UNIVERSIT´E PARIS 6 LM366, 2008-2009 FONCTIONS D’UNE VARIABLE COMPLEXE
Corrig´e de l’examen du 28 Mai 2009
Exercice 1. Etant donn´e un entier´ n ∈ IN, soit f une fonction enti`ere telle que
|f(z)| ≤C(|z|n+ 1) pour toutz∈C , o`uCne d´epend que de f. On peut ´ecrire : z∈C, f(z) =
+∞
X
k=0
akzk.
Pour toutr >0 et toutk∈IN, on a (in´egalit´es de Cauchy) :
|ak| ≤r−k||f||D(0,r)≤C(rn+ 1)r−k.
En faisant tendrervers +∞, on obtient queak est nul pour toutk > n. Autrement dit, f est un polynˆome de degr´e ≤n. R´eciproquement, si f(z) = Pn
k=0akzk, on a
|f(z)| ≤C(|z|n+ 1) pour toutz∈C en prenantC=Pn k=0|ak|.
Exercice 2.La fonctionz7→f(z) := (Log (1−z))/zest holomorphe surD(0,1)\{0}
et tend vers−1 quandztend vers 0. Elle est donc holomorphe surD(0,1).
1) Si 0 < r < 1, on peut appliquer le th´eor`eme de Cauchy sur le disque (convexe) D(0,1). On a donc :R
∂D(0,r)(Log (1−z))/z dz= 0.
2) Si 0< r <1, par d´efinition de l’int´egrale de Cauchy, on a aussi Z
∂D(0,r)
(Log (1−z))/z dz=i Z π
−π
Log (1−reit)dt.
Compte tenu de la question 1), la partie r´eelle de l’int´egrale de droite est nulle, ce qui donneRπ
−πLog|1−reit|dt= 0.
3) On a Log|1−reit|= 12Log (1−2rcost+r2). Par sym´etrie, on obtient Z π
0
Log (1−2rcost+r2)dt= 0.
On a :
1−2rcost+r2= 1−2r(1−2 sin2(t/2)) +r2= (1−r)2+ 4rsin2(t/2), qui est compris entre 4rsin2(t/2) et (1 +r)2. On en d´eduit, si 1/2≤r≤1 :
2Log sin(t/2))≤Log (1−2rcost+r2)≤2Log 2.
On v´erifie que la fonction t 7→Log sin(t/2) est absolument int´egrable sur [0, π]. On peut donc appliquer le th´eror`eme de convergence domin´ee quand r tend vers 1 `a gauche. On obtient :
0 = Z π
0
Log (4 sin2(t/2))dt= 2 Z π
0
Log (2 sin(t/2))dt= 4 Z π/2
0
Log (2 sint)dt et finalementRπ/2
0 Log sint dt=−π(Log 2)/2.
Exercice 3.1) On a min|z|=1|ze−z|= min|z|=1e−x= 1/e. Siw∈D(0,1/e), on a :
|z|= 1 ⇒ |ze−z−(ze−z−w)|=|w|<|ze−z|.
Compte tenu du th´eor`eme de Rouch´e, la fonctionz 7→ze−z−w a le mˆeme nombre de z´eros dans le disqueD(0,1) que la fonctionz7→ze−z, donc un seul z´ero, simple.
On le noteh(w).
2) Soitw∈D(0,1/e). D’apr`es ce qui pr´ec`ede, la fonctionz7→z(1−z)e−z/(ze−z−w) est holomorphe au voisinage du disque ferm´eD(0,1), sauf au pointz=h(w) o`u elle a au plus un pˆole simple. Son r´esidu en ce point est
z(1−z)e−z/((1−z)e−z) =z=h(w).
1
2
Compte tenu du th´eor`eme des r´esidus, on obtient :
|w|<1/e, h(w) = 1 2iπ
Z
∂D(0,1)
z(1−z)e−z ze−z−w dz.
3. Pourw∈D(0,1/e) fix´e, on a|w|/|ze−z| ≤e|w|<1 pour tout z∈∂D(0,1). On a donc,avec convergence normale sur∂D(0,1) :
|z|= 1, z(1−z)e−z
ze−z−w = (1−z) 1− w
ze−z −1
= (1−z)
+∞
X
n=0
wn zne−nz. En int´egrant terme `a terme, on obtienth(w) =P+∞
n=1anwn avec an= 1
2iπ Z
∂D(0,1)
(1−z)z−nenzdz= r´es ((1−z)enzz−n,0).
Doncan (n≥1) est le coefficient dezn−1 dans le d´eveloppement de enz−zenz, soit an=nn−1/(n−1)!−nn−2/(n−2)! =nn−2/(n−1)! =nn−1/n!.
