tristesse était intense face à l’imminence de la mort d’Élodie, même si j’ai pu garder d’elle le souvenir d’un être désirant.

Car un adolescent mourant est, avant tout, un jeune qui accomplit son destin de sujet, et cela jusqu’à son dernier souffle ; un jeune qui continue la traversée de son adoles- cence [16] dans la douleur et l’angoisse, mais aussi dans le tumulte des désirs qui ont donné, à sa vie, un sens.

Conflit d’intérêt :l’auteur déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt.

Références

1. Albarracin D (2009) Lenfant en fin de vie : enjeux de lintersub- jectivité. Rev Fr Psycho-Oncol 3:23240

2. de MUzan M (1976) Le Travail du trépas. In: De lart à la mort.

Itinéraire psychanalytique. Gallimard, Paris, 1977

3. Deslauriers G (1998) Environnement des soins et accompagne- ment familial à la fin de vie de ladolescent. Études sur la mort 113:4956

4. Freud S (1914) Pour introduire le narcissisme. In: La vie sexuelle. PUF, Paris, pp 81105

5. Freud S (1914) Deuil et mélancolie. In: Sigmund FreudŒuvres Complètes XIII, 1914–1915. PUF, Paris, 1988

6. Freud S (1915) Passagèreté. In: Sigmund FreudŒuvres Complè- tes, Psychanalyse, XIII, 19141915. PUF, Paris, pp 3258 7. Green A (1983) Narcissisme de vie, Narcissisme de mort. Ed. de

Minuit, Paris

8. Gutton P (1991) Le pubertaire. PUF, Paris

9. Gutton P (2003) Esquisse dune de la génitalité. Adolescence 21:217–48

10. INSEE (2009) Principales causes de décès des jeunes et des enfants. http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=

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11. Kaës R (2008) Définitions et approches du concept de lien.

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12. Kohut H (1971) Le Soi. PUF, Paris, 2004

13. Kübler-Ross E (1975) Les derniers instants de la vie. Ed. Labor et Fides, Genève

14. Ladame F (2011) Quelque chose de nouveau sous le soleil ? Adolescence 29, 2:2315

15. Morhain Y (2011) Ladolescent et la mort : approche psychana- lytique. InPress

16. Oppenheim D (1998) Les soignants mis à lépreuve par ladoles- cent(e) cancéreux. Études sur la mort 113:5765

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