IMAGES EN MÉDECINE D’URGENCE /IMAGES IN EMERGENCY MEDICINE
Pourquoi faire prier nos patients traumatisés de l ’ épaule ?
Why we should ask shoulder trauma patient to pray?
H. Lefort · R. Guiu · C. Astaud · J.-P. Tourtier
Reçu le 18 février 2013 ; accepté le 10 avril 2013
© SFMU et Springer-Verlag France 2013
Un gymnaste de 45 ans de bon niveau, sans antécédent, consulte aux urgences pour un traumatisme de l’épaule droite lors d’un mouvement contre résistance en abduction rotation externe de l’épaule. Il a ressenti une douleur brutale de la partie antérieure de l’épaule accompagnée d’un craque- ment avec impotence complète et immédiate.
L’examen clinique initial est difficile, sans déformation ou attitude vicieuse de l’épaule ou du bras à l’inspection.
La palpation montre une épaule globalement très sensible, œdématiée, sans point douloureux exquis. Le testing tendi-
neux est peu informatif car trop douloureux. Le bilan radio- graphique est normal (face 3 rotations/profil).
Une immobilisation de type Dujarier est prescrite avec un traitement antalgique. Le patient est réévalué cliniquement en consultation posturgence à un mois. L’inspection systé- matisée donne d’importants renseignements, particulière- ment lorsque le patient réalise la position dite « de la prière » : les mains jointes en contre-résistance (Fig. 1).
Cette position met en tension le muscle grand pectoral, rota- teur médial de la tête huméral et adducteur du bras. On décrit typiquement une anomalie du creux axillaire droit par rapport au gauche : abaissement de la limite inférieure de la paroi antérieure du creux axillaire, visualisation d’une corde axillaire antérieure avec modification du relief de la partie inférieure du grand pectoral, typique d’une lésion grave du tendon du muscle grand pectoral. Guiu et al. ont Fig. 1 Position « de la prière » révélant une rupture partielle du tendon du grand pectoral par modification d’aspect du creux axillaire (flèche blanche)
H. Lefort (*) · R. Guiu · C. Astaud · J.-P. Tourtier Service de santé et de secours médical,
brigade de sapeurs-pompiers de Paris, 3, rue Darmesteter, F-75013 Paris, France e-mail : hdlefort@gmail.com
Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:370-371 DOI 10.1007/s13341-013-0319-9
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schématisé les conséquences anatomocliniques de cette lésion [1]. Une inspection normale signe le caractère bénin de l’atteinte ou l’absence de lésion du tendon du grand pec- toral. Une IRM ou la réalisation d’une échographie par un praticien expérimenté confirment la lésion et permet d’éva- luer l’indication d’une réparation chirurgicale précoce en fonction du type de lésion, de l’âge et de la demande fonc- tionnelle du patient.
Les ruptures du tendon du grand pectoral passent souvent pour des subluxations glénohumérales. L’inspection du ten- don du grand pectoral par cette position simple doit être inclus dans l’examen systématisé de l’épaule en aigu même
si parfois le tableau algique rend sa réalisation difficile. En posturgence, sa réalisation permet d’évoquer le diagnostic rapidement, en limitant une palpation du creux axillaire dou- loureuse et peu spécifique. L’urgentiste en présence de ce signe clinique va demander au radiologue d’analyser le ten- don du grand pectoral.
Référence
1. Guiu R, Lefort H, Venturi C, et al (2012) Examen clinique des ruptures du muscle grand pectoral. J Trauma Sport 4:206–11
Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:370-371 371
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