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Impact de l'apparence dentaire sur l'appréciation de caractéristiques personnelles chez la personne âgée : aspects psychologiques et différences entre le 3ème et le 4ème âge

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Academic year: 2022

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Thesis

Reference

Impact de l'apparence dentaire sur l'appréciation de caractéristiques personnelles chez la personne âgée : aspects psychologiques et

différences entre le 3ème et le 4ème âge

DUVERNAY, Elena

Abstract

La plupart des prothèses amovibles pour personnes âgées ont une apparence dentaire standard bien qu'il soit techniquement possible de leur donner une apparence naturelle.

L'impact de différentes apparences dentaires (détériorée, naturelle et idéale) sur la perception de compétences chez la personne âgée est peu connu, notre étude à souhaité l'investiguer.

Les photos d'une femme âgée et d'un homme âgé ont été modifiées numériquement pour créer trois photos de chaque personne avec une apparence dentaire différente. Après acceptation du projet par le comité d'éthique et évaluation des questionnaires par un Focus Group, 120 personnes âgées et 120 jeunes ont participé à l'étude. Les résultats montrent que l'apparence dentaire chez la personne âgée a principalement un impact sur l'évaluation de la classe sociale et que les personnes du 3ème âge jugent favorablement l'apparence dentaire naturelle pour plusieurs compétences, contrairement à celles du 4ème âge qui semblent plus indifférentes à l'apparence dentaire.

DUVERNAY, Elena. Impact de l'apparence dentaire sur l'appréciation de

caractéristiques personnelles chez la personne âgée : aspects psychologiques et différences entre le 3ème et le 4ème âge . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2009, no.

Méd. dent. 679

URN : urn:nbn:ch:unige-46754

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:4675

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4675

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U NIVERSITÉ DE G ENÈVE F ACULTÉ DE MÉDECINE

Section de Médecine Dentaire Division de Gérodontologie

et de Prothèse Adjointe

Département de Réhabilitation et Gériatrie

Thèse préparée sous la direction des

Professeur Frauke Müller et Docteur François Herrmann, CC

Impact de l’apparence dentaire

sur l’appréciation de caractéristiques personnelles chez la personne âgée :

aspects psychologiques et différences entre le 3 ème et le 4 ème âge

THÈSE

présentée à la faculté de Médecine de l’Université de Genève

pour obtenir le grade de Docteur en médecine dentaire par

Elena DUVERNAY

de

Genève, Suisse

Thèse n° 679

Genève, 2009

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ii

Impact de l’apparence dentaire

sur l’appréciation de caractéristiques personnelles chez la personne âgée :

aspects psychologiques et différences entre le 3 ème et le 4 ème âge

Thèse préparée sous la direction des

Professeur Frauke Müller et Docteur François Herrmann, CC

*

La plupart des prothèses amovibles pour personnes âgées ont une apparence dentaire standard bien qu’il soit techniquement possible de leur donner une apparence naturelle.

L’impact de différentes apparences dentaires (détériorée, naturelle et idéale) sur la perception de compétences chez la personne âgée est peu connu, notre étude à souhaité l’investiguer.

Les photos d’une femme âgée et d’un homme âgé ont été modifiées numériquement pour créer trois photos de chaque personne avec une apparence dentaire différente. Après acceptation du projet par le comité d’éthique et évaluation des questionnaires par un Focus Group, 120 personnes âgées et 120 jeunes ont participé à l’étude. Les résultats montrent que l’apparence dentaire chez la personne âgée a principalement un impact sur l’évaluation de la classe sociale et que les personnes du 3ème âge jugent favorablement l’apparence dentaire naturelle pour plusieurs compétences, contrairement à celles du 4ème âge qui semblent plus indifférentes à l’apparence dentaire.

***

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iii

R ÉSUMÉ

Les personnes âgées constituent un groupe d’âge peu étudié en relation avec son apparence dentaire peut-être parce que l’évolution des mœurs des sociétés occidentales insiste plus que jamais sur l’apparente jeunesse qu’elle valorise avant tout. Cependant, il est indéniable que les technologies permettant de réaliser des prothèses dentaires ont fait des progrès considérables au fil du temps, spécialement durant le XXème siècle, et de la reconnaissance du métier de médecin-dentiste. Dès leur apparition, les dentiers ont servi à améliorer l’apparence plutôt qu’à soutenir les patients lors de la mastication, leur technologie étant peu au point. Plus tard, les techniques s’étant largement développées ainsi que les connaissances de l’anatomie buccale et dentaire, l’apparence des prothèses dentaires a pu aussi progresser jusqu’à permettre, de nos jours, de réaliser tous types d’apparences selon l’anatomie, la physionomie et les désirs du patient.

Cette étude a eu pour but de déterminer l’impact de trois apparences dentaires stéréotypées - détériorée, naturelle et idéale - sur l’appréciation de certaines caractéristiques personnelles chez la personne âgée. Ces données ont été corrélées avec différentes variables concernant les participants à l’étude - données sociodémographiques, qualité de vie… - afin d’observer l’existence d’un lien entre tous ces éléments et le jugement des caractéristiques. 240 personnes ont participé à l’étude, 120 personnes âgées dont 57 hommes et 63 femmes - moyenne d’âge 78,5 ± 9,4 ans (60 - 95 ans) - et 120 jeunes dont 54 hommes et 66 femmes - moyenne d’âge 24,9 ± 3,5 ans (20 - 31 ans). Pour réaliser les questionnaires, le visage de deux personnes âgées, une femme et un homme, a été pris en photo souriant et de face. Les visages ont ensuite été détourés leur ôtant ainsi les cheveux, les oreilles, le cou et les vêtements afin de minimiser les éléments susceptibles d’interférer dans le jugement des participants. Les dents originales ont ensuite été modifiées pour l’homme afin de leur donner un aspect détérioré. D’autres apparences dentaires ont été placées sur les deux visages afin d’obtenir, au final, trois photos de l’homme et trois photos de la femme ayant pour seule distinction une apparence dentaire différente : soit détériorée, soit naturelle soit idéale.

Les participants ont répondu, toujours dans le même ordre, à une série de questionnaires. Au début, ils n’étaient pas informés du but réel de l’étude. Le premier questionnaire portait sur l’état cognitif. Puis suivaient le questionnaire avec les photos et les caractéristiques à évaluer sur une échelle de 5 points Likert, celui visant à déterminer subjectivement l’état de santé, celui sur la qualité de vie en relation avec la condition buccale. Enfin, ceux crées par notre groupe de recherche, sur l’importance de l’apparence physique, dentaire et des trois partie du visage, celui sur le choix de l’apparence dentaire préférée sur les photos de l’homme et de la femme, celui sur des questions sociodémographiques, sur leur état de santé général et enfin sur leur qualité de vie. Deux Focus Groupes ont permis de tester, d’améliorer et de valider les questionnaires sur l’importance de l’apparence dentaire et physique.

Les résultats de notre étude sont très variés et complexes. En premier lieu, le jugement des compétences et de la classe sociale de l’homme et de la femme sur les photos est très similaire de la part des participants jeunes et âgés. En ce qui concerne le jugement de la classe sociale par tous les participants, celui-ci est meilleur de façon significative tant sur les photos de l’homme que sur celles de la femme, lorsque l’apparence dentaire s’améliore. Par ailleurs, l’apparence dentaire sur les photos a plus souvent une influence pour les personnes du 3ème âge que pour celles du 4ème âge lors du jugement de compétences et de la classe sociale. Et le jugement des participants du 3ème âge est souvent différent de celui des participants jeunes et du 4ème âge. Enfin, les personnes du 4ème âge attribuent parfois le meilleur score à la photo avec l’apparence dentaire détériorée. Les autres variables étudiées montrent peu d’influence.