Finalement h(w) = P+∞
n=1nn−1wn/n!. On v´erifie avec le test de d’Alembert que le rayon de convergence de cette s´erie enti`ere est 1/e.
Probl`eme.On note E l’ensemble des fonctions f, m´eromorphes sur C∗, non iden- tiquement nulles, v´erifiant la propri´et´e suivante : il existe un nombre complexe c (d´ependant def), tel que :
(1) ∀z∈C∗, f(2z) =cf(z).
Si f ∈E, on notec(f) le nombrecassoci´e `a f par l’identit´e (1).
1. On v´erifie sans difficult´e que, sif, g∈E, alors f g, f /g∈E avecc(f g) =c(f)c(g) et c(f /g) =c(f)/c(g).
2. a) Si 0 < r < R < +∞, on a 2−n|z| ≤ 2−nR et 2−n/|z| ≤ 2−n/r pour tout z ∈ C tel que r ≤ |z| ≤ R. Les s´eries de fonctions (holomorphes) P
n≥0z/2n et P
n≥11/(2nz) sont donc normalement convergente sur tout compact de C∗. Par th´eor`eme, on en d´eduit que la formule
p(z) =
+∞
Y
n=0
1− z 2n
! +∞
Y
n=1
1− 1
z2n !
d´efinit une fonction holomorphe sur C∗, dont les z´eros sont les z´eros des facteurs, compte tenu des multiplicit´e, donc les nombres 2n, avec n ∈ ZZ ; ce sont des z´eros simples.
b) Pour toutz∈C∗, on a : p(2z) =
+∞
Y
n=0
1− z 2n−1
! +∞
Y
n=1
1− 1
z2n+1 !
=p(z) 1−2z
1−1/(2z)=−2zp(z).
3. Pour tout a, b∈ C ,a6=b, on poseka,b(z) =p(z/a)/p(z/b). On d´efinit ainsi une fonction m´eromorphe sur C∗ dont l’ensemble des z´eros (tous simples) est {2na}n∈ZZ
et l’ensemble des pˆoles (tous simples) est{2nb}n∈ZZ. On a :
ka,b(2z) =p(2z/a)/p(2z/b) = (z/a)/(z/b)p(z/a)/p(z/b) = (b/a)ka,b(z), doncka,b ∈E avecc(ka,b) =b/a.
4.Soitf ∈E.
a) Sif n’a pas de pˆole dans C∗,f est holomorphe dans (l’anneau) C∗donc admet un d´eveloppement en s´erie de Laurent :
f(z) =X
n∈ZZ
anzn.
3
Compte tenu de l’identit´ef(2z) =c(f)f(z), on obtient : X
n∈ZZ
2nanzn ≡c(f)X
n∈ZZ
anzn,
donc (par unicit´e du d´eveloppement de Laurent),an(c(f)−2n) = 0 pour toutn∈ZZ.
Commef n’est pas identiquement nulle il existe p∈ZZ tel queap6= 0 doncc(f) = 2p puis an = 0 pour tout n 6= p. On conclut que f est de la forme f(z) = azp avec a∈C∗ etp∈ZZ.
b) Sif ∈E n’a pas de z´ero dans C∗, 1/f ∈E n’a pas de pˆole dans C∗ donc est de la formeazp etf(z)≡a−1z−p.
5. Soit f ∈E. Comme les pˆoles et les z´eros de f sont isol´es,f a un nombre fini de z´eros et un nombre fini de pˆoles dans tout compact de C∗ donc aussi dans
G={z∈C, 1≤ |z|<2}.
On note respectivement a1, . . . , am et b1, . . . , bn les z´eros et les pˆoles de f dans G, r´ep´et´es selon leurs multiplicit´es.
Si l’on supposemetnstrictement positifs, les z´eros et les pˆoles dansGde la fonction f /ka1,b1, r´ep´et´es selon leurs multiplicit´es, sont respectivementa2, . . . , ametb2, . . . , bn. 6.Supposons d’abordn≥m. La fonction
g(z) =f(z)/(ka1,b1(z)· · ·kam,bm(z))
appartient `aEet n’a pas de z´ero dansG. Compte tenu de l’identit´eg(2z) =c(g)g(z), elle n’a pas de z´ero dans C∗. Elle est doinc de la formeazpet
f(z) =azp
n
Y
j=1
kaj,bj(z).
En particulierm=n.
Si m≥n, on peut faire le mˆeme raisonnement avec 1/f(z). On obtientm=net la mˆeme conclusion.