Ainsi, notre étude a permis de mettre en évidence l’impact complexe de l’apparence dentaire sur la vie sociale des personnes âgées en relation avec leur entourage. L’impact plus précis de l’apparence dentaire ainsi que les techniques de réalisation des prothèses dentaires devraient bénéficier encore plus de l’attention de la profession.

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« Le ridicule, c’est qu’on cultive l’apparence à l’encontre d’autrui jusqu’à s’imaginer qu’elle est la vérité… »

Emmanuel Kant

"Tenez monsieur le baron, voici ce qu'il y a de mieux porté cette année ... cela mastique tout seul et continuellement."

"Continuellement ! ... alors je n'en veux pas ... on doit se ruiner en biftecks avec une mâchoire pareille !"

1

1 Illustration from Un mécanicien trop parfait by Honoré Daumier. (Image courtesy of National Library of Medicine.)(

http://wwwihm.nlm.nih.gov/cgi-bin/gw_44_3/chameleon)

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TABLE DES MATIÈRES

A INTRODUCTION ... A-1 A.1 Les personnes âgées : définition ... A-1 A.2 Aspect psychologique du vieillissement ... A-2

A.2.1 Tâches à accomplir pendant la vieillesse... A-2

A.2.2 Psychosociologie du vieillissement... A-2

A.2.3 Psychologie du vieillissement ... A-7

A.3 L’apparence physique ... A-11

A.3.1 Définitions... A-11

A.3.2 Composantes de l’apparence ... A-11

A.3.3 Rôle de l’apparence dans l’estime de soi : relation à soi ... A-12

A.3.4 Les rôles de l’apparence dans la relation aux autres ... A-13

A.3.5 La fonction de l’apparence ... A-13

A.3.6 Apparence et réalité : y a –t-il concordance ?... A-14

A.3.7 Impact de la beauté sur la perception de différentes caractéristiques... A-14

A.3.8 Impact de la beauté chez les personnes âgées ... A-17

A.4 L’apparence dentaire ... A-18

A.4.1 Peintures : impact de différentes apparences dentaires... A-18

A.4.2 Histoire de la dentisterie en prothèse amovible : aspect esthétique ... A-20

A.4.3 Impact de pratiques et coutumes sur l’apparence dentaire ... A-26

A.4.4 Importance de l’apparence dentaire aujourd’hui en occident ... A-29

A.5 Hypothèse et buts de l’étude ... A-38 B PARTICIPANTS, MATÉRIEL ET MÉTHODE ... B-39 B.1 Avis positif du comité d’éthique ... B-39 B.2 Recrutement des participants ... B-39

B.2.1 Critères d’inclusion ...B-39

B.2.2 Critères d’exclusion...B-39

B.2.3 Lettres de présentation de l’étude...B-40

B.2.4 « Information au patient » ...B-40

B.2.5 « Déclaration de consentement » ...B-40

B.2.6 Interview des personnes âgées...B-40

B.2.7 Interview des jeunes...B-41

B.3 Instruments, tests et questionnaires utilisés... B-42

B.3.1 Logiciel « Photoshop »...B-42

B.3.2 Photos de face de sujets âgés et caractéristiques évaluées...B-42

B.3.3 MMSE : Mini-Mental State (Annexe 11) ...B-46

B.3.4 MOS SF-12 version 1: Medical Outcome Study Short Form ...B-47

B.3.5 Apparence physique...B-48

B.3.6 OHIP-20 E : Oral Health Impact Profile-20 Edent...B-48

B.3.7 Apparence dentaire...B-48

B.3.8 Choix d’une apparence dentaire sur photo ...B-48

B.3.9 Situation de vie ...B-49

B.3.10 WHOQOL-old : World Health Organisation Quality Of Life - old questionnaireB-49

B.3.11 Autres questionnaires...B-50

B.4 Focus Group ou Groupe de convergence... B-50

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vi

B.5 Protocole ... B-51

B.5.1 Interview des personnes âgées...B-51 B.5.2 Interview des jeunes...B-51

B.6 Analyse statistique... B-52 C RÉSULTATS... C-53 C.1 Participants et déroulement ... C-53

C.1.1 Interviews ... C-53 C.1.2 Description des participants ... C-53 C.1.3 Apparence dentaire préférée des participants... C-55 C.1.4 Données spécifiques aux personnes âgées ... C-56

C.2 Hypothèse : L’apparence dentaire influence l’évaluation de certaines

caractéristiques personnelles : la compétence sociale, la compétence intellectuelle, la compétence psychosociale et la classe sociale, et ceci de façon distincte entre les personnes âgées et les jeunes ... C-57

C.2.1 Évaluation des compétences et de la classe sociale sur les photos de l’homme et de la femme en fonction de l’âge des participants... C-57 C.2.2 Évaluation par les participants âgés des compétences et de la classe sociale sur les photos de l’homme et de la femme en fonction de l’apparence dentaire ... C-58 C.2.3 Évaluation des personnes en fonction de leur apparence dentaire sur les photos et selon le groupe d’âge des participants... C-59 C.2.4 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence

dentaire sur les photos, l’âge et le niveau d’études des participants ... C-68 C.2.5 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence

dentaire sur les photos, l’âge et l‘évaluation subjective de la situation financière des participants ... C-70 C.2.6 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence

dentaire sur les photos, l’âge et l‘évaluation subjective de la santé psychologique des participants (MCS-12) ... C-71 C.2.7 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence

dentaire sur les photos, l’âge et la qualité de vie en relation avec la condition buccale des participants (OHIP-20 E) ... C-71 C.2.8 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence

dentaire sur les photos, l’âge des participants et l’apparence dentaire préférée par les participants pour eux-même... C-72 C.2.9 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence

dentaire sur les photos, l’âge des participants et l’importance accordée à l’apparence dentaire par les participants... C-74 C.2.10 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence dentaire sur les photos, l’âge et l’isolement social des participants ... C-75 C.2.11 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence dentaire sur les photos, l’âge et le sentiment de solitude des participants ... C-76 C.2.12 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence dentaire sur les photos, l’âge et la qualité de vie des participants (WHOQOL-old).... C-77 C.2.13 Corrélation entre l’évaluation des personnes en fonction de l’apparence dentaire sur les photos, l’âge et le sentiment des personnes âgées de contrôler leur vie

... C-78

C.2.14 Résumé sous forme de tableaux... C-78

C.2.15 Résumé des principaux résultats obtenus... C-82

(8)

vii

D DISCUSSION...D-83 D.1 Critique de la méthode...D-83

D.1.1 L’échantillon... D-83 D.1.2 Les photographies ... D-83 D.1.3 Les questionnaires... D-84 D.1.4 Les phénomènes psychologiques sources d’erreurs de perception ... D-85 D.1.5 L’examen clinique ... D-89 D.1.6 Nouveautés et pertinence de l’étude ... D-89

D.2 Interprétation des résultats...D-90

D.2.1 Influence de l’âge des participants sur l’évaluation des compétences et de la classe sociale des personnes sur les photos ... D-90 D.2.2 Influence de l’apparence dentaire sur le jugement de la classe sociale des personnes sur les photos... D-90 D.2.3 Influence de l’âge des participants sur l’évaluation des compétences et de la classe sociale selon l’apparence dentaire sur les photos des personnes ... D-90 D.2.4 Influence du niveau d’études des participants (situation de vie) ... D-93 D.2.5 Influence de la situation financière subjective (situation de vie)... D-94 D.2.6 Influence de la santé psychologique subjective (MCS-12 / SF-12) ... D-95 D.2.7 Influence de la qualité de vie en relation avec la condition buccale des

participants (OHIP-20 E)... D-95 D.2.8 Influence sur l’évaluation des compétences et de la classe sociale de l’homme sur les photos, de l’apparence dentaire préférée sur les photos de l’homme par les participants pour eux-mêmes (choix des photos)... D-96 D.2.9 Influence sur l’évaluation des compétences et de la classe sociale de la femme sur les photos, de l’apparence dentaire préférée sur les photos de la femme par les participants pour eux-même (choix des photos) ... D-98 D.2.10 Influence de l’importance accordée par les participants à leur apparence dentaire (apparence dentaire) ... D-100 D.2.11 Influence de l’isolement des participants (situation de vie) ... D-101 D.2.12 Influence du sentiment de solitude des participants (situation de vie) ... D-101 D.2.13 Influence de la qualité de vie des participants (WHOQOL-old) ... D-101 D.2.14 Influence du sentiment de contrôler sa vie des participants (situation de vie) ....

... D-102

D.3 Relevance clinique...D-103 E CONCLUSIONS... E-104 F BIBLIOGRAPHIE ... F-105 G INDEX DES GRAPHIQUES DES RÉSULTATS ... G-118 H ANNEXES ...H-119

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A-1

A INTRODUCTION

En quoi l’apparence dentaire peut-elle influer sur la perception de certaines caractéristiques personnelles et quels sont les éléments psychologiques en jeu lors de ce jugement ?

L’introduction va poser le décor de la thèse et de l’étude qui lui a donné vie. En premier lieu, la population cible, les personnes âgées, sera présentée. Ensuite, quelques notions de psychologie et de psychologie sociale utilisées dans l’étude et dans la discussion seront abordées. Puis, le sujet des apparences sera présenté brièvement, d’abord de façon générale et plus précisément, en ce qui a trait aux dents.

A.1 L ES PERSONNES ÂGÉES : DÉFINITION

Le vieillissement actuel de la population mondiale est un fait avéré et très étudié, notamment par les Nations Unies qui ont constaté un accroissement marquant, depuis 1950, de la population dite âgée, c’est-à-dire de 60 ans et plus. Les dernières études menées par la Division de la population des Nations Unies a donné lieu au World Population Ageing 20072 qui prédit que, au niveau mondial, la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus pourrait passer de 11% en 2007 à 22% en 2050. Il prévoit également que, dans les régions développées, cette proportion pourrait aller de une pour cinq en l’an 2000 à une pour trois en l’an 2050, avec un nombre de jeunes inférieur aux nombre de personnes âgées pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Cette augmentation spectaculaire et inédite de la population âgée dans les pays industrialisés a déjà et continuera d’avoir des conséquences multiples et variées pour nos sociétés, par exemple au niveau politique ou social, ce qui incite les chercheurs à se pencher de plus près sur les différents effets de ce changement majeur. Parmi les éléments étudiés, nous trouvons tout ce qui a trait à la qualité de vie des personnes âgées et plus spécifiquement à leur apparence physique. Foucart (2003) souligne que l’« altération des traits physiques » est un des facteurs matériels composant le vieillissement. L’apparence physique fait donc partie intégrante des changements qu’implique la vieillesse. La limite d’âge inférieure préconisant l’inclusion d’une personne dans la catégorie « personnes âgées » varie de 60 à 65 ans selon les sources et ne donne pas de limite d’âge supérieure. Pour l’OMS et les Nations Unies, c’est l’âge de 60 ans qui détermine l’entrée dans la vieillesse tandis que l’apparition d’un handicap induit l’entrée dans le quatrième âge. Selon Henrard (1997), il est très difficile de donner une définition exacte de la vieillesse tant elle varie avec les époques et les cultures. Il constate cependant que l’âge de 60 ans est retenu en France mais que la plupart des autres pays européens propose l’âge de 65 ans comme seuil d’entrée dans la vieillesse. Il décrit ensuite une subdivision supplémentaire de cette catégorie d’âge, subdivision née du fait de l’importance de ce groupe d’âge mais aussi à cause de l’existence des personnes âgées actives et en bonne santé par opposition aux personnes plus âgées qui sont souvent malades et inactives. Ainsi pouvons-nous distinguer, d’après lui et en écho avec l’OMS, le troisième âge (« âgés du 3ème âge ») de 60 à 75 ou 85 ans, et le quatrième âge (« âgés du 4ème âge ») de 75 ou 85 ans et plus, selon les sources de classification. Encore une fois, cette subdivision ne décrit pas de catégories fermement délimitées mais a pour avantage de reconnaître au moins leurs deux existences distinctes, même si elle est sujette à controverse. Pour cette étude, il a été décidé de considérer que l’âge de 60 ans déterminait l’entrée dans la catégorie des personnes âgées et aucune limite supérieure d’âge n’a été fixée.

2 http://www.un.org/esa/population/publications/WPA2007/wpp2007.htm

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A-2

A.2 A SPECT PSYCHOLOGIQUE DU VIEILLISSEMENT

L’étude ayant pour but d’établir le lien entre la santé psychologique des participants et l’impact qu’une apparence dentaire a eue sur leur perception de caractéristiques personnelles, le premier chapitre de cette thèse est consacrée à l’aspect psychologique des participants. La psychologie du vieillissement peut être définie comme une tentative de compréhension des interprétations et constructions spécifiques du vieillissement dans leurs aspects psychiques et comportementaux, le vieillissement étant entendu comme faisant partie du processus de la vie.

D’un autre côté, la psychosociologie du vieillissement, en tant que branche de la psychologie sociale, resitue la personne âgée dans son contexte social.

A.2.1 Tâches à accomplir pendant la vieillesse

Peck (1955, cité par Pleau, 2004) décrit les trois tâches que les personnes ayant atteint l’âge de la retraite doivent accomplir pour s’adapter au mieux à la dernière étape de leur vie. La première concerne la fin de la vie professionnelle et s’intitule la « différenciation du moi ». Elle consiste, pour la personne, à redéfinir son rôle social en dehors de tout travail. La deuxième tâche, le « dépassement du corps », suggère qu’il est nécessaire, pour toute personne vieillissante, de chercher de nouvelles joies en investissant préférentiellement les compétences sociales et intellectuelles. Cela passe par l’acceptation du déclin physique et le dépassement de l’intérêt accordé au corps et au bien-être physique. La troisième tâche est, selon Peck, la plus ardue et la plus importante. Elle s’appelle le « dépassement du moi » et postule que l’aîné doit parvenir à désinvestir sa propre personne et sa vie afin de se préparer à la mort. La deuxième tâche inclut tout ce qui a trait à l’apparence et il est important d’en mesurer la portée dans le cadre de cette étude. En effet, elle semble en contradiction avec le sujet de l’étude mais, en réalité, désinvestir les préoccupations relatives au corps ne signifie aucunement ne plus se soucier ou ne plus se préoccuper de son corps ni de son apparence. La nuance subtile mais essentielle repose sur l’importance accordée au corps, à l’investissement qui devrait être raisonnable et réaliste, donc ni trop faible ni exagérée. Généralement, les trois tâches essentielles pour aborder la dernière période de la vie dans les meilleures conditions ne sont pas faciles à mettre en œuvre à cause des différents problèmes explicités ci-dessous.

A.2.2 Psychosociologie du vieillissement

A.2.2.1 Apport de la psychologie sociale ou psychosociologie

« La psychologie sociale est le domaine d’étude scientifique qui analyse la façon par laquelle nos pensées, sentiments et comportements sont influencés par la présence imaginaire, implicite ou explicite des autres, par leurs caractéristiques et par les divers stimuli sociaux qui nous entourent, et qui de plus examine comment nos propres composantes psychologiques et biologiques personnelles influent sur notre comportement social.» ou encore « La psychologie sociale est l'étude scientifique de la façon dont les gens se perçoivent, s'influencent et entrent en relation les uns avec les autres ».3

La psychologie sociale s’intéresse donc aux conduites de chacun lorsqu’il est dans un groupe et considère que des éléments psychologiques individuels, comme la personnalité, peuvent parfois être supplantés par des réalités liées à la sociabilité. Le contexte social et situationnel est donc essentiel pour comprendre les comportements. L’intérêt pour cette étude consiste à prendre en compte des phénomènes en lien avec ce contexte et qui influencent la perception lors d’un jugement. Les chapitres suivants présenteront certains éléments de psychologie sociale intervenant dans l’étude.

3 Vallerand, 1994 et Myers & Lamarche, 1992 cités sur http://www.psychologie- sociale.org/discipline.php?categorie=%27Definition%27

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A-3

A.2.2.2 Stéréotypes et préjugés entourant la vieillesse A.2.2.2.1 Stéréotypes

« Nous nous faisons à propos de certaines catégories de personnes des images simplificatrices et généralisantes qui produisent des distorsions de jugement qui s'accompagnent de sentiments plus ou moins négatifs vis-à-vis de leur objet et qui sont susceptibles d'influencer notre comportement. Ces images sont appelées stéréotypes ».4

Les stéréotypes sont donc plusieurs choses à la fois : ce sont des généralisations simplifiées appliquées à un groupe entier de personnes sans tenir compte des distinctions individuelles ; ce sont aussi des images figées, proches des croyances, et des simplifications de la réalité. Ils influencent la façon dont nous traitons les informations sociales, et ceci de trois manières différentes : en dirigeant l’attention et en poussant à négliger des informations (nous voyons ce que nous désirons voir), en guidant l’interprétation (nous comprenons ce que nous souhaitons comprendre) et en permettant une sélection du connu grâce au stéréotype au niveau de la mémoire (nous retenons ce que nous savons déjà). Les stéréotypes sont à l’origine de la catégorisation car bien fréquemment les traits censés être spécifiques à une catégorie sont issus des stéréotypes qui sont véhiculés à propos de cette même catégorie. Les stéréotypes visent souvent à légitimer l’attitude d’un groupe vis-à-vis d’un autre groupe.

Les effets des stéréotypes peuvent être positifs et négatifs. Positifs car, de part leur propriété simplificatrice, ils permettent à l’individu d’agir de façon économique et parfois d’anticiper une réaction ; négatifs car ils peuvent mener à une discrimination. Certains stéréotypes peuvent paraître positifs au premier abord mais expriment en réalité une généralisation abusive qui nie l’individualité et l’unicité d’un être.

Beaucoup de stéréotypes entourent les personnes âgées et la vieillesse et ont tendance à se propager et à persister avec l’évolution de nos sociétés occidentales (Cuddy, Norton & Fiske, 2005). Parmi ceux-ci, nous trouvons autant de stéréotypes négatifs que positifs (Kite & al., 2005).

Par exemple, on peut entendre les stéréotypes positifs suivants : « Les vieux sont sages, calmes, responsables… » ; et les stéréotypes négatifs suivant « Les vieux sont laids, déments, inutiles, asexuels, pauvres, isolés, dépressifs… ». Les stéréotypes entourant la vieillesse reflètent ainsi souvent l’inutilité, la maladie, la souffrance, toutes ces choses que la population en général, y compris les personnes âgées elles-mêmes (Perrig-Chiello, 2001), s’évertue constamment d’ignorer et de repousser le plus loin possible de leur conscience. Il faut cependant savoir que ces stéréotypes négatifs entourant les personnes âgées sont à situer dans nos sociétés occidentales contemporaines. En effet, la perception de la vieillesse est très différente si l’on se place sur un autre continent ou en d’autres temps. Par exemple, certaines sociétés traditionnelles voient le vieux comme un être appartenant au groupe, veillant sur celui-ci, en état de passage, de vie à trépas, et passant du statut de sage à celui d’ancêtre (Rosay, 2004). Ainsi, les relations entre le groupe et les personnes âgées sont empreintes autant de crainte que de respect et les vieux ont leur rôle au sein de la famille, entre autre pour s’occuper des petits. En Afrique, les vieux sont considérés comme ayant tout le savoir et leur mort représente une perte immense pour le groupe (Rosay, 2004).

Les stéréotypes négatifs menacent l’identité et peuvent aussi induire un comportement négatif en ayant une influence sur les performances, par exemple intellectuelles (Steele, 1997 ; Steele &

Aronson, 1995), de nombreux groupes : c’est la « menace du stéréotype » qui s’exprimera à travers la prophétie auto-réalisatrice. La véracité des stéréotypes ne s’appuie sur aucune connaissance scientifique. En effet, certaines études ont montré que la conception classique voulant que le vieillissement entraîne nécessairement un déclin cognitif progressif et inévitable chez tous les individus peut sérieusement être remise en question et qu’un mode de vie actif accompagné d’une stimulation cognitive soutenue favorise le maintien des performances

4 Lippman, 1922 cité sur http://isabellesamyn.e-monsite.com/rubrique,perception-des-groupes,1012559.html

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A-4

cognitives (Bherer, 2005). C’est Merton (1948) qui développe le premier la notion de « menace du stéréotype » qu’il présente ainsi :

« C’est, au début, une définition fausse de la situation qui provoque un comportement qui fait que cette définition initialement fausse devient vraie. »

Un exemple de cette prophétie est l’effet Pygmalion mis en évidence par Rosenthal & Jacobson (Dantier, 2007) et qui décrit la tendance d’un individu à s'ajuster à la perception qu'il a des attentes d'autrui à son égard : c’est le fait de créer chez les autres ce que l'on attend d'eux.

Leyens (2000), quant à lui, a émis l’hypothèse suivante : le stéréotype lui-même, donc la

« réputation » dont les groupes font l’objet, aurait un effet direct sur les performances du groupe spécialement quand il est rendu proéminent, activé. Ou encore, si on le formule différemment, dans toute situation où un stéréotype pourrait être appliqué à une personne, c’est-à-dire qu’il pourrait expliquer un comportement ou justifier une performance, bonne ou mauvaise, la personne qui est visée par ce stéréotype, et qui le sait, va ressentir une pression. La crainte de voir son comportement ou sa prouesse unique interprétée en fonction de ce stéréotype dans le déni de ses caractéristiques individuelles, va, de manière inconsciente et involontaire, modifier son comportement de façon à valider cette mauvaise réputation et ainsi concourir au maintien des inégalités sociales. Les membres des catégories sociales stigmatisées, comme par exemple les personnes âgées, peuvent être amenés à désinvestir les domaines d’application du stéréotype.

D’après Steele (1997), les caractéristiques de la menace du stéréotype sont les suivantes :

C’est une menace qui affecte n’importe quel groupe social dont les membres sont la cible d’un stéréotype négatif qu’ils connaissent en majorité

Cette menace peut être déclenchée lorsqu’un membre du groupe craint de se voir juger en fonction du stéréotype négatif

L’effet de la menace du stéréotype semble indépendante de la croyance qu’aurait la personne cible du stéréotype à propos de la validité de ce dernier concernant son groupe ou elle-même L’importance accordée par les individus au domaine sur lequel porte le stéréotype va moduler

l’impact de la menace de ce dernier sur les performances

Les stéréotypes agissent aussi sur les conduites qu’une personne aura face à une personne appartenant à un groupe pour lequel un stéréotype pourra s’activer. Ce phénomène est la plupart du temps inconscient et semble dû à la superposition, dans le cerveau, de deux zones s’activant au même instant dans ce genre de situation, la première utile pour imaginer et nous représenter des comportements, et la deuxième nous servant à fabriquer des comportements5. Différentes stratégies ont été proposées pour amoindrir les effets de cette menace. Par exemple, le fait de diminuer, dans une situation, la possibilité d’être jugé en fonction du stéréotype négatif craint peut diminuer la pression ressentie et son impact sur les performances.

Par contre, il semble inutile, dans le but d’infirmer un stéréotype largement répandu, de tenter d’améliorer les performances car cet effort devrait être répété dans chaque situation.

A.2.2.2.2 Préjugés

Un préjugé, c’est l’« attitude de l’individu comportant une dimension évaluative, souvent négative, à l’égard de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance sociale. C‘est donc une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale ». « C‘est donc une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale. »6

5 Légal, 2005 Effets non conscients des stéréotypes sur le comportement et les performances http://www.prejuges- stereotypes.net/espaceDocumentaire/legal.pdf

6 Fisher, 1987 sur http://www.psychoweb.fr/articles/psychologie-sociale/123-stereotypes-definition-et-caracterist.html

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A-5

Le mot préjuger signifie « juger avant ». C’est porter un jugement de valeur. Avoir, des préjugés, c’est formuler un jugement inconsidéré et définitif sur un individu ou un groupe d’individus sans le connaître suffisamment. Un préjugé se fonde toujours sur un stéréotype, c’est une idée préconçue sur une personne ou un groupe de personnes, c’est une représentation construite à partir d’éléments existants mais interprétés ou encore une attitude défavorable envers une ou plusieurs personnes à cause de leur appartenance à un groupe particulier. Il est subjectif, vient du domaine des émotions, porte souvent une lourde charge affective et de l’hostilité et a souvent été imposé par l’entourage ou par l’éducation. Il est, en ce sens, plutôt personnel et normatif. C’est la peur qui se cache derrière les préjugés, la peur de l’autre, de l’inconnu, de tout ce qui pourrait menacer sa propre identité, ses certitudes, son territoire. À cette peur s’ajoute les normes des groupes d’appartenance qui entretiennent implicitement les préjugés.

Leur utilisation est fortement conseillée dans le but de conforter cette appartenance par l’approbation du groupe. L’opinion ou le jugement personnel sont ainsi interdits au profit des préjugés qui sont plus unificateurs : un rejet éventuel du groupe peut ainsi être évité. Stéréotypes et préjugés induisent la stigmatisation.

A.2.2.3 Stigmatisation des personnes âgées

La stigmatisation est « une marque de honte, de disgrâce, de désapprobation conduisant un individu à être évité et rejeté par les autres. » ; une « parole ou action menant à transformer une déficience, une incapacité ou un handicap en une marque négative pour la personne. »7

Rogel (1997) rappelle que Goffman a été le premier à développer la notion de stigmatisation à partir de celle de stigmate. Selon lui, le stigmate correspond à toute caractéristique propre à l’individu qui, si elle est connue, le discrédite aux yeux des autres ou le fait passer pour une personne d’un statut moindre. Il distingue trois grandes catégories de stigmates :

Les stigmates corporels : obésité, handicap physique…

Les stigmates en lien avec la personnalité ou le passé : homosexualité, prison, chômage…

Les stigmates « tribaux » : race, religion, nationalité…

Ces stigmates peuvent être visibles, l’individu est discrédité, ou invisibles, l’individu est alors discréditable. Le comportement et les tactiques pour ne pas subir les effets de cette stigmatisation sont variés et dépendent autant du type de stigmatisation que de la personnalité de la personne stigmatisée (Rogel, 1997). Les personnes âgées, elles, sont victimes de deux types de stigmates : les stigmates physiques et corporels à cause de leur dégradation physique (rides, dos voûté, peau fripée, cheveux blancs, perte des dents, handicap…) et les stigmates en lien avec la personnalité et l’âge plus spécifiquement. Ces stigmates symbolisent la souffrance et la mort. Elle peut induire la honte chez les personnes âgées (Pellerin, 2005). La stigmatisation résulte de l’attribution d’une étiquette sociale et conduit à la discrimination, à la condamnation et au blâme.

A.2.2.4 L’âgisme : discrimination des personnes âgées

L’image de la vieillesse est une construction sociale (Foucart, 2003) et notre société occidentale moderne véhicule, à travers les stéréotypes, les préjugés et la stigmatisation, une image négative récurrente de cette période de la vie, ce depuis la révolution industrielle et l’avènement de la presse d’imprimerie qui ont exigé plus de mobilité et, en général, plus de qualités possédées par les jeunes (Nelson, 2005). La jeunesse, la force, la beauté, la compétitivité et l’efficacité sont, depuis, valorisées au détriment de la vieillesse. C’est en faisant le constat de l’importance des préjugés défavorables entourant la vieillesse que Butler (1990) a

7 OMS, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs218/fr

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créé le terme d’ « âgisme » en 1969. Aujourd’hui, il est utilisé indépendamment de l’âge des victimes et est étudié pour ses conséquences (Kite & al., 2005). Il qualifie, selon l’Observatoire de l’âgisme, « toutes les formes de discrimination, de ségrégation, de mépris fondées sur l’âge »8.

La discrimination est un comportement qui mésestime un groupe ou une personne, le marginalise, l’évite, l’humilie, le boycotte, le menace, le rejette à cause d’une caractéristique particulière. Parfois, elle peut être positive et induire un favoritisme. Il arrive également que l’âgisme se manifeste par une attitude en apparence positive mais qui au fond est influencée par des stéréotypes entourant les personnes âgées, par exemple lorsqu’un jeune parle avec une personne âgée soit en employant un ton excessivement poli, en haussant la voix et en parlant de façon démesurément lente, dans un mouvement de suradaptation, ou alors lorsque le jeune emploie un langage de « bébé » (Nelson, 2005).

A.2.2.5 Conséquences possible de l’âgisme

L’âge est un facteur aggravant d’exclusion en soi (Puijalon & Mestas, 2005) auquel peut venir s’ajouter l’âgisme. Ce dernier affecte les personnes âgées dans leur ensemble, bien qu’il semble toucher plus les femmes et plus tôt que les hommes (Perrig-Chiello, 2001) et peut induire de la maltraitance (Nelson, 2005), une exclusion, un isolement, un bannissement voire même une diminution de la perception subjective de la santé (Macia, 2007). Le sentiment de solitude peut alors leur faire adopter un comportement conformiste afin d’espérer un processus d’intégration et éviter une dépression, fréquente chez les personnes âgées et cause importante de négligence de soi (McKnight, 2001), voire un désir de suicide. La particularité de la dépression chez la personne âgée est qu’elle peut passer inaperçue, tant aux yeux de la personne âgée elle-même qu’auprès de son entourage, car confondue, de façon erronée, avec la vieillesse elle-même. Son diagnostic peut aussi être rendu difficile à cause de l’isolement de l’individu. La personne âgée peut, ayant elle-même intégré les stéréotypes et préjugés concernant la vieillesse, se sentir dans un état normal pour son âge. Elle peut aussi s’en vouloir et incriminer sa faiblesse de caractère, ou sentir que le sens de sa souffrance lui échappe, ou encore se taire par pudeur. Du côté de l’entourage, également victime de ses représentations sociales, la famille et les amis peuvent penser que la dépression fait partie intégrante de la vieillesse et ne pas s’alarmer outre mesure d’un comportement de repli sur soi ou de tristesse de la personne âgée. Par ailleurs, les signes manifestant cette dépression sont particuliers, comme par exemple l’absence de tristesse, la somatisation, l’anxiété, l’agitation ou encore les troubles de mémoire (Pleau, 2004). En ce qui concerne le suicide, la population âgée suisse est particulièrement concernée en raison de son taux élevé9. Un des dangers majeurs de toute dépression est le passage à l’acte conduisant au suicide et les personnes âgées représentent une population véritablement à risque. Différentes raisons poussent les personnes âgées à mettre fin à leurs jours, comme par exemple la perte d’autonomie, la perte du conjoint ou la peur d’entrer dans une institution. Le désir de suicide existe si bien que deux associations suisses sujettes à controverses,

« Exit » et « Dignitas », proposent une aide au suicide pour les personnes désespérées et en grande souffrance avec comme souci premier la dignité des individus faisant appel à leurs services ainsi qu’un esprit de solidarité face à la souffrance.

A.2.2.6 Comment lutter contre l’âgisme ? Quelques pistes…

Il arrive que l’âgisme incite les personnes âgées à lutter contre le vieillissement : c’est le jeunisme.

Ce mythe pousse les personnes vieillissantes à vouloir garder une apparente jeunesse grâce à divers traitements et soins cosmétiques (Graham & Kligman, 1985) et/ou esthétiques. À ce sujet, Philibert (1977) dénonce la lutte contre le vieillissement symbolisée par la chirurgie esthétique ou encore à l’adoption d’une hygiène de vie irréprochable. Selon lui, il ne faut pas mélanger désir de s’entretenir afin de prévenir la détérioration de la santé et de l’apparence et envie de

8 http://www.agisme.fr/spip.php?article10

9 http://www.stopsuicide.ch/sources/stats/stats_oms-ch.pdf

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A-7

continuer à paraître jeune à tout prix. Il lui semble essentiel de voir la vieillesse en face, telle qu’elle est, avec ses apports mais aussi ses pertes afin de pouvoir l’accueillir et la vivre pleinement en continuant, pourquoi pas, à avoir des projets. La lutte contre le vieillissement, en réalité due à la peur sous-jacente de tout ce qu’elle représente, n’entretient, au contraire, que vaines illusions et ne peut aboutir qu’au désespoir.

Malgré que certaines personnes âgées aient des souffrances psychologiques évidentes, peu parmi elles bénéficient d’un soutien psychologique. Une des raisons en est que la dépression est souvent confondue avec une démence et ainsi sous diagnostiquée (Groulx, 2000). Mais une fois les difficultés psychologiques reconnues et identifiées, les personnes âgées, à l’instar des jeunes, font aussi appel aux services de professionnels. À ce propos, Knight (1989, cité par Pleau, 2004) insiste sur l’importance de la spécificité de la formation du psychologue pour personnes âgées.

Selon lui, il doit ressentir un réel intérêt pour la personne vieillissante, il doit aussi se départir des stéréotypes souvent véhiculés à leur propos et enfin il lui faudra parvenir à maîtriser ses propres angoisses de mort et l’anxiété de voir en l’aîné souffrant une image de sa vieillesse à venir.

Pendant la psychothérapie, on constate un intérêt accru pour l’introspection et la recherche de sens à la vie. Certains objectifs de la psychothérapie seront spécifiques aux personnes âgées. Un des plus importants sera de restaurer une image positive, une estime de soi et une identité en luttant contre les dévalorisations liées au vieillissement (Pléau, 2004 ; Colpé, 2007). Puis, une aide à l’optimisation des capacités résiduelles permettant un maintien ou une amélioration de la qualité de vie sera mise en œuvre. Il semble également que les images personnelles positives liées aux personnes âgées présentes dans l’entourage d’une personne ont pour effet de diminuer le rôle des stéréotypes et des préjugés à propos de la vieillesse (Coudin & Beaufils, 1997).

A.2.3 Psychologie du vieillissement

Certains critères permettent d’apprécier la santé psychologique d’une personne. Parmi ceux-ci, l’état de santé mentale, le sentiment de contrôler sa vie et sa destinée, l’isolement social et le sentiment de solitude, la qualité de vie, l’estime de soi et la dépression en sont de bons témoins.

Ces deux dernières variables ne sont pas étudiées dans l’étude mais serviront dans la discussion.

A.2.3.1 La santé mentale

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ».

C’est cette définition de la santé que l’OMS10 a retenu, approuvée par 191 états membres, en 1948. En ce qui concerne plus spécifiquement la santé mentale, l’OMS11 dit:

« Il s'agit d'un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté. » et que « une personne en bonne santé mentale est une personne capable de s'adapter aux diverses situations de la vie, faites de frustrations et de joies, de moments difficiles à traverser ou de problèmes à résoudre. »

Cette définition de la santé mentale date d’une vingtaine d’années seulement et s’oppose à la notion de maladie mentale qui définit les pathologies psychologiques telles que classifiées dans le DSM-IV12 et le CIM-913. Ainsi, l’aspect psychologique d’une personne peut être considéré

10 OMS : Organisation Mondiale de la Santé

11 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs220/fr/)

12 Diagnostic Symptom Manual-IV, American Psychiatric Association, 1994

13 Classification Internationale des Maladies, 9ème version, OMS, 1993

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A-8

depuis son axe négatif, donc du point de vue de la maladie mentale et de la détresse émotionnelle, et depuis son axe positif, c’est-à-dire du point de vue de la santé mentale (Drapeau, Rousseau & Boivin, 2002). Par ailleurs, la santé mentale se définit par ses deux composantes : c’est une ressource personnelle qui permet à un individu de déchiffrer son environnement socioculturel et d’y évoluer avec un certain bien-être mais c’est aussi une ressource collective qui contribue à créer une dynamique sociale saine et stimulante (Drapeau

& al., 2002). Une bonne santé mentale permet donc à une personne d’avoir suffisamment confiance en elle pour s’adapter à une situation qu’elle ne peut modifier ou pour faire ce qu’elle peut pour la changer si cela est possible. Les blessures anciennes et les peurs ne viennent plus contaminer son présent et fausser sa perception du monde et le plaisir est là lors des relations avec les autres.

A.2.3.2 L’estime de soi

Figure 1 : Pyramide des besoins selon Maslow A.H.

L’estime de soi est une dimension essentielle de la personnalité et le regard-jugement que l’on porte sur soi est vital pour l’équilibre psychologique de chacun. Il s’appuie sur l’impression d’être utile et d’avoir de la valeur. Si l’estime de soi est plutôt négative, elle est source de souffrance tandis que si elle est positive, elle participe au bien-être général. Mais qu’en est-il réellement de ce concept d’estime de soi ? La diversité des définitions suivantes va nous donner un aperçu de sa complexité :

Louart (2003) cite l’estime de soi comme faisant partie des besoins référencés par Maslow, ce dernier pensant que l'estime de soi correspond à un double besoin pour l'individu : se sentir compétent et être reconnu par autrui. Maslow14, psychologue humaniste américain a, par ailleurs, établi une hiérarchisation des besoins de l’être humain sous forme de pyramide (Fig. 1) : cette configuration non anodine choisie pour représenter ces besoins vise à montrer la nécessité d’avoir le besoin inférieur de la pyramide satisfait avant de penser à combler celui du dessus

14 http://webspace.ship.edu/cgboer/maslow.html

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A-9

ainsi qu’à souligner l’importance des besoins primaires pour vivre, tout simplement. D’après Maslow, l’estime de soi n’est pas un besoin prioritaire bien qu’il fasse partie des besoins nécessaires à l’épanouissement d’un être humain.

D’après Leary (1999), l’estime de soi serait un baromètre de notre relation avec les autres, un baromètre psychologique construit en nous pour nous aider à détecter et à éviter la menace du rejet social.

Pour Salomé, « l’estime de soi est la rencontre de plusieurs mouvements qui vont co-exister ou se combattre à l’intérieur d’une personne dans ses ajustements ou affrontement avec son entourage : capacité à développer de l’amour envers soi même, capacité à oser se faire confiance, capacité à s’affirmer et à se positionner et capacité à ne pas dépendre entièrement du regard des autres sur soi, ou de l’intérêt qu’ils peuvent nous porter »15.

Selon Fortin16, l’estime de soi, c’est « une attitude intérieure qui consiste à se dire qu’on a de la valeur, qu'on est unique et important. C'est se connaître et s'aimer comme on est avec ses qualités et ses limites.

C'est s'apprécier et s'accepter comme on est.». Et parmi les éléments qui influencent l’estime de soi, il cite le fait de se plaire physiquement et d’être bien dans sa peau physiquement.

Larivez17 (2002), quant à elle, pense que « l’estime de soi se manifeste par la fierté que nous avons d’être nous-mêmes et repose sur l’évaluation continue de nos actions. ». Elle relie donc beaucoup l’estime de soi à nos actions, ce qui est intéressant si l’on pense à l’impact que peut avoir la décision d’une personne de modifier son apparence dentaire.

Enfin, selon Banaji & Prentice (1994), une estime de soi élevée ne serait pas tant le privilège d’individus qui ont une haute opinion d’eux-mêmes que celle de personnes qui savent qui elles sont et agissent en harmonie avec elles-mêmes. Les personnes qui ont une estime de soi plus faible ont, au contraire, tendance à douter d’elles-mêmes et à ne pas se reconnaître dans le regard des autres.

A.2.3.3 Le sentiment de contrôler sa vie et sa destinée

C’est l’impression d’avoir une emprise sur les circonstances de sa vie. Le sentiment de contrôle renvoie à l’idée d’être maître de sa destinée. À l’opposé se trouve le sentiment que le monde est «déterminé» en grande partie par le hasard ou encore par le pouvoir des autres, c’est-à-dire que ce sont les autres qui disposent du contrôle de notre destinée personnelle. Cette dimension n’a que très récemment été explorée par les chercheurs. Selon eux, la position sociale d’un individu dans les sociétés industrielles avancées ne définit pas d’abord la capacité matérielle de satisfaire des besoins de base (sauf pour une frange de la population tout en bas de la hiérarchie sociale), mais s’articule plutôt autour de sa capacité de participer pleinement à la vie sociale et d’exercer un contrôle sur sa propre destinée. Selon Shultz (1976), le sentiment de contrôler sa vie paraît être un facteur prédictif de la santé physique et mentale. Il semble aussi constituer une indication de la résilience tout autant que de la capacité d’adaptation à l’environnement social et physique. Mais le sentiment de contrôler sa vie n’est pas acquis une fois pour toutes. Il peut varier en fonction de l’environnement social d’une personne et selon les circonstances de la vie, comme l’ont montré Bobak & al. (1998) dans leur étude auprès de la population russe qui a ressenti un effondrement du sentiment de contrôler sa destinée lors de la chute catastrophique, pendant les années 90, de l’espérance de vie.

15 http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=178

16 Fortin B. (1989) L’estime de soi : www.acsm-ca.qc.ca/coffres-a-outils/1999/estime-de-soi.pdf

17 http://www.redpsy.com/infopsy/estime.html

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A-10 A.2.3.4 Isolement social et sentiment de solitude

L’isolement social et le sentiment de solitude sont des processus qui évoluent et augmentent avec l’avancée en âge, les personnes vieillissantes étant confrontées, lors de la prise de leur retraite, du décès de leurs conjoints et amis, lors de déménagements, lors de l’apparition de problèmes de santé et de la diminution des sens, à la réduction de leur entourage et cercle d’amis et de connaissances. La maltraitance, l’entrée en institution peuvent accroître l’isolement et le sentiment de solitude et parfois pousser au suicide (Van Rompaey, 2003) : il est donc important de ne pas négliger ce phénomène dans l’optique d’améliorer la qualité de vie et le bien-être des personnes âgées. L’isolement social est un état objectivable, visible, de privation de compagnie humaine ou de quantité restreinte de contacts sociaux. Le sentiment de solitude, lui, est un sentiment subjectif et appartient au vécu de la personne sans nécessairement qu’un isolement puisse être constaté. Lorsqu’on parle de sentiment de solitude, on fait référence à une situation insatisfaisante quant à la qualité des relations. Ces deux notions différentes ne sont pas obligatoirement liées entre elles (Delisle, 1996). En effet, une personne peut vivre un état réel d’isolement social sans le subir ni s’en trouver affectée. Au contraire, elle peut l’apprécier grâce à sa maturité affective, parvenir à élargir sa conscience d’être, consolider son sentiment d’identité et enrichir sa vie. Ceci est possible si la personne n’est pas dépendante et accepte sa solitude qui lui permet, par exemple, d’être créative, de prendre le temps de se reconstruire ou pour entrer en contact avec l’Essentiel est elle. Il n’y a alors pas de sentiment de solitude. Au contraire, une autre personne peut vivre l’état d’isolement comme une situation qu’elle n’a pas choisie et en souffrir. Dans ce cas, la solitude est destructrice car synonyme d’absence de communication, d’engagement et d’accomplissement. Elle est alors génératrice de stress et d’angoisse. Ce sentiment de solitude peut aussi être ressenti lors de l’existence d’un réel entourage mais qui peut être perçu comme insatisfaisant et non valorisant.

Une enquête menée par le CREDOC18 en 1995 a montré que 20 a 30 % des personnes de 60 ans vivant à leur domicile souffraient de solitude. Il leur a été demandé de donner, selon elles, les deux principales raisons de cette solitude. La première raison évoquée a été l’isolement par rapport à la famille (49,6 %). Puis sont venus ensuite la perte d’un être cher (45,6 %), la maladie (30,7 %), le manque d’activité (25,7 %), le manque d’amis (20,5 %) et un problème d’argent (17,2 %). On voit donc très clairement le lien fait fréquemment entre l’isolement et le sentiment de solitude.

A.2.3.5 La qualité de vie

La notion de qualité de vie est apparue après la deuxième guerre mondiale, en 1950, et remplace depuis les années soixante, le terme de bien-être. L’intérêt croissant pour ce concept a amené de plus en plus de chercheurs à s’y intéresser, le nombre d’études portant sur le sujet ayant énormément augmenté ces 30 dernières années car passés d’une trentaine dans les années septante à plus de 6000 dans les années 2000. Suivant ce mouvement, le groupe WHOQOL19 qui travaille sous l’égide de l’OMS a proposé, en 1994, la définition suivante de la qualité de vie :

« La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement (WHOQOL-group, 1994)

La qualité de vie est donc multidimensionnelle et complexe et comprend les composantes suivantes : le domaine psychologique, le domaine physique, le domaine social, la satisfaction

18 CREDOC, Robert Rochefort, Consommation et modes de vie n°96.

19 WHOQOL : World Health Organisation Quality Of Life

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A-11

de vie, le bonheur, le bien-être subjectif. Il existe deux manières différentes d’évaluer la qualité de vie : l’une subjective et l’autre objective. La première prend en compte le fonctionnement physique, émotionnel et cognitif, la capacité à travailler et à avoir des activités, ainsi que la qualité des relations sociales ; la deuxième s’intéresse plus, par exemple, au niveau de détérioration global. Cette dernière, même si elle n’est pas inintéressante par exemple pour mesurer le degré d’un handicap, semble généralement peu appropriée et peu pertinente pour évaluer réellement la qualité de vie d’une personne car elle ne rend pas compte de l’expérience subjective que la personne est seule à même de juger.

A.3 L’ APPARENCE PHYSIQUE

L’apparence des dents appartient au paraître, domaine qui sera abordé d’abord dans sa globalité puis en ce qui concerne l’apparence dentaire. Ce n’est pas l’apparence en tant que telle qui est importante, mais bien l’apparence située dans un contexte, dans un lieu, dans une culture et valorisée en référence à ce contexte, qui permet l’intégration sociale des individus.

Que se cache-t-il donc derrière la notion d’apparence ? Quelle importance le paraître a-t-il dans la vie de tous les jours et pour chacun ? Quel rôle joue-il ?

A.3.1 Définitions

Le Grand Robert propose deux définitions pour le mot « apparence » :

1. « Aspect (de ce qui apparaît); ce que l'on voit (d'une personne ou d'une chose), manière dont elle se présente. »

2. « L'aspect superficiel, extérieur d'une chose, considéré comme distinct de sa réalité. »

Nous constatons que le terme « apparence » revêt au moins deux sens distincts : le premier signifiant la présentation d’une personne ou d’un objet et le second incluant l’idée d’opposition avec la réalité. Et pour illustrer cette deuxième définition, il est intéressant de noter que parmi les antonymes du mot « apparence » nous trouvons les mots « certitude », « essence », « existence » ou encore « réalité » et « vérité ». Notre perception de l’apparence physique des autres tient-elle en grande partie des préjugés et est-elle ou non révélatrice d’une vérité ?

A.3.2 Composantes de l’apparence

La première composante est celle concernant l’apparence physique et inclut aussi bien les vêtements, les apparats que les objets possédés. Tous ces éléments, bien que souvent perçus comme « superficiels », sont importants pour l’aspect extérieur et les relations interpersonnelles et ont fait l’objet de beaucoup d’études parfois contradictoires quant à leurs conclusions. Par exemple, Graham & Jouhar (2007) ont émis l’hypothèse de l’existence d’un stéréotype en matière de cosmétique qui serait nécessairement perçu positivement tandis que plus tard Huguet, Croizet & Richetin (2004) ont tempéré le propos et nuancé l’impact de l’utilisation de maquillage sur la perception par d’autres personnes. L’apparence dentaire appartient à cette catégorie. La deuxième composante est révélée par les choix de vie comme par exemple le métier choisi, les opinions, les groupes d’appartenance ou encore les uniformes. La troisième composante touche au langage non verbal qui inclut les gestes, les attitudes ou encore le ton de la voix. Ainsi, l’apparence est un mélange subtil de multiples éléments qui participent tous, chacun à leur degré et à leur manière, à l’image envoyée à l’extérieur, à la perception des autres. Pour l’étude, seule la première composante sera évaluée car les participants n’auront accès ni aux choix personnels de vie des personnes photographiées ni à leur gestuelle bien évidemment.

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A-12

A.3.3 Rôle de l’apparence dans l’estime de soi : relation à soi

DIVERGENCE

ÉVALUATION

Figure 2 : CONCEPT DE SOI selon Harter (1982) et Lawrence (1988)

L’apparence joue un rôle important dans l’estime de soi et dans sa construction, particulièrement chez les enfants, comme le montre le schéma du modèle théorique du concept de soi de Harter (1982) et Lawrence (1988)20 (Fig. 2). Il existe un lien évident entre l’estime de soi, les compétences sociales et physiques donc l’apparence, les unes influant sur les autres et réciproquement. À ce sujet, Harter ainsi que de nombreux chercheurs anglo-saxons, a montré que l’estime de soi globale est très fortement liée à l’appréciation de soi dans le domaine de l’apparence physique, et ce de façon récurrente tout au long de la vie. André &

Lelord (2000), dans leur livre sur l’estime de soi, ont consacré un chapitre très intéressant à l’apparence intitulé : « Estime de soi ou image de soi ? Êtes-vous prisonnier des apparences ? ».

Convaincus qu’ils sont de l’influence majeure de l’apparence physique sur l’estime de soi et du fait qu’elle participe au sentiment de valorisation, ou au contraire de dévalorisation de chacun, les auteurs écrivent p. 170 :

« Pourquoi cette importance du physique dans l’estime de soi ? Peut-être pour une raison toute simple : de toutes les compétences qui alimentent l’estime de soi, l’aspect physique est la plus immédiate, celle qui dépend le moins du contexte. Pour montrer ses compétences scolaires, il faut des examens ; ses compétences athlétiques, des épreuves à franchir ; son obéissance aux règles, un milieu qui la remarque et la valorise. La beauté, elle, se manifeste en toute occasion.»

20 http://www.uquebec.ca/edusante/mentale/imp_estime_de_soi.htm

IMAGE DE SOI SOI IDÉAL

ESTIME DE SOI

COMPÉTENCES ACADÉMIQUES Rendement scolaire

Conduite à l’école

COMPÉTENCES SOCIALES Relations avec

ses pairs

COMPÉTENCES PHYSIQUES Capacités athlétiques

Apparence physique

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A-13

Ils notent également l’effet de plus en plus nocif des messages publicitaires des industries du cosmétique qui vantent les mérites d’une apparence physique uniforme et standardisée et qui ont comme effet secondaire de culpabiliser toutes les personnes non conformes à leurs critères, donc hors norme.

Par ailleurs, deux outils d’évaluation du concept de soi, le Physical Self-Perception Profile proposé par Fox & Corbin (1989) et Ninot, Delignières & Fortes (2000) et The Physical Self- Description Questionnaire (Marsh, 1996) intègrent des questions relatives à l’apparence physique pour le premier et en lien avec l’estime de soi physique et l’estime de soi globale pour le deuxième.

A.3.4 Les rôles de l’apparence dans la relation aux autres

Les apparences jouent trois grands rôles différents21. Le rôle de filtre en est le premier. En effet, le comportement apparent sert, entre autre, à réguler la communication en permettant de naviguer entre une ouverture totale et une fermeture complète. Ce jeu des apparences, parfois conscient mais le plus souvent inconscient et qui peut s’assimiler au langage non verbal, permet à l’interlocuteur de sentir, dans le meilleur des cas, une concordance entre une parole et une attitude et dans le cas contraire, une contradiction pas toujours conscientisée bien que souvent ressentie. Ensuite, les apparences jouent un double jeu de miroir en ce sens qu’elles renvoient une image à la personne qui se perçoit à travers ce reflet et qu’elles sont également renvoyées à la personne à travers le miroir que représentent les autres. C’est ensuite à la personne de se construire avec cette double image parfois contradictoire voir déroutante. Enfin, le troisième rôle est celui d’un écran de projection. Le propre de l’humain est de projeter, c’est-à-dire de mettre sur un écran virtuel extérieur à lui ce qu’il désire ou ce qu’il refuse inconsciemment. Ainsi, une personne verra à l’extérieur d’elle, selon l’apparence des autres, donc chez les autres, ce qu’elle ne peut accepter de voir chez elle, et donc qu’inconsciemment elle refuse. L’autre devient alors le support de sa projection. D’un autre côté, cette même personne utilisera sa propre apparence pour essayer de faire passer un message, une idée à l’extérieur, aux autres.

La projection est donc un mécanisme qui utilise un seul support, l’apparence, pour véhiculer son message et qui existe dans deux sens opposés : de sa propre apparence à destination des autres et de l’apparence des autres sur soi-même. C’est sur ce sujet de l’apparence qu’Amadieu (2002) s’est penché dans son livre Le poids des apparences. Les titres des chapitres de son livre sont explicites en eux-mêmes : « on ne prête qu’aux beaux », « une clef du succès scolaire », « conquêtes sexuelles, mariage et réussite », « vie professionnelle : l’inavouable réalité », « délit de sale gueule », « politique et séduction ».

A.3.5 La fonction de l’apparence

Les apparences sont utiles et fonctionnelles car nécessaires à l’organisation de la société et à l’identification de ses membres et de leur fonction. On trouve ici l’utilité des uniformes ou vêtements officiels. L’apparence peut également servir à identifier les membres d’une même organisation ou d’une communauté. L’apparence peut aussi être le signe d’une appartenance à une classe sociale. Les apparences ont également une utilité sociale lorsqu’elles s’apparentent plus au masque que chacun porte en société pour donner l’image de lui-même qu’il souhaite, et en ce sens c’est une apparence dont on peut se méfier car elle peut être sincère aussi bien que manipulatrice. Elle peut aussi servir de protection face aux difficultés de la vie ou pour cacher des vulnérabilités face à des personnes malveillantes. La publicité et le marketing se servent de cette notion de l’apparence et la manipulent avec une grande dextérité. Également, l’ensemble des messages qu’une personne envoie sans s’en rendre compte et de façon totalement inconsciente et s’apparentant au langage non verbal appartient au domaine inconscient des apparences. On y inclut aussi tout ce qui a trait à la

21 http://lessymboles.com/article_apparences.htm

Références

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